La famille Bord fit de nombreuses croisières à bord de ce yacht, accompagné par le couple Des Prinveaux-Bord et les cousins Des Vallières, notamment sur les côtes espagnoles et portugaises. Gustave Bord fut le premier Nazairien à posséder une voiture.
Il commença à participer des 1879 à La Revue de Bretagne et de Vendée, avec une série d'articles intitulés " Les préliminaires de la guerre de Vendée ", puis il fonda à la fin de l'année 1882, avec l'orléaniste Charles d'Héricault de La Revue de la Révolution, dont le premier numéro paru en janvier 1883, qu'il dirigea jusqu'en 1890, où il signa des articles sous le pseudonyme de " vicomte B. d'Agours "(cf. sa fiche à la BNF). Il écrivit aussi des articles dans Le Correspondant, L'Éclair, collabora à L'Intermédiaire des chercheurs et des curieux dont le créateur était son ami, et à partir de 1912 dans la Revue internationale des sociétés secrètes, ou encore La revue bleue. En parallèle il fut l'auteur entre autres de :
- Saint-Nazaire sous la Révolution, 1789-1790 ; Saint-Nazaire, Frédéric Girard imprimeur, 1881 ;
- Le patriote Bournonville, 1791-1792 ; Saint-Nazaire, Frédéric Girard imprimeur, 1881 ;
- Inauguration du bassin de Penhouet, 8 mai 1881 : Saint-Nazaire, F. Girard imprimeur, 1881, (à la demande Kervilers) ;
- La Prise de la Bastille, conséquences de cet événement dans les provinces jusqu'aux journées des 5 et 6 octobre 1789, Paris, Honoré Champion, 1882 ;
- Le combat du 13 prairial an II et La légende du vengeur, Nantes Imprimerie Vincent Forest et Emile Grimaud, 1883.
- Un épisode de l'histoire de Saint-Nazaire : les pilotes de Saint-Nazaire en 1791 ; Saint-Nazaire, Girard imprimeur, 1883 ;
- La vérité sur la condamnation de Louis XVI : liste des membres de la Convention et de leurs suppléants, Paris, A. Sauton, éditeur. 1885 ;
- Napoléon et ses derniers historiens, Paris, A. Sauton, 1887.
- Histoire du blé en France : Le pacte de famine, histoire-légende, Paris, A. Sauton, 1887 ;
- La France moderne et l'ancien régime, Vannes, E. Lafolye, 1888 ;
- Catalogue d'une collection importante sur la Révolution Française & L'Empire : histoire, mémoires, pamphlets, journaux, bibliographie, beaux-arts, etc., provenant de la bibliothèque de Gustave Bord, Paris, Vve. A Foulard, 1904 ;
- La fin de deux légendes : l'affaire Léonard, le baron de Batz, Paris, H. Daragon 1909 ;
- La conspiration révolutionnaire de 1789, les complices, les victimes, Paris, Bibliothèque d'histoire moderne, 1909 :
- Rosinat Stoltz, Paris, H. Daragon, 1909 ;
- La franc-maçonnerie en France des origines à 1815, Tome 1er. Les ouvriers de l'idée révolutionnaire (1688-1771) ; Nouvelles Librairie nationale, Paris, 1909, (qui se voulait être une liste brûlot des loges maçonniques, mais qui est devenu malgré lui un outil de recherche pour les francs-maçons, et que l'historien académicien Frédéric Masson éreinta dans une critique parue le 7 novembre 1909 dans Le Gaulois en commentant que " les listes authentiques des maçons s'arrêtaient en 1789 ") ;
- Les inondations du bassin de la Seine, 1658-1910, Paris, chez l'Auteur, 1910 ;
- Le Dauphin, Paris, E. Paul, 1911 ;
- Étude sur la question Louis XVII – Autour du Temple (1792-1795), en trois tomes, Paris, Émile-Paul, 1912 ;
- Autour du Temple (1792-1795), (4 tomes), Paris : Emile-Paul, 1912 ;
- Législation des grains ;
- Changements apportés aux noms de villes pendant la Révolution ;
- Histoire de l'épiscopat français ;
- Une émeute à Saint Nazaire en 1791 ;
- Lendemain de Révolution ;
- L'histoire de la Révolution et la méthode de M. Aulard, Paris, Émile-Paul, 1914
- Grandes et petites légendes, Saint-Nazaire, Imprimerie du Courrier de Saint-Nazaire, 1930.
- La maison du "dix-huit brumaire ", Paris, Editions Neptune, 1930, en collaboration avec L. Bigard.
sous le pseudonyme de Vicomte B. d'Agours :
- Documents inédits pour servir à l'histoire des soulèvements de Mars 1793 dans le département de La Vendée, Frédéric Girard imprimeur à Saint-Nazaire, 1883 ;
et fit éditer et annota :
- Mes trois mois de prison dans la Vendée : mémoires d'un capitaine des volontaires de Sillé-le-Guillaume envoyé en Vendée en 1793, Nantes, Vincent Forest et Emile Grimaud, 1882 ;
- Documents pour servir à l'histoire de la Révolution Française, en collaboration avec Charles d'Héricault, Paris, A. Saudron, 1885 ;
- Notes sur les tribunaux criminels sous le directoire, d'après des documents inédits recueillis et annotés, Nantes, imprimerie Bourgeois, 1882 ;
- Papiers du comte Molé, Paris, A. Sauton, 1887.
La majorité de ses publications le furent à compte d'auteur, et sa revue ne lui rapporta jamais d'argent. Gustave dépensa sans compter durant des années pour ses publications et pour l'achat de manuscrits et d'objets pour ses nombreuses collections. Si ces publications furent traitée avec exactitude, elles sont cependant dans un style laborieux. Déjà de son vivant les critiques s'en plaignaient, comme la Revue bleue, qui en 1909 à propos de Rosinat Stoltz dit : " Gustave bord écrit avec une pittoresque audace, dont son style incorrect est çà et là comme relevé ". Cependant la revue lui procura l'image d'un historien spécialisé des la période Révolutionnaire, et fit de lui une référence en la matière, quoiqu'on lui reprocha régulièrement son attitude à orienter tout à la faveur des royalistes, et de travestir ainsi souvent les faits par des commentaires trop partisans.
Sa correspondance d'entre 1882 à 1932, tombée dans des mains étrangères, a été vendue en salle des ventes à Paris en 2005, elle comprenait des échanges avec les historiens Léon de La Sicotière, Henri Wallon, le marquis de Lescure, Alphonse Aulard, les écrivains et critiques littéraires Hippolyte Babou et Edmond Biré, Gustave Desnoiresterres, Georges Montorgueil fondateur de L'intermédiaire des chercheurs et des curieux, Henri Lavedan, l'avocat Claudio Jannet auteur antimaçonnique, imprimeur-éditeur parisien, mais aussi le recteur de l'Institut Catholique de Paris monseigneur Maurice Le Sage d'Hauteroche d'Hulst, l'abbé Ernest Jouin, vicaire à Saint-Augustin et curé de Saint-Médard à Paris, réputé pour ses jougs contre les francs-maçons par journaux interposés, théoricien du complot, et antisémite notoire..
Gustave était l'ami de l'historien et sociologue Augustin Cochin, qui étudia et analysa la période révolutionnaire ainsi que la franc-maçonnerie, sans pour autant y voir dans cette dernière, comme Gustave, un groupe désireux de nuire à la monarchie. Cochin lui présenta l'historien et écrivain Jean de Pange. D'après De Pange, Gustave était " entouré de mystères ", et avait une personnalité "gaie et affable ".
Devenu une référence quand il était question de la période révolutionnaire et du destin de Louis XVII, on fit appelle à lui dans le journal le Gaulois, entre 1905 et 1911, pour s'exprimer sur des publication de G. Lenotre, ou encore sur le cas Naundorff, dont l'un des descendants avait intenté un retentissant procès en diffamation contre les gérants du journal La Patrie, parce qu'ils avaient mis en cause la véracité des prétentions de ce faux-dauphin. procès dont il fut appelé à être l'un des témoins de la défense ; (l'affaire remonta jusqu'au Sénat qui renvoya les Naundorff dans leurs prétentions).
Le Gaulois, avait fait dès 1887 l'éloge de sa revue par la plume du poète et académicien royaliste Emile Augier, le citait encore en référence en 1927, en reprenant régulièrement ses interventions dans l'Intermédiaire du chercheur et du curieux.
En février 1906, il fut l'une des personnes invitées à assister aux recherches (infructueuses) des cercueils de Corneille et Dugay-Trouin en l'église Saint-Roch.
En novembre 1906, c'est lui qui fut chargé d’accueillir, avec Diaghilev, les grands-ducs Vladimir, Alexis et Cyrille, l'infante Eulalie, à la grande soirée des ballets russes organisée par la Société des artistes français, en présence des ambassadeurs de Russie, d’Italie, l'ambassadeur de France en Russie Bompart, du ministre de Belgique et de la comtesse Greffulhe.
Par ailleurs passionné de théâtre, Gustave était lié au bibliophile Auguste Rondel (1858-1934), qui acquit deux manuscrits reliés aujourd'hui à la BNF, concernant deux actrices du 18e siècle, Mademoiselle Montansier, et Julie Talma.
Il fut parmi les membres cités dans l'assistance aux obsèques de Victorien Sardou le 11 novembre 1908.
Gustave Bord avait aussi une oreille musicale presque absolue ; il était capable de dire à la sortie d'un concert qui dans l'orchestre avait joué une fausse note. Sa collection de partitions originales et d'instruments anciens était fabuleuse.
signature de Gustave Bord
Mariage, descendance et fin de vie :
Gustave Bord épousa à Saint-Nazaire le 26 juillet 1880 Jeanne-Dolorès Lefebvre-Desvallières, dite des Vallières, et surnommée Lola, née le 13 août 1860 à Ville d'Avray, (anciennement en Yvelines, aujourd'hui en Haut de Seine), décédée en février 1918 à Rabat (Maroc), fille d'Anatole-Marie Lefebvre-Desvallières, (Paris 22 octobre 1837 - 19 août 1925 Vannes), alors receveur particulier des finances à Saint Nazaire (il devint en 1896 régent de la Banque de France Vème Siège), et de Luisa-Prospera-Francesca de Barberia, dite Louise et surnommée "Tita", (La Havane 1842 - 7 mai 1917 Vannes) (elle était fille de Sévérino de Barberia, consul d'Espagne, et de Dolorès Salaméro). Dolorès eut pour témoins son oncle paternel Ernest-Louis-Prosper Lefebvre-Desvallières, et pour second témoin son cousin germain par filiation paternelle Octave-Marie Fidière des Prinveaux. Un contrat de mariage, négocié par les mères, fut signé chez les parents de la promise, rue du Croisic, devant maître Georges Le Besque, notaire à Saint-Nazaire. Les Bord donnèrent à leur fils 30.000 fr le jour de son mariage, et la promesse du versement sur une période de huit ans de la sommes de 100.000 fr placée à 5% d’intérêt, en biens propre Gustave apportait 100.000 fr en argent comptant, une bibliothèque dont les volumes concernaient les sciences, belles-lettres, littérature et histoires et comprenait des manuscrits et autographes, estimée avec les meubles à 40.000 fr, une collection d'armes, statues, bronzes (dont des bols antiques provenant des fouilles de Penhoët), tableaux, estimés à 5.000 fr, le mobilier d'une chambre à coucher en noyer ciré estimés à 3.000 fr, pour 4.000 fr de vêtements, linge de maison et argenterie, un cheval de selle estimé 2.000 fr, avec son équipement à 1.000 fr. Dolorès apporta un trousseau d'une valeur de 16.000 fr, (habits, vêtements, linges et effets à son usage personnel 3.000 fr ; bijoux, châles, dentelles : 10.000 fr ; piano à queue 3.000 fr), 10.000 fr le jour du mariage, et une rente annuelle de 2.500 fr payable par trimestres avec réserve de versement du capitale d'une valeur de 50.000 fr. Les sommes, (à l’exception des 3.000 fr de la mariée et de son trousseau), devaient revenir aux familles en cas de décès sans enfants. La communauté était réduite aux acquêts, en cas de séparation, Dolorès avait la possibilité de récupérer sa dote et de garder tout ce qu'elle aurait hérité ou reçu durant l'union, ce point la sauvera de la ruine en 1907 quand elle se sépara de Gustave. (En comparaison un ouvrier travaillant 15 heures par jour, 6 jours par semaine, pouvait espérer un mieux un salaire annuel de 1.450 fr, et une ouvrière 700 fr).
Signatures du contrat de mariage du 24 juillet 1880. On distingue : Dolorès des Vallières, Gustave Bord, Luisa des Vallières, Louis Sazerat (tante maternelle de Gustave), Alcide Bord et Josephine Bord, Caroline Sazera (grand-mère maternelle qui précède son nom de " veuve"), Anatole des Vallières, Jeanne des Vallières (sœur de Dolorès), Jeanne Bord (sœur de Gustave), une signature illisible et celle du notaire.
Le mariage religieux fut célébré en l'église Saint-Nazaire le 26 juillet 1880 par le parisien abbé Auguste Touchet, Gustave fit publier en 1885 son allocution, avec celle que le même avait faite au mariage de sa sœur Jeanne, en 1884. Ils se domicilièrent à Saint-Nazaire rue de La Paix dans la maison des Bord, (Alcide ayant fait l'acquisition pour lui et son épouse du 38 rue de Grande-Bretagne près du Remblai), où naquirent :
- Henri-Louis-Georges Bord, né le 30 avril 1881 à Saint-Nazaire, bachelier, vivant avec sa mère à partir de 1907 jusqu'en 1910, il demanda par publication au Journal officiel du 20 octobre 1908 à prendre le nom de " Bord de Pierrefitte " ce qui lui sera refusé. C'est cependant sous ce nom qu'il prit part à la cérémonie de mariage de sa cousine Magdeleine Blondel le 27 novembre 1909 comme le témoigne un article du Gaulois paru le lendemain. Il prit un logement en 1910 Paris, 1 square Alboni, et débuta une vie mondaine qui lui fit côtoyer le gratin parisien. On le trouve ainsi cité comme participant au fameux bal donné par le comte et la comtesse de Bonvouloir en leur château de Magny-en-Bessin en août 1912. Il vivait chez sa mère à Rabat à la déclaration de guerre. Dispensé du service militaire en 1903, 1904 et 1905, pour "un fibrome douloureux à la fesse gauche ", à la mobilisation générale, il rejoignit, e 4 août 1914, la Compagnie Territoriale de la Région de Rabat et fut ensuite affecté à la Subdivision de Fez le 1er avril 1916 et fut décorer de la médaille Coloniale du Maroc, et reçu le titre d'entreposeur de tabacs (Décision 2701 du 22 avril 1917 du Général Commandant la Subdivision de Fez, le général Just Cherrier). Il y fréquenta le maréchal Lyautey et son épouse, Ines, avec qui Dolorès s'était liée. Au décès de Dolorès il continua des résider au Maroc jusqu'à sa complète démobilisation en mars 1919, il regagna alors son adresse parisienne. Il hérita de sa mère le manoir du Bon-Don. En mai 1923 il séjourna à l'hôtel des Anglais à Menton sous l'identité de " Henri-Georges Bord de Pierrefitte ", et rencontra le prince Louis II de Monaco qui cherchait un nouveau chambellan. Le maréchal Lyautey, répondant le 23 décembre 1923 à une demande de renseignement du Prince à son sujet, en avait brossé un portrait flatteur : " […] Il est charmant, très droit, consciencieux, d’une probité absolue - il a un goût remarquable au point de vue arts, intellect, organisation -et je l’ai largement utilisé dans les ordonnances, une personne mieux que lui ne peut mieux. Il a des façons charmantes, qualité élevée d’une mère honorable avec qui ma femme fut liée et qui a été enlevée brusquement il y a quelques années. Il a été pour elle le meilleur des fils […] ", et expliqua son départ du Maroc " en raison du climat qui ne convenait pas à sa santé " (renseignements fournis par le Palais de Monaco). Par Ordonnance souveraine du 4 janvier 1924, le prince Louis II de Monaco fit Georges Bord de Pierrefitte chambellan. Cette fonction lui permit de rencontrer plusieurs personnalités du monde politique et des cours européenne, notamment le roi de Suède, Gustaf V. Durant ce laps de temps, et ce malgré ses obligations officielles, sa vie mondaine s'intensifia en France. Il fit de nombreux séjours au château de Marchais, résidence de plaisance du Prince en France. La famille princière avait de l'estime pour Georges. Le comptes rendus dans le journal officiel de la Principauté révèlent que le Prince Louis II, la princesse Charlotte et le prince Pierre, lui faisaient prendre part à leurs repas officiels ce qui est peu commun pour une cour, surtout devant des souverains étrangers dont les étiquettes étaient plus rigides. En août 1925 il se rendit à Vannes avec son frère pour assister aux funérailles de son grand-père maternel. Le 26 novembre 1926, Georges proposa sa démission au Prince en raison d'accusations portées à son encontre par un valet du château de Marchais qui lui reprocha d'avoir eu envers lui un "comportement déplacé ". Le Prince, ne voulant croire à la véracité des accusations, refusa au début la démission, puis, après quelques semaines, lui demanda finalement de la représenter. Lui gardant sa haute considération, le Prince lui accorda un congé avec solde pendant un an afin de ne pas le mettre " dans une situation financière trop difficile ". Il est indiqué dans les archives du Palais de Monaco, Georges tomba malade et affichait un état de faiblesse important quand éclata l'affaire. Il prit congé le 22 décembre 1926. Le prince demanda une enquête complémentaire, il semble, à la lecture de la correspondance du Souverain, qu'il était désireux de conserver son chambellan dont il était satisfait. Hélas, les accusations portées par le valet furent confirmées par le Régisseur du château de Marchais qui révéla d'autres incidents avec des fermiers, des ouvriers, deux cantonniers âgés de 52 et 56 ans, ainsi que par des témoignages parvenus du Maroc obtenus par Marc Mallet, directeur de la Sûreté publique de Monaco, suivant une lettre du 3 janvier 1927 adressée à monsieur Teuly, directeur de la Sûreté générale au Maroc. Teuly expliqua que Georges fut nommé entreposeur de la Régie des tabacs à Fez sur intervention du maréchal Lyautey, " après un stage assez court, emploi dans lequel il se montra assez nul. Très mondain, il s'occupait davantage de réunions élégantes qu’il organisait avec succès et grâce aux relations très suivies qu’il entretenait avec le Général Commandant la région. En raison de son incapacité et de ses négligences,il fut conduit à démissionner et reçut en compensation une gratification qu’on évaluait à 25.000 fr. Il disparut aussi tôt. " (réponse du 14 janvier 1927 ; Archives du Palais de Monaco). Par ailleurs, Teuly confirma l'homosexualité de Georges et renseigna que Georges fréquentait intimement Maurice Tranchan de Lunel, architecte de renom, homosexuel et opiomane notoire, qui au Maroc occupait les fonctions d'Inspecteur général des Beaux-Arts. Si l'homosexualité avérée de son chambellan, ne choqua pas le Prince, l'attitude que Georges avait envers les hommes pour qui il ressentait du désir était faite de telle manière qu'il n'était pas possible de le rétablir. Sa démission fut rapidement entérinée. Dès le début de l'année 1927, Georges, retourné dans son appartement parisien, fut plus rare dans les chroniques mondaines et ne figura plus dans les annuaires mondains en 1929. A partir de sa démission, il ne fréquenta plus que des goûtés-bridge, des après-midi musicaux, des conférences organisées par la Fédération des Artistes français, à quelques soirées offertes par des aristocrates parisiens dont l'homosexualité n'était pas un mystère. Sa subsistance semble avoir été assurée par l'année de salaire accordée par le prince Louis II et la vente du manoir du Bon-Don à la famille Lessoile, (passé par alliance dans la famille Mahé). Georges disparut des chroniques mondaines vers 1933. Il fut le seul membre de la famille assistant aux obsèques de Gustave le 23 avril 1934 à Saint-Malo, et à l'inhumation le 24 avril à Saint-Nazaire ; reclus en son logement du 16 Square Alboni à Paris 16, sa fin de vie reste mystérieuse, il décéda le 2 février 1941 à la clinique Oudino à Paris (07), son frère Jacques étant par la suite évasif à son propos. Il a été inhumé dans la chapelle des Bord à Saint-Nazaire, mais aucune gravure ne l'indique.
- Henri-Sylvain-Jacques Bord, né à Saint-Nazaire le 6 août 1882, vivant avec sa mère à partir de 1907, il figure dans les annuaire mondains de cette époque sous le nom de Bord de Pierrefitte, mais c'est sous le nom de Bord, que vivant, depuis 1913, 14 rue de Tocqueville à Paris, (à quelque pas de l'appartement de la femme de lettre nazairienne Marc Hélys), et déclaré comme " homme de lettres " de profession, qu'il se maria à Versailles le 5 mars 1915 avec Lucrèce Protopopesco, née le 29 octobre 1884 à Roman, județ de Neamț, circonscription de Moldavie, en Roumanie, déclarée dans l'acte comme vivant 71 avenue de Wagram à Paris, sans profession, fille de de Vasili Protopopesco, militaire, et de Lucrèce Protopopesco, tous deux décédés ; le jour de leur union, Jacques déclara reconnaître comme sienne la fille que son épouse avait eu, Irène Protopopesco, née le 27 mars 1902 à Roman en Roumanie ; ce mariage, contracté sans contrat, fut annulé par jugement du tribunal civil de la Seine le 22 avril 1922. Durant la Première guerre mondiale, il est nommé brigadier, (25 octobre 1914), est affecté à l'équipe des bombardiers du 3ème Corps d'Armée le 5 mars 1915, passa au 59ème Régiment d'Artillerie le 2 juin 1915, puis 83ème d'Artillerie le 14 jan 1916, passa le brevet de pilote d'avion lourd (n°5336) le 19 mars 1917 (confirmé par le Comité Départemental de la Seine le 6 décembre 1937. Rayé du personnel navigant de l'Aéronautique le 13 mai 1927), il fut nommé sergent le 2 septembre 1917. Retourné à Paris, il prit domicile avec son épouse Lucrèce au 6 rue Théodule Ribot, ans le 17ème. Puis il partit au Maroc, à Meknès, où il fut sous-directeur de l'Entrepôt des Tabacs, sans son épouse restée à Paris. au Maroc, il prit à l'imitation de son frère la nom de Bord de Pierrefitte. C'est du Maroc qu'il signa, sous le seul nom de Bord, l'acte authentique autorisant Irène, sa fille légitimée, alors mineure, d'épouser le 6 octobre 1926, à Paris 17ème, Charles-Emiles-Paul Gauthier, (Asnières-sur-Seine le 28 décembre 1895 - Luynes 1er janvier 1980), croix de guerre, directeur des affrètements maritimes de la maison Daher. Ce mariage annulé par jugement du tribunal de la Seine le 23 mai 1933 et l'on ignore ce qu'il est advenu d'Irène. A son retour en France en octobre 1923, Jacques, séparé définitivement de Lucrèce, s'établit 9 rue Fanny Pecot à Nantes, il fut alors employé comme inspecteur par la société la Société foncière du Nord, et l'était encore quand il tua par accidentellement en août 1929 Juliette Loisel, une enfant de trois ans qui échappa à sa mère et traversa devant son automobile à proximité du village de Bel-Air en Miniac-Morvan (35). En août 1925 il assista aux funérailles de son grand-père maternel, c'est la dernière fois qu'il participa à une réunion familiale. C'est sur présentation d'un acte de réputation au nom de Bord de Pierrefitte qu'il justifia de son identité quand il reconnut le 7 septembre 1926 comme son fils Philippe-Jacques-Gabriel Garnier, né à Paris 8e le 28 août 1926, qu'il eut Gabrielle-Anne Garnier ; Philippe-Jacques-Gabriel Bord de Pierrefitte, décorateur, se maria le 20 octobre 1949 à Marseille avec Régine-Mathilde-Alphonsine Guillermain, née le 21 novembre 1923 à Marseille, décédée le 18 novembre 2013 à Marseille (d'où postérité) ; Philippe décéda le 10 décembre 1955 à Paris 12e sous le nom Bort de Pierrefitte. Jacques partit vivre au Maroc avec son fils et sa concubine durant quatre années et était déclaré en 1937 domicilié à Paris 36 rue de l'Abbé Groult (15e). C'est toujours sur présentation de son acte de réputation que Jacques se remaria sous le nom Bord de Pierrefitte à Marseille le 28 septembre 1940, suivant un contrat de mariage du 14 septembre chez maître Cachia, notaire à Marseille, avec Gabrielle-Anne Garnier, née le 8 décembre 1899 à Salon-de-Provence, décédée à Marseille le 20 décembre 1982, fille de Raymond Garnier et de Jeanne Joséphine Magdeleine Lugeyre, mère de son fils, légitimé de fait par ce mariage ; Jacques était alors agent général de L'Illustration et résidait 448 rue Paradis. Il décéda sous le patronymique Bord de Pierrefitte le 22 janvier 1971, en son domicile du 153 boulevard Chave à Marseille. Il n'eut pas au contraire de son frère de vie mondaine. On ignore s'il eut d'autres enfants ni quelles furent ses publications littéraires. A la fin de sa vie une tumeur lui avait perdre l’œil droit et portait donc, comme son père un œil de verre.
A la naissance de ses fils, Gustave se déclara sans profession.
Dolorès Bord en 1917 à Rabat, détail d'un portrait par Jean de Gaigneron, (coll. privée).
En 1885 Gustave Bord avait pris location d'un appartement au 55 avenue des Champs Élysées à Paris, à l’angle de la rue de La Boétie, et à partir de 1897 il fit publier dans l'Annuaire des châteaux, qu'il résidait au château des Charmilles à Saint-Nazaire, en plus de son adresse parisienne, qui, en 1899, changea pour le 60 rue de Londres, face au pont de l'Europe, au 32 rue La Boétie en 1903, puis en 1906, le couple et leurs fils résidaient au 145 rue de La Pompe dans le quartier de l'Etoile. Il n'était pas propriétaire de ses logements parisiens, l'immeuble de la rue de La Pompe appartenait à la Compagnie d'assurance sur la Vie. Son adresse nazairienne figurait dans les carnets mondains comme sa résidence d'été chaque année dès les 29 juin ; il retournait à Paris en septembre.
Le château des Charmilles était meublé avec goût, même si les meubles acquis par le couple Gustave-Dolorès étaient de facture industrielle dans le style " néo-Louis-XIII " alors en vogue, en noyer, très coûteux à l'achat, sans une valeur marchande particulière de nos jours. (Ce mobilier fut vendu avec la maison au Raffeageau, le dressoir de la salle à manger ainsi que la table ronde et ses chaises sont toujours à Saint-Nazaire chez des propriétaires différents. Les chaises portent sur le cuir de leur dossier les lettres BV enlacées, pour Bord-Vallières). Gustave était lui un collectionneur, instruments de musique, objets d'art et de curiosités de la fin du 18e siècle s'entassent dans les pièces du château, et surtout il possédait une importante bibliothèque de 20.000 volumes et une collection réputée de manuscrits révolutionnaires, ce qui lui permit de devenir membre de la Société des Bibliophiles Bretons. Son appartement parisien comportait une vaste bibliothèque où il recevait. Ajoutons qu'en 1903, George Desvallières, fit le portrait de Dolorès sous le titre de " Portrait de madame Dolorès G. Bord ". Dans ce portrait en pied, sa cousine figurait dans une toilette très élégante avec une cape d'hermine. Dolorès en fit don à sa sœur Jeanne-Marie des Vallières, (Ville d'Avray 26 septembre 1863 - Paris 29 octobre 1924), épouse d'Albert-Louis Blondel. Transmis ensuite à des nièces par alliance, la toile est malheureusement amputée dans les années 1980 afin d'entrer dans un appartement moderne, passant des dimensions 110 x 80 cm, 43 x 31 in., à 75 x 61 cm, 30 x 24 in., (cf. Ambroselli de Bayser, Catherine, avec la collaboration de Thomas Lequeu et Priscilla Hornus, George Desvallières, Catalogue raisonné de l'œuvre complète, Paris : Somogy éditions d'art, décembre 2015. T II, p. 171, CR 828).
Gustave Bord et son épouse laissèrent à Saint-Nazaire l'image des personnes généreuses. Gustave fit de nombreux dons pour financer l'entretien de l'église Saint-Gohard que son père avait contribué à construire. En 1897, à la création de la salle 6 de l'Hôpital, dite salle Sainte-Anne, il donna les 5.000 fr que nécessitaient l'achat du mobilier, avec condition qu'on n'y retira jamais du mur le crucifix qu'il offrit.
En juillet 1905 Gustave perdit l'œil droit suite à l'apparition d'une tumeur (son fils Jacques connut le même sort). Cette maladie ne l'empêcha pas de poursuivit plus ardemment ses activités littéraires, politiques, et antimaçonniques. Gustave perdit peu à peu le bon sens et la raison, il devint totalement fanatique, persuadé d'un complot perpétuel de la franc-maçonnerie contre le Roi, l'Eglise et la France sa fille aînée. La loi de 1905 qui sépare l'Eglise et l'Etat, la réforme des congrégations qui entraîna l'exil de millier de religieux, et surtout les inventaires des églises qui furent l'objet d'affrontements entre gendarmes et paroissiens, finissent de le conforter dans sa paranoïa, il associa dans son esprit la République et franc-maçon, au point d'affirmer que si l'on supprimait le principe d'égalité les loges-maçonniques disparaîtraient, le tout soutenu par de longues théorisations alambiquées nourries des écrits d'Augustin Barruel. C'est aussi en 1905 qu'il se retrouve en faillite en raison de ses dépenses somptuaires et de désintéressement à se constituer des revenus, et ce malgré une tentative de relancer l'activité de son entreprise en se rendant adjudicataire des travaux de réalisation des deux jetées de la nouvelle entrée du port, au côté de Nouteau, projet pour lequel il avait gagé ses biens auprès de son agent de change parisien, H. Lestiboudois, pour une somme très inférieure à leurs valeurs réelles. Gustave se montra incapable de diriger le chantier ; un effondrement due à des malfaçons lui fit perdre son investissement. Ne pouvant poursuivre les travaux ni rembourser son emprunt, le 18 avril 1907 H. Lestiboudois devint propriétaire de tous ses biens gagés, qu'il revendit immédiatement ; ainsi, le 29 avril 1907 le Lola fut vendu à Southampton, vendu aussi le bois de La Ville Allain, et la vigne du même nom, plusieurs bois, terres et vignes, dont celles de La Falaise qui constituaient la pointe de la Ville-ès-Martin, et surtout le château des Charmilles avec son mobilier fut acquis par Pierre-Augustin marquis de Montaigu, député, ami de Gustave, qui le revendit presqu'aussitôt au docteur Raffegeau, médecin spécialisé dans le traitement de la dépression et des troubles psychiatriques, qui depuis de nombreuses années habitait une partie de la l'année à Balz, (voir seconde partie). Le contenu de sa bibliothèque fut acheté par la marquise de Mac Mahon d'Éguilly, née Henriette de Pérusse des Cars, (La Roche-de-Bran 28 octobre 1833 - Paris 31 décembre 1911), puis elle passa en 1925 aux mains du collectionneur et historien Henri Parguez et enfin à l'Université de Princeton, (USA - New Jersey). Identifiée comme Collection Gustave Bord, elle comporte des livres, de la correspondance, des documents juridiques, des cahiers et des notes sur l'histoire de la France, sur une période allant de 1626 à 1877. Si le ce fond est surtout constitué de documents ayant attrait à la Révolution française, il comprend un grand nombre de volumes de poésies du 19e siècle, des livres concernant les Pont-et-Chaussées ayant appartenu à Alcide, et les papiers de historiques de la famille Bord quand elle résidait à La Châtre.
Gustave, qui passait pour l'un des hommes les plus riches du canton de puis la mort d'Alcide en 1888, et pour " le millionnaire de la famille " pour les cousins de son épouse, se trouva fort démuni. Après une violante dispute, il fut contraint de quitter le logement familial sous pression de ses fils et de sa femme avec qui il eut une altercation physique. Il prit un logement au 90 avenue Niel, et Dolores obtint la séparation afin de sauver ce qui reste de sa fortune personnelle, comme le lui permettait le contrat de mariage signé en 1880. Elle prit dans le monde le nom de Bord de Pierrefitte, que reprirent ses fils, au grand étonnement des Nazairiens et Parisiens qui la recroisèrent plus tard. Elle se domicilia avec ses enfants en 1909 au manoir du Bon-Don à Vannes (en réalité Bondon), un pavillon agrémenté d'une tourelle et d'un corps de ferme dans un vaste parc entouré de hauts murs, qui fut le siège d’un couvent de carmes fondé par le duc Jean V, et conserve la location du 145 rue de la Pompe à Paris.
Médaille commémorative de la Fête de la fédération du 14 juillet 1790 incorporée dans une horloge de bureau, seule pièce de la collection de Gustave Bord à avoir été conservée.
A partir de 1908, Gustave n’apparut plus dans les annuaires mondains. Il fut fortement éprouvé par sa faillite, il troua réconfort et subsides auprès de sa tante Louise Sazerat qui vivait à Saint-Nazaire, comme en témoigne la dédicace de son livre " La Franc-maçonnerie en France " paru cette année-là.
Dans l'acte de mariage de son fils Jacques le 5 mars 1915, Gustave est déclaré domicilié 19 boulevard Berthier à Paris, Dolorès domiciliée à Rabat au Maroc. En effet, Dolorès était partie en 1913 avec Georges créer une affaire commerciale non déterminée dans ce pays, dont on sait par le rapport Teuly déjà cité, qu'elle " ne tarda pas à sombrer ". Teuly, qui décrit Dolorès comme " une femme très intelligente ", la désigne comme " veuve ", et renseigne qu'elle fut nommée par l'intermédiaire de Lyautey, et plus exactement de l'épouse de celui-ci avec qui Dolorès s'était liée, inspectrice des écoles indigènes.
Par la suite, la guerre et la dévaluation du Franc ayant fini de lui faire perdre à Gustave ses derniers revenus, et malgré l'héritage que lui a laissé sa tante Louise-Charlotte Salzerat, il fut contraint de s'établit à Saint-Malo où on lui avait offert le poste de professeur d'histoire à un collège libre, occupant un modeste appartement 2 rue Sainte-Marguerite, dans la ville close, ce fut sont dernier domicile. L’Académie française lui attribua le prix Xavier-Marmier, d’une subvention de 850 frs, en 1931, afin de l’aider à continuer ses travaux historiques ; il fut aussi aidé épisodiquement par Georges Montorgueil, et il contribua ponctuellement au journal Le Salut : Gazette de Bretagne. On ne reparla de lui à Saint-Nazaire qu'à la suite de la publication dans la presse d'une lettre qu'il avait adressée le 6 avril 1926 au Courrier de Saint-Nazaire. En mars précédent le Conseil d'administration de l'hôpital avait fait retirer les crucifix qui se trouvaient dans les salles. Gustave Bord fit rappeler qu'il avait payé un crucifix ainsi que tout l'aménagement de la salle 6 et que l'hôpital s'était alors engagé à respecter la présence du Christ en croix qui s'y trouvait. Dans le cas contraire, l'hôpital se devait de verser 5.000 frs à partager entre les Petites sœurs des pauvres, la paroisse Saint-Gohard, la maison de la Providence à Saint-Marc, et les sœurs de Saint-Vincent-de-Paul à Saint-Malo. Le Conseil fit remettre le crucifix qui resta en place dans la salle 6 qui y resta jusqu'à la destruction de l'hôpital durant les bombardements. Une nouvelle publication en 1930, financée par Le Courrier de Saint-Nazaire et publiée par lui par son imprimerie, " Grandes et petites légendes ", passa localement inaperçue, car presque non-concernant la Bretagne, et absolument pas Saint-Nazaire. La quatrième page de couverture de ce livre comporte la mention de onze publications majeures de Gustave, mais à l’exception de quatre, elles sont indiquées comme étant épuisées, y compris son livre sur la Franc-Maçonnerie. Gustave ne touchait presque plus de droits d'auteur. A Saint-Malo il était un vieux monsieur discret qui passait son temps aux archives de la ville et rédigeait des mémoires. Il avait parfois la visite d'érudits locaux, et les dernières années un ancien élève venait quelques heures par semaine pour ses courriers et lui faire la lecture, car il était devenu presque aveugle de l’œil qui lui restait. Il décéda dans une grande misère.
Alcide Bord avait fait bâtir en 1879, pour lui et les siens, une chapelle funéraire au cimetière de La Briandais. C'est plus grosse concession de la ville. Elle mesure au sol 6m x 4m40 (26m²40) et culmine à 5m au point le plus haut (croix sur le toit). Toujours existante en 2012, elle fait face au portail d'entrée au bout de l'allée principale. Elle est construite dans le même granite que les quais de Penhoët, et avec la même méthode de jonction à l'aide de pitons de bronze. Les archives municipales sont muettes à propos des corps inhumés, est les gravures à l'intérieur sont presque illisibles et incomplètes, mais on sait la présence dans le caveau les cendres d'Alcide et de son épouse Marie-Joséphine, née Salzerat, et de leur fils Louis, ainsi que des restes de membres de la famille Salzerat, rapportés de Limoges : Jacques dit Louis-Jacques Salzerat, père de madame Bord, déjà cité, et son épouse Charlotte-Caroline Cacatte, déjà citée ; deux frères de madame Bord : Antoine-Aimé Sazerat son fils, né à Limoges le 5 mars 1829 (déclaré le lendemain), décédé à Nexon le 26 mai 1829 et Pierre-Gustave Sazerat, né à Limoges le 5 février 1828, décédé à Limoges le 11 mai 1842, ainsi que leur sœur Charlotte-Louise Sazerat, née à Limoges le 6 août 1837 (déclarée le lendemain), décédée à Saint-Nazaire le 19 septembre 1919 (51 rue Villès-Martin). Enfin, quoiqu’aucune gravure ne le cite, Gustave Bord repose lui aussi dans cette chapelle. Après une messe d'obsèques le 23 avril 1934 à Saint-Malo, son corps fut transporté de Saint-Malo pour être inhumé le 24 avril 1934 à Saint-Nazaire en présence de son fils Georges qui avait fait le déplacement seul depuis Paris. D'anciens employés, des gens qui avaient bénéficié de ses largesses, quelques royalistes nazairiens, la famille Nouteau, des religieuses de l'hôpital, la veuve de Raymond Gasnier ancien maire, le peintre Charles Beilvaire, et A. Bernard, directeur du Courrier de Saint-Nazaire, journal de droite-catholique, virent lui rendre hommage. Jean de Pange lui consacra un article hommage, sous le titre " Gustave Bord et la franc-maçonnerie ", totalement antimaçonnique, en première page du journal La Croix du mercredi 20 juin 1934, et y affirma que le manuscrit du second tome que Gustave consacrait contre les Francs-Maçons, avait disparu à l'imprimerie où il avait été envoyé.
La chapelle funéraire de la famille Bord, (photo Galahad L.)
Bord de Pierrefitte ?
Comme nous l'avons expliqué, les Bord sont issus d'une famille du Berry enrichie par les politiques de grands travaux et de modernisation de la France au 19e siècle. Mais d'où vient cette particule et ce nom de terre que Dolorès, femme séparée de Gustave Bord, et ses fils portèrent dans le monde, puis à l'état civil ?
Pour comprendre, il faut savoir avant tout qu'il exista en Limousin une famille chevaleresque du nom de Bort, avec une particule et un T et non un D à la fin de son patronyme, qui posséda la seigneurie de Bort-les-Orgues en Corrèze. Cette très ancienne famille noble s'illustra durant la quatrième croisade, fonda le monastère de Bort, donna des chevaliers à l'Ordre du Temple qui seront appelés à témoigner lors du fameux procès intenté à l'Ordre par Philippe le Bel. Très riches et très puissants, ils héritèrent par mariage de la seigneurie de Pierrefitte, où dès 1471, Charles de Bort, gentilhomme de la Chambre de Charles VIII, époux d'Antoinette de Saint Avit, ordonna la construction en cet emplacement du château de Pierrefitte située maintenant sur la commune de Sarroux en Corrèze, où durant trois siècles, dix générations de Bort se succéderont dans une admirable résidence médiévale toujours existante. Cette famille s'éteignit avec deux frères, Léonard-Antoine de Bort de Pierrefitte, (1758-1822), qui n'eut de Béatrice de Laforet-Bulhon, un fils, Jean mort jeune, et une fille, Sophie Antoinette, épouse de Guillaume de Lagrange, (qui ne laissa elle-même que deux enfants morts jeunes), et Octavien de Bort de Pierrefitte, né en 1767, chevalier de Malte, fait prisonnier par les troupes de Bonaparte en 1798 au siège de La Valette, et qui sous la Restauration fut maire de la ville de Bort de 1816 à 1830. Resté célibataire, il décéda très âgé le 14 novembre 1859. Le nom de Bort de Pierrefitte s'éteignit, mais il subsistait une branche, celle de Tessonnière, issue de Charles de Bort, seigneur de Pierrefitte, et de Louise de Murat, nommée de Bort à l'état-civil, ayant des droits sur le nom de Pierrefitte (cette famille est toujours existante).
A sa séparation d'avec Gustave en 1907, Dolorès et ses fils prirent le nom de Bord de Pierrefitte et les armoiries de cette famille, d'or au sautoir de gueules, (blasonnement de l'enregistrement du 27 février 1699 à l'Armorial général, cependant la famille de Bort de Pierrefitte portait en réalité le sautoir denché). L'homophonie patronymique et le lieu de naissance de Gustave furent suffisants pour asseoir leurs prétentions.
C'est Georges qui, nous l'avons écrit plus haut, fit la demande de changement de nom publiée au Journal officiel du 20 octobre 1908. La demande ne fit pas l'objet d'un décret, elle fut donc refusée faute de preuves de filiation recevables, et parce qu'elle consistait en une usurpation. Jacques, nous l'avons écrit plus haut, présentait pour papier d'identité un acte de réputation, (acte dressé devant notaire en présence de deux témoins certifiant), il reconnut son fils sous le nom Bord de Pierrefitte, faisant passer le nom officiellement, mais c'est toujours sur présentation de son acte de réputation qu'il se remaria en 1940. Son acte de décès et celui de son épouse furent dressés au nom de Bord de Pierrefitte. Il ne semble pas avoir obtenu de rectification d'état civil.
demande de changement de nom émise par Georges Bord, Journal officiel du 20 octobre 1908
Gravure aux armes des Bort de Pierrefitte sur le briquet de Jacques Bord.
Notes :
La famille Lefebvre des Vallières porte depuis le 18e siècle : d'azur au chevron d’or accompagné de deux épis de blé tigés et feuillés d'or en chef, couchés dans le sens du chevron, et d’une fève de haricot d'argent en pointe.
La famille de Barberia, (Navarre) : écartelé ; au 1, d’or à un arbre de sinople devant et derrière le fût duquel passent deux loups de sable ; au 2, de gueules à deux faces d’or, accompagnées en pointe d’un chaudron de sable ; au 3, d’argent à la croix alésée de sinople, cantonnée de quatre cœurs de gueules (alias chaque travée appointée d’un cœur de gueules) ; au 4, d’or à un arbre de sinople contre le fût duquel rampe un loup de sable.
La famille Salamero, (Navarre) : de sinople au bélier d’argent ; à la bordure d'or, chargée de huit cœurs de gueules, transpercés chacun en face par une fléchet de sable.
Sévérino de Barberia, sujet espagnol, fut de 1856 à 1858 consul d’Espagne à Gibraltar (acceptation de l’exéquatur par la reine Victoria le 30 août 1856) ; de juillet 1858 à 1861 consul de Parme à Marseille (l’Espagne se chargeait alors de la représentation diplomatique de Parme) ; de 1861 à 1864 consul d’Espagne à Alexandrie (le 12 février 1863, durant les tentions entre musulmans et chrétiens, ayant assisté en uniforme à la proclamation de l’avènement d’Ismaïl Pachas à la citadelle d’Alexandrie, il fit cracher dessus alors qu’il regagnait sa voiture) ; et en 1864 consul d’Espagne à Bordeaux (exéquatur au journal début juin).
(Sources : Archives de Saint-Nazaire, Paris, et Marseilles ; BNF ; René Kerviler, Répertoire général de bio-bibliographie bretonne, 1899 ; Histoire de Saint-Nazaire par Fernand Guerrif ; Annuaire des Châteaux, 1898 à 1935 ; L'intermédiaire des chercheurs et des curieux, 1938 ; La franc-Maçonnerie, Christian Jacq, Paris, Robert-Laffont éditeur, 1975 ; Ésotérisme, occultisme, franc-maçonnerie et christianisme aux XIXe et XXe siècles. Explorations bio-bibliographiques, Marie-France James, Paris, Nouvelles Éditions latines, 1981 ; Archives du Courrier de Saint-Nazaire ; Journal officiel ; Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin ; Archives du Palais de Monaco ; sources orales et écrites de la famille Bord et de ses parentés de la famille et de celles de ses anciens employés. - Remerciements particuliers à monsieur G.M. qui nous a fourni de nombreux détails et documents, ainsi qu'à madame Catherine Ambroselli de Bayser.)