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  • Les Nazairiens en Turquie, (1928-1930)

    En septembre 1924, le fondateur de la République turque, que l’histoire à retenu sous le nom de Mustafa Kemal Atatürk, se rendit sur les bords de la mer Noire, à la frontière soviétique, pour inspecter le croiseur de guerre Yavuz Sultan Selim, (L’audacieux sultan Sélim[1]), ancien SMS Goeben.

     

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    Le SMS Goeben en 1911.

     

    Ce navire de 25.400 tonnes, d’une longueur de 186,6 mètres pour 30 mètres de large, avait été conçu à l’origine pour la Kaiserliche Marine par les chantiers Blohm & Voss à Hambourg.

    Au début du premier conflit mondiale, l’Empire ottoman, alors nation neutre, s’était vu confiés le 16 août 1914, avec le SMS Breslau, le SMS Goeben, au prétexte que tombés en panne de charbon en Méditerranée, l’Empire allemand n’avait, du fait de son entrée en guerre, n'avait pas possibilité de les ravitailler. Le gouvernement des Jeunes turcs avait annoncé qu’ils seraient postés à chaque entrée du Bosphore afin d’empêcher toute intrusion des belligérants dans ce détroit qui coupe en deux İstanbul, alors Constantinople, capitale du pays. Mais le gouvernement des Jeunes turcs avait conclus un accord secret à l’Allemagne le 2 août 1914, promettant une entrée en guerre à ses côtés, ce qui se réalisa le 29 octobre 1914.

    Rebaptisés Yavuz Sultan Selim et le Midilli, ils furent les terreurs des Alliés, empêchant toute intrusion dans le Bosphore, et si le Yavuz Sultan Selim n’avait été gravement endommagé le 20 janvier 1918, durant un combat contre les HMS Raglan et HMS M28 de la Royal Navy, en défendant les Dardanelles, il est probable que l’Empire serait sorti sans encombre de la guerre. Mais le destin en voulu autrement. Contraint à l’échouage à pointe de Nagara, où il fut attaqué par l’aviation, il fut remarqué par le Turgut Reis, autre navire acquis après des Allemands, qui le sauva de justesse de l’attaque projetée par le sous-marin HMS E14.

    Amarré à Constantinople dans un état lamentable, le traité de Brest-Litovsk, signé le 30 mars 1918 entre l’Allemagne et la République soviétique, fit qu’on le remorqua jusqu’aux chantiers de Sébastopol, où il subit une série de réparations entre les 7 août au 19 octobre 1918.

    L’Empire ottoman capitula le 30 octobre 1918. Dans l’espoir de relancer la guerre, le 2 novembre, l’Allemagne, à bout de souffle, donna les deux navires à l’Empire Ottoman, action vaine, car la république fut proclamée le 9, et l’armistice fut signée le 11, mettant fin à la guerre en Europe.

    Selon les termes du Traité de Sèvres, conclu le 10 août 1920, le Yavuz Sultan Selim devait être remis à la Royal Navy eau titre de dommage de guerre. Cependant, l'accord de Sèvres n'ayant pas pu être mis en œuvre en raison de la Guerre d'Indépendance turque, (1919-1923), dirigée par Mustafa Kemal Atatürk, dont il fut victorieux, et qui se conclue avec la signature du traité de Lausanne le 24 juillet 1923, le navire fut conservé par la Turquie.

    Le Yavuz Sultan Selim, resta en mer noir, oublié jusqu’à ce qu’Atatürk entreprenne la création de la nouvelle marine militaire turque. L’URSS étant devenu une alliée infréquentable, Atatürk ayant pour ambition de faire de son pays un état moderne, indépendant, et industrialisé, il fallut créer chantier naval en Turquie. Le traité de Lausanne ayant démilitarisé le Bosphore, le choix se porta sur le lieu d’un projet impérial avorté dans la baie d’Izmir, Gueuldjuk[2], nommé Gölcük en turc moderne.

     

    En effet, en 1911, l’Empire avait projeté de fonder 122 arsenaux et chantiers le long de ses côtes qui allaient de la Géorgie à l’Egypte, avec en plus la côte libyenne. Des imbroglios administratifs dans les expropriations nécessaires à la réalisation du projet, les guerres balkaniques, puis l’invasion de la Libye par l’Italie, avaient retardé le projet dont la britannique Armstrong Company était le partenaire. La première-guerre-mondiale avait remisé le projet.

    Au début de l’année 1925, Atatürk obtint qu’on expropriât İsmail Pasha, le propriétaire d’un domaine agricole au bord sur de la baie d’Izmir. Le 23 juin 1925 débuta la réalisation d’une cale sèche flottante pour loger le Yavuz Sultan Selim, rebaptisé Yavuz Selim, qu’ont construisit structures nécessaires à la navale, et dépôt de charbon.

     

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    Le Yavuz Selim dans sa cale flottante en 1929.

     

    On assécha les marais environnants, construisit routes et voie ferrée, et une ville fut fondée. Les travaux s’achevèrent le 14 septembre 1927. Faute d’ingénieur turc compétant, on alla chercher un en Allemagne un pour la réparation et la modernisation du Yavuz Selim, mais qui se révéla incapable de diriger des ouvriers turcs qui n’avaient aucune formation. Atatürk se résolu à lancer un appel d’offre auprès des autres pays. Ce fut la Société des Ateliers et Chantiers de Saint-Nazaire, dit Chantiers de Penhoët, qui remporta le contrat[3]. Il fut convenu de faire venir pour la durée d’une année et demie des ouvriers nazairiens, et leur famille s’ils le désiraient[4], pour qu’ils assurent les travaux et forment les ouvriers turcs. Deux ingénieurs des Chantiers de Penhoët furent choisis pour superviser[5]. Seules conditions imposées : en raison du secret militaire, il était interdit aux Nazairiens d’aller au-delà de 8 km autour d’Izmir et de raconter ce qu’ils faisaient, même aux familles restées au pays.

     

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    Les chantiers en 1928.

     

    Partis pour la Turquie :

    Le 29 août 1927, 50 ouvriers métallurgistes des chantiers de Penhoët, certains accompagnés de leur famille, partirent à 20 h 40 de la gare de Saint-Nazaire en direction de Marseille, afin de s’embarquer pour Izmir.

     

    En février 1928 il courut la rumeur que les ouvriers étaient maltraités en Turquie, ce qui fut rapidement démenti. Le 25 du même mois, 5 femmes partirent rejoindre leurs époux. En août suivant 40 autres ouvriers partirent ; 30 le 17 septembre 1928 ; 50 le 12 novembre, etc. Ce furent finalement 250 ouvriers qui partirent en Turquie, formant une colonie bretonne de 400 personnes avec leurs familles, qui lisaient les journaux nazairiens et vivait en autarcie. Le nombre des ouvriers turcs était de 250 ; la population de la ville de Gölcük était alors de 1.500 âmes.

     

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    Famille d'ingénieur à Gölcük le 5 avril 1929.

     

    En février 1928, Raymond-Charles-Louis Le Dahéron, ouvrier ajusteur, habitant du quartier de Toutes Aides, décédas de maladie à Gueuldjuk. Sa dépouille fut rapatriée à Saint-Nazaire, enterrée en grande pompe au cimetière de Toutes Aides, le mardi 28 février, en présence de la direction des chantiers et des syndicats, après une messe à Saint-Gohard.

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    Les chantiers durant l'été 1929.

     

    En mai 1929, trois ouvriers métallurgistes, Halgand, Viaud, et Mahé, voulurent faire une excursion à İstanbul, mais à peine arrivés ils furent arrêtés par la police, et renvoyé par le premier bateau en direction de Marseille. Les Chantiers de Penhoët avancèrent l’argent pour leur retour à Saint-Nazaire, sous réserve de retenu sur salaire. Le syndicat métallurgiste tenta de contester en affirmant qu’il n’y avait pas rupture de contrat, mais le non-respect des limites de déplacement était une faute professionnelle, et les ouvriers durent rembourser.

    Une affaire fit les choux gras de la presse nazairienne : le mécanicien Olivier Haspot[6], avait laissé son épouse, Marie-Augustine[7], dans leur domicile du 5 Grand’Rue avec leurs cinq enfants. Il lui envoyait de Turquie 1.400 fr à 1.900 fr par mois, argent qu’elle dépensait en alcool. Couverts de vermine, en guenilles, enfermés dans une maison d’une saleté repoussante, les enfants étaient livrés à eux-mêmes, nourris par des voisins charitables. L’ainée, Hélène[8], avait 19ans, et n’osaient s’opposer à sa mère à laquelle elle se substituait pour l’éducation de ses cadets ; c’est alors que le 7 juin 1929, le second de la fratrie, Alexandre, âgé de 16ans[9], se révolta, et blessa leur mère à la main avec un couteau. Les voisins s’en mêlèrent, appelant la police. Marie-Augustine racontât que l’adolescent vivait à ses crochets, lui réclamait chaque jour plus d’argent que ce qu’elle lui donnait, qu’il lui avait déjà lancé un jour son couteau qui s’était planté dans un mur, et se fit passer pour une victime. On n’écouta pas Alexandre, il fut condamné à six mois de maison de correction. Heureusement, le commissaire Pacaud veilla, il intervint en faisant dresser un procès-verbal pour maltraitances d’enfants. Les quatre frères et sœurs d’Alexandre envoyés à l’hôpital le 4 février 1930. Alexandre sortit rapidement de la maison de correction pour bonne conduite, et Marie-Augustine fut arrêtée le 3 juillet 1930, provoquant une manifestation de voisins qui se refusaient à la croire mauvaise. Elle écopa de cinq mois de prison, puis retourna vivre avec son mari revenu de Turquie[10].

     

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    photographies extraites de L’Animateur des Temps Nouveaux de juin 1931.

     

    Retour à Saint-Nazaire, l’Amical des anciens de Gueuldjuck :

    Les travaux du Yavuz Selim s’achevèrent le 31 mars 1930. On commença le rapatriement, certains Nazairiens restèrent jusqu’à la fin août, afin de former les chauffeurs ottomans qui manquaient d’expérience et n’auraient pas pu pratiquer une chauffe de 220 kg de charbon par m2 de grille soit une consommation par heure de 54 t. Les Chantiers de Penhoët transfèrent les installations au gouvernement turc et quittent le pays. Huit nazairiens naquirent à Gueuldjuck, : Jacques Leroux , (fils d'un  manœuvre), en 1928; Yvette Le Borgne, (fille d'un ajusteur), Yvette Legoffic, (fille d'un frappeur), Jacques Georges, (fils d'un charpentier), Léonie Mougenot, (fils d'un grossiste), Guy Colino, (fils d'un tourneur), Monique Chedorge, (fille d'un machiniste), en 1929 ; Micheline Dupont en 1930, (fille d'un chanfreineur).

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    Durant leur séjour en Turquie, les ouvriers nazairiens se constituèrent en amicale. A leur retour à Saint-Nazaire, ils firent don de 1.103 fr 65, au bureau de Bienfaisance de la ville, le 18 août 1930.

    Après quelques tergiversations, il fut décidé de constituer l’Amicale des anciens de Gueuldjuck. Ainsi, le 20 septembre 1930, au café Hébert, rue du palais, se tient une grande réunion des anciens de Gueuldjuck. Marcel Blanchard exposa les buts de l’amicale : un groupe resserrant les liens qui les unissaient en Turquie, organisant des distractions, (concerts, bals, promenades, banquets), et surtout aider les membres des familles en cas de blessure, mort, ou chômage. Le président du bureau provisoire fut Rocheteau ; les vice-présidents Pipault et Tanguy ; le secrétaire Blanchard ; le secrétaire adjoint Brosseau ; le trésorier C. Alletz ; le trésorier adjoint Guilloré ; les commissaires Guillouet, Le Prévost, Bonhommeau, Viaud, Georges Coléno.

    La première réunion générale eut lieu le dimanche 28 septembre 1930 à l’hôtel du Berry, pour adoption des statuts avant déclaration en préfecture

     

    Le samedi 8 novembre 1930 l’amical donna sa première soirée, à 20 heures, dans la salle de L’Eden-Cinéma. La fanfare de l’UMP donna une pièce militaire, suivit d’un buffet de sandwichs, bière et vin, puis d’un bal. Ce fut la seule soirée donnée, malgré la bonne volonté des membres. Seule subsistât la caisse d’aide. Après une crise en août 1935, qui manqua d’entraîner sa dissolution, l'amical subsista jusqu'à la Seconde-guerre-mondiale.

     

    Le destin du Yavuz :

    Devenu en 1936 Yavuz , le croiseur remis en état et modernisé par les nazairiens, était considéré à la veille de la seconde-guerre-mondiale comme un navire dangereux. La Turquie resta neutre durant le conflit, et le navire fut affecté à empêcher des intrusions dans le Bosphore. Il resta en service jusqu’au 20 décembre 1950. Transféré aux services de l’OTAN sous le numéro B70 en novembre 1954. Le gouvernement turc proposa au gouvernement allemand de le racheter en 1963, ce qui fut refusé ; il fut alors vendu à MKE Seyman pour démantèlement en 1971. Le démantèlement débuta le 7 juin 1973 et s’acheva en février 1976. Le MKE Sanayi ve Teknoloji Müzesi, (Musée de l’Industrie et de Technologie), à Ankara, en conserve deux sections de blindage de coque et un tronçon de canon. Il est exposé au MKE

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    Médaille commémorative de la fondation des chantiers de Gölcük.

     

     

    Sources : Le Courrier de Saint-Nazaire, Le Phare de la Loire et L’Ouest Eclaire d’août 1928 à novembre 1930 ; Donanma ve Gölcük Tersanesinín Taríhi, F. Yavuz Ulugün ; The Hunters and the Hunted - The Elimination of German Surface Warships Around the World 1914-1915, Bryan Perrett, Pen&Sword Maritime, South Yorkshire, 2012.

    Remerciements particuliers à madame B.G.

     

     

    [1] (10 octobre 1470-20 septembre 1520) ; 9e sultan ottoman, du 24 avril 1512 au 22 septembre 1520, son successeur fut Soliman le Magnifique.

    [2] Littéralement : lagune.

    [3] La Turquie était alors considérée par les autorités françaises comme « un pays vierge au point de vue économique » (cf. discours de Mario Roustan, sénateur ancien ministre).

    [4] Un collège français, nommé Sainte Barbe existait à Izmir et devait assurer la scolarité de leurs enfants.

    [5] Deux sous-marins devaient aussi faire l’objet de réparations et modernisation, on les confia à une compagnie néerlandaise.

    [6] Né à Saint-Nazaire le 5 décembre 1877, fils naturel de Marie Louise Haspot, tailleuse.

    [7] Née Marie Augustine Denis, à Saint-Nazaire 2 décembre 1883, ancienne tailleuse pour dame, fille d’un cuisinier ; ils s’étaient mariés à Saint-Nazaire le 11 septembre 1909.

    [8] Née à Saint-Nazaire, le 30 juillet 1910

    [9] Alexandre-Daniel, né à Saint-Nazaire le 4 avril 1913.

    [10] Les enfants furent à jamais traumatisés ; Alexandre, devenu cuisinier au 3ème dépôt de la Marine à Lorient, tira en janvier 1935, dans la rue L’Enclos du Port, sur le tenancier d’une maison close, et traduit devant le conseil de guerre de la marine à Brest.

  • Saint-Nazaire, les chantiers vu par François Kollar

    Photographies des chantiers de Saint-Nazaire, par François Kollar,  prises durant les années 1931 à 1935, (Crédit photo : Donation François Kollar, Ministère de la Culture, Médiathèque de l'architecture et du patrimoine)

     

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    1931, construction d'un paquebot ; descente le long du flanc de la coque

     

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    1931, rivetage des tôles d'un pont du " Normandie " aux chantiers et ateliers de Penhoët

     

     

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    1931, construction du " Normandie ", structures intérieures de la coque

     

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    1931, construction du " Normandie "

     

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    1932, sortie des ouvriers au chantier de Penhoët

     

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    1932, le " Normandie "

     

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    1932, le " Normandie "

     

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     29 octobre 1932, lancement du " Normandie "

     

     

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    29 octobre 1932, lancement du " Normandie "

     

     

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    29 octobre 1932, lancement du " Normandie "

     

     

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    29 octobre 1932, lancement du " Normandie "

     

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    1933, le " Normandie "

     

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    1933, Le " Normandie "

     

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    1933, le " Normandie "

     

     

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    1933, Le " Normandie "

     

     

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     1934, construction du " Ville d'Alger "

     

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    1934, le " Normandie "

     

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    1934, Le " Normandie "

     

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    1934, le " Normandie " 

     

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     1934, le " Normandie "

     

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    1935, le " Normandie ", réalisation des décors

     

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    1935, le " Normandie ", canots

     

     

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    1935, le " Normandie ", canots

     

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    1935, pont du " Normandie "

     

     

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    1935, le " Normandie ", essai des machines

     

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    Saint-Nazaire, 5 mai 1935, les acteurs Gaby Morlay et Victor Boucher se promenant à bord du " Normandie "

     

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    Saint-Nazaire, 5 mai 1935, les acteurs Gaby Morlay et Victor Boucher dans un salon du " Normandie "

     

  • Méan, chantiers et patrimoine

    Méan fut au 19e siècle un haut lieu de la construction navale, c'est en ce bourg de Saint-Nazaire, encore préservé, sur les rives du Brivet, que naquit ce qui sera la fortune de Saint-Nazaire. Nombre de maisons sont encore présentes pour nous compter cette histoire, qu'elles soient demeures de marins, de capitaine au long cours, ou d'armateur.

     

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    Plan des chantiers de Méan dressé par Charles Beilvaire. On y construisait des chaloupes brièronnes jaugeant 20 tonneaux.

     

    Le chantier Loumeau :

     

    Le chantier Loumeau fut fondé vers 1810 par Emile Loumeau, fils d'un charpentier de la marine marchande. Il forma ses fils à la construction navale, mais aussi les fils de la sœur de sa femme, dont l'un deviendra son beau-fils, et reprendra le chantier à la mort de son cousin, le réunissant au sien.

    Le chantier naval Loumeau se situait sur la partie sud du quai de Méan, on y fabriquait des bricks, des goélettes, et des lougres. Le bois était cintré en étuve, une grande cheminée dominait la rive.

    Durant une courte période, il y eut un chantier " Lourmeau fils ", dont le seul navire connu est un brick baptisé " Prohète Elie ", qui s'échoua rapidement sur le banc des Morées.

     

    Extrait de la généalogie Loumeau :

     

    I° Emile-Marie-Joseph Loumeau, (Montoir-de-Bretagne 26 avril 1783 - Méan 29 janvier 1842), marin, puis constructeur de navires à Méan, marié le 9 mai 1815, à Montoir-de-Bretagne, avec Reine Labour, fille de Charles Labour, et de Marie Macé, d'où :

    1. Michel-Émile, (Méan 2 août 1816 - Méan 3 août 1853) charpentier de port, constructeur de navires à la suite de son père, il semble qu'il fut marié, ou du moins il vécut en concubinage, il n'eut cependant aucun héritier, à sa mort, le chantier Lourmeau fut acquis par son beau-frère et cousin germain Émile-Fidel Ollivaud ;

    2. Louise-Éléonore, (Méan 6 juillet 1818 - Méan 22 mai 1857) ;

    3. Louis-Marie, (Méan 15 août 1820 - Méan 18 octobre 1846), maître au cabotage ;

    4. Gustave, Méan 10 décembre 1822 - Méan 4 avril 1824) ;

    5. Marie-Anne, née à Méan le 20 janvier 1825, mariée le 18 juillet 1854, à Montoir-de-Bretagne, avec Émile-Fidel Ollivaud, son cousin germain ;

    6. Jean-Jules, Méan 28 octobre 1827 - en mer 7 mars 1851), marin ;

    7. Joseph-Marie, (Méan 5 février 1829, capitaine au long cours, époux d'Émilie-Julie-Honorine Loumeau, d'où une fille ;

    8. Gustave, né à Méan le 27 novembre 1830 ;

    9. Pierre-Marie, né à Méan le 3 septembre 1832 ; 10. Reine, née à Méan le 27 avril 1834.

     

    Le chantier Ollivaud :

     

    Le chantier Ollivaud fut fondé par Émile-Fidèle Ollivaud, neveu par alliance et beau-fils d'Emile Loumeau, il se situait à côté du chantier Loumeau, sur le quai de Méan, en remontant le Brivet, auquel il fut réuni à la mort de Michel-Émile Loumeau. Émile-Fidèle Ollivaud fut formé par son oncle, il compléta sa formation durant son service militaire accompli dans la marine. Ce chantier était le plus grand de Méan ; il disposait en aval du pont de trois cales de construction et une cale de carénage. Comme le chantier naval Loumeau, on y fabriquait des bricks, jaugeant 250 à 300 tonneaux, 28 à 30 m de long, sur 6,50 de large, des goélettes, et des lougres, jaugeant 90 à 120 tonneaux, 18 à 22 m de long sur 5,50 de large. Lancés dans le Brivet, les navires, du fait de la faible largeur du cours d'eau, rebondissaient mollement contre la rive opposée. Ils étaient ensuite remorqué jusqu'à Nantes pour recevoir l'armement et les mâtures. Concurrencé par la construction navale de fer, et les chantiers Scott, ce chantier ferma en 1888, son dernier lancement fut celui de la goélette " Guillaume Tell " en 1884.

     

     

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    Le chantier Ollivaud, (avec la maison au haut à droite), dessin de Charles Beilvaire.

     

    I° Jean-Julien Ollivaud, (village de Trembly à Montoire (1) 3 juillet 1784 - village de Certé à Montoire (2) 16 septembre 1861), laboureur, marié le 12 octobre 1812, à Montoire-de-Bretagne, avec Anne-Françoise Labour, ( village de Certé à Montoire 31 janvier 1788 -  village de Certé à Montoire 6 janvier 1867), fille de labeur à son mariage, fille de Charles Labour, et de Marie Macé, d'où : 

    1. Etienne, (Certé 16 novembre 1813 - Trembly 3 juin 1814) ;

    2. Désiré, (Trembly  5 décembre 1814 – Saint-Denis-de-La-Réunion 25 août 1863) maître au cabotage, marié le 3 octobre 1843, à Montoir-de-Bretagne, avec sa cousine germaine, Louise-Éléonore Loumeau, fille d'Emile-Marie-Joseph Loumeau, constructeur de navires, et de Reine Labour, d'où postérité ;

    3. Isidore, né le 16 mars 1817, marin ;

    4. Anne-Françoise, née le 10 septembre 1820, cultivatrice, mariée le 27 août 1851, à Montoir-de-Bretagne, avec Etienne Labour, son oncle maternel ;

    5. Émile-Fidel, qui suit ;

    6. Pierre, (Certé 25 mai 1827 -  Certé 23 juin 1890), charpentier de navire, il fonda un chantier au village de Rozé où il construisait des chalands et des chaloupes ; marié le 21 janvier 1852, à Montoir-de-Bretagne, avec Joséphine Lemay, née le 27 septembre 1828, fille de François Lemay, et de Marguerite Macé, d'où postérité.

    II° Émile-Fidel Ollivaud, né le 23 mars 1824 à Certé, constructeur naval, nommé, par le préfet, conseiller municipal de Saint-Nazaire le 17 avril 1871 au 6 juin 1871 ; marié le 18 juillet 1854,  à Montoir-de-Bretagne, avec Marie Anne Loumeau, sa cousine germaine, 

    1. Gustave, né à Méan le 30 juin 1855, décédé en mars 1936 ;

    2. Corine-Marie, née à Méan le 7 août 1856, épouse de Jean-Honoré-Mari-Arsène Leroux, notaire à Montoir-de-Bretagne ;

    3. Raoul, né à Méan le 7 mars 1858, époux d'Emilienne-Fanny-Marie Loumeau, d'où :

    3.A Emile-Michel-Marie, (Saint-Nazaire 12 août 1895 - 25 mars 1916 de ses blessures à l'Hôpital de La Fléche) capitaine au 411e régiment d'infanterie, chevalier de la Légion d'Honneur à titre posthume.

     

    Émile-Fidel Ollivaud fit construire une demeure rue de Trignac, à proximité de la rue baptisée en son honneur, pour abrité le siège sociale son entreprise et sa salle à tracée, dans laquelle Gustave Ollivaud s'établit quand son frère Raoul et lui arrêtèrent la construction navale pour se tourner vers el commerce du bois. Leur commerce se développa grâce à leur sens des affaires, mais aussi au fait de Raoul était à la Chambre de Commerce, et Gustave au Conseil municipal comme représentant de la section de Méan, ce qui leur permettait de connaitre à l'avance les offres et les chantiers, (cf. sa nécrologie très atypique dans Le Courrier de Saint-Nazaire du 7 mars 1936). Durant l'entre-deux-guerres Gustave participa régulièrement au journal le Courrier de Saint-Nazaire avec des billets d'humeurs où des souvenirs historiques signé " Un catholique méanais", ou " Un vieux méanais", mai aussi " Un Vieux " et " Un Vieux Bougon ".  En 1960, sa maison était en mauvais été et inhabité (3), elle a depuis disparu.

     

    Le chantier Mahé :

    Il s'étendait sur les deux rives du Brivet, en amont du pont ; sa cale principale était sur la rive gauche. En aval du pont, un ancien chasse-marée monté sur la rive servait de magasin. On y construisait des chaloupes brièronnes jaugeant 20 tonneaux. Il ferma en 1873.

     

    Le chantier Lamort :

    Situé à l’emplacement du feu du port, on y construisait de petits trois mats, des Lougres, des Slopp-pilotes. Il fut fermé en 1875.

     

     

    forge.jpg La flotte issue de Méan comprenait quatre-vingt-huit navires, jaugeant jusqu'à 600 tonneaux. Son port était doté d'une tourelle construite en 1843, mais qui ne fut doté d'un éclairage qu'en 1871. Il y avait aussi un maître de port qui dirigeait le mouvement des navirs, et une Recette des Douanes. Près de deux-cents ouvriers étaient employés en 1880. 

    Associée aux chantiers, existait la forge Dandeau, qui avec dix ouvriers, assurait la fabrication des outils, clous, ancres, et autres pièces métalliques nécessaires. Les bâtiments existent toujours, à l'angle des rues de Trignac et Négrin.

     

    La forge Dandeau en janvier 2009, photo Odoevsky Maslov.

     

    Elle appartenait à Jean Dandeau, né le 16 août 1837 à Lagrange, dans les Landes, celui-ci avait épousé sa cousine Joséphine-Marie Dandeau, le 2 mai 1865 à Montoir-de-Bretagne.

     L'industrie navale comprenait aussi un poulieur : Tostain ; et un cordier : Brisset. 

     

    On verra aussi au 278 de la rue de Trignac, la maison d'André-Théodore Ricordel,  (Méan 19 décembre 1819 -  Nantes 1871), fils d'un charpentier de navire à Méan, il fut maître au cabotage, puis capitaine et armateur. Il épousa en première noce, le 2 octobre 1842 à Montoir-de-Bretagne, Jeanne Françoise Moriceau, (Saint-Malo-de-Guersac 22 mars 1822 - Méan 6 mai 1844), fille d'un agriculteur, en seconde noce, en 1854, il épousa Anna Lanferman, (Le Havre 1835 – Méan 18 septembre 1855), fille de Jacob Lanferman orfèvre venu de Middelbourg, et de Anna (??), qui apporta à son époux une dote importante, elle décéda des suites de l'accouchement de sa fille Anne-Marie, née à Méan le 15 mars 1855. En 1862 il se maria une troisième fois avec Marie-Léonide Bichon, fille du directeur de la fonderie, dont il eut un fils mort né le 25 février 1862. Il avait ouvert un magasin de fournitures de marine devant l'ancienne église de Saint-Nazaire, au rez-de-chaussé de l'hôtel Blanconnier, il possédait trois navires, dont le « André-Théodor ». Il fit construire cette maison par un architecte parisien en 1855, pour sa seconde épouse, ce qui impressionna beaucoup le pays, surtout qu'il avait pour domestique un jeune noir ramené d'un voyage aux Antilles. Le capitaine Ricordel avait fait élevé un calvaire à proximité de sa maison, qui disparut durant le Seconde-Guerre-mondiale (4).

     

     

    mean, saint-nazaire, chantiers, 1858

    Méan en 1858, dessin de Charles Beilvaire d'après un autre plus ancien...

     

     

    (1) & (2) Ces villages sont aujourd'hui sur le territoire de Trignac, commune créée en 1914.

    (3) Cf. Fernand Guerrif, dans « Histoire de Saint-Nazaire », tome I, 1960.

    (4) D'après Fernand Guerrif, dans « Histoire de Saint-Nazaire », tome I, 1960.