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Chroniques de Saint-Nazaire - Page 4

  • Henri Moret

    Henri Moret, tout nazairien qui s’intéresse à l’histoire de Saint-Nazaire connait ce nom, connait son œuvre intitulée « Histoire de la Ville de Saint-Nazaire et de la région environnante ». Mais qui est Henri Moret, et savez-vous qu’une rue lui doit son nom ?

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    Signature de Henri Moret © Archives municipales de Saint-Nazaire.

     

    Voici quelques éléments :

     

    Henri-François-André Moret est né à Nantes le 13 février 1854, au 36 quai de La Fosse, dans un immeuble aujourd’hui remplacé par le musée de l’imprimerie, non loin de la Capitainerie, à une époque où les cabarets et la prostitution étaient l’économie nocturne de ce quartier.

    Son père, André, né à Nantes le 8 octobre 1824, était gabarier. Lui-même était le fil d’un portefaix prénommé François, et d’une bretonne vivant au faubourg Saint-Jacques à Paris, Egalité Orière. Ses frères étaient eux aussi gabariers à Nantes.

    Sa mère, Françoise Devay, née en 1820, était journalière. Elle décéda le 16 mai 1857.

    André Moret se remaria le 27 février 1860 à Sainte-Luce-sur-Loire, avec Victorine Rousseau, née à Sainte-Luce-sur-Loire le 31 décembre 1828, cultivatrice sur l’exploitation de ses parents au Trois-Chênes. Après ce second mariage, André parti vivre avec sa famille reconstituée à Chantenay et se fit marin.

    Eduqué dans un milieu modeste et profondément républicain, Henri Moret fit un service militaire de cinq ans en raison du tirage au sort institué par la Loi Cissey qui rendait aléatoire la durée de celui-ci. C’est à Vincennes, aux services administratifs, qu’il fit son service. Il y resta deux années supplémentaires afin de se former et de pouvoir postuler un emploi dans l’administration, devenant de fait élève de l'Ecole Militaire. Ses années à Vincennes le marquèrent profondément, le château, où il travaillait, l’impressionna durablement.

     

    Retour en Loire-Inférieure :

     

    Après sept années au service de l’administration militaire, Henri obtint un poste d’employé à la Préfecture de Nantes. Il y prit un logement quai de La Fosse, renouant avec ses premières années. C’est à Nantes qu’il épousa, le 26 janvier 1880, sa cousine, Louise-Marie Moret, née à Nantes le 26 août 1858, tailleuse, fille d’Auguste-François Moret, gabarier, et de Louise Blin, ménagère, domiciliés rue Fourcroy.

    De cette union naquirent :

    1. Henri Louis né le 20 janvier 1881 à Nantes, marié à Nantes le 8 aout 1905 avec Jeanne-Noémie-Elise Loisel :
    2. Louise-Henriette, le 12 novembre 1882 à Nantes, mariée le 16 mai 1902 à Nantes avec Guillaume Marie Lefloch ;
    3. Yves-Georges, (Saint-Nazaire 24 mars 1892 – Aiguillon 1er septembre 1966), employé à la Banque de France ; marié à Bordeaux avec Marie-Joséphine-Benjamine-Marguerite Coste le 6 septembre 1915.

     

    L’installation à Saint-Nazaire, la rue de Vincennes, et l’incendie des Archives :

     

    En 1884, Fernand Gasnier, fraîchement élu maire, chercha un nouveau secrétaire de marie qui soit républicain. Son choix se porta sur Henri Moret, qui devient rapidement un habile collaborateur, et monta en grade jusqu’au poste de secrétaire en chef. Il s’établit au 11 rue de Nantes, où son épouse ouvrit un commerce de mercerie.

    Henri profita de ses fonctions pour consulter les archives et entreprendre la constitution du manuscrit d’une histoire de la ville.

     

    Désireux de posséder un chalet dans la campagne nazairienne, comme tous les notables et bourgeois de la ville, il fit l’acquisition d’une parcelle sur la colline dominant la Villès-Martin. La maison était isolée au bout d’un chemin vicinale, et fut longtemps la seule sur cette hauteur désertique, se distinguant au loin par une haie de cyprès, et surtout par un chêne que Moret avait planté, et qui fut longtemps l’unique haute futée de la zone. La maison avait été baptisée « Ker Vincennes », écrit en grande lettres sur un portique enjambant le portail. Les amis de la famille Moret, mais aussi les gens se baladant le dimanche sur la colline, prirent l’habitude de dire qu’ils allaient « à Vincennes », si bien que le nom devint celui de la rue par la suite tracée[1].

     

    Gasnier était notoirement connu pour pratiquer des détournements de fonds par l’intermédiaire des chantiers de travaux de voiries. Face à l’annonce d’une enquête, les bureaux de la voirie, situés au second étage de l’immeuble « Guilouzo[2] », 8 rue des Quatre-Vents, mitoyen du jardin de l’Hôtel de ville et de l’immeuble du journal La Démocratie, prirent feu le matin du 14 février 1893 vers 6 heures[3]. Les bureaux de la Caisse d’Epargne se situaient au 1er étage, et le siège de l’Octroi au rez-de-chaussée, avec un second local qui servait de salle de conservation pour les Archives de la mairie. Le panache de fumée s’éleva haut au-dessus de la ville. La fumée rendait impossible l’entrée dans l’immeuble, cependant les employés de la Caisse d’épargne forcèrent le passage afin de vider le contenu du coffre et évacuer les registres. Les pompiers municipaux arrivèrent, brisant les fenêtres pour pouvoir arroser l’intérieur du bâtiment.  Henri arriva presque immédiatement, suivit du préposé en chef de l’Octroi, Bertho, et du directeur de La démocratie, Lucciardi. N’écoutant que son courage, Henri pénétra dans l’immeuble enfumé pour en ressortir les archives municipales qui se trouvaient dans le local du rez-de-chaussée. Il en sorti d’abord les registres et les plans du cadastre, qui furent entreposés à La Démocratie, puis rentra plusieurs fois dans l’immeuble enfumé pour en sortir registres, cartons et chemises. Les pompiers municipaux installèrent des pompes dans le jardin de l’hôtel de ville, et furent rejoint par le 64ème piquet d’incendie avec sa pompe, bientôt arrivèrent ceux de la Compagnie Générale Transatlantique avec leur pompe à vapeur, qu’ils installèrent dans la rue de l’Hôtel de ville. Henri Moret continuait à sortir des archives municipales ; il finit par tomber inanimée dans l’immeuble. C’est Lucciardi qui le secouru, sous le regard du sous-préfet, Pizot, des adjoints Serin et Lusseaud, du président du Tribunal, Bouhier, du procureur de la République, Lelepvrier, et d’autres huiles locales restées sur le trottoir à contempler le spectacle avec tout le quartier.

    Cet acte de bravoure lui valut une médaille d’argent du travail, une mention honorable sur son dossier, par décret présidentiel le 28 avril 1895 ; puis on le fit officier d’Académie et officier d'administration territorial.

     

    L’exile et le retour :

    Fernand Gasnier ayant perdu la municipalité, celui-ci se replia sur son mandat de député. On épura alors l’administration municipale en éjectant tous ceux qui avaient été ses proches collaborateurs. Moret fut alors renvoyé en juillet 1896 car considéré comme « l'homme de Gasnier ». Il appela l'ancien maire à l’aide. Fernand Gasnier écrivit à Hippolyte Durand-Tahier pour qu’il plaide à la faveur de Moret pour une réembauche, en argumentant sur le fait qu'il se retrouvait sans revenu avec trois enfants, dont un en bas âge [4].

     

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    Une lettre de Fernand Gasnier du 29 juillet 1896 à Hippolyte Durand-Tahier à propos de la situation de Moret, rédigée à Saint-Nazaire sur papier de la Chambre des député, © Archives municipales de Saint-Nazaire.

     

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    Lettre de Henri Moret en date du 3 septembre 1896 adressée à Hippolyte Durant-Tahier © Archives municipales de Saint-Nazaire

     

    Moret fut reclassé comme percepteur des contributions directes à Saint-Georges de Noisné (Deux-Sèvres) en septembre 1896[5]. En 1902 il était en poste à Riaillé, où il rédigea un « Précis élémentaire du service de perception, à l'usage des nouveaux percepteurs, des aspirants à la fonction et des commis de percepteurs », publié en 1902 par l’imprimeur Oberthur à Rennes, et qui connut trois rééditions. Muté au Croisic à la veille de la première-guerre-mondiale, il y rédigea « Le Croisic, précis historique sur la presqu'île croisicaise et la région environnante », publié en 1917 par l’imprimeur Oberthur, ouvrage hélas d’une qualité médiocre.

     

    Mis en retraite, il retourna vivre à Saint-Nazaire avec son épouse en 1921[6], au seconde étage du 21 rue Neuve, dans un appartement doté d’un grand balcon s’ouvrant sur l’estuaire.

     

    Henri Moret, Saint-Nazaire

    L’immeuble du 21 rue Neuve côté Estuaire et quai de Kervilers (aujourd’hui quai des Marées)

     

    Il devint membre de la Ligue Antialcoolique fondée par Campredon[7]. C’est alors qu’il décida d’entreprendre l’écriture de « Histoire de Saint-Nazaire et de la région environnante », une importante somme parue en deux tomes de 500 pages chacun, en février 1925 à Nantes à l’Imprimerie du Commerce, et illustré par le peintre nazairien Alexandre Auffray[8]. Henri Moret avait hésité à écrire ce précis historique, ne voulant pas entrer en conflit avec maître Galibourg[9] qui en 1904 avait annoncé son attention d’écrire un ouvrage sur le sujet, mais qui finalement ne fit rien[10]. Cette publication lui valut l’inimitié de maître Galibourg qui quelques mois encore avant son décès pestait à propos de Moret en dénigrant dans la presse son ouvrage.

    A la parution de ce monument qui est aujourd’hui la seule source complète et détaillée concernant l’histoire nazairienne d’avant 1925, du fait de la destruction d’une grande partie des archives municipales durant les bombardements, la municipalité fit l’acquisition de deux exemplaires[11]… La Chambre de commerce fut généreuse dans ses achats en faisant l’acquisition de vingt-cinq exemplaires, tout comme le Conseil général[12].

     

    Henri Moret décéda le 6 mai 1928 dans son appartement du 21 rue Neuve. Il fut enterré le 9 mai 1928 au cimetière de Toutes Aides.

     

    L’oubli et la redécouverte :

     

    « Les morts sont silencieux », dit un vieux proverbe. On pourrait ajouter aussi que « le bien ne fait pas de bruit ». La mort d’Henri Moret passa inaperçue ou presque. L’Ouest Éclair publia des condoléances en trois phrases à sa veuve le jour de son enterrement, titrées cependant : « L’historien de Saint-Nazaire est mort ». Le Courrier de Saint-Nazaire publia une courte nécrologie le 12 mai 1928 fournissant quelques détails biographiques.

    Son Histoire de Saint-Nazaire resta une référence, dans les années qui suivirent. Marthe Barbance dans sa célèbre thèse consacrée au port et à la ville, le cite toutes les cinq pages comme source. On le citait aussi régulièrement dans la presse pour sourcer une information historique, mais le style de son écriture, déjà un peu passée, et qui aujourd’hui la rend pénible à certains, par ses formulations d’ancien style, peut parfois être incomprise. Ainsi, le 21 septembre 1933, dans un article non signé, le stagiaire en charge de remplir un trou, affirma qu’Henri Moret avait écrit qu’on avait déplacé le Dolmen à un emplacement différent ! Le président du Syndicat d’initiative, André Guillet, adressa une lettre le 28 septembre suivant au Rédacteur en chef, l’informant de l’absurdité du propos. En fait, Henri Moré explique dans son ouvrage, que depuis son arrivé en 1892 à Saint-Nazaire, la ville s’est étendue jusqu’à Dolmen qui était auparavant en périphérie dans un pré. La phrase est cependant écrite dans le style un peu alambiqué de la Belle époque, ce qui prête à confusion. Mais par cet article absurde et par de mauvaises lectures, on a entendu parfois la municipalité et ses élus affirmer aux Nazairiens que le Dolmen était sur roulettes…

     

    La guerre ravagea Saint-Nazaire, détruisant au passage les bibliothèques, dispersa sa population qui ne revint pas totalement, peut d’exemplaires de l’ouvrage de Moret consacrés à Saint-Nazaire, et dont le tirage avait été initialement limité, survécurent à cette période. On n’en retrouva que chez quelques lettrés dont les maisons de Méans ou de Saint-Marc avaient échappées aux bombes et aux pillages. Fernand Guériff, qui possédait les deux tomes s’en servit pour la rédaction de sa propre histoire de Saint-Nazaire publiée, en deux parties elle aussi, en 1960 et 1963. Pour toute la période d’avant 1925, abondamment détaillées, sa source est presque exclusivement Henri Moret, presque mot à mot parfois. Il est cependant regrettable de Guériff ait recopié certains passages de travers, propageant de fausses informations à plusieurs endroits[13].

    La destruction des exemplaires, leur non-republication, firent que Moret fut oublié, et ces écrits présentés comme quelque chose qui aurait été publié au 19ème siècle. Guériff eu la force d’avoir vécu plus longtemps que lui, et il occupa la scène historique nazairienne durant des décennies.

    On ne s’indigna pas quand en 1972 sa tombe fut l’objet d’une reprise de concession et ses restes jetés dans la fosse de l’ossuaire. Plus personne ne savait qui avait été Henri Moret et combien la ville de Saint-Nazaire lui doit.

     

    En 1998, un éditeur dont la mère était native de Saint-Nazaire, et qui possédait un exemplaire original de l’histoire de Saint-Nazaire de Henri Moret, réédita la publication, profitant que l’œuvre était tombée dans le domaine public. Une seconde réédition fut réalisée en 2007, suivit de plusieurs autres, en 2011, 2014 et 2020.

     

    Henri Moret est injustement oublié par les Nazairiens, y compris dans les plaquettes du label ville d’art et d’histoire, et l’on espère que la municipalité aura à cœur de réparer cette injustice et de donner un jour prochain son nom à une rue de la ville ou un une salle, comme elle l’a fait pour Barbance[14] et Guériff[15] qui, nous le répétons, ont puisé très largement dans ses ouvrages.

     

     

     

    [1] Cf. Le Courrier de Saint-Nazaire du 20 juillet 1929. La maison fut détruite dans les années 1960.

    [2] Du nom de l’ancien maire qui l’avait fait construire durant le Second Empire :

    [3] Lire à ce sujet Le Phare de la Loire du 16 février 1895 qui donne de nombreux détails.

    [4] Lettres non signées, mais identifiables à la mention du nom de beau-père de Gasnier, conservées aux Archives municipales de Saint-Nazaire dans le fond Hillemand.

    [5] Lettre du 3 septembre 1896 adressée à Hyppolite Durand-Tahier, Archives municipales de Saint-Nazaire, fond Hillemand.

    [6] Cf. nécrologie publiée dans Le Courrier de Saint-Nazaire le 12 mai 1928.

    [7] http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2019/04/02/une-figure-nazairienne-louis-campredon-6140914.html

    [8] http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2012/07/04/alexandre-auffray-peintre.html

    [9] http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2012/11/02/maitre-alexandre-galibourg.html

    [10] Cf. préface de ladite publication.

    [11] Cf. Le Courrier de Saint-Nazaire du 21 mars 1925.

    [12] Cf. Le Courrier de Saint-Nazaire du 17 octobre 1925.

    [13] Fernand Guériff a recopié de nombreuses publications inexactement, donnant parfois pour source des articles de presse inexistants dans les journaux qu’il indique, confondant les revues et les auteurs. La plus fameuse de ses confusions a alimenté l’absurdité légende de la Petite-Californie-Bretonne, véritable honte pour notre ville : http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2019/03/19/saint-nazaire-petite-californie-bretonne-6137164.html

    [14] Son nom a été donné à une salle de l’université.

    [15] Une place sans bâtiments au bord de l’Etang du Bois-Joalland porte son nom depuis 2017.

  • L’église de Saint-Marc-sur-Mer

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    L’église de Saint-Marc, avec son clocher à la française et son chevet à la bretonne, est, par sa silhouette, l’un des bâtiments les plus charmants du quartier de Saint-Marc-sur-Mer. On devine de loin cette église, mais sa situation à flanc de coteau, dans la courbe d’un large virage, son esplanade pentue encombrée de voiture, et surtout deux grands tilleuls la dissimulent au regard du passant. Cette église est aussi la plus mal connue des Nazairiens, car elle est dans un quartier à vocation balnéaire, dont la population, pour l’essentiel, n’y vit pas à l’année, et plus encore, en périphérie du centre du charmant bourg blottie contre la plage qui porte initialement le nom de Saint-Marc, et qui au fil des décennies fut rebaptisée plage du gorille, en raison de la forme d'un rocher aujourd’hui érodé, et depuis une vingtaine d’année, plage de Monsieur Hulot, en souvenir du personnage principale que Jacques Tati filma ici les extérieurs des vacances durant l’été 1951. Nous l’avions déjà écrit dans un article précédent concernant le Château de Saint-Marc[1], la station balnéaire se nommait à l’origine Le Crépelet ; c’était un village de vignerons situé au bas du coteau où se trouve l’actuelle église, et c’est parce qu’il y avait initialement une chapelle dédiée à Saint Marc au bord de la plage, à l’emplacement de la Place de la Chapelle, plus exactement devant le jardin du n°36, que la station balnéaire fondée durant le Second Empire pris son nom actuel.

     

    L’ancienne chapelle Saint-Marc :

     

    Il y avait donc une chapelle, depuis des temps immémoriaux, au bord de la plage. On ne connait de celle-ci qu’un dessin de Charles Beilvaire, publié le 19 mars 1932 dans Le Courrier de Saint-Nazaire figurant un bâtiment qui comportait à l’intérieur une poutre portant le millésime 1643 d'après un relevé effectué en 1790.

     

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    La chapelle sur la Carte géométrique de l'Entrée de la Rivière de Loire par l'ingénieur de la Marine et de l'Académie de Marine, Michel Alexandre Magin, en 1757.

     

    Longue et basse, très simple, orientée à l’Est, avec une porte double à l’Ouest surmonté d’un clocheton en arche comportant une seule cloche, trois fenêtres au nord, une porte basse et deux fenêtres au Sud, vers la plage, dotée d’une sacristie au nord, et accompagné d’une croix de bois sur un large piédestal remontant à la fin du 17ème siècle ou au début du 18ème ; croix qui existe encore et surveille les voitures que l’on parque ici. Cette église était le siège de la frairie de Saint-Marc et servait de lieu de culte ordinaire à la population environnantes éparpillées en plusieurs villages et hameaux, (Le Crépelet, Béac, Verdun, La Ville Cresneau, La Villès Molé, Berrien, Le Grand Pez, Le Prasilun, La Fin, etc.). Seule bâtiment à proximité de cette chapelle, une ferme en longère posée en parallèle à l’Est, qui lui était dépendante et fournissait le revenu à son chapelain, qui en 1790, était André Bertho, natif de Saint-André-des-Eaux. L'inventaire de 1790 précise qu'il y avait messe le dimanche et jours de fête, et qu'il y avait quatre chasubles. A proximité était une source canalisée en fontaine dont on buvait l'eau dans l'espoir de luter contre les fièvres et les maladies des yeux.

    Saint Marc bénéficiait chaque 25 avril, jour de la saint-Marc, d’une procession qui faisait venir à une messe spéciale à 11h toute la population de la frairie, mais aussi de celle de Gavy et Saint-Sébastien. Les fidèles se réunissait au bas de la Colline du château[2], la contournait en direction de la plage. Après la messe, ils piqueniquaient sur des tables devant la ferme et sur le sable de la plage, puis rentraient chez eux. Il était de coutume que ceux de Gavy prennent une chaloupe pour se faire déposer à Port-Charlotte. La chapelle passa la Révolution sans encombre malgré la suppression des cultes et la nationalisation des biens du clergé. Elle fut rendue au culte au moment du Concorda en 1801, et fut desservie jusqu’en 1857, date de la création de la Paroisse de l’Immaculée, qui vida les chapelles séculaires des banlieues de Saint-Nazaire, et en entraina la ruine, même si celle de Saint-Marc fut toujours considérée comme une chapellenie, et donc encore desservie occasionnellement jusqu’en 1870. La création de la station balnéaire, après la création à la demande de la Société de Sauvetage d'une station de sauvetage avec un canot en février 1866, pour lequel la Ville concéda gratuitement en juin suivant un terrain pour y construire le hangar sur la plage, entraina la création de la station balnéaire, dont le rapide développement touristique fit qu’on eut besoin d’un lieu de culte avec des messes et un service régulier. Le cimetière actuel y avait été fondé par mademoiselle Marie-Joseph Mollé[3], le 1er janvier 1885. L’Evêché et la Préfecture fondèrent la paroisse Saint-Marc le 1er juin 1888.  La chapelle étant dans un état de délabrement avancé, le conseil de fabrique vota la construction d’une église, loin de la chapelle qui devait laisser place au développement de la station, au bourg même du Crépelet.

     

    L’église de Saint-Marc :

     

    L’église de Saint-Marc fut rapidement construite. Edifiée sur les plans de l'architecte Henri van den Brouk, (grand-père d'Odette du Puygaudeau), elle comporte un clocher porche, sommet d'un coq girouette perché sur une croix, accolé d'une tourelle d'escalier qui va jusqu'au niveau de la tribune, une porte latérale, et dix-sept baies, dont cinq dans le chœur. Sa bénédiction solennelle eut lieu le 22 décembre 1889. elle fut rapidement décrite comme « si grande en hiver, si petite en été ».

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    Sortie de la messe vers 1903.

     

    Elle est constituée d’une simple nef, précédée d’une entrée, le chœur se trouve orienté au Nord, car il fut décidé que l’entrée se ferait face à la route en contre bas, par la base du clocher, ce qui oblige à gravir un escalier pour y entrer, et allonge sa façade Sud en lui procurant un aspect étroit disgracieux de part de cake oublié sur un coin de table à la fin d’un banquet. Une sacristie se trouve à l’Ouest, elle est séparée du jardin du presbytère par un petit chemin. Le sentiment d’étroitesse est accentué quand on passe l’entrée sous le clocher, et il se trouve alors suivit d’un sentiment d’écrasement. En effet, la majesté du lieu, songé comme une ouverture à la Foi après le passage du chameau dans le chas d'aiguille, a été totalement détruit par la construction d’une tribune démesurée et pensée dans aucun bon sens en 1964. La mairie, qui possède le bâtiment depuis 1905, (le presbytère restant propriété de la paroisse), avait accordé à l’abbé Jaunin, curé de 1953 à 1967, la construction de cet étage démesuré de 50 places, car à l’époque l’église se trouvait incapable de contenir tous les fidèles qui y venaient l’été. cette structure est posée trop bas et pire s'abaisse encore de 60 cm à la moitié.

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    L'intérieur de l'église, sous la tribune, en avril 2020, © L.O.M.

     

    Une fois passé sous ce plafond oppressant, on retrouve les proportions initiales qui sont, elles, gracieuses et dotées d’un décor sobre et élégant sous une voûte lambrissée en coque de navire renversée.

     

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    La nef et le chœur en avril 2020, © L.O.M.

     

    L’église de Saint-Marc a en effet bénéficié du goût réfléchit de deux de ses curées.  D’abord l’abbé Jean Blois, (1858 – Saint-Marc en Nazaire 18 décembre 1926)[4], ancien professeur au Petit Séminaire de Guérande, curé de Saint-Marc de 1904 à sa mort. Celui-ci a doté le clocher de quatre cloches bénies par monseigneur Rouard, évêque de Nantes. Celle nommé Maria Anna, fut refondue en 2010. L’abbé Blois fit l’acquisition en 1912 d’une chaire en chêne de style Louis XVI finement sculptée de panneau figurants les quatre évangélistes et de fleurons et des palmes, et un panneau gravé du mot « Veritas », au-dessus d’un trophée composé des tables de la Loi, d’une page d’Evangile, et d’une trompe de la renommée. Cette chaire a depuis été déposée à même le sol du chœur). Son successeur, l’abbé Guisnel[5], curé de 1927 à 1955, dès 1935 il fit remplacer l’autel du chœur en pin peint en blanc par l’actuel en chêne, ajouta des lambris bas du même bois tout au long de la muraille, avec, enchâssés de chaque côté de l’entrée des coquilles de bénitier. Il modifia aussi en parti le dallage, en faisant ajouter entre les carreaux de terre cuite sous les bancs, (qui remplacent les chaises paillées qui meublaient  autrefois), les carreaux de ciment qui tracent l’allée traversante, et celle menant à la porte latérale, et ceux qui délimitent le chœur. Il y avait aussi initialement deux autels de chaque côté de l’entrée, mais ils furent supprimés, ainsi que le chemin de croix et toutes les statues en plâtre du 19ème [6], par l’abbé Jaunin.

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    Intérieur de l'église vers 1905

     

    En 1955, l’abbé Guisnel fit maroufler sur la voûte du chœur la peinture qui représente la pêche miraculeuse, (l'auteur nous en est inconnu, mais il pourrait s'agir d'un couple nantais nommé Leroy).

     

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    L'a tribune, en avril 2020, © L.O.M. ; on l’ose espérer qu’elle sera un jour détruite et que l’on rendra à cette ravissante église son aspect d’avant le massacre Jaunin.

     

     

    La tribune actuelle date, nous l’avons écrit plus haut, de 1964. On y accède par deux escaliers, le premier est par de la nef via une porte percée exprès, conduisant à un escalier construit dans un appentis disgracieux et débouche par l’une des baies baie reconvertie en passage ; le second par l’escalier du clocher, depuis le hall, à droite en entrant, en passant sous la plaque posée en 1920, faisant liste des paroissiens morts et disparus au champs d’honneurs durant la première-guerre-mondiale. Cet escalier qui conduisait dès la construction à une tribune qui aurait dû être doté d’un orgue, à la particularité de comporté dans sa chaux qui le crépi, des graffitis allant de 1926 à 1968. Ce sont essentiellement des patronymes typiquement nazairiens, (Cavarro, Lejeune, Berthaud, Gouard, Fuelle, Noblé, etc.), mais aussi une bicyclette et des personnages des années 1930, (un enfant au béret qui fume, un cycliste sur son vélo, des trois policiers), mais aussi une figure du Diable, avec sa fourche et sa queue pointue...

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    Exemple de graffitis, © L.O.M.

     

    La tribune se décompose en deux plateaux pentue descendant vers le chœur. 

     

    L’église avait été dotée dès sa construction de vitraux, qui n’étaient en réalité que des verrières claires peintes de fleurons en grisailles. Ces verrières furent détruites par le souffle d’une bombe tombée sur la place la nuit du 28 juin 1942. La déflagration avait été si forte que les porte de l’église avaient elles aussi été arrachées. On les remplaça par du verre martelé, dont sont encore pourvues les quatre baies latérales qui éclairent la tribune. En 1964, nous l’avons écrit, l’une des baies fut transformée en accès pour la nouvelle tribune, quatre autres virent leur ouverture entravée par la nouvelle tribune. En 1977, onze des baies furent doté de vitraux non figuratifs, interprétables de mille façon pour celui qui s'ennuie durant l’homélie, aux tons jaunes, orangés et rouges, signé par Colin Leroux à Béac.

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    Signature sur l'un des vitraux, © L.O.M.

     

    A la suite du Concile Vatican II, on suréleva le chœur d’un planché haut de trois marches, on y plaça une table de chêne pour servir la messe, et l’on posa la chaire à même ce nouveau planché. Le baptistaire, qui se trouvait à l’entrée de l’église, fut placé devant le chœur.

     

    Le dernier curé résident fut le père Pierre Brétéché, (1928-2020), parti en 1997. Depuis 2005 l’église est rattachée à la paroisse Saint-Pierre de l’Océan.

     

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    Le chevet en avril 2020, © L.O.M.

     

     

     

     

    [1] http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2012/07/25/le-chateau-de-saint-marc.html

    [2] A propos de cette colline et de l’origine de son nom : http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2019/01/18/l-allee-du-chateau-a-saint-marc-6121661.html

    [3] Née le 20 octobre 1845 à la ferme du Petit Verdun propriété de ses parents laboureurs, elle avait hérité, n’était qu’une fille, des terres les plus proche de l’océan, et qui étaient déconsidérées mauvaise pour l’agriculture. La mode des bains de mer fit décupler la valeur de ces terrains considérés ingrats, la rendant riche, et lui permettant de jouer un rôle dans l’urbanisation du quartier.

    [4] Il repose au cimetière de Saint-Marc dans le caveau des religieux de la paroisse. La plaque qui le mentionne comporte des dates erronées.

    [5] Lui aussi ancien professeur au Petit Séminaire de Guérande, il dirigea l’école libre de garçon de Saint-Marc, qui comportait une institutrice, mademoiselle Boya, âgée de 53ans en 1927, et le prêtre instituteur Bouché. Cette école était préférée des habitants de Saint-Marc, dès son ouverture en septembre 1927, si bien que l’école public du bourg perdit à son profit les trois quarts de ses élèves, et ceux malgré le fait que l’école publique était gratuite et fournissait, livres, blouse, et sabots. Le Travailleur de l’Ouest entama le 26 novembre 1927, une attaque contre cette école, à travers un article de quarante-huit alinéas, non signé, l’accusant de faire concurrence à l’école publique, prétendit que l’abbé Guisnel avait fait pression pour cela sur les familles, prétendit que l’école était à une distance non réglementaire du cimetière, que l’eau qu’on y consommait était impropre, (ce qui fut contredit par une analyse de l’institut Pasteur), et qualifiant son personnel « d’illettrés ». En réalité, le problème était que les habitants de Saint-Marc étaient en conflit avec la municipalité qui imposait aux enfants un règlement d’école trop strict et avec des exigences que la population qualifiait de « chinoiseries ». Par ailleurs le maire François Blancho, dès son élection, cherchait à empêcher les processions et autres manifestations religieuses, ce qui déplaisait à cette population fortement religieuse. Quelques mois auparavant, le curé de Méan avait écopé d’une amande de 1 Fr. pour en avoir organisé une, et s’était retrouve emprisonné durant 48h pour avoir refusé de la payer ; l’affaire était remontée jusqu’au Conseil d’Etat et au président Poincaré en mars 1927, et l’on se battait régulièrement à coup de poing devant l’église Saint-Gohard place Marceau. Le prédécesseur de l’abbé Guisnel, l’abbé Blois, avait bravé en juillet 1925 à l’occasion de la Fête Dieu l’arrêté municipal Blancho, et en avait écopé 25 centimes d’amande. L’abbé Guisnel eut aussi à faire aux délires d’une pauvre folle, la demoiselle Berthe, qui lui asséna des coups de parapluie en 19 février 1936, au prétexte que sa T.S.F. la dérangeait. L’abbé n’ayant pas de radio chez lui, et ne tolérant pas qu’on le frappa, porta plainte contre la femme.

    [6] La Vierge, Jeanne d’Arc, saint Michel, Jésus au Sacré Cœur, saint Joseph, sainte Anne, un petit saint Pierre sur son trône, et deux très petit saints Antoine et François

  • La Croix de Saint-Nazaire

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    La Croix de Saint-Nazaire, au cimetière de La Briandais, photographie V.D.M.

     

    Au milieu de l’allée principale du cimetière de La Briandais est une croix de pierre au sommé d’une colonne posée sur un piédestal. Cette croix est la Croix de Saint-Nazaire, oubliée des plaquettes historiques municipales. Sculptée au temps de la duchesse Anne, elle figure d’un côté le Christ crucifié, entouré de deux personnages que le temps a rendu inidentifiables, mais qui sont probablement Marie et Jean, et de l’autre côté le corps du Christ sur les genoux de sa mère ; le tout est soutenu par quatre têtes angéliques.

     

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    La Croix de Saint-Nazaire, au cimetière de La Briandais, photographie L.O.M.

     

    La Croix de Saint-Nazaire était initialement une croix de chemin. Elle se trouvait initialement au lieudit Le Grand Pré, à l’emplacement des croisements de la rue du Bois Savary, de La Petite Californie, et Henri Gautier, (endroit qui sera réemployé en 1820 pour édifier un calvaire dont Beilvaire fit un dessin connu des Nazairiens). C’est cette croix, vers laquelle les navires allant à Nantes tiraient une salve d’honneur, dont parle Edouard Richer dans son Voyage pittoresque en Loire-Inférieure, publié à Nantes en 1820, par Mellinet-Malassis. Mais contrairement à ce que croyait Edouard Richet, la croix ne fut pas détruite à la révolution, elle fut en réalité déplacée en 1783.

     

    Du Grand Pré au cimetière de La Porterie :

     

    En 1783 Saint-Nazaire avait deux cimetières : le Grand, autour de l’église primitive, au sommet sur rocher, qui n’était plus utilisé que pour les corps échoués sur la plage ou les suicidés ; et le cimetière de l’église, qui se trouvait plein. En effet, en comté de Nantes, on ne pratiquait le curage des cimetières avec dépose en ossuaire, comme cela était le cas dans l’Est de la Bretagne. Comme il était hors de question de déplacer les morts, il fallut faire le choix d’un nouveau lieu d’inhumation. On demanda au maître chirurgien de la ville, le docteur Jean-Philippe-Emmanuel Pierre[1], son avis, et celui-ci recommanda que l’on choisisse un lieu éloigné de la ville, des sources et fontaines, afin de préserver la population d’épidémie. Le choix se porta sur un jardin, clos de trois côtés de murs, s’ouvrant sur la Loire qui le baignait les jours de forte marée. Son emplacement correspond au boulevard de La Légion d’Honneur et au terrain des anciens frigos, ce qui explique pourquoi, aujourd’hui encore, il n’est pas rare que les cantonniers, quand ils ouvrent une fosse dans cette zone, découvrent des ossements.  Le jardin répondait au nom de La Porterie et appartenait au sieur Dubocher[2] qui l’avait mis en fermage. L’acquisition, avec dédommagement du fermier, fut décidée par le conseil de fabrique le 4 mai 1783, il fut béni le 17 mai, et il y eut en même temps l’interdiction d’inhumer en un autre lieu de la paroisse que celui-ci[3]. Sur délibération du 22 juin 1783, le conseil de fabrique décida le déplacement de la Croix de Saint-Nazaire dans le nouveau cimetière, avec démolition pour réemploi des pierres, du piédestal original. En 1856, il fallut déplacer à nouveau le cimetière qui se trouvait trop près de ce qui allait devenir le port.

     

    De La Porterie à La Briandais :

     

    Le cimetière de La Briandais fut ouvert en 1856. Son acquisition et les travaux qui furent nécessaires à sa fondation coutèrent 20.000 fr[4]. On vida progressivement l’ancien cimetière de La Porterie, et la croix fut déplacée à La Briandais. Mais, parce qu’elle n’était plus dans le goût de l’époque, elle fut déposée démontée le long d’un mur, et rapidement prise par les ronces. En 1890, le cimetière de La Briandais était dominé par un grand crucifix de bois érigé en 1884[5], mais il menaçait de tomber. Par prudence on le démonta. C’est alors que Charles Beivaire[6] suggéra au maire, Fernand Gasnier, de remplacer ce crucifix par la croix ancienne qu’on avait totalement oublié. Le maire fit ériger à nouveau la Croix de Saint-Nazaire, et elle veille depuis à nouveau sur le repos des Nazairiens[7]. Un bombardement, qui toucha le cimetière, la renversa, on la remit en place à la Reconstruction.

    La Croix de Saint-Nazaire est la seule croix ancienne de la ville à ne pas être protégée au titre des Monuments Historiques.

     

     

    [1] Originaire d’Ancenis, il avait épousé Jeanne-Philippe Bouveron. En 1796 il était qualifié d’officier de santé.

    [2] Il ne nous a pas été possible de déterminer s’il s’agit de Mathieu ou de Thomas.

    [3] Notons ici que le terrain dépendait de la seigneurie de La Ville-au-Fèves : http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2012/06/15/la-ville-aux-feves.html

    [4] Cf. Henri Moret, Histoire de Saint-Nazaire.

    [5] La date figure encore aujourd’hui à l’arrière du piédestal de la croix se trouvant au milieu de l’allée principale.

    [6] Lire à ce sujet : http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2014/12/08/charles-beilvaire-un-peintre-nazairien-oublie-5505901.html

    [7] Voir à ce sujet l’article du Courrier de Saint-Nazaire du 27 mai 1939, mais qui comporte des erreurs de date.

  • Un irlandais gouverneur de Saint-Nazaire

    Les 20 octobre 1758, Louis XV, roi de France, duc en Bretagne, donna le gouvernent militaire de Guérande, du Croisic et du port de Saint-Nazaire à Richard-Edmond de Cusack, maréchal de camp et armées du Roi, commandeur de l’Ordre militaire de Saint-Jacques, (couronne d’Espagne), chevalier de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis. Le nouveau gouverneur prêta serment pour cette charge le 18 mars 1759.

     

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    Cusack (de) : Partie d’or et d’azur ; à la fasce de l’un en l’autre. Couronne de marquis. Tenants deux triton portant chacun un badelaire sur l’épaule. Cimier : une sirène portant d’une main un sceptre fleurdelisé, de l’autre une épée. Devise : Dieu est mon espoir.

     

    La presqu’île guérandaise, tout comme Nantes, était un foyer jacobite. Nombre d’Irlandais, d’écossais, et quelques anglaises, de confession catholique, ou attaché à la dynastie légitime, avaient préféré s’y exiler après la fuite en France du roi Jacques II en décembre 1688. On le sait, le 2 juillet 1745, c’est de Saint-Nazaire que Charles Stuart, dit Bonnie Prince Charlie, ou The Young Pretender, parti à la reconquête du trône de ses ancêtres, aidé par la famille Walsh[1].

     

    Cependant, Richard-Edmond de Cusack n’était pas l’un de ces exilés de 1688. En effet, l’exil de sa famille avait débuté à l’avènement d’Olivier Cromwell en 1653, et aux persécutions qu’il fit subir aux catholiques. Le père de Richard-Edmond, Richard de Cusack de Gerards-Town, était entré au service d'Espagne, et fit carrière aux Pays-Bas-Espagnoles, où il devint capitaine dans le régiment irlandais d'O’Byrne en 1690. De son union avec Anne-Catherine Martyn, ont lui connait trois fils et une fille. Richard-Edmond était le troisième fils et on le suppose né à Aire-sur-la-Lys, en 1687. Tout comme ses frère, il embrassa la carrière militaire, entrant comme cadet volontaire au régiment d’infanterie irlandaise de Dorington, (plus tard renommé de Rothe), à l’âge de seize ans.

    Il participa au siège de Kehl, au combat de Munderkinghen et à la première bataille d'Hochstoedt en 1700, à la seconde bataille en 1704, et fut fait lieutenant réformé dans le cours de la même année.

    Il fit les campagnes de 1705, 1706, 1707 et 1708 à l'armée du Rhin. Nommé capitaine réformé au même régiment par commission du 21 mai 1 709, il se trouva, le 11 septembre suivant, à la bataille de Malplaquet, marcha en Flandre en 1710, combattit à l'attaque d'Arleux en 1711, et se trouva à la bataille de Denain et aux sièges de Douay, du Quesnoy et de Bouchain en 1712. En 1713, il servit aux sièges de Landau et de Fribourg, ainsi qu'à l'attaque des retranchements du général Vaubonne. Il devint aide-major de son régiment (alors renommé Rothe), par brevet du 20 août 1720, y eut rang de capitaine en second le 21 juin 1721, puis de capitaine en pied le 19 juin 1729, et obtint, le 9 janvier 1701, une compagnie qu'il commanda au siège de Kehl en 1735, à l'attaque des lignes d'Etlingen et au siège de Philisbourg en 1734 à la bataille de Clausen en 1735, puis à l'armée de Flandre en 1742.

    Fait chevalier de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis en 1736 ; il fut fait capitaine de grenadiers le 24 janvier 1742, et lieutenant-colonel le 4 avril suivant. Le 27 juin il combattit à la bataille de Dettingen, sous les ordres du maréchal de Noailles. Il servit, en 1744, aux sièges de Menin, d'Ypres, de Furnes et du fort de la Knocke, que Louis XV fit en personne, et finit la campagne au camp de Courtray. Le Roi, en considération de ses services et de sa conduite distinguée à la bataille de Fontenoy, le 11 mai 1744, lui assigna une pension de 600 livres sur le trésor royal[2]. Dans la même année, Richard-Edmond de Cusack assista aux sièges des villes et citadelles de Tournay, Oudenarde, Denderinonde et Ath. Créé brigadier d'infanterie par brevet du 20 mars 1747, il commanda au pont de Walheim, poste important, où il se maintint pendant six semaines avec 600 hommes qui étaient relevés tous les cinq jours. A la bataille de Lawfeld, gagnée par le Roi le 2 juillet de la même année, il donna les plus grandes preuves de sang-froid et de valeur, et, en considération des nouveaux services qu'il avait rendus dans cette occasion, Louis XV porta à 1.000 livres sa pension sur le trésor royal[3]. Après la campagne, le régiment de Rothe fut mis dans Berg-op-Zoom, où Richard-Edmond commanda les convois pendant tout l'hiver. Il eut à soutenir de fréquentes attaques de l'ennemi, mais il sut toujours le repousser et assurer l'arrivage des approvisionnements de l'Armée. Il fut employé au siège de Maëstricht en 1748, au camp d'Aimeries en 1704, au camp de Calais en 1756, et à l'armée de Flandre en 1757 et 1758, et fut créé maréchal-de-camp par brevet du 10 février 1758. Se démettant alors de la lieutenance-colonelle du régiment de Rothe, et se retira après avoir servi pendant 56 ans sans interruption, le Roi lui accorda en remerciement le 20 octobre 1758 le gouvernement de Guérande, du Croisic et de Saint-Nazaire. Le souverain espagnol, Charles III, lui avait pour sa part, accordé, par brevet du 10 août 1758, la commanderie de l'hôpital de Mancied, dans l’Ordre militaire de Saint-Jacques de l’Epée.

    De son union avec Marie-Anne-Isabelle-Brigitte Fitz-Gérald, il eut plusieurs enfants, dont seule survécu Marie-Madelaine-Josèphe-Aglaé de Cusack, née à Lille  le 25 octobre 1727, mariée avec Etienne Joseph de Lespinasse, marquis de Langeac, comte de Saint-llpize , chevalier de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis, gouverneur de Pierrepertuse, commandant pour Sa Majesté des ville et citadelle du Pont-Saint-Esprit et en Bas-Languedoc, maréchal des camps et armées du Roi, et commandeur des ordres royaux, militaires et hospitaliers de Notre-Dame du Mont-Carmel et de Saint-Lazare de Jérusalem qui engendra Auguste-Louis-Joseph-Fidèle-Armand de Lespinasse, comte de Langeac, né à Paris, le 9 octobre 1748, pour qui Richard-Edmond de Cusack abandonna, avec consentement du Roi, le gouvernement de Guérande, du Croisic, et de Saint-Nazaire, le 1er septembre 1765.

    Il avait épousé en secondes noces Marie-Louise de La Rasse, veuve du marquis de Moulins, de laquelle il n'eut pas d'enfants. Il est décédé à Corbeil le 14 décembre 1770, à l'âge de 82 ans.

     

     

     

    Le dernier gouverneur de Saint-Nazaire :

     

    Petit-fils du précédent, Auguste-Louis-Joseph-Fidèle-Armand de Lespinasse, comte de Langeac, entra au service, le 1er février 1767, comme cornette dans le régiment de Bauffremont, dragons. En 1765, il fut nommé capitaine d'infanterie dans le régiment de recrues de la ville de Paris. Le 1er septembre, sur démission de son grand-père maternel, Richard-Edmond de Cusack, reçu du Roi le gouvernement des villes de Guérande, du Croisse et de Saint-Nazaire, en Bretagne. Le 15 décembre 1766, il obtint la survivance du gouvernement de la ville de Rue en Picardie, et, le 21 mai 1767, celle du gouvernement de la ville du Puy-en-Velay. Nommé capitaine de dragons dans le régiment de Bauffremont , le 16 août suivant, il fut employé en 1768 à l'Ecole royale d'équitation des dragons, à Cambray. Il fit la guerre de Corse, en 1769, en qualité d'aide-de-camp du général en chef comte de Vaux[4]. Il gagna alors le Ponte-Nuovo du Golo contre les Corses, anéantissant le dernier obstacle pour marcher sur Corté, alors capitale de l'île. Avec les vicomtes de Custine et de Vioménil[5], à la tête de quinze cents grenadiers et chasseurs,il fut chargé d'aller par les montagnes et l'intérieur de l'île, à la poursuite des troupes Corses, entraînant la fuite de Paoli.

    Nommé colonel au corps des Grenadiers de France le 3 janvier 1770, puis le 25 décembre suivant, commandeur de la commanderie de l'hôpital de Mancied, de l’Ordre militaire de Saint-Jacques de l'Épée à la suite de son grand-père maternel, il reçut, le 13 mars 1771, la croix de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis, et fut chargé la même année, sous les ordres du comte de Mailly[6], de l'inspection des frontières de France, des Pyrénées, des côtes de la Méditerranée, des Alpes, etc. Le corps des grenadiers de France ayant été réformé en 1771, le comte de Lespinasse-Langeac fut attaché, avec son grade de colonel en second du régiment de l'Ile-de-France. A la réforme des colonels en second, il fut attaché à la garnison de la ville de Valenciennes. En 1772, le roi Louis XV le pourvut de la charge de capitaine des gardes de la porte de son petit-fils, monseigneur le comte de Provence[7]. Il obtint alors les entrées de la chambre, et l’année suivante celles du cabinet. En 1775, il fut nommé commandeur de l'ordre de Notre-Dame du Mont-Carmel et de Saint-Lazare de Jérusalem. Après avoir été témoin des journées des 5 et 6 octobre 1789, et des événements qui en furent la suite, il partit en Lorraine. Ayant appris que Louis XVI s’était enfui de Paris, il se mit en marche pour rejoindre le monarque ; mais, arrivé à Neufchâteau, il apprit l’arrestation de Varennes, et fut lui-même arrêté à Neufchâteau, comme suspect d'opinions anti-révolutionnaires, et accusé do courir de château en château pour favoriser le départ du Roi, et opérer une contre-révolution.

    Désarmé et conduit par la maréchaussée dans la ville de La Marche, il y fut détenu pendant deux mois dans une prison que la population, agitée par les révolutionnaires, menaçait de forcer toutes les nuits. On était sur le point de le conduire à la haute cour, à Orléans, lorsque l'acceptation de la Constitution par le Roi le fit rendre à la liberté. Après s'être offert inutilement en otage pour Louis XVI et sa famille, il émigra, et alla rejoindre le comte d’Artois à Coblence. Il servit dans l’armée de Condé en qualité d'aide-maréchal-général des logis de la cavalerie, suivit les princes à Dusseldorff, et ne prit congé d’eux qu'à l'époque de leur départ pour la Westphalie. Retiré au Provinces-Unies, il allait passer en Angleterre, lorsqu'il fut fait prisonnier par un corps de troupes sur les glaces du Texel. Après avoir été dépouillé de tout, il aurait été infailliblement fusillé, s'il n'avait eu la chance de s'échapper. Muni de l'autorisation écrite de monseigneur le comte d'Artois, il servi dans divers corps, au service des Provinces-Unies et du souverain britannique. Après la réforme de ces corps, il se fixa à Hambourg, et s’y trouvait pendant le siège qu'en firent les alliés, en 1813, et ne put rentrer en France qu'après l'évacuation de cette place par les troupes françaises, le 8 juin 1814.

    Mis à la retraite le 25 septembre 1816, il décéda à Paris en 1832, sans avoir contracté d’alliance.

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    Lespinasse (de) : Ecartelé ; au 1 d'or au dauphin pâmé d'azur ; au 2 d'or au gonfalon de gueules ; au 3 d'azur semé de fleurs de lys d'or à la tour d'argent, brochante sur le tout ; au 4 d'or à 6 fleurs de lys d'azur ; sur le tout fascé d'argent et de gueules de huit pièces, et au centre un écusson de gueules, à la bande d'argent et au lambel du même. L'écu timbré d'une couronne de marquis. Supports : Deux lions. Devise : Sans chimères et sans reproches.

     

     

    [1] http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2012/06/15/bonnie-prince-charlie-ou-the-young-pretender.html

    [2] Lettre de M. d'Argenson, datée du camp de Tournay, le 29 mai 1746.

    [3] Lettre de M. d'Argenson, du 27 juillet 1747.

    [4] Futur maréchal et gouverneur de Corse.

    [5] Futur maréchal.

    [6] Futur maréchal.

    [7] Futur Louis XVIII.

  • Les Nazairiens en Turquie, (1928-1930)

    En septembre 1924, le fondateur de la République turque, que l’histoire à retenu sous le nom de Mustafa Kemal Atatürk, se rendit sur les bords de la mer Noire, à la frontière soviétique, pour inspecter le croiseur de guerre Yavuz Sultan Selim, (L’audacieux sultan Sélim[1]), ancien SMS Goeben.

     

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    Le SMS Goeben en 1911.

     

    Ce navire de 25.400 tonnes, d’une longueur de 186,6 mètres pour 30 mètres de large, avait été conçu à l’origine pour la Kaiserliche Marine par les chantiers Blohm & Voss à Hambourg.

    Au début du premier conflit mondiale, l’Empire ottoman, alors nation neutre, s’était vu confiés le 16 août 1914, avec le SMS Breslau, le SMS Goeben, au prétexte que tombés en panne de charbon en Méditerranée, l’Empire allemand n’avait, du fait de son entrée en guerre, n'avait pas possibilité de les ravitailler. Le gouvernement des Jeunes turcs avait annoncé qu’ils seraient postés à chaque entrée du Bosphore afin d’empêcher toute intrusion des belligérants dans ce détroit qui coupe en deux İstanbul, alors Constantinople, capitale du pays. Mais le gouvernement des Jeunes turcs avait conclus un accord secret à l’Allemagne le 2 août 1914, promettant une entrée en guerre à ses côtés, ce qui se réalisa le 29 octobre 1914.

    Rebaptisés Yavuz Sultan Selim et le Midilli, ils furent les terreurs des Alliés, empêchant toute intrusion dans le Bosphore, et si le Yavuz Sultan Selim n’avait été gravement endommagé le 20 janvier 1918, durant un combat contre les HMS Raglan et HMS M28 de la Royal Navy, en défendant les Dardanelles, il est probable que l’Empire serait sorti sans encombre de la guerre. Mais le destin en voulu autrement. Contraint à l’échouage à pointe de Nagara, où il fut attaqué par l’aviation, il fut remarqué par le Turgut Reis, autre navire acquis après des Allemands, qui le sauva de justesse de l’attaque projetée par le sous-marin HMS E14.

    Amarré à Constantinople dans un état lamentable, le traité de Brest-Litovsk, signé le 30 mars 1918 entre l’Allemagne et la République soviétique, fit qu’on le remorqua jusqu’aux chantiers de Sébastopol, où il subit une série de réparations entre les 7 août au 19 octobre 1918.

    L’Empire ottoman capitula le 30 octobre 1918. Dans l’espoir de relancer la guerre, le 2 novembre, l’Allemagne, à bout de souffle, donna les deux navires à l’Empire Ottoman, action vaine, car la république fut proclamée le 9, et l’armistice fut signée le 11, mettant fin à la guerre en Europe.

    Selon les termes du Traité de Sèvres, conclu le 10 août 1920, le Yavuz Sultan Selim devait être remis à la Royal Navy eau titre de dommage de guerre. Cependant, l'accord de Sèvres n'ayant pas pu être mis en œuvre en raison de la Guerre d'Indépendance turque, (1919-1923), dirigée par Mustafa Kemal Atatürk, dont il fut victorieux, et qui se conclue avec la signature du traité de Lausanne le 24 juillet 1923, le navire fut conservé par la Turquie.

    Le Yavuz Sultan Selim, resta en mer noir, oublié jusqu’à ce qu’Atatürk entreprenne la création de la nouvelle marine militaire turque. L’URSS étant devenu une alliée infréquentable, Atatürk ayant pour ambition de faire de son pays un état moderne, indépendant, et industrialisé, il fallut créer chantier naval en Turquie. Le traité de Lausanne ayant démilitarisé le Bosphore, le choix se porta sur le lieu d’un projet impérial avorté dans la baie d’Izmir, Gueuldjuk[2], nommé Gölcük en turc moderne.

     

    En effet, en 1911, l’Empire avait projeté de fonder 122 arsenaux et chantiers le long de ses côtes qui allaient de la Géorgie à l’Egypte, avec en plus la côte libyenne. Des imbroglios administratifs dans les expropriations nécessaires à la réalisation du projet, les guerres balkaniques, puis l’invasion de la Libye par l’Italie, avaient retardé le projet dont la britannique Armstrong Company était le partenaire. La première-guerre-mondiale avait remisé le projet.

    Au début de l’année 1925, Atatürk obtint qu’on expropriât İsmail Pasha, le propriétaire d’un domaine agricole au bord sur de la baie d’Izmir. Le 23 juin 1925 débuta la réalisation d’une cale sèche flottante pour loger le Yavuz Sultan Selim, rebaptisé Yavuz Selim, qu’ont construisit structures nécessaires à la navale, et dépôt de charbon.

     

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    Le Yavuz Selim dans sa cale flottante en 1929.

     

    On assécha les marais environnants, construisit routes et voie ferrée, et une ville fut fondée. Les travaux s’achevèrent le 14 septembre 1927. Faute d’ingénieur turc compétant, on alla chercher un en Allemagne un pour la réparation et la modernisation du Yavuz Selim, mais qui se révéla incapable de diriger des ouvriers turcs qui n’avaient aucune formation. Atatürk se résolu à lancer un appel d’offre auprès des autres pays. Ce fut la Société des Ateliers et Chantiers de Saint-Nazaire, dit Chantiers de Penhoët, qui remporta le contrat[3]. Il fut convenu de faire venir pour la durée d’une année et demie des ouvriers nazairiens, et leur famille s’ils le désiraient[4], pour qu’ils assurent les travaux et forment les ouvriers turcs. Deux ingénieurs des Chantiers de Penhoët furent choisis pour superviser[5]. Seules conditions imposées : en raison du secret militaire, il était interdit aux Nazairiens d’aller au-delà de 8 km autour d’Izmir et de raconter ce qu’ils faisaient, même aux familles restées au pays.

     

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    Les chantiers en 1928.

     

    Partis pour la Turquie :

    Le 29 août 1927, 50 ouvriers métallurgistes des chantiers de Penhoët, certains accompagnés de leur famille, partirent à 20 h 40 de la gare de Saint-Nazaire en direction de Marseille, afin de s’embarquer pour Izmir.

     

    En février 1928 il courut la rumeur que les ouvriers étaient maltraités en Turquie, ce qui fut rapidement démenti. Le 25 du même mois, 5 femmes partirent rejoindre leurs époux. En août suivant 40 autres ouvriers partirent ; 30 le 17 septembre 1928 ; 50 le 12 novembre, etc. Ce furent finalement 250 ouvriers qui partirent en Turquie, formant une colonie bretonne de 400 personnes avec leurs familles, qui lisaient les journaux nazairiens et vivait en autarcie. Le nombre des ouvriers turcs était de 250 ; la population de la ville de Gölcük était alors de 1.500 âmes.

     

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    Famille d'ingénieur à Gölcük le 5 avril 1929.

     

    En février 1928, Raymond-Charles-Louis Le Dahéron, ouvrier ajusteur, habitant du quartier de Toutes Aides, décédas de maladie à Gueuldjuk. Sa dépouille fut rapatriée à Saint-Nazaire, enterrée en grande pompe au cimetière de Toutes Aides, le mardi 28 février, en présence de la direction des chantiers et des syndicats, après une messe à Saint-Gohard.

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    Les chantiers durant l'été 1929.

     

    En mai 1929, trois ouvriers métallurgistes, Halgand, Viaud, et Mahé, voulurent faire une excursion à İstanbul, mais à peine arrivés ils furent arrêtés par la police, et renvoyé par le premier bateau en direction de Marseille. Les Chantiers de Penhoët avancèrent l’argent pour leur retour à Saint-Nazaire, sous réserve de retenu sur salaire. Le syndicat métallurgiste tenta de contester en affirmant qu’il n’y avait pas rupture de contrat, mais le non-respect des limites de déplacement était une faute professionnelle, et les ouvriers durent rembourser.

    Une affaire fit les choux gras de la presse nazairienne : le mécanicien Olivier Haspot[6], avait laissé son épouse, Marie-Augustine[7], dans leur domicile du 5 Grand’Rue avec leurs cinq enfants. Il lui envoyait de Turquie 1.400 fr à 1.900 fr par mois, argent qu’elle dépensait en alcool. Couverts de vermine, en guenilles, enfermés dans une maison d’une saleté repoussante, les enfants étaient livrés à eux-mêmes, nourris par des voisins charitables. L’ainée, Hélène[8], avait 19ans, et n’osaient s’opposer à sa mère à laquelle elle se substituait pour l’éducation de ses cadets ; c’est alors que le 7 juin 1929, le second de la fratrie, Alexandre, âgé de 16ans[9], se révolta, et blessa leur mère à la main avec un couteau. Les voisins s’en mêlèrent, appelant la police. Marie-Augustine racontât que l’adolescent vivait à ses crochets, lui réclamait chaque jour plus d’argent que ce qu’elle lui donnait, qu’il lui avait déjà lancé un jour son couteau qui s’était planté dans un mur, et se fit passer pour une victime. On n’écouta pas Alexandre, il fut condamné à six mois de maison de correction. Heureusement, le commissaire Pacaud veilla, il intervint en faisant dresser un procès-verbal pour maltraitances d’enfants. Les quatre frères et sœurs d’Alexandre envoyés à l’hôpital le 4 février 1930. Alexandre sortit rapidement de la maison de correction pour bonne conduite, et Marie-Augustine fut arrêtée le 3 juillet 1930, provoquant une manifestation de voisins qui se refusaient à la croire mauvaise. Elle écopa de cinq mois de prison, puis retourna vivre avec son mari revenu de Turquie[10].

     

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    photographies extraites de L’Animateur des Temps Nouveaux de juin 1931.

     

    Retour à Saint-Nazaire, l’Amical des anciens de Gueuldjuck :

    Les travaux du Yavuz Selim s’achevèrent le 31 mars 1930. On commença le rapatriement, certains Nazairiens restèrent jusqu’à la fin août, afin de former les chauffeurs ottomans qui manquaient d’expérience et n’auraient pas pu pratiquer une chauffe de 220 kg de charbon par m2 de grille soit une consommation par heure de 54 t. Les Chantiers de Penhoët transfèrent les installations au gouvernement turc et quittent le pays. Le recensement de 1931 indique huit nazairiens nés à Gueuldjuck : Louis Germain Jacques Leroux, né le 4 août 1928, décédé a Viry-Châtillon le 1er décembre 2012 (fils d'un  manœuvre), en 1928 ; Yvette Le Borgne, (fille d'un ajusteur), Yvette Legoffic, (fille d'un frappeur), Jacques Gaston Georges  né le 2 juin 1929, décédé à Saint-Nazaire le 10 juin 2007 (fils d'un charpentier), Léonie Mougenot, (fils d'un grossiste), Guy Colino (fils d'un tourneur), Monique Chedorge, (fille d'un machiniste), en 1929 ; Micheline Dupont en 1930, (fille d'un chanfreineur).

     

    Durant leur séjour en Turquie, les ouvriers nazairiens se constituèrent en amicale. A leur retour à Saint-Nazaire, ils firent don de 1.103 fr 65, au bureau de Bienfaisance de la ville, le 18 août 1930.

    Après quelques tergiversations, il fut décidé de constituer l’Amicale des anciens de Gueuldjuck. Ainsi, le 20 septembre 1930, au café Hébert, rue du palais, se tient une grande réunion des anciens de Gueuldjuck. Marcel Blanchard exposa les buts de l’amicale : un groupe resserrant les liens qui les unissaient en Turquie, organisant des distractions, (concerts, bals, promenades, banquets), et surtout aider les membres des familles en cas de blessure, mort, ou chômage. Le président du bureau provisoire fut Rocheteau ; les vice-présidents Pipault et Tanguy ; le secrétaire Blanchard ; le secrétaire adjoint Brosseau ; le trésorier C. Alletz ; le trésorier adjoint Guilloré ; les commissaires Guillouet, Le Prévost, Bonhommeau, Viaud, Georges Coléno.

    La première réunion générale eut lieu le dimanche 28 septembre 1930 à l’hôtel du Berry, pour adoption des statuts avant déclaration en préfecture

     

    Le samedi 8 novembre 1930 l’amical donna sa première soirée, à 20 heures, dans la salle de L’Eden-Cinéma. La fanfare de l’UMP donna une pièce militaire, suivit d’un buffet de sandwichs, bière et vin, puis d’un bal. Ce fut la seule soirée donnée, malgré la bonne volonté des membres. Seule subsistât la caisse d’aide. Après une crise en août 1935, qui manqua d’entraîner sa dissolution, l'amical subsista jusqu'à la Seconde-guerre-mondiale.

     

    Le destin du Yavuz :

    Devenu en 1936 Yavuz , le croiseur remis en état et modernisé par les nazairiens, était considéré à la veille de la seconde-guerre-mondiale comme un navire dangereux. La Turquie resta neutre durant le conflit, et le navire fut affecté à empêcher des intrusions dans le Bosphore. Il resta en service jusqu’au 20 décembre 1950. Transféré aux services de l’OTAN sous le numéro B70 en novembre 1954. Le gouvernement turc proposa au gouvernement allemand de le racheter en 1963, ce qui fut refusé ; il fut alors vendu à MKE Seyman pour démantèlement en 1971. Le démantèlement débuta le 7 juin 1973 et s’acheva en février 1976. Le MKE Sanayi ve Teknoloji Müzesi, (Musée de l’Industrie et de Technologie), à Ankara, en conserve deux sections de blindage de coque et un tronçon de canon. Il est exposé au MKE

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    Médaille commémorative de la fondation des chantiers de Gölcük.

     

     

    Sources : Le Courrier de Saint-Nazaire, Le Phare de la Loire et L’Ouest Eclaire d’août 1928 à novembre 1930 ; Donanma ve Gölcük Tersanesinín Taríhi, F. Yavuz Ulugün ; The Hunters and the Hunted - The Elimination of German Surface Warships Around the World 1914-1915, Bryan Perrett, Pen&Sword Maritime, South Yorkshire, 2012.

    Remerciements particuliers à madame B.G.

     

     

    [1] (10 octobre 1470-20 septembre 1520) ; 9e sultan ottoman, du 24 avril 1512 au 22 septembre 1520, son successeur fut Soliman le Magnifique.

    [2] Littéralement : lagune.

    [3] La Turquie était alors considérée par les autorités françaises comme « un pays vierge au point de vue économique » (cf. discours de Mario Roustan, sénateur ancien ministre).

    [4] Un collège français, nommé Sainte Barbe existait à Izmir et devait assurer la scolarité de leurs enfants.

    [5] Deux sous-marins devaient aussi faire l’objet de réparations et modernisation, on les confia à une compagnie néerlandaise.

    [6] Né à Saint-Nazaire le 5 décembre 1877, fils naturel de Marie Louise Haspot, tailleuse.

    [7] Née Marie Augustine Denis, à Saint-Nazaire 2 décembre 1883, ancienne tailleuse pour dame, fille d’un cuisinier ; ils s’étaient mariés à Saint-Nazaire le 11 septembre 1909.

    [8] Née à Saint-Nazaire, le 30 juillet 1910

    [9] Alexandre-Daniel, né à Saint-Nazaire le 4 avril 1913.

    [10] Les enfants furent à jamais traumatisés ; Alexandre, devenu cuisinier au 3ème dépôt de la Marine à Lorient, tira en janvier 1935, dans la rue L’Enclos du Port, sur le tenancier d’une maison close, et traduit devant le conseil de guerre de la marine à Brest.

  • Géorama

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    Géorama, façade d'arrivée

     

    « […]

    Quittez l’Océan. C'est la Belle côte

    Qui vient égayer le panorama.

    Les brisants jolis quand la mer est haute

    Devant Chemoulin et Géorama.

    […] »

    (extrait de « La butte du château », poème anonyme publié en février 1929 par le journal paroissial « Le trait d'union de Saint Marc sur Mer ».

     

     

    La villa Géorama a été construite pour Gabrielle-Charlotte Mougin, (née vers 1863), entre 1908 et 1910, à la demande de son amant, Paul Blavier, par l'architecte nantais Paul Devorsine, (Nantes 1859 – Nantes 1935), à qui l'on doit plusieurs villas à Pornic et La Baule, et les bâtiments de la Biscuiterie Nantaise.

     

    Paul-Édouard Blavier, (Angers 11 août 1856 - Saint-Pierre-Montlimart1 22 février 1916), fils d'un sénateur royaliste du Maine-et-Loire, partageait sa vie entre son château de La Bellière à Saint-Pierre-Montlimart, (construit par la famille de son épouse, il avait racheté les parts des autres héritiers)2, et son hôtel parisien du 35 rue de La Bienfaisance. Il était marié depuis 1880 avec Jeanne Langois, dont il avait eu un fils, Jean-Charles, (1882-1959), et une fille, Simone, (1881-1901). En 1905 Paul découvrit sur ses terres de La Bellière un gisement d'or déjà exploité par les Romains. Il ouvrit une mine et exploita ce filon, augmentant plus encore sa fortune3. Il fonda aussi une usine hydroélectrique à Bohardy, puis, en 1911, à Saint-Pierre-Montlimar, une manufacture de fabrication d’ampoules électriques, à main-d’œuvre exclusivement féminine4.

     

    Richissime, Paul Blavier s'ennuyait, un jour, il rencontra, vers 1887, une Gabrielle-Charlotte Mougin, née vers 1863, qui lui réveilla les sens. Ils eurent un fils, Charles Mougin, née à Paris le  12 février 1888, et déclaré de père inconnu.

    Ne pouvant la loger avec sa famille au château, il décida de faire édifier une villa pour sa maîtresse, à l’emplacement d'une vigne d'un peu moins d'un hectare, dominant l'océan, à Saint-Marc en Saint-Nazaire, qu'il avait acquis en cinq lots, le 21 août 1898 de Julien Gobichet, chez maître Marcussen5, au lieu dit Les Grandes Vignes, au dessus de la plage des Gabourelles sur une pointe.

    La villa, construite dans un style d'inspiration Gothique tardif, revisité de Renaissance et d'Art nouveau, est en moellon et ardoises. Elle se compose d'un rez-de-chaussée carré sur cave et d'un étage sous combles à longs pans et demi-croupes, avec pavillon central flanqué de deux ailes, et dotée du côté de l'océan d'une loggia avec vue sur l'océan et l'estuaire, d'un jardin empli de roses en terrasse et un escalier à rampe de fer descendant jusqu'à la plage en contrebas de la falaise, qui n'est accessible à marée haute que par ce chemin. La maison est précédée d'un puits-fontaine massif, et d'un pavillon de gardien au portail d'entré constitué d'une arche de pierre. Le décor intérieur et fait de boiseries néogothiques et de plafonds à la françaises polychromes dans le goût renaissance. Le panorama avec sa vue à 180° fit qu'il décida de nommer la demeure « Géorama »6 .

     

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    Se sentant vieillir, Paul décida en 1914, afin de laissait à son amante une rente, de lui racheter la villa par l'intermédiaire d'un viager en nue-propriété, à charge pour ses héritiers poursuivre le versement de la rente. Leur fils, Charles Mougin, avait épousé le 23 mai 1912 à Nantes Marie-Andrée Meignin. Il fut envoyé au front comme soldat de 2ème classe au 265ème Régiment d'Infanterie, et décéda de maladie contractée au service le 21 janvier 1915 à l'hôpital de Pierrefonds.

     

    En 1917, la veuve de Paul, scandalisée à l'idée d'entretenir la maîtresse de son époux, décida de renoncer à la donation des biens que lui avait faite Paul, au profit de leur fils Jean.

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    L'ancienne amante ne vivait pas à Géorama, elle loua la maison à diverses personne, dont le maire Louis Brichaux, qui trouvait l'habitation peu pratique malgré sa situation et ses volumes, et finit par acquérir la Villa Minne au Petit Gavy.
    Jean-Charles Blavier finit par obtenir l'acquisition de la propriété en rachetant à Gabrielle-Charlotte Mougin sa rente viagère, ainsi que quatre parcelles de vignes l'autre côté de la route, en 1921. La villa était alors louée à l'industriel et ancien maire de Saint-Nazaire, Louis Brichaux, qui acquit en 1921 la villa Minne au Petit Gavy.

    Non désireux de vivre dans les meubles de l'ex-maîtresse de son père, Jean fit l'acquisition, au début de l'année 1928, après des héritiers de l'industriel Charles Puget, de la villa mitoyenne Stella Maris Ave, et s'y établit, n’utilisant de Géorama que pour des réceptions.

    Quoique millionnaire, Jean-Charles Blavier était d'une pingrerie peu commune, y compris avec ses gitons. On murmurait qu'il faisait resservir plusieurs fois les reliquats des soupers qu'il donnait et remettre en bouteille les fonds de verre de vin, vin qu'il faisait servir chichement, ne buvant pour sa part que de l'eau de Vichy. Il ne donnait jamais plus de 5fr70 aux œuvres des tuberculeux de Saint-Nazaire, et uniquement parce qu'il se sentait forcé de le faire au sortir de la messe de Saint-Marc, et veillait à ce qu'on lui rendit bien la monnaie sur les 6 francs qu'il avait rendu.

    Durant la guerre Géorama abrita l’état-major du M.A.A. 280. Deux tobrouks furent construit en direction du large, et deux abris de surveillance le long de la route d’accès. La villa sortie de la guerre en bon état.

    Jacques Tati loua la villa pour lui à l'occasion du tournage de « Les vacances de Monsieur Hulot » en 1952-1953.

     

    Jean-Charles vendit Géorama en 1957 aux villes de Trappes, Guyancourt et Saint-Cyr-l'École7. la villa devint un centre à vocation sociale, destiné à accueillir les familles et les enfants de ces trois communes des Yvelines. Le réaménagement en colonie de vacances, entraînant d'importantes destructions du décor intérieur, seul le plafond peint de l'entrée fut conservé en état ; la loggia fut fermée pour agrandir la salle à manger collective, dénaturant en partie la façade côté océan ; le parc perdit tous ses rosiers et massifs.

    Dans les années 1960, les capacités d'accueil furent augmentées par la construction de dortoirs en matériaux préfabriqués sur la parcelle située de l'autre côté de la rue sur les anciennes parcelles de vignes, et d'annexes dans le parc de la villa, sur plans de l'architecte nazairien Georges Vachon. La villa fut alors réservée à la restauration et aux bureaux8.

     

    De 1992 à 2005, le syndicat intercommunal de colonies de vacances des villes de trappes Trappes, Guyancourt et Saint-Cyr-l'École, (SICV), confia la gestion des lieux au Centres d'Entraînement aux Méthodes d'Éducation Active Pays de Loire (CEMEA). Les lieux furent ouverts toutes l'année aux écoles désireuses de faire des classes de découvertes marines.

    En 2006 le SICV décida un changement de prestataire et choisi Échange et découvertes. Il s'en suivit un imbroglio juridique de 14 mois, et les huit salariés des lieux ne furent pas payés, chacun des deux prestataires se renvoyant la responsabilité. La capacité d’accueil était alors de 120 enfants.

    En 2008 le SICV décida de vendre le domaine à Échange et découvertes à condition que cela reste un centre à vocations éducatives, et non que cela soit transformé en hôtel. Mais en 2012, au prétexte que les coûts d'entretien et que la mise aux normes d'acceptabilité étaient trop élevés, l'ensemble fut vendu à un investisseur qui fit procéder à la restauration complète de la villa, la destructions des annexes Vachons, et l'ajout d'une piscine devant la façade côté océan. Il procéda aussi à la transformation des anciens dortoirs en dix logements.

     

    Des vues réalisées en 2009 par la Région des Pays de la Loire sont consultable ici : https://www.patrimoine.paysdelaloire.fr/ressources/diaporama/detail-diaporamas/diaporama-maison-de-villegiat-49/

     

     

     

     

    1 C'est aujourd'hui une commune de Montrevault-sur-Èvre, au Sud-Ouest d'Ancenis.

    2 Légué à madame d'Halluin, celle-ci ne pouvant l'entretenir et ne trouvant pas acquéreur, le fit démolir en 1960, il n'en reste que la ferme.

    3 Cette mine comptait 750 salariés dont 430 mineurs travaillant entre 150 et 180 mètres de fond. Elle ferma en 1953.

    4 Cette usine évolua après la seconde-guerre en usine de téléviseur, puis en usine informatique.

    5 C'était une vente aux enchères de d'une maison située près de la plage et de sept lots de vignes. La vigne acquise par Blavier avait été mise à la vente à 1.800 fr pour prix de départ.

    6 Un géorama est une sorte de planisphère inversé tapisser à l'intérieur d'une sphère dans laquelle on introduisait le public. C'était entre 1830 et 1900 une attraction en vogue comme les panoramas.

    7 Stella Maris Ave fut construite pour l'industriel Charles Pluget, (1874 – 1927), Puget ; il vendit en 1950 l'un de ses cousins issu de germain, Hubert Blavier, (Fontainebleau 23 juin 1903 – Paris 28 septembre 1988), et son épouse, née Hélène Marie Paule Henriette Jamar, (Saint-Gilles-Bruxelles 3 mai 1903 - Saint-Marc-sur-Mer 18 avril 1981).

    8 Un second bâtiment fut construit de l'autre côté de la route, pour servir de dortoirs, le site a été réaménagé après 2012 pour devenir la Résidence Ker Annette.

  • Giovanni de Chanaz et Paule de Leslay

    Durant l'entre-deux-guerres, Saint-Nazaire se régala des aventures de deux membres de la Café Society, ancêtre de la Jet Set : Giovanni de Chanaz et Paule de Leslay.

    Le comte Giovanni de Chanaz, ou plus exactement Jean-Pierre Muffat de Saint-Amour de Chanaz, des marquis de Chanaz, naquit à Rome en 1892 dans une famille savoisienne anoblie en 1732, qui avait acquis la seigneurie de Chanaz le 12 juillet 1746. Son père, Victor, (1849-1900), était colonel au 9e régiment de bersagliers[1], chevalier des Saints Maurice et Lazare ; sa mère, Marie-Elisabeth-Jeanne Wilson, était une Écossaise[2] dont Giovanni hérita de la blondeur de blé.

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    Armoiries de la famille Muffat de Saint-Amour de Chanaz : écartelé aux 1 & 4 d 'azur au lion couronné d'or ; aux 2 & 3 de gueules à trois têtes de loup d'argent. Cimier : un lion d'or issant. Tenants : deux hommes en armes tenant leur bouclier posé sur la terrasse ; Cri de guerre : FORTITIUO. (Armorial et nobiliaire de l'ancien duché de Savoie, Amédée de Foras, 1900)

     

    Orphelin de père à l’adolescence, il ne suivit pas la tradition militaire de ses ancêtres, préférant l’ingénierie mécanique. Durant la Première-guerre-mondiale il s’illustra en créant pour l’Armée italienne une vedette lance torpille qui réussit à couler un croiseur autrichien, ce qui lui valut la médaille de la couronne d’Italie. Il s'établit en 1926 à Paris, et en 1928 en Loire-Inférieure après avoir signé son engagement aux Chantiers de la Loire comme ingénieur en chef, durant un séjour au Grand Hôtel de l’Océan de Pornichet au cours de la première quinzaine d’août[3]. Il fixa alors son domicile à Nantes, au 9 rue de Gresset, mais avait un appartement au 34 boulevard de l’Océan (plus tard Wilson) à Saint-Nazaire

    Passionné de vitesse, il s’inscrivit au Club Motocycliste Nantais, et acquit une moto de course Norton de 350 cm3 avec laquelle il fit des compétitions qu'il remportait régulièrement, notamment en juin 1929, aux Courses de l’Anjou à Beaufort-en-Vallée, en montant à 137 km/h 404[4], ou encore le Gymkhana motocycliste de Nantes auquel il participa le 7 juillet 1929, sous les couleurs du Centre Maritime de Nantes[5]. Il termina la même année cinquième au Tourist Trophy Angevin[6].

    Officier de réserve de l'Armée italienne et ancien combattant, il était directeur de la zone Ouest des anciens combattants italiens, était présent à tous les événements de la Fédération des anciens combattants, et fréquentait assidûment les hauts représentants de l’État italien en France, ainsi que du Parti Fasciste dont il fut rapidement membre. Il se lia avec Enrico Marenesi[7], ancien officier qui avait reçu l'exequatur de consul de troisième classe d'Italie à Nantes en août 1928. C'est Enrico, qui, à La Baule, lui présenta Paule-Augusta-Florentine Fercoq du Leslay de Keranguevel, née le 12 décembre 1895 à Jemelle près de Namur, issue de la vieille bourgeoisie bretonne, dont le père, chef de bureau à la Banque de France, usurpait le titre de vicomte[8]. Son grand-père, Emmanuel Fercoq avait obtenu le 16 décembre 1851 d'ajouter à son patronyme celui de sa mère, née Charlotte Leslay de Keranguevel, issue d’une famille noble d’extraction connue depuis 1426, maintenue par arrêt du Parlement de Rennes du 22 janvier 1669[9], et dont les armoiries sont : d’argent au lion d’azur armé, lampassé et couronné de gueules.

    Grande, « paraissant huit ans de moins que son âge réel » selon son amie la poétesse et romancière Alexandra Pecker[10], qui fit sa connaissance sur la plage de La Baule à cette même période ; d’une extrême élégance, « les yeux magnétiques »[11], Paule du Leslay, parfois surnommée Paulette par ses amies, était une célébrité du monde sportif et une personnalité du demi-monde parisien. Elle avait gagné le lancer du poids et le 60 m durant les premiers championnats de France d’athlétisme féminin organisé au stade Brancion à Vanves le 15 juillet 1917. Le 7 juillet 1918, durant les championnats de France au Stade Jean Bouin, elle remporta le saut en hauteur avec 1,29 m, ce qui fut record de France, se classa 3ème du 80 m et 2ème du 83 m haies, 4ème du saut en longueur sans élan (2,19 m) et 3ème du lancement du poids deux bras additionnés (12,09 m : 6,25+5,84). Elle renouvela son titre de championne de France de saut en hauteur avec 1,32 m, le 29 juin 1919, et avec 1,37 m en 1920.

     

     

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    Paule à 24ans debout au milieu des autres membres de son club sportif, photographie parue dans La Vie au Grand Air du 1er septembre 1918

     

    Paule arrêta la compétition après une blessure le 11 juillet 1920 qu’elle se fit durant les championnats de France F.S.F.S.F tenus au stade Élisabeth à Paris. C'était aussi une excellente cavalière. Dès 1918 elle tenait une chronique sportive, Sports et femmes, dans la revue L'Auto-Vélo. Pour Giovanni, Paule était la femme idéale, sportive et indépendante. Quand elle le rencontra, elle possédait un vaste domaine agricole, le manoir de Borderune à Belle-Île-en-Mer où elle recevait des personnalités et aimait parcourir la lande sur une jument blanche. Elle était cultivée, bibliophile et passionnée de poésie, et outre Alexandra Pecker, elle avait pour amis dans les Lettres le poète et dramaturge Antonin Artaud, et le romancier Maurice Dekobra.

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    Paule en costume breton, photographie parue dans L’Auto-Vélo du 8 juin 1918

     

    La mort du consul d'Italie au large de Saint-Nazaire :

    Le 1er septembre 1929, à la fin des régates de La Baule, les Chantiers de La Loire proposèrent à des notables et leurs familles de rentrer à Saint-Nazaire à bord de quatre vedettes, dont la toute nouvelle 112. Le consul d'Italie accepta, mais il demanda plusieurs fois si cela n'était pas dangereux. Giovanni de Chanaz, et Jules Pinczon[12], sous-directeur des Chantiers de Penhoët, le rassurèrent. Montant à bord de la 112, il décida de rester sur le pont, avec monsieur Pinczon, pendant que son épouse, sa nièce Ninetta, le secrétaire du consulat Faleschi, madame Pinczon, et Paule, allèrent dans la cabine avec Giovanni. La mer était agitée, la vedette n'allait pas à très grande vitesse, mais vers 19h30, au large de Chemoulin, elle rebondie sur la crête d'une vague de fond particulièrement forte, et retomba presque droite. Monsieur Pinczon et le consul Enrico Marenesi furent projetés à l'eau. Si monsieur Piczon eut la présence d'esprit de se débarrasser de son veston et de placer entre les dents son portefeuille plein de croquis pour regagner à la nage de la vedette, accomplissant une sorte d'exploit malgré ses 67 ans[13], Enrico Marenesi, flottait le visage dans l’eau entre les vagues. Giovani sauta à l'eau pour le récupérer. Il tenta de le ranimer à bord de la vedette mais il était trop tard, le Consul avait fait un arrêt cardiaque par frayeur. On accosta sur la plage de La Courance d'où le corps fut embarqué dans une ambulance.

    La mort du Consul causa un grand émoi. Un pavillon de l'hôpital fut transformé en chapelle ardente, couverte de voiles noirs et aux couleurs de l'Italie, de fleurs, de cierges. En grand uniforme, l'épée au côté, son corps fut présenté à la foule qui vint s'incliner. La mise en bière eut lieu le 2 septembre à 21 h en présence de monsieur Cantoni Marca, premier secrétaire de la délégation italienne arrivée de l'Ambassade à Paris. Le 4 septembre 1929 eurent lieu les funérailles dans un faste jamais vu jusqu'alors à Saint-Nazaire. Tous les consulats de la ville avaient leurs drapeaux en berne. Le chapeau de gala et épée de consul avaient été posés sur le cercueil, il fut levé par des marins du vapeur italien Tropico qui stationnait au port pour réparation ; un aspirant de la marine porta sur un coussin les six décorations du défunt, entouré des drapeaux des anciens combattants italiens et fanions fascistes. Après une cérémonie de trois quarts d'heure en la chapelle de l’hôpital. Le deuil fut conduit par la veuve du défunt[14], sa nièce Ninetta, et son frère Manion qui était arrivé de Florence. Le corbillard disparaissait sous un amoncellement de couronnes de fleurs[15]. Les cordons du poêle furent tenus par le sous-préfet Jean Bütterlin en tenue, Luis Valdes Roigt doyen des consuls de Saint-Nazaire et consul de Cuba, le chef de cabinet du préfet, le premier secrétaire de l'ambassade d'Italie, les doyens du corps consulaire de Nantes, et Giovanni de Chanaz au titre de délégué du commandeur Pietro Parini, secrétaire du Fascio de Rome. Le lieutenant Boulet fut délégué à la tête d'un peloton de vingt-cinq gardes républicains[16]. Dans l’attente d’un rapatriement à Pavie, le cercueil fut placé provisoirement au reposoir du cimetière de Toutes Aides sous les saluts fascistes. Le secrétaire Marca prononça un long discours dans lequel il dit : « Je ne veux pas oublier, dans ces moments si douloureux, l’héroïque dévouement de monsieur de Chanaz qui, au risque de sa vie, se jeta à l’eau pour sauver le Consul Marenesi[17]. »

    Ce déploiement fasciste peut surprendre, mais il faut retenir que l'Italie était alors l'alliée de la France, que le nombre de policiers encadrant la cérémonie était tel qu'il n'y eut pas la possibilité de manifestations antifascistes, et qu’il était d’usage pour le Gouvernement italien d’alors d’envoyer des représentant du Parti, y compris pour des gens non sympathisants du moment qu’ils avaient une importance médiatique nationale. Cependant, si la presse couvrit avec de longs articles la cérémonie, ce fut en pages intérieures, et il n'y en eut aucune photographie.

     

    Le comte et sa comtesse :

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    De droite à gauche : Paule, Giovanni derrière elle, et la romancière Alexandra Pecker, photographie prise à Belle-Ile en 1930 parue dans Détective du 6 juillet 1948

    Dans leur vie publique, autant que privée, ils étaient le comte et la comtesse de Chanaz. Giovanni acquit, vers 1931, une maison sur le remblai, au 3 boulevard Albert Ier, demeure qui subsiste, que Paule décora de meubles bretons anciens et tapisseries du XVIIIe siècle. Il la couvrait de bijoux et de fourrures son amante, qu’elle portait sans autre chose que son maquillage quand ils étaient chez eux, recevant ainsi ses intimes, comme le faisait avant elle la comtesse Casati. Il lui arrivait de passer devant les fenêtres dépourvues de voilages pour la plus grande joie des élèves du collège de garçons Saint-Louis, qui se massaient devant chez elle, le jeudi après-midi, au prétexte de voir l’Alfa Roméo stationnée dans le garage. Cela lui valut le surnom de « la Comtesse nue » et formata l’idéal féminin d’une génération de petits nazairiens.

    Cependant, Paule n’était pas uniquement une mondaine aux mœurs originales, c’était une femme de grande culture très active. Elle traduisit en français Fombombo, du romancier étasunien T.S Stribling, et en 1933 en Anglais Angkor de l’éthologue et archéologue français Georges Groslier.

    On voyait partout ce couple glamour, que chacun disait parfaitement assorti, à des événements officiels tel que la mise en eau de la forme écluse Joubert, le 16 juin 1932, ou mondains et sportifs tels le grand Concours d’élégance automobile de La Baule, où Giovanni remporta le 1er prix des voiture couverte de 50.00fr à 100.000 fr et 10 à 20 HP[19], et le VIIème Grand prix automobile de La Baule le 13 septembre 1931, au cours duquel, sous le numéro 13, il fit « une bonne performance », grâce à son Alfa Romeo 1750 CMC[20], ou encore au 3e Kilomètre lancé du Pont-de-Cens du 29 avril 1933[21] et Rallye de Pornichet le 12 aout 1933[22]. Giovanni avait abandonné la moto au profil de l’automobile à mesure qu’il commençait à s’épaissir. Il fit parti du Club d’escrime de Saint-Nazaire, mais plus pour raisons mondaines et habitude sociétale que par intérêt pour ce sport.  

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    Paule vers 1930, photographie parue dans Détective du 6 juillet 1948

     

    La Vedette B-10 :

    Les Chantiers de la Loire confièrent à Giovanie la réalisation des vedettes à destination de la Marine Nationale, soit neuf modèles, (trois de 15 m et cinq de 11 m et une de 18 m 10), jusqu'à la seconde guerre mondiale. La plus célèbre d’entre-elles fut la B-10, présentée à la presse en décembre 1933[23].

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    La Vedette B-10 aux Chantiers de La Loire, L’Ouest-Eclair du 24 décembre 1933

     

    Armée de deux lance-torpilles, mue de deux moteurs Lorraine-Diétrich de 1.000 chevaux chacun, la vedette B-10, « extra-rapide », faisait 24 tonneaux de jauge, mesurait 18 m 10 de long, pour 4 m 86 de large, était dotée de trois quilles, d'un gouvernail double, deux hélices, d'éclairage et d'une TSF sur une dynamo qui alimentait aussi une batterie pouvant en cas de panne de carburant prendre le relais de l'alimentation des moteurs. Elle avait 350 milles de rayon d'action pour une vitesse horaire de 49 nœuds. Les plans furent réalisés en moins de deux ans pour la Marine Nationale qui en avait fait commande. Les tests avaient lieu dans l'estuaire, pour la plus grande joie de la population qui la voyait fendre à toute allure les flots deux ailes d'écume ; une production innovante pour laquelle la Paramount envoya un cameraman le 16 janvier 1934. A la demande de la Marine Nationale, les essais se poursuivirent à Cherbourg. La vedette B-10 quitta Saint-Nazaire le 5 septembre et gagna Brest en 4 heures malgré une forte houle, après avoir fait le trajet depuis Saint-Nazaire à 40 nœuds, sous les deux tiers de sa puissance. Elle gagna Saint-Malo en 5 heures le lendemain, et arriva à Cherbourg le 7 septembre pour être remise à la Marine Nationale après avoir croisé au large de Jersey et d’Aurigny[24].

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    Essais de la B-10, Le Courrier de Saint-Nazaire du 10 mars 1934

     

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    Giovanni, photographie parue dans L’Ouest-Eclair du 24 décembre 1933

     

    Quand l’Amour meurt :

    Si Giovanni se réjouissait d’avoir en ses bras une si belle femme, délicieusement impudique, il se refusait de légitimer leur union malgré le vif désir de Paule. Cela généra en elle désillusion et lassitude. Le 15 avril 1934 Paule partit en voyage. La légende raconte qu’elle trouva chez un brocanteur une vieille carte autrichienne qui laissait en blanc une partie de l’Albanie, et qu’elle se piqua d’aller explorer la zone. Elle s’enfuit parcourir les plus hauts sommets à cheval accompagnée d’une escorte, armée d’une carabine en bandoulière et d’un revolver à la ceinture, une boussole en poche et un appareil photographique appendu au cou. Le Royaume d’Albanie avait alors des liens particuliers avec le gouvernement italien qui finançait son développement. Les relations de Giovanni au sein du parti fasciste furent utiles. Le voyage devait durer un mois... mais Paule le poussa toujours plus loin dans les montagnes, enivrée par l’aventure qu’elle détaillait dans de longues lettres adressées à son amant. Celui-ci espéra la faire revenir en lui cédant le 20 juin 1934, par acte authentique, la propriété de la maison du 3 boulevard Albert 1er, avec une rente annuelle de 20.000 fr[25].

    giovanni de chanaz,paule fercoq de leslay,saint-nazaire

    La maison offerte à Paule

    Paule le remercia, et lui demanda de surveiller ses biens, mais le besoin de liberté était devenu tel, qu’elle partit deux ans, parcourant l'Albanie, la Yougoslavie, la Grèce et la Turquie.

    Giovanni finit par rencontrer une Hongroise d’origine bosnienne nommée Sziviné, qui se faisait passer pour une princesse russe. Il l'installa chez lui à Nantes, et la présenta comme son épouse, comme il l'avait fait avec Paule.

     

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    Giovani et la princesse Sziviné désignée comme comtesse de Saint-Amour de Chanaz, habillée par Creed, gagnante du Grand Prix, catégorie coupés, au concours d'élégance automobile de Cannes de mars 1938, publié dans « L'Automobile sur la Côte d'azur » d’avril 1938. La voiture est une Delahaye 135 version « client » de 1938, dite 135 MS sur lequel est monté le moteur utilisé en course à trois carburateurs, de 120 chevaux, carrossée par Figoni.

     

    Giovanni décida de vider la maison du boulevard Albert 1er. Il expédia le mobilier au garde meuble le 17 novembre 1936 chez Lemarier, offrit les fourrures de Paule à sa nouvelle amante, dont un vison d'une valeur de 19.000 fr, et le contenu de la bibliothèque à son ami monsieur Humphry qui habitait Savenay, livres qui comportaient en ex-libris le monogramme de Paule.

     

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    Ex-libris monogramme de Paule du Leslay gravé par George Auriol[26], fonds et collections Odoevsky Maslov

     

    Quand Paule rentra à Saint-Nazaire en mars 1937, elle trouva la maison vide. Elle fit constater la situation par huissier le 6 avril 1937, et réclama ses biens. Giovanni lui expédiât des vêtements, devenue hardes du fait de leur mauvaise conservation, au domicile qu’elle prit à Paris au 24 rue Frederick Lemaître, un deux-pièces au cinquième étage d’un immeuble sans ascenseur du quartier populaire de Belleville. Pire, il tenta devant le tribunal de la Seine de réduire le montant de la rente viagère qu’il s’était engagé à lui verser, puis par une seconde procédure de récupérer la propriété de la maison de Saint-Nazaire, ce qui lui fut refusé. Après diverses tractations une partie du mobilier fut livré à Paule le 12 novembre 1937, mais cela était une mesquinerie. L'affaire fut portée devant le Tribunal civil de Saint-Nazaire. Giovanni espérait que le juge annulerait ses libéralités, en argumentant que « la donation reposait sur une clause immorale ». Paule se porta partie civile et fut défendue par maître Grimaud assisté de maître Vincent, du barreau de Nantes. Giovanni choisit comme avocat une célébrité, maître Vincent de Moro-Giafferri, le défenseur de Landru, de Caillaux, de l'épouse d'Alexandre Stavisky, et du tueur en série Eugène Weidmann, ancien sous-secrétaire d'Etat à l'enseignement technique durant quelques mois au gouvernement Herriot.

    Maître de Moro-Giafferri descendit au Grand Hôtel de Saint-Nazaire le 1er décembre 1937[27]. Sa célébrité fit qu'on en parla dans les journaux, et que l'affaire entre Giovanni et Paule devint publique jusqu’à Paris... Et cela dura des années, ponctuées de récits d’audience dans Paris-Soir, Le Petit-Journal, Le Temps, Paris-Midi, Ce Soir et même dans La France de Bordeaux et du Sud-Ouest ! Le grand final eut lieu le 29 juin 1939 à 13h30 dans une salle pleine du ban et l’arrière-ban de Saint-Nazaire ravis de ce scandale mondain. Le déballage de leur intimité fut lamentable. On fit défiler les témoins qui racontèrent chacun à leur tour ce qu'ils savaient de la relation des deux anciens amants. Giovanni fit même témoigner sa gouvernante qui pourtant n’avait jamais rencontré Paule ! Maître de Moro-Giafferri prétendit que son client était à moitié français car né « dans un château savoyard »[28], ce qui était faux il était né à Rome ; qu’il avait été ruiné par Paule en lui soutirant 96.720 fr et une maison en plus de sa rente, ce qui fit rire la salle, car tout le monde savait son train de vie et ce que coutait d’avoir un tel avocat pour se défendre. Maître Vincent, après avoir présenté sa cliente comme une femme en manque d’affection, qui n’avait connu dans sa jeunesse que les pensionnas et l’absence de tendresse de ses parents, demanda la restitution de ses biens, le maintien de sa rente, et des dédommagements financiers pour sa cliente : 25.000 fr pour les fourrures, 39.301 fr pour son mobilier, etc.

    La plaidoirie de Moro-Giafferri dura deux heures, avec une pause de 15 minutes, car quand celui-ci fit la lecture d’une lettre de Paule adressée à la mère de Giovanie, dans laquelle elle dénonça que sa remplaçante n’était ni russe, ni princesse, et qu’elle était une chanteuse de café-concert sortie du ruisseau par Giovanni, cela fit pleurer bruyamment la demoiselle Sziviné qu’il fallut faire sortir. L’incident amusa là encore beaucoup la foule présente.

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    Titre de l’article consacré à l’affaire dans L’Echo de la Loire du 30 juin 1939

     

    Maître Moro-Giafferri présentât son client comme un honnête ingénieur qui travaillait pour la Marine, et dépeignit Paule comme une catin. L’effet de sa description fut tout le contraire de ce qu’il avait espéré, il était notoire que les meurs de Giovanni n’étant pas ceux d’un homme de vertu, tout autant que le fait que Paule était une femme libre, et l’était déjà avant de le rencontrer. La séance pris fin à 19h, et le Tribunal ne rendit son jugement que le 13 juillet 1939. Giovanni fut condamné pour abus de confiance à 6 jours de prison avec sursis, à la restitution des biens, et 55.000 fr de dommages et intérêts ; le Tribunal ayant estimé qu’il avait légalement fait ces dons et ne pouvait donc pas les reprendre[29]. Il fit appel devant la cour de Rennes. Le 31 janvier 1940 ont représenta l'affaire, toujours en présence des journalistes. Le 7 février 1940, la cour d'appel de Rennes annula les 6 jours de prison avec sursis, mais pas les dédommagements.

     

    Après le procès :

    Paule du Leslay ne revint jamais à Saint-Nazaire, elle vendit sa maison du boulevard Albert Ier aux Chantier de la Loire. Durant le procès, en 1938, retirée au calme en son domaine de Belle-Île-en-Mer, elle employa un jeune homme de 20ans, Adrien Augeix, originaire de Clermont-Ferrand, qui avait été envoyé à la colonie pénitentiaire locale. Il fractura un jour la porte de la maison et s’empara de la somme de 7.000 fr, d’une montre bracelet d’une valeur de 2.000 fr, ainsi que d’un révolver, mais fut surpris par Paule. Expédié au 46e de ligne à Fontainebleau, il fut finalement condamné à six mois de prison[30]. Paule se consacra à l’écriture, vendant des articles à propos de l’Albanie et des Balkans à l’Illustration au cours de l’année 1939[31]. Ces textes, écrit admirablement et avec passion, sont encore une référence pour les chercheurs, et furent remis à l’honneur en juillet 2007 par l’hebdomadaire albanaise Klan[32].

    Giovanni de Chanaz se fit discret. Les Chantiers de La Loire lui reprochèrent le scandale de son affaire. Il regagna l'Italie après les bombardements qui anéantirent Saint-Nazaire, peu avant que le pays se divise entre le Royaume du Sud et la République de Salò, il disparut avant le débarquement étasunien, nul ne sait exactement quand il décéda, probablement à la fin de l’année 1943. Paule perdit sa rente à son décès.

    Après la mort de Paule, on prétendit que durant l'Occupation elle fut l'amante d'un officier allemand qui lui payait son loyer parisien, qu’elle se baignait nue à Belle-Ile le soir avec des soldats puis finissaient sur la pelouse de son parc avec eux dans des étreintes à plusieurs, et qu’elle échappa à l'épuration en se faisant tatouer un numéro sur l'avant-bras comme les déportés, qu’elle fut arrêtée par la sureté, puis relâchée, et qu’elle aurait porté plainte pour le vol d’un coffret à bijou dans son appartement dont elle évalua la valeur à plusieurs millions de l’époque. C’est ce que rapporta le journal à sensations France-Soir le 25 juin 1948, affirmant sans donner la source qu’elle était surnommée « La Messaline de Belle-Ile ».

    giovanni de chanaz,paule fercoq de leslay,saint-nazaire

    France-Soir le 25 juin 1948

    Les rumeurs sur ses relations supposées avec l’Occupant semblèrent improbables pour Alexandra Pecker. Elle témoigna dans la revue Détective du 6 juillet 1948 : « On a dit qu’elle était une collaboratrice ; que, pendant les années d’occupation, les Allemands ne cessèrent de hanter sa maison de Borderune. En toute franchise, je n’étais pas là pour vérifier le bien-fondé de cette accusation. Mais ce que je puis produire, ce sont des lettres de Paulette m’adressa pendant cette période. Au hasard, je puise quelques phrases : « Voici que les Anglais ne bombardent plus le littoral. Par contre, ils guettent les transports de troupes et rendent à Hitler le mal qu’il leur fait. Les pêcheurs de Lorient cessent en partie de sortir car les cadavres boches déchirent leurs filets… » ; « Ma lettre m’est revenue car « partis dans laissé d’adresse ». C’est lourd de signification angoissante, car elle était adressée à des juifs dont les pouvoirs actuels veulent la mort. S’il vous était possible d’avoir des éclaircissements, je vous en serai bien reconnaissante. Une longue amitié, qui résiste à un changement de faveur et d’opinion, m’unit à ces deux-là… » je ne pense pas que ce soit là raisonnement nazi ! »

    Où se situe la vérité ? Le journaliste Marcel Lacoste soutint la rumeur dans le même article de Détective, affirmant que ce que Georges Gherra, journaliste de France-Soir avait publié était véridique, mais il ne s’appuyait en réalité que sur les affirmations de la Concierge du 24 rue Frederick-Lemaître, seule personne qui avait accepté, contre rémunération, de s’exprimer, qui savait que calomnier les mort n’est pas un délit, et que plus on en ajoute auprès des journaux à scandales, plus on est susceptible d’être rémunéré. Certes, une personne honnête dira que l’on peut par nécessité de survie et par amour mettre un couvercle sur ses idéaux et opinions, devenir quelqu’un d’autres. La fin du versement de sa rente du fait du départ puis du décès de Giovanni l’avait mise dans des problèmes financiers, mais Paule n’a pas travaillé pour l’ennemie. Qu’aurait-elle pu lui vendre ? Les plans des vedettes de Giovanni lui étaient inconnus et ils étaient depuis longtemps en possession des autorités allemandes qui faisaient travailler pour leur compte les Chantiers nazairiens. Alexandra Pecker qualifiait son amie, d’aventurière et d’amazone, termes ambigus dans la bouche d’une auteure de roman policier, pouvant autant désigner femme indépendante et une bonne cavalière, qu’une prostituée qui racole en voiture dans l’argot des milieux interlopes. Mais sans aller se perdre dans des suppositions et des assertions douteuses, il suffit d’interroger les habitants de Belle-Ile pour savoir que jamais elle ne fut surnommée sur place « Messaline », que Paule, même si elle était extravagante, se comporta durant l’Occupation comme une personne se tenant à distance des Allemands, et se concentrant à l’entretien d’un potager et d’une basse-cour pour subvenir à ses besoins. Elle ne fit que quelques très courts passages à Paris durant cette période, ce qui est confirmé dans France-Soir. S’il est possible qu’elle ait eu une aventure avec un Allemand, il faut tenir compte que sa maison de Borderune est à 400m du rivage, dans la lande, que la côte y est découpée de falaise, que le seul point permettant d’accéder à l’océan est la crique de Port de Berderun, relativement dangereuse pour la baignade, qu’il était impossible à l’époque de s’y rendre, les abords étant couverts de barbelés et de postes de garde qui tiraient à vue. Comment cela aurait-il pu avoir lieu de nuit, alors qu’il y avait couvre-feu et patrouilles ? Et si cela lui avait été possible, comment dans ce cas un habitant aurait-il pu la voir faire 500m nue avec à ses trousses des soldats jouant les faunes et se jetant sur elle sur la pelouse devant la maison, pelouse entourée de murs et de haies plantées pour couper le vent, alors que la maison la plus proche de chez elle était à 400m, et donc à 900m de la crique ? Un officier Allemand aurait payé son loyer parisien ? Il n’était pas très élevé, nous l’avons écrit, l’appartement était petit et dans un immeuble ordinaire d’un quartier populaire, où la loge de la Concierge n’y était qu’une pièce de 5m². Paule n’était pas démunie au point de devoir quémander cette somme. Reste l’interrogatoire par la Sureté. Banalité au moment de la Libération de Paris envers toutes personnes revenant d’exode en la Capitale, surtout quand il s’agissait de femmes seules. Tout cela n’est qu’invention d’une concierge en manque d’argent et d’un journaliste en manque de scoop pour une feuille à scandales.

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    La concierge du 24 rue Frederick Lemaitre, photographie parue dans Détective du 6 juillet 1948

    Cependant, il est certain, c’est que Paule, qui était polyglotte, reçu les faveurs des troupes étasuniennes dont elle endossa l'uniforme de lieutenant et fut un temps speakerine à la radio étasunienne à Vienne. On imagine mal les services de propagandes de Washington employer une personne qui aurait collaboré, même uniquement de façon horizontale, alors que bien des femmes proches d’officiers allemands et de collaborateurs furent arrêtées par leurs troupes et remises aux autorités françaises.

    Revenue en 1946 à Paris, Paule recevait beaucoup la nuit au dire de sa Concierge, qui se plaignit à Georges Gherra que ses gens « ne s’annonçaient pas ».

    Le 26 mars 1948, Paule informa la Concierge qu’elle partait séjourner chez des amis au château de Courgis dans l’Yonne. Le lendemain un locataire prévient la Concierge « ça sent le gaz à l’étage de la comtesse ». On ne s’alerta pas. Le locataire continua de se plaindre de l'odeur, et finit par regarder par le trou de la serrure de Paule. Il s'aperçut que la clef était à l’intérieur. Le vendredi 29, on fit venir la police et les pompiers qui passèrent par une fenêtre restée entre-ouverte. Dans le living-room, Paule gisait nue, maquillée et parée de ses bijoux, une casserole de cuivre à la main. Aucun désordre, pas de trace de violence, mais sur la table deux tasses vides dont une portait des traces de rouge à lèvre, deux paquets de cigarettes de marque Camel et Weekend, et un cendrier débordant de mégots. L’autopsie détermina qu’elle était morte par intoxication au gaz, qui, bien que remplissant une part de l’appartement, s’était échappé heureusement pour les autres locataires par la fenêtre restée entrouverte. Paule était décédée depuis au moins le 26. Le juge conclut à l’accident du fait de la casserole en main. Paule avait dit à Alexandra Pecker : « Si un jour je n’ai plus d’argent il me reste le compteur à gaz ! », Elle avait dit quelques jours plutôt à son amant de l’époque, rédacteur au Ministère de la Guerre, désirée entreprendre des démarches contre sa mère afin de récupérer une partie de l’héritage de son père.

    Sa  mère ayant refusée de la laisser reposer dans le caveau familiale du Père La Chaise, on  l'inhuma le 5 avril 1948 au cimetière de Belleville dans l’allée centrale.

     

     

    [1] Unité d'infanterie légère.

    [2] Sa grand-mère paternelle était une Roussy de Sall,s de la famille de Saint-François de Sales, et cousine germaine, Marie-Victoire Muffat de Saint-Amour de Chanaz, (1882-1955),fut la mère de Marcel baron Bich, (Turin 29 juillet 1914 - 30 mai 1994 à Neuilly-sur-Seine), industriel franco-italien créateur du célèbre stylo Bic et du groupe homonyme.

    [3] Cf. La Mouette du 12 aout 1928.

    [4] Cf. Le Phare de la Loire du 17 juin 1929

    [5] Cf. Le Populaire de Nantes du 4 juillet 1929.

    [6] Cf. Le Phare de la Loire du 20 juillet 1929.

    [7] Enrico-Ercole-Augusto Marenesi naquit à Pavie le 25 août 1888. Il avait été en poste aux Pays-Bas avant d’être nommé en France.

    [8] Louis-Jules-Marie Fercoq du Leslay, (Saint-Brieuc 12 juillet 1863 - 4 mars Paris 15e), marié à Paris le 20 septembre 1892 avec Marie-Valérie Poncin, (Jemelle 2 décembre 1870 - 13 février 1967 Bédarrides). Veuve, Marie-Valérie Poncin épousa à Paris le 29 novembre 1906 Henri-César-Philippe Mazet, (Avignon 20 novembre 1871 - 2 janvier 1950 Vaison-la-Romaine), d’où une autre fille : Marie-Florentine-Rose Mazet, (Verrieres-le-Buisson 29 juin 1906 - 24 mai 1975 Bédarrides), célibataire.

    [9] Bibliothèque Municipale de Rennes, Ms. 504 et 505.

    [10]Alexandra Pecker, (Paris 20 octobre 1906 - 13 mars 1986 Paris), diplômée en droit à Alger, elle fut poétesse, auteure de romans et de pièces radiophoniques, chroniqueuse et critique de cinéma, journaliste spécialisée de l’aviation. Sans enfants, elle décida avant de mourir de détruire toute sa correspondance, faisant disparaitre un important témoignage de la Café Society, des As de l’Aviation, et du monde littéraire de l’entre-deux-guerres.

    [11] Témoignage d’Alexandra Pecker paru dans la revue Détective du 6 juillet 1948.

    [12] Jules-Marie-Alphonse-Théophile Pinczon, (Savenay 12 août 1862 – 24 janvier 1956 Nantes), fils d’un huissier, fut ingénieur de la Marine, puis sous-directeur des Chantier de Penhoët.

    [13] Il sortit épuiser de cette nage et fut victime d’une pneumonie.

    [14] Lucie-Louise-Amandine Carels, (1899 – 1976), qui se remaria avec Guy Loranchet, et finit sa vie en Californie.

    [15] Cf. L’Union républicaine de l'Ouest du 7 septembre 1929.

    [16] Étaient aussi présents dans le cortège : Argimbaud, consul du Mexique ; Maurice Carré, vice-consul du Venezuela ; Ducs, consul de Grèce ; César Flores Blanco consul du Pérou, Arthur Raffin vice consul du Royaume-Uni ; Auguste Bellan, vice-consul de Norvège ; l'état-major et l'équipage du Tropico ; les délégations italiennes de colonies de Nantes, Couëron et de Saint-Nazaire ; le capitaine de frégate Gustave Théry ; le lieutenant de vaisseau Mahélas, les ingénieurs des Chantiers de la Loire ; Giovanni de Chanaz ; madame Pinczon ; monsieur Béliard, procureur de la République à Saint-Nazaire ; le capitaine Panat, des douanes, accompagné de son lieutenant ; le commissaire central Duboscq ; le commissaire spécial Lacroix et ses inspecteurs ; monsieur Gaudry commissaire du 2ème arrondissement qui avait mis son écharpe ; l'adjudant Bouron et les gendarmes de la caserne de la rue de Pornichet ; le brigadier Marchand et un groupe d'agents de police municipal ; messieurs Morisseau, Pogu, Despers, de la Fédération des anciens combattants, de l'U.N.C., sous la direction de leur président, monsieur Broussard ; les frères d'armes du Bastion, des médaillés militaires coloniaux, des poilus d'Orient, des mutilés, des anciens prisonniers de guerre, des vétérans, etc.

    [17] Cf. L’Echo de la Loire du 5 septembre 1929.

    [18] Le Petit-Bleu du 12 avril 1938 prétendit aussi qu’il avait une fille déjà majeure en 1926.

    [19] Cf. la Mouette du 16 aout 1931.

    [20] Cf. La Mouette du 6 septembre 1931, et La Presqu’île guérandaise du 13 septembre 1931.

    [21] Cf. Le Populaire de Nantes du 30 avril 1933.

    [22] Cf. La Mouette du 13 août 1933.

    [23] Cf. L’Ouest Eclair du 24 décembre 1933.

    [24] Cf. Le Courrier de Saint-Nazaire du 22 septembre 1934.

    [25] Cf. L’Ouest Eclair du 1er février 1934.

    [26] George Auriol, (1863-1938), poète, chansonnier, peintre et graphiste, avait aussi gravé l’ex-libris d’Aristide Briand.

    [27] Cf. La Mouette du 5 décembre 1937 qui précise que Maître de Moro-Giafferri avait passé une partie de la Première-guerre-mondiale à Saint-Brevin au Pointeau.

    [28] Cf. L’Echo de la Loire du 30 juin 1939.

    [29] Cf. L’Echo de la Loire du 14 juillet 1939.

    [30] Cf. Le Populaire de Nantes du 19 novembre 1938.

    [31] Lire particulièrement : « Paule Fercoq du Leslay , Le passé vivant dans l ' Albanie inconnue », dans L ' Illustration, n° 5035 du  2 septembre 1939, pages 25 à 29, et «  En Albanie du Sud, terre de vestiges antiques, terre de richesses futures », L' Illustration, n° 5038 du  23 septembre 1939.

    [32]  Tirage à 4.700 exemplaires.

     

    Remerciements particuliers à Béatrix Guillet sans qui les recherches sur ce couple n'auraient pas été approfondies.

  • Article Presse Océan du 15 mars 2020

    Un article concernant la château des Charmilles à  Porcé est paru ce dimanche 15 mars dans  Presse Océan.

    Il comporte une erreur que les lecteurs de ce blog auront repéré immédiatement : les villas Les Camellias, Les Glycines et Les Acacias ne faisaient pas partie de la vente de 1907, il y a eu incompréhension entre le journaliste et moi quand je lui parlais des dépendances des Charmilles.

    Lisez à ce propos : http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2012/06/13/le-chateau-de-porce-a-saint-nazaire-premiere-partie.html 

  • Label Ville d’Histoire

    Le 14 février 2020 durant le dernier conseil municipal avant les élections de mars, il a été signé par la ville de Saint-Nazaire son engagement définitif à respecter la convention établie avec l’État dans le cadre de l’obtention du label Ville et Pays d’Art et d’Histoire, (VPAH).

     

     

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    Logo du label Villes et Pays d’art et d’histoire © Ministère de la Culture.

     

     

     

    Expliquer ce qu’est un label VPAH et la convention signée par la ville est très long, et depuis le début de la campagne municipale beaucoup de choses fausses ont été dites, les Nazairiens n’ont pas été correctement informés, et les candidats à la fonction de maire n’ont visiblement pas tous compris ce qu’il en retourne, (non vous ne pourrez pas détruire la base sous-marine, ne vous en déplaise elle fait partie de l'histoire).

     

    Nous nous efforcerons de retenir que :

     

    Le label VPAH est une convention signée par la municipalité, convention qui tient lieu d’engagement après l’élaboration d’un projet culturel et territorial. Le label est accordé pour une durée de dix années renouvelables, et peut-être retiré à tout instant si à la suite des contrôles qui seront effectué par les services de l’État.

     

    L’élaboration de candidature au VPAH a été possible à la suite du vote unanime par les élus municipaux du projet de candidature en 2014 ; la candidature à demandé plusieurs années d’élaboration, notamment en réalisant l’inventaire général du bâtit et du planté, en collaboration avec la Région. En juin 2019 la candidature a été officiellement déposée au ministère de la Culture. L’oral a été passé en décembre 2019, et le ministre a signé l’accord en janvier 2020, (c’est donc en raison du planning du ministère et non en raison de l’approche des élections que l’obtention a été accordée en janvier 2020).

     

    La ville de Saint-Nazaire a pris un pari particulier : la mise en valeur et la sauvegarde d’un patrimoine essentiellement du 20ème siècle ; patrimoine très en danger car méconnu et non considéré à sa juste valeur par la majorité des Nazairiens.

     

    La ville de Saint-Nazaire s'est engagée à :

     

    Présenter le patrimoine dans toutes ses composantes :

    Matériel : bâtiments ; œuvres d’art ; éléments décoratifs ; éléments végétaux

    Immatériel : l’histoire locale, les traditions et expressions orales, (y compris la langue) ; les arts du spectacle ; les pratiques sociales ; tissu associatif ; les savoir-faire liés aux métiers de l’artisanat et de l’industrie ;

     

    Promouvoir la qualité architecturale en le faisant découvrir via des brochures, une signalétique, des visites guidées par des guides détenteurs de la carte professionnelle de « guide-conférencier », en veillant que les transformations, restaurations et embellissements ne nuisent pas au bâtiment, (ex : interdiction des portes en PVC ; retrait des éléments plaqués sur les façades, notamment ajouts autour des vitrines ; stricte respect des codes couleurs établis par la mairie depuis 2014, qui est certes à revoir quand il s'agit d'autoriser les gens de peindre leur façade en gris ou noir) ;

     

    Sensibiliser les habitants à leur environnement, en leur faisant prendre conscience à la qualité architecturale, urbaine et paysagère ;

     

    Initier le public jeune à l'architecture et à l'urbanisme ;

     

    Assurer la communication et la promotion du patrimoine à l'attention d'un public diversifié ;

     

    Mettre en œuvre un programme grâce à un personnel qualifié agréé (un animateur de l'architecture et du patrimoine et des guides-conférenciers) ;

     

    Développer des actions de formation à l'intention des personnels communaux, des médiateurs touristiques et sociaux, des associations.

     

     

    Ce qui implique de :

     

    Disposer d'un service d'animation de l'architecture et du patrimoine avec à sa tête, un animateur de l'architecture et du patrimoine,

     

    Créer un Centre d'Interprétation de l'Architecture et du Patrimoine (CIAP) accueillant une exposition permanente sur le territoire et les architectures qui le structurent, retraçant les étapes de l’urbanisation, détaillant les matériaux employés, et qui sera dans le cadre du projet de Saint-Nazaire couplé avec un lapidaire où seront stoker les éléments issu d’anciens bâtiments, telles que les statues (en cours de restaurations) de l’horloge de l’ancienne gare[1], un élément armorié de la cheminée de la grande salle du manoir féodal d’Heinlex[2], etc.

     

    Proposer de la documentation présentant le patrimoine, (documents papier et numériques, éditions d’ouvrages), ainsi que le programme des actions (visites, expositions, conférences, projections, etc.)

     

    Organiser des visites conduites par des guides-conférenciers, (en formation régulière), qui se déclinent autour de thématiques diversifiées comme l'architecture contemporaine et anciennes, l'urbanisme, le patrimoine industriel, les lieux insolites, le patrimoine bâti ou non bâti, les jardins et paysages ;

     

    Mettre en place un service éducatif à l'attention du jeune public, afin d'organiser des actions pédagogiques de découverte pour les enfants scolarisés, en partenariat avec les enseignants, mais également pendant le temps des loisirs ou des vacances ;

     

    Le soutien scientifique et culturel des chercheurs et des associations.

     

     

    L’accompagnement dans la mise en place de ses projets est assuré par la Direction Régionale des Affaires Culturelles des Pays-de-la-Loire (DRAC). Elle fournira une aide scientifique et participera aux comités scientifiques mis en place à l’occasion de la création des Centres d’interprétation de l’architecture et du patrimoine, dont elle financera la scénographie, tout comme elle financera en partie les différents projets en matière d'actions pédagogiques et d'outils de sensibilisation, participe au coût du poste d’animateur de l’architecture et du patrimoine pendant deux ans. Le reste est à la charge de la Ville, amis elle bénéficiera d’aides des différents acteurs de l’État. La Ville de Saint-Nazaire va donc avoir l’obligation de se constituer dès la fin des élections un budget culturel important. Un appel aux dont auprès des entreprises au titre du mécénat sera lancé.

     

     

    La ville de Saint-Nazaire c’est aussi doté d’une Conseil du Patrimoine, qui a aidé à l’élaboration du dossier de candidature au label, et qui va rester en fonction pour aider et conseiller la ville dans ses projets, par son soutien actif, ses recommandations, ou ses oppositions argumentées. Le Conseil du Patrimoine est composé des délégués des associations suivantes :  

     

    • Aremors (Association d'histoire sociale autour du mouvement ouvrier dans la région de Saint-Nazaire) ;
    • Groupe Archéologie Saint-Nazaire ;
    • Association patrimone et historique de la région nazairienne, (APHRN)[3];
    • Histoire et culture en région nazairienne (HCRN) ;
    • Je me souviens (qui promeut toute action propre à maintenir le souvenir des activités aéronautiques de Saint-Nazaire) ;
    • Les Vieux Gréements (qui se consacre à la restauration et navigation sur navire anciens) ;
    • Mémoire et savoirs nazairiens ;
    • Saint-Nazaire Histoire, (qui est une association des associations ayant attrait à l’histoire de Saint-Nazaire et des nazairiens) ;

     

    Toutes ces associations ont été démarchées parce qu’elles œuvrent à la connaissance et à la diffusion de l’histoire nazairienne et des Nazairiens, produisent des publications, et organisent des conférences.

     

    Depuis le 13 février 2020 une personne a été désignée membre de ce Conseil sans qu’il soit une association : l’auteur de ce blog, au titre d’auteur d’études historiques et d’articles de vulgarisations sur formats numériques et papier, et par conférences.

     

     

    La ville de Saint-Nazaire s’est engagée à constituer une plateforme consacrée au patrimoine. Elle s’est aussi engagée à une mise en valeur de son patrimoine bâtit, et à sa conservation, par acquisition tel qu’avec la villa Kerarvan à Saint-Marc, la restauration de la maison du jardinier du château des Charmilles à Porcé[4], celle de la villa Ker Louis à Bonne Anse[5], et du manoir du Sable dans le centre-ville[6] ; ainsi qu’au stricte respect des Loi ayant attrait aux monuments Historiques et labélisés, (aucuns travaux sans accord de la DRAC sur ses bâtiments, et respect absolu des aires de protection). Nous ne verrons plus des catastrophes avoir lieu comme ce fut le cas durant les municipalités précédentes.

     

    Par ailleurs, cela n’a pas été suffisamment mis en relief, il a été fait un inventaire des collections municipales, qui depuis la Reconstruction ont été très mal traités par les municipalités successives. On a redécouvert des œuvres qu’on croyait perdus, découvert d’autres non répertoriées. Ce patrimoine va être rendu accessible au public par des expositions et des conférences. Au même titre, on procédera prochainement à la restauration et à la protection de La Faunesse, œuvre de Despiau appartenant à l'État et confiée à la ville durant l'entre-deux-guerres et exposée devant le manoir du Sable.

     

    Le projet comprend aussi une mise en lumière des personnalités liées à l’histoire de Saint-Nazaire, artiste, écrivains, personnalités politiques, ou individu ayant eu un destin exceptionnel mais resté confidentiel, (nous reviendrons sur ce sujet dans de prochains postes sur ce blog).

     

    Le savoir-faire nazairien en matière d’industrie, et la qualité du tissu associatif et social ont pesé en faveur de la ville auprès du ministère.

     

     

     La ville agira aussi en partenariat avec l'Office du Tourisme, 

     

     

    Une cérémonie officielle concernant la mise en place du Label aura lieu en mai, la ville dévoilera alors l’ensemble de son projet et de ses engagements.

     

     

    Bien sûr, rien ne sera jamais parfait, et dans l'immédiat les événements et l’ordre de mise ne place des projets va dépendre des élections, et de l’engagement que les prochains élus prendront pour la durée de leurs mandats, mais il est ici important de souligner le fait suivant :

    Le prochain maire de Saint-Nazaire aura durant son mandat la responsabilité de la sauvegarde patrimoniale de la ville de façon pérenne, s’il n’agit pas, il sera trop tard, et la ville sera définitivement défigurée, et son patrimoine perdu pour toujours. La municipalité sortante, au même titre que les précédentes, est coupable de lourdes erreurs qu’il ne faut absolument plus reproduire. Il est donc nécessaire et urgent que les Nazairiens fassent prendre conscience de l’importance de l’enjeu aux différents candidats à la fonction de maire.

     

     

     

     

    [1] http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2012/09/18/l-ancienne-gare.html

    [2] http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2012/06/14/le-chateau-de-heinlex.html

    [3] Cette association a modifié en janvier son nom en remplaçant le mot préhistorique par patrimoine.

    [4] http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2012/06/13/le-chateau-de-porce-a-saint-nazaire-premiere-partie.html

    [5] http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2014/03/02/la-villa-ker-louis-a-bonne-anse-5312235.html

    [6] http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2012/06/26/la-maison-noble-du-sable.html

  • Saint-Nazaire est lieu d’écriture

    Durant le printemps et l’été 1929, paru dans Le Petit écho de la mode son roman « Cœur promis », sous forme de feuilletons. L’histoire début au Maroc et raconte les mésaventures d’une femme dont le fiancé connait des déconvenues d’accusations mensongères et d’une erreur judiciaire qui le ruinent et les obligent à s’établir à Saint-Nazaire où ils arrivent par un mauvais jour d’hiver. Le personnage principal exprime dans le texte sa déconvenue climatique et le choc culturel qu’elle ressent entre le Maroc et le port breton. La description de la ville y est cruelle, désignée comme « triste », mais proche de la réalité quand on sait ce qu’était la ville d’alors et que l’on compare avec les textes des autres romanciers ayant vécu ou séjourné à Saint-Nazaire avant la seconde-guerre-mondiale.

    L’auteur de « Cœur promis » est Saint-Cygne, de son identité véritable Jeanne Perdriel, née Vaissière, (Ajaccio 17 janvier 1870 - Paimpol 23 mars 1951), qui vécue la plus grande partie de sa vie à Brest où elle tient salon littéraire durant plus de vingt ans, y réunissait les grands auteurs bretons d’alors. Poétesse et romancière, ses romans sont essentiellement des histoires d’amour dans lesquelles se torturent les méninges des femmes déçues. Saint-Cygne est totalement oubliée de nos jours, ses textes sont cependant d’un style agréable et qui a dans l’ensemble plutôt bien vieilli.

     

    Quand en août 1929, la journaliste nazairienne Jacqueline Bruno, (René Bernard, fille du directeur du Courrier de Saint-Nazaire), lu la description amère que Saint-Cygne faisait de la ville, son sang ne fit qu’un tour, et elle rédigea un article paru le 18 aout 1929, intitulé « Coup d’éventail », (référence au nom donné à l’événement qui donna prétexte à Charles X d’envahir l’Algérie et de ne pas rendre au Bey d’Alger l’argent qu’il lui avait emprunté). Le coup d’éventail de Jacqueline fut un long plaidoyer ventant l’été à Saint-Nazaire et sa douceur de vivre loin des falbalas de La Baule, pour contre balancer l’hiver sinistre décrit par Saint-Cygne. Un cri de révolte finissant par : « Saint-Nazaire triste ! Gris ! Laid ! Ah ! Saint-Cygne comme vous le calomniez ! ».

    Saint-Cygne demanda un droit de réponse, paru dans le numéro du 1er septembre 1929 du Courrier de Saint-Nazaire, dans lequel elle défendit son roman en argumentant que la parution en feuilletons avait amené à des coupes de texte qui ne serait dans son intégrité que dans la parution en librairie. Ces descriptions vantent le quartier du Vieux-Saint-Nazaire, (à l’emplacement du Petit-Maroc), le Port, la Place Marceau (emplacement du Ruban Bleu), le remblai, et le roman se finit par un regret profond de l’héroïne de quitter une ville qu’elle a finalement apprise à aimer.

    Jacqueline Bruno en pris note, et rangea son éventail.

     

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    Droit de réponse de Saint-Cygne paru dans le Courrier du 1er septembre 1929, cliquer pour agrandir.

     

    Cette anecdote historique appel cependant à se poser la question suivante : Saint-Nazaire est-elle littéraire ?

     

    Un ouvrage collectif, publié en 1992 par les éditions Autrement, intitulé « Saint-Nazaire port de toutes les littératures », chercha à nous en convaincre. L’ouvrage voulait ouvrir un horizon nouveau, soulignant qu’on ne pouvait réduire à la ville à son port et ses chantiers, mais qu’il y avait bien quelque chose qui s’y passait culturellement, autant qu’urbanistiquement.

    Quand cet ouvrage fut rédigé, Saint-Nazaire allait bien, elle se réinventait, s’embellissait avec plus ou moins de réussite, avait depuis 1987 son festival du roman policier, (Festival du crime devenu Festival Délits d'encre), assassiné après son édition de 1997, et depuis ressuscité à Saint-Brévin. Et puis Saint-Nazaire pouvait s’enorgueillir de posséder depuis 1987 une maison d’écrivain, la MEET, (Maison des Écrivains Étrangers et des Traducteurs), grâce à Christian Boutemy, secondé par des nazairiens et des écrivains sud-américains, qui en association donna le jour à ce merveilleux bébé qui reçu l’aide de la Mairie et du Ministère de la Culture. La publication « Saint-Nazaire port de toutes les littératures » venta alors les institutions culturelles alors existantes sur place, voulu venter l’Écomusée qui n’avait pas encore été atteint d’AVC, et, sous la plume de Luc Douillard, fit la liste des écrits d’auteurs connus, ou oubliés, mentionnant Saint-Nazaire dans un ouvrage, un journal intime ou une correspondance. Journal intime et correspondance n’étant pas par nature destinés à la publication, on sourit de voir mis au même rang et sans séparations dans la présentation aux côtés des extraits de romans ; erreur que n’a pas reproduit la MEET dans son ouvrage « Saint-Nazaire est littéraire », qui mêle extraits de textes d’auteurs anciens et d’auteurs qu’elle a logé.

    Constatons une chose : quatre ou cinq auteurs cités dans les deux ouvrages expriment un enthousiasme pour Saint-Nazaire. Les auteurs cités dans « Saint-Nazaire port de toutes les littératures » parlent de la ville comme d’un lieu sinistres, noyée sous la pluie, à la population enivrée. On peut aussi pousser dans les cordes en s’étonnant du très petit nombre de texte rassemblés alors que celui des auteurs depuis 1987 est énorme.

    Les auteurs de la MEET dont les textes ont été repris dans « Saint-Nazaire est littéraire » n’ont pas de jugement négatif, mais on en ressent à leur lecture une impression d’étouffement, sentiment renforcé par le choix iconographique qui donne envie de se suicider si on les fixe trop longtemps, et font tristes pendants aux photographies de l’Office du Tourisme sur lesquelles population et ciel ont la jaunisse en raison d’une mauvaise maitrise de Photoshop. Les descriptions faites de la ville n’y dépassent pas le port, la base allemande, le Petit-Maroc et son pont levant, au plus loin la gare. Le pont de Saint-Nazaire pourtant visible depuis le balcon de l’appartement y est inexistant, comme la Loire, l’Océan, et les plages. Plus grave, dans une lettre du poète chinois Hu Dong, à destination de l’écrivain Ronaldo Menendez, et reproduite sur le site de la MEET, celui-ci affirme : « Tout le feng-shui est dans le port, la ville en est la triste arrière-cour. » Ce jugement choque les Nazairiens, mais il faut expliquer que les personnes invités à la MEET ne voient pas autre chose que l’appartement du 10ème étage du Bulding, et ses abords immédiats. Même quand les auteurs sont invités pour quelques jours et logés en groupe dans un hôtel, on limite leurs déplacements au seuls lieux mentionnés. Saint-Nazaire, pour la MEET, c’est un appartement au charme rétro de la fin des années 1980, où seule la machine à écrire à disparue, un port, et trois bars et restaurant. On décourage l’invité à s’échapper. Nourri-logé, alcoolisé au muscadet, (un poète belge en finit en coma éthylique de retour dans le TGV en 2015), l’invité aurait mauvais goût de se plaindre de ses conditions de vie nazairiennes. Les confidences au cours d’un souper à Beyrouth, Istanbul ou Buenos Aires, où sur l’oreiller dans l’appartement de la MEET, révèlent cependant un sentiment de déception et d’horizon bouché.

    Certes la plupart des écrivains sont ingérables, franchement perturbés, presque tous narcissiques malgré un effort de sociabilisation relative, motivé surtout par le besoin de se nourrir de la vie des autres pour alimenter leur écriture, et à Saint-Nazaire ils ne sont pas en vacances : ils doivent écrire, laisser un texte rapidement rédigé. Majoritairement ceux-ci laissent à la publication de la MEET un extrait de leur travail en cours, rarement quelque chose à propos de Saint-Nazaire dont ils ne font pas la connaissance.

    Aussi, n’en déplaise à la MEET, je suis de ceux qui réfutent que Saint-Nazaire est littéraire. Saint-Nazaire ne l’est pas car il n’offre pas la matière à écrire à son propos des romans, et à peine peut-il servir de décors. Les ouvrages qui situent une part substantielle de leur action à Saint-Nazaire sont rares. Deux romans récents s’y déroulent entièrement : « La mauvaise fortune » d’Olivier Delagrange ; et « Calculs sévères à Saint-Nazaire » de Rémi Devallière. C’est une aberration, il y a des ports bien plus désagréables que Saint-Nazaire qui sont les lieux d’aventures multiples, mais Saint-Nazaire a toujours collé à la peau l’image et l’atmosphère d’un port poisseux et moribond et rien n’est entrepris pour que cela change. Les Nazairiens ont beau s’en insurger, cela ne pénètre pas les croisons des cerveaux des gens qui ont pouvoirs et moyens de changer ce sentiment. Il y a une compétence collective chez ceux qui compose la classe dirigeante à nous faire passer pour des gens incapables de voir par-dessus le parapet du remblai. Cela contribue d’ailleurs à ce que les publications nazairiennes ne dépassent pas les limites d’un petits cercles, (les ouvrages de la MEET sont presque introuvables en dehors d’une commande sur le site, même les libraires et bouquinistes de la ville n’arrivent pas à les vendre, au point d’oublier sur quelle étagère ils les ont remisés), et les éditeurs, qu’ils soient parisiens ou bretons, disent en écho « une histoire qui se déroule à Saint-Nazaire, si ce n’est pas du policier où un drame, ça ne trouvera pas de lecteur ». Certes, la MEET n’a pas le devoir de faire du commercial, elle se doit de donner une visibilité, même infime à des auteurs qui ne sont pas connus en France, parfois à peine dans leur pays, la MEET c’est du mécénat culturel, et probablement l’un des derniers en littérature en France.  Les éditeurs français ne font plus que du commerce en vendant de la littérature au mètre : la longueur maximum d’un roman doit correspondre à un temps de lecture identique à la durée du trajet TGV Paris-Montpellier. La publication d'un auteur étranger n’est faisable que si dans sa langue il a déjà bien vendu. Espérons que tout cela change rapidement.

    Saint-Nazaire n’est pas littéraire, Saint-Nazaire est lieu d’écriture, c’est différent. Saint-Nazaire est le lieu idéal pour écrire pour peu qu’on élargisse le droit de circuler au-delà du port. La ville offre la possibilité de la réflexion, de l’intériorité nécessaire à la composition et à la maturation de l’écriture.

    Vous pouvez écrire sur n’importe quel sujet, mais vous ne le ferez bien qu’en étant éloigné de l’objet de votre prose. Que ce soit Orhan Pamuk qui parle exclusivement d’Istanbul, mais depuis les iles aux Princes ; Jabbour Douhaily de Beyrouth depuis Tripoli ; ou feue Silvina Bullrich qui affirmait « Ma ville, les maisons, le cimetière de Recoleta … Au-delà de tout elle est cimentée à ma vie et mon travail. Par Buenos Aires et à Buenos Aires je vous écris mes mémoires. Pour toute l'Argentine peut-être … », le faisait en réalité physiquement depuis Genève en laissant son âme à Buenos Aires. L’éloignement doit avoir lieu pour donner vie à l’écriture. On serait surpris de savoir le nombre d’écrivains qui choisissent de venir anonymement se retirer un temps à Saint-Nazaire pour être capable d’écrire, alors qu’on s’attendrait à les apercevoir à La Baule, et qui disent : « je viens ici pour écrire ».

  • Jean-Guillaume Küpper

    Au cimetière La Briandais, la plus ancienne tombe subsistante est celle de Jean-Guillaume Küpper, un officier de l'armée napoléonienne, né prussien. Cette tombe se trouve dans l'allée principale côté gauche.

     

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    Jean-Guillaume Küpper, baptisé en la paroisse Catholique de Montjoie, royaume de Prusse, arrondissement d’Aix-la-Chapelle, (aujourd’hui Monschau, Allemagne, Rhénanie-du-Nord-Westphalie, arrondissement d’Aix-la-Chapelle), fils de Jean-Guillaume Küpper et de Sibille Gertrude Brüll, entré au 16ème régiment de dragon le 24 avril 1808, brigadier le 24 octobre 1808, fit campagne en Espagne en 1808, en 1809 en Autriche, entré en formation de la 1ère Légion le 1er janvier 1810, fit campagne de 1810 à 1812 en Espagne, brigadier le 16 juin 1812, cuirassier le 28 février 1813, fit campagne en 1813 en Saxe puis en France en 1814, reçu deux blessures, légionnaire le 4 décembre 1815, parti comme étranger le 26 novembre 1815, naturalisé français par ordonnance du roi du  24 mars 1819, advint gendarme à cheval dans la gendarmerie royale de Paris le 14 avril 1819, confirmé par décision ministérielle le 6 mai 1819, sous-lieutenant de gendarmerie en 1819, chevalier de la Légion d’Honneur sur décision du 24 juin 1820, brevet signé le 21 août 1820,  il reçu le commandement de la compagnie de gendarme de Saint Nazaire, ville où il décéda le 27 août 1858, (acte de décès disparu, seul subsiste la table de 1858 sans détail) ; il fut inhumé au cimetière de La Briandais à Saint-Nazaire, et sa tombe est actuellement la plus ancienne de la ville.

     

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    Prestation de serment de Jean-Guillaume Küpper

     

     

     

  • Les paludiers de Saint-Nazaire

    Tous les nazairiens, qu’ils soient à Saint-Nazaire ou expatriés de l’autre côté de la planète, ont irrémédiablement du sel de Guérande dans leur cuisine. Plus qu’une habitude culturelle, c’est un besoin génétique. Le sel, qui servait à la conservation des aliments, a fait la fortune de la Presqu’île ; c’est aussi en raison du commerce du sel, dont l’Angleterre était la plus grande consommatrice, que les Bretons choisirent le camp de l’enfant Jean de Montfort. Cet attachement aux Anglais de la part des paludiers bretons fit courir la légende que ceux-ci étaient en réalités des descendants de saxons. Aujourd’hui on ne parle plus que du sel de Guérande en raison d’une IGP, (Indication Géographique Protégée), mais si c’est sur cette commune que se trouvent la majorité des œillets, il ne faut pas ignorer que l’appellation s’étant sur les œillets de Baltz et de La Turballe, et aussi à la commune de Saint-Nazaire !

    En fait, l’IGP « sel de Guérande » et « fleur de sel de Guérande », s’étend en Loire-Atlantique sur les 39 communes suivantes : ASSERAC, BATZ-SUR-MER, BAULE-ESCOUBLAC (LA), BESNE, BOUEE, CAMPBON, CHAPELLE-DES-MARAIS (LA), CHAPELLE LAUNAY (LA), CROISIC (LE), CROSSAC, DONGES, DREFFEAC, GUENROUET, GUERANDE, HERBIGNAC, LAVAU-SUR-LOIRE, MALVILLE, MESQUER, MISSILLAC, MONTOIR-DE-BRETAGNE, PIRIAC-SUR-MER, PONTCHATEAU, PORNICHET, POULIGUEN (LE), PRINQUIAU, QUILLY, SAINT-ANDRE-DES-EAUX, SAINT-GILDAS-DES-BOIS, SAINT-JOACHIM, SAINT-LYPHARD, SAINT-MALO-DE-GUERSAC, SAINT-MOLF, SAINT-NAZAIRE, SAINTE-ANNE-SUR-BRIVET, SAINTE-REINE-DE-BRETAGNE, SAVENAY, SEVERAC, TRIGNAC, TURBALLE (LA) ; et sur les 7 communes du Morbihan suivantes situées le long de la Villaine : CAMOEL, FEREL, NIVILLAC, PENESTIN, ROCHE-BERNARD (LA), SAINT-DOLAY, THEHILLAC.

     

    Le choix de l’aire géographique définie s'est fait en se basant sur les références historiques de l’activité salicole en Presqu’île guérandaise, comprenant : « les différentes routes du sel ainsi que les emplacements des marchands de sel et stockeurs hors du site de production ». Ainsi trouve-t-on historiquement des emplacements de lieux de stockage de sel et de commercialisation jusqu’aux villes de Savenay et de Campbon. Le dossier de constitution de l’IGP précise : « Le périmètre de l’aire choisie reflète la réalité de l’espace utilisé aujourd’hui pour produire, stocker en vrac et effectuer un premier conditionnement clos par les différents opérateurs. Les marais salants du bassin de Guérande et leur proximité immédiate étant intégralement situés en site classé, il est impossible de construire des bâtiments de stockage sur le site. L’ensemble de ces éléments justifient la délimitation de l’aire géographique de l’IGP ».

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    Marais salants de Guérande et de Saint-Nazaire en 1769

     

    Ce blog étant consacré à l’histoire de Saint-Nazaire, nous nous bornerons ici à ne parler que des paludiers nazairiens, car oui, il y a eu à Saint-Nazaire une production de sel qui se stoppa presque totalement en 1870 et définitivement en 1895.

     

    Parler des paludiers de Saint-Nazaire n’est pas chose facile ; on manque cruellement d’informations à leur sujet, ils étaient très peu nombreux, officiaient sur un territoire réduit qui est depuis 1900 devenu celui de la commune de Pornichet. Ce territoire se composait des lieux de vie des paludiers, les hameaux de La Villès Davaud où il ne reste que quelques longères dénaturées, dont une encore dans son jus couverte de tôle ondulée, et qui fut un temps transformée en musée ; La Gruche, (derrière le cimetière), totalement remodelé ; l’Ermur qui a pour l’instant, malgré un lotissement intensif de cette zone recherchée, a conservé son aspect historique de campagne cloisonnée de haies et de maisonnettes basse à deux travées avec dépendances ; Prieux, devenue un quartier résidentiel où a été tracée « l’avenue des Paludiers » ; et la Villès Liron, disparue depuis, en bordure même du marais salant. Enfin, le lieu d’exploitation, le marais salant de Saint-Nazaire, qui se trouvait le long de la limite des paroisses d’Escoublac et de Saint-Nazaire, a aujourd’hui disparue sous l’herbe de l’Hippodrome et du Parc paysager de Pornichet.

     

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    Le marais salant de Saint-Nazaire en 1829, (cliquer pour agrandir).

     

    Les paludiers de Saint-Nazaire n’étaient pas propriétaires de leurs œillets ; ceux-ci appartenaient aux seigneurs locaux : le vicomte de Saint-Nazaire et le seigneur de Cleux. Les partages et reventes firent que ces propriétés furent divisées durant l’Ancien-Régime entre deux co-seigneurs dans le cas de Saint-Nazaire, et trois seigneurs indépendants pour Cleuz, (Cleuz-le-Propre, Cleuz-Coyau, Cleuz-Siriac). Cleuz-Siriac fut acquise par Julie Lepennec du Bois-Jolland, veuve de Charles marquis de Sesmaisons en 1748 ; Cleuz-le-Propre et Cleuz-Coyau furent acquises vers 1780 par Jean-Baptiste-Elie Camus de Pontcarré, co-vicomte de Saint-Nazaire[1].

    Louis-Jean-François-Népomucène-Marie Camus de Pontcarré, fils d’Elie, fut guillotiné à Paris le 30 avril 1794, ses biens furent déclarés domaine nationale le 27 octobre 1794, et mis en vente ; Claude-Louis-Gabriel-Donatien marquis de Sesmaisons, qui avait hérité de sa mère la part des marais dépendant de Cleuz, acquis les œillets des Camus de Pontcarré.

    De ce passé médiéval il restait les noms de certains œillets : La Grande Marquise, pour la partie acquise en 1748 par la marquise de Sesmaisons ; la Saline de Cleux pour la partie appartenant aux Camus de Poncarré.

     

    L’afferment des salines de Saint-Nazaire se faisait suivant le contrat suivant : deux tiers du sel récolté allaient aux propriétaires, un tiers aux paludiers exploitants, (à Guérande ils ne touchaient que le quart, mais le rendement était supérieur) ; l’entretien des œillets, ainsi que l’impôt spéciale que pouvait à certaines occasions lever le curé recteur de Saint-Nazaire, (malgré le fait qu’en Bretagne il n’existait pas la gabelle), étaient à la charge des paludiers.

     

    Les paludiers de Saint-Nazaire étaient beaucoup moins riches que ceux de Saillé, mais leur niveau de vie était supérieur à ceux de la majorité des nazairiens. S’ils n’étaient pas propriétaires des oeillets, ils étaient cependant propriétaires de petit domaines agricoles ce qui leur valait dans les actes la désignation de « laboureur » à côté de celle de paludier. Ils formaient une caste qui trouvait ses épouses parmi les familles des autres paludiers de la Presqu’île, ou parmi celles des laboureurs nazairiens, et après la Révolution leurs filles épousaient des agents des douanes. Parents et enfants participaient à l’exploitation des œillets que la famille avait en fermage.

     

    Parmi les familles de paludiers nazairiens, la plus anciennement connue est la famille MOUILLERON. Elle a aussi pour autre particularité d’avoir fournie les deux derniers paludiers de la commune. Cette famille était suffisamment importante pour donner son nom à un domaine agricole constitué en hameau à force de partages, La Villes Mouilleron à Pornichet, où existe encore leur ferme, au nord-ouest de l’ancien marais salant. On notera que c’est par l’intermédiaire de cette famille que la majorité des autres familles de paludiers nazairiens purent avoir des baux d’exploitation.

     

    I° Charles MOUILLERON, (Guérande vers 1674 – Saint-Nazaire 3 mai 1723), paludier et laboureur, marié le 27 novembre 1696 à Saint-Nazaire avec Françoise BRENY, (Saint-Nazaire 23 août 1671 - 12 mai 1719), d’où :

      1. Perrine MOUILLERON, Née le 29 septembre 1698 - Saint-Nazaire Décédée le 11 juin 1769 - Saint-Nazaire, Mariée le 24 janvier 1736, Saint-Nazaire, 44184, Loire Atlantique, Pays de la Loire, France, avec Julien TARTOUÉ (Saint-Nazaire 28 janvier 1698 - 24 septembre 1777 Saint-Nazaire), tisserand, d’où :
        1. Jeanne TARTOUÉ, (Saint-Nazaire 11 février 1739 - 3 septembre 1804 Saint-Nazaire), mariée le 3 février 1766 avec René LEGAL, paludier à Saint-Nazaire, voir généalogie LEGAL ;
      2. Renée MOUILLERON, mariée le 8 février 1724 à Saint-Nazaire avec Pierre NICOL, paludier natif de Guérande, d’où entre autres :
        1. Marie NICOL, (née à Guérande), mariée le 4 novembre 1749 à Guérande avec Guillaume LÉVÊQUE, d’où :
          1. Yves LÉVÊQUE, (Guérande vers 1748 - 11 janvier 1829 La Gruche en Saint-Nazaire) paludier, marié le 18 août 1778 à Saint-Nazaire avec Guillemette LEGAL, (Saint-Nazaire vers 1750 - 19 mars 1826 La Gruche en Saint-Nazaire), fille de Pierre LEGAL, paludier (voir généalogie LEGAL), d’où :
            1. Thomas LÉVÊQUE, (La Gruche en Saint-Nazaire 30 juillet 1782 - 21 septembre 1813 La Gruche en Saint-Nazaire), paludier, marié le 11 février 1808 à Saint-Nazaire, avec Julienne MOTHAIS, (La Villes Liron en Saint-Nazaire 29 novembre 1781 - 2 octobre 1870 La Gruche en Saint-Nazaire), d’où :
              1. Julienne LÉVÊQUE, (La Gruche en Saint-Nazaire 23 mai 1809 – 20 juillet 1887 La Gruche en Saint-Nazaire), mariée le 23 janvier 1828 à Saint-Nazaire avec Guillaume GUERVEL, (né le 7 avril 1805 à Careil en Guérande), paludier à Saint-Nazaire ;
              2. Marie-Françoise LÉVÊQUE, (née le 24 décembre 1811 à La Gruche en Saint-Nazaire), mariée le 5 février 1835 à Saint-Nazaire avec son cousin Yves BOURDIC, (né le 27 mars 1808 à La Villes Davaud en Saint-Nazaire), paludier, (voyer généalogie LEGAL), d’où sept enfants dont aucun paludier ;
    1. Thomas LÉVÊQUE, (né le 21 septembre 1813 à La Villes Liron en Saint-Nazaire), paludier, marié le 5 février 1835 à Saint-Nazaire avec Marie Françoise MAHÉ, (Prieux en Saint-Nazaire 5 avril 1813 - 13 mars 1843 La Gruche en Saint-Nazaire) d’où trois filles dont une mariée à un paludier de Guérande.
    2. Jean-Marie LÉVÊQUE, (Bellon en Guérande 10 décembre 1767 - 26 mars 1833 Ermur en Saint-Nazaire), paludier, marié le 5 mai 1795 à Saint-Nazaire avec Julienne BROHAN, (née le 23 janvier 1771 à Ermur en Saint-Nazaire), d’où :
      1. Ysabelle LEVESQUE (née le 16 février 1796 à Ermur en Saint-Nazaire) ;
      2. René Jean LÉVÊQUE, (Ermur en Saint-Nazaire 27 mars 1798 - 9 avril 1798 Ermur en Saint-Nazaire) ;
      3. Marie LÉVÊQUE, (Ermur en Saint-Nazaire 3 août 1799 - 10 mai 1863 Ermur en Saint-Nazaire), mariée le 31 décembre 1817 à Saint-Nazaire avec Julien-Marie LEBERT, (Beslon en Guérande 27 décembre 1797 - 19 mars 1828 Ermur en Saint-Nazaire), paludier à Saint-Nazaire, d’où :
        1. Jean Marie LEBERT, (Ermur en Saint-Nazaire 29 septembre 1819 - 3 décembre 1820 Ermur en Saint-Nazaire) ;
        2. Marie LEBERT, (née le 11 septembre à Ermur en Saint-Nazaire), mariée le 13 juin 1854 à Saint-Nazaire avec Jean-André-Marie HALLUARD, (La Villès Robert en Saint-Nazaire 8 février 1820 - 22 janvier 1899 Géraud en Saint-Nazaire), laboureur, d’où trois enfants, dont une fille mariée à un paludier de Guérande ;
    3. Thomas LEVESQUE, (Guérande 23 avril 1793 – 19 novembre 1859 Prieux en Saint-Nazaire), marié le 7 août 1822 à Saint-Nazaire avec Marie-Madelaine MOTHAIS, (La Villes Liron en Saint-Nazaire 14 mars 1798 - 15 novembre 1873 Ermur en Saint-Nazaire), d’où 6 enfants dont une fille épouse d’un paludier d’Escoublac ;
    4. Jean-Marie LEVESQUE, (Ermur en Saint-Nazaire 14 mars 1803 - 17 mars 1803 Ermur en Saint-Nazaire) ;
    5. Jeanne LEVESQUE, (Ermur en Saint-Nazaire 6 février 1805 - 7 septembre 1811 Ermu en Saint-Nazaire).
    6. Martin NICOL, établi à Guérande, marié le 22 novembre 1757 à Guérande avec Julienne BERTHO, née à Guérande, d’où :
      1. Jeanne NICOL 1761, mariée, 1ère le 1er mai 1786 à Guérande, avec Julien LEGAL natif de Saint-Nazaire ; 2ème le 19 mai 1799 à Guérande avec Yves EON, (Brénahuet) Guérande 2 janvier 1769 - 19 juin 1827 - (Beslon) Guérande)
    7. Julien MOUILLERON, (Saint-Nazaire le 15 octobre 1703 - 4 mars 1753 - Saint-Nazaire), paludier, marié, 1er le 26 septembre 1730 à Saint-Nazaire avec Marie Mothais, (Saint-Nazaire 16 février 1694 - 3 août 1731 Saint-Nazaire) ; 2ème le 29 janvier 1732 à Saint-Nazaire avec Renée GEFFROY, (Saint-Nazaire 7 février 1706 – 18 février 1767 - Saint-Nazaire) ; d’où, du second lit :
      1. Charles MOUILLERON, né à Saint-Nazaire le 30 octobre 1734 ;
      2. Julienne MOUILLERON, (Saint-Nazaire 4 mars 1737 - 11 décembre 1800 Saint-Nazaire), mariée le 3 février 1770 à Saint-Nazaire avec Raoul BROHAND, paludier, (Batz-sur-Mer vers 1742 - le 3 avril 1807 Saint-Nazaire), d’où :
        1. Julienne BROHAN, mariée le 5 mai 1795 à Saint-Nazaire avec Jean LÉVÊQUE, voyez généalogie LÉVÊQUE) ;
        2. François BROHAN, (Saint-Nazaire 10 juillet 1772 - 13 juin 1773 Saint-Nazaire) ;
        3. Marie BROHAN, (Saint-Nazaire 18 juin 1774 - 3 juillet 1774 Saint-Nazaire).
      3. Pierre MOUILLERON, né le 11 décembre 1738 à Saint-Nazaire ;
      4. Françoise MOUILLERON, (Saint-Nazaire 2 octobre 1742 - 18 janvier 1749 Saint-Nazaire) ;
      5. Catherine MOUILLERON, (Saint-Nazaire 5 février 1746 - 5 mai 1747 - Saint-Nazaire).
    8. François MOUILLERON (Saint-Nazaire 30 mai 1705 - 3 février 1772 Saint-Nazaire), paludier et laboureur, marié le 22 novembre 1729 à Saint-Nazaire avec Julienne CAVARO, (Saint-Nazaire 12 février 1707 - 6 mai 1778 Saint-Nazaire), d’où :
      1. Thomas MOUILLERON, Saint-Nazaire 3 janvier 1731 - 19 septembre 1795 Saint-Nazaire), laboureur et paludier, marié, 1ère le 18 novembre 1754 à Saint-Nazaire avec Perrine BARBIN, (Saint-Nazaire 27 décembre 1733 - 16 avril 1756 Saint-Nazaire) ; 2ème le 23 novembre 1762 à Saint-Nazaire avec Perrine SOHIER, (Saint-Nazaire 9 février 1739 - 2 septembre 1763 Saint-Nazaire) ; 3ème le 8 avril 1766 à Saint-Nazaire avec Julienne GEFFROY, (Saint-Nazaire 22 décembre 1732 - 1er février 1810 Saint-Nazaire), d’où :

    Du premier lit :

        1. Yves MOUILLERON, (Saint-Nazaire 15 avril 1756 - 17 août 1768 Saint-Nazaire)

    du second lit :

        1. Marie MOUILLERON, (Saint-Nazaire vers 1763 - 18 novembre 1823 Saint-Nazaire), mariée le 23 novembre 1784 à Saint-Nazaire avec André BERTHO, (Saint-Nazaire 23 décembre 1750 - 25 août 1806 Saint-Nazaire), laboureur ;

    du troisième lit :

        1. Jeanne MOUILLERON, (Saint-Nazaire 16 avril 1767 - 4 mai 1773 Saint-Nazaire) ;
        2. Julienne MOUILLERON, (Saint-Nazaire 15 novembre 1768 - 21 novembre 1768 Saint-Nazaire) ;
        3. Élisabeth MOUILLERON, (Saint-Nazaire 27 avril 1770 - 12 septembre 1821 Saint-Nazaire), mariée le 7 juillet 1790 à Saint-Nazaire avec Julien Nicolas, (Saint-Nazaire 12 mai 1762 - 6 août 1799 Saint-Nazaire) ;
        4. César MOUILLERON, (Saint-Nazaire 18 avril 1773 - 29 mai 1773 Saint-Nazaire) ;
        5. Denis MOUILLERON, (Saint-Nazaire 16 avril 1774 - 24 janvier 1823 Saint-Nazaire), paludier, marié, 1ère le 16 mai 1797 à Saint-Nazaire avec Françoise FOUGARÉ, (née le 30 septembre 1768 à Saint-Nazaire) ; 2ème le 18 juin 1799 à Saint-Nazaire avec Jeanne TARTOUÉ ; d’où :

    Du premier lit :

          1. Julien MOUILLERON, (Saint-Nazaire 22 septembre 1798 - 21 septembre 1816 Saint-Nazaire), laboureur ;

    Du second lit :

          1. Thomas MOUILLERON, (né le 18 septembre 1800 à Saint-Nazaire), laboureur ;
          2. Jean-Marie MOUILLERON, (né le 18 mai 1803 à Saint-Nazaire), paludier ;
          3. Michel-Sébastien MOUILLERON, (né le 21 septembre 1805 à Saint-Nazaire), paludier, marié le 15 novembre 1836 à Saint-Nazaire avec Renée-Françoise lENO, (née le 22 août 1807 à Saint-Nazaire).
      1. Julien MOUILLERON (Saint-Nazaire 25 octobre 1738 - 4 janvier 1743 Saint-Nazaire) ;
      2. René MOUILLERON, (Saint-Nazaire 4 avril 1741 - 13 janvier 1743 Saint-Nazaire) ;
      3. Julien MOUILLERON, (Saint-Nazaire 19 octobre 1745 - 8 juillet 1812 Saint-Nazaire), laboureur, marié quatre fois.
      4. Charles MOUILLERON, (Saint-Nazaire 1er septembre 1707 - 10 juin 1769 Saint-Nazaire), laboureur et paludier, marié le 22 novembre 1729 à Saint-Nazaire, Perrine BOURY, (Saint-Nazaire 24 octobre 1700 - 1er mai 1765 Saint-Nazaire), d’où 7 enfants dont aucun ne fut paludier, ou unis à un paludier.

     

    A la lignée des Mouilleron il faut donc ajouter celle des Legal, famille devenue paludière à la suite de la Révolution :

     

    1. Pierre Legal, paludier, époux de Marie DAVIS, d’où :
    2. René LEGAL, (Saint-Nazaire vers 1739 - 15 décembre 1809 Villès Davaud en Saint-Nazaire), paludier, époux de Janne TARTOUÉ, (Saint-Nazaire 11 février 1739 - 3 septembre 1804 Saint-Nazaire), d’où :
      1. Julien LEGAL (Villès-Davaud en Saint-Nazaire 11 novembre 1777 - 23 novembre 1830 Villès Davaud en Saint-Nazaire), paludier ; marié, 1ère avec Julienne ROUAUD, (Saint-Nazaire vers 1771 - Saint-Nazaire 1er mars 1801) ; 2ème le 15 juin 1802 à Saint-Nazaire avec Catherine HALGAND, (Saint-Nazaire 3 décembre 1775 - 24 décembre 1857 Ermur en Saint-Nazaire) cultivatrice, d’où :

    Du premier lit :

        1. Marie LEGAL, (La Villes Davaud en Saint-Nazaire 24 février 1801 - 26 février 1801 La Villes Davaud en Saint-Nazaire),

    Du second lit :

        1. Julienne LEGAL, (La Villes Davaud en Saint-Nazaire 11 octobre 1803 - 23 juin 1804 La Villes Davaud en Saint-Nazaire) ;
        2. Julien Marie LEGAL, (La Villes Davaud en Saint-Nazaire 26 octobre 1804 - 31 octobre 1805 La Villes Davaud en Saint-Nazaire) ;
        3. Jean LEGAL, (né le 16 mars 1806 à La Villes Davaud en Saint-Nazaire) ;
        4. Marie LEGAL, (née le 23 avril 1808 à La Villes Davaud en Saint-Nazaire), mariée le 8 novembre 1832 à Saint-Nazaire, avec Mathieu François HERVO, (15 janvier 1803 Rangré en Saint-Nazaire - 1er mai 1857 Saint-Nazaire), Marin, Cultivateur
        5. Pierre LEGAL, (La Villes Davaud en Saint-Nazaire 19 mai 1810 - 25 avril 1862 La Villes Davaud en Saint-Nazaire), paludier, marié le 4 novembre 1840 à avec Julienne-Marie CAVARO, (Rangrais en Saint-Nazaire 9 août 1817 - La Villes Davaud en Saint-Nazaire 10 janvier 1885), d’où :
          1. Marie-Julienne LEGAL, (née le 31 mars 1845 à La Villes Davaud en Saint-Nazaire), mariée le 16 octobre 1866 à Saint-Nazaire avec Jean-Marie DAUVISI, (né le 13 août 1835 à Villès Creneau en Saint-Nazaire) ;
          2. Pierre LEGAL.
      1. Julienne-Marie-Catherine LEGAL, (La Villes Davaud en Saint-Nazaire 5 février 1813 - 28 décembre 1817 La Villes Davaud en Saint-Nazaire) ;
      2. Jean-Marie LEGAL, (né le 2 juin 1815 à La Villes Davaud en Saint-Nazaire), marié le 12 février 1855 à Sallertaine (Vendée), avec Rosalie VERONNEAU, (Sallertaine 13 avril 1826 - 11 décembre 1857 Saint-Gervais) ;
      3. Thomas LEGAL, (né le 4 novembre 1818 à La Villes Davaud en Saint-Nazaire) ;
      4. Marie-Catherine LEGAL (née le 26 janvier 1821 à La Villes Davaud en Saint-Nazaire), mariée le 4 novembre 1840 à Saint-Sébastien de Saint-Nazaire avec René OISEAU (né le 26 juillet 1819 à Ermur en Saint-Nazaire), charpentier.
    1. Jeanne LEGAL, (La Villes Davaud Saint-Nazaire 6 février 1742 - 9 octobre 1809 Saint-Nazaire), marié le 5 février 1771 à Saint-Nazaire avec François LE GOUAS, (Guérande vers 1746 - 26 juillet 1808 Saint-Nazaire), paludier, d’où :
      1. Marie LE GOUAS, (Prieux en Saint-Nazaire 25 mai 1773 - 31 juillet 1818 La Villes Davaud en Saint-Nazaire), mariée le 21 décembre 1797 à Saint-Nazaire avec Pierre BOURDIC, (Ker Bouchard en Batz-sur-Mer 12 octobre 1772 - 19 mars 1822 Mainguisserie en Saint-Nazaire), d’où :
        1. Marie Françoise BOURDIC, (Saint-Nazaire 3 décembre 1798 – 16 mars 1844 Saint-Nazaire), mariée le 20 novembre 1826 à Saint-Nazaire avec Jean ANEZO, (Assérac 27 septembre 1791 - 20 mai 1832 Saint-Nazaire), préposé aux douanes ;
        2. René BOURDIC, (Saint-Nazaire 7 octobre 1800 - 19 août 1868 Prieux en Saint-Nazaire), paludier, marié le 5 juillet 1827 à Guérande avec Marie Jeanne GUERVEL, (La Thébaudais en Guérande 27 octobre 1802 – 15 décembre 1862 Prieux en Saint-Nazaire), d’où postérité de cultivateurs et de forgerons ;
        3. Jeanne BOURDIC, (née le 17 mars 1803 à La Ville Davaud en Saint-Nazaire), mariée le 10 avril 1833 à Saint-Nazaire avec Jean Marie FOUGARE, (Pornichet en Saint-Nazaire 13 mai 1806 - 10 janvier 1838 à bord du navire "Les Salazes"), marin ;
        4. Jean BOURDIC, (La Villes Davaud en Saint-Nazaire 17 février 1805 – 12 mars 1806 Gruche en Saint-Nazaire) ;
        5. Julienne BOURDIC, (La Villes Davaud en Saint-Nazaire 3 janvier 1807 – 7 novembre 1811 La Villes Davaud en Saint-Nazaire) ;
        6. Yves BOURDIC, (né le 27 mars 1808 à La Villes Davaud en Saint-Nazaire), paludier, marié le 5 février 1835 à Saint-Nazaire avec Marie-Françoise LÉVÊQUE (née le 24 décembre 1811 à La Gruche en Saint-Nazaire), (voyez généalogie MOUILLERON), d’où sept enfants dont aucun paludier ;
        7. Pierre BOURDIC, (La Villes Davaud en Saint-Nazaire 20 mai 1810 – 12 février 1869 Pornichet en Saint-Nazaire) paludier, marié : 1ère le 5 novembre 1840 à Saint-Nazaire avec Françoise AUDRAIN, (Pornichet en Saint-Nazaire 15 octobre 1812 - 31 août 1845 Pornichet en Saint-Nazaire), fille de Julien AUDRAIN, (voir généalogie AUDRAIN) ; 2ème le 4 mai 1854 à Saint-Nazaire avec Marie Julienne BRENY, (née le 10 octobre 1818 à Cuy en Escoublac), d’où du premier lit :
          1. Yves BOURDIC, (né le 3 août 1843 à Pornichet en Saint-Nazaire), marié, 1ère le 14 novembre 1871 à Saint-Nazaire avec Jeanne-Françoise CAVARO (Saint-Nazaire 5 février 1837 - 28 juin 1873 Saint-Nazaire) ; 2ème le 20 juillet 1875 à Saint-Nazaire avec Marie Renée PIVEAU, née le 1er septembre 1844 à Prieux en Saint-Nazaire).
        8. Elisabeth Renée BOURDIC, (née le 10 décembre 1811 à La Villes Davaud en Saint-Nazaire), mariée le 11 novembre 1848 à Saint-Nazaire avec Pierre François ROUSSELET, (né le 13 avril 1804 à La Montagne en Saint-Nazaire), laboureur ;
        9. Julienne BOURDIC, (née le 3 juillet 1814 à La Villes Davaud en Saint-Nazaire).
      2. Pierre LE GOUAS, (né le 24 juillet 1775 à Saint-Nazaire) ;
        1. René LE GOUAS, (Saint-Nazaire 8 novembre 1778 - 17 février 1786 Saint-Nazaire).
      3. Guillemette LEGAL, (Saint-Nazaire vers 1750 - 19 mars 1826 La Gruche en Saint-Nazaire), mariée le 18 août 1778 à Saint-Nazaire avec Yves LÉVÊQUE, (vers 1748 - 11 janvier 1829 La Gruche en Saint-Nazaire) paludier, d’où :
        1. Thomas LÉVÊQUE, (La Gruche en Saint-Nazaire 30 juillet 1782 - 21 septembre 1813 La Gruche en Saint-Nazaire), paludier, marié le 11 février 1808 à Saint-Nazaire, avec Julienne MOTHAIS, (La Villes Liron en Saint-Nazaire 29 novembre 1781 - 2 octobre 1870 La Gruche en Saint-Nazaire), d’où :
          1. Julienne LÉVÊQUE, (La Gruche en Saint-Nazaire 23 mai 1809 – 20 juillet 1887 La Gruche en Saint-Nazaire), mariée le 23 janvier 1828 à Saint-Nazaire avec Guillaume GUERVEL, (né le 7 avril 1805 à Careil en Guérande), paludier à Saint-Nazaire ;
          2. Marie-Françoise LÉVÊQUE, (née le 24 décembre 1811 à La Gruche en Saint-Nazaire), mariée le 5 février 1835 à Saint-Nazaire avec son cousin Yves BOURDIC, (né le 27 mars 1808 à La Villes Davaud en Saint-Nazaire), paludier, (voyer généalogie MOUILLERON), d’où sept enfants dont aucun paludier ;
          3. Thomas LÉVÊQUE, (né le 21 septembre 1813 à La Villes Liron en Saint-Nazaire), paludier, marié le 5 février 1835 à Saint-Nazaire avec Marie Françoise MAHÉ, (Prieux en Saint-Nazaire 5 avril 1813 - 13 mars 1843 La Gruche en Saint-Nazaire) d’où trois filles dont une mariée à un paludier de Guérande.

     

    A ces deux lignages de racines nazairiennes il faut ajouter celui de famille Audrain, venue de Férel, commune située de l’autre côté de la Presqu’île, à la suite de la Révolution :

     

    1. Pierre Audrain, (Férel vers 1750 - 2 décembre 1834 Saint-Nazaire), marié le 24 novembre 1778, Saint-Nazaire avec Perrine LEMARE, (Saint-Nazaire vers 1751- 30 mars 1825 Pornichet en Saint-Nazaire), d’où :
      1. Julien AUDRAIN, (né le 25 octobre 1779 à Pornichet en Saint-Nazaire), laboureur et paludier, marié le 19 novembre 1811 à Saint-Nazaire avec Janne PRIÉE, (La Villès Noire en Saint-Nazaire 8 juillet 1786 - 11 janvier 1834 Pornichet en Saint-Nazaire), (dont le frère Mathieu PRIÉE fut aussi paludier) ; d’où :
        1. Françoise AUDRAIN, (Pornichet en Saint-Nazaire 15 octobre 1812 - 31 août 1845 Pornichet en Saint-Nazaire), mariée le 5 novembre 1840 à Saint-Nazaire avec Pierre BOURDIC, (La Villes Davaud en Saint-Nazaire 20 mai 1810 – 12 février 1869 Pornichet en Saint-Nazaire) paludier, (voir généalogie LEGAL), d’où :
          1. Yves BOURDIC, (né le 3 août 1843 à Pornichet en Saint-Nazaire), marié, 1ère le 14 novembre 1871 à Saint-Nazaire avec Jeanne-Françoise CAVARO (Saint-Nazaire 5 février 1837 - 28 juin 1873 Saint-Nazaire) ; 2ème le 20 juillet 1875 à Saint-Nazaire avec Marie Renée PIVEAU, née le 1er septembre 1844 à Prieux en Saint-Nazaire).
          2. Julienne-Jeanne AUDRIN, (née le 24 juin 1815 à Pornichet en Saint-Nazaire), mariée le 15 novembre 1843 à Saint-Nazaire avec François FOUGARÉ, (né le 13 août 1818 à Pornichet en Saint-Nazaire), d’où postérité ;
          3. Jeanne AUDRAIN, (Pornichet en Saint-Nazaire 31 mars 1824 - 4 janvier 1825 Pornichet en Saint-Nazaire).
      2. Perrine AUDRAIN, (Pornichet en Saint-Nazaire 28 septembre 1781 - 23 janvier 1863 Prieux en Saint-Nazaire), mariée le 11 février 1808 à Saint-Nazaire avec Guillaume LEBRUN, (Saint-Nazaire 16 avril 1780 - 16 janvier 1849 Saint-Nazaire), laboureur ;
      3. Mathieu AUDRAIN, (Pornichet en Saint-Nazaire 2 février 1784 - 9 février 1784 Pornichet en Saint-Nazaire) ;
      4. Marie-Catherine AUDRAIN, (née le 29 août 1785 à Pornichet en Saint-Nazaire), mariée le 30 janvier 1811 à Saint-Nazaire avec Honoré DUMONT, (né le 26 avril 1781 à Coutances), receveur des douanes.

     

    Le registre contenant la correspondance au départ de la ville de Saint-Nazaire entre le 5 septembre 1815 et le 31 mai 1820, restitué en 2019 à la Ville de Saint-Nazaire, fait état à la date du 7 septembre 1819 du rôle des paludier et porteuses de sel de Saint-Nazaire   avec nom et famille.  Le lecteur y trouvera les noms des paludiers déjà cités dans les extraits généalogiques retranscrit plus haut. A la liste des personnes déjà citées, il faut ajouter donc Mathieu PRIÉE, (La Villès Noire en Saint-Nazaire 10 janvier 1791 - 7 juin 1868 Rangrais en Saint-Nazaire), laboureur et paludier, inscrit sur le rôle, mais qui n’était pas issu d’une famille exploitant les marais salants, et dont la sœur Janne avait épousé le paludier Julien AUDRAIN, déjà cités. Sur le rôle il est précisé qu’il exploitait ses œillets avec sa fille ; nous n’avons pas pu déterminer laquelle des celle qu’il avait eu de son premier mariage il s’agit. En effet, il avait épousé en premières noces le 14 novembre 1815 à Saint-Nazaire, Julienne MOLLÉ, (La Villès Chevisson en Saint-Nazaire 8 juin 1790 - 16 août 1818 La Villès Chevisson en Saint-Nazaire), dont il eut un nombre d’enfants indéterminé ; puis le 17 novembre 1821 à Saint-Nazaire, Renée MAHÉ, (Rangré en Saint-Nazaire 21 mars 1792 - 18 mai 1870 Rangré en Saint-Nazaire), dont il eut aussi postérité.

     

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    Rôle des paludiers et porteuse de sel de Saint-Nazaire en 1819, (cliquer pour agrandir)

     

    Le rôle de 1819 nous enseigne aussi que l’exploitation salicole constituait une production de 43.000 kg pour 1818, à la production des paludiers il faut ajouter 700 kg de sel transporté sur la commune par les porteuses. En effet aux paludiers s’ajoutaient des femmes qui faisait commerce du sel qu’elles apportaient des autres salines. Le trop grand nombre d’homonymie ne permet pas de les identifier aisément.

    Il convient de tenir compte que la production de sel en œillet dépend du climat, et que plus la production était important, moins elle se vendait chère. Faute de documentations concernant la production moyenne de sel en Presqu'île et à propos de son prix de vente, nous ne pouvons dire combien touchaient les paludiers en cités en 1819. Nous signalerons cependant que depuis 1814 le climats avait été très hostile, réduisant la production de céréale au point de provoquer des inquiétudes au maire de Saint-Nazaire qui craignait une famine. 

     

    La fixation des dunes de la baie de La Baule (Bôle), dont la concession avait été accordé au marquis de Sesmaisons, plus gros propriétaire foncier de Saint-Nazaire et d’Escoublac, participa à l’envasement de l’étrier de Pornichet. Le marais salant étouffa peu à peu. Les paludiers avaient charge d’entretenir le lieu de leur exploitation, mais le sel de mer rapportait de moins en moins en ce début d’ère industriel, même si en 1860 le prix de la tonne de sel passa en quelques mois de 18 fr 75 à 46 fr 90 en raison d'une pénurie, il avait tendance à se maintenir autour 15 fr la tonne. En 1870 le prix du sel tomba à 6 fr 80 la tonne, et ne fit que chuter jusqu'à tomber à 5 fr 50 la tonne en 1875. Les paludiers se constituèrent en corporation (les syndicats n'étaient pas autorisés) dans l’espoir d’obtenir des aides publiques et de faire fléchir le propriétaire des salines pour qu’il finance une part des travaux qui devaient permettre de désenvaser l’étrier. Mais face à la spéculation immobilière de la station balnéaire en constitution, le marais salant devint un potentiel lieu de construction et de développement urbain.  En 1895 le dernier paludier posa définitivement son las, malgré un prix de 16 fr 50 la tonne, l'état du marais ne prouvait plus permettre une production viable, et les baux ne furent pas renouvelés. Cinq années plus tard, Pornichet se détacha de Saint-Nazaire et devient une commune et on l'on inaugura à leur place l'hippodrome en 1907.

     

     

    [1] Voyer les articles sur la seigneurie du Bois-Joalland et Cleuz.

  • Narcisse Pelletier à Saint-Nazaire

    Si vous allez vous promener à Saint-Gilles-Croix-de-Vie vous rencontrerez une borne dans un square de la cité historique de Saint-Gilles-de-Vie, qui vous relatera la vie d’une enfant du pays connu sous le surnom de « Sauvage Blanc », et qui mentionne que celui est décédé à Saint-Nazaire.

     

    Qui est donc ce Narcisse Pelletier que l’on célèbre à Saint-Gilles, mais qui est un inconnu de la municipalité de Saint-Nazaire où portant il finit sa vie ?

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    Narcisse Pelletier photographié à Sydney en 1875, collection de la Royal Historical Society of Queensland

     

    La vie de Narcisse Pelletier, ou du moins un épisode de dix-sept années de sa vie, a été passablement relatée dans des ouvrages plus ou moins sérieux et correctement documentés. Nous nous bornerons sur ce blog d’en faire un résumé et de donner les éléments qui nous sont connus de ses dernières années à Saint-Nazaire.

     

    Alphonse-Narcisse-Pierre Pelletier est né le 1er janvier 1844, à 4 heures, à Saint-Gilles-sur-Vie, (devenue en 1967 commune de Saint-Gilles-Croix-de-Vie), premier enfant de Martin-Hélier Pelletier, bottier, originaire des Sables d’Olonne, d’une famille d’artisans amidonniers et serruriers, (et non de notables de robe comme il a été écrit ailleurs), et d’Alphonsine-Hyppolite Babin, couturière, issue d’une famille de marins de Saint-Gilles. Le couple eut ensuite d’autres enfants, dont trois fils qui atteignirent l’âge adulte : Helie Jean Felix, né en 1845 ; Alphonse Henri Victorien, né en 1854 ; et Benjamin Hippolyte Jean, né en 1859.

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    Acte de naissance de Narcisse Pelletier. Cliquer pour agrandir.

     

    À l’âge de 12 ans, sa scolarité étant terminée, il fut obligé de gagner sa vie, et débuta comme mousse à bord du sloop l’Eugénie, sur lequel il embarqua aux Sables d'Olonne le 12 mai 1856 pour un premier voyage de cinq mois, alors que, comme nombre de marins d’alors, il ne savait pas nager ! Débarqué à Luçon, il gagna Bordeaux où il fut embarqué, le 29 octobre 1856 à bord de La Reine de Mers, un navire en partance pour Trieste. A son bord il fut violenté et blessé au couteau par le second du navire, (on suppose une tentative de viol), ce qui le fit quitter le bord à Marseille le 29 juillet 1857. Il y embarqua le 9 août 1857 sur le Saint-Paul, navire venant de Bordeaux, commandé par le capitaine Emmanuel Pinard, à destination de Bombay. Pinard tenait du pirate et marchand négrier. De Bombay le navire gagna Hong Kong pour le compte d’une compagnie minière anglaise qui désirait transporter en Australie des ouvriers chinois. Durant l’embarquement de ses hommes nommés péjorativement dans la langue de Shakespeare « coolies », l’équipage n’eut pas l’autorisation de descendre à terre. Les Chinois, au nombre de 317, furent entassés comme des bêtes en fond de cale et rationnés au strict minimum par Pinard qui n’avait pas prévu de vivres en suffisance pour tout le monde. L’ambiance à bord en devint rapidement délétère, le manque de nourriture et d’eau entraîna des ravitaillements en saut de puce entre des côtes habitées de populations qui n’avaient pas grand-chose à vendre.  Le ,  jour de brouillard, au large de l’île Rossel, à l'est de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, Pinard confondit une montagne avec un grain avançant au loin. Le Saint-Paul heurta un récif et coula rapidement. On jeta dans les chaloupes quelques vivres déjà gâtés par l’eau de mer s’engouffrant dans la cale, et l’on gagna un îlot qui affleurait. De la côte de l’ile voisine, des indigènes se signalèrent, causant une panique plus grande chez les naufragés qui redoutaient leur réputation de cannibales. Il faut ici préciser que les peuples endémiques de cette partie du Pacifique pratiquaient l’anthropophagie rituelle à grande échelle. Cette anthropophagie, dont on signalait encore quelques cas malgré l’occidentalisation, s’accomplit exclusivement sur les sujets masculins par des sujets masculins, et consiste à dévorer les cadavres des guerriers tués afin de s’emparer de leur force, où sur des hommes suspectés d’être habités par l’esprit d’un démon, nommé « khakhua », responsable des accidents mortels que peuvent subir les gens de la tribu. Les femmes sont en effet exclues de la possession, et n’ont droit au régime anthropophage que dans le cas de consommation rituelle du cadavre d’un homme important de la tribu, acte rare, mais ayant la particularité de transmettre le kuru, forme humaine de la maladie de Creutzfeldt-Jakob. Cependant, les indigènes se montrèrent au départ amicaux, apportant un peu de nourritures aux naufragés, mais pour une raison inconnue, il y eut un affrontement au cours duquel il y eut deux morts parmi les Français, et durant lequel Narcisse fut blessé à la tête par un jet de pierre. Les marins français employèrent les armes et le peu de poudre qu’ils avaient pu sauver. Le capitaine Pinard décida de partir avec son équipage à bord de la chaloupe en direction des voies de navigation ou d’une côte plus accueillante. L’embarquement se fit de nuit, sans prévenir, et c’est parce qu’il fut réveillé par le bruit des autres marins se levant que Narcisse et un mousse plus jeune qu’il réveilla à son tour, purent fuir l’îlot. Pinard raconta par la suite au Ministère de la Marine   qui lui demanda des comptes, avoir convenus avec les Chinois son départ avec ses hommes pour chercher des secours, et leur avoir laissé des vivres. En réalité il ne leur laissa rien, car il n’y avait presque plus rien à manger et surtout à boire. Les Chinois furent contraints de se nourrir de coquillages et de récolter l’eau de pluie. Deux d’entre eux décédèrent de faim, et furent inhumés sous des coquilles. Au bout de quelques jours, les indigènes les forcèrent à se rendre sur l’île Rossel. Trois mois plus tard six d’entre eux réussirent à fuir et à se faire sauver par un navire écossais qui les vit se signaler sur la plage. Deux jours après ce sauvetage, Pinard arriva avec un navire pour récupérer ceux qui étaient pour lui une simple cargaison dont il aurait le payement pour le transport qu’une fois en Australie. Un seul d’entre eux était encore vivant et pu être sauvé à son tour.

    Mais quand Pinard revient avec ses hommes sur le lieu du naufrage du Saint-Paul, Narcisse Pelletier n’était pas avec eux. Ils l’avaient abandonné depuis longtemps sur une plage Australienne. En effet, voici ce qui s’était passé après la fuite de l’équipage à bord de la chaloupe :

    Les marins français firent un voyage de douze jours à la rame, en buvant leur urine faute d’eau potable, et en se partageant quelques boites de conserve. Arrivés au large de l'Australie, ils débarquèrent au Cap Direction et cherchèrent séparés en deux groupes, de l’eau potable. Ils furent confrontés à une tribu qui les attaqua à l’aide de flèches, blessant au passage Narcisse. Après quatre jours d’errance, ils se divisèrent en deux groupes dont l’un fut chargé d’exploration, il se perdit et ne fut retrouvé par l’autre que deux jours après. Deux hommes périrent alors d’épuisement.

    Ils finirent par trouver un creux que remplissait une maigre source. Rués sur ce point minuscule, les marins ne laissèrent pas Narcisse s’en approcher, et quand ils le laissèrent enfin, la mare de quelques centimètres de profondeur pour une circonférence de trois mettre était à sec. Ils argumentèrent, en désignant un fin filet d’eau qui suintait, que Narcisse n’avait qu’à rester pour remplir son quart, qu’il pouvait rester se reposer là, et qu’ils reviendraient d’ici quelques heures le retrouver après avoir exploré plus avant la côte à la recherche de fruits. Narcisse resta là, bu ce qu’il put au bout de quelques heures, et s’endormit. Les marins ne revinrent jamais. Il finit par pouvoir se désaltérer, et trouva des fruits dont il fit provision avant de partir vers la plage où la chaloupe avait accosté. Il ne trouva personne, ils étaient partis. Pinard prétendit qu’ils avaient cherché Narcisse, mais qu’ils n’avaient pas pu réaccoster sur la plage du fait d’un faible tirant d’eau à marée basse, et ne l’avaient pas vu.

    Notre Gillocrucien erra sur la côte en suivant des empreintes de pied laissées sur le sable. Épuisé et affamé, il ne dut son salut qu’à des aborigènes de la tribu des Uutaalnganus qui le découvrirent. L’un des hommes influant du clan (il n’y a pas de chef de tribu chez les aborigènes), prénommé Maadman, se comporta avec lui comme un père durant les dix-sept ans qui suivirent, lui enseignant langue, culture et usages. Narcisse, reprénommé « Amglo », se plia aux usages et rituels, participa à douze guerre tribales, et fut initié, à l’âge adulte, aux misères de la Foi aborigène, subissant scarifications rituelles sur la poitrine et l’épaule gauche, au perçage de la cloison à la base du nez pour y introduire un morceau d’un Ztigau, (fin cylindre d’os), et des lobes pour y passer des cylindres de bois. Marié, il eut trois enfants dont on ignore le destin (deux sont mentionnés comme présents durant sa capture par les Britanniques, Narcisse avoua le nombre de trois à un ami).

    Le 11 avril 1875, le navire anglais John Bell mouilla à proximité de la plage où la tribu séjournait. Une chaloupe fut mise à l’eau, avec à son bord uniquement des marins à la peau noire, car les Anglais pensaient que les aborigènes se montreraient amicaux avec des hommes à la couleur de peau proche de la leur. Les marins noirs prirent contact avec la tribu, et rapportèrent à leur capitaine avoir vu un homme blanc parmi eux couvert de cicatrices, aussi nu que les sauvages parmi lesquels il était. Il fut donné ordre d’aller le chercher, le capitaine du John Bell pensait que c’était un bagnard évadé. Narcisse fut enlevé par les marins noirs qu'il pensa être anthropophages. Ayant reçu des vêtements à bord de la chaloupe, puis monté à bord du John Bell, il se sentit rassuré à la vue d’Européens, mais il chercha à s'échapper plusieurs fois, et fut finalement entravé. Les Anglais finirent par déduire qu’il était français. Le bateau alla d'abord au port de Somerset (Queensland), à une vingtaine de kilomètres, puis à Sydney où se trouvait le consulat de France. Le consul, Gabriel-Eugène Simon, qui l’identifia grâce aux lettres qu’il avait reçues de la famille Pelletier, depuis dix-sept ans. Retrouvant ses rudiments de langue française et d’écriture, Narcisse rédigea laborieusement une lettre à destination de ses parents. C’est en réalité par la traduction d’un article du Times publié dans la presse française, que ses parents furent informés que leur fils était toujours vivant.

     

    Narcisse quitta le port de Sydney pour regagner la France. À l’escale de Nouméa le 7 août 1875, il y rencontra un soldat natif de Saint-Gilles comme lui qui lui donna des nouvelles de sa famille. Durant son voyage de retour, Narcisse commença à se présenter comme une victime des aborigènes, attendu qu’il n’était pas possible d’avouer, à une époque où les Occidentaux se croyaient supérieurs racialement, qu’il avait fait le choix de vivre comme un « sauvage ». Il appuya sa position de victime sur une blessure rituelle à la jambe qu’on lui avait faite.

     

     

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    Article illustré paru dans The Graphic le 31 mars 1875

     

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    Article stupide typique de l'époque paru dans le journal Scapin du 1er août 1875

     

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    Vision fantaisiste de la capture de Narcisse parue dans le Journal Illustré du 8 août 1875

     

    Le 2 janvier 1876, Narcisse y fut accueilli en héros à Saint-Gilles. Le souvenir de cette entrée triomphante est resté un souvenir encore vif dans la mémoire des familles gillocruciennes.

    On l’expédia un temps à Paris, où il fut l’objet d’observations de plusieurs professeurs et médecins réputés, dont Georges Félizet, (1844-1909), chirurgien à l’hôpital Beaujon, qui fit le détail de ses scarifications, et le docteur Arthur Chervin, (1850-1921), spécialiste du langage, (il fut deux ans plus tard nommé directeur de l'Institut des bègues à Paris). Arthur Chervin laissa à propos de Narcisse le témoignage suivant : « Je dois dire que cet individu m’a laissé une assez triste impression : il était très défiant, sournois et probablement menteur ; peu intelligent d’ailleurs, mais parlant le français parfaitement bien.[1] » Cette description est en contradiction avec les observations du docteur Augustin Ricard, médecin à bord du navire qui le ramena en France. Il le présente comme un homme intelligent et charismatique. Le fait est que Narcisse ne pouvait pas tout dire concernant sa vie chez les aborigènes, ce qui contraria profondément Chervin, qui soupçonnait qu’il s’était intégré parfaitement au groupe aborigène et n’avait pas été victime.

    Le docteur Constant Merland lui proposa de rédiger ses mémoires afin d’avoir de l'argent et de rétablir des vérités concernant son histoire et le naufrage du Saint-Paul. Il en résulte un témoignage, très complet, sur la tribu aborigène parmi laquelle il vivait, tant sur les mœurs, la langue, les arts, mais plus que vague quant à sa vie et à sa personnalité. Présenté le 1er mars 1876 devant la Société Académique de Nantes, et paru en août 1876, objet de plusieurs articles dans la presse, l'ouvrage trouva cependant peu d'acheteur. Il est consultable via le lien suivant : https://books.google.fr/books?id=XYNEsmZtS6kC&printsec=frontcover&dq=Constant+Merland&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiP-O_qo93kAhVM8uAKHWykBhMQ6AEINDAC#v=onepage&q&f=false

    Pour illustrer celui-ci, Narcisse fut photographié par Constant Peigné dans une mise en scène de sauvage ébouriffé.

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    Narcisse Pelletier, photographie de Constant Peigné, photographe nantais ayant depuis 1875 une succursale à Saint-Nazaire.

     

     

     

     

    Le dossier concernant le naufrage resta quant à lui ouvert… Le Ministère de la Marine accorda à Narcisse la fonction de gardien du phare d’Aiguillon en Saint-Nazaire.

    A son arrivée à Saint-Nazaire à la fin du mois d'août 1876, toute la ville le reconnut, car Constant Peigné, avait exposé, à des fins publicitaire, l'ouvrage du Docteur Merland et les photographies qu'il avait réalisées de Narcisse torse nu et en vêtements européens, dans la vitrine de son atelier rue de Nantes, à l'angle de la rue du Prieuré, l'artère principale et commerciale de la commune.

    Comme maitre de phare, Narcisse gagnait 520 fr l'an plus le logement, alors qu'un ouvrier gagnait alors sans le logement 1.800 fr. A l’époque il n’y avait pas de constructions autour du phare, les chalets construit, dans le vallon qui descend à la plage de Port Charlotte n’avait pas encore été édifiés par le marchand de vin Jean-Baptiste Lechat, pour ses enfants, (dont le maire de Saint-Nazaire Auguste-Baptiste Lechat-Boilève). L’habitation la plus proche était la maison du pilotage de la pointe de L'Eve remplacée ensuite par un fort. Autour tout n’était que pâturages bataillés par les vents, borné de quelques buissons bas. Aiguillon était qualifié de « phare de purgatoire », celui des Charpentiers en pleine mer « d’enfer », celui de Kerlédé, abrité à l’intérieur des terres, « de paradis ». Le Phare, aujourd'hui très petit, était alors un d'aval, fixe, haut de 36m, avec une portée de 4 I.

     

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    Le phare d'Aiguillon tel que Narcisse Pelletier le connut, avec sa hauteur initiale de 36 m.

     

    Narcisse vécu au phare d’Aiguillon dans un grand isolement, entretenant des relations tendues avec les pilotes du poste de garde de Léve, qui avaient eu le tort de le surnommer « le Sauvage », et avaient essuyé de sa part une terrible colère ponctuée d’un cri strident appris dans le bush. La mémoire nazairienne et un le témoignage de Charles Beilvaire paru dans Le Courrier de Saint-Nazaire du 20 mai 1933 relatent que ce cri provoquait des frissons à ceux qui l’entendaient. Les relations avec les habitants du Petit-Gavy, à l'exception du notaire William Le Besque, étaient, elles aussi tendues, les habitant qui parlaient encore presque exclusivement breton étaient très méfiants, quant à ceux de Saint-Marc, au nombre d'une centaine hors saison estivale, étaient peu amicaux eux aussi. Les estivants qui triplaient la population du village à la belle saison étaient quant à eux allaient en excursion du côté du phare dans l'espoir de l'entrevoir pour satisfaire leur curiosité en se procurant le frisson d'avoir croisé un cannibale...

    Par ailleurs sa santé était alors fragile. Outre la blessure à la jambe qui constitua un abcès dont il ne guérit jamais et lui provoquait de fortes fièvres, les scarifications qu'il avait sur la poitrine et le ventre ne cicatrisèrent que grâce aux soins que lui prodigua le docteur Alcide Benoist, et dont celui-ci fit mention dans un article, (non signé mais assurément de sa main), du Gaulois en date du 13 mai 1877, mentionnant qu'il avait une particulière « au ventre [c']est cicatrisée mais forme une sorte de poche "comme pour les kangourous" ».

    En 1877 Narcisse demanda à changer de poste, il était devenu un homme taciturne ; les regards que posaient sur lui les Nazairiens en raison d'une grande perforation à l'oreille droite, dont le lobe était devenu pendant, lui étaient lourds, tout autant que les rumeurs qui courraient à son sujet. On le disait cannibale, chasseur à l’arc ou à la lance, (il semble en effet avoir chassé le lapin sans fusil) ; on menaçait les enfants d'aller le chercher s’ils n’achevaient pas leur assiette de soupe. Pourtant il parlait facilement de ce qu'il avait vécu en Australie, mais refusait de répondre quand il lui était demandé s'il avait été marié dans le clan, et entrait dans des colères terribles quand on lui demandait s'il avait mangé de la chair humaine, (cf. Le Gaulois du 13 mai 1877). Narcisse avait aussi le tort d'avoir une hygiène très soignée, à une époque où les gens ne lavaient leur corps que par parties suivant les jours. Une description physique parue le 10 juillet 1878 parue dans Le Figaro le décrit comme « un homme portant des vêtements d'ouvrier en toile bleue, coiffé d'un chapeau de marin en paille en été, très propre, d'une taille un peu au-dessus de la moyenne, les yeux petits et vifs, la physionomie agréable, et [portant] une petite moustache châtaine. » ; Narcisse boitait de la jambe gauche. La blessure qu'il avait reçue en Australie pour avoir mangé un poisson non autorisé, refermée par les médecins européens, ne se guérit jamais et fit qu'il fut régulièrement malade. Le docteur Benoit, qui le soigna régulièrement pour celle-ci, devint peu à peu son ami. Il se lia aussi avec le médecin explorateur Hyppolite Griffon du Bellay, et avec Georges-William Lebesque qui possédait le manoir de Port-Gavy, (aujourd'hui connu comme « l'école des infirmières »).

    Cependant Narcisse n’était pas seul à Saint-Nazaire, son frère Alphonse y était menuisier, et par son intermédiaire il se fit des amis qui gardèrent de lui l’image d’un homme grande timidité, gentil, séduisant, mais traînant une tristesse infinie. Un détail est resté en mémoire dans ma famille : un jour sur la plage de Porcé, après avoir été reçu par la famille Bord, propriétaire du château des Charmilles, domaine qui bordait la plage, il y narra la conception de la création du monde par les aborigènes, qu'ils nomment « Rêve », en réalisant des dessins sur le sable dans un grand cercle. Il prit soin d'effacer le dessin à la fin de son récit et brisa le cercle d’un grand geste, en disant que « le Créateur doit retour à l'origine ».

    Narcisse recevait régulièrement dans son logis du phare d’Aiguillon la visite de linguistes et d’ethnologues qui l’interrogeaient sur les aborigènes. On sait qu'Edouard Garnier retranscrit quatre chansons aborigènes qu'avait retenu narcisse. Deux de ces chansons étaient pour danser, l'une était à chanter la nuit, la dernière était une « invocation de la lune ». L'anthropologue David Thompson a transcrit l'un des mots de la chanson : " Yunthu kalinan, kalinan, Yunthu kalinan, kalinan. Para kalinan, kalinan. Para kalinan, kalinan... ", ce qui se traduit par : « Racine de nénuphar porte-nous, porte-nous. Racine de nénuphar porte-nous, porte-nous. Homme blanc porte-nous, porte-nous. Homme blanc porte-nous, porte-nous. »

     

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    Narcisse Pelletier en tenue occidentale à Sydney en 1875, collection de la Royal Historical Society of Queensland.

     

    L'isolement au Phare d'Aiguillon lui pesa tant qu'il obtint de devenir au printemps 1878 garde des signaux des marées de l'entrée du port (actuelle vieille-entrée), avec un appointement annuel de 600fr, ce qui comporte l'indemnité de 100fr pourvu par l'administration pour son logement qui ne lui est plus fourni, salaire donc inférieur de 20fr à sa situation de gardien de phare, et correspond à la moitié du salaire annuel d'un ouvrier. Logé modestement près du port, il devient une curiosité pour les officiers de marines qui cherchaient son contact. Un jour de juillet 1878, le capitaine Richard, capitaine du steamer de première classe (grande vitesse) Jean-Baptiste-Say, navire au service des raffineries sucrières Emile Etienne de Nantes, venu de Bristol et Swansea, dans le port depuis le 15 juin, l'interpella sur le port et lui présenta deux « collaborateurs » du Figaro qui devaient prendre le repas de midi à bord de son vapeur. L'un des deux collaborateurs fit de cette brève rencontre sur le quai un article intitulé « Un sauvage parmi les Français », qu'il ne signa pas, paru dans le numéro du 10 juillet 1878. L'article comporte des erreurs à propos de la situation de Narcisse à Saint-Nazaire ; si le portrait physique qui y est fait est lui véridique, il comporte des commentaires ignobles même pour l'époque, notamment sur la nature du rire de Narcisse, que le journaliste décrit comme suit : « ce qui sort tout à fait de l’ordinaire, c’est la bouche de Pelletier, lorsqu’il rit. Certes, les lèvres n’ont rien de celle d’un nègre, cependant elles se relèvent et se contractent d’un rictus, singulier, caractéristique. Le rire de Pelletier n’est plus du tout celui de l’homme civilisé, c’est bien réellement celui d’un être qui a passé la moitié de sa vie au sein des peuplades australiennes. » Narcisse aurait répondu à ceux qui l'interrogeait sur sa sexualité parmi le clan aborigène, qu'il serait reparti « aussi innocent [qu'il était] venu », s'il n'avait fait l'expérience de la chaire avec une femme en couple deux mois avant d'être découvert par l'équipage du John Bell, avec un commentaire sur le fait que « les maris aborigènes sont très jaloux » et qu'il ne se serait pas vanté de cet exploit amoureux. Et le journaliste de conclure qu'à son avis la blessure qu'il avait à la jambe serait liée à cet adultère.

    La découverte de l'article fut pour Narcisse déplaisante. Outre le descriptif déplaisant de son rire, les erreurs et déformation de propos, ce sont les inventions à propos de sa vie en Australie, et l'assertion sur l'origine de sa blessure, qui le mirent très mal. Il en parla à ses amis, se dit déçu et fâché que des gens « qu'il pensait sérieux » aient pu publier de telles choses. Un journaliste de L'Avenir de l'arrondissement de Saint-Nazaire, qui signait Ferdinand, publia un démenti le 21 juillet, intitulé « Le Figarot et Narcisse Pelletier » dénonçant le manque de discrétion et les inventions, en remettant en avant la biographie publiée par le docteur Merland. Ferdinand ajouta que Narcisse avait répondu « avec sa franchise habituelle » aux questions plus ou moins indiscrètes que les deux hommes lui avaient posées, sans penser qu'ils auraient l'audace de publier ses réponses sur des sujets sexuels. Cela servit de leçon à Narcisse qui à partir de là ne donna plus d'interview.

     

    C'est, semble-t-il, par l'intermédiaire de son frère que Narcisse rencontra Louise-Désirée Mabileau, né à Saint-Nazaire le 28 novembre 1857, couturière, fille de l’ancien meunier[2] du moulin du Ménaudoux[3]. Elle vivait au village de La Tranchée. Il l'épousa civilement le 18 octobre 1880 à la mairie de Saint-Nazaire, et religieusement en l'église de l'Immaculée le 31 octobre.

     

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    Acte de mariage civil de Narcisse Pelletier, avec sa signature. Ses deux frères, Hélie, cordonnier aux Sables d’Olonne, et Alphonse, menuisier à Saint-Nazaire, furent ses témoins. Archives Départementale de Loire-Atlantique. Cliquer pour agrandir.

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    Acte de mariage religieux de Narcisse Pelletier. Archives diocésaines de Nantes. Cliquer pour agrandir.

     

    Peu de temps après son mariage, Narcisse fut promu chef des haleurs, qu'on nommait aussi garde-feux car ils devaient surveiller d'éventuels départ d'incendie, affecté à la manœuvre de la toutine, (sorte de filin servant à attraper et amener les amarres), et avant sa mort, employé aux bureaux du port, à un post non déterminé (la destruction des archives du Port fait ici une lacune). Le Courrier de Saint-Nazaire du 20 mai 1935 mentionne que les haleurs le redoutaient, le trouvant taciturne et irritable. Le regard noir et perçant de Narcisse accentuaient leur sentiment de crainte. Le couple emménagea dans un appartement avec jardin au rez-de-chaussée du 20 de la Grand Rue, un immeuble divisé en quatre logements, situé dans la Vieille-Ville, ce qui correspond très exactement à l'actuel n°7 de la place de La Rampe, occupé par le Café de L'Atlantique.

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    Registre du recensement de 1881

     

    En 1885 Narcisse acquit en son nom seul l'ensemble de la maison où se trouvait son appartement, avec la cour et le jardin attenants, aux héritiers de Jean-Claude Dubochet, (Saint-Nazaire 16 janvier 1757 - 8 septembre 1837 Saint-Nazaire), notaire, maire de Saint-Nazaire de 1834 à 1837.

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    Extrait de la Matrice des propriétaires nazairiens, A.D. 44, 3P191/8.

     

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    Situation du 20 Grand'Rue sur le plan de projet d'alignement de 1899

     

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    Façade de l'immeuble où vivait Narcisse Pelletier au 20 Grande Rue, Archives de Saint-Nazaire, Fonds Dommée, 5J/506

     

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    Plan de l'appartement de Narcisse Pelletier au rez-de-chaussée du 20 Grande Rue, Archives de Saint-Nazaire, Fonds Dommée, 5J/506

     

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    Vue de la Grand'Rue en 1900 ; La maison de Narcisse Pelletier est situer dans le cadre rouge 

     

    En 1886 les Pelletier avaient une famille de locataire, celle d’Ignace-Marie Pillier, 35ans, domestique, de son épouse Valentine-Marie Thomas, 27ans, lingère, et leur fils Henri Piller, âgé de 10 mois. 

    En 1891, c’est Rose Yver, veuve Mabileau, la mère de Louise-Désirée, qui est locataire, et était chargé de l'éducation d'une fillette, Berthe-Louise-Marie Terrien, (Savenay 11 mai 1889 - 9 janvier 1972 Savenay), qui vivait chez eux, et fut déclarée pensionnaire au recensement de 1891, mais ne se trouve pas dans celui de 1894. Fille de commerçants de Savenay, elle n'avait aucun lien de parenté avec le couple Pelletier.

     

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    Registre du recensement de 1881.

     

    Narcisse décéda le 28 septembre 1894 à Saint-Nazaire, au 20 de la Grand'Rue, de septicémie en raison de la blessure à la cuisse qu'il avait reçue en Australie, qu'on avait refermée, mais dont l'abcès en fut jamais guéri, et qui tout le reste de sa vie en France lui avait provoqué des fièvres et obligé à prendre des jours d'arrêts. Sa mort fut relatée dans les journaux. Il fut inhumé religieusement le 30 septembre au cimetière de La Briandais, section N17, sa tombe est dans un état d'abandon alarmant, la croix est renversée, la plaque à disparue, et il n'y a aucune signalétique mise en place par la municipalité qui est totalement ignorante de sa vie et de sa présence au cimetière.

     

     

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    Acte de décès de Narcisse Pelletier, Archives Départementales de Loire-Atlantique. Cliquer pour agrandir.

     

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    Acte religieux d’inhumation de Narcisse Pelletier, Archives diocésaines de Nantes. Cliquer pour agrandir.

     

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    Tombe de narcisse Pelletier et de son épouse au cimetière de La Briandais, état en 2019

     

     

    Louise-Désirée Mabileau demeura au 20 Grand'Rue avec toujours une famille comme locataire. Elle se remaria le 5 juin 1905 avec Joseph-Marie Tellier, (Boué le 19 avril 1853 - 27 mai 1912 Saint-Nazaire), un retraité des Douanes qui résidait rue des Grand Ormeaux en la maison Lehuédé, (boulevard de La Renaissance). Fils de Pierre-Marie Tellier, (Campbon 1825 - 14 février 1905 Saint-Nazaire), cultivateur, et de Jeanne Suet, (+ 13 mai 1885 Bouée), Joseph-Marie Tellier était veuf de Rose Chicaud (Lavau 1856 - 22 février 1904 Saint-Nazaire). Le nouvel époux vint vivre au 20 de la Grand'Rue.

    A nouveau veuve, Louise-Désirée vendit en 1930 la maison de la Grande Rue à Jean Orger, marin né à Noirmoutier en 1873, et son épouse Madeleine Damour, née à Noirmoutier en 1875. Elle s’établie à La Villès-Martin où elle décéda le 22 juillet 1930. Ses parents, son second époux et elle reposent dans la même tombe que Narcisse.

     

    [Ajout du 6 octobre 2021]

    Le monument funéraire Narcisse Pelletier a été été sauvé par l'Association Internationale de Amis de Narcisse Pelletier, via son antenne nazairienne au cours du mois de septembre 2021. Ce monument a été béni le 28 septembre 2021 en présence des maires de Saint Gilles Croix de Vie et de Saint-Nazaire, qui ont épandu sur la sépulture, avec les personnes présentes, du sable de la dune de La Garenne, où Narcisse jouait enfant.

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    [Fin ajout 6 octobre 2021]

     

    [1] Bulletins et Mémoires de la Société d'Anthropologie de Paris, année 1880.

    [2] Elle était fille de Marc-Séraphin Mabileau, (Saint-Père-en-Retz 7 octobre 1819 - Saint-Nazaire le 31 décembre 1879) et de sa seconde épouse Rose-Francoise Yver, (La Chapelle-Launay 4 octobre 1823 – Saint-Nazaire le 21 novembre 1902). Tous deux partagent la tombe de Narcisse.

    [3] Dépendant du village de La Tranchée, le moulin du Ménaudoux fut construit durant le règne de Louis-Philippe, en bordure du Grand-Marais, au niveau de la rue Claude Perrault, (la rue du Ménaudoux désigne le chemin qui y conduisait). Le nom de Ménaudoux est la déformation du nom breton « Maez an Aodou », qui signifie « domaine de la côte ». Avant la construction du moulin, il n’y avait rien si nom un espace agricole clos de murs. Contrairement à ce qui a été souvent écrit, le moulin et la maison du meunier existaient toujours avant l'occupation allemande.

  • Nom d’un lieu !

    Depuis plusieurs années je vois passer sur les réseaux sociaux la révolte de Nazairiens face au re-baptême de certains quartiers et aires avec des noms qui n’ont rien à voir avec le nom historique de ces lieudits. Sans devenir gardien de l'onomastique et du terroir, je comprends ces Nazairiens, et moi-même je reprends les gens quand ils nomment « La Havane », le quartier du Sable.

     

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    Carte IGN de la Rade de Saint-Nazaire,

    on y voit que la plage du Centre-ville est en réalité les plages des Petit et Grand Traict.

     

    Renommer un lieu n’est pas un phénomène nouveau à Saint-Nazaire, les humains changent le nom des lieux où ils vivent depuis toujours. Quand vous faite l’acquisition d’une maison et qu’elle affiche sur son fronton « Villa Marcelle », nom donné par le constructeur en 1930, vous aurez probablement envie de supprimer ce prénom démodé au profit de celui de votre petite dernière, où lui donner un cachet littéraire ou baroudeur exotique en la renommant Manderley ou Tombouctou, ou de la bretonniser en Ker Marcelle. Certes, cela ne concernera que votre maison, mais qui sait si dans cinquante ans le nouveau nom que vous lui aurez donné ne devienne un jour celui de la résidence ou du parking que l’on bâtira à l’emplacement de vos hortensias ? C’est ce qui est arrivé avec la propriété Kerfaouet à la Villès-Martin, ou celle Du Bout du Monde, villa ainsi baptisée parce que la route s’arrêtait soudainement là, devant la prairie de la ferme de La Noé de Kerlédé, et qu’à l’époque la zone se trouvait loin hors de la ville.

    Au demeurant, vous aurez beau donner un nom joli à votre propriété, si vous y avez installé votre entreprise, le nom de celle-ci finira par éclipser le nom de votre maison, car il n’y a pas que les propriétaires qui changent les noms des lieux, il y a aussi la population locale. Kerbrun est ainsi le nom d’une guignette qui existait entre 1860 et 1914, tout comme Le Petit Caporal celui d’un cabaret fondé en 1852, et de nos jour Leclerc pour L’Etoile du Matin.

     

    Remontons le temps : Qui sait encore ou se situent à Saint-Nazaire La Girauderie, La Cavarderie, Le Bois Guimard, La Menée-Mayet, La Tranchée et La Pasquelais ? Ces noms ont disparu des cartes pour certains depuis plusieurs siècles. La Girauderie est le « vrai » nom de Toutes Aides, c’est en ce lieu que le père Jan Mothais, sieur de La Girauderie, vicaire et régent de Saint-Nazaire[1], fit édifier en 1659 la chapelle Notre Dame de Toutes Aides, dont le nom fini par supplanter celui du fief.

    De la même façon, La Cavarderie est le nom véritable de l’Immaculée. La paroisse de l’Immaculée fondée durant le Second-Empire à peu à peu donné son nom au village et à ses abords.

    Le Bois Guimard a été remplacé par le quartier de Plaisance en 1923, il se trouve tout entier sous la rue Gabriel Fauré.

    La Menée-Mayet, était un village constitué autour de la place où se trouve les halls de Méan-Penhoët. Au demeurant, le nom de Méan-Penhouët, est une appellation de conciliation choisie par les habitants du quartier. Ce qui est le quartier de Penhoët, correspond au site du moulin de Penhoët, le village de Penhoët ayant disparu avec le creusement du bassin et la création des chantiers. Nombre de gens se considèrent méannais ou penhoëtois selon le côté des halls où ils habitent, dans certains cas, cette notion d'appartenance dépend si la famille qui est du lieu depuis des siècles, (dans ce cas ils se disent méannais), où implantée pour travailler aux chantiers de Penhoët, (et donc se considèrent penhoëtois). Mais la réalité en terme de section déterminée au moment de l'urbanisation au 19ème siècle est que Penhoët se trouve entre le bassin et la Voie Américaine.

     

    La Tranchée est un village disparu à la reconstruction sous le stade et la parking de la Cité scolaire. Ajoutons que durant la première-guerre-mondiale, à l'emplacement des HLM qui font face à ce parking, se trouvait un cimetière militaire, vidé de ses tombes en 1924, mais réouvert en 1940 pour y inhumer les corps des victime de l'attaque du RSM Lancastria, puis des bombardements. Ce cimetière fut à nouveau vidé de ses tombes et loti à la Reconstruction.

     

    Quant à La Pasquelais, c’est le nom de la seigneurie sur laquelle se trouvait le manoir de Kerlédé, qui finit par devenir celui de la seigneurie et celui du village à proximité et disparu dès le 16ème siècle.

    Le nom de Port-Charlotte n’apparait que vers 1721, auparavant c’est la plage des Rochelles, nom qui a été repoussé à l’intérieur des terres autour du calvaire. Dans son cas ce sont les ouvriers en charge de la construction du phare, lui-même nommé Aiguillon en l’honneur du duc d’Aiguillon qui ordonna la construction. La tradition dit que Port-Charlotte serait aussi un hommage au duc dont la mère se prénommait Charlotte, mais rien ne le confirme, et il est possible que le nom vienne du prénom d’une jolie femme vivant à proximité et que les ouvriers du chantier regardaient avec désire…

    Il y a aussi les noms donnés à des lieux qui n’en avaient pas spécifiquement mais qu’on identifiait grâce à une particularité du paysage, comme La Chataigneraie à Kerlédé, qui désigne initialement le bois de châtaigniers qui appartenait au seigneur local ; il y eu aussi Les Trois Ormeaux dont les vieux Nazairiens désignaient encore dans les années 1980/90 le croisement des boulevards de La Renaissance et Victor Hugo, parce que à la fin du 19ème siècle, et jusque dans les années 1930, il y avait à cet emplacement un croisement avec un bouquet de trois gros ormes qui surplombait un paysage fait de prairies.

     

    Les noms ne sont pas non plus fixes en matière d’orthographe et de phonétique. Les déformations onomastiques sont courantes : Virechat est la contraction de La Virée Richard ; La Belle-Hautière celui de La Belliotière, nom d’une métairie appartenant la famille Belliotte ; Porcé a lui subit plusieurs changements, passant du nom de Port-Séguran, à la contraction de « Port-Sé » dans le langage courant, puis Porcé sur la carte de Cassini, parce que les cartographes du Roi, avaient eu ordre de Louis XIV d’indiquer aussi les lieux de batailles anciens. Jules César ayant, dans ses mémoires, raconté qu’il avait trouvé refuge avec ses galères dans une baie située entre les estuaires de la Loire et de La Vilaine, le commis de Cassini en charge du relevé local en déduit que Porsé était la contraction de Portus Cesare ! Jusqu’en 1918, date à laquelle on décida en France de fixer définitivement l’orthographe des noms de lieux, par suite de la confusion constatée entre les relevés d’état-major et la réalité sur les lieux de batailles de la Grande-guerre[2], Port-Séguran se trouve orthographié Port-Cé, Porsay, Porcé suivant les relevés, et si Porcé est aujourd’hui l’orthographe d’usage, la Marine le désigne encore comme Port-Cé. Le nom de Porcé a par ailleurs débordé sur toute la zone alentour, alors qu’il ne désigne en réalité que la crique ; le Château des Charmilles en a pris le nom après 1908 quand le Docteur Raffegeau en fit l’acquisition, et aujourd’hui c’est le nom de toute la zone faisant bordure au chemin de Porcé, qui initialement n’était que celui du chemin y menant. Dans ce même secteur de Porcé il y a souvent une confusion entre Bonne-Anse, nom de la baie, et La Rougeole qui est celui de l’ilot rocheux qui y fait face ; ce nom de Rougeole était aussi celui donné à la vigne aujourd’hui disparue, dont il ne reste que le vendangeoir, adorable demeure située au 17 du chemin de Porcé. Le terrain de La Villa Nelly, nom donné en hommage à sa fille aînée par le commanditaire, était quant à lui un vignoble nommé Le clos du Plessis, car fief attaché à la seigneurie du Plessis-Giffard.

    Je l’ai écrit en préambule, entendre « quartier de La Havane » au lieu de quartier du Sable, me fait grincer des dents. Le quartier a été construit sur le domaine du manoir du Sable, un ancien fief noble, dont le manoir du 15ème siècle encore existant, quoique très dénaturé, est la plus ancienne maison de Saint-Nazaire. Quand la propriété fut lotie au 19ème siècle sous la forme d’une société privée, et jusqu’à une date récente, il était uniquement Le Sable. Mais dans la volonté de renommé tout en effaçant le passé, la municipalité Batteux a choisi de renommer le lieu d’après l’une de ses rues, pour faire plus exotique. « C’est plus vendeur », répète en boucle l’office du Tourisme qui veut associer dans l’imaginaire du touriste les façades belles-époques des maisons bien entretenues avec celles décrépies de la capitale de la dictature cubaine.  Le Grand-Traict et Le Petit Traict qui sont les noms de ce que la Mairie nomme « plage du Centre-ville », Le Grand-Traict a été associé en 2000 à la plage Des Gabourelles, parce que là aussi c’est plus vendeur… comme la plage de Saint-Marc a été renommée plage de Monsieur Hulot, hommage au film qu’on y tourna, même si peu de gens ont un jour vu ce film, certes mythique, mais réservé à des cinéphiles. D’ailleurs qui se souvient que dans l’espoir d’en faire une station balnéaire on avait renommé déjà la zone au 19ème siècle ? La plage de Monsieur Hulot était encore il y a peu la Plage du Gorille, en raison d’un rocher à qui l’on trouvait une ressemblance avec l’animal. L’érosion a eu la peau du gorille, comme elle a décapité le lion du Rocher du Lion aussi baptisé au 19ème, sous prétexte d’une forme rappelant la silhouette animale. Saint-Marc ne se nomme en réalité pas Saint-Marc, c’est Le Crépelé qui a pris pour être plus vendeur celui du saint patron de sa chapelle, et l’on restera surpris d’apprendre que l’un des rochers à proximité avait été nommé un temps pour des raisons inconnues « duc de Luxembourg ».

    Il y a aussi celui du Petit-Maroc employé depuis le milieu du 20ème siècle en remplacement de celui de Vieux-Saint-Nazaire, dont il a déjà et donné l'historique et expliqué l'origine, ( http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2018/07/22/le-petit-maroc-histoire-d-un-nom-6067779.html )

     

    Dans la série c’est plus vendeur, le nom Océanis, très 1990’, à la place du poétique Étoile du Matin ; Cité Beauregard, créé en 1972, devenue Village Beauregard, au lieudit Brantu, nom d’une métairie. Beauregard est uniquement le nom du manoir qui se trouve plus loin.

    Il y a aussi le phénomène « arrêt de bus » : Trélan, quartier situé entre la rade et le Parc paysagé, est peu à peu désigné uniquement « Montesquiou », du nom de l’arrêt de bus qui s’y trouve. Volonté de gommer l’identité bretonne, disent certain, méconnaissance des lieux par des employés municipaux qui ne sont pas nazairiens d’origine, ignorance des élus trop occupés à faire carrière qu’à connaitre le territoire qu’ils administrent, répliquent les autres. On sent surtout la paraisse de lire le cadastre et l’impossibilité très nazairienne de faire une remarque pertinente au sein de l’administrions municipale où la moindre parole peu tourner au mélodrame ou bien en pluie d’insultes.

    Le nom des artères principales finit donc tôt ou tard par changer celui du quartier, mais les noms des rues sont eux-mêmes éphémères, le décès d’un élu, ou un jumelage, suffisent à ce que votre adresse change sans que vous ayez déménagé. Les maires de Saint-Nazaire aiment en effet commémorer la mémoire de leur prédécesseur décédés, ou en voie de l’être, même quand ils furent de sinistre incompétents (René Guillouzo) ou pratiquant le détournement de fonds et le pot-de-vin (Fernand Gasnier), tout cela dans l’espoir qu’on ne les oublia pas aussi après être retourné dans le néant, mais le manque de création de nouvelles voies fait qu’on accole depuis les noms des anciens élus à des bâtiments municipaux, même si cela peut sembler incohérent, à l’exemple de la Médiathèque, attendu qu’Etienne Caux n’était pas un homme de lettre, ou pour la piscine dont on se demande devant les comptoirs si monsieur Batteux a été champion de natation, alors que le nazairien Henri Duvanel le fut et participa au sein de l’Équipe de France de water-polo masculin lors des Jeux olympiques d'été de 1920 ; et j’en vois, moqueurs, qui se pousse du coude en se demandant si celle dont tous disent qu’elle sera la prochaine mairesse osera donner le nom de l’un de ses prédécesseurs à un foyer pour femmes.

    Les Nazairiens pourraient espérer que l’on accorda le nom de célébrités locales des nouvelles voies, mais ce n’est plus dans la politique municipale depuis 40 ans, même si une place Fernand Guériff, au bord de l’étang du Bois Joalland en 2017, (place introuvable sur Googlemap car non bordée d’habitation). En fait depuis que la rue Jean d’Ust, (héroïque défenseur de la ville de Saint-Nazaire et de l’estuaire face à une intrusion de l’armada castillane, compagnon de guerre de Du Guesclin, et chambellan du duc Jean IV), est devenue l’Avenue de La République, les personnalités locales sont ignorées ou chassées. On a écarté le nom de l’ethnologue nazairienne Odette du Puigaudeau pour celui d’un établissement scolaire ; le pauvre Henri Gauthier, militant politique et syndicaliste local à qui la ville doit sa Bourse du travail, c’est vu confondre par les services municipaux sur sa plaque avec un homonyme ingénieur au 18ème siècle. Ce n’est pas la seule plaque fautée à Saint-Nazaire, il y a quelques perles dans les quartiers périphériques de l’agglomération, et l’on se souviendra que de 1995 à 2007 la plaque de l’avenue Léon Blum portait la mention « écrivain », activité dont on ne peut dire qu’elle fut la plus marquante de sa vie !  Que dire aussi du fait que l'on ait retiré sa particule au comte de Villebois-Mareuil, réduit à un George Villebois-Mareuil, si l'ont ne demande pas à la municipalité de nommer les gens par leurs titres nobiliaires, les décapités de  leur de est cavalier. Dans le même genre d'absurdités on peut aussi souligner le fait d'avoir inscrit sur la plaque " Place des Quatre z'Horloges ", grand morceau de bêtise crasse sortie du chapeau de la municipalité Batteux, et qui ne repose sur rien, les nazairiens n'ont jamais écrit ou prononcé le nom de la place ainsi, nous ne sommes pas des ignares et nous causons un français correcte, et vous en trouverez aucune mention ancienne de la place, dont le vrai nom est d'ailleurs Place Carno, après avoir été Place de Nantes. mais monsieur Batteux, qui n'a jamais su quoique ce soit de l'histoire locale, pas plus qu'il n'a un jour fait l'effort de s'intéresser aux habitants qu'il a gouverné comme un seigneur ses serfs et a réussi à faire croire à ses fidèle que la ville était née avec lui et qu'avant lui il n'y avait rien, si non un vague port, nous a pondu un matin sur le tracé de l'ancienne rue du Prieuré, une rue de la Petite Californie, appellation insultante due à un scribouillard du 19ème dans un guide de voyage en train, et qui n'a jamais été une désignation dans la presse de notre ville. On peut aussi se faire plus acide en soulignant que René Guy Cadou, poète qui a sa rue à Saint-Nazaire sous prétexte qu’il y vécu, n’a habité en réalité la ville qu’entre ses 7 et 9 ans, et qu’il a toujours témoigné d’une détestation frisant la haine de Saint-Nazaire. Ne cherchez donc pas René-Yves Creston, Alfred Caravanniez, ou encore Georges et André Bellec, ces deux frères personnalités du cabaret et de la chanson française, oubliés pour nouveau le théâtre, attendu qu’on a préféré, dans un moment d’émoi très politique et mal venu, à la suite d’un graffiti parisien condamnable qui n’avait hélas rien de nouveau, lui donner celui de madame Simone Veil, qui n’a jamais eu aucun lien avec les arts, et dont la fin de la carrière politique, ainsi que les dernières positions en matière de droits civiques laissent un goût amère à ceux qui pourtant l’avaient applaudi à l’Assemblée et lever les yeux aux ciel ceux qui l’ont eu pour voisine, (nul n’est dans la vie ce qu’il est devant les caméras). Oublié aussi Gabriel Brohan, Alice Carissan, et tant d'autres Nazairiens qui pourtant mériteraient qu'on leur fasse une rue.

     

    Parfois des changements de nom faits il a un siècle continuent d’interloquer, à l’exemple du Boulevard de l’Océan devenu Wilson et Albert 1er, dont il est difficilement imaginable après tout ce temps de mesurer la portée symbolique du choix et l’aura qu’avaient après la Première-guerre-mondiale ces deux chefs d’état totalement oubliés depuis par les Français. Il est possible qu’un jour on change les plaques au profit d’autres individus, tout comme rien ne nous laisse présager la pérennité de celles à la gloire du Général de Gaulle, qui pourraient disparaître un jour pour redevenir rue de Villès-Martin ou prendre le nom d’un autre individu, au prétexte que plus personne ne se souviendra de lui, et que, s’il restera toujours associé à la Résistance durant la Second-guerre-mondiale et au fait que la France ne fut pas mise dans le camps des états vaincu par les Alliés, la prochaine guerre le rendra bien insignifiant, où simplement le travail des historiens qui commencent à dénoncer que De Gaulle est aussi l’homme qui laissa s’instaurer la guerre en Algérie par son refus de faire des Français ceux que l’administration désignait comme «  indigènes », et aussi celui dont la démission de la fonction présidentielle fut ressentie comme un soulagement par un pays qui s’était révolté en mai 68 devant sa politique autocratique.

     

    On m’a écrit pour me demander mon avis sur la volonté d’habitant de la rue Robespierre d’en changer le nom. J’ai du mal à percevoir en quoi mon avis aurait de l’importance en la matière, mais cette interrogation a le mérite de me pousser à réfléchir quant au bien-fondé de donner à une rue le nom d’une personnalité. La Rue Robespierre est celle où se trouve le collège Jean Moulin. Il y a peu de commune qui ont une rue Robespierre, attendu que l’homme est coupable d’une dictature meurtrière, n’en déplaise à ceux qui le défendent aveuglément en répétant leur catéchisme politique. Les villes ayant une rue Robespierre la doivent à des élus communistes qu’il fallait flatter, ceux-ci ayant cru à tord que l'Incorruptible aurait été pour la redistribution des propriétés, ou l'abolition de la propriété, ce qui est totalement faux ; à Paris, qui n’est pourtant pas mesquine en matière d’attribution de nom au moindre lampadaire pour satisfaire tous les clivages politiques, il n’y a pas de rue Robespierre, le nom étant associé à trop de crimes. Mais si l’on doit rebaptiser un jour la rue Robespierre, outre l’interrogation sur le choix du nom de remplacement, on devra forcement s’interroger sur le bien-fondé du choix de nom d’autres rues, et par exemple la rue du Général Sarrail, l’un de ces militaires de la grande guerre tellement incapable qu’on l’avait limogé en 1915. Sarrail ne put continuer sa carrière que grâce à ses amitiés avec des membres du Parti Socialiste qui l’expédièrent auprès des Britanniques en Grèce où ses compétences font encore débat. Mis en retraite, Herriot après sa victoire aux élections de 1924 lui offrit le poste de haut-commissaire de la République française en Syrie et Au Liban ou il se mit à dos les communautés chrétiens et provoqua la révolte des Druzes qu’il massacra et fit pendre sans jugement. A son arrivé à Beyrouth il avait fait pendre aussi tous les prisonniers sans distinction dans la cour de la prison. Autant vous dire que si vous prononcé son nom en Grèce ou au Moyen-Orient, il est préférable que vous sachiez courir. Gag très nazairien on a donné son nom à une rue qui longe la voie ferrée, alors que les états-majors disaient « avec Sarrail ça déraille ! ». C'est d'autant plus domageable, que le général Marquet, héros du Grand Liban, qui avait sa résidence à Saint-Nazaire et qui y est inhumé, n'a pas de rue à son nom. Bref le héros des uns n’est pas celui des autres, et l’histoire finit toujours par révéler des dessous pas très nets, car nul n’est parfait, tout autant que l’opinion change suivant les périodes, surtout à notre époque qui se veut manichéenne et bien-pensante.

     

    Sachez enfin que si une mairie veut donner votre nom à une rue ou un bâtiment de votre vivant, vous pouvez refuser, ou lui demander de l’argent. Un maire avait ainsi contacté l’actrice Denise Grey en 1990 pour lui annoncer son intention de donner son nom à un foyer pour personnes âgées. L’actrice, presque centenaire, lui avait demander la somme de 50.000 fr. en échange. Le Maire trouva un autre nom pour sa maison de retraite municipale. Vous ne pourrez cependant pas vous opposer à ce qu’on nomme du nom de votre père ou de votre grand-père une rue, mais vous pourrez toujours déposer un recours si le nom est donné à celui de la station d’épuration ou à la déchetterie en argumentant que c’est déshonorant.

     

     

     

    [1] Régent signifie maître des petites écoles.

    [2] Cela concernant aussi l’orthographe des patronymes.

  • Le Petit Caporal

    Le nom de « Le Petit Caporal », que porte l’un des quartiers de Saint-Nazaire, provient d’un cabaret nommé « Au Petit Caporal », qui se situait à l’emplacement du jardin situé entre la rue Léon Bourgeois et l’avenue des Sports, plus exactement le jardin de la maison du 108 avenue des Sports. Cet établissement fut fondé en 1852 à la proclamation du Second Empire, par un ancien soldat de Napoléon 1er, au croisement de chemin communaux, faisant face au gué de l’Ecumière, ruisseau aujourd’hui sous la chaussée, qui se déverse sur la plage de Sautron[1]. Construite en briques, sous un toit de tuiles, ce fut très longtemps la seule maison à cet endroit. Au-dessus de la porte était suspendu une peinture sur panneau de bois figurant Bonaparte en uniforme, la main dans la veste. C’était un établissement misérable qui avait pour clients les paysans du secteur et les routiers qui faisaient la route entre Saint-Nazaire et Guérande. Il bénéficia par la suite de sa situation hors de la barrière d’octroi de la ville, ce qui le fit devenir une guinguette à la mode, avant que Kerbrun et Mon Idée s’ouvrent et deviennent plus attractifs par leur emplacement et leurs installations de balançoires et de jeux, et que la ville grandissante ne s’étende jusqu’à lui. Le commerce ferma avant la première-guerre-mondiale. Le bâtiment fut reconverti en habitation. Mise en location durant l’entre-deux-guerres, elle fut ravagée par un incendie où périt le résident, un homme âgé sourd et perclus. On remplaça rapidement les ruines par une maison neuve qui ne survécu pas aux bombardements. Le nom de l’établissement, comme celui de la guinguette Kerbrun, est devenu celui du lieu, et par extension celui du bar qui se trouve de l’autre côté du croisement.

     

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    Le cabaret Au Petit Caporal, dessin de Charles Belvair

    paru dans le Courrier de Saint-Nazaire le 2 octobre 1942.

     

    [1] Lire à son propos : http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2019/03/06/et-le-crocodile-de-sautron-fit-s-echouer-les-navires-sur-le-6133822.html

  • George Unsworth, héros et inventeur

    George Unsworth, son nom ne dit plus rien aux Nazairiens, sauf peut-être à ceux qui sont membres des Goélands, et qui ont entendu dire que ce monsieur avait fondé leur club. Pourtant, George Unsworth fut une célébrité nationale, et une figure incontournable de Saint-Nazaire durant l’entre-deux-guerres.

    - C’était la maison du major qui inventa un drôle de canot à moteur.

    C’est ainsi qu’on me désignait enfant l’une des demeures de la rue de La Havane, au 14, une maison jumelle à l’architecture simple, où dans la cour anglaise qui la sépare de la voie, poussent deux palmiers qui encadrent la fenêtre du salon. Le major, c’était le capitaine de transatlantique George Unsworth, qu’on désignait sous son titre nazairien de pilote-major du port.

    Les vieux Nazairiens qui l’avaient connu me le décrivaient tous à l’identique, le profil en bec d'aigle, les cheveux mi-longs dans sa tenue de capitaine d’avant la Grande-guerre, un peu passée, la chemise et la cravate nouée en lavallière impeccables, incarnation de l’une de ces gravures victoriennes qui représentent des cavaliers. Sa silhouette était si particulière, que tout le monde dans la Presqu’île le reconnaissait de loin, ce que ne manquaient pas de souligner les journaux quand ils parlaient de lui.

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    George Unsworth en mai 1931, (Ouest Eclair)

     

    Dans un article du 18 février 1910 paru dans « L’Auto », Paul-Adrien Schaye, qui l’avait déjà rencontré en 1898, écrivit :

    « Ceux qui peuvent le connaître le retrouvent tel qu’il était, à l’époque, car sa physionomie singulière est de celles qui ne bougent pas. C’était déjà un grand garçon mince, à la figure hâlée, aux joues creuses et dont les yeux avaient cette couleur extraordinaire qui éclaire un visage et le rend inquiétant : des yeux d’une singulière clarté et d’une fixité si précise, que lorsqu’ils vous regardent on se sent pour ainsi dire vrillé. »

    Mes arrière-grands-parents m’en parlèrent plusieurs fois, m’en faisant la même description physique. Bonne-maman ajoutait qu’il avait des manières exquises, et me précisait, elle qui était à moitié argentine et totalement anglophile, que le major était né britannique à Buenos Aires, qu’elle aimât se promener à cheval avec lui sur les allées cavalières du remblai ou dans la campagne, à discuter avec lui en anglais ou en espagnol, langue qu’il ponctuait de quelques expressions portègnes, en roulant les R comme au pays. Il avait aussi cette habitude de venir lui baiser la main, en se courbant telle un roseau, dès qu’il la croisait, y compris dans la rue, ce qui était d’une rare audace, car on ne baise pas une main en dehors d’un salon ou d’une cérémonie, allant jusqu’à le faire sans qu’elle eût retiré ses gants, ce qui était encore plus audacieux, cela même par la portière de la voiture dans laquelle elle était assise, et en soulignant son regard cristallin d’un petit sourire coquin, car, Bonne-maman le savait, en Argentine on ne baise pas la main des dames, mais uniquement celle de sa femme ou de sa maîtresse.

     

    George Unsworth était né à Buenos Aires le 27 septembre 1862, cinquième des sept enfants de George Unsworth, né en 1830 à Lancaster, et d’Elizabeth Travis, née à Lancaster en 1832[1]. Les Unsworth s’étaient établis en Argentine vers 1851/52[2], ils y vécurent modestement, George père était maréchal-ferrant, mais on le trouve dans les papiers français de son fils aussi désigné comme vétérinaire ; en fait à l’époque son activité faisait qu’il soignait les petites maladies des chevaux, et pratiquait la castration, d’où une assimilation au métier de vétérinaire alors peu développer en Argentine. George père se fit aussi éleveur de moutons en 1863 ou 64, obligeant la famille à déménager à 30 km du centre Buenos Aires, Estrella del Norte, dans le partido de San Isidro. Il y décéda en 1868, obligeant son épouse à  vendre la ferme et à regagner Buenos Aires avec leurs enfants, où ils vécurent très modestement. George avait 6 ans au décès de son père, sa mère lui procura une solide éducation malgré la pauvreté de leur situation. Il se montra cependant doué pour les études, le dessin, les mathématiques, et les langues qu’il commença à apprendre en furetant sur le port, dont les activités le passionnaient. Très intelligent, mais à l’univers réduit par sa condition d’orphelin de père à la précarité financière, malgré les efforts de sa mère et de ses aînés obligés de travailler dès leurs 15 ans, George fit le choix de la marine, et se surpassa pour apprendre seul le français, langue alors internationale. Devenu un petit prodige, il s’engagea dans la marchande, et gravit rapidement les échelons par sa rigueur et sa volonté qui impressionnaient ses supérieurs. Entré au service de la Compagnie Générale Transatlantique, il emménagea au Havre, et obtint le 21 avril 1888 la nationalité française. Le 26 novembre 1888, il fut nommé par brevet capitaine au long cours. Le 17 février 1896, alors 3ème lieutenant du paquebot Bourgogne[3] qui faisait naviguait sur la ligne Le Havre - New York, il s’illustra dans le sauvetage des passagers de paquebot l’Ailsa, de l’Atlas Line, que La Bourgogne avait percuté et coula. Il fut pour cet acte décoré de la médaille d’argent 2ème classe de sauvetage le 1er janvier 1897. Il fut alors déplacé sur La Champagne. Le 18 février 1898, vers 17 h, l’arbre de couche de l’hélice de La Champagne se brisa et bloqua les machines, alors que le navire avait quitté 5 jours auparavant le Havre, et filait à 17 nœuds par une mer déchaînée. L’arrêt brutal des machines provoqua une secousse qui fit tomber plusieurs passagers debout ou assis sur des chaises. Le paquebot se trouva à la dérive loin de la ligne de navigation, mais arriva à jeter l’ancre à 40 brasses de profondeur, sur les bancs de Terre-Neuve, par 45° 27’ de latitude nord, et 51° 52’ de longitude ouest. On tenta de réparer, mais un brouillard épais rendant la visibilité impossible. Incapable de communiquer, feux de détresse allumés, sonnant sans discontinuer la cloche d’alerte, canon armés, mais ne voyant aucun autre navire passer, le 18 février, le commandant désigna George Unsworth, alors 3ème officier, avec grade de lieutenant, parce qu’il était célibataire et le plus jeune officier, pour commander une chaloupe et 9 hommes, pour partir à la recherche de secours, avec des provisions pour 10 jours, sous les acclamations des passagers. La chaloupe fut mise à l’eau à midi. Au bout de six jours, trempé par le brouillard et les embruns que le froid avait transformé en glace, certains eurent les pieds et les mains gelés, et tous étaient au bord de l’hyperthermie et épuisés au pont qu’il fallût les soulever un à un, quand ils furent récupérés par le vapeur néerlandais Rotterdam, qui avait aperçu au large leurs fusées de détresse. Le premier matelot débarqué s’effondra sur le pont, si bien que l’espace d’un instant, l’équipage du Rotterdam se demanda s’il n’était pas ivre. La glace avait rendu cassante la fibre de leurs vêtements, et il fallut couper au couteau leurs bottes pour les retirer. Comme le veut l’usage, Unsworth fut le dernier à débarquer de la chaloupe. Unsworth dit au commandant du Rotterdam :

    - Nous ne sommes pas des naufrages, nous sommes des hommes qui viennent d’accomplir une mission.

    Il exposa sa mission, et demanda à comparer le point qu’il avait calculé avec celui du Rotterdam. Ils furent conduits à New York où la ville s’empressa de les féliciter, car on croyait La Champagne perdue jusqu'à ce qu'on les découvre dans leur canot. On proposa à Unsworth de mettre les boutons d’or de de sa veste de lieutenant en loterie, ce qu’il refusa, tout comme il refusa les sommes que lui proposèrent les journaux pour une interview exclusive. Il accorda une conférence de presse dans un salon de la Compagnie Générale Transatlantique, au sortir de laquelle un journaliste lui proposa 100 dollars pour des éléments supplémentaires, ce qu’il refusa encore.

    Le 28 février, la Compagnie Générale Transatlantique que les secours étaient arrivés, que tout allait bien, que l’on transbordait les 600 passagers, et que les hommes de la chaloupe allaient survivre, bien que pour l’instant, seuls Unsworth et le quartier maître Camard, qui se relayaient à la barre, pendant que les huit autres hommes s’alternaient à la rame, avaient suffisamment de force pour se lever de leur couchette. Unsworth se forçait à ne pas afficher une mine éprouvée devant ses hommes et l’équipage du Rotterdam, même s’il était visible qu’il était à bout de force. Le Massepequa qui faisait la route de New York à Amsterdam, et deux remorqueurs partis d’Halifax furent dépêchés au secours de La Champagne. De retour au Havre en avril, George Unsworth reçu de la Chambre de commerce de cette ville un chronomètre en or, une médaille d’or[4], et fut fait chevalier de la Légion d’Honneur par décret du 29 avril 1898. Le 22 mai 1899, il reçut aussi le prix Henri Durant, d’un montant de 4.000 fr.

    La Transatlantique lui donna le commandement du Ville d’Alger qui faisait la ligne Marseille-Alger. C’est à Marseille qu’il épousa Antonine Germain, née à Parie le 20 décembre 1880, (fille illégitime du peintre Théophile-François-Henri Poilpot, (1848-1915), et de Marguerite Germain, (1855-1899), couturière), dont George eut une fille, Jeanne[5], née en 1900. On lui donna alors le commandement du Versailles, paquebot de la ligne Saint Nazaire-Colon. Il s’établit avec sa famille en notre ville au 14 rue de La Havane. Le couple divorça le 21 novembre 1901 ; Antonine partit vivre avec leur fille à Paris[7].

    Le commandement du Versailles ne fut pas de tout repos. Parti, le 9 décembre 1906 de Saint-Nazaire, avec à son bord des émigrants se rendant à Panama pour travailler à la construction du canal, à l’escale de Carthagène, ceux-ci voulurent descendre à terre, mais les autorités colombiennes s’y opposèrent. Le capitaine des douanes qui venait de monter à bord se trouva alors pris aux mains des passagers mécontents. Les soldats colombiens se mirent à tirer sur le navire, tuant l’un des émigrants, et blessants plusieurs autres. Unsworth ordonna de rompre les amarres et de faire machine arrière, pendant que les colombiens continuaient à nourrir le feu. Les autorités colombiennes exigèrent que le Versailles revienne dans le port pour saluer le Pavillon colombien en signe d’excuse. Mais à bord se trouvait le nouveau ministre de France à Lima, Pierre Merlou, (1849-1909), homme politique, ancien ministre des Finances, qu’on expédiait au Pérou pour s’en débarrasser, après que sa maîtresse, la comédienne Jeanne-Marie Dallemagne, qu’il avait ruinée en vivant à ses crochés, et avait abandonné parce qu’elle était atteinte d’un cancer incurable, lui avait tiré dessus quelques mois auparavant[6], qui fit en sorte de calmer le Gouvernement colombien. Le journaliste Paul Matheix, avait commenté dans l’article qu’il avait consacré à cette affaire, dans La Presse du 26 janvier 1907, avoir connu Unsworth à bord du Ville d’Alger en 1898, quand il s’apprêtait à en prendre le commandement, et ne pas avoir été surpris du sang froid qu’il avait fait preuve à Carthagène. L’ayant interviewé à propos des événements de La Champagne, Paul Matheix commenta en 1907 que Unsworth lui avait fait son récit simplement, comme gêné d'avoir à parler de lui, et ajouta :

    - Il m'a suffi de lire son nom, au sujet des incidents de Carthagène, pour le revoir, flegmatique et un peu triste, debout près de la coupée, l’œil perdu au loin, avec ce regard des marins, qui, machinalement, tout en causant, scrutent sans cesse l'horizon, comme si, pour eux, il était toujours charge de menaces. Et je n'ai pas été surpris qu'il se fût habilement tiré d'une fâcheuse aventure ; les fusils braqués sur lui par les soldats colombiens n'étaient pas faits pour l’émouvoir ; il est de ces hommes dont les pires dangers ne peuvent que grandir l’imperturbable sang-froid.

     

    On lui attribua alors le commandement du paquebot Guadeloupe en avril 1908, attaché au port du Havre. Rapidement retourné à Saint-Nazaire pour être affecté au port comme pilote-major, il fut décoré de la Médaille d’honneur de la Marine marchande le 9 janvier 1919, et fut nommé représentant suppléant de la capitainerie de Saint-Nazaire, et fut vice-président du Syndicat des capitaines au long cours de Saint-Nazaire.

     

    Issue d’un milieu modeste, George Unsworth, était un self-made-man à une époque ou l’ascension sociale était encore possible et encouragée, et où il était convenu de se former aux codes et usages du milieu où l’on était amené à entrer, ce qui lui fit par exemple devenir un excellent escrimeur, au point de devenir vice-président de la Société d’escrime de Saint-Nazaire jusqu'à sa mort, et fréquenter la haute société locale, d’être membre du Groupe artistique[8] où il exposait ses peintures, mais il ne perdit jamais de vue ses origines, et proférait des idées socialistes et syndicales, s’inquiétant de l’inégalité dans la société du 20ème siècle, idées qu’il développa durant ses travaux maçonniques à la Loge du Trait d’Union[9]. Il participa à différentes revues maritimes, nautiques et de natations, sous le pseudonyme de Geo, publia à Saint-Nazaire en 1907 et 1910 deux « Étude des Transports maritime », publiés par le Comité France- Amérique, et en 1921 « Vers la république humaine, Démocratie financière », aux Éditions de l’Imprimerie Ouvrière, republié en 1924 sous le seul titre de « Vers la république humaine ». Il fonda en 1924 les Goélands nazairiens[10], association encore existante, qui était à l’origine une société d’entraînement à la natation, water-polo, canotage et autres sports nautiques et maritimes, et qui prodigua surtout dans le port de Saint-Nazaire les premiers cours de natations à plusieurs générations de Nazairiens.

    George entama une liaison avec Angèle Armande Noury, (Saint-Nazaire 10 février 1898 - 1973), dont il eut en premier lieu une fille née avant mariage à Saint-Nazaire le 22 avril 1920 , Marie-Eugenie-Alexandrine, déclarée sous le seul nom de sa mère, décédée le 22 octobre 2017 à Balz-sur-mer, mariée le 5 septembre 1942, avec Francis André, (Pont Château 11 mars 1910 - Saint Nazaire 7 septembre 1992) ; et deux autres enfants déclarés sous le patronyme de leur père : Lucien-Georges, (Saint-Nazaire 14 avril 1923 - 8 novembre 1987 Montereau-Fault-Yonne),  qui épousa le 18 février 1947, à Montereau, Jacqueline-Alix Beaudoin ; et Renée-Denise, (Saint-Nazaire 1er décembre 1924 - 12 décembre 2009 Grasses), mariée  Nantes, le 9 août 1950 avec Paul-Marie Beaulande, entrepreneur. Les enfants furent légitimés par le mariage de leurs parents, contracté le 1er mars 1933 à Saint-Nazaire.

    Il fut fait officier de l’ordre du mérite maritime le 15 août 1930, et élu président d’honneur à l’unanimité des Hospitaliers sauveteurs bretons dont il avait été président de la section nazairienne jusqu'à sa démission en 1922.

    Le 14 avril 1931, de 9 h à 18 h, il fit sur la plage du Grand-Traict, à proximité du monument du Débarquement, les premiers essais d’un type de canot en contreplaqué qu’il avait mis au point. Ce canot était de 180 kg, 10 m de long sur 0,75 m de large, et 0,50 m de haut, ne calant qu’à 10 cm, à sept compartiments étanches, et démontable en trois tronçons. Il était doté d’un moteur à deux temps de 4 HP avec hélice réversible de 27 cm de diamètre, pouvant assurer une vitesse de 8 nœuds, pour une consommation de 4 l d’essence. Il comportait en plus des coussins et une tente pour permettre deux couchages, et devait permettre d’accoster n’importe quelle plage pour y camper. L’invention fut présentée au Salon nautique de Paris du 30 octobre 1931.

    Durant 18 mois Unsworth poursuivit ses tests par tous les temps, en compagnie de messieurs Simonneau et Porcher, et le baptisa « Motorskaf ». L’engin ressemblait à deux barques encastrées.

     

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    Le Motorskaf, (Ouest Éclair du 14 octobre 1932).

     

     

    George Unsworth prit sa retraite de ses fonctions de pilote-major du port en 1932.

     

    Alors qu’il s’apprêtait à lancer la fabrication industrielle du Motorskaf, George Unsworth décéda d’une crise cardiaque le 17 août 1934, et son invention fut oubliée, pourtant, il s'en fallu de peu qu'on en eu des traces détaillées. En effet, la veuve de George fut contactée en septembre 1934 par un demoiselle Belle, directrice de l'institut Pelman, qui affirma avoir traité verbalement, quelques jours avant le décès de celui-ci en août, pour l’impression de 5.000 catalogues de 16 pages avec cliches et dessins, relatif au motoskraf, pour la somme de 3.722 fr. La veuve trouva le prix exagéré, et demanda des preuves écrite de la commande. Il ne fut fourni qu'une lettre un peu vague dans le sujet. L'affaire passa devant le tribunal, qui jugea, le 18 novembre 1935, qu'il n'y avait aucun justificatifs fourni concernant un contrat d'impression. Les catalogues furent détruits, et le motoskraf perdu des mémoires.

     

    George Unsworth repose avec les siens au cimetière de La Briandais.

     

    [1] 1° Mary-Anne, née à Buenos Aires le 23 octobre 1852, baptisée le 26 décembre 1852 à St John's Church de Buenos Aires ;

    2° Margaret, née à Buenos Aires le 21 décembre 1854, baptisée le 25 février 1855 à St John's Church, épouse de John Matthew Ronald, d’où postérité ;

    3° Richard-Anderton, né à Buenos Aires le 18 décembre 1856, baptisé le 15 janvier 1857 à la Methodist Episcopal Church de Buenos Aires, époux de Maria C…, d’où postérité

    4° Thomas, né à Buenos Aires le 22 février 1859, baptisé à St John's le 28 avril 1861, décédé à Buenos Aires le 15 mai 1930, Argentina ; marié 1° Annie Macfarlane, (née à Arrochar en Ecosse) ; 2° le 24 juin 1880 à Buenos Aires Johanna Macfarlane, née à Arrochar 6 juillet 1861, décédée à Buenos Aires le 7 août 1899, sœur de la précédente ; d’où postérité des deux lits ;

    5° George ;

    6° William-Henry, né à Estrella del Norte, (partido de San Isidro), le 10 février 1865, baptisé à 29 août 1865 à St John's Church de Buenos Aires ;

    7° John, né à Buenos Aires le 16 mai 1867, baptisé à St John's Church le 27 avril 1869, après le décès son père.

     

    [2] Leurs noms ne figurent pas sur la liste des arrivants par bateau, il est fort probable qu’ils soient d’abord passés par l’Uruguay avant de traverser La Plata et faire souche à Buenos Aires. George père avait un frère, William-Henry, qui s’était établi à New York.

    [3] La Bourgogne, coula le 2 juillet 1898, après être entré en collision avec un autre navire. Dans le chos les canots de sauvetage furent détruits, 500 personnes périrent.

    [4] Camard reçut une médaille de vermeille et une montre en argent.

    [5] En épousa en 1940, à Annemasse, Henri Adrien François Mieville, membre fondateur du parti ouvrier et populaire, emprisonné pour activité politique illicite. Conseiller communal de Vevey, (législatif, 1946-1964, conseiller national, (1947-1950). Mieville était lié d'amitié avec Le Corbusier, Romain Rolland, Charles Ferdinand Ramuz, et bien d'autres. Il fut décoré  de la Médaille de la Résistance française. D’où postérité. Elle publia en 1942, sous son nom de jeune-fille, " Les Mérivan et autres contes d'armor ", aux Editions de la Baconnière. Elle divorça en 1945, et décéda à Toulon en 1981.

    [6] Le nom Merlou en devient alors une insulte à la mode pour désigner un homme vivant au crocher d’une femme.

    [7] Établie 11 rue Dufrénoy, elle demanda en avril 1909 à ajouter à son patronymique celui de Poilpot.

    [8] http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2018/07/30/le-groupe-artistique-de-saint-nazaire-et-le-groupe-de-indepe-6069504.html

    [9] http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2019/03/02/les-loge-et-temples-maconniques-de-saint-nazaire-6132902.html

    [10] Association déclarée le 8 octobre 1924 au Journal Officiel avec parution le 16 octobre 1924, sur bureau constitué lors de l’Assemblée générale du 23 mars 1924. – Pour plus de détails, voyez l’excellent article de monsieur Michel Mahé : https://michelcmahe.com/2018/04/01/les-goelands-nazairiens-la-naissance-de-la-societe/

  • Le registre de correspondance départ de 1815-1820 retrouvé

    Le 11 janvier 2019, les Archives de Saint-Nazaire informèrent qu’un registre contenant la correspondance au départ de la ville de Saint-Nazaire entre le 5 septembre 1815 et le 31 mai 1820, leur avait été remis par les Archives départementales de Loire-Atlantique, qui l’ont reçu de la famille de l’homme qui l’avait ramassé dans les décombres de l’Hôtel de Ville détruit durant les bombardements, et conservé par lui depuis.

     

    Qu’apporte aux Nazairiens ce cahier dont seulement 42 feuillets sur les 125 qui le composent sont manuscrites ? Beaucoup et peu à la fois. S’il est effectivement très cours, et ne contient que des résumés d’échanges administratifs presque exclusivement avec le sous-préfet de Savenay à propos de la gestion ordinaire de la ville, (j’insiste sur le mot ville, car il est employé par l’administration, et parce que je l’ai répété plusieurs fois, Saint-Nazaire à statut de ville depuis le 14ème siècle), ce registre nous procure à la fois la confirmation d’élément qui nous étaient connus par la publication de l’Histoire de la ville de Saint-Nazaire par Henri Moret, nous les détails, et nous en apporte des complémentaires.

    Le problème essentiel quand on raconte l’histoire nazairienne, et j'y suis confronté en permanence pour la rédaction de ce blog, c’est la nature lacunaire et éparpillée des sources. J’ai retrouvé nombre d’éléments en passant par les manuscrits de la BNF, des Archives nationales, Archives départementales, archives privées de Nazairiens, ou de descendant de Nazairiens, celles archives de quotidiens, et enfin des publications anciennes à compte d’auteur et d’éditeur de livres et de revues qui regroupent des témoignages d’époque où font état de la consultation d’archives aujourd’hui perdues. Parmi ces publications à compte d’éditeur, la plus complète demeure l’Histoire de la ville de Saint-Nazaire par Henri Moret, ancien secrétaire général de marie en charge des archivistes de la Ville, qui avait pu consulter et étudier durant des années, les archives municipales d’avant les bombardements, mais aussi d’avant l’incendie criminel du 14 février 1895 qui avait pour but de faire disparaître les malversations de la municipalité Gasnier, et dans lequel Henri Moret manqua de trouver la mort en voulant en sauver les documents les plus anciens.

    Le travail d’Henri Moret est à la limite de l’excellence, même si, comme tous ceux qui rédigent une monographie monumentale, il a fait des choix en écartant des éléments qui lui semblèrent anodins ou anecdotiques, et que, ne se concentrant que sur le contenu des archives municipales, il est passé à côté de sources extérieures, omettant des points intéressants pouvant aider à la compréhension de ce qu’il avait trouvé, et ceux malgré une mise en abyme dans l’histoire de la Bretagne de celle de Saint-Nazaire. Maître Galibourg, qui était jaloux du travail de Moret, et qui ne publia jamais rien d’autre que quelques notices, n’étant jamais parvenu à faire un livre de ses connaissances, avait raillé Moret dans la dernière interview qu’il accorda en 1930 à Ouest Éclair, disant qu’il avait omis l’incendie de l’église en 1371, (élément écarté par Moret car sourcé uniquement aux Archives vaticanes, mais publiée depuis 1903 par les pères G. de Lesquen et Guillaume Mollat, chapelains de Saint-Louis-des-Français à Rome, avaient consulté pour la rédaction de leur livre « Mesures fiscales exercées en Bretagne par les Papes d'Avignon à l'époque du Grand Schisme d'Occident ») ; qu’il n’avait pas parlé de la Conspiration de Pontcallec, qui avait impliqué un nombre important de Nazairiens, et dont les interrogatoires des suspects de la Presqu’île guérandaise c’étaient tenus essentiellement à Saint-Nazaire, (documents à la Bibliothèque de l'Arsenal). Galibourg avait enfoncé le clou en parlant d’Hector Berlioz qui avait séjourné à la fin de sa vie deux fois dans l’un des immeubles que Galibourg possédait rue de Villès-Martin, car son fils, Louis Berlioz, naviguait pour le compte de la Compagnie générale transatlantique. Mais, ce clou est planté dans le vide, car Hector Berlioz quand il séjourna à Saint-Nazaire, n’était plus que l’ombre de lui-même, il ne composait plus depuis des années, ne dirigeait plus d’orchestre ; ses biographes retracent les cinq dernières années de sa vie en trois pages, car il n’y a rien à raconter. On pourrait même ajouter que si Moret avait parler des séjours de Berlioz, il aurait été aussi obligé de parler de ceux Camille Saint-Saëns au Grand-Hôtel, venu pour rendre visite à un cousin, et qui s’amusait à faire des tours de chevaux de bois sur le manège Guilleux, et enfin de faire le tour de tous les registres des hôtels pour avoir quelles personnalités avaient séjourné à titre privé à Saint-Nazaire ! Moret était archiviste, pas détective.

    Henri Moret demeure la seule source fiable concernant l’histoire de Saint-Nazaire, et tous ceux qui sont venus après lui, n’ont fait que se baser sur ses travaux et les ont complétés parfois, déformés souvent. Faute d’archives encore existantes ou accessibles, on se contente de le mentionner comme source unique. Or, avec la réapparition d’un registre comme celui remis en janvier 2019 aux Archives de Saint-Nazaire, on peut vérifier et compléter la source Moret. J’écris « vérifier et compléter », et non pas « corriger », car mes observations m’ont à l’heure actuelle prouvé que Moret ne déforme jamais la vérité, mais comme je l’ai écrit plus haut, il lui est arrivé dans son travail d’omettre des éléments qui peuvent avoir pour nous aujourd’hui de l’importance. Or, à la lecture du registre retrouvé, je me suis aperçu que Henri Moret avait écarté ledit registre, passant ainsi à côté d’éléments qui n’avaient pas laissés de trace dans les autres registres et liasses qu’il avait consultés.

     

    Ce que le registre retrouvé nous apprend en particulier :

     

    Où l’on apprend qu’il manque un maire dans la liste officielle des maires de Saint-Nazaire :

    À la chute de Napoléon en 1815, l’intérim de la fonction de maire n’est pas, comme Moret l’a écrit, assurée par Jean-Pierre Mahé, notaire, le premier adjoint du maire Guillaume Durand démis et parti avec les sceaux communaux aux armes impériales et que l’on dut aller rechercher chez lui pour les envoyer en préfecture le 14 mars 1816, jusqu’à la nomination Julien-Maurice Tahier de Kervaret[1], mais en réalité il y avait eu désignation d’un maire provisoire par le Préfet avec Mahé pour adjoint. En effet, c’est Nicolas Delange, un normand établit à Saint-Nazaire vers 1806 comme marchand, qui fut désigné, à titre provisoire, par Arrêt du 24 août 1815, reçu en mairie le 29. Celui-ci refusa dans une lettre du 5 septembre 1815, et qui constitue la première retranscription du cahier, prétextant ses affaires, et proposa Julien-Maurice Tahier de Kervaret, en argumentant qu’il était espéré à la fonction par les habitants, et  quoiqu’en voyage à Lorient, il s’était déclaré favorable à devenir mairie. Celui-ci devant être secondé par Honoré Dumont, le receveur des douanes de la commune, ancien conseiller municipal, lui aussi normand, natif de Coutances dans la Manche, et marié à une Nazairienne.

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    Retranscription de lettre de Delange au Sous-Préfet dans le registre

     

    Le registre nous informe que Delange assura cependant l’intérim, et ne laissa la place de maire à Tahier de Kervaret qu'à son retour le 13 septembre 1815, date à laquelle Dumond fut nommé officiellement 1er adjoint par Arrêt du préfet en remplacement de Pierre Mahé. Un second Arrêt en date du 20 septembre nomma Delange second adjoint. Le 15 juin 1816, Dumont donna sa démission, le Maire demande son remplacement par le percepteur des contributions et syndic des gens de mer de Saint-Nazaire, Henry Bernard de La Peccaudière Turmelière, (Nantes 1788 – Cayenne 1832).

     

    Les Prussiens stationnant à Saint-Nazaire :

    Henri Moret cite la présence de 200 Brandebourgeois stationnés à Saint-Nazaire, sans plus de détail, et mentionne qu’à Saint-Etienne-de-Monluc les soldats donne des coups avec le plat de leur sabre aux habitants qui n’exécutent pas les ordres. Or, le registre nous informe que ce n’étaient pas des Brandebourgeois, mais des Prussiens-orientaux, de la 4ème compagnie du 1er bataillon du 2ème régiment d’infanterie Landwher de la Prusse-Orientale, commandée par le baron von Schauroth. Le terme Landwher désigne en vocabulaire miliaire allemand un type de milice permanente coordonnée par l’armée ; celle qui fut cantonnée à Saint-Nazaire du 12 septembre au 22 septembre 1815 avait été formée à la suite du décret du roi de Prusse du 17 mars 1813. Elle se distinguait par des uniformes à veste bleue, pantalon blanc, bretelles jaunes, et couvre-chef noir. L’arrivée de cette troupe avait été annoncée dès la première semaine de septembre. Le Sous-Préfet avait convoqué le 9 septembre des commerçants nazairiens pour conclure des marchés pour la subsistance des soldats des troupes Alliées qui venaient rétablir l’ordre en replaçant Louis XVIII sur son trône et réprimer les derniers Bonapartistes. Se rendirent à Savenay : Jean Benoiton, (1782-1865), le boulanger qui vivait dans la Grand-Rue ; Honoré Tartoué, (1774-1854), le boucher qui devaient fournir les vivres (il est le grand-père de monseigneur Laborde, et l'arrière-grand-père de l'écrivain Marc Hélys) ; et Touplain, le loueur de chevaux qui devait en fournir huit de remplacement pour les officiers qui accompagnaient la troupe et les charrettes de matériel. Le marchand de vin, François-Nicolas Lancelot, (natif de Rezé mais marié à une Nazairienne), était alors en voyage à Nantes. Le maire provisoire, Delange, demanda au préfet d’avance de l’argent aux marchands nazairiens, et que les Prussiens soient répartis sur les communes de Saint-Nazaire, de Montoire et de Donges, ce qui lui fut refusé. Le 10 septembre Delange informa la population, par placards et crieur, qu’il fallait qu’elle se prépare à loger les militaires et qu’il fallait leur faire bon accueil, « de même je me persuade qu’ils se comporteront en véritables alliés ». Il n’y eut pas d’incident entre les Prussiens et les Nazairiens, à leur départ le 22 septembre 1815, le maire, Tahier de Kervaret, leur délivra un certificat de bonne conduite qui disait qu’ils s'etaient « très bien comportés et emport[aient] l’estime des habitants ». Il y avait cependant eu une rumeur à Paimboeuf où l’on affirma que les Prussiens stationnés à Saint-Nazaire avaient empêché les marchands venus du sud du département de venir vendre leurs bêtes et produits à la foire de Saint-Nazaire, ce qui fut démenti par le Maire de Saint-Nazaire par une lettre datée du 13 septembre 1815. Le 18 septembre le Préfet informât du départ du régiment prussien le 22, et de son remplacement le même jour par une troupe de 100 hommes dont il fallait assurer les frais. La municipalité avait charge d’avancer les sommes pour l’entretien ordinaire du régiment prussien, qui coûtaient avec leurs huit chevaux, 400 fr par jour, mais les caisses étaient vides, le maire argumentant qu’il avait déjà dépensé pour 3.600 fr et que le major de Cambon, qui avait été chargé par le Préfet d’assurer le ravitaillement, n’avait rien délivré. Donges et Montoire, qui avaient été obligés aussi de participer aux frais, n’avaient pourvu qu’à hauteur de 700 ou 800 fr de fournitures. La dette nazairienne était au 18 septembre de 2.800 fr. La Préfecture ne voulant pas avancer les sommes, il fut répondu le 21 septembre au maire de Saint-Nazaire de procéder à une augmentation de 50 centimes par franc la contribution foncière. Tahier de Kervaret informa que c’était impossible, la commune était trop pauvre. Elle avait un arriéré de 12.000 fr et ne pouvait pas donner les 15.000 fr espérés par la Préfecture, car elle ne savait pas comment elle va payer sa dette présente, (le gouvernement royal n’avait d’ailleurs pas remboursé les 96 fr des six tonneaux de froment fourni le 19 juillet 1815 sur réquisition du comte de Coislin commande de l’Armée royale, pour un détachement de cavalerie demeuré trois jours à Saint-Nazaire). Les récoltes avaient été mauvaises, le grain n’avait même pas rendu une quantité égale à ce qui avait été semé, (le 9 novembre 1817, les récoltes étaient encore déclarées insuffisantes). Guérande, qui était aussi endettée, avait fait procéder à un recouvrement de la dette qui avait manqué de tourner à l’émeute. Tahier de Kervaret répondit auprès du Sous-préfet : « Je ne répondrais pas qu’une semblable chose n’aboutit à les aigrir et à soulever la masse de la population, car quand on demande au peuple des sacrifices au-dessus de ses forces on peut s’attendre à le voir se révolter contre ce qui cause son malheur. »

    Le 22 septembre le régiment prussien parti de Saint-Nazaire alla stationner deux jours à Montoire, dont le maire demanda à celui de Saint-Nazaire 60 bouteilles d’eau de vie et 2 barriques de vin. La réponse de Tahier de Kervaret fut lapidaire.

    La nouvelle troupe de 100 Prussiens arrivée le 22 septembre repartie le 24. La ville respira, mais ce fut très compliqué pour le Conseil de récupérer l’argent avancé. La préfecture demanda que le maire de Saint-Nazaire fournisse le détail de ses dépenses, ainsi que celles de Montoir et Donges, dont les deux maires ne se montrèrent pas très coopératifs pour fournir leurs factures détaillées et justifiées.

    Tahier de Kervaret commença par faire rembourser sa mairie en revendant les denrées acquises et non consommées durant une vente publique. Sur le grain requestionné à Donges et Saint-Nazaire il restait 10 setiers moins un quarteraux, c’est à dire 10 hectolitres moins 12 litres environ, qui furent acquis par Benoiston le boulanger, à 34 fr l’hectolitre, et donc payer 336 fr. Sur le vin fourni par Donges et Montoir et qu’il fallut payer à prix d’argent, il restait 300 l, vendu publiquement et adjugé aux sieurs Feralle et Goyon, aubergistes à Saint-Nazaire, pour 84 fr. L’excédent de pommes-de-terre fut vendu à différents personne pour 10 fr 50 c, et on tira 4 fr du fumier et la paille. La Mairie avait 1194 fr 99 c en caisse. Seul le tabac ne fut pas revendu, car il était un dépôt des entrepôts de Savenay : 60 kg avaient été fournis ; 17 kg furent consommés pour 108 fr et 80 c. On renvoya les restes avec la somme correspondant à la quantité consommée.

    Ce furent au total 6.338 fr et 65 centimes qui furent dépensés par Saint-Nazaire, Montoir et Donges : 2.918 fr 50 Pour Saint-Nazaire ; 746 fr 55 par Donges ; 2.673 fr 60 par Montoir. La facture fut adressée au préfet le 26 octobre les trois communes avaient demandé le recouvrement optionnel des impôts fonciers et avait obtenu 3678 fr 99. Il restait une ardoise de 760 fr 49 et les caisses étaient vident[2] ; le remboursement des sommes pour les troupes prussiennes était encore réclamé par le Maire au Préfet le 29 juillet 1818 !

    Cette habitude de la Préfecture de faire avancer aux communes les frais de bouche se retrouve aussi quand le 22 avril 1816, le lieutenant de gendarmerie de Massabiau, résident à Savenay, informa le maire de Saint-Nazaire qu’il escorterait le Préfet se rendant à Guérande, et que passant par la commune, il faudrait le nourrir avec les chevaux. Le Maire réclama à le 17 mai les 17 fr avancés à pour le règlement de l’aubergiste.

     

     3° Création de la Gendarmerie et la Prison de Saint-Nazaire :

     

    Saint-Nazaire dépendait des gendarmeries de Guérande et de Savenay. La sécurité quotidienne sur le territoire communale était assurée par les gardes champêtres qui s’occupaient essentiellement de tuer les corbeaux s’attaquant aux récoltes, et de confisquer les fusils aux chasseurs qui n’avaient pas de permis, (l’un d’entre eux, confisqué à Denis Hervé, de La Ville Bertho, après lui avoir été rendu par le nouveau Maire, dut être à nouveau confisqué le 2 décembre 1815 car il en menaçait ses voisins) ; au 15 novembre 1815 ceux-ci n’avaient pas été payés depuis le troisième trimestre de l’année et la Municipalité réclama des subsistes à la Préfecture. Or, depuis la seconde abdication de Napoléon, la situation politique était tendue. Beaucoup de gens qui s’étaient ralliés à l’Empereur durant les Cents Jours avaient tout intérêt à quitter le pays pour échapper aux tribunaux. La Haute-Police demanda le 27 septembre 1815 aux douanes de Saint-Nazaire d’arrêter un « personnage important, voyageant sous le nom de Bertrand, qui veut embarquer pour l’Amérique ». Ordre fut d’arrêter systématiquement toute personne désireuse de s’embarquer pour l’Amérique. Cet ordre justifia la requête de l'établissement à Saint-Nazaire de 4 gendarmes à pied et d’un brigadier, avec pour argumentation qu’il fallait surveiller les gens qui étaient sur les bateaux ancrés dans la rade et l’estuaire plusieurs jours avant de partir en mer, que le canton avait besoin d’une police, et que parce que situe entre Guérande et Savenay une caserne  à Saint-Nazaire ferait le relais. Les tentions politiques étaient telles, ou du moins les peurs du Gouvernement de résurgences de complots bonapartistes de la part des militaires qui demandaient congé, et plus encore les déserteurs.  À Saint-Nazaire, 14 militaires demandèrent leur congé le 25 octobre 1815. Paul Martin, un déserteur du 2ème Régiment d’artillerie de Marine, fut conduit par deux gendarmes de Nantes devant l’adjoint Honoré Dumont, (le maire étant absent), le 7 novembre 1815, afin de retrouver son acte de naissance dans les registres. On ne l’y trouva pas. Paul Martin affirmait avoir quitter la ville à l’âge de 4 ans pour Orléans, mais aucun habitant n’avait souvenir de sa famille, il était probable qu’il soit en réalité natif d’une autre commune autour de Saint-Nazaire, mais cela ne put être déterminé avant de le conduire devant le procureur du Roi à Savenay le lendemain. Il en profita pour renouveler la demande d’une gendarmerie. La seule réponse de la Préfecture fut une enquête sur l’éventuelle présence de bonapartistes sur la commune, que le vagabond Martin aurait voulu rencontrer. Julien-Maurice Tahier de Kervaret obtempéra, mais on imagine son embarra, car son neveu, Jacques-François Tahier, syndic des gens de mer à Saint-Nazaire et maître de port, chevalier de la Légion d'Honneur, ne cachait pas son attachement pour Napoléon, (il fut d’ailleurs médaillé de Sainte-Hélène durant le Second Empire). Nombre d’anciens militaires nazairiens partageaient son opinion, mais Julien-Maurice Tahier de Kervaret assura, après enquête auprès des chefs de section municipale, dans une lettre à la préfecture le 23 novembre l’attachement des Nazairiens au Gouvernement royal. La Préfecture demanda qu’on fit le dénombrement des fusils possédés par les habitants, ce qui fut fait le 25 décembre 1815. Le 16 janvier 1816, il fut ordonné par le Préfet d’arrêter de toute personne n’ayant pas de passeport qui voyageait sur la commune. Un homme dont le passeport sembla vieux et suspect en fit les frais le 13 février. Le 5 mai 1816, Pierre Germevois, du 6ème régiment d’artillerie, fut arrête le 24 avril 1816, par la gendarmerie en possession d’une permission illimité et fut placé en détention à la prison à Paimboeuf. Il était natif de Saint-André-des-Eaux, mais son père habitait depuis longtemps Saint-Nazaire, où il était laboureur. Le Maire de Saint-Nazaire intervint en sa faveur auprès du Procureur de Paimboeuf en le déclarant « parfait honnête homme, passible et tranquille et dans de bons principes ». Il fut relâché. Le 10 juillet 1816, redemanda l’établissement d’une gendarmerie à Saint-Nazaire, argumentant que le port était le point d’embarquement et de débarquement entre Nantes, le pays de Retz, et le nord de la Bretagne, et la nécessité de garantir la paix des habitants face aux débordement des marins ivres. la Préfecture donna son accord à la condition de trouver un logement pouvant faire caserne. Tahier de Kervaret proposa à la location, pour 225 fr l’an, comme future caserne, l’ancien presbytère de la Chapelle du Grand-Cimetière, (Notre-Dame d’Espérance[3]), appartenant à la paroisse. La maison comportait cinq chambres avec cheminée, deux cabinets, trois greniers, deux caves, un magasin pour le chauffage, une petite buanderie et un petit poulailler, des latrines, deux cours, un petit jardin. Pour écurie et magasin de fourrage et la chapelle désaffectée en question, appartenant à la Commune, pour la transformer en écurie et magasin, à un loyer annuel de 150 fr. La Préfecture retint uniquement la maison, et fit le choix d’y monter une écurie dans l’une des cours.

    Les gendarmes s’installèrent le 19 septembre 1816 dans leur caserne, au nombre de deux, ils furent adjoints par trois autres et un brigadier.

    Une prison, d’une seule cellule, fut créée à la même date dans la caserne, ce qui entraîna la nomination de François Bidard comme gardien, (et pour qui on mit six mois pour demander au Préfet combien il fallait le payer[4] !), et l’établissement d’un contrat avec Jean Benoitons pour fournir la nourriture aux prisonniers. On y enferma à la moindre personne arrêtée. Le 29 août 1817, Laurent Lematelot, pilote de Belle-Île, qui était en sa qualité à bord du Jefferson, un bâtiment anglais, fit couler par une erreur de manœuvre une chaloupe de pilote de Saint-Nazaire. Les pilotes n’eurent que le temps de sauter à bord du navire anglais. Le syndic maritime, Dubochet, dressa un procès-verbal. On demanda au commissaire de marine du Croisic quoi faire de Laurent Lematelot. Il renvoya l’affaire le 22 juillet devant le commissaire de Nantes, et Lematelot fut maintenu en prison, c’est le seul prisonnier qui resta plus de 24 h à de la prison de Saint-Nazaire sur les 66 qui y furent incarcérées entre septembre 1816 et novembre 1817. La première femme à y avoir été incarcérée le fut le 25 juin 1818. Son nom n’est pas mentionné, mais l’on sait qu’un certificat médical fut délivré stipulant qu’elle ne pouvait se rendre devant le procureur de Savenay qu’à cheval.

     

    4 Naufrage et sauvetages, les pilotes :

    Henri Moret mentionne sans plus d’exactitude que l’an 1820, le naufrage du Charles et le sauvetage de son équipage par les pilotes de Saint-Nazaire, pour qui le Maire demanda au Sous-préfet une récompense. Le registre restitué nous donne la date du 5 janvier 1820. Le brick nantais Le Charles, dont le capitaine se nommait Mandré, de l’Ile d'Yeu, sortie le matin de la Loire, fut échoué sur les Charpentiers par son pilote dès les 11 h 30, et chavira vers midi. Louis Ollivier, pilote lamaneur se trouvant en vigie à Chef-Moulin, débarqua immédiatement sa chaloupe et avec Mathieu Haspot, pilote, Yves Durand, aspirant pilote, René Loiseau, mousse, et malgré le grand vent et la mer agité, ils sauvèrent l’équipage. Le 12 janvier suivant, vers midi par Louis Prin, Toussaint Chaperon, pilotes de rivière demeurant à Basse-Indre, Mathieu Blanchard, pilote, et Joseph Bertho, marins, demeurant à Saint-Nazaire, ayant aperçu au milieu de la Loire vis-à-vis de Saint-Nazaire un chaland à la dérive au milieu des glaces. Au moyen de la barge du premier, ils partirent au secours d’un enfant de 11 ans qui depuis deux jours dérivait sans nourriture. Le maire demanda récompense aussi pour eux pour s’être exposés au danger.

     

    Les intérêts des Pilotes étaient importants pour la Mairie de Saint-Nazaire. En février 1817 il fut question des barges non patentées qui faisaient concurrence au batelier et pilotes, problème pour lequel le Maire demanda l’intervention du Préfet.

     

    5 Enquêtes à propos des institutrices non agréées :

     

    L’enseignement était une préoccupation de l’État, non par désir d’instruire, mais par désir de contrôler. Il était projeté d’instaurer l’enseignement mutuel dans l’ensemble du Royaume. En août 1819, la Préfecture demanda s’il y avait des institutrices à Saint-Nazaire prodiguant l’enseignement sans autorisation, il fut répondu non, mais il courut en janvier 1819 une rumeur qu’il y en avait. Le maire dut démentir, et expliquer que ces « institutrices » n’étaient qu’une quinzaine de femmes charitables qui enseignaient le catéchisme et dont la majorité savait à peine lire, le faisaient cela gratuitement, et qu’il avait semblé ridicule d’en informer le Préfet. C’est ce que nous apprend le registre, mais Henri Moret écrit qu’en novembre 1820 le Conseil déclara conserver le statu quo ante entre l’enseignement officiel, et les « institutrices », ce qui laisse deviner que l’affaire n’était en réalité pas si simple et que la réponse de Tahier de Kervaret au préfet en janvier 1819 n’était probablement pas très honnête.

     

    6 Les paludiers et porteuses de sel :

     

    Le registre fait état à la date du 7 septembre 1819 du rôle des paludier et porteuses de sel de Saint-Nazaire[5]  avec nom et famille. C’est particulièrement intéressant, car cela nous permet de connaître plus exactement les paludiers de Saint-Nazaire, qui encore aujourd'hui sont très mal connus. 

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    Les paludiers, (cliquer pour agrandir)

     

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    Les porteuses de sel, (cliquer pour agrandir)

     

     

    7 Legs, bureau de bienfaisance, santé publique, âge de la population et conscription :

    Le registre informe que chaque année en février, il était pratiquée la vaccination contre la petite-vérole. Il informe aussi du passage le 9 octobre 1816 de l’ingénieur Cruci venu à Saint-Nazaire pour chercher où établir un lazaret pour les équipages et bâtiments qui seraient mis en quarantaine avec un lieu de stockage des marchandises. Il jeta ses vues sur la chapelle Notre Dame d’Espérance. Le Maire s’insurgea auprès du Préfet en argumentant que le projet pouvait compromettre la santé de la ville, car les maisons étaient à 70 ou 80 pas, et séparée uniquement par un petit mur.

    Le 16 février 1816 la veuve Bernard, (née Marie-Anne Gennevois[6]) légua à la Commune différent biens pour les pauvres (d’un montant de 978 fr[7]), et le maire demanda l’autorisation d’accepter ce legs le 15 juin, l’autorisation ne fut accordée que le 13 août 1817 !

    Ce legs leva le désire de la Préfecture de connaitre le nombre d’indigents (chiffre non reporté dans le registre), et d’établir à Saint-Nazaire un bureau de bienfaisance. Le projet fit long feu, en juin 1818 les membres du bureau n’avaient toujours pas été désigné par la préfecture. Un second legs, en mai 1819, par la veuve Pégard, née Étiennette Bertho, fut fait à la Commune pour ses pauvres.

    En réponse à une enquête à propos de l’âge des hommes de Saint-Nazaire diligentée par la Préfecture le 26 août 1816, il fut répondu que le nombre d’hommes vivant dans la ville, âgés de 20 à 40 ans était de 50, et celui de ceux de 40 à 60 ans, de 300, (la population était sur l’ensemble de la commune de 3.204 âmes en 1821). Cette demande avait pour but de renseigner l’Armée pour des campagnes de recrutement, mais après les campagnes napoléoniennes, aucun Nazairien ne voulut entre dans l’armée volontairement. Le Bureau de bienfaisances malgré les relances pour nomination de ses responsables, retranscrites dans le registre, ne fut constitué qu’en 1825…

     

    Détail amusant, le 12 mai 1819 le Maire demanda au Préfet quelles sont les formalités à prendre concernant un sourd-muet ne sachant pas écrire, qui se fait comprendre de son entourage par des signes « dont d'autres ne pourraient entendre les sens ». Il interrogea le Préfet sur la possibilité de cet homme à avoir le droit à s’engager comme il le veut  avec une jeune fille « dans le mariage dont il ne peut concevoir les obligations », faisant ici allusion à l’audition de la lecture des articles de lois au moment de la cérémonie, et que le Marie ne savait comment lui faire comprendre.

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    8 Stabilisation des dunes :

    En novembre 1815, le maire de Saint-Nazaire demanda au Préfet qu’on établisse des concessions des dunes afin de les stabiliser par la plantation de vignes, argumentant qu’outre la protection que cela apporterait aux champs voisins, on pouvait espérer au bout de cinq années un très bon vin qui rapporterait en impôts fonciers. Le préfet ne daigna pas répondre. En novembre 1817 il fut adressé au Sous-Préfet la demande d’une concession faite par le meunier Orain, pour établir un moulin. Le lieu de construction n’est pas désigné, et il n’est pas indiqué s’il y eu une réponse, mais nos différentes recherches nous ont fait découvrir la réalisation de divers projets de ce type jusqu’en 1830 entre la Villès-Martin et Saint-Marc, qui n’aboutirent pas, et ne laissèrent que des bases de tour éparpillées et jamais mise en activité. Le Conseil municipal s’était pourtant intéressé à ce projet, comme il a porté de l’intérêt dans la concession des dunes d’Escoublac faite au comte de Sesmaisons par ordonnance royale du 26 août 1818. Le comte possédait plusieurs fermes et des centaines d’hectares à Saint-Nazaire, hérité des Le Pennec du Bois-Joalland[8]. Tahier de Kervaret ne sut pas défendre un seul projet pour la fixation des dunes, et ce ne fut que durant le Second-Empire que cela commença a être entrepris.

     

    9 Entretient des bâtiments et route, urbanisme :

     

    Le registre mentionne une lettre du Maire adressée au Préfet, le 19 janvier 1820, demanda l’envoi d’un ingénieur pour vérifier le clocher qui était en mauvais état et dont Julien-Maurice Tahier de Kervaret craignait qu’il ne tombe un jour de grand vent. C’est un détail intéressant, car il précise les connaissances que l’on avait à propos de l’ancienne église. Les échanges avec la Préfecture se font aussi à propos de l’entretien de la route qui va de Savenay à Guérande, dont le tracé correspond aux rues Henri Gautier et de Pornichet, et qui était la voie d’accès à la ville. Cette route est dite « impraticable dans son état » le 16 novembre 1815.

    Le 15 juin 1816 le Maire informe le Préfet du bon état des petits bâtiments dépendants des Batteries de la côte, à Chefmoulin, la Pointe de Lêve, et la Villez-Martin. De celui des « pistes » (chemins côtiers). On apprend dans cette lettre que les bâtiments devaient être tous murés, et que leur surveillance était assurée par le vétéran des Garde-côtes faisait le tour pour inspecter régulièrement.

     

    Julien-Maurice Tahier de Kervaret se trouva confronté en 1817 à un Nazairien ayant agrandit sa maison en empiétant sur la Rue-Neuve. Le contrevenant est désigné dans le registre sous l’identité « Hervé Beaulieu » ; il faut le comprendre comme un nom de famille et non comme un prénom et un nom de famille. En effet, ce monsieur Hervé-Beaulieu est le descendant du couple Jean-Baptiste Hervé de Beaulieu et Marie-Jeanne Dufrexou. Leur descendance, restée à Saint-Nazaire, mais ayant perdue particule à la Révolution, habitait une demeure héritée des Dufrexou dans la ville, rue Neuve, du côté terre, sur une parcelle qui relevait de l’autorité de la seigneurie d’Heinlex-Pommerais, (on les retrouve dans l’aveu de 1769).

    Tahier de Kervaret obligea Hervé-Beaulieu à faire abattre ce qu’il avait construit en sus à sa maison et qui avait pris sur la rue Neuve, « afin que rien en soi saillant sur la partie la plus étroite de la rue ». Hervé-Beaulieu se vengea en faisant jeter à la mer les fumiers appartenant au Fermier du curage et des boues de la ville, malgré l’interdit du Maire, qui en référa au Préfet le 2 juillet 1817.

     

    [1] Julien-Maurice Tahier, sieur de Kervaret, (La Roche-Bernard le 20 septembre 1749 – Saint-Nazaire 6 décembre 1832) ; fut nommé lieutenant de Frégate en 1778, puis de de Vaisseau 1786, et à nouveau en 1792, et le 18 Floréal'an II ; il partit à Philadelphie conduire un ambassadeur et toute sa suite, en l'an V (1796) comme commandant de la corvette « Mercury » et fut à son retour nommé capitaine de la station navale de Mindin ; nommé capitaine de Frégate en 1814, il fut mis en retraite le 1er novembre 1817. Il avait été nommé maire de Saint- Nazaire le 13 septembre 1815, et resta en place jusqu'en 1823, date à laquelle il démissionna en raison de son âge et de ses infirmités ; chevalier de Saint-Louis 1821 ; propriétaire du domaine du Parc à l'Eau (situé à l'emplacement des anciens frigos, une rue située plus loin porte le nom de ce domaine en souvenir) ; marié à Saint-Nazaire le 18 juillet 1799 à Françoise Thomas, d'où postérité. (Voir article : http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2012/06/29/le-maire-chouan-de-saint-nazaire.html )

    [2] Il faut ajouter que dans le cadre des indemnités de guerre napoléonienne réclamées à la France, Saint-Nazaire du contribuer à hauteur de 3.678 fr 99.

    [3] http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2019/02/04/ancien-chapelle-notre-dame-d-esperance.html

    [4] Lettre du 17 janvier 1817.

    [5] Les œillets se trouvaient à Pornichet, là où est aujourd’hui le centre-ville de cette commune.

    [6] D’après Henri Moret.

    [7] Henri Moret déjà cite.

    [8] http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2012/06/28/la-seigneurie-du-bois-joalland.html

  • L’Hippodrome de Saint-Nazaire

    Nombre de nouveaux venus s’étonnent de voir une « rue de l’Hippodrome », longeant l’arrière du quartier de la caserne de La Briandais, alors qu’il n’y a pas d’hippodrome à Saint-Nazaire.

    Les Nazairiens sont d’ailleurs bien souvent incapables de parler de ce lieu, car il a disparu durant la Reconstruction, qu’on en possède que de rares vues, que les archives de la Société hippique de Saint-Nazaire ont disparu, et que les familles qui y avaient leurs habitudes sont pour la plupart jamais revenues dans une ville dont l’identité a été bouleversée par la Reconstruction urbaine, autant que par une politique économique qui a voulu faire de Saint-Nazaire une cité uniquement à vocation industrielle, balayant à la fois les identités portuaire, de commerce international, intellectuelles et artistique, et la mixité sociale.

     

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    Dimanche de Courses à l’Hippodrome du Grand-Marais en 1903, (collection David Silvestre)

     

    Situons géographiquement cet hippodrome : il était au débouché de l’actuelle rue de l’Hippodrome, à l’emplacement du Parc paysagé, et occupait la prairie inondable du Grand-Marais, d’où son nom d’Hippodrome du Grand Marais. Précisons ici que le Grand-Marais, était trois fois plus grand que le Parc Paysagé, et rejoignait au nord de Sautron le Petit-Marais.

     

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    L’hippodrome sur un plan du Guide Michelin de 1926.

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    L’hippodrome sur une vue aérienne du 10 août 1932, (cliquer pour agrandir).

     

    L’Hippodrome de Saint-Nazaire n’était pas une structure pérenne comme l’est aujourd’hui celui de Pornichet. Il se constituait d’une prairie, était clôturé à lattis, au milieu des hautes herbes et des joncs. La piste herbeuse était délimitée par des piquets et des cordons, et mesurait à sa création 2.600 m. La tribune, concave, était en bois, dépourvue d’auvent, en bout de piste, et non sur le côté le plus long en raison de la nature du terrain et de son accessibilité par route. On payait un droit d’entrée pour venir assister aux courses et s’asseoir dans la tribune, ainsi que pour accéder à la buvette, mais le fait que les lattis étaient bas et disposés presque au bord de la piste, faisait que nombre de nazairiens et de marins venaient assister aux courses sans payer, en logeant les barrières. Cet hippodrome était cependant réputé pour être le mieux réalisé de la région. Les tribunes étaient démontées en fin de saison. La piste refaite à chaque nouvelle ouverture. La société de course ne possédait pas le terrain ; il appartenait à la famille Denier. Cette famille avait convenu avec les autres qui se partageaient les abords du marais  d'un règlement des prairies inondables, et des opérations d'entretien des rives, mais aussi qu'en cas de vente, celle-ci devait se faire à l'un des voisins. Cet accord fit que, quand la municipalité Vivian Lacour espéra acquérir le terrain de l'hippodrome pour pérenniser les installations, les autres propriétaires firent opposition.

     

    L’hippodrome du Grand-Marais fut constitué à la fondation de la Société Hippique de Saint-Nazaire, en 1864, que l’on devait à messieurs Jules Leroux, Pierre-François-René de Brégeot, (ancien conseiller général de la Loire-Inférieure), et Gandouard de Magny, qui avaient titre de commissaire. Le vétérinaire était monsieur Frangeul. Les autres membres étaient souscripteurs.

    C’était une petite société dont les courses étaient primitivement identiques à celles de Savenay fondée en 1863 : trot attelé et steeple-chase (type de saut d’obstacle). Herbert de Vigier de Mirabal, dans son « Manuel des courses. Dictionnaire du turf » écrivit en 1868 que les courses plates de Saint-Nazaire étaient « insignifiantes », et qu’il aurait été plus raisonnable de reverser sur les steeple-chases les petites sommes données pour les deux prix de la Société (gentlemen-riders[1] et steeple-chase), et le prix du département[2].

    Au 19ème siècle, les courses hippiques étaient le sport qui attirait le plus de spectateurs quelque soit la catégorie sociale, et était celui sur lequel on prenait le plus de paris, mais c’était aussi le sport des gens riches qui avaient le moyen de s’offrir un cheval de selle, (en 1880 cela coûtait 2.000 fr alors qu’un ouvrier gagnait 1.450 fr en un an), ou un cheval d’attelage avec un sulky. Les propriétaires de chevaux dans ces courses de province généralement montaient ou conduisaient eux-mêmes. Être bon cavalier, bon driver, était, pour l’ensemble de la société, le signe d’une éducation supérieure, autant que celui d’un accomplissement sportif. Ces compétitions regroupaient des amateurs et des éleveurs professionnels présentant des bêtes de moins de trois ans encore en dressage.

    Les courses de Saint-Nazaire n’avaient lieu qu’une fois l’an, le quatrième dimanche d’août. À leur inauguration en 1864, monsieur Vallée, sur Miss-Ariel, gagna le Prix de la Société, catégorie gentlemen-riders, dont le montant était de 500 fr ; monsieur Caillard gagna le prix de la Société, catégorie steeple-chase avec Biribi, dont le montant était de 1 ;500 fr ; et monsieur de La Haye-Jousselin, lieutenant au 1er hussard, arriva premier dans le Prix du Chemin de fer en montant lui-même Semper-Idem, dont le montant était de 500 fr.

    En 1868 fut instituée Prix de La Ville, steeple-chase, au montant de 1.500 Fr, qui fut remporté alors par Perinette, appartenant à monsieur Lourdais.

    Dès 1870 les courses de steeple-chase furent remplacées par des courses de trot attelé.

     

    En 1877 la Société Hippique de Saint-Nazaire annonça que ses deux courses auraient lieu le second dimanche d’août afin de ne plus être en concurrence avec les régates[3]. Cette annonce causa un grand émoi à Guérande dont la Société hippique, fondée en 1858, avait l’habitude depuis plusieurs décennies de faire concourir ce jour-là au plat. Guérande voulut faire changer Saint-Nazaire de date, mais les sociétaires ne voulurent rien entendre. Les courses de guérandaises étaient précédées d’un défilé de paludiers à cheval, et de gens en habit breton, c’était une grande fête populaire et touristique. La Société Hippique de Guérande finit par céder et ses courses de plat eurent lieu le premier dimanche d’août, « afin que les habitants des deux villes puissent assister aux deux réunions ».

    En 1880 la Société d'encouragement à l'élevage du cheval français offrit un prix pour le trot attelé d’un montant de 3.000 fr. Cela relança une institution qui était un peu moribonde. On vit dès lors de grands propriétaires faire concourir plusieurs de leurs chevaux par course : Le Gualès de Mézaubran, de La Jousselandière, Edouard Meyer, J. de Romans, Le Lasseur de Ranzay, V. de Lastic, L. Thibault, Le Bec, G. de Valroger, G. Le François, F. Dutech, Le Rodellec du Parzic, H. Andrews.

    En 1888 les commissaires de la Société Hippique de Saint-Nazaire étaient messieurs Jules Benoit ; monsieur Genti-Corp, vétérinaire originaire de La Martinique ; monsieur Espivient de Perran, remplacé en 1896 par Roger de Villebois-Mareuil, qui était aussi vice-président. Le président était monsieur Croiset, qui fut replacé en 1899 par le comte de Parceau du Plessis, maire de Montoir, (qui fut ensuite aussi président des régates).

    Les souscriptions se faisaient rares malgré une augmentation des adhérents. Le Courrier de Saint-Nazaire, dans un article du 12 août 1899, publia : « Il est regrettable – et ce n’est pas la première fois que nous le faisons cette remarque – que certains négociants, certains industriels intéressés plus que d’autres au succès de cette réunion hippique, se soient refusés à souscrire ; ils ont aussi manqué non seulement à leur devoir le plus élémentaire, mais ils ont oublié qu’étant les premiers bénéficiaires des fêtes, ils se devaient être les premiers à les encourager. » En fait, il y avait plusieurs autres courses organisées le même jour, ce qui faisait qu’on avait aussi moins de chevaux en compétition. Le nombre de parieur aussi tomba au plus bas, ce qui fit que les paris mutuels rapportèrent très peu.

    Les courses étaient devenues surtout une entrevue mondaine pour laquelle les femmes revêtaient leur plus belle tenue d’été sous la canicule. On y croisait les comtes de Goulaine et de Rochechouart, les député Anthime Ménard et le comte de Montaigu, les conseillers généraux Gouze et Guiho, Gustave Bord, le châtelain de Porcé et homme le plus riche du canton, René de Kerviler, le juge Marion de Porcé, etc., au son des flonflons de l’Harmonie de Saint-Nazaire, et les démonstrations de la Société de gymnastique, associées aux réjouissances.

     

    Le 8 septembre 1905, Buffalo Bill, dans le cadre de sa tournée française dans cent villes, y vient avec son cirque. Il arriva avec de La Roche-sur-Yon avec trois trains de 17 et 18 wagons en gare de Saint-Nazaire le matin à 6h03, 7h05 et 8h45. Le matériel avait été placé le long du boulevard Leferme, suscitant un attroupement derrière des barrières de sécurité, jusqu'au-delà de la caserne des douanes. On arrivait à peine à se frayer un chemin sur la place entre la gare et l'agence Transatlantique et la police fut mobilisée et il n'y eut aucun incident. Il fallut bloquer la circulation des rues Amirale Courbet, Thiers et Villès-Martin pour permettre au convoi de gagner le Grand Marais, offrant aux Nazairiens un défilé de cavaliers Russes, Japonais, Amérindiens, Mexicains, et de femmes montées en amazones, le Phare de la Loire du 10 septembre 1905 souligna que ce furent surtout les Cosaques qui suscitèrent le plus de curiosité, il est vrai que voir ces cavaliers défiler à toute allure en tête debout sur leur selle fut un spectacle unique. Le campement fut monté derrière la Caserne de La Briandais. Le chapiteau fut rapidement monté sur l'hippodrome ; à 14h il eut une première représentation, et une seconde à 20h.  L'événement était si considérable, que plusieurs administrations et commerçants fermèrent tout l'après-midi. Outre les centaines de chevaux, Buffalo Bill arriva avec une troupe " de peaux rouges " qui jouèrent une attaque de diligence, un homme " à la peau bleue ", des " Chinoises à petits pieds ", " un géant nègre ", " un enfant colosse ", un couple de tatoués, une charmeuse de serpents, des lapins musiciens, des singes boxeurs, et des kakatoès. Toute la journée, des gens affluèrent à Saint-Nazaire et les représentations cumulèrent 8.000 et 10.000 spectateurs !

     

    C'est de l'Hippodrome du Grand Marais, qu'en 1910, le coureur cycliste Gabriel Poulain, (1884-1953), fit les premiers tests de vol du monoplan qu’il avait construit. Cet avion en toile, bois et acier, doté d’un moteur Anzani, 10 cylindres, de 100 HP, avec circulation d’eau, laissa les Nazairiens bouche bée qu’en il prit son envol.

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    (On distingue dans le fond la Caserne de la Briandais)

     

     

    Après la Première-guerre-mondiale les courses hippiques de Saint-Nazaire se déroulèrent sur deux jours le premier weekend d’août, et eurent pour épreuves : Prix de La Loire, trot monté ou attelé, en deux épreuves en partie liées, sur 1.700 m, avec gain de 1.700 fr ; Prix de la Marne, trot monté ou attelé sur 3.000 m, 1.800 fr ; Prix de la Plage, steeple-chase sur 3.500 m, 2.000 fr ; Prix du département, de la Société d’Encouragement pour l’amélioration du cheval français de demi-sang et du Pari Mutuel, trot monté ou attelé, 3.000 m, 1.900 fr ; Course de haies de la Société Sportive d’Encouragement et de la Société de Courses, en deux séries, 2.800 m, 2.000 fr ; Prix du Gouvernement de la République et de la Chambre de commerce de Saint-Nazaire, trot monté, 2.800 m, 2.000 fr ; Prix des Chemins de Fer et de la Ville de Saint-Nazaire, steeple-chase,, 3.500 m, 3.500 fr ; Prix de la Société des Steeple-chases de France, steeple-chases militaires, 2 séries, 3.500 m, 1.800 fr ; Prix de la Société de course, 3.000 m, 500 fr.

    À l’occasion de la seconde journée de course, le 6 août 1923, le jockey Bersihand, qui avait pris part au Prix des Chemins de Fer et de la Ville de Saint-Nazaire, montant Dobroudja, appartenant à la baronne de Franck, se fit huer à la pesée puis bastonné à coups de canne par la foule qui lui reprochait d’avoir bloquer l’un des concourants, le cheval Monza, appartenant à monsieur Eknayan, pour l’empêcher de prendre la première place, afin de favoriser un autre jockey, Barreau, qui montait Ingouville, appartenant à monsieur Bodolec. Voulant se dégager, Bersihand renversa deux femmes qui furent blessées. Le Jury décida de donner la victoire à Monza, et l’affaire fut portée devant la Société des Steeple-chases de France. Cet incident fit tellement de bruit, qu’il fut mentionné à la Radio, et se retrouva dans les entrefilets des journaux parisiens.

    À  partir de 1928, l’Union Colombophilie de Saint-Nazaire fut associée aux courses pour des lâchés de pigeons, mais cela provoquât la perte d’un pigeon anglais porteur d’un message destiné au colonel du 8e régiment de Tour, et il fallut demandé par voix de presse qu’on rapporta à la Caserne de La Briandais l’animal et son message !

    Cependant, les courses de Saint-Nazaire perdirent en qualité, au point d’être rétrogradées en troisième catégorie. Jacqueline Bruno[4], commenta avec son ton habituel de vieille-fille-snob, dans La Courrier de Saint-Nazaire du 10 août 1929 : « Samedi et dimanche derniers a eu lieu, à Saint-Nazaire, la manifestation sportive, qu’on appelle pompeusement : courses, qui, à la vérité, n’en est qu’une parodie. O Puissance de l’habitude : chaque année ramène sur le champ de courses, ceux-là mêmes qui s’étaient promis de n’y plus mettre les pieds. On y revient, non plus pour les courses elles-mêmes, mais parce que l’on sait retrouver là des amis ; parce que c’est un but agréable de promenade ; parce que le temps incertain de la matinée a détruit les projets d’excursions lointaines, parce que… c’est l’habitude enfin ! Dimanche, j’ai pris, moi aussi tout naturellement, la route directe qui conduit jusqu’à la limite du Grand-Marais. J’ai vu beaucoup de monde, quelques toilettes originales et… très peux de chevaux. J’ai vu ces rares chevaux excités par la voix et la cravache de leurs jockeys galoper pendant de rate et courts moments sur l’herbe rase rendue glissante par la récente pluie. Entre deux courses, j’ai songé. J’ai songé à tout le parti qu’on pourrait tirer de ces terrains immenses, presque improductifs à longueur d’année, en vue de deux seuls jours de pitoyable épreuves hippiques. J’ai songé que, à part la plage, insuffisante pour la population ; à part le jardin public dont ne pas jouir sans contrainte, Saint-Nazaire ne possède rien pour le repos et les jeux en toute liberté des habitants. Et, en rêve, le Grand-marais m’est apparu transformé. À deux pas de la ville il offre, et un asile riant et frais. Des travaux d’assèchement, de nivellement, d’irrigation ont accompli la première partie du miracle. Suivant des plants, soigneusement établis par des artistes, la route de Plaisance, des ronds-points, des sentiers ont été tracés dans la profondeur des arbres planté à profusion. Enfin, le temps à magnifiquement parachevé l’œuvre des hommes. Dans ce terrain neuf, fertilisé par les alluvions, apportés au cours des siècles par les ruisseaux qui le traversent, une végétation luxuriante et vigoureuse s’épanouit. Et chaque dimanche, étendus sur le gazon, à l’ombre protectrice des grands arbres, les nazairiens respirent à pleins poumons, l’air saturés de parfums sylvestres, sans un regret pour le marais désertique et les courses d’antan. Cela, d’autant moins, qu’il a été loisible d’aménager un nouvel hippodrome dans els terrains vagues de Penhoët. Rêves que tout cela. Oui, mais rêves qui peuvent, avec l’argent et le temps, devenir merveilleuse réalité. Le Bois de Boulogne, le Bois de La Chayse, le Bois d’Amour – pour ne parler que de ceux là – ne sont pas les moindres attraits de Paris, de Noirmoutier, de La Baule. Le Bois de… Plaisance serait en attirant chez nous de nombreux touristes, une source de gain pour le commerce local. Il ajouterait à la beauté de Saint-Nazaire et au bien être des habitants. »

    Cet article de Jacqueline Bruno, fort dur envers la Société Hippique de Saint-Nazaire, ne faisait en réalité que coucher sur le papier les avis de nombres de Nazairiens, et se faire l’écho d’un projet municipal d’assèchement et de boisement du Grand-Marais.

    En 1931 la Société Hippique de Saint-Nazaire fut déclarée « en reconstruction ». Les prix étaient les suivants : Prix de la Loire, en deux épreuves de trot attelé ou monté sur 1.693 m ; Prix du Gouvernement de la Côte d’Amour, trot monté sur 2.300 m ; prix de la Société d’Encouragement et du département sur 2.600 m ; Course de haies de la société d’encouragement, trot monté sur 2.600 m ; Prix des amateurs, en deux épreuves, trot monté ou attelé, sur 2.600 m ; Prix du Gouvernement de la République et de la Chambre de commerce, trot monté sur 1.800 m ; prix de l’Océan et du pari mutuel, plat au galop sur 2.000 m ; Prix de la Marne et du Chemin de Fer, deux épreuve en trot monté ou attelé, sur 2.500 m ; Prix de la plage, steeple-chase, sur 3.500 m ; Deuxième Prix de la Société d’Encouragement, trot monté sur 2.800 m ; Prix des steeple-chases militaires, sur 3.000 m ; Prix des Nénuphares, trot attelé sur 2.800 m.

    La Seconde-guerre-mondiale enterra la Société Hippique de Saint-Nazaire. L’Hippodrome de Pornichet, qui s’était doté de structures en dure dès 1924, regroupa sur son terrain toutes les sociétés de la Presqu’île guérandaise. Le Grand-Marais fut asséché avec les gravas non réemployables ou revendables de la ville déblayée, modelé de collines et de bosse à l'aide de sable pompé directement dans la rade, nivelé, et enfin recouvert d’une couche fine de terre fertile pouvant supporter gazon et buisson, et quelques résineux. On draina les eaux en constituant un étang. Une partie des terrains ainsi gagnés reçue des installations sportives, ce qui resta de libre fut associé aux pelouses de l’ancien hippodrome, amène de recevoir des plantations d’essences plus variées, pour constituer le Parc paysager, d’une surface de 50 hectares, réalisant le souhait émis dès 1929 d’un espace vert pour la population.

     

    [1] Propriétaire et cavalier concourant.

    [2] Il mentionne aussi le prix d’Hautpoul, mais confond avec une course particulière qui avait lieu à Saint-Nazaire de l’Aude.

    [3] http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2019/04/22/yachting-nazairien-regates-et-semaines-maritimes-6145600.html?fbclid=IwAR028_BBk9zDTRZrVXv0YIhRuTFH95ArXLjIZM8pk02JPtrZBz7D63niAwE.

    [4] L’un des pseudonymes de Renée Bernard, fille du directeur du Courrier de Saint-Nazaire, voir : http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2019/03/25/la-presse-nazairienne-1857-1944-6138789.html.

  • La villa art-déco « Mektoub » ne sera pas détruite

    Dans mon article à propos de la tenue ce samedi 27 avril 2019 au Garage d’une journée « d’ateliers-découverte animés », consacrée à l’Inventaire du patrimoine nazairien[1], j’avais exprimé mon regret de la destruction annoncée de la Villa Mektoub. Or, mademoiselle Stéphanie Le Lu, chargée d’études Inventaire du Patrimoine, à la Direction de la Culture à la Ville de Saint-Nazaire, m’a écrit ce jour à propos de la villa Mektoub : « Je l’ai repérée au titre de l’Inventaire dès l’instant où je l’ai vue. Je l’ai présentée à de nombreuses reprises aux élus pour les alerter sur son intérêt patrimonial. […] la maison ne fait pas l’objet d’un permis de destruction. […] Effectivement, un collectif sera prochainement construit mais uniquement sur une partie de la parcelle. La maison sera préservée. »

    Après la perte de la longère de la ferme seigneuriale de Kerlédé, repère identitaire et géographique des Nazairiens, cette nouvelle ne pourra que réjouir les amoureux du patrimoine local.

     

    Profitons de cette heureuse nouvelle pour expliquer un peu plus amplement le travail de mademoiselle Stéphanie Le Lu dont je reproduis ici les mots :

    « L’opération d’Inventaire entreprise sur Saint-Nazaire depuis mai 2014, en partenariat avec la Région, répond à une méthodologie scientifique. Elle consiste, non pas à « faire » que du terrain d’un côté ou à ne consulter que des archives de l’autre, mais bien à croiser ces deux sources afin d’être au plus près de la vérité et à s’affranchir des nombreuses idées qui « collent à la peau » de Saint-Nazaire (et des nombreuses rumeurs qui circulent…).

    Cet inventaire ne se limite pas au « façadisme » mais consiste à aller voir ce qui se passe derrière les portes et donc à entrer chez les Nazairiens (chez qui je suis très bien reçue d’ailleurs).

    Ainsi pendant plus de deux ans, j’ai arpenté la totalité de la commune, emprunté chaque rues, avenues, ruelles, menées, chemin côtier, etc… du nord au sud, de l’est à l’ouest. Je suis entrée chez de nombreux particuliers, de Saint-Marc à Méan, de l’Immaculée au centre-ville. Cet arpentage du terrain a débouché sur de nombreuses découvertes ou redécouvertes. La fresque de l’ancienne école Jean Jaurès illustrant le port de Saint-Nazaire en 1932 par Madeleine Massonneau, en est un exemple.

    Les fonds d’archives sont éclatés et lacunaires. Je n’ai pas toujours la possibilité de pousser les recherches aussi loin que je le souhaiterais mais sachez que chaque information est vérifiée. »

     

    Comme je l’ai écrit précédemment, je suis heureux pour ma part que monsieur Samzun ait mis en œuvre ce recensement. Mon sentiment est que cela va permettre à tous de mieux connaitre, apprécier, découvrir et redécouvrir Saint-Nazaire, à en défendre les trésors et l’identité, à l’aimer encore plus, et j’attends avec impatience les résultats des recherches de mademoiselle Le Lu.

     

    [1] http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2019/04/17/inventaire-du-patrimoine-batit-nazairien-6144653.html

  • Yachting nazairien, régates et semaines maritimes

    À l’heure où Saint-Nazaire se prépare à la réalisation d’un bassin pour les plaisanciers, et à un mois des festivités « Débord de Loire », il convient de faire souvenir aux Nazairiens que cela ne sera pas la première fois que notre port s’ouvre à la navigation de plaisance et qu’il y eut durant des décennies des régates à Saint-Nazaire.

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    Pavillon des marins de Saint-Nazaire photographié en août 1908 :

    un sautoir de sable cantonné de quatre mouchetures d'hermine du même,

    Détail d'une carte postale publiée plus bas.

     

     

    En effet, dès 1870, Saint-Nazaire fut le lieu de régates de yachting : Les régates internationales de Saint-Nazaire.

     

     

    La Société des Régates internationales fut fondée en 1870. Elle était rattachée à l’Union des yachts français du Yacht-Club de France. En 1881 elle fut refondée par René de Kerviler, et devint Société des Régates internationales de l'Ouest, afin de ne pas être confondue avec ses nombreuses homonymes.

    À l’époque le port abritait des yachts, mais ceux-ci étaient inscrits sur les registres de Nantes ou d’autres ports. C’est Pierre de Montaigu, (1844-1927), membre, entre autres, des conseils d’administration de la Compagnie des chemins de fer d'Orléans et la Compagnie nantaise des chargeurs de l'Ouest, député monarchiste de la Loire-Inférieure de 1898 à 1910, qui inscrivit le premier un yacht au registre de Saint-Nazaire, l’Hermine, goélette à hélice de 265 tonneaux.

     

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    Pierre de Montaigu

     

    Membre du Yacht-Club de France, où il occupait les fonctions de conseiller de l’union, et aussi membre de la Commission de la navigation à vapeur, Pierre de Montaigu œuvra au développement des Régates de Saint-Nazaire. Ce n’est cependant qu’à partir de 1891 que deux autres yachts furent inscrits à Saint-Nazaire au sein du Yacht-Club de France, la Mélita, goélette de 50,3 tonneaux, appartenant à Edouard Chevreux, (1846-1931), spécialiste des amphipodes, qui explora avec son navire nazairien les côtes françaises, mais aussi celles des Canaries et du Sénégal en 1890, et devient en 1918 président de la Société zoologique de France ; et et La Berceuse, stream-yacht à Henri Duval, (1834-1905), directeur du Gaz de Saint-Nazaire, président de la Chambre de Commerce, construite par les Favre à Nantes, de 50 tonneaux, long de 18,50 m, 17 m de flottaison et 3,50 m de bau, tirant d’eau arrière d’1 ,60 m, mais qui ne reçut jamais de guidon particulier.

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    Emblème de l'Union des yachts français

     

    Dès 1894, d’autres yachts furent inscrits à Saint-Nazaire : le Chiquita, cotre, 17 tonneaux, appartenant à André Proust, membre d’une vieille famille nantaise dont un parent fut seigneur de Cleuz-le-Propre en Saint-Nazaire à la fin du 17e siècle[1] ; en 1894 la Lola, propriété de Gustave Bord, (1852-1934), le châtelain de Porcé[2], goélette à hélice, (ex Olivia), construite en 1883 à Glasgow par A. & J. Inglis, 105 tonnes, longueur totale 35 m, bau de 4,35 m, creux de 2,90 m, tirant d'eau 1,5 m, et faisant 100 chevaux ; la Alyette, cotre de 10 tonneaux, à Jules Baillardel de Lareint, marquis de Tholozan, (1852-1900) ; la M’Aza, goélette construite en 1872, de 118 tonneaux, à Jules Suser, (1817-1899), industriel nantais de la chaussure qui par la suite acquit le Zampa appartenant à monsieur Delaunay de Bordeaux ; le Set, yawl de 2 tonneaux, à Joseph-Etienne Gautier ; en 1897 Pierre de Montaigu changea de yacht, ce fut la Caroline (il avait possédé un houari à hélice du même nom de 30 tonneaux, inscrit au Pouliguen à en 1895), cette goélette mesurait 27,53 de long, avec un bau de 4,2 m, un creux de 2,50 m, et un tirant d’eau de 1,90 m ; en 1897 La Perle, 45 tonneaux, longue de 24,79 m, bau de 3,45 m, creux 1,95 m, appartenant à Charles Thurneyssen, banquier parisien administrateur de sociétés ; etc.

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    La Caroline, à Pierre de Montaigu

     

     

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    Pavillons des yachtmans nazairiens

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    La Lola, à Gustave Bord

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    Les yachts nazairiennes à quai dans le Vieux Bassin

     

    Les régates internationales de Saint-Nazaire :

     

    Les régates internationales de Saint-Nazaire furent donc fondées en 1870.

     

    A l’occasion de la troisième régate, un article paru dans Le Monde illustré du 30 août 1873 relata : « Notre correspondant, M. Ch. Leduc, nous apprend que le départ s'est effectué avec beaucoup d'ensembles, et que les concurrents, favorisés par une jolie brise de N.-O., ont facilement doublé une bouée mouillée à 10 milles marins dans le S.-O. du point de départ. Ce virage, effectué avec une adresse qui fait les plus grands éloges de ces intrépides amateurs de navigation, offrait un coup d'œil des plus intéressants, car, à partir de ce moment, la course a pris des proportions sérieuses. La lutte, tout en restant légale, a été des plus acharnées, et, deux heures après cette manœuvre, les vainqueurs passaient devant les tribunes, aux acclamations des spectateurs et au bruit du canon. Voici l'ordre d'arrivée : Papillon, cotre de Bordeaux, qui, quoique premier, est obligé, par son rendement de quelques minutes, d'abandonner son premier prix à l'Armorique, de Nantes, et ne se trouve classé que second ; troisième, Claire, cotre de Nantes, et, quatrième prix, Béatris, aussi de Nantes. Les autres embarcations non classées sont arrivées dans des conditions très-satisfaisantes. »

     

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    La troisième régate, illustration parue dans Le Monde illustré, 30 août 1873.

     

    Les régates avaient lieu initialement en août. La régate des 13 et 14 août 1879 fut une catastrophe. Il n’y avait que deux bateaux pour trois prix ! Le Zampa, de monsieur Demay, qui était de Bordeaux, et la Stella de monsieur Jousset, de Paris. L’Union-Bretonne du 16 août 1879 commenta : « Très-peu de monde dans la tribune, pas de toilettes, pas d’entrain, et pour comble , peu de bateaux de plaisance. » Et le journal de rajouter « qu'au lieu de distribuer des prix à des étrangers », les organisateurs feraient mieux d’organiser des régates locales pour les petits plaisanciers. Hasard de l'histoire, Pierre Loti assista à cette régate dont qu'il mentionne dans son journal, sans donné de détail. Il est vrai que son esprit était préoccupé par l'enterrement de Jules-Augustin Delœuvre, jeune matelot de 3ème classe à bord du  transporteur de l'Etat La Moselle, que Loti commandait, et qui s'était noyé le 12 au soir en se baignant dans le bassin à flot.

     

    Devenues en 1888 Société des Régates Internationales de l'Ouest à Saint-Nazaire, les compétitions avaient alors lieu la dernière semaine de juillet, se composaient de plusieurs épreuves réparties sur une semaine. La première épreuve avait lieu en milieu de semaine. Partant toutes du port, la première épreuve consistait à doubler la bouée Nord-Ouest de ma Banche ; la seconde épreuve était consacrée aux amateurs, (sans l’aide d’un marin professionnel, sauf un pilote facultatif qui n’avait pas le droit de toucher aux instruments de manœuvrer), avec même parcours ; la troisième affectée aux régates dites locales, (c'est-à-dire les membres des clubs locaux exclusivement), son parcourt s’arrêtait à la bouée de Bonne-Anse. On revenait en Loire, pour doubler devant Donges, puis on rentrait au port. La compétition était divisée en quatre catégories de tonnage : 20 à 15 tonneaux ; 10 à 5 tonneaux ; 5 à 3 tonneaux ; et une compétition de canaux.

    Les chantiers français construisaient principalement des cruisers, qu’on transformait en racers. Quelques régatiers achetaient des racers aux chantiers britanniques qui étaient presque tous du même modèle, surnommés « couloirs de plombs », en raison d’un lest consistant en une quille de plomb accompagnée de gueuses de fonte réparties sur le petit-fond.

    Les présidents se succédèrent : René de Kerviler[3] ; J.-Emile-Adrien Daguzan, (1867-1941), négocient en chaussons ; l’industriel importateur de charbon, Louis Brichaux, (1871-1945), qui fut maire de Saint-Nazaire de 1909 à 1919.

     

    En 1892 les compétitions évoluèrent. La principale épreuve était divisée en trois :

    • La première était destinée aux yachts de 2 à 5 tonneaux et était divisée en deux séries. Le 1er prix était de 200 fr, offerts par le Yacht-Club de France avec une médaille vermeil : le 2ème, de 100 fr, était le prix Alcide Bord, (initié par cet ingénieur du port, (1826-1888), père de Gustave[4]), et était accompagné d’une médaille d'argent ; 3ème prix : une médaille de bronze offerte par le Yacht-Club de France ; 4ème prix : une médaille de bronze.

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    • La seconde pour les yachts au-dessus de 5 tonneaux et n'excédant pas 10 tonneaux : 1er prix : 400 fr et une médaille de vermeil offerts par le Yacht-Club de France ; 2ème prix : 200 fr et une médaille d'argent offerts par le Yacht-Club de France ; 3ème prix : 100 fr et une médaille de bronze offerts par le Yacht-Club de France ; 4ème prix : une médaille de bronze offerte par le Yacht-Club de France et 50 fr ;
    • La troisième, divisées en trois séries pour les yachts au-dessus de 10 tonneaux : 1er prix : 500 fr et une médaille d'or offerts par le Yacht-Club de France ; 2ème prix : 200 fr et une médaille de vermeil offerte par le Yacht-Club de France ; 3ème prix : 100 fr et une médaille d'argent offerte par le Yacht-Club de France.

    Un prix d'honneur réunissant toutes les séries et consistait en un objet de la manufacture de Sèvres, don du Ministre des beaux-arts au Yacht-Club de France.

    Il y avait aussi un prix de construction française réunissant les yachts de toutes les séries construits en France divisé en trois : 1er prix : un objet d'art offert par le Président de la République ; 2ème prix: un objet d'art offert par le Maire de Saint-Nazaire ; 3ème prix : une médaille de bronze offerte par le Yacht-Club de France.

    Le prix de la Coupe, en trois épreuves successives, dans trois localités différentes :

    • 1ère épreuve : 1er prix : une bourse de 400 fr offerte par le Yacht-Club de France ; 2ème prix : une bourse de 200 fr offerte par le Yacht-Club de France ; le prix de la Coupe donné par le Yacht-Club de France consiste en une coupe en argent ciselée accompagnée de la somme de 1.800 fr, attribuée par bourse de 400 fr. et de 200 fr. au premier et au second yacht gagnant dans chaque épreuve ; la coupe était acquise au propriétaire du yacht arrivé trois fois de suite premier, soit dans la même année, soit dans deux années consécutives, si ce yacht était de construction française, il recevait en plus une somme de 4.000 fc accordée par le Yacht-Club de France.

    Venait ensuite la course d'amateurs pour yachts de plus de 2 tonneaux : 1er prix : un plateau d'argent et une médaille vermeil offerts par le Yacht-Club de France ; 2ème prix : un compas et une médaille d'argent offerts par le Yacht-Club de France ; 3ème prix : une médaille d'argent ; les amateurs formant l'équipage du yacht' gagnant, recevaient chacun une médaille.

    Les courses étaient suivies à la longue-vue depuis le Vieux-Môle. En 1899 les sociétaires embarquaient sur le remorqueur à roue Belle-Île mis à disposition par la Compagnie Général Transatlantique. Il fut ensuite remplacé par l’Athlète. Ces navires gitaient beaucoup, et il fallait avoir l’estomac solide et le pied marin.

    En parallèle des compétitions d’aviron avaient lieu sur les bassins et dans la Loire, et une compétition destinée aux pécheurs en mer qui poussaient leurs chaloupes jusqu’à la Banche. Le dernier soir, après la remise des prix, avaient lieu dans les salons de l’hôtel de ville une grande soirée avec buffet et bal où la bonne société nazairienne se devaient de se rendre, ce qui permettait de mélanger la bourgeoisie aux marins et pécheurs professionnels du port.

    Les Régates internationales de Saint-Nazaire n’étaient pas les seules de l’estuaire, il y en avait aussi à Pornic, Paimboeuf, et au Croisic, ainsi qu’une course-croisière entre Saint-Nazaire et Port-Navalo fondée en 1894 et organisée par la Société des Régates de Vannes.

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    Au départ pour une course dans le Vieux Bassin

     

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    La Semaine maritime de 1908 :

     

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    Affiche pour La Semaine Maritime de 1908, par J. Pohier ; on y distingue une autre erreur sur le chef des armoiries de la ville de Saint-Nazaire où la clef n'est ici pas d'or, mais aussi un second pavillon, tranché d'azur sur gueules, au losange d'argent chargé des armes de Saint-Nazaire. Notons aussi que le pavillon au sautoir rouge est celui de la Société de Sports Nautiques de Nantes, et n'est donc pas le pavillon nazairienne.

     

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    Saint-Nazaire fut le port choisi par la Ligue Maritime pour recevoir la « Semaine maritime » qui se déroula du 23 août au 1er septembre 1908. En plus des régates annuelles, il y eut parades de yachts, de navires de guerre, (les croiseurs Dupetit-Touard, Leon-Gambetta, Amiral-Aube ; l’aviso-torpilleur Lance ; l’aviso Chamois, et quatre torpilleurs), de navires écoles, sous la présidence du ministre de la Marine, Gaston Thomson, venu avec sa fille. Parmi les célébrités présentes, il y eu le prince Axel de Danemark, cadet de la marine danoise à bord du Hendal ; l’amiral Alfred Gervais, (1837–1921), promoteur de l’Alliance Franco-Russe ; le vice-amiral Horace Jauréguiberry, (1849-1919) ; le vice-amiral François Leygue, (1846- 1925), préfet maritime de Lorient ; le sénateur du Finistère Louis Pichon, (1849-1916) ; le député Seine-Inférieure Louis Brindeau, (1856-1936), qui était aussi président du Congrès de sauvetage ; le directeur de la Navigation et des Pêches maritimes au Ministère de la Marine, E. Trefeu ; etc.

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    Le ministre de la Marine Thomson à Saint-Nazaire.

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    L'ouverture se fit le 23 août, par une brise fraîche d'Ouest, obligeant les racers des dernières séries à rouler des ris. La rade présentait néanmoins une animation extraordinaire avec les innombrables yachts de tout tonnage, à voiles, à vapeur, à moteur, qui la sillonnaient en tous sens, se croisant et se dépassant tour à tour, couchés par instant à plat sous les rafales violentes. Durant la course des yachts, dont un des participants, le Chocolat, coula avant le départ dans le port, les vainqueurs de la course des yachts furent : pour ceux de 6 m 50, monsieur Fiteau, de Nantes, 1er prix avec le Rozvenn ; monsieur, Mahot, de Nantes ; second prix avec le Triplepatte ; troisième le Mistoufle à monsieur Marly, de Bordeaux. Course des yachts de 6 mètres : 1er Madame-Poulet, à monsieur Savoye-Mazureau, de Paris ; 2ème Retourne, à monsieur Guillet, de Nantes ; 3ème Enia, à monsieur Dours, de Bordeaux ; 4ème Verveine, à monsieur Thube, de Nantes. Yachts de 8 m : 1er Yannic, à monsieur Letot-Cointet, de Nantes ; 2ème Loisir, à monsieur Teste, de Bordeaux ; 3ème Joyeux, à monsieur Peyrelongue, de Bordeaux ; 4ème Triton, à monsieur Penan-Pergeline, de Nantes. Yachts de 10 m : 1er Saint-Cadoc-III, à monsieur de Malherbe de La Bouexière, de Quimper ; 2ème Titave, à monsieur Picon, de Bordeaux ; 3ème Zigzag, à M. Delecluze, de Concarneau…

     

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    Il y eu une course en barque des marins de l’État.

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    Les festivités furent somptueuses, on en fit des cartes postales. Toute la ville était pavoisée, il y avait des guirlandes et des lampions dans toutes les rues, une estrade pour les musiciens fut dressée sur la place des Quatre-z-horloges (alors place Carnot), chaque soir il y avait banquet et bal officiels au Casino, au Grand-Hôtel, à la mairie, au Yacht Club, à la Chambre de commerce, les restaurants et les bars ne désemplissaient pas.

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    (Le Sport universel illustré, septembre 1908)

    Les festivités furent étendues aux ports environnants : 24 août réunion au Pouliguen et à La Baule ; le 25 excursion à Noirmoutier et régate à Pornic, où le temps dut inégal et désagréable, forçant les concurrents à changer plusieurs fois de voilure pendant le parcours. La journée du 27 août fut le jour des Régates en mer, mais alors que le temps avait été jusque-là magnifique, une tempête se leva du Sud-Ouest, obligeant le report des épreuves au 31. L’orage fut tel que les lampions et les guirlandes furent réduits en une bouillie de papier. On blâma le Ciel, mais nombre d’habitants du centre-ville furent heureux de ce lessivage qui permit de rendre propres des rues où s’étaient soulagés nombre de marins imbibés… Le 28 fut consacré à la montée de la Loire par les torpilleurs d'escadre et de l'école de pilotage, les avisos-torpilleurs, les navires-écoles Bougainville, Chamois, le croiseur danois Heimdal, etc., escortant le Cassini, à bord duquel avait pris place le Ministre de la Marine qui fit escale à Nantes, où pendant les trois jours suivants, fêtes et régates continuèrent et donnèrent à la ville la même animation qu’à Saint-Nazaire.

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    Le filet de sardines, (Le Sport universel illustré, septembre 1908)

     

     

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    (Le Sport universel illustré, septembre 1911)

     

     

     Le première guerre-mondiale stoppa les régates ; elle reprirent en 1920 sous parrainage du lieutenant de marine Jacques-Cyr Le Merdy (1893-1966)[5]. Elles eurent lieu la première semaine d’août sous la gérance du Syndicat d’initiative. Le comte Raymond-Pierre de Parscau du Plessix, (1859-1943), maire de Donges, fut élu président de la Société des régates. Il fallut cependant l’organisation une nouvelle fois à Saint-Nazaire de la Grande Semaine Maritime du 13 au 20 juillet 1924 pour relancer véritablement les régates nazairiennes. La guerre avait tué massivement les anciens compétiteurs, et la dévaluation du Franc ruiné une grande partie des survivants.

    Le dimanche 13 juillet eurent lieu régates et fête nocturne sur le boulevard de l’Océan. Le 14 revue officielle, dépose de palme sur le monument aux Morts, championnat de natation, jeux nautiques, après-midi dansante à bord du transatlantique. Le 15 inauguration du port de Pornichet, et fête vénitienne sur le vieux-bassin à Saint-Nazaire. Le 16 fête à Noirmoutier. Le 17 juillet 1924, Jacques-Louis Dumesnil, (1882-1956), ministre de la Marine, accompagné de Léon Mayer, le sous-secrétaire d’État à la Marine, arriva à 8 h en gare de Saint-Nazaire, où il fut accueilli le vice-amiral Jules-Théophile Docteur, (1868- 1966) ; le sous-préfet François Gaux. Ils le conduisirent à la Chambre de Commerce, où l’attendaient le président de Louis Brichaux ; le vice-président Louis Joubert ; le président de la Ligne maritime et ministre de la Marine, Charles Chaumet, (1866-1932) ; le sénateur de la Loire-Inférieur Louis Brindeau. Jacques-Louis Dumesnil rappela dans son premier discours l’importance du port de Saint-Nazaire durant la guerre, notamment pour l’accueil des troupes étasuniennes. Ils embarquèrent ensuite à bord du Paul-Leferme pour visiter le port, puis ils embarquèrent sur le Diderot, accompagné des amiraux, et de l’attaché naval d’Espagne. Après un banquet organisé par la Ville et la Chambre de commerce, et un concert de musique de la Flotte, le ministre et le sous-secrétaire repartir par le train de nuit pour Paris, alors que la flotte remontait la Loire et que les festivités continuèrent en partie à Nantes. Le 18, réunion du Congrès, nouveau concert et exposition. Le 19 clôture du Congrès, divers spectacles, bal populaire. Le 20 régates, concours de natation, régate des modèles réduits, concert de clôture par les Équipages des navires venues pour les festivités. C’est à l’occasion de cette Grande Semaine Maritime, que furent institués des courses pour les pêcheurs qui devinrent annuelles à partir de 1926. Cette première régate des bateaux de pêche fut divisée en deux séries : 26 pieds et en-dessous ; de 21 à 27 pieds. Ce furent les pêcheurs de Méan qui se distinguèrent.

     

    En 1926 il y eut l’instauration d’une Coupe de la ville de Saint-Nazaire pour les plus de 8m50, sur 11 milles , 1er prix une coupe offerte par la ville ; 2ème un médaille d’argent offerte par la société des régates : 3ème une médaille de bronze offerte par le Ministère de la Marine marchande ; le prix du Yacht Club de France, pour les 6 m 50 à 8 h 50 sur 11 milles ; les monotype nationaux sur 7 milles ; Le Coupe de Bretagne du Moyen-handicape Nationale divisée en deux séries : 1ère de les 7 m à 12 m sur 11 mille ; au-dessous de 7 m sur 11 milles ; les extra-réglementaires au-dessous de 5 m 50 corrigée sur 11 milles : les extra-réglementaires au-dessus de 5 m 50 sur 11 milles ; les bateaux de pêches de Saint-Nazaire de 28 pieds et au-dessus; de 21 à 27 pieds ; les 20 pieds et en dessous ; sur parcours de 7 milles ; Séries des canots de Méan ; série des bateaux de pêche étrangers de 21 pied et au-dessus.

    Alignement du départ était une ligne entre le Vieux-Môle et le débarcadère de Mindin.

    S’il y eut la création d’épreuve à destination des pécheurs, on pratiqua une ségrégation sociale pour la remise des prix : au café Prévot 8 rue de Villès-Martin pour les yachtmans ; au café de l’Atlantique pour les pêcheurs. La Marie organisa un vin d’honneur dans ses salons en présence du Préfet, mais le maire, François Blancho, qui ne prisait pas ces événements, délégua son second-adjoint, Mausion.

     

    En 1929, les Nazairiens vexés que le Duquesne, un croiseur soit confié aux régates de La Baule, dont le capitaine était le nazairien Gabriel Brohan, (1881-1966)[6], futur amiral, demandèrent au ministre de la Marine qu’on leurs attribue l’aviso Arras. On lança l’épreuve croisière Saint-Nazaire La Baule en organisant un bal au salon du Grand-Hôtel, décoré de pavillons et de plantes vertes

     

    En 1931 fut institué une Coupe de la marine marchande.

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    (Ouest Éclair 11 août 1931)

     

    En 1932 fut créé le Prix du Comte de Parscau du Plessix, dont le 1er prix était une médaille dorée offerte par la Société des Régates ; le 2ème une médaille de bronze offerte par le Ministère Marine marchande ; le 3ème une médaille de bronze offerte par la Société des Régates ; le 4ème une médaille de bronze offerte par la Société des Régates ; avec en plus, 80 francs par bateau prenant part à la course avec un maximum de 500 francs, offert par le comte de Parscau du Plessix, à répartir, moitié entre les partants, moitié en temps primé.

     

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    Le Comité des Régates, (Ouest Éclair du 19 juillet 1932)

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    yachts des régates, (Ouest éclair du 15 juillet 1933)

     

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    Le Courrier de Saint-Nazaire du 23 juillet 1938 (cliquer pour agrandir).

     

     

     

    La Second-guerre-mondiale mit fin aux régates nazairiennes.

     

    [1] http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2012/06/30/la-seigneurie-de-cleuz-premiere-partie.html

    [2] http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2012/06/13/le-chateau-de-porce-a-saint-nazaire-premiere-partie.html

    [3] Il eut pour vice-président le docteur Charles Baudet, (1852-1933), maire de Caulnes de 1896 à 1933 ; il fut aussi conseiller d'arrondissement de 1880 à 1889, et député des Côtes-du-Nord de 1903 à 1921 ; puis à partir de 1889 le Nantais Georges-Philippe-Marie Biré.

    [4] http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2012/06/13/le-chateau-de-porce-a-saint-nazaire-premiere-partie.html

    [5] http://ecole.nav.traditions.free.fr/officiers_lemerdy.htm

    [6] http://ecole.nav.traditions.free.fr/officiers_brohan_gabriel.htm