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Brière

  • Saint-Nazaire cité briéronne, deuxième partie.

    18 septembre 1538, les Nazairiens sont déclarés co-propriétaires la Grande Brière.

     

    Le roi François Ier (1) confirma dans leur pleine jouissance et leur pleine propriété du marais les habitants de quatorze paroisses suivantes : 

    Besné, Crossac, Donges, Escoublac (2), Guérande, Herbignac, La Chapelle-Launay, Missillac, Montoire-de-Bretagne, Pontchâteau, Prinquiau, Saint-André-des-Eaux, Saint-Lyphard et Saint-Nazaire

    Les paroisses firent place aux communes après la Révolution, et certaines furent subdivisées en d'autres communes au cours des 18e et 20e siècles, atteignant en 2012 le nombre de 21 municipalités :

    Besné, Crossac, Donges, La-Baule-Escoublac (3), Guérande, Herbignac, La Chapelle-Launay, La Chapelle-des-Marais, (érigé en paroisse détachée de celle de Missiliac le 10 juin 1771), Missillac, Montoir-de-Bretagne, Pontchâteau, Pornichet (détaché de Saint-Nazaire le 9 avril 1900), Prinquiau, Saint-André-des-Eaux, Saint Joachim, (détaché de Montoire-de-Bretagne en 1790), Saint-Lyphard, Saint Malo de Guersac (détaché de Montoir- de-Bretagne 14 novembre 1925) Sainte Reine de Bretagne, (détachée de Pontchateau en 1791), Saint-Nazaire, Trignac (détaché de Montoir-de-Bretagne le 31 mars 1914), et La Turballe (détachée de Guérande en 1865).

     

     

    Janvier 1629, confirmation de la propriété de la Grande Brière

     

    Par lettres-patentes de janvier 1629, Louis XIII confirma les paroisses dans leur pleine possession de la Grande Brière (4).

     

    28 janvier 1784, le Roi Louis XVI reconnaît la pleine propriété et jouissance de la Grande Birères aux quinze paroisses

     

    Un projet d'assèchement des marais avait été entreprise dans l'ensemble du royaume de France, il fut projeté de faire de même en Bretagne, mais les habitants de la Grande Brière et des paroisses limitrophes s'y opposèrent, faisant valoir de leur droit ancien d'exploitation. Le Conseil du Roi rendit un arrêt le 13 janvier 1784 en leur faveur, et le Louis XVI confirma la propriété des marais aux paroisses par lettres patentes :

     

    Pour les habitans des Paroisses de Guerrande, Saint-Liphard, Saint-André et Escoublac en Bretagne

     

    Louis, par la grâce de Dieu, Roi de France et de Navarre, à nos amés et féaux Conseillers, les Gens tenant notre Cour de Parlement de Bretagne, et autres nos Officiers et Justiciers qu'il appartiendra : Salut.

    Nos chers et bien-aimés, les Habitans des Paroisses de Guerrande, Saint-Liphard, Saint-André et Escoublac, en Bretagne, Nous ayant très-humblement fait supplier de leur octroyer les Lettres-Patentes que nous avons ordonné être expédiées sur l'Arrêt rendu en notre conseil, Nous y étant, le 13 janvier présent mois et an, et voulant les faire jouir de l'effet et du contenu audit Arrêt :

    A ces causes, de l'avis de notre Conseil qui a vu ledit Arrêt du 13 Janvier présent mois et an, dont extrait est ci-attaché sous le contre-scel de notre Chancellerie ; Nous avons de notre grâce spéciale, pleine puissance et autorité royale, maintenus et confirmés, et par ces Présentes, signées de Notre main, maintenons et confirmons lesdits Habitans des Paroisses de Guerrande, Saint-Liphard, Saint-André et Escoublac, et tout le Peuple commun des Paroisses voisines de la Brière, dans la propriété, possession et jouissance commune et publique de ladite Brière-motière et terreins contenant des tourbes et mottes à brûler, situés entre et dans lesdites paroisses ; ordonnons par ces Présentes, qu'ils continueront d'y aller et venir, d'y mener, faire conduire et paître leurs bestiaux, d'y couper et prendre des mottes pour leur chauffage, et litières pour leurs bêtes, des roseaux pour la couverture de leurs maisons, et d'en jouir entièrement, librement et propriétairement à l'avenir, comme par le passé, sans pouvoir en être empêchés par personne, et en aucune manière; faisons défenses, par ces mêmes Présentes, à tous Seigneurs de Fiefs, et à tous particuliers de les y troubler, pour quelques causes et sous quelques prétextes que ce soit ; défendons pareillement à toutes personnes de quelques qualités qu'elles soient, de prendre, s'attribuer, appliquer à leur profit privatif, diminuer, altérer, endommager, clorre ou faire clorre aucune partie des terreins tourbeux, et d'en empêcher et augustier les entrées, issues et passages de quelque manière que ce puisse être.

    Donnons par cesdites Présentes plein pouvoir, autorité et commission aux Juges Royaux de Guerrande de veiller et pourvoir à la conservation de ladite Brière, au bon état, entretien et liberté des chemins qui y conduisent, et au bon ordre de l'exploitation et jouissance d'icelle ; même de connoître en première instance, et sauf l'appel en notre Cour de Parlement de Bretagne, des contestations qui pourroient naître concernant ladite Brière. Si nous mandons, que ces Présentes vous ayez à faire registrer, et de leur contenu jouir et user lesdits Exposans pleinement et paisiblement, cessant et faisant cesser tous troubles et empêchements contraires : car tel est notre plaisir.

    Donné à Versailles le vingt-huitième jour de Janvier, l'an de grâce mil sept-cent quatre-vint-quatre, et de notre règne le dixième.

    Signé : Louis (5)

     

     

     

    (1) Et non Anne de Bretagne, contrairement à ce que propage encore une légende.

    (2) Aujourd'hui commune de La Baule Escoublac.

    (3) Nommé d'abord Escoublac, puis Escoublac-La Baule à partir du 1er juillet 1924, puis par décret du 10 mai 1962 La Baule -Escoublac.

    (4) cf. Jacqueline Bodin, Coutumes et pêche en Grandes Brière et au lac de Grand-Lieu, dans Arts et traditions populaires, T. 7e, pp. 8-19, 1959.

    (5) Ces Lettres-Patentes furent enregistrées par le Parlement de Bretagne le 13 mai 1784 ; L'arrêt d'enregistrement fut à son tour enregistré avec l'arrêt du Conseil et les Lettres-Patentes par les Etats de Bretagne le 12 novembre 1784.

     

  • Saint-Nazaire cité briéronne, première partie.

    8 aout 1461, ordonnance de François II sur l'entretien et la propriété de la Grande Brière

     

    Sans titre-1.jpg

    Sceau de Pierre II en 1454, d'après Don Morice.

    coll. comte Jehan-Richard d'A. de P.

     

    La paroisse de Saint-Nazaire est bordée au nord par les marais de la Grande Brière, la prairie inondable de Prézégat, à côté de la gare, en est encore témoin vivant. Ces marais ont été depuis des temps anciens drainés de canaux afin de les rendre exploitables et de pouvoir créer des prairies en leurs bordures. Un lac de rétention, situé dans la paroisse de Montoire, débordait régulièrement, les prairies se trouvèrent inondées et les chemins anéantis en raison de l'absence d'entretien des canaux et des fossés d'écoulements durant les guerres de succession. Les habitants des paroisses voisines, et le vicomte de Saint-Nazaire, Charles de Couëme, s'en plaignirent au duc. François II manda le sénéchal de Guérande de veiller à ce que l'on mette fin aux désagréments (1) :

     

     François, par la grâce de Dieu, duc de Bretaigne, comte de Montfort, de Richemont, d'Estampes et de Vertus, à noz Sénéchal, alloué, et procureur de Guérrande, Salut : 

    De la part de notre bien-aimé cousin et féal le sieur de Cuné (2) et de Saint-Nazaire, nous a été en suppliant exposé qu'il y a certainne manière de lac en la paroisse de Montouer assez prez des pastures situées du coté devers la Brière en notre jurisdiction de Guerrande que par la grande submersion et abondance d'eaux, par défault d'avoir esté curé et tenu nest, ainsi qu'il avoit accoustume, les escours et esservouers anciens quy y souloint estre qui avoient leurs cours, essest, et agout en la mer, puis soixante ans derniers par défault de les nettoyer ont esté empeschez, et à l'occasion de ce, les prairies des environ dont partie sont le domaine du d. suppliant et autre partie de son fié proche et à autres plusieurs nobles de notre pays, sont du tout en tout amisez et réduiz comme à inutilité et non valeur.

    Et aveq ce par l'abondance desdites eaux, le chemin et voye par lesquelles le peuple de la d. paroisse de Montouer et des paroisses de Saint-Nazaire, Saint-André, Escoublac, et autres paroisses voisines souloint et avoient accoustumé aller à laditte Brière dont ils tiroient les mottes pour leur chauffaige et les foîns pour leurs bestes, sont tellement empeschez, que les gens du paîs ne y pouront aller à beufs ne charettes que paravant le souloin faire. Sans le moyen desquelles mottes et foings croissant en ladite Brière le peuple commun des d. paroisses ne se pouront bonnement passer, quelle chose estoit et est au grand préjudice et dommaige du dit suppliant et des dits nobles et sujets de nostre pays, de leurs hommes et de tout le peuple et commun des d. paroisses et des environ, et lesquelles eaux se peuvent bien et convenablement vuider et esseuer cy les dits curées, antiennes estoient nettes et ouvertes, quelles par ce moyen descendroint et auroint leur cheoist en la mer et seroint les chemins par lesquels on va à la dite Bryere tous assechez que les d. choses occupées viendroint à proffit et utilité, et que le peuple en tout temps pourront aller tous à sec et bien aisé à ladite Brière au grand bien et prouffit dud. supliant et autres nobles et sujets de nous-mêmes qui en auroient les rachaptz, et de tout le bien publique de notre dit Païs, nous suppliant sur ce pouvoir et donner nos provisions et convenable remède humblement de nous requérant ;

    Pour ce est-il que nous, les dites choses considerrees voulans le bien et utilité de nos dits féaulx et subjets et du bien publique estre fixamant garder, augmenter, nous mandons et commandons en commettant, se mestier est, ou à deux de vous, vous transporter sur les dits lieux, et appelez en notre compaignie des nobles et autres gens notables des dites paroisses qui peuvent avoir interestz en cette matiere, vous informer, dit donné entendre dessurdit et autrement, bien aplain des dites choses nécessaires à faire en la matière dessurdite pour le bien de nos dits subjets, et aussi de la finance qui sera requise pour y employer ; et ce que par ceux quy y aurez appellez cu la maire et plusieurs parties d'eux trouverez estre convenable et profitable à faire pour l'ustilité de nos dits subjets défaïtes et faïtes faire et réaument exécuter, et la finance que trouverez estre nécessaire pour l'accomplissement de ce que sera ainsy faicte lever réaumant et de fait sur ceux quy y pouront avoir profict au plus utile et moins endommagens que estre pourra par l'aviseman des dessurdits ou la plus saine, partye d'iceux.

    De ce faire duman, nous avons donné et donnons plain pouvoir, authorité, commission de par nous, mandons et commandons à tous nos féaulx et sujets en ce faisant vous obéir et diligemment entendre.

    Donné en nostre ville de Nantes le huict jour d'Aoust l'an mil quatre cens soixante ung.

     

    Et plus bas : est escript par le duc en son Conseil, Raboceau.

     

    Scellé de cire rouge et lacs jaunes.

     

    Collationné par nous Notaires royaux à Nantes soucynez et l'auctantique et présent escryt sur vellen nous aparu.

    Rendu ce six de Mai mil six cent cinquante six.

    Signés sur la minute Jucas, Notaire Royal, et Lesbaupin, aussi Notaire Royal.

    Le mot essevouers retouché approuvé.

     

    Ce texte est fondateur pour les paroisses de grande Brière, car il reconnaît à celles-ci la pleine jouissance des marais, et servira à toutes leurs revendications.

     

     

    (1) Le document original a disparu, mais les archives départementales de Loire-Atlantique conservent une retranscription, certifiée copie authentique en date du 6 mai 1656 ; A.D.44, B 123.

    (2) Lisez : Couëme. C'est donc François de Couësme, baron de Lucé, vicomte de Saint-Nazaire, né en 1424, décédé entre 1488 et 1491.