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Chroniques de Saint-Nazaire - Page 6

  • Ancien église puis chapelle Notre-Dame d’Espérance

     

    Si le nom de Notre-Dame d’Espérance est celui de la paroisse de Pertuischaud et de son église circulaire, bel exemple de construction religieuse des années 1950, il fut auparavant celui d’une chapelle située dans le Vieux Saint-Nazaire, au point le plus élevé du rocher, rasée en 1906, là où se dresse aujourd’hui le quartier du Petit-Maroc[1], .

     

    Remontant le temps, jusqu’au début du Moyen-âge. Il ne nous est pas possible d’affirmer si cette chapelle était l’église dont parle Grégoire de Tour à propos de la légende du Baudrier d’or, même si c’est la théorie de Desmars à laquelle s’opposait maître Galibourg[2] qui voulait que la ville se situât à l’origine au lieu-dit « la Vieille-Ville », nom qui pourrait en réalité désigner l’emplacement d’un bourg antique. Faute de documentation, et plus encore de fouilles archéologiques, matière encore balbutiante quand on urbanisa à la fin du 19ème siècle, nous nous bornerons à dire que le bâtiment désigné au 19ème siècle sous le nom de « Chapelle Notre-Dame d’Espérance », était initialement l’église de la ville médiévale de Saint-Nazaire.

    Dominant l’agglomération, ce long bâtiment à une seule nef sous une toiture à plafond voûté de bois, doté un temps d’un clocheton en façade, était orienté vers l’Est, comme le voulait la tradition. Cette église offrait l’aspect simple de ses consœurs bretonnes, et donc architecturalement très proche de la chapelle de Penchâteau au Pouliguen. Comme elle, elle comportait une porte principale à deux vantaux face au chœur, et une petite porte latérale au milieu du mur sud dans le goût de la seconde moitié du 14ème siècle. Si l’éclairage se faisait par les baies du chœur.

    Sa situation au sommet du rocher de Saint-Nazaire, tout comme son orientation, rendait la construction vulnérable aux vents et tempêtes. L’église fut aussi incendiée durant la guerre de Cent-ans, déclarée en ruine en 1373. Les archives du Vatican, que les pères G. de Lesquen et Guillaume Mollat, chapelains de Saint-Louis-des-Français à Rome, avaient consulté pour la rédaction de leur livre « Mesures fiscales exercées en Bretagne par les Papes d'Avignon à l'époque du Grand Schisme d'Occident », publié en 1903 par A. Picard, révèlent que la Papauté d'Avignon accordât des indulgences aux fidèles qui voulussent bien concourir aux frais de réparation. La Bulle papale précise : « Désirant donc que l'église paroissiale de Saint-Nazaire, au diocèse de Nantes, dont les constructions, ont par suite des longues guerres qui dirent encore, été détruite et réduite à rien ainsi qu'il nous l'a été affirmé, soit réparée et fréquentée avec les honneurs habituels. »

    L'église ne fut reconstruite que partiellement ; on recula le chœur de plusieurs mètres. C'était une maçonnerie à trois pans, avec deux baies en arc et un mur central sans ouverture devant lequel fut placé un retable. Les deux sculptures qui sont dans l'actuel chœur de l'actuelle église Saint-Nazaire, à savoir la « Vierge de douleur » et « Saint-Jean priant », que l'on date du 15ème siècle et qui devaient être des ornements d'une poutre de gloire, proviennent de cet ancien lieu de culte.

    Les dommages réguliers dus aux tempêtes poussèrent les habitants à solliciter en 1580 leur seigneur, Charles d’Avaugour, à obtenir l’autorisation de transformée les ruines de l’ancien logis seigneurial, détruit durant la guerre de Cent-ans, en église et d'en remployer les pierres. En 1584 l’église usuelle de la paroisse était définitivement fixée sur la place au bord de la Loire, ce sera le bâtiment nommé « Vieille-église » au moment de la construction du Port, (nous lui consacrerons un article).

    Cependant l’église initiale, au sommet du rocher, resta pour Rome la seule église principale de la paroisse, si bien que quand en 1660 Jean de Carné acquit la vicomté de Saint-Nazaire, il fit modifier le portail d’entrée de celle-ci en ajoutant de chaque côté son écu dans un quadrilobe, car c’était encore le siège de la paroisse où il avait le pas sur les autres seigneurs locaux. L'église fut consacrée à Saint-Yves, la nouvelle devenant celle dédiée à Saint-Nazaire.

     

    Armes de la famille de Carné :

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    D’or à deux fasces de gueules.

    Dans les premières années du 18ème siècle, les Gardes côtes édifièrent un corps de garde au bord des flots, sur le bas du cimetière, au sud de la chapelle.  Durant le creusement des fondations de ce nouveau bâtiment, il fut découvert « plusieurs cadavres qui avaient sept pieds de haut, et dont quelques-uns avaient encore des casques[3] », ce qui fait des sépultures de 1 m 80 à 1 m 90 de long.

     

    Sur le cadastre seigneurial du 18ème siècle, dit par Fernand Guériff « plan Goinard », (du nom de son découvreur en 1980), on lit la mention « Grande chapelle, autrefois grande église de Saint-Nazaire ».

     

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    Ce plan nous renseigne aussi sur le recul du chœur en précisant l’emplacement des ruines de l’ancien, et délimite « Le grand cimetière ».

     

    La chapelle fut employée jusqu’en 1749 comme chapelle mortuaire, quoique le cimetière qui l’entourait fut désaffecté au profit du nouveau constitué autour de l’église le long de la Loire.

    1749 fut donc la date de sa désaffection comme que lieu de culte ; une tempête avait une nouvelle fois endommagé sa toiture, qui fut sommairement réparée par les militaires qui en firent un magasin. Restitué à la paroisse, le clergé y établit l’école.

     

    À la Révolution la chapelle devint la propriété de la commune, l’enseignement de l’école fut confié à des laïcs, puis déplacée. Le cimetière en parti vendu par lots remployés comme jardins potagers, la plus grande part revenant à l'Armée pour l'usage de son fort, (une simple batterie). La grande chapelle tomba peu à peu en ruine et servant au stockage militaire jusqu’au retour des Bourbon. Le 10 juillet 1816, le maire, Julien Maurice Tahier de Kervaret, la proposa à la location pour la somme annuelle de 150 fr à la Préfecture pour y établir les écuries et magasins de la caserne de Gendarmerie établie dans son ancien presbytère, resté lui propriété de la paroisse. Le Préfet écart la proposition. Le 9 octobre suivant, l'ingénieur Cruci venu à Saint-Nazaire pour chercher où établir un lazaret pour les équipages et bâtiments qui seraient mis en quarantaine avec un lieu de stockage des marchandises, jeta ses vues sur la chapelle. Le Maire s’insurgea auprès du Préfet en argumentant que le projet pouvait compromettre la santé de la ville, car les maisons étaient à 70 ou 80 pas, et séparée uniquement par un petit mur.

    Le 25 juillet 1829, le Conseil municipal refusa de rendre la chapelle, désignée comme chapelle du grand cimetière, pour le culte que revendiquait le Conseil de fabrique. La Mairie argumenta que la chapelle était un bien communal. Le 8 juin 1829, il y eut une seconde demande de restitution au culte qui fut elle aussi refusée. 

    Le rétablissement du culte dans la chapelle ne fut autorisé qu'à l'avènement du Second-Empire, et avec l'idée que le développement du port et de la ville entraînerait le besoin d'un autre lieu ouvert pour le recueillement des fidèles. On entreprit alors de lui rendre sa fonction primitive, mais ce n’est qu’en 1860 qu’une restauration, dans le goût troubadour, en modifia la façade, la dotant d’un œil de bœuf bordé de rinceaux qui se rêvait rosace, et d’un clocheton qui ne reçut jamais de cloche ! On préféra poser devant l’arc de celui-ci, le 27 novembre 1860, une colonne néo-gothique supportant une Vierge à l’Enfant en fonte, œuvre du sculpteur Fourchon, de Nantes, d’après un dessin de l’abbé Rousteau.

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    Enfin, on fit établir de larges baient à fronton triangulaire dépassant la pente du toit, toutes sur le même modèle, trois à chaque flanc. Le résultat était laid et le lieu, rebaptisé Notre-Dame d’Espérance, servit peu au culte. A l’intérieur on réalisa une voûte en plâtre peinte en bleu avec des étoiles or, on plaça des statues de saints en plâtre, un Chemin de Croix de gravures, et de maigres bancs. Quelques ex-votos de marbre furent fixés aux murs blancs, ainsi que quelques maquettes de navires pendues au plafond. L’autel était une don de monsieur Edmond Villiers de Heloup, (Alençon 14 juin 1807 - 19 mai 1865 Saint-Nazaire),  et de son épouse, Angélique-Mélanie, née Grolsleau, qui possédait une propriété face à l'océan à l'emplacement de l'actuelle Place Franklin Roosevelt.

     

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    intérieur de la chapelle

     

    Si les bateaux tiraient en son honneur deux salves, peu de messes y furent célébrées. On se contenta d’y faire le catéchisme et en 1896 elle fut à nouveau désaffectée et employée comme magasin pour les sacs de ciment du port.

     

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    La chapelle en 1872, dessin d’après photographie originale, par Charles Beilvaire, le Courrier de Saint-Nazaire du 20 août 1932.

     

    Le percement de la Nouvelle-entrée entraîna sa destruction. La chapelle n’était pourtant pas dans l’axe du percement, mais il faut décider de raboter le haut du rocher. Outre la destruction du lieu de culte, ce nivellement du sommet du Vieux-Saint-Nazaire entraîna le curage de l’ancien cimetière en juillet et août  1906. On trouva des sarcophages en granites qui furent estimé antérieurs au 11ème siècle, l’entrée d’une crypte, une fosse contenant les ossements entremêlés de chaux des victimes de la peste de 1501, (que certains prirent au début pour les victimes de Carrier), des cercueils en châtaigner dont les clous à tête biseautée remontaient avant le 17ème siècle, un autre cercueil contenait des restes datant du règne de Louis XIV d’un homme dont les dentelles, les étoffes, et les souliers étaient dans un bon état de conservation, et qui tenait en ses main un chapelet d’ivoire. Maître Galibourg, ainsi que messieurs Luc Totain, (peintre local qui a laissé plusieurs représentations de bâtiments détruit à la fin du 19e siècle et au début du 20ème sicle),  et G. Billard, vinrent observer les découvertes[4]

    Dans son " Précis historique du vieux Saint-Nazaire ", G. Le Barbier de Pradun, publia en 1907 : " Des anciens nous ont affirmé avoir entendu raconter dans leur jeunesse que sous la Terreur, des cadavres échappés de la Loire, y furent pieusement recueillis. [...] Des ossement découverts lors des dernières fouilles, en quantité considérable, permettent de supposer qu'un charnier existait en cet endroit, ce qui démontre la véracité de cette assertion. Des victimes de divers naufrages, y furent également inhumées. [...] Des pièces de monnaie à l'effigie de Henri IV, de Louis XIII, des débris oxydes ainsi que quelques médailles en argent, furent mises à jour. Un certain nombre d'outils antérieur à notre époque, des parements de sculpture, d'anciennes statues dont une en assez bon état de conservation, ont été aussi découvert lors du déblaiement du sanctuaire." Mais rien en fut conservé. Les objets archéologiques ou monnayables furent partagés, dispersés. Seuls trouvèrent direction du musée d'après Le Barbier de Pradun : " un calvaire en bronze de vingt centimètres de diamètre, portant à chaque extrémité de la branche horizontale, deux têtes d'ange ciselées, ainsi qu'un Christ de même métal. Un certain nombre de doubles tournois d'époque Louis XIII. Plusieurs sarcophages en calcaire coquiller et en granit représentant un grand intérêt."

    Les ossements furent mis dans des charrettes recouvertes de draps mortuaires, et conduit par le clergé à la fosse du cimetière de La Briandais, le 23 août 1906.

    De la chapelle furent conservés la statue de fonte de la Vierge à l’Enfant avec sa colonne placée sur la façade de l’église Saint-Nazaire actuelle, la statue de pierre de la vierge, elle aussi posée sur une colonnette, qui se trouvait sur l'autel fut placée sur la façade du nouveau presbytère (il n'en reste que la partie basse à la suite des bombardements sur sa colonnette), et, sur intervention de monsieur Totain, les deux porches, transportés au jardin des plantes, le plus grand posé dans un massif de roses, le plus petit employé comme porte d’accès dans l’avenue Ferdinand de Lesseps. Ce dernier fut détruits durant la guerre, où peut-être volé durant le déblaiement, les souvenirs divergent. On avait aussi réemployé dans la nouvelle église l'autel pour le dédier à Sainte-Anne.

     

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    Ce n'est qu'en 1937 que le nom de Notre Dame d’Espérance fut attribué à la paroisse fondée au quartier de Villès-Martin-Plaisance, avec une chapelle dédiée communément à Sainte-Anne, et constituée à l'intérieur d'une ancienne minoterie. Depuis la reconstruction, l'église Notre Dame d'Espérance se trouve au sommet de la colline de Pertuischaud, avenue Léon Jouhaux.

     

     

    [1] Concernant le nom Petit-Maroc, voyez notre article : http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2018/07/22/le-petit-maroc-histoire-d-un-nom-6067779.html

    [2] A propos de maitre Galibourg : http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2012/11/02/maitre-alexandre-galibourg.html

    [3] Jean Ogée, Dictionnaire historique et géographique, de la province de Bretagne, Volume 4, 1780 ; et  Jean-François Le Boyer : « Notices sur le département de la Loire-Inférieure », 1824.

    [4] Lire à ce propos l’article de L’Ouest Éclair 6 février 1931, page 6.

  • L'Allée du château à Saint-Marc

    Il nous a été demandé : « Pourquoi à Saint-Marc l'Allée du château se trouve si loin du château ? »

     

    Cette allée se trouve sur la pointe qui domine la plage à l'Est, et celle-ci se nomme « colline du château » ou « butte du château ».

    Léon Maître, (1840-1926), dans son « Guérande et la contrée guérandaise » édité par Grimaud à Nantes en 1894, explique :

    « Sur la pointe de Saint-Marc on voyait encore, il n'y a pas 50 ans d'énormes fortifications qui font penser aux terrasses que César édifia contre les oppidia des Vénêtes. Le lieu a conservé au cadastre le nom de Château, il est assez élevé pour servir de point d'observation. Les cultivateurs y ont ramassé une monnaie romaine qui est dans la collection Kervilier ; leur charrue soulève des pierres taillées et des briques à rebords. »

    C'est donc le souvenir de castrum antique qui a donné son nom au lieu. On ne sait pas plus son sujet que ce que Léon Maître a écrit, car l'endroit a été urbanisé dès la fin du 19e siècle et il n'y a pas eu de fouilles officielles. Notons aussi que la section au nord de la Colline du Château se nomme « île du Château ». A Saint-Nazaire et dans tout le pays de Guérande, on appelle « île » une grande réunion de pièces de terre entourées de chemins ou de fossés de drainage.

     

    Il n'y a donc aucun lien avec l'Allée du Château et la grande villa dite « château de Saint-Marc », dont nous avions parlé il y a quelques années : http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2012/07/25/le-chateau-de-saint-marc.html

     

    Enfin, voici la chanson «  La Butte du Château », hymne de Saint-Marc, publiée dans Le Courrier de Saint-Nazaire, le 9 février 1929 :

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  • Du casino de Saint Nazaire au Collège Saint-Louis, 2ème partie

    En 1922, monseigneur Eugène Le Fer de La Motte, (1867-1935), évêque de Nantes[1], fit acquisition des bâtiments, annexes et terrains de l’ancien casino des Mille Colonnes et y fonda le collège Saint-Louis à l’usage exclusif des garçons[2].

     

    Il fit faire des rénovations au bâtiment du Casino, supprimant au passage l’horloge en façade, transformant la grande salle devint le réfectoire, le théâtre une chapelle, et procéda à des agrandissements. Il obtint par ailleurs de la Municipalité que seul le chemin vicinal n°15, (actuelle rue André Le Nôtre), soit prolongé à travers la propriété, vers l’océan depuis l’avenue de Plaisance (actuelle avenue François Mitterrand).

     

     

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    L’établissement ouvrit en octobre 1924. L’enseignement allait des classes enfantines jusqu’à celle de philosophie et de mathématique, et conduisait aux baccalauréats A, A’, B. 

    Les élèves devaient tous être catholiques.

     

    En mars 1925 une tempête arracha une partie du revêtement de la digue du boulevard. Il y eu une première réparation, mais d'autres tempêtes arrachèrent le revêtement de pierre.

     

    En 1932, Monseigneur Le Fer de La Motte décida l’édification d’un nouveau bâtiment, (nommé actuellement bâtiment Atlantique). Il en commanda les plans à l’architecte nantais René Ménard[3], (1876-1958), Mémorial de Sainte-Anne-d'Auray à la mémoire des 240 000 Bretons morts pour la France.

    On obtint d'abord de la municipalité le renforcement de la digue du remblai dont les grande marées et tempêtes arrachaient régulièrement le revêtement. la grande marrée de mars 1930 avait entrainé un effondrement du boulevard Albert Ier.

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    Effondrement du boulevard Albert Ier en mars 1930

    (Le Courrier de Saint-Nazaire 22 mars 1930)

     

    Cette la section de mur fut reconstruite en béton armé par l'entreprise nazairienne Chabot, et achevé en janvier 1933.

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    (Le Courrier de Saint-Nazaire 31 décembre 1932)

     

    Les travaux de construction de la nouvelle aile débutèrent en décembre 1932.

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    Le chantier en décembre 1932.

    (Le Courrier de Saint-Nazaire 31 décembre 1932)

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    Visite du chantier par monseigneur Le Fer de La Motte le 13 mars 1933

    (Le Courrier de Saint-Nazaire 18 mars 1933)

     

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     Il fut présenté achever, le 25 septembre 1933 à la presse, et ouvert à la rentrée du 1er octobre 1933.

     

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    Monseigneur Le Fer de La Motte le 25 septembre 1933 sur le toit du nouveau bâtiment, (le Courrier de Saint-Nazaire 30 septembre 1933)

     

    À un angle de ce bâtiment fut placée une statue en béton armé à l’effigie de Saint-Louis, œuvre de Maxime Real del Sarte[4], (1888-1954), posée sur une console sculptée par Alexandre Desmarchix, (1874-1962), aux armes de monseigneur Le Fer de La Motte, (Écartelé : aux 1 & 4, échiqueté d'or et de gueules (Le Fer) ; au 2, de gueules au vaisseau équipé d'or, habillé d'hermine, voguant sur une mer de sinople mouvant de la pointe et ondée d'argent, au chef aussi d'hermine (Nantes) ; au 3, d'argent de chef de gueules, (Avaugour), avec chapeaux et lambrequins, crosse, cri de guerre « Jhesus Maria », et devise  « Pour vos âmes ». Real del Sarte réalisa en fait uniquement une maquette qui fut reproduite par un jeune artiste finistérien, Baron, qui assura la mise en place de l'oeuvre. haute de 4 m 20, elle se compose de trois parties qui pèsent chacune 1 tonne.

     

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    Le Courrier de Saint-Nazaire, 18 novembre 1933

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    Le montage de la statue, photographie publiée dans Le Courrier de Saint-Nazaire du 11 novembre 1933.

     

    L'oeuvre fut inaugurée le 8 novembre 1933[5].

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    La statue dans son état original et dans celui de 2015

    (seconde photo © Fondation du Patrimoine)

     

    Ce nouvel immeuble, équipé du chauffage central, contenait des salles de classe, un dortoir au dernier étage, et un « escalier d’honneur », aux marches en iroko.

     

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    Vue aérienne prise en 1933

     

    Le terrain à l'arrière, malgré l'aménagement d'une cour entre les bâtiments, resta un terrain vague. Au moment de l'achèvement du bâtiment de 1933, un ouvrier avait demandé à monseigneur le Fer de La Motte ce qu'il comptait en faire, l’Évêque avait répondu qu'il prévoyait d'y « organiser les prochains Jeux olympiques ». En réalité s'il était projeté d'agrandir le collège en y ajoutant d'autres bâtiments, les caisses étaient vides pour plusieurs années.

     

    Le Collège Saint-Louis fut durant l’entre-deux-guerres un lieu important de la communication de l’évêché de Nantes. On y invita de nombreuses personnalités catholiques et royalistes, comme l’académicien Henry Bordeaux venu à Saint-Nazaire pour faire une conférence en janvier 1935.

     

    En 1938 les élèves reçurent à la rentrée un carnet de cartes postales du collège, et un carnet comprenant des extraits du règlement, ainsi que les tarifs de pension.

     

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    Couverts d'un demi-pensionnaire de 1925, portant initiales de l'élève et chiffre de l’économat, Fonds et Collections Odoevsky Maslov.

     

    L’établissement, qui jusque-là avait échappé aux réquisitions de l’occupant[6], ferma le 18 novembre 1942 en raison de l’évacuation des élèves de toutes les écoles nazairiennes ordonnée par la municipalité. Investi par les troupes allemandes, celle-ci édifièrent un blockhaus de 1 500 m2, à l’angle des rues André le Nôtre et de Pornichet, (dont la destruction ne fut entreprise qu’en juillet 2018 et nécessita plus de 5 mois de travail).

     

    Le Collège réouvrit en octobre 1945 dans les locaux de l’hôtel des Edelweiss, au 127 avenue de Paris à La Baule. En 1951, bénéficiant des indemnités de dommages de guerre, l'évêché fit détruire les restes des bâtiments du Casino et des bains turcs dont il ne restait que les fondations et des morceaux de façades pour faire place à un nouvel immeuble copié sur celui construit en 1933, avec une aile en retour, et l’ajout d’une conciergerie entre les deux. Ce n’est qu’en 1953 qu’il retrouva ses locaux nazairiens. Le bâtiment de 1933 fut agrandi d'une aile en 1957.

     

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    © éditions Gaby

     

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    © éditions Gaby

    On distingue le petit bois du collège hélas coupé pour faire place à de nouveaux bâtiments.

     

    Durant la Reconstruction, il y eu dans la cour des préfabriqués pour loger des Nazairiens dont les maisons avaient été détruites.

     

    Du casino des Mille Colonnes il ne resta que les grilles et murés d’enceinte, si celles-ci disparurent dans les années 80, l’observateur peut encore voir dans les reprises de maçonnerie du muré les traces de l’ancien casino et des bains turcs.

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    © éditions Gaby

     

     

    [1] Évêque de Nantes du 28 mai 1914 au 8 juillet 1935, date de sa démission pour raison de santé ; évêque émérite de Nantes et in partibus d'Ionopolis du 8 juillet 1935 à sa mort le 20 juillet 1936.

    [2] Très phallocrate, il avait poussé jusqu’à interdire en 1928 la présence simultanée d'acteurs de sexe opposé, dans les représentations théâtrales organisées par ses paroissiens, contraignant au travestissement des hommes en femmes !

    [3] On lui doit la restauration et l’agrandissement de plusieurs châteaux et manoirs dans le département, mais aussi la réalisation d‘églises, et du mémorial de Sainte-Anne-d'Auray.

    [4] Catholique enflammé et royaliste militant, il plaida avec Henry Bordeaux en 1952 la grâce médicale de Charles Maurras après du président Auriol.

    [5] Cette statue, fortement érodée, fait l’objet depuis 2015 d’un appel aux dons pour son remplacement, car sa restauration s’avère impossible : https://www.fondation-patrimoine.org/les-projets/statue-saint-louis-du-college-lycee-saint-louis-a-saint-nazaire ; seule la console a pour l’instant été restaurée (juin 2017).

    [6] Les écoles de Méan et la cantine des écoles située dans le bâtiment des halles avaient été requestionnées à l’arrivée des troupes allemandes.

  • Du casino de Saint Nazaire au Collège Saint-Louis, 1ère partie

    À la fin du 19e siècle, Saint-Nazaire n’était pas uniquement un port d’où l’on partait vers les Antilles et l’Amérique Centrale, c’était aussi une station balnéaire. On y prenait les bains de mer à La Villès-Martin, à Porcé, à Saint-Marc, à Sainte-Marguerite et Pornichet (Pornichet n’est devenu une commune qu’en 1905) et aussi au Grand-Traict, que l’on désigne aujourd’hui comme « plage du centre-ville »

    Sur cette plage du Grand-Traict,  qui n’était pas encore envasée à cause des brise-lames de la Nouvelle-entrée, il y avait un établissement nommé d’après celui de son propriétaire : « Les Bains Jaguin ». Le boulevard Albert Ier n’existait pas encore ; le boulevard de l’Océan, (qui devint Wilson en 1925), stoppait à l’angle de l’avenue de Lesseps et du bois de pins planté pour fixer les dunes, et qui  ne deviendra qu’à partir de 1887 le Jardin des Plantes. On était alors à l’extérieur de la ville, le quartier du Sable (avenue de La Havane) commençait à être loti, il ne le fut véritablement qu’au milieu des années 1930.

     

    Les Bains Jaguin étaient un baraquement de bois tout en longueur, contenant une salle de café, avec à chaque bout un vestiaire par sexe. Une fois changé, on allait, sous la surveillance d’un maitre-nageur, prendre son bain en suivant une ligne de corde fixée à des poteaux plantés dans l’eau, ou en s’y immergeant depuis un ponton qui s’aboutissait par quelques marches descendantes dans les flots.

     

    En 1896, la municipalité décida de prolonger le Boulevard de l’Océan. Désireuse de développer le caractère balnéaire de la commune, elle entraîna la destruction des Bains Jaguin, et permit la création d’un casino qu'on baptisa l’établissement de jeux : « Grand Casino des Mille Colonnes ».

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    Le projet de 1896 était aussi ambitieux que son nom l'indiquait. Sur le vaste quadrilatère qui correspond aujourd’hui au Collège Saint-Louis, mais aussi au Skatepark et au lotissement contigu, jusqu’à la rue Severine, devaient s’élever un casino avec salle de spectacle et restaurant, un bain turc, un hôtel, une plage privée avec des cabines, des écuries et remises pour les chevaux et un service d’automobiles qui aurait dû faire les taxis jusqu’au Croisic, le tout dans un vaste jardin agrémenté.

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    Une voiture taxi devant le casino

     

    La ville créa aussi une ligne d’omnibus Gare-Villès-Martin avec un arrêt devant le complexe.

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    L'omnibus devant le casino

     

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    Le bâtiment des bains turcs

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    Le Casino, avec son théâtre et ses bains en 1899, Plan d’alignement et de nivellement de Saint-Nazaire. Feuille 1 ; A.D.44 1 Fi Saint-Nazaire 9 / 3

     

    Monsieur F. Grailhes, initiateur du projet, et propriétaire en propre du casino, avait pour le reste trouvé plusieurs associées, dont Maxim Audoin (1858-1925), le directeur du journal Le Goéland, qui devait diriger la partie voiturage.

    La direction et l'animation furent confiées à Henri Villefranck, de son vrai nom Henry-Donat Francqueville, (Arras 1er octobre 1849 - Strasbourg septembre 1928), un artiste lyrique qui fut auparavant directeur du Théâtre Municipal de Dijon de 1889 à 1891, puis du Théâtre Municipal de Reims de 1891 à 1898. La critique et le public lui reprochèrent de ne produire pour le théâtre que «  des banalités ». Il resta en poste à Saint-Nazaire jusqu’en 1899, préférant alors prendre la direction du Grand-Théâtre de Nantes. Il fut remplacé par messieurs Bach et Bourdillat.

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    Publicité pour le Casino dans l'annuaire général de Loire-Inférieure de 1898.

     

    Un cercle, Le Cercle du Grand Casino des Mille Colonnes, sera autorisé par décision préfectorale le 22 juin 1898, mais disparaitra en 1907.

     

    L’entreprise, malgré la diffusion de nombreux articles élogieux dans la presse, ne vit réaliser que le casino avec salle de café et restaurant, un salon rouge et un salon bleu qui servaient d'antichambres au restaurent, la salle de théâtre, le bain turc, les écuries, dans le prolongement du casino, et la plage privée avec ses cabines, qui était reliée au casino par un souterrain aujourd’hui bouché mais dont l’entrée est encore visible dans les maçonneries du remblai. Cette plage, munie de cabines telles qu’on peut encore en voir sur l’île du Lido à Venise, fut anéantie par un mini raz-de-marée en août 1904, et jamais rétablie.

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    La plage du casino avec ses cabines

     

     Le jardin ne fut jamais réalisé, et l'ensemble donnait à l'arrière sur un terrain vague accidenté de dunes et d'herbes.

     

     

    Le casino se composait au premier étage d’une salle centrale où était le café, donnant sur la colonnade.  En entrant, à gauche était la salle du restaurant précédée du salon rouge, et gauche une salle dite « salon des petits-chevaux », du nom de la machine de jeu de hasard placée comme une roulette en bout de table, qui se composaient de figurines de chevaux avec jockeys, fixés sur des rails dans une imitation d’hippodrome, et qui tournaient sous les paris grâce à un mécanisme actionné par le croupier. Ce jeu rassemblait des paris à 5 ou 30 centimes, et était le seul jeu de casino autorisé, aux femmes, (ou du moins toléré), par la circulaire du 13 novembre 1886.

    Le jeu, principalement le baccara, se faisait dans la grande salle de l’aile à droite de l’entrée. On y jouait sous la surveillance d’un commissaire, et une tenue élégante y était de rigueur. Les femmes pouvaient entrée dans cette salle si elle était accompagnée d’un homme, mais il leur était interdit de parier, ni même de tenir les cartes de leur époux.

    La salle de restaurant accueillit à l'heure du souper le banquet de 300 personnes donné en l'honneur du président Félix Faure, venu à Saint-Nazaire le 22 avril 1897 dans le cadre de son Voyage dans l’Ouest, (de Nantes à la Rochelle du 19 au 28 avril 1897). Accompagné des ministres de l'Intérieur et de la Marine, il inspecta les travaux de la Nouvelle Entrée, visita les chantiers et l'hôpital, (on avait élevé pour l'occasion des arcs-de-triomphe en bois et plâtre le long du parcours présidentiel).

    À l’arrière du casino se trouvait la salle de théâtre, qui servait à la fois pour des spectacles, des concerts, mais aussi pour des conférences, (Jean Charcot en fit une en 1903), et même les remises de prix des écoles.

     

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    Sortie d'une distribution de prix des écoles

     

    Quoique certaines célébrités de la chanson et de la musique de l’époque soient venues s’y produire, et qu’il fut situé aux abords immédiats de l’agglomération, le casino ne fut jamais totalement rentable. En 1904, F. Grailhes vendit l’établissement moribond. Il était aussi pris dans le scandale d’un meurtre commis en 1903 par un habitué de son établissement, un dénommé Largeteau, jour compulsif, ancien employé des contributions, chassé de l’administration pour malversations, avec qui il entretenait des liens d’amitié. Largeteau fut accusé d’avoir tué la veuve Deceroit, née Marie Houstin, une rentière de la Haute-Saône, âgée de 43 ans, en vacances à La Baule. Connue sous le nom de « Crime du Grand-Marais », car c’est dans ce lieu nazairien que l’on découvrit, coincé sous un trépied qui devait le maintenir immergé, le corps de la malheureuse, cette affaire secoua profondément la ville, et provoqua toutes sortes de rumeurs et de lettres de dénonciation. Largeteau fut acquitté faute de preuves, mais le mal avait été fait et la rumeur resta persistante surtout après la découverte une fois le jugement rendu des valises de la veuve Deceroit maculée de sang, envoyée en consigne à Paris depuis Saint-Nazaire. Or à l’époque on ne rejugeait pas les affaires criminelles.

    Une campagne de presse annonça en 1904 le changement de propriétaire avec promesses de nouveaux jeux et spectacles ; monsieur Brière en fut alors le dernier directeur.

     

    Le lundi 23 septembre 1907, à l’occasion des festivités données pour l’inauguration de la nouvelle entrée, le déjeuner officiel du premier jour fut organisé au casino par la mairie et la préfecture. En grandes pompes y vinrent y assister : Aristide Briand, alors ministre de l’Intérieur, Gaston Thomson, ministre de la Marine, et Louis Barthou ministre des Travaux publics[1], différents officiels, plusieurs invités appartenant à l’élite municipale, et d’autres personnes désignées non sans ironie par Henry Moret, comme « des souscripteurs qui avaient réussi à se procurer des cartes [2]». Au dessert le maire, Baptiste-Auguste Lechat, puis Aristide Briand, prononcèrent discours.

     

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    Le 10 juillet 1910, un autre banquet officiel eut lieu au casino en présence d’Albert Sarrault, sous-secrétaire d’État à la guerre, venu inauguré le monument aux morts de 1870.

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    L’établissement finit par fermer à la fin de l’année 1911, et se dégrada rapidement sous l’effet des tempêtes et de l’air marin. Les repas officiels furent alors donnés au Grand Hôtel, et cela jusqu’aux bombardements.

     

    L’armée requestionna en 1914 les lieux. Transformé en caserne, puis, un temps en hôpital militaire.

     

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    Au temps de l'occupation militaire française

     

    Sur le vaste terrain de l’établissement et ses abords, les autorités françaises avaient établi le dépôt pour les chevaux et les mules que firent débarquer les troupes britanniques depuis l'Argentine et le Canada. En avril 1917, les troupes étasuniennes prirent possession des lieux avec leurs propres chevaux et mulets. Au total, sur le terrain du casino de Saint-Nazaire, ce furent 160.000 chevaux et 68.727 mulets qui transitèrent.

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    Débarquement d'un cheval des troupes anglaises sur le port.

     

    Quand les troupes étasuniennes partirent, en 1920, le bâtiment était dans un état lamentable. Les portes avaient presque toutes disparu. L'ancien casino devint un squatte pour tous les sans-logis de l’agglomération.

     

    En 1922, monseigneur Le Fer de La Motte, évêque de Nantes, fit acquisition du complexe et y fonda le collège Saint-Louis. (À suivre…)

     

    [1] Louis Bathrou décéda en 1934 à Marseille, victime d’un terroriste qui visait le roi de Yougoslavie. Il fut le patient régulier du docteur Raffegeau, médecin qui soignait les états dépressifs, qui légat aux Nazairiens le château des Charmilles à Porcé.

    [2] Henry Moret, « Histoire de la ville de Saint-Nazaire ».

  • Alfred Caravanniez

    Souvent cité comme célébrité née à Saint-Nazaire par les historiens locaux, sans plus de détail, Alfred Caravanniez est à la fois un inconnu des Nazairiens mais aussi des historiens de l’art qui en redécouvrent l’œuvre que depuis quelques années.

    Nous n’établirons pas ici un catalogue de ses œuvres, mais à travers le récit de sa vie, nous en citerons quelques unes dans cet essai biographique de situer une partie de sa production artistique en donnant des repères temporels.

     

    Alfred-Adolph Caravanniez est né le 7 octobre 1855 à Saint-Nazaire au domicile de son père, Léon Caravanniez, âgé de 33 ans, plongeur, et d'Angélique Monnet, 36 ans, demeurant à Saint- Florent-le-Viel, de passage à Saint-Nazaire. Sa naissance fut déclarée le 9 octobre ; l’acte mentionne que sa mère était " sa ménagère '', ce qui signifie concubine, et que son père adoptait l'enfant qu’il déclarait, démarche ordinaire pour les couples non mariés.

    Les parents d’Alfred ne se marièrent jamais, et Léon, probablement natif de l’Anjou, disparut rapidement, laissant l’enfant et sa mère à Saint-Nazaire, occupant la maison louée par Alfred. C’était une étrange masure dans laquelle on pénétrait en passant par le grenier, et dont le jardin et qui s’enfonçait dans le sol, éclairée par une cour étroite, un niveau plus bas. La disposition s’explique par le fait que la maison se trouvait initialement au flanc du rocher de la Vieille-Ville, du côté de ce qui est aujourd’hui le grand-bassin du port. La réalisation des quais avait enterré la maison. Elle disparut à la création de la nouvelle entrée.

     

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    La toiture qui dépasse à gauche, marquée d'un X, est la maison natale d'Alfred Caravanniez, photo d'avant 1897 réalisée par Charles Beilvaire et reproduite dans Le Courrier de Saint-Nazaire du 27 octobre 1932.

     

    Angélique y avait ouvert un cabaret, mais elle but plus qu’elle ne vendit, si bien qu’elle devient chiffonnière, arpentant les rues et fouillant les boites à ordures et la décharge du trou à David, une excavation située en amont de la rue d’Anjou, servant initialement à drainer les eaux de pluie au moment de la construction du port, devenu dépotoir pour les navires de commerce et les paquebots. Il arrivait que le personnel des paquebots y jetât au milieu des restes un couvert en argent ou une pièce de service en porcelaine. Le trou était fouillé par les plus pauvres, surtout des enfants, au risque de leur vie. L’odeur était tellement pestilentielle, et la présence des mouettes et des pigeons telle, qu’on surnommait la zone : " le guano ".

    Angélique, que l’alcool et la misère faisait perdre tout bon sens, était surnommée " la Mère Toupet ". Elle fit connaitre à son fils la honte et la violence de l’alcool. Un jour, n’y pouvant plus, Alfred s'enfuit à l'âge de 11 ans en s'engageant comme mousse. Au contact des marins, il apprit à sculpter dans des visages dans le bois au couteau et se montra rapidement très doué. Le capitaine du navire sur lequel il était embarqué lui conseilla de suivre des cours aux Beaux-Arts et l'incita à rentrer à Saint-Nazaire.

    Il revint à Saint-Nazaire à 17 ans quand il revint à Saint-Nazaire et se rendit à Paris en 1872. On ignore de quoi il vécut, probablement il épuisa le pécule qu’il s’était constitué en travaillant en mer. Cependant, faute de moyens financiers, il retourna à Saint-Nazaire, où il habitait au 21 de place du Bassins, un appartement dans une maison qui en comportait quatre. Le logement étant petit, il loua une serre à la sortie de la ville, près du Dolmen, pour en faire son atelier. Durant l'hiver 1877-1878, madame Alcide Bord, née Marie-Joséphine Sazerat, recherchait un sculpteur pour réaliser des bustes de ses trois enfants. Elle avait entendu qu’un jeune sculpteur revenu de Paris, dont on vantait les modelages. Elle se rendit chez Alfred, et le trouva entièrement nu devant un miroir. Alfred Caravanniez était si pauvre, qui ne pouvant s’offrir un modèle, il réalisait alors les corps de ses sculptures en se basant sur son reflet. La serre n’était pas chauffée, et Alfred grelottait les mains dans l’argile, (une autre version dit que c'est Gustave qui le découvrit ainsi, mais c'est bien en réalité sa mère).

    Madame Bord, '' émue par cette vision '', (Alfred était très beau jeune), et mère de garçons qui avaient le même âge que lui, décida de lui fit immédiatement une commande. Elle persuada son mari de faire pression sur le Conseil municipal afin qu'une bourse lui soit attribuée pour qu'il poursuive ses études aux Beaux-Arts. Il reçut ainsi 1.200 frs de la part de la municipalité par décision du Conseil du 24 mai 1878. Le Conseil Général de Loire Inférieure lui versa lui aussi une bourse.

    Retourné à Paris, reçu cinquième (on a aussi écrit premier) au concours de place à l'Ecole des Beaux-Arts, il fut rapidement remarqué par le sculpteur Aimé Millet pour avoir reproduit la tête de la vénus du Capitole, et entra dans son cours aux Arts-Décoratifs en octobre 1878, (49ème sur la première division). A la fin de sa première année, il reçut la 2ème médaille d'antiques. En août 1879, il fut 19ème au concours d'entrée à l'école des Beaux-Arts où ses professeurs furent Jules Cavelier et Louis-Ernest Barrias, et où il se lia avec Stanislas Biron, (dont il fit un médaillon en 1882).

    La famille Bord le prit sous sa protection, d’autant que le décès de Louis Bord, en septembre 1879, dont il avait presque le même âge, avait laissé ses parents dans une peine immense. Alfred fut pour ainsi dire adopté, et introduit dans leur cercle de relations. C’est grâce à eux qu’il reçut la commande en 1880 des portraits en médaillons de terre cuite des enfants de José-Maria-Fernandez Quiros, consul d'Espagne à Saint-Nazaire, œuvre présentée au Salon de Paris en 1880, pour laquelle il y obtint une mention honorable.

    Gustave Bord finança la réalisation de tirages en terre cuite à échelle réduite de l’œuvre original, il lui commanda de « Cathelineau jurant de défendre sa foi en 1793 », dont le plâtre fut présenté au Salon de 1881 et lui permis de recevoir une médaille de troisième classe, œuvre à propos de laquelle le sculpteur Jules Cavelier dit : « Vous êtes un homme de talent et de foi ; si vous continuez, vous serez une des gloires de mon atelier ». Ce plâtre originale fut par Gustave Bord offert à la Ville qui le déposa au Collège Aristide Briand. Il disparut durant l’occupation. L’œuvre représentait le général contre révolutionnaire en soldat vendéen, adossé à un calvaire brisé, la croix à ses pieds, la main droite tendue en serment. Exposée prêt du bureau du proviseur, la main gauche avait été brisée avant juin 1929. Toujours au Salon de 1881, il reçut une mention pour une médaille, et une mention honorable pour une autre sculpture.

    On lui connait de cette époque les œuvres suivantes : " Mon petit ami Henri Biron ", médaillon terre en cuite en 1882 ; le buste en terre cuite de François Soubigou, sénateur du Finistère en 1883 ; un bas-relief en marbre destiné au cimetière de Coutances en 1884, et toujours la même année la statue d’Anne de Bretagne, en pierre, 1m87 de haut, acquise par l’État qui en fit don en 1897 au musée de Saint-Brieuc.

    Gustave introduisit Alfred auprès de ses relations politiques du milieu royaliste, ce qui permit d'avoir de multiples commandes, " Le général de Charrette à Palay " statue en terre cuite en 1885, commandée par Adémar de Lusignan, et toujours la même année une représentation en terre cuite de saint Ignace de Loyola. Gustave Bord le présenta Louise-Charlotte-Marie de Bourbon de Vierson (1809-1891), fille illégitime du duc de Berry, demi-sœur du comte de Chambord, veuve du Général baron de Charrette. Elle favorisa son installation en 1888 à Saint-Servan, où il eut un atelier en plus de celui qu’il avait à Paris. Elle fut par ailleurs la marraine de l'une de ses filles. Par la suite il s’établit à Saint-Suiliac.

    Il exposa au Salon de 1880, 1881, 1882, 1885, 1886. A celui de 1888, il exposa au Salon les maquettes des cinq statues qui lui avait été commandées pour le Monument au comte de Chambord, à Sainte-Anne d’Auray. Le monument, dessiné par l’architecte Édouard Deperthes, fut érigé à la demande de Société de Saint-Henri, une association royaliste fondée par Athanase de Charrette, baron de La Contrie. Alfred Caravanniez réalisa les statues monumentales du comte de Chambord en tenue de sacre un genou à terre, placée au sommet d’un piédestal, avec Jehanne d'Arc devant, Sainte Geneviève à l'arrière, Du Guesclin et Bayard à gauche. L’ensemble fut coulé chez Barbedienne. Des tirages en taille 64 et 66 cm des deux chevaliers et de Jehanne furent vendus en grand nombre aux amateurs. La critique se déchaina contre Alfred dès l’exposition au Salon, il reçut cependant la Mention Honorable du jury.

    En 1890, on lui fit commande d’une statue de la Vierge destinée à être érigée sur le rocher de la Vierge de Bizeux, au milieu de la Rance entre Saint Servant et Dinard. Un premier plâtre fut posé au sommet du rocher, puis en 1891 le préfet d'Ille et Vilaine autorisa qu’on la remplace par un tirage, en fonte de fer recouverte d'une couche argentée de nickel, fondue dans les Ateliers Durenne. Une maquette au deux tiers fut présentée au Salon de 1892.

    Il participa au salon de 1896 avec un Buste en plâtre d'Albert Bertin, et un autre plâtre figurant Sanson et les Philistins.

    La statue de la Vierge de Bizeux fut érigée le 24 octobre 1897. Elle est haute de 3 mètres.

    La ville de Dinan avait songé lui commander une statue de Du Guesclin en 1891, mais ce fut finalement Emmanuel Frémiet qui fut retenu en 1900.

     

    Si le milieu royaliste permis à Alfred d'avoir d'importantes commandes, son carnet commença à se vider dès 1891, car il était considéré comme trop politisé. René de Kerviler dans ses biographie bretonnes, dit à son propos : '' s'est fait une spécialité de la sculpture royaliste et religieuse ". Alfred avait dit publiquement que reconnaissant envers Dieu de ses succès, il jurait de ne jamais « traiter que des sujets inspirés par la foi ». Cette étiquette et ce serment lui furent par la suite défavorables. Au demeurant Kervilez ne lui pardonna jamais de ne pas avoir livré trois statues qu’il lui avait commandées en 1891 au nom du Conseil de fabrique, pour l’église Saint-Nazaire : Saint Nazaire, Saint Yves, et Françoise d’Amboise.

     

    Les œuvres qui furent commandées à Alfred après 1891 étaient des généralement des médaillons pour des particuliers ou des bustes, comme celui du comte Alexandre de Monti de Rezé, du poète vendéen Emile Grimaud, du malouin docteur Botrel. Il eut la commande de la statue en pied de Charles Rouxin, (1814-1891) maire de Saint-Malo, pour orner sa tombe. En 1894, il reçut la commande du ministère des Beaux-Arts d’un buste en marbre du poète Auguste Brizeux, donné au musée de Nantes.

     

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    Alfred Caravanniez avec son épouse et deux de ses filles en 1900.

     

    Alfred participa au Salon de 1900. Le 10 juillet 1902, il fut reversé par une voiture à la sortie du Salon. Le conducteur continua sans s'arrêter, le laissant grièvement blessé, avec trois cotes brisées.

    Les deux dernières commandes importantes qu’il reçut, furent le bronze monumental à l’effigie de Surcouf inauguré le 6 juillet 1903 à Saint-Malo, coulée elle aussi par Barbedienne, et pour laquelle Alfred avait reçu pour elle la médaille 3e classe au Salon des Artistes Français de 1903, et la décoration du monument funéraire de Robert Planquette en 1904. Planquetet devait à l’origine poser pour Caravanniez, mais celui-ci prétexta n’avoir jamais le temps, si bien qu’il ne réalisa qu’un médaillon, qui fut tiré en bronze pour le monument.

    Il faut préciser qu'il était devenu alcoolique comme sa mère, et que d’après Alexandre Bernard, le directeur du Courrier de Saint-Nazaire, il agaçait profondément ses interlocuteurs en " parlant couramment de son génie ". Alfred ne savait pas garder ses élèves, se fâchait avec ses commanditaires, s’épuisait en procès pour la moindre chose, dont un très long contre la Société des Artistes dont il ne vit jamais l’aboutissement, et honorait de moins en moins ses commandes. Par ailleurs, il ne sut pas prendre le tournant de l'Art-nouveau. Au fur et à mesure des années, il déménagea plusieurs fois par an, ayant à chaque fois des ateliers et des logements plus petits que les précédents. Il avait aussi onze enfants, qu’il terrorisait dans ses crises d’ivrognerie, et son épouse, qu’il battait, peinait à les nourrir.

    Il tenta d'obtenir plusieurs commandes d'états, mais se vit toujours écarté. Il exposa au Salon des Artistes Français en 1904 " La pensée " et " L'étude ", et en 1905 un bronze " Plaisir champêtre ". Un comité formé de Nazairiens, avec sa tête monsieur Bonin, pilote, força la municipalité de Saint-Nazaire à accepter dans le cadre des fêtes de l’inauguration de la nouvelle entrée les 21, 22, et 23 septembre 1907, un grand plâtre, désigné comme " maquette de la statue La Glorification du Travail ", qui fut placé à titre de décoration provisoire à côté du pont des Frégates. L’œuvre représentait une femme, dans les canons de l’époque, revêtue d’une sorte de tunique d’où s’échappait un sein traité à la Michel-Ange, un bras tendu tenant une couronne de laurier, et s’appuyant de l’autre sur un écu aux armes de la ville. Ce plâtre avait été réalisé suivant sa maquette par messieurs David frères à Paris.

    Caravanniez

    Maquette de la statue La Glorification du Travail, septembre 1907, (Coll David Silvestre).

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    Cette statue n'avait pas l'énergie ni le fini des antérieures. Elle fut accueillie tièdement par la population, et les bigots nazairens habituels lui reprochèrent ce sein qu’ils ne voulaient voir. On la relégua aux réserves du musée qui fut inauguré le 4 mars 1908, et qui comprenait dans ses collections exposées l'ébauche originale en plâtre de la statue de Bayard, le buste de la statue de Surcouf de Saint-Malo, offerts encore une fois par Gustave Bord. Si ces deux dernières œuvres furent sauvées, la Glorification du Travail fut détruite dans les bombardements.

    Sa dernière participation connue au Salon et en 1908 avec le buste en plâtre patiné de sa plus jeune fille, Agnès, née en 1904, et qui depuis se trouve dans le fonds du Musée des beaux-arts de Nantes. A cette période, Alfred et sa famille vivent à Saint-Nazaire, 19 rue du Croisic.

     

    Alfred se retrouva au début de la Première-Guerre-Mondiale dans un pavillon de Montrouge situé au fond d’une impasse, où il survit péniblement avec sa femme et ses plus jeunes enfants. Un jugement du Tribunal de Senlis, en date du 28 novembre 1916, lui permit de recevoir le paiement des travaux de restauration de sculptures exécutés pour la propriété de madame veuve Napoléon Doyen, l’une des nombreuses personnes avec qui il était en conflit.

    Il décéda, dans le plus grand dénuement à Paris 15e, dans l'appartement où il venait d'emménager, située au 76 rue Dutot, le 30 août 1917. Sa veuve poursuivit ses procès, qui furent presque tous classés sans suite, dont celui contre les Artiste Français, qui perdura jusqu’en 1929 ! Elle décéda le 27 juillet 1938 à Paris 14e, dans l'appartement qu'elle partageait avec sa fille aînée, Victorine (1882-1965 ; divorcée sans enfants), 11 rue Antoine Chantin (devenu le 14).

     

    Les communes de Saint-Malo et de Saint-Suiliac ont baptisée chacune une rue à son nom. Il n'existe aucune plaque à Saint-Nazaire.

     

     

    Les aînés des enfants d’Alfred Caravanniez firent carrières dans la mode et la vente de soieries. L’une de ses filles, Irène, née à Paris en 1901, fut une chapelière réputée travaillant en collaboration avec les grandes maisons de couture parisiennes. Fiancée à Alain Saboureau, un étudiant en médecine, elle partie avec lui en mer à bord d’un canoë pliable en caoutchouc rouge à deux places, muni d’une voile, depuis le port de Monaco le 19 août 1931, à destination de la Corse. Les marins et pêcheurs du port de la Principauté les déconseillèrent de se lancer dans une telle expédition. Mais Irène était sûr d’elle, elle était une très bonne nageuse. Hélas, la Méditerranée n’est pas l’Atlantique, et un hydravion retrouva le 25 août le canoë à la dérive en pleine mer au large des côtes italiennes, proche de La Spezia, avec assise à l’arrière Irène décédée. Alain Saboureau était introuvable. Sur l’instant il courut la rumeur qu’elle avait été assassinée d’un tir de révolver, ce qui provoqua des spéculations de la part de sa famille, au grand agacement de la famille Saboureau qui demanda qu’on attende les résultats de l’autopsie. Par ailleurs Irène avait emporté avec elle le passeport de sa sœur Marinette, ce qui créa quelques problèmes supplémentaires au début de l’enquête. En réalité Irène n’avait aucune blessure ; elle était décédée de faim et de déshydratation. On supposa que son fiancé avait tenté de rejoindre la côte à la nage, ou s’était volontairement jeté à la mer pour lui permettre de survivre avec les rations qu’ils avaient emportées. Le corps d’Alain ne fut jamais retrouvé.

     

    Une rue au nom de Caravanniez ?

    Donner le nom d'Alfred Caravanniez à une rue de sa ville natale est un serpent de mer qui vient et revient depuis les années 1960. Fernand Guériff a soutenu le projet jusqu'à son décès, plusieurs Nazairiens l'ont demandé.  Edouard Caravanniez (1892-1994), l'un des fils d'Alfred, proposa en 1975 à la Ville de Saint-Nazaire, d'offrir le modelage original du Cathelineau, réalisé en 1881. Edouard avait demandé en contrepartie qu'une rue soit nommée à la mémoire de son père. On lui lui répondit le 28 mai 1975  qu'on soumettrait cette demande au conseil, qui s'en désintéressa totalement. En juillet 1975, las de ne pas avoir de réaction véritable de la part de la mairie de Saint-Nazaire, Edouard fit don de l'œuvre à la ville de Saint-Malo, ainsi que le dons de plusieurs bustes au Musée des Beaux Arts de Nantes, dont celui de sa sœur Agnès, exposé au Salon de 1908, et il n'y a toujours pas de rue Caravanniez à Saint-Nazaire.

     

    La ville de Saint-Nazaire possède actuellement en ses réserves une version en plâtre du Bayard et un buste de Surcouf, donnés par Caravanniez à la fondation du musée municipal en 1902, deux œuvres pour lesquels il fut primé au Salon de 1888 et à celui de 1903, et conservées dans des conditions lamentables depuis des décennies.

  • Port Gavy ou l'école des infirmières

    Connu actuellement comme " l’École des infirmières ", Port Gavy fut à l'origine une propriété comportant une villa et ses dépendances dans un vaste parc.

     

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    La villa de Port Gavy en septembre 1919, (coll. personnelle)

     

     

    Située sur la Grande île des Gavids, (du breton Gavr, qui signifie chèvre, mais qui sur les côtes de Bretagne désigne aussi un type de crabe : l'étrille (Necora puber),  à un emplacement où il n'y avait aucune construction, la propriété fut bâtie durant le Second Empire, probablement vers 1855 à la même période que le château des Charmilles à Porcé, pour William-Felix Le Besque, (1802 - 8 décembre 1877 à Nantes), capitaine de navire, et son épouse Delphine-Aimée Lefebvre, native de Saint-Florent-le-Vieil, couple domicilié à Nantes.

    Destinée a l'usage de demeure de vacances, la villa fut construite sur cave, avec au-dessus un entresol avec une cuisine carrelée munie d'un monte plat, et une salle à manger pour les domestiques ; un rez-de-chaussée surélevé sur un entresol habitant les services, avec hall, salle à manger lambrissée et plafonnée d'acajou, grand salon, et dans la tour un boudoir rond. Au 1er étage trois grandes chambres de maître avec chacune leur cabinet de toilette. Celle qui occupait la tour était dite de Monseigneur Fournier, en référence à Félix Fournier, (1803-1877), évêque du diocèse de Nantes de 1870 à sa mort, qui passait chaque été quelques semaines à Port-Gavy, car il était ami d'enfance de William-Felix Le Besque. Sa chambre était décorée de fresques du peintre Jules-Elie Delaunay, (Nantes 1828 - Paris 1891), qui représentaient en médaillon les bustes des Apôtres et des premiers disciples, avec au-dessus de chaque médaillon, en lettres gothiques dorées, un versé du credo. Les fenêtres étaient dotées de vitraux évoquant des moments de la vie d’Anne de Bretagne, et de François Ier. Au second étage étaient les quartiers des domestiques, avec un accès au grenier et au troisième niveau de la tour, ainsi qu'à la terrasse qui la somme, d'où l'on peut voir de la rade de Saint-Nazaire à la pointe Saint Gildas, et le clocher de l'Immaculée.

    Le domaine était d'une surface de 10ha, le long de 400m de côte, il y avait notamment 3ha de vignes situées à l'emplacement des bâtiments de l'université, qui donnaient encore en 1929 cents barriques de vins rosés dont la qualité était louée par ceux qui l'avaient goûté. Un verger et une prairie, un bois de chênes verts, sapins, et lauriers, une pelouse dégagée en direction de la Villès-Martin, bordée de rosiers, de camélias, et d'une allée de palmiers. Encore aujourd'hui, on pénétre en direction de l'ancienne villa par un portail du 19e siècle peint en vert, via une allée autrefois bordée de houx. Il y avait aussi un hibou de granite près de la grille, (parfois confondu avec une chouette référence  aux Chouans pour les familles royalistes), mais qui à Gavy est bien un hibou, c'est un emblème parlant qui fait référence au nom des Le Besque qui signifie hibou en breton.

     

    Au décès de William-Felix Le Besque, son fils Georges-William, né à Nantes le 25 avril 1844, hérita d'une fortune suffisamment confortable et se fit notaire à Saint-Nazaire à partir du 10 juillet 1875. membre de la Société des Bibliophiles Bretons, comme son voisin Gustave Bord, il possédait en son manoir de Gavy d'un bibliothéque réputée. A l'âge de 36ans, il rencontra Eliza Chavril, âgée de 19ans, orpheline placée sous la tutelle d'un lointain parent, Yves Martin, propriétaire domicilié à Saint-Nazaire. Eliza Chavril naquit le 12 mai 1864 à La Motte dans les Côtes-d'Armor. Sa mère, Marie Anne Le Maire, décéda à La Motte le 5 mai 1875, et son père, Louis Chavril, décéda à Saint-Nazaire le 10 juin 1880. Afin de se marier, Eliza obtint l’autorisation de son conseil de famille, par délibérations du 20 juillet 1883, validées par le juge de Paix du Canton de Saint-Nazaire. Le couple s'unit à la mairie de Saint-Nazaire le 20 août 1883. Si les témoins de Georges-William étaient ses cousins germains Lefebvre venus de Saint-Florent, Eliza eut quant à elle Victor Delaris, le vérificateur des douanes de Saint-Nazaire, cousin par alliance, et Charles Marion de Procé, procureur de la République, désigné comme son ami dans l'acte.

    Le couple s'établit rue de Villes-Martin, mais passait tous les weekends et les vacances en sa résidence de Port-Gavy.

    Ils eurent deux fils :

    1° William-Adolphe-Henri-Louis Le Besque, (Saint-Nazaire 30 mai 1885 - Dinar 27 août 1968) ;

    2° Georges-François-Marie-Félix, (Saint-Nazaire 30 septembre 1894 - 30 septembre 1979 Brest), qui épousa en premières noces, le 7 mai 1923  à Nantes, Marie Martin-Sortres ; et en secondes noces, le 16 mars 1945 à Landerneau, Andrée-Amélie  Poulain de La Fosse David, (1910-1936).

    Ajoutons que selon la tradition orale, Georges-William se lia avec Narcisse Pelletier, célèbre marin qui avait passé dix-sept années dans un clan aborigène, affecté en 1876 au gardiennage du phare d'Aiguillon, et que celui-ci le reçut chez lui plusieurs fois.

    Le 4 septembre 1929, l’inspecteur général des services hospitaliers informa le maire François Blancho que des vieillards de l'hospice de Saint-Nazaire occupaient des lits réservés aux malades à l’hôpital, et que cela n'était pas admissible. Par manque de place à hospice de rue du Traict, tenu par les Filles de la sagesse, congrégation de religieuses hospitalières, on avait du les y placer, ainsi que 70 autres vieillards nazairiens expédiés à Guérande, Blain, Savenay, et Paimboeuf.

    On chercha en urgence un nouveau lieu. Le premier adjoint et conseiller d'arrondissement, Bernard Escurat, (1862-1865), informât que le domaine de Port-Gavy qui était alors en vente depuis peu. La vente fut signée le 17 octobre 1929 une promesse d'achat auprès William-Adolphe-Henry Le Besque chargé par son frère de le représenter dans la dispersion des biens familiaux, pour la somme de 800.000 frs avec son ameublement, le matériel agricole et les animaux de la ferme, somme prise en charge par la Ville à hauteur de 50%, plus une promesse de 90.000 fr pour aider aux aménagements, les 400.000 fr restants étant à la charge de l'Hôpital. La maison était alors relativement défrichée : les marches du perron étaient disjointes, semé d'herbe, les rampes de bois des balcons auxquels s’accrochaient des rosiers, de la glycine et de la vigne vierge, étaient branlantes. La chapelle et les bâtiments de la ferme qui la complétaient, nécessitaient des travaux. Les Nazairiens trouvèrent aussi que déplacer les vieillards à 6km du centre, dans une partie de la commune mal desservie par une ligne de bus, n'était pas une bonne idée, même si tous s'accordaient sur la beauté de l'endroit. Au demeurant, la propriété n'avait ni gaz, ni électricité. Il fallu attendre plusieurs mois pour finaliser l'acquisition, car l'achat devait être financé par la Commission des Jeux (ancêtre de la Française des Jeux), et différentes aides de l'Etat.

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    La propriété au moment de son achat dans un reportage du Courrier de Saint-Nazaire publié le 07/12/1929.

     

     

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    Intérieur de la chapelle en 1939. (Carte Postale éditions Rosy.)

     

     

    Plusieurs projets furent discutés, on devait en effet réaliser un espace pouvant contenir 200 lits. Ce fut Andrés-Laurent Batillat, membre des Seiz Breur, qui fut retenu avec deux projets de sa main. Le premier, dit " projet A " consistait à l'ajout d'une aile à la villa, le second, " projet B ,  prévoyait de construire en plus un vaste complexe de bâtiments construits en paravent face à la côte.

     

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    projet A, (réalisé). (Archives départementales).

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    Projet B, (Archives départementales).

    1 = villa ; 2 = aile réalisée.

     

    C'est le projet A qui fut réalisé, par l'ajout à la villa une aile pour les patients. L'entresol de la villa fut adapté aux services, et les niveaux supérieurs devinrent le logement du directeur. Le balcon en bois découpé de la tour fut remplacé par un balcon en ciment avec escalier ; la fenêtre du troisième étage de la tour fut retaillée en ogive, et l’ensemble fut enduit de ciment peint en blanc. Initialement cela devait couter 30.000 fr de remise à neuf, mais des problèmes de structures dus au manque d'entretient durant des années firent monter la facture à 96.000 fr. (cf. délibérations municipales de janvier 1939). Il est à noter que jusqu'à la guerre, le logement servait uniquement durant les périodes d'été, comme résidence secondaire de l'économe de l'hôpital En effet, Gavy étant à 4km du centre ville, et 3km de Saint-Marc, et l’absence d'une ligne de bus régulière, firent que son utilisation comme logement à l'année ne convenait pas à une famille.

     

    D'une grande modernité et pensé avec toute la technologie disponible, (y compris un monte plat électrique objet d'un concours en juillet 1938), le projet avait alors une telle importance, que le ministre de la Santé Publique, Marc Rucart, vint visiter le chantier le 5 novembre 1938, avant de visiter les bâtiments nouvellement modifiés ou construits, toujours par André-Laurent Batillat, sur la commune, de l'Hôpital, du centre de santé scolaire, de la maternité, etc.

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    Le Travailleur de l'Ouest du 8 octobre 1938

     

    Ce n’est que le 30 avril 1939, que l’inauguration eut lieu par le maire François Blancho, qui félicita chaleureusement l'architecte André-Laurent Batillat pour sa réalisation..

     

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    Le Populaire de Nantes du 1 mai 1939

     

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    Le Travailleur de l'Ouest du 6 mai 1939

     

     

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    Les bâtiments en 1939, (Carte Postale éditions Rosy).

     

    Occupé par les Allemands durant la guerre, qui peignirent les bâtiments en vert pour les camoufler, puis par les troupes française, le site fut restitué en septembre 1945 à la municipalité. Après une remise en état des lieux, effectuées par 180 prisonniers allemands, Henri Allanet, ancien économe devenu directeur, à qui l'on doit entre autres la reconstruction de l'hôpital de Saint-Nazaire, y installa l'ensemble du service chirurgical de la ville, toujours en collaboration avec les Filles de la sagesse. C'est sœur Gustave, (née Anne-Marie Barreteau), qui en assura la gestion. Trois chirurgiens y officiaient : Jagot, Gentin, et Delouche.

    Henry Allanet emménagea dans l'apparentement de fonction avec sa famille, au grand dam de son épouse qui se plaignait de l'isolement géographique du site (Cf. " Henri Allanet, un citoyen du XXe siècle ", de Pierre H. Allanet). Ils y restèrent jusqu'à la construction de leur maison square des Acacias, actuellement square Henri Allanet.

    En janvier 1947, le Centre chirurgicale de Gavy était équipé de 90 lits. En décembre de cette année, la ministre de la Santé, Germaine Poinso-Chapuis, vint visiter les installations hospitalières de Saint-Nazaire. 

    En 1951 il comportait 100 lits.

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    Salle des malades du centre Chirurgicale en 1939. (Carte Postale éditions Rosy.)

     

    A la suite de la construction d'un nouvel hôpital, inauguré en 1960, le Centre chirurgical fut déplacé, et Gavy devient un institut de formation en soins infirmiers en 1961 après de nouveaux travaux de transformation. L’inauguration eut lieu en septembre 1962 et l'enseignement débuta avec 30 élèves en formation de 3 ans.

     

    (Remerciements particuliers à monsieur S. Paquet pour le complément d'information.)

     

  • Le quartier de Plaisance

     Si vous vous promenez rues Honoré de Mirabeau et Frederic Mistral, vous découvrirez des maisons de style art-déco. Ces maisons sont les survivantes d’un projet urbanistique ayant pour but de logées les familles ouvrières de Saint-Nazaire.

     

    Le lieu d’édification du quartier de Plaisance est l’emplacement des terrains occupés par le Camp N°1 des troupes des États Unis d’Amérique dans le cadre de l’aide armée et matérielle que ce pays apporta à la France en 1917.

    Ce camp était doté de préfabriqués en bois entre lesquels furent tracées des voies goudronnées.

     

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    Le Camp N°1

     

    Après le départ des Etasuniens en 1922, l’ancien camp, dont on avait démonté les préfabriqués, devint un terrain vague sillonné de routes goudronnées.

     

    Il fut décidé d’y édifier une cité afin de pallier le manque de logements pour les ouvriers de Penhoët et remédier à l’existence des taudis (le mot bidonville n’existait pas encore).

    Le chantier fut entrepris entre 1926 et 1930 autour des voies déjà existantes, ce qui explique que certaines rues ne débouchent pas directement sur les avenues qui bordent les îlots.

    Ce projet fit qu’on projeta la création d’une avenue à travers le Grand Marais (actuel Parc Paysager). Cette avenue, qui devait relier le nouveau quartier à l’avenue de Lesseps, fut nommée avenue de Plaisance, et est actuellement l’avenue François Mitterrand.

    Bien sûr on s’étonna de choisir un endroit aussi éloigné des chantiers, mais la Municipalité n’avait pas la possibilité de lotir décemment à Penhoët, et le choix de Plaisance permettait d’offrir aux familles ouvrières l’électricité, et surtout l’eau courante, un lux dans la Saint-Nazaire d’avant la reconstruction.

    Au demeurant, à l’époque on était au milieu des champs et des prairies, et l’on pouvait voir jusqu’au clocher de l’Immaculée et au château d’Heinlex !

    La construction débuta en 1927 avec six premières constructions où furent loger onze familles.

    Les logements, construits en pierre, au toit en tuiles (presque toutes remplacées depuis par de l’ardoise), étaient constitués de quatre pièces et dotés d’une cave et doté de jardinets. Les premiers bâtiments étaient tous identiques. On décida, pour éviter une monotonie déprimante, que les constructions suivantes seraient d’une autre architecture. Quatre nouveaux bâtiments destinés à six familles furent livrés en 1928. Une troisième tranche de construction eu lieu en 1929 afin d'atteindre le nombre de 31 logements. En 1930, il était projeté d'en construire 200, au détriment des jardins ouvriers, qui furent obligé d'abandonner les parcelles qu'ils avaient en gestion.

    On permit aux familles qui le désiraient d’acquérir ces maisons sous des conditions avantageuses, notamment grâce à la création d’une société de crédit immobilier qui prêtait au taux de 2,80% remboursable en 25 ans, et l’on proposa des terrains à lotir à la vente à des prix avantageux. L’Abri familial fut aussi intéressé au projet.

     Enfin, on y créa l’École Jules Ferry, dont les locaux abritèrent le cinéma Cameo.

     

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    Le cinéma Cameo, derrière l'école Jules Ferry, carte postale Rosy.

     

    Plaisance a beaucoup changé depuis l’installation des premières familles en 1927, c’est en 2018 un quartier en mutation, mais au hasard des promenades, vous pourrez y découvrir quelques constructions intéressantes.

  • Le Groupe Artistique de Saint-Nazaire et le Groupe de Indépendants

    La création du Groupe Artistique :

     

    En 1904 et 1905, l'ingénieur des Pont-et-Chaussées et peintre amateur Beilvaire Charles (Paimboeuf 1861 - 1952 Nantes)[1], aidé financièrement par Gustave Bord[2], organisa deux expositions au Cercle de Géographie de Saint-Nazaire, regroupant les œuvres d’artistes nazairiens. Malheureusement le succès fut mitigé, et la ruine du mécène de ces expositions laissa les artistes sans possibilité.

     

    En 1912 Victor Lamoureux[3], directeur de la caisse d'épargne et de prévoyance de Saint-Nazaire, qui s'adonnait en amateur à la sculpture en réalisant des modelages, décida de réunir des collectionneurs de ses relations afin de créer une société artistique regroupant artistes et amateurs d’art, et qui aurait pour but de promouvoir les créateurs locaux en les sortant de leurs ateliers. Il poussa l’idée avec la création d’une école de beaux-arts. le projet se nomma initialement Les Amis des Arts, mais après la création d'un comité provisoire, il fut choisi de la baptiser Groupe Artistique.

    Le Groupe Artistique de Saint-Nazaire fut ainsi fondé en 1913 par Victor Lamoureux, avec le concours de monsieur Pied, de Geroges Dommée[4], et du docteur Meloche[5]. Dès le mois d'août 1913, la Commission du Musée fit acquisition d'aquarelles et de tableaux ayant un "caractère local " auprès de ce groupe.

     

    La Première-Guerre-mondiale mit en sommeil le Groupe artistique, et il fallut attendre 1919 pour que celui-ci reprenne son activité, toujours sous l’impulsion de ses fondateurs, et avec l’aide du journaliste Pierre Norange[6] qui combattit l’opposition que souleva la réouverture des cours d’art. En récompense il devint le secrétaire de l’association. Le comité central du Groupe, composé de 15 membres renouvelables part tiers chaque année, était présidé par le docteur Méloche, suppléé par Victor Lamoureux, (membre de la commission du Musée de Saint-Nazaire depuis décembre 1914), et Louis Joubert, (président de la chambre de commerce de Saint-Nazaire, remplacé par Louis Brichaux en 1938), choisit de placer les activités d’enseignement de l’école qu’il fonda sous la direction du peintre impressionniste Georges Eveillard[7], qui donna des cours de dessin et de peinture, et qui fut rejoint par messieurs Chartier et Périgo.

    Georges Eveillard (Nantes le 2 juillet 1879 - Nantes le 25 février 1965), était un peintre d’inspiration postimpressionniste, représente essentiellement des marines et paysages bretonnants de l’Estuaire de la Loire et quelques scènes de genre, décoré de la médaille d'Argent de l'Ecole d'Art des Batignolles, lauréat du Concours général de la ville de Paris en 1900, grande médaille d'argent de l'école d'Art de Montparnasse en 1901, premier prix de l'Ecole des Beaux Arts de Nantes en 1902, premier prix de l'Ecole des Beaux Art de Rouen en 1903, il fut officier d'Académie en 1911. Affecté au service d'illustration des armées durant la guerre comme peintre militaire, il réalisa des aquarelles des soldats, et fut chargé de réaliser les portraits des officiers. Il devint alors le portraitiste des officiels, laïc, militaire ou religieux, du département, comme Aristide Briand ; le maire de Nantes, Paul Bellamy ; Brichaud, maire de Saint-Nazaire ; le père Ricodel, le chanoine Guillon. En 1923 il devient officier de l'Instruction publique en 1923, chevalier la Légion d'Honneur en 1936, puis officier en 1953.

     

    Le groupe publia en mai 1919 ses statuts, imprimé à mille exemplaires, (facturés 71 fr par l'imprimeur, comme le montre le seul livre de compte qui est parvenu jusqu'à nous et qui se trouve dans le fonds Dommée aux Archives de Saint-Nazaire, cote 5J75). Il donna sa première exposition en 1919, avec un succès d’estime, sans frais particuliers, mais sa seconde exposition qui débuta le 31 janvier 1920 dans la salle de la Fraternité 3 boulevard de l’Océan attira beaucoup de visiteurs et d’acheteurs. Ouverte avec une conférence, l’exposition perdura jusqu’au 22 février. L’exposition n’était pas réservée aux seuls sociétaires du groupe, on pouvait, moyennant 3 frs, y participer. Chaque artiste pouvait exposer 5 œuvres. Les deux murs du passage qui conduisait de la rue à la salle d'exposition, à l'éclairage zénithal, qu'on divisait avec des panneaux de bois, furent réservés à deux peintres que le groupe voulait mettre à l'honneur, et qui avaient la possibilité d'exposer chacun 20 à 30 tableaux. L’exposition était réservée aux professionnels ou semi-professionnels, présentant peintures, sculptures, dessins, aquarelles, pastels, miniatures, gravures, lithographies, travaux d’architectures, arts-décoratifs, céramiques, vitraux, dentelles, bijoux, arts-appliqués. La restriction d’admission se faisait aux peintures, aquarelles et dessins non encadrés, ainsi que les copies, sauf celles qui reproduisaient une œuvre originale par procédé d'une technique différente. Le groupe se chargeait de vendre les œuvres exposées moyennant 15% de commission, et payait les frais de voyage et de résidence des peintres venant d'autres villes, comme le font les galeristes. L’exposition fut renouvelée chaque année jusqu’en 1940, mais, ne disposant pas toujours de la salle de la Fraternité, il fallait se replier au musée, dans la « salle Greuze », en réalité un ancien bureau au plafond bas, avec une cheminée comme on en voyait dans les chambres de bonne. On se plaignit durant quinze ans par voie de presse que la municipalité ne possédait pas une salle d'exposition digne de ce nom, et que le musée était lui même trop petit et dans un état lamentable. Cependant, le Groupe Artistique conclut un contrat avec la Galerie Mignon-Massart à Nantes pour la promotion de ses artistes les plus talentueux et organisa aussi régulièrement des conférences. A la fin de l'année 1920, les bénéfices étaient de 5.901 fr pour 1.288,80 fr de dépenses. L'essentiel des revenus cette année-là reposant sur les cotisations, variant de 12 fr, 20 fr, 50 fr, et 100 fr ; la vente à l'exposition avait  rapporté 1.254 fr.

     

    Le 13 novembre 1924, l’inspecteur des Beaux-Arts fut délégué par le Ministère pour présider la distribution des prix remis aux élèves en présence d’un adjoint au maire, du secrétaire de la sous-préfecture, de l’inspecteur primaire et des membres du comité central du Groupe Artistique, alors sous la présidence du docteur Méloche. On considéra dès lors au Ministère que le Groupe Artistique était suffisamment important pour bénéficier à chaque remise de prix la présence de l’inspecteur des Beaux-Arts.

    L'exposition annuelle de janvier-février, mit à l'honneur en 1921 le peintre et illustrateur Luc-Olivier Merson, (Paris 21 mai 1846 - 13 novembre 1920 Paris), spécialisé dans le religieux et l'historique, qui avait une résidence au Croisic. En signe de deuil, son nom figura dans un encadré noir, avec ses honneurs : « membre de l'Institut, commandeur de la Légion d'Honneur, Grande Médaille d'Honneur [du Salon des artistes français pour l'ensemble de son œuvre] ». Dix-neuf œuvres sorties de son atelier du Croisic, majoritairement des études furent présentées, dont dix-sept à la vente, pour des sommes allant de 500 fr à 10.000 fr. Un tiers des exposants venait de Paris, le second de Nantes, un quart de Saint-Nazaire, et le reste de la Cote Ouest et d'Anjou.

     

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    Extrait du catalogue d'exposition de 1921.

     

    En 1926 le Groupe Artistique réunissait 500 sociétaires. La mairie en municipalisa alors l'école, et concevra Georges Eveillard à sa direction. A son exposition annuelle, cela peut surprendre, car on ignore souvent qu'elle débuta par le dessin, Odette du Puigaudeau y exposa à côté de son père des aquarelles. On y remis des médailles, l'une d'entre elles, de bronze, ciselée par Henri Dubois, (1859-1943), second prix de Rome 1878, fut remise à Jacques Dommée, nous en reproduisons ici la photographie.

     

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    © Fonds et Collections Odoevsky Maslov.

     

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    L'exposition de 1929 dans la salle de la Fraternité

     

    En 1929, fut fondée la Foire commerciale de Saint-Nazaire[8], on réserva chaque année un stand au Groupe Artistique qui y participa sans pouvoir concourir aux prix et récompenses.

    À partir de juillet 1929, le Groupe organisa des visites de musées dans le département en affrétant un autocar. Les frais de transport et le déjeuner étaient offerts par le Groupe à ses sociétaires. La première fut sous la forme d’une récompense accordé à chaque meilleur élèves de chaque école, publiques et privées, de Saint-Nazaire, soit 26 enfants qui purent se rendre au Château de Nantes. Cette visite récompense devint annuelle et par la suite fixée au 21 juin. Pour nombre de ces enfants cette visite était alors la première fois qu’ils allaient à Nantes. Il faut ici préciser qu'Eveillard avait pour grand ami le peintre Charles Perron, (Plessé 22 août 1893 - Nantes 18 avril 1958) ; cet ancien élève des Beaux-Arts de Nantes et de Paris, professeur à Nantes avait obtenu le deuxième Grand prix de Rome en 1921, la médaille d'or au Salon des artistes français en 1928. Charles Perron fut l'un des membre actifs du groupe, participant à chaque exposition avec plusieurs toiles, (paysages et portraits), et usa de son influence en sa faveur, jusqu'à sa nomination en 1936 comme conservateur du Musée des beaux-arts de Nantes  (poste qu'il conserva jusqu'en 1935). 

    Les expositions suivantes virent l'arrivée d'artistes reconnus à Paris, notamment Alice Carissan, artiste que les conservateurs français redécouvrent, qui peignait des paysages et des intérieurs, mais dont la réputation est surtout basée sur ses tableaux de fleurs. Née à Saint-Nazaire 13 novembre 1869, fille d'un commissaire sur les paquebots de la Compagnie Générale Transatlantique, qui vécu à Saint-Jean d'Angély avant de s'établir à Paris où elle fit une brillante carrière, vendant nombre de ses toiles à des musées français et étrangers, qui participa aux expositions à partir de 1931, accompagnée par son amante, Yvonne Carro qui peignait elle aussi des fleurs essentiellement, et des scènes d'intérieur, et qui eut l'honneur de la couverture du catalogue de 1933.

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    En février 1933, Emile Dezaunay, fondateur du Salon d'Automne, vient présenter six toiles, Constantin Font, (Auch 11 janvier 1890 - janvier 1954 Paris), Grand prix de Rome 1921, médaille d'or du Salon en 1922, Alexandre Jacob, (1876-1972), Médaille d'or au Salon, Marcel Jacquier, (1877-1957), Mention au Salon, Jules Ribeaucourt, (Maubeuge 2 avril 1866 - Gravelines 28 août 1932), un peintre qui connaissait bien la Loire-Inférieur et les rives de la Loire, où il avait trouvé refuge en 1918 quand les Allemands déferlèrent sur Maubeuge. Mais cette exposition, pourtant prestigieuse, fit surtout parler d'elle pour avoir été l'objet d'un achat par le marchand de charbon Michel van den Broucke en nature, qui fut le sujet d'un reportage du Courrier de Saint-Nazaire :

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    Achat d'un tableau payé en charbon, Le Courrier de Saint-Nazaire du 25 février 1933 ; (cliquer pour agrandir). On remarque au-dessus de la port, un panneau en grès émaillé dessiné par Georges Dommée et commandé aux Etablissement Gentil & Bourdet à Billancourt en mai 1933, pour un montant de 520 fr, (Fonds Domméee, Archives de Saint-Nazaire, 5J75).

     

    En 1933 toujours, avec l’aide des Réseaux de Chemins de Fer Français, le Groupe Artistique organisa une exposition itinérante des œuvres de ses sociétaires. 

     

    L’exposition du 27 janvier au 27 février 1934 fut réalisée dans un état de tensions. Le Groupe Artistique de Saint-Nazaire était en perte de vitesse, et qualifié par certains de ses sociétaires de « réunion de vieilles barbes ». Il est vrai que le Comité central était toujours composé de ses fondateurs réélus chaque année, qui avaient tous un âge avancé, et regardaient avec un certain mépris les styles nouveaux s’éloignant du figuratif et de l’impressionnisme convenu, et qu’ils estimaient comme des phénomènes de mode qui passeraient. Georges Eveillard ne voyait pas les choses ainsi, et tentait de pousser le Comité central à plus d’ouverture. Rares étaient les artistes professionnels nazairiens et du canton à ne pas être sociétaires, mais ceux de l’Unvaniezh ar Seiz Breur, (les peintres René Yves Creston et Suzanne Candré-Creston, l’architecte André Batillat, etc.), étaient mis de côté, considérés comme des décorateurs, leur innovation artistique déconcertait ces messieurs. Émile Guillaume avait eu plus de chance auprès du Comité central en 1934, exposant trente-trois toiles, soit tout un mur, avec l'illustration de la couverture du catalogue.

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    Assimilable au symbolisme et au néo-bretonnisme, avec des personnages aux teints rouges ; il n'avait pas encore adopté les formes circulaires qui fut ensuite son style, et qui fait ressembler ses sujets à des pantins plus ou moins désarticulés. Il était pourtant à la mode, mais outre que son style déconcertait ces messieurs du Comité central, il était perçu comme un peintre décorateurs car il exerçait ce travail dans des studios de cinéma, et qu’il ne refusait pas les commandes que lui faisaient les commerçants ou les particuliers désireux d’une fresque sur leurs murs[9]. Au demeurant il avait le tors de vivre à La Baule. On accorda la même largesse aux œuvres de Ferdinand du Puigaudeau, mort quatre ans plus tôt, et dont la vente des œuvres devait se faire au profit de sa veuve qu’il avait laissée démunie et qui depuis un an exposait ses dessins. celle-ci avait été une peintre reconnue avant son mariage, mais s'était vu interdire de produire par son tyrannique époux. Bellaudeau, l'illustrateur du Courrier de Saint-Nazaire, y signa le 20 janvier, sous le pseudonyme d'Aristarque, un article dans lequel il fit la liste de ce qui n'allait pas en matière de dessin, (seul art qu'il maîtrisait), dans l'ensemble des œuvres accrochées, allant chercher le moindre détail secondaire pour cela, démolissant finalement chaque travail, à l'exception de ceux d'Alexis de Broca et de Charles Beilvaire. Ecrit dans son style habituel et reconnaissable entre tous, il y distilla du fiel, et s'attaqua à Charles Perron, professeur aux Beaux Arts de Nantes, deuxième Grand prix de Rome en 1921, et plus particulièrement à Madeleine Massonneau, artiste parisienne reconnue, deuxième Grand prix de Rome en 1928, qui avait à Saint-Nazaire réalisé des fresques à école Jean Jaurès, (restaurée en 2019-2020), et qui exposa alors quatre toiles, dont un portrait de Mlle C..., c'est à dire mademoiselle Isabey Campredon, la fille du chimiste et industriel. Bellaudeau écrivit : « Mlle Massonneau est-elle portraitiste ou caricaturiste ? Elle expose sur fond bleu charron une interprétation rappelant Mlle C… Un si charmant modèle méritait mieux. » Ce fut la seule participation de Madeleine au Salon de Saint-Nazaire, et, elle ne renouvela pas son adhésion au Groupe !

    Le jour même de l’exposition l’Ouest Eclair dans la colonne précédent celle consacrée à l’exposition du Groupe Artistique publia que l’idée d’une exposition de photographie était dans l’air du temps, et s’étonnait que la Groupe Artistique ait écarté cet art. La révolte grondait parmi les sociétaires, car outre le rejet de certains styles ou de certains médiums d’expression artistique, il y avait aussi une censure concernant les nus. Pourtant il y avait des cours de dessin anatomique, mais dans l’esprit du Comité Central, le nu était forcément pornographique, et la peur d’avoir les protestations des biens pensants avait même relégué les nus académiques d’Eveillard pourtant bien innocents.

     

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    L'Ouest Eclair 27 janvier 1934,

    (cliquer pour agrandir)

     

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    Le courrier de Saint-Nazaire 24 février 1934

     

    En avril-mai 1934 le Groupe ouvrit une exposition commune de dessin avec les écoles d’Art de Brest, Orléans, Nantes, Angers, Tours, Le Mans, Rennes et Laval, en présence de monsieur Bayard, inspecteur général des Beaux-Arts. René Geoffroy, le critique artistique de L’Ouest Eclair, commenta que le niveau était plus élevé dans les écoles de Rennes, Angers et Nantes, et nota que le cubisme était dans les travaux exposés en minorité.

    L’exposition commune fut couplée d’une seconde sous forme de concours réservé aux dessins de Nazairiens de moins de 15 ans, organisé par l’Université Populaire sur la supervision de George Eveillard qui cherchait à renouveler le groupe. Il y eu 560 participants sur la thématique : « Ce que je vois par ma fenêtre ». Un tri garda 300 dessins qui furent exposés le dimanche 29 avril 1930 et 10 gagnants furent désignés. Le succès fut tel que le concours devint annuel.

     

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    L'exposition concours des dessins des moins de 15 ans,

    L'Ouest Eclair 30 avril 1934.

     

    La réunion du Comité central qui suivit, avec la remise des prix, furent réalisés devant une assistante clairsemée. L'actif du Groupe Artistique avait atteint 16.346 frs, contre 17.115 frs, l'année précédente. Les sociétaires étaient passés de 472 à 464 en un an, ce nombre continua de chuter les années suivantes.

     

    Pourtant l'exposition du 27 janvier au 24 février 1935 se fit avec le concours du peintre Paul Chabas, président des Artistes Français, et André Dauchez, président de la Société Nationale des Beaux-Arts, qui avait déjà exposé à Saint-Nazaire en 1932. Plusieurs artistes Nazairiens qui avaient été médaillés au Salon des Artistes Français : Yvonne Carro; Alice Carissan ; les postes impressionnistes Michel Collé, Émile Simon, Alexis de Broca, (grand-père du réalisateur Philippe de Broca), et d’autres au Salon du Société Nationale des Beaux-Arts, dont Hélène Lacoulomère, (qui vivait en Vendée).

    Aux côtés des sociétaires du Groupe Artistiques ont exposa 50 tableaux provenant du Salon des Artistes Français, dont : Marie-Louise Lustremant, Gabrielle Henriette Rieunier-Rouzaud, Maurice Joron, Jean Vincent-Darasse, Alexandre Jacob, Gaston Galey, Robert Genicot, Fernand Maillaud, Cesar Mammes, Jules Merle, Henri Barnoin, (qui devint sociétaire, mais décéda l’année suivante), ainsi que le graveur Jacques Derrey, le sculpteur Roger Favin, et Luc Lanel créateur de mobilier et d'objet de décoration en métal émaillé qui travailla pour les Chantiers.

    Le Normandie était alors en réalisation, et pour l’occasion on exposa des maquettes de ses décors, ainsi que des projets pour d’autres paquebots, dont Ville d’Alger.

    Le Groupe Artistique acheta 20 œuvres qui furent reparties au tirage entre les visiteurs qui avaient acquis le catalogue illustré de l’exposition.

     

    Le groupe des indépendants :

     

    L'exposition du Groupe Artistique de 1936 fut un four. On sentait que toute l’énergie dont pouvaient faire preuve les organisateurs et les soutiens extérieurs dont ils pouvaient bénéficier avait été épuisée par l'exposition de 1935, et ceux malgré une volonté de renouveler l'effet en faisant venir quelques personnes du Salon d’Automne dont le président se demanda ce qu’il faisait là le jour du vernissage où André Astoul, portraitiste vendéen, . Il y eut des différents entre le Comité Central et René-Yves Creston, proue des artistes de style contemporain. Le bateau coulait inexorablement et le nombre des sociétaires toujours à la baisse. Le torchon brûlait entre Creston et le Comité depuis des décennies. En février 1919, dans la revue nazairienne Le Réveille Artistique, il avait reproché que l'association se bornât aux seuls arts graphiques et manqua d'ambition. Il participait, avec sa femme, Suzanne Candré-Creston, depuis 1926 aux expositions annuelles ; lui avec des tableaux, elle avec des faïences, et à partir de 1927 avec l’architecte André Batillat, pour le projet d'hydro-aéroport de Bretagne, et dès 1928 dans le groupe Ar-Seiz-Breuz. En 1929, René-Yves Creston reçut la Médaille d'or aux Arts décoratifs.

     

    Il existait à Nantes un Salon des Indépendants, qui longtemps n’exposa que des refusés des beaux-Arts de Nantes, et dont les œuvres étaient de mauvaise qualité. En 1935, ce Salon des Indépendants nantais commença à regrouper quelques artistes dont le talent était indéniable, mais qui n’étaient finalement pas à leur place et n’y participaient qu’en raison de mésententes avec les Beaux-Arts de Nantes. C’est alors que René Yves Creston et André Batillat, lassés d’être déconsidérés par le Groupe Artistique de Saint-Nazaire, décidèrent de créer à Saint-Nazaire un Salon des Indépendants. Ils débauchèrent sans mal les peintres Pierre Wagner, (1897-1943), ancien élève d'Emile Simon, professeur aux Beaux-Arts de Nantes, lui aussi membre du Groupe Artistique et sociétaire des groupes des Indépendants de Bordeaux et Bourges, et Edmond Bertreux, (1911-1991), mais attirèrent aussi à eux des nazairiens mécontents du Groupe Artistique : Michel Brun (qui avait tenté sa chance aux indépendants de Nantes), Émile Guillaume, Berthe Riboulleau-Margotton, née à Niort, vivant au 1 rue Villebois-Mareuil, une miniaturiste et illustratrice spécialisée dans le genre néo-médiéval au rendu d'une rare laideur, elle exposa au Salon des Artistes français en 1937 ; Marthe Danard Puig connue essentiellement pour ses bouquets de fleurs, et surtout Georgette Nivert, (1900 - 1960), peintre de nus féminins sensuels et de couples saphiques [10]. Batillat et Creston eurent l’idée d’ouvrir leur groupe aux photographes. Créé en février 1936, ce nouveau groupe se finança au début avec une tombola, et avec les fonds avancés par René-Yves Creston et André Batillat, qui logeait chez lui, 18 rue Villebois Mareuil[11], le bureau de ce nouveau groupe, et avec l’aide de l’agence Havas de Saint-Nazaire.

     

    La première exposition eut lieu durant la foire commerciale de Saint-Nazaire, du 25 au 30 mai 1936. Affichant un panneau « fondé en 1936 », (l'enregistrement ne fut déposé cependant que le 13 juin), le Groupe des Indépendants avait disposé quelques œuvres de ses sociétaires, et Émile Guillaume faisait des démonstrations de dessin, tout en proposant des cours gratuits aux visiteurs. Batillat fit la réclame de son groupe en organisant un concours réservé aux amateurs « Le meilleur croquis de la Foire Commerciale », avec pour jury les membres du bureau de la Foire et du Groupe des Indépendants, et de ses professeurs.

    Le Groupe Artistique, qui participait aussi à la Foire, qui était sous le pavillon de l’alimentation, semblait bien poussiéreux avec son exposition d’un portrait réalisé par un inconnu de Victor Lamoureux, et les dessins d’enfants sous le thème des fables de La Fontaine.

     

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    Emile Guillaume à la Foire de Saint-Nazaire,

    L'Ouest Eclair 27 mai 1936.

     

    La première exposition organisée par les Indépendants eut lieu le weekend du 30 et 31 mai 1936 au cercle du Club d’aviation populaire et des Officiers républicains, 7 rue de Villès-Martin 1936, qui fut aussi le siège du bureau du Groupe. Devant le succès de cette exposition, le Cercle proposa de prêter ses locaux pour l’année suivante. Mais les Seiz Breurs avaient été sollicités en 1935 pour réaliser le pavillon de Bretagne à L'Exposition universelle de 1937[12]. Cela impressionna tant la municipalité de Saint-Nazaire, que le maire, François Blancho, proposa pour l’exposition du Groupe des Indépendant la salle des Halles, un vaste espace que la mairie avait destinée à y déplacer le musée, située rue du Bois Savary. Cela n’alla pas sans créer des tensions avec le Groupe Artistique qui y avait fait son exposition annuelle.

    En effet, ayant quitté les locaux du boulevard de l’Océan, le 6 février 1937, la 19e exposition du groupe Artistique eut lieu dans la salle des halles, une vaste pièce qui se trouvait à l’étage des halles, et en avait la même surface. L’exposition avait réuni 600 œuvres, elle eut lieu sous le patronage de François Blanche, sous-secrétaire d'État, du Sous-Préfet de Saint-Nazaire et sous la présidence effective de M. Leroy, préfet de la Loire-Inférieure. Un déjeuner payant, (19 frs), fut organisé au Grand Hôtel et réservés aux personnalités de la ville et du département, les membres honoraires, les sociétaires et les artistes participants. Là aussi, l’événement fut rendu annuel.

    Pour ménager le Comité central du Groupe Artistique, François Blancho proposa aux Indépendants un autre lieu d’exposition… le vieux Musée municipal ! On s’étrangla devant ce choix du maire qui consacrait des artistes qui avaient été refusés ou mal traités jusque-là, mais il n’était pas possible de protester. Les Indépendants de Saint-Nazaire exposèrent ainsi au Musée les 29 mai au 30 juin 1937. René Geoffroy, le critique artistique de L’Ouest Eclair, fut dithyrambique, mais avoua aussi dans son article 4 juin 1937, qu’il était l’ami et le cousin de René Yves Creston… Il y a eu durant cette exposition plusieurs conférences sur les arts, dont celle de Hibrant, le directeur de l'Ecole pratique, sur « le rôle social de l’art », et une causerie avec le club des philatélistes dont le président était pradier, le directeur du collège. En effet la force des Indépendants fut de rassembler autour d'eux les membres du corps enseignant nazairien.

     

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    Le Comité central le jour du déjeuner donné pour le 25e annivarsaire de la fondation du Groupe Artistique,

    L'Ouest éclair du 30 novembre 1937.

     

    La paix avec les Indépendants :

     

    La 20e exposition du Groupe Artistique, eut lieu du 30 janvier au 27 février 1938. Elle regroupa les œuvres des artistes locaux, d’un choix d’artistes d'autres régions françaises et de quelques Parisiens, qui travaillaient en collaboration avec les fabricants de tapisseries d'art d'Aubusson. Les ateliers envoyèrent pour l’occasion des tapisseries et du mobilier contemporains et anciens, dont des œuvres du 16e siècles, 17e et 18e siècles qui éblouirent les visiteurs.

    Parmi les invités officiels pour le vernissage et le déjeuner, il y eut André Batillat et René-Yves Creston. L’Exposition universelle de 1937 leur avait donné une importance auprès des autorités.

     

    René-Yves Creston participa à la 21e exposition en 1938, exposition qui pour la première fois fut réellement novatrice, et fut placée sous le haut patronage du Ministère de l'Éducation Nationale, subventionné par le département de la Loire-Inférieure, la Ville et la Chambre de Commerce de Saint-Nazaire. Le Salon des indépendants disparu dans cette réconciliation, échange de bons procédés et réalités économiques obligeants. Cependant, le Groupe des Indépendants demeura encore un an, sous la présidence de maitre Jules Russacq, avocat, (Orléans 13 novembre 1870 – 20 mai 1966 La Baule, en prodiguant des cours de dessins et organisant des conférences, avec pour enseignant en peinture et dessin Guillaume, et en arts décoratif Batillat.

    Cette année-là, l’adhésion des sociétaires fut fixée à 20 frs par an. 

     

    La fin du Groupe Artistique :

     

    Il n’y eut pas d’exposition en janvier 1939 en raison d’un problème financier.

     

    La 22e exposition, en 1940, fut retardée et n’ouvrit que le 25 février, avec 500 tableaux malgré la mobilisation de certains artistes. Elle se déroula dans une sale de l’école Jean Jaurès, boulevard Victor Hugo.

     

    Après avoir obtenu une subvention municipale de 1.000 frs, la 23e exposition se déroula avant la date classique, du 1er décembre 1940 au 22 décembre 1940 au Syndicat d’Initiative 4 rue de l’Océan. On lui avait accordé une semaine de prolongement devant le succès qu’elle suscita. Il est vrai qu’à ce moment-là il y avait peu de distractions à Saint-Nazaire. Il avait eu une semaine de prolongement. Parmi les peintres exposés citons, venue de Stenay en Meuse, Germaine Lantoine-Neveux, (1892-1978) exposa des portraits, Berthe Riboulleau-Margotton et Émile Guillaume revenus au bercail. Celui-ci fut, avec Ulysse Gorrin, (1884-1965), éreinté par la critique de René Geoffroy.

    L’exposition s’acheva avec un tirage au sort de numéro d’acheteurs de l’exposition précédente, de catalogue d’exposition acheté, et de cartes de sociétaire, qui gagnèrent des aquarelles et des tableaux des têtes de pont du Groupe, mais aussi une toile de Puigaudeau.

     

    Le 24 mai 1941, dernier concours des enfants. La guerre fit son œuvre, et le groupe disparu dans les ruines de la ville. Mais l'école d'enseignement d'art plastique, fondée en 1919, et municipalisée en 1926, fut rétablie. Emile Guillaume y fut professeur, (il enseigna aussi à l'Ecole Normale de Savenay).

     

    Le Groupe Artistique de Saint-Nazaire : une école ?

     

    Peut-on parler d’une école nazairienne ? Nous pensons que oui, en ce qui concerne la peinture.

     

    Si l’on excepte les membres de l’Unvaniezh ar Seiz Breur, qui forme une école particulière et clairement identifiée, et bien sûr Émile Guillaume qui est inclassable, ainsi que Georgette Nivert aux nus sensuels et sexuels, et Félix Lorioux (1872-1964), illustrateur et dessinateur de bande dessinée qui participa à la dernière exposition de 1940 mais dont on ne peut affirmer qu’il fut sociétaire, on s’aperçoit qu’il y a une cohérence des œuvres des peintres membre du Groupe Artistique de Saint-Nazaire pour ceux qui nous sont aujourd’hui connus.

     

    Nous avons pu établir à la lecture des articles de presse et des rares catalogues d’exposition qui nous sont parvenus une liste de nom de peintres qui sont aujourd’hui reconnus par les marchands d’arts comme des peintres de tallent :

     

    Auffray Alexandre (1869-1942)[13] ;

    Beilvaire Charles (1861-1943)[14] ;

    Bouillon Gaston (1881-1958) ;

    Broca Alexis (de) (1868-1948), médaille d'argent Salon des artistes français 1922 ;

    Brun Michel ;

    Carro Yvonne(-Antoinette), (Meaux 25 novembre 1895 - Luçon  31 décembre 1946), membre de l'Union des Femmes Peintres et Sculpteurs, sociétaire des Artistes Français, mention honorable au Salon des artiste français 1928 et médaille d'argent 1933, surtout connue pour ses fleurs, que pour ses intérieurs et paysages, ou ses illustrations ;

    Chaney Lester Joseph (Zala, Nagy Kanisza, Hongrie, 19 avril 1907 -  New Lenox, Illinois, USA, 14 septembre 1998), né hongrois, il s’exila aux USA dans les année 1920 obtint la nationalité ; il étudia à l'Art Institute of Chicago, auprès de Charles H. Woodbury et Leon Lundmark. Entre 1935 et 1939 il vient vivre à Saint-Nazaire : à la déclaration de guerre il s'établit dans l'état du Maine.

    Collé Michel-Auguste (Baccarat 7 janvier 1872 - Kervalet en Batz-sur-Me 15 septembre 1949), formé comme doreur à la cristallerie de Baccarat, il exposa à partir de 1903 à la Société nationale des beaux-arts, puis au salon des Tuileries et obtint la mention honorable au  Salons des Artiste Français en 1920, puis la médaille d'argent en 1921, époque où il commença  séjourner en Presqu'île et s'y établit définitivement au village de Kervalet en 1940 ;

    Cylkow Louis ( Varsovie 1877 - 1934), élève à l’Académie Julian, c'est en 1923 qu'il découvrit la Presqu'île guérandaise, le musée de Nantes lui achètera deux toiles en 1920 et 1925 ;

    Deboute Maurice-Pierre, né à Saint-Nazaire le 23 octobre 1901, dessinateur à Paris en 1923, (s'éloigna en peignant des paysages d'Ile de France) ;

    Eveillard Georges (1879-1965) ;

    Evein Claude-René-Pierre ;

    Gauffriaud Émile (Brest 1877-1957), peintre, aquarelliste et graveur, il fut l'un des artiste bretons les plus prisé de sa génération, traitant presque exclusivement de sa province natale, à l'exception de quelques œuvres réalisée durant un séjour sur la Côte d'Azur ; il stoppa toute activité artistique quatorze-ans avant son décès ;

    Gauthier Stany (Joseph dit) (1883-1969), peintre, architecte-décorateur et sculpteur, diplômé de l'Etat pour l'enseignement de la composition décorative, professeur à l'Ecole des Beaux-Arts de Nantes en 1911, conservateur du Musée d'Art populaire régional de Nantes de 1922 à 1969, il publia cinquante ouvrage sur les la décoration, l’ameublement et l'architecture ;

    Gautier Émile (1920-2013), peintre et aquarelliste très connu en Presqu'île ;

    Géo François, Georges François dit Geo, (1880 - 1968), peintre paysagiste voyageur, élève de Jean-Paul Laurens, il exposa à Saint-Nazaire à partir de 1928. Il fut mentionné au Salon des Artistes Français.

    Gorrin Ulysse (1884-1965), médaille d'argent du Salon des artistes français 1936, prix Corot et médaille d'or 1949 ;

    Guyot Paul (1906-1960), peintre, puis journaliste, rédacteur en chef de France Soir il fut aussi romancier), auteur de trois  romans publiés chez Caman-Levy : Les Bois du Nord en 1925 ; Belle Amie en 1957 ; et Un été en Brière en 1958 ;

    Jacquier Marcel (1877-1957), « Inscrit à l’Ecole des Beaux Arts de Nantes en 1889, il fréquente ensuite l’académie Julian à Paris en 1907. Il revient en Bretagne chaque été entre 1903 et 1911; à la belle saison, depuis Tréboul, il part à la recherche de motifs, sillonnant ainsi le Finistère. Il est l’auteur de plusieurs affiches pour des syndicats d’initiative. Il est récompensé au Salon des Artistes Français de 1933, Il reçoit la médaille d’argent pour son levure Les Veuves. Peintre de Douarnenez, il est aussi l’auteur de paysages de bière et de scènes de pardons. Il peint également à Concarneau, vers 1910. » (source : La modernité en Bretagne : Tome 2, Silvana Editoriale, 1er juillet 2017 ;

    Labitte Eugène Léon (1858-1936), peintre et aquarelliste ;

    Lacouloumère Hélène,  (Fontenay-le-Comte 17 septembre 1873 - Bleneau 16 juillet 1960) ;

    Lemasson Paul (Saint-Mars-du-Désert 10 janvier 1897 - Nantes 22 septembre 1971), élève de l'Ecole des Beaux Arts de Nantes, il exposa au Salon de 1934 et de 1969, ces œuvres étaient inspirées des paysages des anciennes maîtres flamands ; il fut membre de l'association La Fresque, (tout comme Madeleine Massonneau) ; (son frère Albert était lui aussi peintre) ;

    Lusseau Georges (Clisson 1897-1989), médaille d'argent de l'exposition internationale des arts décoratifs en 1925, il réalisa plusieurs fresque dans le département ; après guerre il fut professeur à l'école des Beaux Arts de la ville de Paris ;

    Massonneau Madeleine-Valentine, (New-York 21 mai 1901- ...), domiciliée chez ses parents au 44, rue de Villers, Levallois-Perret jusqu'en 1933, inscrite à l’école des Beaux-Arts en 1920, admise à la section de peinture de l'École nationale supérieure des beaux-arts en 1923, second-prix de Rome en 1928, membre de l'association La Fresque, (tout comme Paul Lemasson), elle exposa au Salon des artistes français de 1925 à 1932, concourra sans succès au prix de Rome de 1928, exposa au Salon des Indépendants à partir de 1930 l'état et la ville de Paris lui achetèrent et commendataire plusieurs œuvres, notablement des fresques, la ville de Saint-Nazaire lui commanda en 1932 une fresque pour le stade du Plessis, et le 24 octobre 1933 la fresque toujours existante qui couvre les quatre murs du hall de l'ancienne école Jean Jaurès, au 25 boulevard Victor Hugo pour la somme de 18.256 fr (soit 400 fr du m²) (cf. article du L'Ouest Éclair du 5 novembre 1933) ; elle fut aussi connue pour avoir membre à partir de 1931 du Cercle Féminin de Paris comme internationale de cross ;

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    (source : L'intran : le plus grand hebdomadaire sportif, 22 novembre 1932.)

     

    Maxence Jean (1901-1962), médaille d'argent Salon des artistes français 1920, médaille d'or 1925 et prix Madagascar ;

    Puigaudeau Ferdinand (du) (1864-1930), issu de l'école de Pont-Aven ;

    Simon Émile (1890-1976), professeur aux Beau Arts de Nantes, mention honorable Salon des artistes français, médaille d'argent 1934, médaille d'or 1935 ;

     

    Ces peintres, dont la liste est non exhaustive, (le Groupe artistique ayant eu jusqu’à 500 sociétaires, et cumulat le même chiffre en nombre de tableaux exposés), ont en commun d’avoir peint à l’huile et à l’aquarelle des marines du port de Saint-Nazaire, des côtes d’Amour et de Jade, de l’Estuaire et de la Loire maritime, des marais salants, de la Grande Brière, des environs paysage de Guérande, Saint-Nazaire et Pornic, et des scènes bretonnes de la Loire Atlantique, dans le style postimpressionniste de l’entre-deux-guerres, sur une période allant de 1919 à 1941.

     

    On peut aussi pousser la thèse d'une école nazairienne à une école parallèle consacrée à la présentation florale dont nous citerons :

    Carissan Alice-Emilie-Elise-Marie, (Saint-Nazaire 13 novembre 1869 - Paris 7e 13 juin 1964), fille d'un commissaire de paquebot de la Compagnie Général Transatlantique, et sœur du lieutenant de vaisseau Edmond-Eugène-Ambroise Carissan, et demi-sœur de Jacques Carissan, enseigne de vaisseau, commandant en second du Mousquet, tombé pour la France à l’hôpital de Sanpang (Sumatra) le 1er novembre 1914, nièce  de Célanie Carissan (1843-1927), pianiste compositrice, et romancière et d’Eugène Carissan (1830-1883), professeur agrégé d’histoire et de géographie, littérateur et membre de la Société académique de Nantes, elle fut membre de la Société des Artistes Français. Prix de l’Union des Femmes Peintres et Sculpteurs en 1912, Mention honorable des Artistes Français en 1930, Médaille d'argent au Salon de 1934 avec une toile figurant un intérieur en clair obscur qu'il offrit le 4 juin 1945 à la Ville pour la reconstitution du musée, intitulée " Mystère des reflets ", (130x97), Prix Marceron-Maille en 1936.

    Carro Yvonne, déjà nommée plus haut ;

    Danard-Puig Marthe.

     

     

     

    [1] Cf : L’Ouest éclair du 30 novembre 1934. Pour sa biographie, voir notre article : http://saint-nazaire.hautetfort.com/charles-beilvaire/

    [2] A propos de Gustave Bord voir : http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2012/06/13/le-chateau-de-porce-a-saint-nazaire-premiere-partie.html

    [3]  Victor Lamoureux (1864-1954), tailleurs pour homme, sculpteur amateur, époux de Marguerite Janvin, (1867-1930), dont la boutique, ouverte en 1855, existe toujours à Saint-Nazaire, quoiqu’elle ait changé de nom en devenant « Territoire des hommes ». La fondation par lui du Groupe artistique de Saint-Nazaire le fit nommer officier de l’instruction publique le 1er février 1930 pour services rendus aux arts. Le 12 février 1931, il reçut la médaille d’argent de la Prévoyance sociale.

    [4] Georges Dommée, (1861-1943).  devient l’archiviste du Groupe, il fut rejoint par son fils, Claude Dommée, architecte, qui fut nommé trésorier adjoint. Claude Dommé fut l'architecte des halls à la Reconstruction, et de différents immeubles.

    [5] Le docteur Pierre-Ernest Méloche, (1860-1946), ancien interne des hôpitaux de Nantes, avait son cabinet 24 rue Henri Gautier à Saint-Nazaire. Il fut la risée de la ville et de la profession à la suite d’une erreur de diagnostic : le 18 mars 1896 le juge d’instruction de Saint-Nazaire, Jules Batillat, (père de l'architecte André-Laurent Batillat), convoqua le docteur Méloche pour examiner une prévenue, la veuve Billy, arrêtée sous l'inculpation d'infanticide. La femme nia l’accusation, et affirma être toujours enceinte. Le docteur Méloche se déplaça, examina, et dit que la femme avait déjà accouchée. Deux jours plus tard, la veuve Billy accoucha en prison d'un enfant de cinq mois qui ne vécut que quelques minutes. Elle porta plainte conte le médecin, et lui réclama 1.000 frs de dédommagement, (la consultation qui avait coûté 6 frs au Tribunal de Saint-Nazaire). Le tribunal de Saint-Nazaire condamna le docteur Méloche le 26 février 1897. Il gagna en appel à Rennes le 2 juin 1898. Son honneur étant lavé, il reprit sa place à Saint-Nazaire, et la ville fit comme si rien ne s’était passé, tout en ricanant dans son dos. Appuyé par ses confrères, et ses relations politiques et maçonniques, il fut promu en 1911 médecin chef du comité de la Croix Rouge de Saint-Nazaire. Durant la Première-Guerre-mondiale il fut médecin-chef de l’hôpital bénévole des sœurs de Saint-Vincent de Paul, puis il dirigea l’Œuvre Antituberculeuse de Saint-Nazaire, vice-président de la Ligue antialcoolisme de Saint-Nazaire, fondée en 1918 par Louis Campredon, et fut nommé président du syndicat des médecins de Saint-Nazaire le 28 septembre 1930. Durant l'entre-deux-guerres il fut aussi président du Conseil d’Administration de l’École de musique, membre de la Commission du Musée à partir de novembre 1920, et était de toutes les inaugurations. Personnalité incontournable et indéboulonnable, il se faisait moquer par les chroniqueurs de L'Ouest-Éclair. Réfugié à La Baule à la suite des bombardements, il y décéda en 1946. Si le caveau familial au cimetière de La Briandais comporte une plaque mentionnant " Docteur Méloche 1860 - 1946 ", son corps ne s'y trouve pas. Il fut en effet inhumé à La Baule dans une sépulture provisoire, mais, dans la confusion de l'après-guerre et de la reconstruction, ses cendres ne furent jamais transférées, la tombe provisoire fut reprise par les services de La Baule et ses restes déposés en l'ossuaire.

    [6] Journaliste militant socialiste, de son vrai nom Georges Pierre, né le 25 avril 1871 à Bléneau, décédé le 9 février 1958 à Saint-Nazaire.

    [7] Georges-Alexandre Eveillard, né à Nantes le 2 juillet 1879, marié à Nantes le 11 mai 1917 à Augustine Louise-Marie Carrière, décédé à Nantes le 25 février 1965 ; il fut le premier professeur de l'école des Beaux-Arts de Saint-Nazaire. En 1938 il devint directeur du musée municipal, et œuvra à reconstituer un nouveau musée à la Libération à la demande de la mairie. Le projet n'aboutit pas, mais il fit plusieurs acquisitions jusqu'en 1955 au nom de la ville. A sa mort, la municipalité Blancho fit acheter au nom de la ville plusieurs toiles de sa collection mise aux enchères à Nantes, dont un tableau copie de l'entourage de Goya, une esquisse de Manet, et quelques toiles du 17 et 18ème siècle à la qualité discutable.

    [8] Elle eut d’abord le nom de Foire Exposition.

    [9] Membre de la Loge Le Trait d’Union, Emile Guillaume réalisa les décors de la nouvelle loge à la demande de son vénérable, Henri Allanet, chirurgien et directeur de l’Hôpital de Saint-Nazaire. Il illustra aussi des cartes postales avec des scènes bretonnes, dont une série ayant pour thème les côtes de la province. Ajoutons qu'Emile Guillaume était né à Paris dans une famille originaire de Questembert, et dont la grand-mère maternelle vivait au Pouliguen, s'était établi à La Baule en 1928.

    [10]  Sa biographie officielle la dit née à Lorient en 1900, mais aucun acte n'y existe à ce nom à cette date. Elle vivait en 1932 au 18 rue Leconte de Lisle à Paris 16ème, puis au 26 rue des Plantes à Paris 14ème en 1935, ville où elle exposa au Salon des indépendants de 1932 et au Salon de la Société d'Automne de 1935. A la Libération, elle se consacra à des représentations d’enfants. Non mariée, elle eut une fille, Paulette Nivert, née en 1921, qui fut aussi artiste peintre, et qui exposa durant l'occupation à Biarritz, où sa mère avait une villégiature, où elles avaient trouvé refuge.

     ,saint-nazaire, georgette-nivert

    (source : L’Écho de Paris, 26 février 1930)

    [11] Par la suite il se fit construire une maison sur ses plans 82 rue Jean Macé.

    [12] Ce fut sous l’impulsion de Joseph Stany Gauthier, conservateur du musée des beaux-arts de Nantes, que le comité de l’Exposition universelle choisit les Seiz Breur. Le secrétariat général pour la réalisation de ce pavillon étant attribué à René-Yves Creston.

    [13] Voir notre article : http://saint-nazaire.hautetfort.com/alexandre-affray/

    [14] Voir notre article : http://saint-nazaire.hautetfort.com/charles-beilvaire/

    Lien permanent Catégories : Alexandre Affray, Artistes nazairiens, Charles Beilvaire, Groupe Artistique, Groupe des indépendants, Seiz Breur 0 commentaire
  • Auffray, juge au tribunal civil de Saint-Nazaire

     Auffray : Famille bourgeoise originaire de Lamballe.

     

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     De sinople à trois besants d'argent posés en barre, à la bordure d'argent chargée de huit mouchetures d'hermine de sable. (cf. Armorial général de 1696, cachets, et Frotier de La Messelière.)

     

     

    I° Paul-Louis Auffray, né à Lamballe le 14 septembre 1848, sous-lieutenant de mobilisés des Côtes-du-Nord en 1870, titulaire de la médaille de 1870-1871, demeurant à Lamballe en 1925 ; marié à Pontivy le 8 janvier 1878 à Cécile-Berthe Cravin, fille de Pierre Cravin, greffier en chef du tribunal civil de Pontivy, et de Marie-Grâcieuse Labordette, d'où :

    1° Pierre-Alfred-Marie, né à Lamballe le 23 avril 1880, docteur en médecine de la Faculté de Paris, médecin à Morlaix en 1905, mobilisé à l'ambulance 4/14 pendant la Première Guerre mondiale, puis médecin chef de l'hôpital Luxembourg, à Vesoul (Haute-Saône) jusqu'à sa démobilisation, propriétaire-éleveur au manoir de Kerminizy, en Saint-Tugdual, en 1925 ; marié à Lorient le 11 novembre 1909, avec Amélie-Françoise-Gertrude Marchai, fille de Maurice Marchai, ingénieur en chef de la marine, puis directeur des Chantiers de l'Atlantique, à Saint-Nazaire, chevalier de la Légion d'honneur, et de Marie Jan de La Gillardais ;

    2° Joseph-Marie, né à Lamballe le 17 mars 1883, licencié en droit et avocat stagiaire à Rennes en 1906, docteur en droit en 1907, avocat du barreau de Saint-Brieuc, membre du Conseil de l'Ordre de 1912 à 1914, mobilisé de 1914 à 1918, magistrat en 1919, juge au tribunal civil de Saint-Nazaire en 1920, juge d'instruction à Ploërmel, depuis le 19 janvier 1921, procureur de la République à Ploërmel en 1925 ; titulaire de la médaille interalliée de la Grande Guerre et de la médaille des Y. M. C. A. Franco-Américains ;

    3° Joseph, né à Lamballe le 2 juillet 1886, mobilisé de 1914 à 1918, titulaire de la médaille interalliée de la Grande Guerre et de la médaille des Y. M. C. A. Franco-Américains ;

    4° Louis-Joseph-Marie, né à Lamballe le 6 juin 1890, licencié en droit en 1912, avocat stagiaire à Rennes, mobilisé simple soldat au front, bien que reçu avec la note 18/20 au concours d'admission à l'Ecole de l'Intendance de Vincennes, blessé 3 fois, avec cinq citations, dont : du 1" juin 1918, à l'ordre de l'armée ; du 20 juin 1918, à l'ordre du corps d'armée n° 373. Décoré de la Croix de Guerre avec une palme, 2 étoiles d'or et une de bronze, proposé deux fois pour la Légion d'honneur par le colonel du 41e d'infanterie ; après l'armistice du n novembre 1918, substitut au Conseil de guerre de la Xe armée, à Mayence (Rhénanie); lieutenant de réserve au 41e d'infanterie et avoué près le tribunal civil de Pontivy depuis 1920, chevalier de la Légion d'honneur en juin 1920; marié à Saint-Michel de Saint-Brieuc, le 15 avril 1920, Anne-Félicité Lemée, fille de Mathurin Lemée, négociant, et d'Aline Roussin.

  • Le Petit Maroc, histoire d'un nom

    Nous venons de recevoir une question intéressante de la part de l’un de nos lecteurs qui nous demande d’où provient le nom de « Petit-Maroc » que porte le quartier en bordure du Port et du Vieux-Môle, à l’emplacement du « Vieux Saint-Nazaire », c'est-à-dire la ville fortifiée du moyen-âge qui se trouvait sur le rocher à la pointe de l’estuaire.

    Ce nom, « Petit-Maroc », a fait couler beaucoup d’encre, et s’empoigner quelques-uns sur le bienfondé de l’appellation.

     

    Petit-Maroc depuis quand ?

     

    Rétablissons d’abord quelques éléments temporels. Quand est apparu ce nom ?

    Dans le découpage municipal la ville historique de Saint-Nazaire était désignée, avant la reconstruction d’après-guerre, sous le nom de « Vieux-Quartier », et c’était sous ne nom qu’était alors constitué le comité de quartier en charge de ses animations.

     

    Nous en avons trouvé trace écrite de l’emploi du nom « Petit-Maroc », pour la première fois dans un article de L’Ouest éclair en date du 6 juin 1926 :

    « Le bassin et la jetée Est de la nouvelle entrée du port de St-Nazaire présenteront les 25 et 26 juin un féerique aspect. Les feux nautiques, promenés par des vedettes, et les lueurs d'apothéose des nombreuses pièces d'artifice doivent, s'il fait beau, réaliser des merveilles. Près de cent mille francs seront consacrés à cette partie de programme. Le Vieux Saint-Nazaire, le « petit Maroc » et les dévoués commissaires veulent lancer un car… dont on parlera longtemps. »

    Nous constatons donc que c’est un surnom qui s’employait dès avant juin 1926.

     

    De son côté Le Courrier de Saint-Nazaire employait les termes de « Vieux-Quartier », et utilisa tout le temps cette dénomination, comme le faisait la municipalité.

     

    Pourtant, dès le 3 octobre 1929, et jusqu’à la destruction de la ville historique, L’Ouest éclair ne désigna le quartier que sous le nom de « Petit-Maroc ».

     

    L’origine du nom « Petit-Maroc » :

     

    Faisons d’abord la liste des suppositions, théories et affirmations de toutes espèces :

     

     « Le nom aurait été donné par d’un journaliste qui avait critiqué le fait que la ville historique, isolée de la ville moderne, surtout depuis la réalisation de la nouvelle entrée du port en 1906, était une sorte de bouge infecte dont les habitants devaient s'approvisionner en eau potable la borne-fontaine de la rue de ta Vieille-Église, et qui vidaient à marée haute leurs pots de chambres sur les rochers, faute d’égout ».

    Cette origine est plausible, attendu qu’il y a en France plusieurs lieudits « Petit-Maroc », qui doivent leur nom au fait qu’ils étaient à l’origine des zones urbaines miséreuses, et les descriptions du Vieux-Quartier comme étant resté moyenâgeux jusque dans le mode de vie de ses habitant pourraient corroborées, mais c’est regarder le passé avec nos yeux du 21e siècle. Vivre sans eau courante et sans tout à l’égout était normal durant l’entre-deux-guerres. Avant la reconstruction de la ville, plusieurs quartiers de Saint-Nazaire n’avaient pas d’égout. Dans toute la ville, seuls les premiers et seconds étages des immeubles en bordure de rue avaient l’eau courante. Le château d’eau situé boulevard Victor Hugo était construit trop bas, et depuis la réalisation du Port et de la ville nouvelle, on n’avait jamais su régler le problème d’alimentation en eau potable de la population. Jusqu’à la reconstruction, les rues étaient sillonnées par des marchands d’eau qui tiraient des citernes. Les habitants s’alimentaient aux pompes des cours d’immeuble, ou aux bornes fontaines municipales, et on a des descriptions des ménagères allant le matin vider les seaux hygiéniques aux vespasiennes des quartiers, avec de longues files d’attente devant celles de la Place Marceau. Enfin, il faut rappeler qu’il y eut des épidémies de choléra à Saint-Nazaire jusqu'à la guerre.

     

    « Le nom lui aurait été donné par le peintre Charles Beilvaire[1] ou le dessinateur Paul Belondeau vers 1934. »

    Nous l’avons démontré, le surnom est employé dès avant juin 1926. Charles Beilvaire, qui fut aux Ponts-et-Chaussées, fut nommé le 1er juillet 1920 à la sous-direction du Chemin de fer et Travaux publics du Maroc, alors protectorat français. Il revient à Saint-Nazaire en 1931. Paul Belondeau s’engagea dans les troupes coloniales au Maroc en 1920 et ne revient qu’en 1933 à Saint-Nazaire. C’est aussi accorder trop d’influence pour ces deux personnalités locales. Certes Charles Beilvaire participait activement à la vie locale, mais seulement dans la partie artistique et sportive. Quant à Paul Belondeau, en dehors de la paroisse et des illustrations qu’il réalisait pour Le Courrier de Saint-Nazaire, à la demande de Jacqueline Bruno, il était plutôt anonyme.

    Au demeurant, le quartier comportait 213 recensés en 1926, le fait que deux personnes qui y avaient conservé une résidence durant leur séjour marocain est une argumentation trop maigre pour justifier l’origine d’un surnom, surtout que des nazairiens, originaires d’autres quartiers, partis vivre au Maroc, il y en avait alors un nombre important à Rabat et Fez[2]. Et enfin, nous allons le démontrer plus loin, l’emploi « officiel » des termes « Petit-Maroc », ce fit en 1930, donc avant le retour des deux artistes.

     

    L’Université Inter-Ages dans sa publication « L’abécédaire des rues de Saint-Nazaire », (2002), mentionne pour origines possibles : « une fête organisée en l’honneur du Sultan du Maroc ; des corsaires marocains qui seraient venus au XVIème siècle caréner leurs navires ; et enfin la présence de pêcheurs bretons qui allaient sur les côtes marocaines. » 

    Éliminons immédiatement les corsaires,, car les carénages se faisaient à Méan,, qu'il n'était pas envisageable un voyage de corsaires venant du Maroc, et que s'il y avait eu un jusqu’à l’estuaire de la Loire, celui-ci aurait laissé des traces dans les chroniques. Mettons de côté la fête en l’honneur du Sultan, nous y reviendrons, et ne gardons que les pêcheurs bretons.

     

    Les pêcheurs bretons :

     

    Un article de la rédaction nazairienne de L’Ouest Eclair, intitulé : « Une question dévie ou de mort pour les pêcheurs de la Basse-Loire maritime », en date du 26 novembre 1933 indique :

    « À Saint-Nazaire, les 213 habitants du vieux quartier appelé Petit Maroc à cause du teint bistré des gens et de la couleur des filles du Bono ou d'Auray vivant là n'ont d'autre ressource que de pêche au chalut. »

     

    Cette affirmation pose deux problèmes.

    La première, monsieur Hubert Chemereau, qui a réalisé des études et des recherches historiques de sur l’histoire de Saint-Nazaire et de son port, souligne que s’il y a origine par la présence de pêcheurs résidents au Vieux-Saint-Nazaire dans les premières décennies du 20e siècle, c’est que ces pêcheurs seraient des Douarnenistes.

    En effet, là où les pêcheurs de Tréboul, ancienne commune rattachée en 1945 à Douarnenez, ont établi des colonies, on trouve le surnom de « Petit-Maroc ». La raison en est que ces pêcheurs partaient pêcher la langouste au large des côtes du sud du Maroc.

    Mais, pour cela il faudrait qu’il y eu au Vieux-Quartier une colonie venue de Tréboul et Douarnenez. Les recensements révèlent que seuls deux hommes et une femme étaient nés à Douarnenez durant la période qui nous concerne, et aucun n’est dans l’activité de la pêche, et que sur l’ensemble des habitants du quartier, il n’y avait que 4 pécheurs en 1926, un né à Indré, un à Saint-Nazaire (Edouard Labbé, dont la famille est nazairienne depuis longtemps), un à Asserac, le dernier à L’Ile Tudy. La population du quartier était composée surtout d’employés du Port et des entreprises portuaires, de quelques marins et pilotes. Les non natifs de Saint-Nazaire les plus nombreux étaient de Noirmoutier, et ne composaient qu’un groupe d’une dizaine.  En fait on s’aperçoit que les pécheurs résidents à Saint-Nazaire, peu nombreux au demeurant, étaient loger un peu partout en ville, car les abords du Port étaient surtout le pré-carré des manœuvres et des matelots. 

    En fait, tous les pécheurs qui allaient sur les côtes de Mauritanie étaient surnommés « Marocains », et les lieuxdits Petits Maroc pullulent sur la côte ouest  là où vivaient certains de ses pêcheurs, mais aussi l) où il vendaient leur poisson, comme c'est le cas à Ploemeur. En fait, le nom de Petit Maroc à Saint-Nazaire s’explique par deux éléments :  la criée, c'est-à-dire le marché au poisson, qui se trouvait entre le Vieux-Môle et la place de la Vieille-Église jusqu'à sa fermeture en 1893, (la vente se réalisa par les pêcheurs sur le quai de la Vieille-Ville, puis après le percement de la Nouvelle-entrée, à l'angle du quai de la Vieille-Ville et du quai du Commerce dans un hangar de la Compagnie Générale Transatlantique transformé par le municipalité). Le second élément est une ironie. En effet, la présence de pêcheurs à la canne qui passaient leurs journées sur le Vieux-Môle, fit qu'on les nomma pour se moquer « Marocains ».

    Il a été écrit qu'au cours de la Première-Guerre-Mondiale les femmes du quartier se seraient mises à pêcher au carrelet afin de pourvoir à leurs besoins alimentaires et se constituer un revenu alors que leurs époux étaient partis au combat, et que le maire de l'époque leur aurait donné cette autorisation. Le problème est que les carrelets n'ont été ajoutés sur les jetées qu'après 1945, qu'il n'y a aucun arrêt municipal autorisant à l'installation de carrelet, le site relevant au demeurant des autorités portuaires... La pêche pratiquée par les femmes se faisant à la canne, elle pourrait rejoindre les pêcheurs présents sur le Môle.

    On le constate, c'est certainement l'accumulation de plusieurs éléments réels et secondaires, qui ont contribué à asseoir le nom de Petit Maroc dans les surnoms donnés durant de l'entre-deux-guerres.

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    Vente du poisson à l'angle des quais de la Vieille-Ville et du Commerce en 1940, aquarelle de Charles Beilvaire, coll. O. M. de S. L., le percement de la nouvelle entrée avait déplacé une nouvelle fois le marché de quelques mètres.

     

     

     

    Conclusion :

    C’est la présence de la Criée située au Vieux-Saint-Nazaire, puis la persistance de la vente du poisson sur le quai du commerce qui fit qu’au début du 20e siècle on surnomma le quartier « Petit-Maroc », et qu’on l’assimila tout aussi absurdement aux pêcheurs, alors qu’aucun pour dire n’y résidait.

     

     

    Le Sultan :

     

    Mais quelle est cette fête en l’honneur du Sultan du Maroc ? Elle apparait durant l’été 1930. À l’époque le comité de quartier du Vieux-Quartier peinait à organiser des fêtes attirant du monde et rapporte de quoi remplir ses caisses souvent en déficit. Le quartier vivait sur la tradition des foires qui s’organisaient deux fois l’an à Saint-Nazaire depuis l’Ancien-Régime, et qui étaient devenues une seule en 1830, organisée chaque septembre, d’abord sur le sable à l’entrée de la ville, puis le long de la voie du Vieux-Môle. Tirs, loteries, chevaux de bois, artistes de rue, danses dans la rue sous les lampions au son des orchestres installés en équilibre instable sur des tréteaux, feu d'artifice, ne suffisaient plus, pas plus que les chars de parade qui avaient été réalisés pour des défilés entre 1900 et 1914 à la gloire des océans, ou de Jean d’Ust, le héros de Saint-Nazaire face aux Castillans[3].

    Durant la réunion publique du comité du Vieux-Quartier le 17 juin 1930, (cf. L’Ouest éclair du 22 juin 1930), monsieur Rigoire, son secrétaire général, exposa la situation financière :

    « En 1925, le Comité a recueilli 6.643 fr. 25 et dépensé 4.618 fr. 40. Il a pu, lors de la cavalcade des fêtes franco-américaines, faire admirer le plus beau char, qu'il a construit de ses deniers, sans l'aide du Comité général. En 1926, on totalise 4.418 fr. 25 de recettes et on dépense 4.408 fr. 40. L'excédent en caisse n'est que de 9 fr. et quelques centimes. En 1927, coup dur. Les recettes ne sont que de 4.621 fr. 15 et les dépenses dépassent cinq mille. Il y a un trou de 475 francs. La vie a augmenté dans de notables proportions. Par contre, les commerçants du quartier ont diminué leurs subventions. Le généreux trésorier comble lui-même le déficit avec son propre argent. En 1928, il n'y a pas de fête, et pour cause. On craint de recevoir une nouvelle douche. L'année 1929 revoit les manifestations du vieux quartier. Les commerçants se montrent un peu plus généreux. On recueille 5.552 francs. Grâce à des prodiges d'économie et de savoir-faire, les dépenses ont été relativement faibles. Bref, aujourd'hui, il y a un excédent de 530 fr. 36. La subvention de la ville va venir, et puis le montant des cotisations des sociétaires et les dons des commerçants. Des listes de souscriptions seront déposées dans les magasins. Peut-être arrivera-t-on ainsi aux six mille francs indispensables pour mener à bien les fêtes projetées et maintenir l'antique réputation du Vieux Quartier. »

     

    Or, à la même époque, était la mode des communes libres et des micro-états autoproclamés souverains. Certains quartiers de Saint-Nazaire s’étaient ainsi proclamés. La liste ne nous est pas entièrement connue, ces mairies libres ayant eu des existences éphémères qui ne stimulèrent pas l’attention des historiens et chroniqueurs locaux, mais l’on sait que Cadurand eut un prince président prénommé Emmanuel 1er qui avec sa garde et ses musiciens, rendit « officiellement visite » au comité de quartier de Marceau le 14 juillet 1934, et que cette république de Cardurand subsista jusque dans les années 1960.

    Donc, en juin 1930, monsieur Rigoire dépoussiéra le comité du Vieux-Quartier, et organisa « Les fêtes de l'Indépendance Marocaine », qui débutèrent le 12 juillet 1930 à 21 heures 30 grande retraite aux flambeaux avec char d'artifice au son des trompettes de L'Étendard. Toutes les rues du Vieux-Quartier, avaient changé de noms, dès samedi soir, sur les plaques de la ville avaient été apposés des calicots portant les dénominations : rues de Mogador, de Fez, de Casablanca, etc., place de la Vieille-Église était devenue « place Fille du Bédouin », en référence à une chanson grivoise tirée de l'opérette « Comte Obligado » créée en 1927 par le parolier André Barde et le compositeur Raoul Moretti.

    À cette occasion, le Comité du Vieux-Quartier devint Comité de l’Indépendance marocaine.

     

    L’Arrivée du Sultan dans sa province du Petit Maroc :

    Le dimanche 13 juillet, dès 7 heures 30, le quartier fut réveil en fanfare par l'Étendard nazairien, suivit à 8 heures d’un tir de bombes, puis de 10 heures à 11 heures d’un grand concours de pêche à la ligne doté de nombreux prix. A 14 heures mât horizontal et à 14 heures 30 mât de cocagne, à 15 heures, concours de grimaces ; de 15 heures à 16 heures, manifestation des Goélands dans le sas ; course aux canards. À 16 heures 30, ce fut l’arrivée du Sultan Mahomet Bol Ier du Petit-Maroc accompagné de la sultane Rebiane, du caïd Ben-li-Kébir, du grand vizir Ala-Ari-Berka, et de l'amiral de la flotte Allah Amda, sous des salves d'artillerie. Ils furent reçus par le gouverneur de la province du Petit Maroc, M. Blanche, entouré des grands dignitaires, dont Jean Lemouël, le marchand de chaussure du quartier, élu maire du Petit Maroc. Un muezzin, du haut du phare du Vieux-Môle, lança des appels solennels auxquels répondirent les cuivres de la fanfare marocaine.

    Le couple royal et leur suite firent l’inspection de la flotte débarquée à la jetée du Vieux-Môle, puis il y eut un grand défilé de cavaliers et fantassins, accompagnés d’une girafe et d’un dromadaire en papier mâché, de vendeurs de bretelles en poils de chameau, avec musique marocaine, suivit par le consul d'Auvergne, monsieur Despert, dans sa voiture à âne, avec son chapeau haute forme et son gigantesque parapluie, et qui était aussi le père du « Sultan ». Le défilé partit depuis la place de la Vieille-Église, par la Grand’Rue, les rues de Montoir, du port, et de l'Hôtel de Ville, où le maire, monsieur Blancho, donna une réception.

     

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    La cavalerie du Sultan et son orchestre devant l’Hôtel de Ville, photocarte souvenir du 13 juillet  1930, offerte aux participants par le comité de quartier « L’indépendance Marocaine ».

     

    Comme les commerçants des rues Villès-Martin, Henri Gautier, du Calvaire et Thiers, avaient fait des dons généreux, le Comité avait décidé de faire passer le cortège dans ces différents points de la ville, et de le faire revenir par la place du Bassin, les rues des Sables, du Port et de Guérande, du Pont-Roulant, la place de la Vieille-Ville, la rue de la Rampe et la Grand’Rue, pour revenir enfin à la place de la Vieille-Église. Le consul sortit un parchemin qui ne mesurait 1 m 85 et prononça un petit discours qui fut ponctué par des ovations.

    À 17 heures 15 concert marocain sur la place de la Vieille-Église, de 18 heures 15 à 19 heures second Concert marocain au bas de la rue des Sables. À 22 heures grand Feu d'Artifice près du Pont-Roulant, côté est : Bombes, miroir à quatre branches, tableau féerique, trèfle lumineux, diadèmes, cascade de 30 jets, 101 bombes, comètes et volcans. À 22 heures 30 bals populaires, place de la Vieille-Église et place du Bassin. Le succès fut immense. Les gens avaient loué des fenêtres, étaient debout sur les parapets, et même sur les piles de bois de l’entreprise de bois Hailaust, les acclamations furent méritées.

     

    Ironie de l'Histoire, le véritable sultan du Maroc, le jeune Sidi Mohammed, futur roi Mohammed V, séjourna à l'hôtel de L'Hermitage à La Baule dit jour après avec sa suite et son grand vizir...

     

    Après la fête de juillet 1930 :

     

    Le Sultanat tenta de se maintenir, mais il fallut se renouveler, et le comité du Petit-Maroc commença à avoir du mal à organiser ses fêtes chaque année, et à des dates fixes.

    En 1934 les fêtes de l’Indépendance Marocaine eut lieu les 1er septembre et dimanche 2. Elles débutèrent par grande fête vénitienne dans le bassin en présence du Sultan. Dix barques chargées transformée en nefs, garnies de lanternes et de drapeaux décrivirent des ronds sur l'onde du bassin. Devant la Chambre de Commerce la Société de gymnastique de jeunes filles de l'Union de Méan-Penhoët exécuta des ballets et des danses avec orchestre et effets de lumière, qui furent suivit de deux bals en plein air. Le dimanche matin, tir de bombes, réveil en fanfare et ouverture de l'exposition de bateaux modèles et de tableau par le peintre Émile Simon[4] à la Criée. À 10 heures, concours de pêche à la ligne, avec de nombreux prix. Dans l'après-midi grande kermesse avec mât de cocagne, concours de fumeurs, de grimacer, repas d'affamés, pêche miraculeuse, jeux de massacre, lapinodrome, ventes diverses, concours de natation, courses aux canards, courses à l'aviron noces bretonnes, comiques ambulants, concerts. Le Comité avait fait appel à tous ceux qui avaient des costumes bretons à venir habillés pour participer au défilé d’une noce bretonne. Le cortège, toujours accompagné du consul d’Auvergne, s’était rendu à l’Hotel de Ville, où monsieur Blancho et son premier adjoint, monsieur Drouin, reçu les jeunes mariés à 16 h 30. Monsieur Blancho déclara qu'il n'avait pas à prononcer les textes sacramentels du mariage à cause de la jeunesse des prétendants. Le cortège fit une tour en ville et regagna la place de la Vieille-Église. Les fêtes se terminèrent par un feu d'artifice et deux bals populaires que la pluie écourta.

     

    Saint-Nazaire, Petit-Maroc

    Défilé de la noce Bretonne le 2 septembre 1934.

     

    En 1935 et 1936, pas de fêtes. On finit par en redonner les 21 et 22 août 1937, sous la présidence toute neuve de monsieur Denier qui tenta de redonner vie à l’institution. Il fut décidé de recevoir « Œil de Lynx, grand chef des mohicans, pour fumer le calumet de la paix ».

    Le samedi il y eut kermesse, lapinodrome, course de canards, jeux de massacre. Tout l'après-midi, exposition de pigeons par la Colombe Nazairienne. Dans l'intervalle, concours de chants de coqs. À 17 heures, lâcher de pigeons, place Vieille-Église. À 21 heures grands bals dans tout le quartier. Le dimanche À 7 heures réveil en fanfare par le Ralliement. À 8 heures pêche à la ligne quai Démange. À partir de 9 heures, il y eut une multitude de courses à pied, course des assoiffés, qui consistait à aller de bar en bar pour y boire en terrasse des choppes de vin rouge... les participants finirent les vêtements maculés sur le sol… À 13 h. 30 ouverture de la fête en musique. À 14 heures réception du chef indien Œil de Lynx par le Sultan du Petit Maroc et sa suite sur le Vieux Môle. À 14 h. 15 défilé dans le quartier, suivit à nouveau de courses ! Courses à l'œuf, à la valise, course de bateaux à rames au Vieux Môle, course de plates dans le bassin jusqu'au pont de la Douane et retour, course à la bougie. À 16 h. 45 mât de cocagne au petit jardin. À 17 heures concours de danse du ventre. À 17 h 15 course en sacs. À 17 h 30 mangeurs de boudins. À 18 heures défilé dans le quartier par toute la troupe suivit d’un lâcher de 500 pigeons sur le Vieux Môle. À 21 heures grands bals champêtres et musettes dans tout le quartier. L’époque ayant changée, il n’y avait plus d’orchestre, ce fut au son d’un pick-up et d’haut-parleurs que dansèrent et défilèrent les gens.

     

    En 1938, les fêtes de l’Indépendance du Petit-Maroc débutèrent le dimanche 19 juin avec l’installation de forains qui restèrent toute la semaine suivante sur la place des Bassins. Les fêtes finirent le 26 juin avec un bal populaire.

     

    Après, ce fut la guerre, et la ville fut rasée… Il n’y eu plus de Sultan, mais le nom de Petit-Maroc fut donné au quartier reconstruit, et on y logea les pécheurs du Port.

     

    [1] Voir article : http://saint-nazaire.hautetfort.com/charles-beilvaire/

    [2] On pourrait citer, entre autres, plusieurs envoyés à la coloniale, ou encore madame Dolores Bord, épouse séparée de l’homme de lettres et historien nazairien Gustave Bord, ainsi que leur fils ainé Voir article : http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2012/06/13/le-chateau-de-porce-a-saint-nazaire-premiere-partie.html

    [3] Voir article : http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2012/07/03/je.html

    [4] Émile Simon, (28 février 1890 à Rennes - 25 septembre 1976 à Clohars-Fouesnant), professeur à l’École des beaux-arts de Nantes, il fut sociétaire du Groupe Artistique de Saint-Nazaire. Il disait à ces élèves : « Il faut, surprendre la vie et peindre dans l’emballement ».

  • Quand le soldat américain perdit son épée...

    Inauguré le 26 juin 1926, le monument commémoratif du débarquement des troupes étasuniennes, offert à la ville par une association d’anciens combattant d’outre Atlantique. Il était l’œuvre de Gertrude Vanderbilt Whitney, élève (payante) de Rodin, à qui l’on doit entre autres le monument commémoratif du naufrage du Titanic, figurant une femme en robe tunique, les bras tendus, comme le soldat de Saint-Nazaire, et dont le réalisateur James Cameron s’inspira pour la scène la plus fameuse de son film. Gertrude Vanderbilt Whitney avait exécuté une marquette en glaise, qui fut retirée en bronze, et dont un exemplaire se trouve aujourd’hui à l’Eco Musée ; c’est un don fait à la ville, en 1954, par la fille de la sculptrice. Pour le monument original, il avait fallu s’adresser à la fonderie d’art Henri Rouaud. Le corps et la structure avaient été faits d’après la maquette, et madame Whitney avait retouché la maquette grandeur nature réalisée par un assistant, et sculpté seule le visage et les mains du soldat, ainsi que la tête de l’aigle (en réalité un pygargue), le bout de ses ailes et sa queue. Ajoutons ici, car cela est trop souvent ignoré, que le plâtre original du monument fut présenté au Salon des artistes français de 1926, au Grand Palais, (bien que Gertrude ne fut pas française), comme le montre cette photographie de l'Agence Rol, datée du 30 avril 1926, et conservée à la B.N.F. 

     

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    Salon des artistes français, 30 mars 1926, photographie Agence Rol.

     

    Gertrude emporta les moulages aux Etats-Unis, mais on ne sait ce qu’ils advinrent.

     

    Les Archives municipales de Saint-Nazaire ont consacré quelques lignes superbement illustrées[1] à propos de l’inauguration de ce monument qui fut dynamité le 13 décembre 1941 par l’occupant allemand en représailles de l’entrée en guerre des États Unis d’Amérique. Le Sammy actuel est une restitution due à l’initiative de monsieur Michel Lugez, qui après trois années de travail et une souscription franco-américaine, permit à la ville de retrouver un très bel élément de son patrimoine. La nouvelle statue est due à Pierre Fouesnant.

     

    Le monument original se composait de plusieurs éléments coulés à part et assemblés sur le site, comme l’illustre la photographie ici reproduite et conservée aux Archives municipales, (Express photo. – Saint-Nazaire, 1926 - Fonds Maltier, Archives municipales de Saint-Nazaire 13J/4).

     

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    Sur cette photographie on observe que la lame de l’épée manque. La technique ne permettait pas de la mouler avec la main en une seule pièce. La lame fut donc fondue à part, puis assemblée sur le rocher du Soulvain sur la plage du Grand Traict avec le reste de la composition, sous la direction de l’architecte Charney.

     

    monument américain, Gertrude Vanderbilt Whitney, saint nazaire

    Le monument de 1926 achevé.

     

    L’épée devenue croix :

     

    Le samedi 24 janvier 1931, vers 2h du matin, une bourrasque arracha la lame de l’épée. Jacqueline Bruno, journaliste au Courier de Saint-Nazaire, commenta dans l'édition du jour qu’il était ainsi « transformé en Croisé de la Paix ». La lame fut ramassée par Joseph Rabine, marin-pêcheur domicilié 37 rue d’Anjou, qui la déposa au commissariat de la rue des Quatre-Vents. On ne la refixa jamais, et nul ne sait ce qu’il advint de l’objet. Le monument resta en l’état, jusqu’à son dynamitage.

    Après la perte de la lame, aux touristes qui demandaient ce qu’était ce monument, les Nazairiens répondaient que c’était le saint patron de la ville…

    Gertrude Vanderbilt Whitney, monument, saint nazaire

    Le monument après la perte de la lame de l'épée.

     

    La Ville possède le bec original de la statue sauvé de la fonte, il se trouve dans la collection municipale, et un bronze de la maquette originale offert à la Ville en 1954 par le fille de la sculptrice, qui l'a confié à  l'Ecomusée, ce dernier c'est vu offrir des morceaux de bout d'aile et de queue par des particuliers.

     

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    Bec original dans les réserves de la Ville.

     

    [1] http://archives.saintnazaire.fr/actualites-1095/ils-sont-venus-sur-les-ailes-de-laigle-le-monument-americain-2255.html?cHash=87fca4a2775b3f7186ec697da5ee28e7

  • Chapelle Notre-Dame de Toutes Aides

     

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    La chapelle Notre Dame de Toutes Aide, carte postale Gaby. 

     

     

    Durant l’Ancien Régime, la paroisse de Saint-Nazaire était divisée en frairies. A la périphérie de la ville fortifiée qui occupait le rocher maintenant occupé par le quartier du Petit-Maroc, se trouvait la Frairie de la Vieille-Ville, dont le nom est le souvenir du port antique de Noedunum, redécouvert par René de Kervilers, situé à proximité du Dolmen et de l’ancienne rive de la Loire dont le cours est depuis modifié.

    Cette frairie couvrait le territoire de plusieurs fiefs, dont celui de La Vieille-Ville, du Prieuré Saint-Jean-Baptiste, du Bois Savary, celui du manoir du Sable, et des deux petites seigneuries des Bouexières et de la Ville-aux-Fèves. C’est au manoir de cette dernière que se trouvait la chapelle de la Frairie, dédiée à Saint-Jacques. L’abandon progressif du manoir reconverti en ferme entraîna la ruine de la chapelle seigneuriale. Le 10 septembre 1635, Jan Mothais, sieur de La Girauderie, vicaire et régent de Saint-Nazaire, (régent signifie maître des petites écoles), fut nommé chapelain de la Ville-aux-Fèves. Jan Mothais de La Girauderie (ou Gérauderie) appartenait à la même famille que Jan Mothais, sieur de La Vielle-Ville, avocat à la Cour, cité dans les registres paroissiaux comme époux en 1655 de Catherine Bernier, et en 1661 de Perrine Le Faché. Trouvant la chapelle Saint-Jacques en ruine, le père Mothais décida de désacraliser le lieu et d’en édifier un nouveau sur un fief qu’il avait acquis et dont il portait le nom La Girauderie. La nouvelle chapelle, dédiée à Notre-Dame de Toutes Aides, figurée comme une vierge noire, fut achevée en 1659 comme en témoigne la date gravée sur une poutre. La chapelle est donc le plus ancien édifice catholique subsistant à Saint-Nazaire. Avec le temps, son nom finit par supplanté celui de La Girauderie. Ajoutons aussi qu'il fut parfois orthographié Toudezéde, suivant la prononciation bretonnante locale.

    A cette refondation fut associée la possession d’une maison située dans le bourg de Saint-Nazaire. Le père Mothay de La Girauderie décéda le 16 janvier 1660.

     

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    La chapelle, dessin de Charles Beilvaire, publié dans Le Courrier de Saint-Nazaire.

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    La chapelle et le hameau en 1909, aquarelle par Charles Beilvaire, collection de O. M. de S. L.

     

    Description :

     

    Située aujourd’hui impasse de la Chapelle, au croisement de la rue de Toutes Aides et du Boulevard de la Fraternité, l’édifice est un exemple typique de chapelle bretonne du 17e siècle. Une seule nef, longue d’une dizaine de mètre de long, sur environ 5m de large, orientée vers l’Est à la charpente soutenue par deux grosse poutre en chataigner. On y pénètre par deux portes en plein cintre, une à l’extrémité Ouest, sous un clocheton, et une autre au Sud. Elles ont chacune à droite un bénitier en granite pris dans la muraille, de taille grossière. L’autel, adossé au chevet, est éclairé latéralement par deux fenêtres en plein cintre, de 70x50cm et 79x50cm.

    La chapelle, en dehors du mardi des Rogations où l'ont y disait une messe, fut sous le Second Empire un prétexte aux promenades. Une auberge existait alors dans l’une des maisons du hameau à proximité. Les peintres amateurs ou professionnels de genre, en firent plusieurs représentations dans l’esprit et le gout bretonnant alors en vogue.

    A la création de la paroisse Saint-Gohard en Saint-Nazaire, par décret du 23 décembre 1923, c’est le curé de cette nouvelle église qui en reçut l’usage.

    Une première restauration eut lieu en 1911 à l'initiative du chanoine Blanloeil, curé de Saint-Gohard. La chapelle ne servait alors plus depuis 1903, et il fallut attendre 1915 pour qu'une procession y ait à nouveau lieu.

    Henri Moret en donne une description de l’autel en 1925. Il était alors en pierre de Crazannes, (carrière en Charentes), abondamment sculpté, et mentionne la présence de la Vierge Noire offerte par le père Jan Mothais de La Girauderie. Cet autel fut volé durant le déblaiement. La Vierge elle-même avait disparu durant l’Occupation. La chapelle échappa de peu à un bulldozer grâce à l’intervention d’un voisin qui avait réintégré sa maison durant le déblaiement.

    C’est le père Rene Pointhière, ancien vicaire de Vieillevigne, nommé à la Libération curé de Saint-Gohard, qui procéda en 1953 à seconde la restauration et fit resacraliser le lieu. Il choisit de remplacer l’autel par une structure en moellons, et fit daller le sol. Alors que le père Pointhière supervisait la construction de la nouvelle église Saint-Gohard, il fut mis en contact avec Gabriel Loire, peintre et vitrailliste établi à Chartres, qui avait dessiné pour l’église principale de Saint-Nazaire des grilles et des meubles en ferronneries, volés durant le déblaiement, à la demande du Chanoine Gouy entre 1937 et 1941. Après avoir réalisé les nouveaux vitraux de l’église de L’Immaculé, Gabriel Loire participa au concours organisé par la Coopérative des églises pour la réalisation des vitraux de Saint-Gohard. S’il ne fut pas retenu pour ce nouveau chantier, il fut charmé par la chapelle de Toutes-Aides, et offrit généreusement deux nouveaux vitraux pour celle-ci. Le premier illustre l'annonciation faite à Marie par l'archange Gabriel, l’autre représente la Vierge couronnée veillant sur des enfants. Monsieur Jacques Loire, fils de Gabriel, nous a ouvert les archives de l’atelier familiale, et nous a appris que c’est lui qui est l’auteur des deux vitraux offerts par son père à la paroisse. Les échanges entre le père Pointhière et Gabriel Loire nous apprennent que le curé pressa son généreux donateur dès mai 1953 afin que les vitraux promis soient installés pour la bénédiction par monseigneur Villepelet, évêque de Nantes, prévue le 28 juin 1953. Deux maquettes furent envoyées pour approbation le 11 mai, le père Pointhière craignait que les vitrages rendent obscure la chapelle, ce au sujet de quoi Gabriel Loire le rassura.  Un courrier daté du 3 juin annonça qu’on avait rendu à la paroisse la Vierge noire. Celle-ci fut placée sur une sellette de pierre au-dessus de l’autel. Malgré le délais court, Gabriel Loire apporta les vitraux à temps à Saint-Nazaire, et sur des visseries réalisées par monsieur Pilpré, menuisier rue de la Motte à Saint-Nazaire.  

    On a depuis ajouté deux volets extérieurs aux baies pour des raisons de sécurité.

    De nos jours la messe n’y est dite qu’à l’occasion du 15 août. La chapelle est ouverte tous les jeudis de 14 h à 18 h durant le mois d'août, et aussi le lundi, en période scolaire. Avant la Première-Guerre-mondiale il y avait à proximité du chevet une croix de calvaire en fer, on faisait passer entre la croix et la chapelle les enfants malades pour qu'ils guérissent, on faisait aussi faire leur premier pas aux enfants autour de la chapelle pour que la Vierge les prenne sous sa protection, et, suivant une tradition bretonne, les femmes des marins venaient balayer la chapelle dans le sens du vent qui serait favorable aux époux en mer.

     

  • La famille Laborde

    La famille Laborde s'établie à Saint-Nazaire, dans la Grand Rue, durant la Restauration avec Charles Laborde, (Bayonne en 1798 - Saint-Nazaire 15 avril 1875, sa tombe est au cimetière de La Briandais), officier de marine, fils de Jean-Baptiste Laborde, capitaine, et de Marie Billard ; en poste à Oléron au moment de l'effondrement de l'Empire, à bord de L'Epervier, commandé par le lieutenant de vaisseau Olivier Jourdan de la Passardière. Charles, chargé de commandé la chaloupe qui devait conduire Napoléon de l'Epervier au navire anglais Bellerofond, aida l'Empereur à monter à bord de celui-ci, et reçu du souverain déchu une lettre de remerciement, que sa petite fille, l'écrivain Marc Hélys conservait encadré dans son salon à Paris ; de son épouse d’Anne-Françoise Tartoué, (née à Saint-Nazaire 19 novembre 1801, fille du marchand boucher Yves-Honoré Tartoué) 

    il laissa :

    1° Charles-Honoré, né le 1er novembre 1826 à Saint-Nazaire (déclaré le 2), baptisé le 16 ; il fit ses études au petit séminaire de Guérande. Il fut ordonné prêtre en 1850, par monseigneur Sibour, à Saint-Sulpice, dont il avait dirigé les catéchismes. Il devint secrétaire de monseigneur Jaquemet évêque de Nantes, qui le nomma, en 1855, chanoine honoraire. En 1857 il fut élevé à la dignité de vicaire général honoraire, puis, en 1859, à celle de vicaire général titulaire de monseigneur Jaquemet. En 1869, le chapitre de l’Église de Nantes le nomma vicaire capitulaire, avec l’abbé François Richard de La Vergne (futur archevêque de Paris, puis cardinal). Durant la guerre de 1870 il fut aumônier des mobiles de la Loire-Inférieure et s’illustra en Eure durant les combats par son abnégation et de sa charité. Il y contracta une pleurésie dont il souffrait encore, quand monseigneur Fournier, évêque de Nantes, lui confia en avril 1870, la cure de Saint-Similien à Nantes, composée de vingt mille âmes, « surtout d’ouvriers et de gens du peuple ». Il y veilla au développement des œuvres de charité, et fut un pasteur très actif après de ses ouailles. Il fut nommé évêque de Blois, par un décret ministériel du 9 juin 1877, ce que confirma le Vatican le 25 juin, par préconisation du pape Pie IX, « étonné d’abord, il a dû obéir, bien qu’ayant le cœur déchiré » (cf. Revue de Bretagne et de Vendée), puis sacré le 24 août de la même année. Il prit pour armoiries : d’azur à Notre Dame des Aides sur un nuage, mouvant de la pointe, tous d’argent ; au chef du même chargé de cinq mouchetures d’hermine de sable. Monseigneur Laborde, quoiqu'évêque de Blois, célébra la grand-messe, le dimanche 2 août 1891 en l'église principale de Saint-Nazaire, qui avait été inaugurée cinq jours auparavant. Son visage a été sculpté sur l'un des chapiteaux des transepts cette église, côté Évangile (c'est à dire à droite quand on est face au chœur). La chronique familiale  rapporte de devenu évêque, il décida d'offrir chaque mois un repas aux curés les plus modestes du diocèse. Les usages à l'évêché étaient alors encore ceux des cours souveraines. Aussi, on servait d'abord l'évêque, puis les autres. Le personnel étant réduit, ceux qui étaient en bout de table devaient attendre leur tour, ce qui prenait un long moment en raison de leur nombre bien supérieur à ceux des valets. Monseigneur Laborde avait l'habitude de manger sitôt servi, et finissait avec rapidité son assiette. Le protocole voulant qu'on retirât les assiettes dès qu'il eut fini, les convives en bout de table n'avaient même pas la possibilité de toucher à leur cuillère... Au bout de quelque mois on se risqua à le lui dire. Il prit alors soin d'attendre que tous soient servis pour commencer son repas, et pris garde à ce que les autres aient fini leur assiette avant de poser ses couverts. Il décéda le 18 mai 1907 à Blois, et repose en la cathédrale, dans la crypte de laquelle se trouve son buste ;

    2° Cécile-Marie-Amélie, née à Saint-Nazaire le 6 février 1831, mariée le 15 juin 1857 à Saint-Nazaire avec Marie-Louis-Alfred Picard, (né à Brest le 25 mai 1827), lieutenant de vaisseau ;

    3° Joseph-Marie-Athanase, né le 29 juillet 1838 à Saint-Nazaire. D’abord engagé dans la Marine marchande, il entra dans la Marine militaire le 15 juillet 1859. Lieutenant de vaisseau au 3e Bataillon de fusiliers marins, il fut affecté août en 1870 à l’Armée de Paris, comme capitaine de la 6e compagnie. « Au cours du siège de Paris, le 21 décembre 1870, l'Armée de Paris tenta une sortie dans le nord de la capitale. Le corps d'armée de Saint-Denis, commandé par le vice-amiral de La Roncière, fut chargé de s'emparer du village du Bourget, fortement défendu par les troupes ennemies. Le 3e Bataillon, commandé par le capitaine de frégate Lamothe-Tenet, réussit à s'installer au centre du village, mais privé du soutien du 134e Régiment d'infanterie qui n'avait pu attaquer par le sud comme prévu, il dut se replier après avoir été soumis à un feu intense et avoir subi de lourdes pertes. Dans cette attaque, les marins perdirent 254 hommes dont 7 officiers parmi lesquels le lieutenant de vaisseau Laborde ». Son acte de décès fut inscrit au rôle d'équipage de la 3e annexe du vaisseau Louis XIV, établi à Saint-Denis le 22 décembre 1870. Inhumé au cimetière de La Briandais dans la caveau Laborde-Héliard. Une place de Saint Nazaire fut baptisée en son honneur (place avec les pots rouges). Le prénom Athanase est surprenant, car il n'est pas breton, ni basque, et qu'il n'existait pas alors dans la famille Laborde, par plus que chez les Tartoué. La chronique familiale nous apprend que Charles, alors qu'il revenait d'un voyage au Japon, voulut se baigner dans la mer durant une escale au Siam (aujourd'hui Thaïlande). Il se trouva soudainement encerclé de crocodiles marins. Priant la Sainte Vierge, il lui jura de donner le nom du saint du jour si elle l'aidait à échappé aux reptiles. C'était un 2 mai, jour de Saint Athanase ;

    4° Marie-Philomène Laborde, (Saint-Nazaire 15 août 1836 - Saint-Nazaire 2 mars 1918), mariée le 8 juillet 1863 à Saint-Nazaire avec François Héliard, (Grandville 26 juillet 1829 – Saint-Nazaire 16 mars 1901), capitaine au long cours, commandant à la Compagnie Générale Transatlantique, (d'où Marie-Hortense, épouse du diplomate mexicain Calos Lera, femme de lettres sous le nom de marc Hélys, qui fut célèbre pour avoir dupé Pierre Loti en montant un canular à Constantinople en 1904).

    5° Anne, née à Saint-Nazaire le 9 février 1842 ;

    6° Edouard-Marie Laborde, né à Saint-Nazaire le 19 avril 1846.

     

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    La France illustrée, 25 août 1877

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    Ex-libris aux armes de monseigneur Laborde, 65 x 40 mm; Fonds et collections Odoevsky Maslov

     

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  • La Villa Victor à Porcé

    La Villa Victor a été construite pour monsieur Victor Dupin, dont nous avons pu établir la biographie grâce à la famille Hailaust qui lui est apparentée.

     

    Né le 4 octobre 1854 à Seiches-sur-le-Loir, Victor Dupin était le second fils d’Auguste Dupin, pontonnier, et de Marie Hailaust qui fut cabaretière à Lézigné.

    En 1872, il rejoignit avec son frère ainé, Auguste, leur oncle Louis Hailaust, qui avait fondé à Nantes Hailaust et Cie, une société d’importation de bois, dans laquelle leur père avait une participation financière. Il y fut alors commis-négociant.

     

    En 1896, il prit la direction de la succursale nazairienne de l'entreprise familiale. A la fin de l'année 1903 il fit l’acquisition à Saint-Nazaire de parcelles de terrain situées entre le chemin de Porcé, le chemin de la Plage, et le chemin des Demoiselles. C'étaient des parcelles de vignes laissées à l'abandon faisant partie de l'ancienne Vigne du Clos. Ces parcelles  appartenaient durant l'Ancien Régime à la famille Birgan, qui les vendit au début du 19ème siècle. Elles avaient changé de mains plusieurs fois au rythme des spéculations. Durant l'année 1904, Victor Dupîn  y fit édifier une demeure : la villa Victor, propriété toujours existante, même si les deux tiers de son parc, planté d’essences variées, a depuis été réduit à son tiers, au profit des immeubles du 97 chemin de Porcé, et 28 chemin de la Plage.

    villa victor nazaire porce

    La villa Victor en 1912, (coll. David Silvestre)

     

    La demeure, en moellons de granite, a conservé jusqu’à présent son décor d’origine. Une cheminée dans le grand salon, en bois peint, porte les initiales VD, et est décorée de panneau de céramiques figurant une biche et un cerf et des oiseaux autour du foyer. Le rez-de-chaussée comporte des parquets, en damier trompe-l'œil dans le bureau, avec une étoile dans le bow-window du salon, ainsi que des plafonds en caissons dans le style typique de la presqu'île guérandaise.

    La maison était à l’origine associée à un bâtiment rectangulaire en pierres enduites et garniture de briques, abritant remises et logement des employés. Construit le long du chemin de Porcé, il a aujourd’hui disparu.

    En 1908, monsieur Van Duym, vice-consul de Norvège à Saint-Nazaire depuis 1906, décida d’abandonner ses fonctions, la Norvège n’a retrouvé son indépendance qu’en 1905 après 518 ans de soumission au Danemark puis à la Suède, (monsieur van Duyn était aussi vice-consul de Danemark depuis 1881). Victor Dupin reçut alors l'exequatur de vice-consul de Norvège. L’annonce parut dans le numéro de juillet 1908 de la revue Questions diplomatiques et coloniales, et au Journal officiel le 18 octobre 1908.

    Victor Dupin saint nazaire

    Victor Dupin devant sa villa en 1910

     

    En 1911, Victor Dupin quitta la direction de la succursale de Saint Nazaire. C’est à cette époque que, retraité, il posa devant sa villa pour une carte postale éditée par Delaveau à Saint-Nazaire.

     

     

    Le 24 juillet 1916, alors âgé de 61 ans, il épousa à Saint-Nazaire son amante qui depuis plusieurs années partageait sa vie, Marie-Joséphine Evrare, née à Nantes le 19 septembre 1857, dont les origines plébéiennes avaient empêché une union acceptable par la famille de Victor. Il décéda moins de trois semaines plus tard, le 11 août 1916.

    Madame Dupin décéda à Nantes le 25 août 1920, en son domicile du 52 boulevard Saint-Aignan à Nantes. La villa Victor fut alors héritée par son neveu, Jean-Baptiste Duret, représentant de commerce à Nantes, et son épouse née Marie-Augustine Pilet, (Nantes 25 février 1880 - 9 octobre 1965 Nantes) ; en 1926 ils vendirent la villa à Auguste-Joseph Bernier, (Nantes 10 novembre 1906 – 4 janvier 1961 Nantes), industriel nantais, pour la nue-propriété, et son épouse Alix-Marie Joreau, contractuellement séparée de bien, pour l’usufruit, (c’est sa seconde épouse).

    Durant l'occupation, l'armée allemande requestionna la villa comme toutes celles de la côte. L'amiral Karl Dönitz y fut logé en 1941. 

     

    Par héritage, la villa revient en 1963 aux enfants d'Auguste-Joseph Bernier nés de sa première union : Jean-Auguste-Jules Bernier, (Nantes 29 décembre 1876 – 9 juillet 1971 Basse-Goulaine) époux de Marie Josèphe Jeanne Guérin, propriétaire du manoir de La Prétière à Basse-Goulaine, et Elisabeth Bernier, (4 juillet 1911 – 12 mars 2000), veuve de Robert Toussaint. Ils vendent aux nazairiens Roger Gautier et son épouse née Hemery, qui vendent en 1966 à Raymond-Paul-Marie Beaulande, entrepreneur et administrateur de biens. Si la villa échappa à ses pelleteuses, il en divisa le parc pour y construire deux immeubles, et fit raser la dépendance. La villa est aquise le 3 mai 1966par Serge-Henri-Alain Lautredou, médecin stomatologiste, et son épouse née Marie-Renée-Paule Georgelin, chirurgien-dentiste, qui eurent en la villa leur cabinet, (trace de la plaque à la porte de la salle à manger). Ils vendent le 31 mars 1988 Guido Paul Fernand Gaston Biacchi, antiquaire, et son épouse née Andrée-Renée-Jacqueline Lambert, retraitée, qui vendent à leur tour le 23 décembre 2002 à Roland Raymond Yves Louis Saillard, et son épouse née Nicole Berthe Anna Dubreuilh, couple désireux d'y passer leur retraite. Monsieur Saillard décéda, et sa veuve procéda à une restauration minutieuse et attentive [ajout 7 avril 2021] jusqu'à son décès en 2020. Ne pouvant conserver la demeure, leur fille l'a vendu en 2021.[fin ajout 7 avril 2021]. La Villa Victor est l'objet d'une inscription comme patrimoine balnéaire et bénéficie d'une protection qui empêche toute modification de ses façades et toitures, mais elle mériterait un classement par la DRAC, notamment pour ses décors intérieurs.

     

     

  • Le major général de la province d’Accadie est à Saint-Nazaire en 1710

    Le registre paroissial de Saint-Nazaire mentionne à la date du 5 décembre 1710 le baptême de Charles de Gannes, fils de Louis de Gannes, écuyer, seigneur de La Falaize, major général de la province d’Accadie, et de dame Marguerite Le Neuf.

     

     

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    Extrait de l'acte de baptême de Charles de Gannes.

     

    Louis de Gannes de La Falaize, est né à Buxeuil, (Vienne), où il fut baptisé le 10 août 1664. Il était le fils de Louis de Gannes, écuyer, seigneur de Falaise, de Rosne et de La Chancellerie, gendarme d'une compagnie du roi, et de Françoise Le Bloy. Sa famille maintenue noble par J.H. Barentin suivant les arrêts du Conseil d'Etat des 22 mars 1666 et 5 mai 1667 dans la généralité et élection de Poitiers (A. Gouget, Armoriai du Poitou). Elle avait pour armoiries : d'hermine à huit mouchetures d'hermine de sable, posées 4, 3 et 1.

     

    Garde de la marine en 1683, Louis de Gannes passa en qualité de lieutenant d’infanterie des troupes de la Marine en Canada en 1687, puis fut nommé capitaine à l'Acadie 1er mars 1696. Après deux veuvages, à l’âge de 40ans, il se maria le 5 août 1700 Rivière Saint-Jean (province de Québec), avec Marguerite Leneuf de La Vallière, âgée de 21ans, native de Beaubassin (aujourd’hui Amherst en Nouvelle-Ecosse). Elle était la nièce de sa première épouse.

    Le 1er mai 1704 il fut promu major de troupes d'Acadie à Port-Royal (aujourd’hui Annapolis, Nouvelle-Ecosse).

    Port-Royal fut prise par les Bostonnais le 13 octobre 1710, durant la deuxième guerre intercoloniale. Les troupes françaises quittèrent la ville et Louis de Gannes de La Falaize embarqua immédiatement avec sa famille à bord de La Dépêche. Marguerite était alors enceinte de son 9e enfant. Celui-ci naquit en mer le 11 novembre, et fut ondoyé le 12. À l’arrivée du navire en rade de Mindin, la famille débarqua à Saint-Nazaire, et le baptême de Charles fut préparé.

    Charles de Gannes, neuvième enfant du couple, reçut ainsi le baptême en l’église de Saint-Nazaire, le 5 décembre 1710. Son parrain fut le frère de sa mère, Alexandre Leneuf, écuyer, seigneur de Beaubassin, capitaine de la Marine ; sa marraine fut Marie-Anne de Goutin[1], épouse de Michel du Pont de Renon[2], aide-major. Tous avaient fui Port-Royal. Il est à noter que dans le registre le nom de la marraine est orthographié Anne des Goudains, et qu’elle signe Renon.

     

    Louis de Gannes profita de son séjour forcé en France pour régler la succession de ses parents, chez maitre Gibouin, le 4 avril 1711, puis, nommé à Québec, comme major-général de l’Ile royale. Il s’en retourna en Amérique avec sa famille à la fin de juillet 1711, depuis à Rochefort, à bord du Héros, avec deux compagnies de l’Acadie, la sienne et celle du capitaine de Renon. Le 7 octobre 1711, il arrive à Québec. Le dixième enfant du couple, Louis, naquit à Québec le 25 novembre 1711. Louise-Thérèse, onzième et dernière enfant y naquit le 6 octobre 1713. Fait chevalier de l’Ordre de Saint-Louis le 28 juin 1713, en novembre il partit pour la France afin de voir au détail des troupes de l’Acadie restées stationnées à Oléron depuis 1710, et qui devaient se rembarquer pour l’île Royale. Il décéda le 25 février 1714 en arrivant à La Rochelle.

     

    Sa veuve décéda le 24 mars 1760 à Trois-Rivières (Québec).

     

     

     

    Charles de Gannes, connu par la suite comme Charles-Thomas, fut officier de marine. Il se maria avec Madeleine-Angélique Coulon de Villiers[3] [3]le 23 octobre 1749 à Trois-Rivières. Le couple eut sept enfants, entre 1750 et 1761, dont seule une fille atteint l'âge adulte. Enseigne en second en 1733, il fut promu enseigne en pied en 1738 et lieutenant en avril 1744 ;  en garnison à Louisbourg en 1753, il fut lieutenant dans l’une des deux compagnies du Canada qui avaient été envoyées à l’île Royale ; major en 1757 au fort Saint-Frédéric ; il en fut fait capitaine le 1er janvier 1759. Sur demande du marquis de Vaudreuil faite au ministre Berryer, le 7 janvier 1761, il fut proposé pour la croix de l’ordre de Saint-Louis, avec la mention suivante : « Officier de 1733 ; homme de mauvaise santé et qui fait tout ce qu’il peut. La date de ses services et sa bonne volonté ne méritent pas de le laisser dans l’oubli ». La demande resta sans suite.

    Son épouse fit publier dans La Gazette de Québec du 16 février 1767 : « Damoiselle Angélique Villiers, épouse de Monsieur Charles de Gannes, chevalier de Falaise, avertit le public que, pour son avantage et celui de ses enfants, elle a renoncé par un acte public à la communauté d’entre elle et son époux de présent en France et dans le dessein d’y rester ».

    Charles embarqua pour la France en octobre 1761 à bord de La Jeanne. D’après l’état de la noblesse canadienne, recensement dressé par Carleton en 1767, il résidait à Tours à cette époque, il s’était établi à Tours.

    Le 13 mars 1769, le ministre de la marine écrivait au marquis de Paulmy qu’il ne pouvait « pas nommer capitaine en la légion de l’Ile de France, le chevalier de Gannes Falaise, capitaine ci-devant du Canada, car ce serait faire injure aux lieutenants que d’y admettre des capitaines pris hors corps. »

    On perd ensuite sa trace et on en le retrouve pas dans la liste des chevaliers de l'Ordre de Saint-Louis.

    Son épouse, Madeleine-Angélique Coulon de Villiers, décéda 8 février 1810 à Chambly (province de Québec).

     

    Son parrain, Alexandre Leneuf de La Vallière de Beaubassin, fut pris sur le Neptune et emmené prisonnier en Angleterre en août 1711, alors qu’il revenait de France porter des secours en Acadie. En octobre, il se trouva sans argent à Paris. Louis XIV, en reconnaissance de ses services, le fit chevalier de l'ordre royale de Saint-Louis en juin 1712. Il décéda en mer, à bord du Héros, en septembre de la même année.

     

    Sa marraine, Marie-Anne de Goutin, resta en France jusqu’à ce que son époux, Michel du Pont de Redon, fut nommé aide-major de la nouvelle colonie de l’île Royale en 1714 ; en juin 1715 il en fut capitaine. Veuve le 4 septembre 1719, elle se remaria en 1724 ou 1725 épousa, avec Michel Hertel de Cournoyer, subdélégué de l’intendant à Port-Dauphin, (aujourd’hui Englishtown, Nouvelle-Ecosse).

     

    [1] Elle était fille d’un roturier, Mithieu de Goutin, né Goutin, conseiller du roi, lieutenant général civil et criminel, écrivain du roi, dont la descendance s’unit avec toutes les familles nobles du Canada français.

    [2]  Membre d’une faille noble de la Saintonge qui portait : d'argent, à quatre chevrons de gueules.

    [3] Famille noble issue de Nicolas Coulon, seigneur de Chargny et de Boutinville, conseiller du Roi, prévôt juge civil et criminel de la ville de Mantes, anobli en 1590. Portait : D’azur à une face d’or chargé de trois têtes de maure, bandées d’argent. (La nièce de Madeleine Angélique, Charlotte Amable Coulon de Jumonville, présenta ses preuves de noblesse pour les demoiselles de Saint-Cyr le 17 février 1762 (B.N., fr. 32135, dossier n° 75).

  • Publication sur Despiau

    Nous avons le plaisir de vous informer de la publication aux éditions Atlantica de l'ouvrage que madame Elisabeth Lebon, docteur en Histoire de l'art (Paris I Panthéon-Sorbonne), a consacré au sculpteur de Charles Despiau, et où il est, entre autres, question de " La Faunesse ", dont nous avons eu plusieurs fois l'occasion de parler sur ce blog.

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    http://www.atlantica.fr/livre/22035

  • Coiffes et costumes nazairiens

    frogozsydneyaussie.jpgLes costumes dits « régionaux » sont nés durant le règne de Charles X. Il était alors en vogue de retourner vers des racines identitaires et moyenâgeuses idéalisées d'une France composite en réponse à la politique unitaire née de la Révolution. Si les coiffes particulières à chaque « pays » existaient déjà depuis des temps très anciens, leurs particularités et tailles furent exagérées pour convenir à la mode du temps. A Saint-Nazaire les coiffes et les ornements de tenue d’apparat n'y échappèrent pas. Gravure de l'époque romantique, daguerréotypes et photographies datant de la fin du règne de Louis-Philippe au milieu du XXe siècle en témoignent. Si l'aquarelle représentant une femme de Saint-Nazaire et deux de Pornichet en coiffe de cérémonie priant dans l'église Saint-Nazaire réalisée par François-Hippolyte Lalaisse en 1843 et publiée sous forme de gravure dans Recueil des costumes de la Bretagne et des autres contrées de la France en 1844, puis dans Galerie armoricaine en 1848, (image ci-contre), est aujourd'hui la représentation la plus connue, on s’intéressera à une petite publication intitulée Coiffes et costumes de la région nazairienne, et publiée par les éditions du journal Le Courrier de Saint-Nazaire en 1938, dont l'auteur est Jacqueline Bruno, journaliste spécialisée dans l'histoire locale, qui de 1931 à l'évacuation de Saint-Nazaire en 1939 publia régulièrement dans le journal des articles très détaillés et des interviews qui sont une source importante pour les historiens, amateurs et curieux de l'histoire de Saint-Nazaire. Cet opuscule de 1938 reproduit, sans commentaire et description hélas, des photographies anciennes de Nazairiennes en costume et coiffe, tirées d'album de familles non identifiées.

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    Lalaisse, costume masculin de marine et de paysan, réalisé à Pornichet

     

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    Croquis aquarellés dans les carnets préparatoire des albums de Lalaisse

     

    Description :

     

    Edouard Richer, dans son livre " Voyage pittoresque ", publié en 1823, écrit à propos des costumes nazairiens :

    " Les femmes, habillées en bure toute la semaine, mettent les jours de fête, des vêtements de soie de toutes les couleurs, des tabliers de mousseline, des coiffures garnies de dentelles et des croix d'or azurées. Le lingue répond mal à cet ajustement le plus beau et le plus fin étant employé par les homes, les femmes sont forcées de se servir d'une sorte de grosse toile d'étoupe. "

     

    Durant les années 1840 le costume des Nazairiens est celui des marins des années : un pantalon avec une veste et un gilet en laine bleue ou noire, une chemise blanche, et un chapeau rond, à bord relevé et calotte basse, avec boucle en argent ou en nacre sur le devant, (comme à Ploemeur),  passée dans un ruban sans guides (pans à l'arrière) ; cependant, les pilotes arboraient des guides à leur canotier associer à une tenue de matin blanc, avec veste bleue.

     

    coiffes,costumes,bretagne,bretons,saint-nazaireLe costume des Nazairiennes à partir de 1840 est très simple et semblable à peu de chose près à l'ordinaire qu'à la fête. Il se compose d'une camisole noire, en coton, popeline, ou en velours selon la fortune, d'un corset qui se lace par le devant, dont le bas partait en pointe vers le sexe, d'un fichu en jaconas en semaine, unis ou imprimés, et d'un col blanc, orné de dentelles ou de broderies blanches pour les cérémonies. Plus ce col était ample et surchargé, plus la femme affirmait sa fortune. La jupe, longue, est dans le même tissu que le corset. Traditionnellement la couleur du vêtement est le noir, surtout dans un pays de marins qu'est Saint-Nazaire qui connaît des deuils fréquents, mais il était aussi d'usage que les jeunes filles portent du violet, les femmes mariées du bleu marine comme les hommes, et les dames âgées du noir, cependant la mode parisienne incitait les femmes les plus riches à porter des tissus imprimés ou de couleurs marron, grise ou verte. Par-dessus la jupe s'ajoutait pour les femmes n'ayant pas de domestique ou ayant une activité professionnelle, (les femmes du bourg de Saint-Nazaire s'assuraient un revenu en tressant des chapeaux de paille, réputés pour leur qualité), un tablier cintré aux hanches, et dont le bustier est fixé par deux épingles. Lalaisse montre en 1843 les épingles sur le col, alors que les photographies anciennes les montrent en dessous. Ce tablier est aujourd'hui porté de couleur violette par les dames du Cercle Celtique de Saint Nazaire, cependant comme le fait figurer dans son aquarelle originale François-Hippolyte Lalaisse, le bleu roi était la couleur courante. Le tablier était en coton à l'ordinaire. La soie n'est employée que pour la tenue du dimanche et des jours de fête. Ce tablier était noué, suivant l'usage breton : côté droit, pour les mariées ; côté gauche pour les célibataires ; l’arrière pour les veuves.

     

    On distingue deux types de coiffes :

     

    845_001.jpgLa première est celle de tous les jours, petite, qui est celle portée actuellement par les danseuses du Cercle Celtique de Saint Nazaire, posée sur le chignon, en forme de sabot, en calicot blanc, linon ou tulle, bordée de dentelles, plus ou moins complexes et larges toujours en fonction de la fortune, elle se pose au-dessus d'une sous-coiffe en tissu sombre, et est fixée à l'aide de deux lacets et des épingles. On se doit d'amidonner pour en rigidifier la forme. Cette coiffe est dite de Saint-Marc par Jacqueline Bruno, mais en réalité elle était commune à toutes les Nazairiennes.

     

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    Coiffe nazairienne ordinaire dite de Saint-Marc, en réalité la dormeuse du Pays nantais que portaient les femmes au quotidien.

     

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    Nazairienne coiffée vers 1885, Fonds et Collections Odoevsky Maslov,

    section Bord de Pierrefitte - Château des Charmille à Port-Cé.

     

    011.jpgLa coiffe de cérémonie, totalement oubliée aujourd'hui, était un tube volumineux, posé à deux ou trois centimètres du front, laissant paraître les cheveux, et dégageant le visage, en tulle ou linon brodé et dentelles. Amidonnée, repliée en deux couches pour pouvoir former deux oreilles tombantes, elle comportait à l’intérieur un large peigne en bois ou en écaille qui assurait la bonne tenue de la forme.

     (photographie issue de la collection Beilvaire, dont l'originale fut détruite dans les bombardements, et qui fut exposée au public pour la première fois en 1904.)

    C'était la coiffe de cérémonie du bourg de Saint-Nazaire, mais dans la périphérie de la paroisse, on distingue une variante qui, comme les cornettes des religieuses, dissimulait le visage. Elle comportait un repli qui faisait rebord et se resserrait à l'arrière à l'aide d'un large ruban qui se finissait en deux longs pans. Cette coiffe, dite par Lalaisse "de Pornichet", (Pornichet fut jusqu'en 1905 un bourg de paludiers faisant partie de la commune de Saint-Nazaire), se portait entre Guérande, Pornic, et Chateaubriant avec quelques variantes dans les années 1840 à 1860 pour ne plus se porter uniquement qu'à Pornichet par la suite.

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    Coiffe de Pornichet présentée comme celle de Saint-Nazaire...

     

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    Le Courrier de Saint-Nazaire du 12 avril 1930

     

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    La démocratie de l'Ouest du 12 avril 1930

    (La jeune femme est Lucienne-Fernande-Gabrielle Schmidt, née à Saint-Nazaire le 31 janvier 1912. Elle épousa à Saint-Nazaire, le 18 juillet 1937, Roger-Jules-Gabriel Guichard.)

     

    Nombre de Nazairiennes portèrent le costume jusqu'aux bombardements, et les femmes d'une famille de La Vecquerie portèrent la coiffe jusqu'au début de années 1970. Sur les aquarelles de Charles Beilvaire figurant le vente du poisson sur le port, entre 1934 et 1942, (Fonds et Collections Odoevsky Maslov, section Carles Beilvaire), on voit des femmes en coiffe mais à la robe plus à la mode de l'époque, qui parfois de mêlent avec les coiffes d'autre provinces, car les femmes gardaient celle de leur pays de naissance même après mariage dans un autre pays.

     

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    1934, (c'est le Normandie qui est au fond dans la Forme Joubert)

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    1938

     

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    1940

     

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    Fillettes photographiées à Saint-Marc le 24 mars 1907, eut lieu la bénédiction du nouveau canot de sauvetage « Rachel-Prosper ».

     

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    Deux petits Nazairiens répétant une danse bretonne pour un spectacle d'école en 1925.

     

    Les femmes de Méan, dont le bourg dépendait jusqu'au Second Empire de Montoire, portaient leur coiffe de cérémonie qui se fixait très en arrière, en forme de tube simple, avec deux oreilles de dentelles triangulaires. Leur col était simple, avec deux larges pans écartés. Leur coiffe ordinaire était semblable à la coiffe simple de Saint-Nazaire.

     

     

     

     

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    Sur le daguerréotype ici reproduit, nous voyons Marie Anne Loumeau, épouse d'Émile-Fidel Ollivaud, propriétaire du chantier naval homonyme, réalisé au moment de son mariage en 1854, on voit ici la coiffe de Méan, et l'on distingue l'emploi d'un tissu imprimé d'un motif léopard, et un corsé et sa jupe en soie.

    F. Guériff rapporte que les Belles méanaises, ainsi qu'on les nommait aux 18e et 19e siècles, portaient des étoffes précieuses et des bijoux rapportés des Indes par leurs époux marins.

     

     

     

     

     

     

     

     

    Jusqu'aux années 1930, il n'était pas convenable qu'une femme « sorte en cheveux ». Si la coiffe est à partir de l'Empire un apanage de paysans, les dames de la bourgeoisie bretonne continuèrent de l'arborer pour les cérémonies. Avec la redécouverte de l’identité bretonne par les intellectuels à la fin du 19e siècle, le port du costume traditionnel pour des cérémonies et des fêtes populaires fut remis à l'usage en ville. Nous reproduisons ici la photographie d'une mariée tirée de l'ouvrage de Jacqueline Bruno, de sa coiffe tirée d'une édition collective du Courrier de Saint-Nazaire "Le Vieux visage de Saint-Nazaire", 1933, et celle du jour de ses noces, propriété de monsieur David Silvestre.

     

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    Enfin, ajoutons ici une vue stéréoscopique d'un intérieur situé au " 55 boulevard de l'océan ", prise par le Touring Club de France vers 1910, prise dans le salon de la veuve du capitaine au long cours Charles-Edmond Dolu, née Justine-Aimée Libaud,  nous permet de découvrir une collection de coiffes nazairiennes et de l'Estuaire. On distingue aussi sur les marottes en papier mâché, de gauche à droite, deux coiffes de Paimboeuf, et deux autres de Pornic. Une autre, placée sur une boule de perruquier, elle-même posée sur une chaise d’angle, est une coiffe de mariée de Pornic des années 1850.

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    Positif noir et blanc pour projection ; Support verre ; Vue stéréoscopique, 16,8 x 8,5, ; Ministère de la Culture (France), Médiathèque de l'architecture et du patrimoine, diffusion RMN-GP.

     

  • Maitre Alexandre Galibourg

     

    Portrait de maître Alexandre Galibourg par Théo Prat,

    photographe à Saint-Nazaire, (vers 1925/26, coll. L.O.M.)

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    I° Alexandre-Marie-Jean-Baptiste Galibourg, (Nantes le 30 décembre 1846 - Saint-Nazaire le 19 janvier 1931), fut l'un des premiers historiens de Saint-Nazaire, on lui doit une série d'articles parus dans " Le Courrier de Saint-Nazaire ", et fut un collaborateur actif de Kervilers pour ses «bio-bibliographies bretonnes.  Arrivé à Saint-Nazaire à l'âge de 18mois, son grand-père maternel était Jean-Baptiste Talour, dit le capitaine Mantrelais, qui joua un tout Important dans le soulèvement des marches d'Anjou en 1793, et arrière-petit-fils du médecin rennais, Poullain de La Croix, amis de Moreau, qui accompagna les volontaires d'Ille et Villaine en 1792, et devin médecin de l'Armée du Rhin. Sa famille était fervente catholique et attachée aux idées monarchiques, aussi fut-il élève du Petit-Séminaire de Guérande. Reçu licencié en droit à Rennes le 13 août 1872, il fut avocat à Saint-Nazaire durant 58 ans ;il en fut le premier bâtonnier élu en 1890, et fut plusieurs fois réélu à ce poste. Il a laissé la réputation de défenseur des causes perdues dans le souvenir des Nazairiens. Cependant, il fut surtout un avocat spécialisé dans le Droit maritime, et on lui doit des interventions remarquées pour la défense des intérêts des marins indépendants devant les grandes sociétés de navigation, durant les congrès internationaux de Navigation de Paris, Venise, et surtout d'Amsterdam, durant lequel il fit voter les textes qui régissent dans tous les pays la compétence en matière d'abordage. Membre du conseil de la Fabrique de Saint-Nazaire, il en fut l'avocat-conseil. Attaché à la paroisse Saint-Gohard, il participa activement à la construction de la nouvelle église paroissiale Saint-Nazaire et a été honoré d'un portrait sculpté sur le pilier centrale située à droite quand on entre dans le chœur de l'église Saint-Nazaire, (côté Évangile). Maître Galibourg était passionné d'histoire locale, il avait connu enfant les restes du prieuré Saint-Jean de Saint-Nazaire et en avait fait un dessin de mémoire qui avait servi à illustrer un vitrail de l'Eglise principale, malheureusement détruit par les bombes anglaises en 1942. Il intervenait régulièrement dans la presse, surtout dans L'Ouest Eclair, pour distiller des souvenirs et des détails historiques, pestant de temps à autre contre ce qu'il considérait comme des oublis impardonnables de Henri Moret, qui, avec son ouvrage, avait réalisé ce que maître Galibourg ne fit jamais : écrire un ouvrage historique à propos de Saint-Nazaire. C'est aussi sous le pseudonyme de " vieux nazairien " qu'il exprimait son avis sur l'évolution de la ville en comparaison de ce qu'il avait connu étant jeune, sans ménager ses mots. Maître Galibourg faisait partie des riches et multipropriétaires d'immeubles en ville. Il avait notamment loué par deux fois un appartement au compositeur Berlioz, au 9 rue de la Villès-Martin. Le compositeur lui avait laissé un ouvrage dédicacé. Domicilier 40 rue de la Villès-Martin, maître Galibourg fut inhumé au cimetière de La Briandais le 22 janvier 1931. Le journal L'Ouest-Éclair du 23 janvier 1931 mentionne : " Dans le cortège, on remarquait des délégations d'avocats, dont une du barreau de Nantes, en robe. Il n'y avait ni fleurs ni couronnes, sur la demande expresse qu'avait formulée l'honorable ancien bâtonnier avant sa mort. Les cordons du poêle étaient tenus par M. Vincent, président du Tribunal civil du Mans : M° Gouzer, bâtonnier en exercice du barreau de St-Nazaire MM Féliard, procureur de la République ; chanoine Joalland, curé de la paroisse de St-Nazaire ; Gasnier, président du Tribunal de Commerce de notre ville, et Boudard, président de la Chambre des avoués ". Son éloge funèbre fut prononcée le 23 janvier 1931 au début de l'audience du tribunal correctionnel de Saint-Nazaire, par le président Vincent, devant tous les magistrats, les avocats, les avoués, les huissiers et les greffiers (voyez à ce sujet L'Ouest-Éclair du 24 janvier 1931). 

    Il épousa à Saint-Nazaire, le 9 juin 1880, Augustine-Elisa-Marie Offret, née en 1854, décédée au château de La Courbe à Puyrenier le 5 mars 1944,  fille d'un commandant de paquebots transatlantiques, d'où :

    1° Marie-Augustin-Louis, (Saint-Nazaire 5 juillet 1881 - Paris (20e) 27 avril 1947) ;

    2° Alexandre-Aimé-Marie-Augustin (Saint-Nazaire  4 mars 1885 – Saint-Nazaire 16 novembre 1949) ;

    3° Louis-Aimé-Marie, (Saint-Nazaire 14 janvier 1887 - ??) ;

    4° Henri-Anne-Marie, (Saint-Nazaire 1er juillet 1889 - Saint-Nazaire  22 février 1988), avocat, diplômé de l'Université de Rennes en Droit en 1912, bâtonnier du barreau de Saint-Nazaire ; marié à La Baule le 1er octobre 1949 avec Marcelle-Madeleine-Léontine Abeakam ;

    5° Jean-Baptiste-Anne-Marie, (Saint-Nazaire 22 juin 1891 - décédé en 1945), docteur ès-sciences, galibourg,saint-nazaireil fut d'abord chef des essais physiques et mécaniques de l'usine Citroën Quai de Javel, puis aux usines De Dion et Bouton comme chef des services métallurgiques des établissements de Puteaux, puis ingénieur-conseil auprès de firmes, reçu docteur ès-sciences physique en Sorbonne avec une thèse portant sur la thermo-électricité il inventa un appareil  pour la reconnaissance des nuances d'aciers, enseignant attaché au laboratoire de métallographie de l'Ecole Centrale en 1921, chef de travaux en 1923, puis maître de Conférences d'Essais des matériaux, il fut mandaté en 1926 par les dirigeants de l'International Nickel C° aux Etats-Unis et au Canada pour visiter les usines de cette entreprise, il participa à la création du Centre d'Information du Nickel, appelé à Bruxelles comme professeur d'échange en 1934, il fut chargé aux Expositions d'Aviation  de présenter l'ensemble des méthodes d'essais et y organise des rétrospectives très remarquées ; à l'Exposition Universelle de 1937, il  créa et assura le fonctionnement d'un important laboratoire de métallurgie, et fut fait chevalier de la Légion d'honneur. Il participa à tous les grands Congrès internationaux aux Etats-Unis, au Japon, à Liège, à Bruxelles, à Zurich, etc. Il était expert près des tribunaux et le Bureau Veritas l'avait prié d'être membre et rapporteur de son Comité technique. A la veille de la Seconde Guerre mondiale il fut appelé à la direction du laboratoire de la S.N.C.F. (voyez au bas de l'article la liste de ses travaux.) Marié à Toulouse le 27 avril 1927 avec Marie-Amélie-Madeleine Portrait, d'où un fils.  (Jean Galibourg, photographie parue dans la Revue de la métallurgie en mars 1945) - Léon Guillet, à Propos de Jean Galibourg, qui était son parrain, a dit et publié : " Que dirai-je maintenant de l'homme ? II fut un de mes meilleurs amis, m'en donna maintes fois la certitude , notamment au cours des multiples et dures épreuves que je viens de subir ; il avait un caractère très droit, une franchise rare et, sous une froideur volontaire, cachait un dévouement auquel on ne faisait jamais appel en vain. Tous en abusaient ; moi-même lui avais demandé de prendre le secrétariat général de deux groupements que je préside : les « Centraux Métallurgistes » et les Parisiens de la Loire-Inférieure (« Le Muscadet »). Alors que la France a besoin de toutes ses élites, disparaît un excellent serviteur du pays. Sa mémoire sera pieusement conservée. Que notre chère amie, Mme Galibourg, que son fils, mon filleul, Que dirai-je maintenant de l'homme ? II fut un de mes meilleurs amis, m'en donna maintes fois la certitude , notamment au cours des multiples et dures épreuves que je viens de subir ; il avait un caractère très droit, une franchise rare et, sous une froideur volontaire, cachait un dévouement auquel on ne faisait jamais appel en vain. Tous en abusaient ; moi-même lui avais demandé de prendre le secrétariat général de deux groupements que je préside : les « Centraux Métallurgistes » et les Parisiens de la Loire-Inférieure (« Le Muscadet »). Alors que la France a besoin de toutes ses élites, disparaît un excellent serviteur du pays. Sa mémoire sera pieusement conservée. Que notre chère amie, Mme Galibourg, que son fils, mon filleul, en soient bien assurés" , Léon Guillet ignorait que la mère de Jean était décédée en 1944.

    6° Hélène-Anne-Marie-Henriette, (Saint-Nazaire 18 juin 1897 - Saint-Nazaire 7 janvier 1995), mariée à Saint Nazaire le 17 septembre 1828 à Marie-Adolphe-Jehan de Maillard,  (château de La Combe, Puyrenier 6 juillet 1900 - 17 décembre 1975 Bordeaux), issu d'une branche ainée, dite de La Combe, de la famille de Maillard, famille maintenue noble par Pellot, intendant de Guyenne, le 5 mars 1668, (cette a fait ses preuves en juin 1993 à l'A.N.F. - Armes : d'azur  trois pommes de pin d'argent) ; divorcés le 8 août 1974.

     

     

     

    (Remerciements à mesdames N.A. et P.A.deM. pour les informations complémentaires concernant la famille.)

     

     

    Listes des travaux de Jean Galibourg : Comptes rendus Académie des Sciences Contribution à l'étude de la trempe de certains alliages d'aluminium. C.R . 1919 , 169 , p. 50 8 (en collaboration avec M M . L . GUILLET et Jean DURAND). Utilisation de la force thermo-électromotrice de contact pour identifier quelques aciers. C.R . 1922 , 174 , p. 547 . Sur une méthode permettant de reconnaître les perles japonaises cultivées. C.R . 1922 , 174 , p. 1.01 2 (en collaboration avec M . F . RYZIGER). Sur la trempe des alliages légers aluminum-cuivre, renfermant plus de 5 % de cuivre. C.R. 1925 , 181 , p. 1.10 7 (en collaboration avec M . L . GuiLLET). Contribution à l'étude de la roentgenspectrographie des perles. C.R . 1926 , 183 , p. 96 0 (en collaboration avec M . F . RYZIGER). Sur les points critiques et la trempe martensitique des fontes au nickel ci au, nickel-chrome. C.R . 1928 , 187 , p. 1 4 (en collaboration avec MM . L . GUILLET et M . BALLAY). Sur le relèvement du palier de la courbe de traction des métaux par traction et vieillissement. C.R . 1929 , 188 , p. 993 . Sur les essais de traction à chaud. C.R . 1929 , 188 , p. 1.20 5 (en collaboration avec MM . L . GUILLET et M . SAMSOEN). Sur les essais de traction à chaud. C.R . 1929 , 188 , p. 1.32 8 (en collaboration avec MM . L . GUILLET et M . SAMSOEN). Sur le vieillissement des métaux écrouis, C.R . 1930 , 190 , p. 168 . Sur le traitement thermique durcissant des fontes grises. C.R , 1930 , 191 , p. 53 8 (en collaboration avec MM . L . GUILLET et M . BALLAY). Sur la résistance à chaud des aciers ordinaires. C.R . 1931 , 192 , p. 86 1 (en collaboration avec MM . L . GUILLET et M . SAMSOEN). Sur la limite élastique de l'acier doux étiré à la filière. C.R . 1932 , 194 , p. 1.635 . Influence de l'allongement réalisé au cours de tractions successives suivies de vieillissement sur la limite élastique et le module d'Young d'un acier doux. C.R . 1932 , 195 , p. 1.022 , Sur les singularités des courbes de traction à chaud. C.R . 1932 , 195 , p. 1.072 . Sur les déformations subpermanentes (phénomènes de réactivité). Enfin, il y a quelques années, il fut appelé à la direction du laboratoire de la S.N.C.F. et, dans ces temps troublés, il y étudia avec succès des questions fort délicates, notamment celle des pièces de frottement et des pièces d'attelage.  C.R . 1937 , 205 , p. 21 7 (en collaboration avec M . Pierre LAURENT). Sur les transformations des fontes austénitiques. C.R . 1939 , 209 , P . 105 . Revue de Métallurgie Contribution à l'étude de la trempe de certains alliages d'aluminium. 1920 , XVII , p. 20 2 (en collaboration avec M M . L. GUILLET et J. DURAND). Contrôle de l'épaisseur de cémentation sur témoins trempés. 1920 , XVU , p. 21 6 (en collaboration avec M. BALLAY); Contribution à l'étude théorique des diagrammes d'équilibre des alliages binaires. 1920 ; XVII , p. 630 . Les criques de rectification. 1921 , XVIII , p. 21 3 (en collaboration avec MM . L. GUILLET et P. BEURET). Emploi de la macrographie pour la mise au point de la coulée du bronze d'aluminium. 1921 , XVIII , p. 78 0 (en collaboration avec M. BRIZON). Y Protection contre cémentation par application d'un enduit au pinceau. 1922 , XIX , p. 22 2 (en collaboration avec M . BALLAY). Quelques résultats d'essais sur pendule Herbert. 1925 , XXI I p. 23 8 (en collaboration avec M. L. GUILLET). Les- retassures intercristallines, « Micro-retassures». 192 5 XXII , p. 25 3 (en collaboration avec MM . L. GUILLE' et M. BALLAY). Thermo-électricité des métaux et alliages. 1925 , XXII , p. 40C p. 52 7 et 610 . Recherches sur le traitement thermique des alliages aluminium cuivre. 1926 , XXIÎI , p. 17 9 (en collaboration ave M . L . GUILLET). La métallurgie du nickel au Canada et aux Etats-Unis. 192 , XXIV , p. 627 . Le nickelage. 1927 , XXIV , p. 660 . Le nickel dans les moulages de fonte et d'acier. 1927 , XX I p. 730 . ; Recherches sur le relèvement de la limite élastique par traction vieillissement. 1929 , XXVI , p. 334 . 

     

  • Une Nazairienne demoiselle de Saint-Cyr

     

    Les registres des quittances de d'Hozier pour les Preuves de Saint-Cyr conservées aux Archives Départementales des Yvelines à Versailles mentionnent d'une nazairienne élève pensionnaire de la Maison royale de Saint-Louis à Saint-Cyr.

     

    La Maison royale de Saint-Louis, dites Saint-Cyr en raison de sa situation dans un village au bout du parc de Versailles, fut créée sous l'initiative de madame de Maintenon en 1684, dans le but de procurer à 180 filles de la noblesse pauvre une éducation permettant à leur établissement et à les soustraire à la misère.

     

    Ainsi, avoir des demoiselles à Saint-Cyr, ou, dans la version masculine, des pages aux Grandes ou Petites-Écuries, est une preuve de bonne noblesse, car il fallait pouvoir prouver 140ans de lignage noble, mais c'est aussi la marque d'un grand état de misère pour la famille. C'est cas d'Agathe Le Royer de la Poignadière, nazairienne entrée à Saint-Cyr le 7 novembre 1786.

     

    Commençons par situer Agathe Le Royer de la Poignadière dans l'histoire nazairienne :

     


    Le_Royer_de_La_Sauvagère.jpgLe Royer de la Poignadière
    : D'azur à trois roues d'argent.

     

    Famille originaire de Jargeau en Touraine, établie à La Chapelle-sur-Erdre suite au mariage avant le 9 juin 1573 de René Le Royer de La Motte, avec Isabeau Texier, dame héritière de la maison noble de La Poignardière, puis à Grandchamps suite au mariage de Claude-François Le Royer, sieur de La Poignadière avec Elisabeth Catreux le 20 mars 1681, maintenue noble d'extraction en Bretagne lors de la réformation de noblesse par ordonnance du 14 juin 1712 (Bibliothèque Municipale de Rennes, Ms. 504 et 505), et enfin à Saint-Nazaire par le mariage de René-François Le Royer, sieur de La Poignardière avec Catherine-Jeanne Canuel de Maude le 15 mai 1770.

     

    I° René-François Le Royer, écuyer, sieur de La Poignardière, (en indivision avec plusieurs parents, dont un oncle interné pour folie aux Cordeliers de Pont-de-Cé), sieur avant la révolution du fief de la Rougeole, (vignes situées à Bonne-Anse sur la falaise face au Rocher de la Rougeole), chevalier de l'Ordre de Saint-Louis, né à Nantes, paroisse Saint-Donatien, domicilié à Grandchamps, fils de feu René-Joseph Le Royer, écuyer, sieur de La Poignardière, et de dame Philibert Berthaud de La Bossière ; capitaine d'infanterie au régiment de Nantes au moment de son mariage et de la naissance de ses enfants, il était capitaine au Bataillon de Garnison royale de la Marine en 1789, garde nationale le 19 juillet 1790 ; il épousa à Saint-Nazaire le 15 mai 1770 Catherine-Jeanne Canuel de Maude, née le 8 janvier 1745 et baptisée le même jour à Saint-Nazaire, fille de Jean Canuel, (décédé le le 21 mars 1749 et inhumé dans le chœur de l'église de Saint-Nazaire le 22 mars), sieur du fief de Maude, (terrain correspondant à la section traversée par la rue Gasnier), et de feue Marie Rouaud, le couple fit valoir son appartenance à la noblesse pour être radié en 1775 du rôle des fouages (ancêtre des impôts locaux) ; d'où :

    1° un fil inhumé mort-né à Grandchamps 20 décembre 1771 ;

    2° René-Francois-Prudent, baptisé à Saint-Nazaire le 16 avril 1773, volontaire au Régiment de Rohan en 1792, fait prisonnier à Quiberon, fusillé à Vannes le 31 juillet 1795 ;

    3° Bonne-Angélique-Philiberte, baptisée à Saint-Nazaire le 7 septembre 1774, mariée le 22 juillet 1806 à La Chapelle-sur-Erdre avec Benjamin-Valory Lagarde de La Garenne ;

    4° Clovis-Isaac-Modeste, né le 7 novembre 1775, baptisé le lendemain, tué à Nimègue en 1789 au service du Roi ;

    5° Agathe, née le 27 janvier 1777 à Saint-Nazaire, baptisée le lendemain ;

    6° Felix-Auguste, baptisé à Saint-Nazaire le 31 mars 1778, fit carrière dans la marine ; il se maria à La Chapelle-sur-Erdre le 2 octobre 1799 avec Anne-Pauline-Émilie Coutance.

     

    Les actes nous apprennent que Catherine-Jeanne avait pour tante et marraine Catherine Canuel, épouse de Mathieu Rouaud, sieur de La Villemartin, et pour cousin germain Mathieu de Rouaud, sieur de La Villemartin, avocat au Parlement, conseiller du Roi et procureur au siège royale de Guérande et sénéchaussée de Guérande, syndic maire de Guérande. Catherine et son fils Mathieu assistèrent au mariage de leur parente ; Catherine fut la marraine de René-Francois-Prudent et d'Agathe, Mathieu fut le parrain de Bonne-Angélique-Philiberte, de Clovis-Isaac-Modeste et d'Agathe. Cette grande proximité se retrouve aussi dans le journal du voyage que fit Mathieu en 1782 à Paris, et que publia en 1900 le comte Louis de Remacle. Dans ce journal, Mathieu qualifie de cousin-germain René-François Le Royer, et indique qu'il profita de ce voyage pour faire , entre autres choses, des démarches au nom de son parent pour l'admission de sa filleule Bonne-Angélique-Philiberte à Saint-Cyr :

    « Du mercredi 3 juillet 1783. - [...] J'ai été porter chez M. le vicomte du Dreneuc les titres de noblesse de M. Le Royer de la Poignardière, mon cousin germain, pour être présentés à M. d'Ormesson […] ; 9 juillet 1782. - […] J'ai pu alors aller retrouver M. du Dreneuc à l'hôtel de Berry. Nous nous sommes rendus ensemble chez M. le président d'Hozier, généalogiste de France, qui a parcouru les titres de noblesse de M. Le Royer qu'il a trouvés en bonne forme. Il nous a renvoyés chez M. d'Ormesson, Conseiller d'Etat, Commissaire de la maison royale de Saint-Cyr. Nous l'avons trouvé en son hôtel en lui remettant le dossier, M. du Dreneuc lui a recommandé Bonne Angélique Philiberte Le Royer comme sa nièce de mon côté j'ai fait valoir le parti que prend à cette affaire Mme de Champlais. Il nous a promis d'être favorable à notre requête, en nous observant qu'il y avait bien des demandes et peu de places à nommer. C'est tout ce que nous pouvions espérer de cette démarche. »

     

    Les démarches furent donc entreprises pour Bonne-Angélique-Philiberte, qui ne figure pas sur les registres de Saint-Cyr, par contre sa cadette, Agathe, y fut reçue sur quittance de d'Hozier pour preuves de noblesse des demoiselles entrées à Saint-Cyr en 1786, (A.D. 78, D 439). Elle en sortit sortie 12 mars 1793, à la fermeture du pensionnat (Certificat de sortie de Saint-Cyr, 1793, A.D. 78, 3 Q 79), en même temps que sa condisciple, Elisa Bonaparte, sœur de Napoléon et future princesse de Lucques et Pombino, et grande-duchesse de Toscane, entrée en juin 1784.

     

     

    Note : La famille Le Royer de La Poignadière avait tenté de se réclamer de la même source que les normands Le Royer de La Brisolière, et en usurpa un temps les armes, " d'or à la fleur de lys de gueules accompagnées en chef de deux merlettes de sable ", ce qui fut repoussé par les généalogistes du Roi. Cependant, on trouve encore dans certains armoriaux, notamment celui dit " Jouglas ", l'attribution fausse des armes et ascendances communes.

  • Le Bois Savary

     

    Le Bois Savary, ou Île du Bois Savary, doit son nom à Savary (ou Savaric) de Donges, premier seigneur de Donges à porter le titre de vicomte, cité 1125 et 1138. Dépendant de la justice de la vicomté de Saint-Nazaire, c'était un fief qui au XIVe siècle était propriété de la famille d'Ust, seigneurs de la châtellenie du même nom. A la suite du mariage de Françoise d'Ust, héritière des biens de sa famille, avec Vincent II du Boberil, seigneur de l'Hermitage, le 30 août 1562, le fief entra dans la famille du Boberil. Jean III du Boberil, chevalier, seigneur de l'Hermitage, de la châtellenie d'Ust, et du Molant, vendit la châtellenie d'Ust et ses dépendances, dont le Bois Savary, René de Kerpoisson, écuyer, seigneur de Trevenegat et son épouse Louise de Goesbriant, par contrat du 7 août 1626. Deux générations plus tard, Louise de Kerpoisson, fut dame de Trevengat, de la châtellenie d'Ust, de Saint-André, de Cleuz-Siriac et du fief du Bois-Savary. Elle épousa en premières noces, en 1681, Pierre Bonnier, écuyer, seigneur de Launay, nommé gouverneur des villes de Guérande, du Croisic, et de Saint-Nazaire en 1678, membre de la confrérie de Saint-Nicolas en 1687, seigneur d'Ust du chef de sa femme, pour qui il rend l'aveu au Roi le 3 mai 1679 ; puis en seconde noce, Maurice Avril, écuyer, seigneur de La Chauvière, conseiller au Parlement de Bretagne, décédé le 28 octobre 1728, dont elle eut un fils, Maurice II Avril, écuyer, seigneur de La Chauvière, de Trevengat, de la châtellenie d'Ust, et de Saint-André, qui rendit aveu pour Ust le 30 avril 1730, et décéda en janvier 1748. Son fils, Anne-Camille Avril, écuyer, seigneur de La Chauvière, de Trevengat, de la châtellenie d'Ust, et de Saint-André, vendit la châtellenie d'Ust et ses dépendances à Julie Lepennec, dame de Lesnerac, de Trévécar et du Bois-Jollan, veuve de Charles marquis de Sesmaisons. Le Bois Savary entra dans le patrimoine des marquis de Sesmaisons, qui le conservèrent durant trois générations. Au décès de Claude-François-Jean-Baptiste-Donatien de Sesmaisons, avant la Révolution marquis de Sesmaisons, comte de Saint-Saire, avant la révolution seigneur de la Sauzinère, Lesnerac, Escoublac, Crévecoeur, Bois-Jolland, Ust, Nesle, Mesnil-Mauger, Beaubec, fief de Léon, Bois-Savary, et Anglesqueville, en 1804, la métairie du Bois Savary fut vendue à François-Louis-Marie Galliot de Cran, (Saint-Nazaire 1787 – La Roche-Bernard 1858) et son frère Joseph-Marie-François Galliot de Cran, (Josselin le 31 juillet 1788 – La Roche-Bernard 1860). Suite à la création du port de Saint-Nazaire et à la prodigieuse extension de la ville, les frères Galliot de Cran vendirent par pièce l'ensemble des nombreuses propriétés qu'ils possédaient Saint-Nazaire.

     

    Le fief du Bois Savary comprenait le Dolmen. La Déclaration de 1649, indique que le prieur du prieuré de Saint-Jean-Baptiste de Saint-Nazaire, devait, à titre de droit féodal, la nuit de Noël, déposé sur la pierre couchée une pinte de vin et un pain d’une valeur d’un sou, à destination du Baron de Marsaint, ou de ses représentants, (A.D.44, E539 - B. Guérande 42 – B. 1012 – E579). Un rapport de la Société royale académique de Nantes et du Département de la Loire-Inférieure, publié dans ses annales en 1845, indique qu'il se trouvait alors " dans une pièce [de terre] en friche, dépendant de la métairie du Bois-Savary, à moins de deux cents mètres au nord de la grande route de Saint-Nazaire à Savenay. " Henri Moret indique dans son " Histoire de Saint-Nazaire ", publiée en 1925, avoir connu le dolmen encore dans un champ à son arrivée à Saint-Nazaire en 1893.

     

    bois-savary

    Cadastre de 1829. (Cliquer pour agrandir.)

     

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    1 la métairie ; 2 le dolmen ; 3 route menant de Saint-Nazaire à Savenay.

     

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    Le dolmen, vu par Thomas Dobrée, le 10 juillet 1836, (doc. DRAC-44)

     

     

    Aujourd'hui il ne reste du fief du Bois Savary que le nom de la rue du Bois-Savary dans le centre-ville de Saint-Nazaire.

     

    Pour plus de détails sur les possesseurs de ce fief, consultez les articles sur la châtellenie d'Ust et la seigneurie du Bois Joalland.