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Cimetière

  • La Croix de Saint-Nazaire

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    La Croix de Saint-Nazaire, au cimetière de La Briandais, photographie V.D.M.

     

    Au milieu de l’allée principale du cimetière de La Briandais est une croix de pierre au sommé d’une colonne posée sur un piédestal. Cette croix est la Croix de Saint-Nazaire, oubliée des plaquettes historiques municipales. Sculptée au temps de la duchesse Anne, elle figure d’un côté le Christ crucifié, entouré de deux personnages que le temps a rendu inidentifiables, mais qui sont probablement Marie et Jean, et de l’autre côté le corps du Christ sur les genoux de sa mère ; le tout est soutenu par quatre têtes angéliques.

     

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    La Croix de Saint-Nazaire, au cimetière de La Briandais, photographie L.O.M.

     

    La Croix de Saint-Nazaire était initialement une croix de chemin. Elle se trouvait initialement au lieudit Le Grand Pré, à l’emplacement des croisements de la rue du Bois Savary, de La Petite Californie, et Henri Gautier, (endroit qui sera réemployé en 1820 pour édifier un calvaire dont Beilvaire fit un dessin connu des Nazairiens). C’est cette croix, vers laquelle les navires allant à Nantes tiraient une salve d’honneur, dont parle Edouard Richer dans son Voyage pittoresque en Loire-Inférieure, publié à Nantes en 1820, par Mellinet-Malassis. Mais contrairement à ce que croyait Edouard Richet, la croix ne fut pas détruite à la révolution, elle fut en réalité déplacée en 1783.

     

    Du Grand Pré au cimetière de La Porterie :

     

    En 1783 Saint-Nazaire avait deux cimetières : le Grand, autour de l’église primitive, au sommet sur rocher, qui n’était plus utilisé que pour les corps échoués sur la plage ou les suicidés ; et le cimetière de l’église, qui se trouvait plein. En effet, en comté de Nantes, on ne pratiquait le curage des cimetières avec dépose en ossuaire, comme cela était le cas dans l’Est de la Bretagne. Comme il était hors de question de déplacer les morts, il fallut faire le choix d’un nouveau lieu d’inhumation. On demanda au maître chirurgien de la ville, le docteur Jean-Philippe-Emmanuel Pierre[1], son avis, et celui-ci recommanda que l’on choisisse un lieu éloigné de la ville, des sources et fontaines, afin de préserver la population d’épidémie. Le choix se porta sur un jardin, clos de trois côtés de murs, s’ouvrant sur la Loire qui le baignait les jours de forte marée. Son emplacement correspond au boulevard de La Légion d’Honneur et au terrain des anciens frigos, ce qui explique pourquoi, aujourd’hui encore, il n’est pas rare que les cantonniers, quand ils ouvrent une fosse dans cette zone, découvrent des ossements.  Le jardin répondait au nom de La Porterie et appartenait au sieur Dubocher[2] qui l’avait mis en fermage. L’acquisition, avec dédommagement du fermier, fut décidée par le conseil de fabrique le 4 mai 1783, il fut béni le 17 mai, et il y eut en même temps l’interdiction d’inhumer en un autre lieu de la paroisse que celui-ci[3]. Sur délibération du 22 juin 1783, le conseil de fabrique décida le déplacement de la Croix de Saint-Nazaire dans le nouveau cimetière, avec démolition pour réemploi des pierres, du piédestal original. En 1856, il fallut déplacer à nouveau le cimetière qui se trouvait trop près de ce qui allait devenir le port.

     

    De La Porterie à La Briandais :

     

    Le cimetière de La Briandais fut ouvert en 1856. Son acquisition et les travaux qui furent nécessaires à sa fondation coutèrent 20.000 fr[4]. On vida progressivement l’ancien cimetière de La Porterie, et la croix fut déplacée à La Briandais. Mais, parce qu’elle n’était plus dans le goût de l’époque, elle fut déposée démontée le long d’un mur, et rapidement prise par les ronces. En 1890, le cimetière de La Briandais était dominé par un grand crucifix de bois érigé en 1884[5], mais il menaçait de tomber. Par prudence on le démonta. C’est alors que Charles Beivaire[6] suggéra au maire, Fernand Gasnier, de remplacer ce crucifix par la croix ancienne qu’on avait totalement oublié. Le maire fit ériger à nouveau la Croix de Saint-Nazaire, et elle veille depuis à nouveau sur le repos des Nazairiens[7]. Un bombardement, qui toucha le cimetière, la renversa, on la remit en place à la Reconstruction.

    La Croix de Saint-Nazaire est la seule croix ancienne de la ville à ne pas être protégée au titre des Monuments Historiques.

     

     

    [1] Originaire d’Ancenis, il avait épousé Jeanne-Philippe Bouveron. En 1796 il était qualifié d’officier de santé.

    [2] Il ne nous a pas été possible de déterminer s’il s’agit de Mathieu ou de Thomas.

    [3] Notons ici que le terrain dépendait de la seigneurie de La Ville-au-Fèves : http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2012/06/15/la-ville-aux-feves.html

    [4] Cf. Henri Moret, Histoire de Saint-Nazaire.

    [5] La date figure encore aujourd’hui à l’arrière du piédestal de la croix se trouvant au milieu de l’allée principale.

    [6] Lire à ce sujet : http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2014/12/08/charles-beilvaire-un-peintre-nazairien-oublie-5505901.html

    [7] Voir à ce sujet l’article du Courrier de Saint-Nazaire du 27 mai 1939, mais qui comporte des erreurs de date.

  • Des pièces chinoises dans le cimetière

    En 1896, la destruction de la vieille église entraîna le curage du terrain de son cimetière qu'on appelait «  le petit cimetière ». Huit convois par chariot transportèrent les ossements jusqu'au Cimetière de Toutes-Aides1. Dans les gravats il fut trouvé des pièces asiatiques. Quelques-unes furent ramassées par les ouvriers.

     

    A la fin des années 1950, Fernand Guériff, alors en pleine rédaction de son « Historique de Saint-Nazaire », rencontra monsieur Georges Cavaro, dont le père lui avait légué des pièces ramassées en 1896. Les idéogrammes furent alors traduits à sa demande par monsieur Bayle, présenté par F. Guériff comme un expert. Un article parut à ce sujet dans L’Éclair du 7 décembre 1960, dans le cadre de la promotion du livre « Historique de Saint-Nazaire » dont le premier tome venait de paraître. La découverte de ses pièces n'est pas mentionnée dans le Tome I, ni dans le Tome II, en dehors de l'article nommé, il n'existe à notre connaissance que pour seconde mention de cette découverte que celle faite à nouveau par Fernand Guériff en 1987 dans l'ouvrage «  le Vieux Saint-Nazaire », qui précise qu'on trouva aussi des « demi-tournois Louis XIII ». Guèriff se trompait dans la désignation de ces monnaies du règne de Louis XIII, il s'agit de Double Tournois, pièce de cuivre d'un diamètre de 18mm. Concernant les pièces asiatiques, Guériff se trompe encore quand il écrivait qu'il s'agissait de « sapèques chinoises de la fin du 18e siècle, frappées par l'Empereur Ming Mang ». Si ces pièces en laiton2 sont bien des monnaies frappées pour l'empereur Ming Mang,(25 mai 1791 - le 20 janvier 1841), il faut en réalité savoir que l'Empereur en question était souverain du Viêtnam, état fondé en 1802 par son père, et qu'elles ne sont pas des sapèques. Ming Mang régna du 14 février 1820 jusqu'à sa mort. Les pièces décrites par Guerriff en février 1960 sont toutes du même modèle. La mesure de 25mm de diamètre, la mention d'une frappe sur les deux faces, du nom de Ming Mang et de celui de Hanoï, nous font identifier ces pièces comme étant des monnaies frappées en 1837 d'une valeur de 60 đồng.

     

    Guériff a prétendu que le petit-cimetière fut désaffecté au profit de celui ouvert dans l'ancien jardin de la Porterie, c'est-à-dire l'actuel cimetière de la Briandais rue de la Paix. Ce n'est pas exact, on incita les familles nazairiennes à enterrer leurs morts à l'extérieur de l'enceinte de la ville, mais nombre y possédait encore une concession. Les inhumations s'y maintinrent jusqu'à la désaffection progressive de l'église décidée en 1867. A l'époque les lieux d’inhumations dépendaient du Conseil de fabrique. Le corps avec lequel furent enterrées ces pièces le fut donc après 1837 et avant 1867. Guerrif se demanda si on avait enterré un marin qui les aurait rapportées de voyage ou avec un voyageur asiatique. Aucun registre ne mentionne d'asiatique mort ou inhumé à Saint-Nazaire. Il faut tenir compte aussi que le Vietnam était un pays fermé aux européens, la France tenta plusieurs fois de rentrer en contact commercial, mais cela lui fut toujours refusé. En 1838, la frégate L'Artémise qui accomplissait depuis 1837 un voyage autour du monde, mouilla sur les côtes du Vietnam. Il n'y eut officiellement pas de contact sinon quelques échanges de marchandises auprès des commerçants du port de Đà Nẵng. On sait que le navire, rentré en France en 1840, avait à son bord des marins embarqués au Croisic. Or un nom n'est pas inconnu à Saint-Nazaire, celui de Jean-Joseph Rio. Il n'est, semble-t-il, pas mort à Saint-Nazaire, mais y avait de la famille, peut-être l'explication se trouve telle dans la mémoire de la famille Rio. Mais pourquoi avoir enterré des pièces dans le cimetière ? Cette coutume remonte à l'antiquité, on plaçait des pièces dans la bière pour que le mort puisse payer son voyage dans la charrette de l'Ankou.

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    1 Cimetière ouvert le 1er juin 1893.

     

    2 Guériff ne mentionne pas la matière dans ses textes.