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guérande

  • Les paludiers de Saint-Nazaire

    Tous les nazairiens, qu’ils soient à Saint-Nazaire ou expatriés de l’autre côté de la planète, ont irrémédiablement du sel de Guérande dans leur cuisine. Plus qu’une habitude culturelle, c’est un besoin génétique. Le sel, qui servait à la conservation des aliments, a fait la fortune de la Presqu’île ; c’est aussi en raison du commerce du sel, dont l’Angleterre était la plus grande consommatrice, que les Bretons choisirent le camp de l’enfant Jean de Montfort. Cet attachement aux Anglais de la part des paludiers bretons fit courir la légende que ceux-ci étaient en réalités des descendants de saxons. Aujourd’hui on ne parle plus que du sel de Guérande en raison d’une IGP, (Indication Géographique Protégée), mais si c’est sur cette commune que se trouvent la majorité des œillets, il ne faut pas ignorer que l’appellation s’étant sur les œillets de Baltz et de La Turballe, et aussi à la commune de Saint-Nazaire !

    En fait, l’IGP « sel de Guérande » et « fleur de sel de Guérande », s’étend en Loire-Atlantique sur les 39 communes suivantes : ASSERAC, BATZ-SUR-MER, BAULE-ESCOUBLAC (LA), BESNE, BOUEE, CAMPBON, CHAPELLE-DES-MARAIS (LA), CHAPELLE LAUNAY (LA), CROISIC (LE), CROSSAC, DONGES, DREFFEAC, GUENROUET, GUERANDE, HERBIGNAC, LAVAU-SUR-LOIRE, MALVILLE, MESQUER, MISSILLAC, MONTOIR-DE-BRETAGNE, PIRIAC-SUR-MER, PONTCHATEAU, PORNICHET, POULIGUEN (LE), PRINQUIAU, QUILLY, SAINT-ANDRE-DES-EAUX, SAINT-GILDAS-DES-BOIS, SAINT-JOACHIM, SAINT-LYPHARD, SAINT-MALO-DE-GUERSAC, SAINT-MOLF, SAINT-NAZAIRE, SAINTE-ANNE-SUR-BRIVET, SAINTE-REINE-DE-BRETAGNE, SAVENAY, SEVERAC, TRIGNAC, TURBALLE (LA) ; et sur les 7 communes du Morbihan suivantes situées le long de la Villaine : CAMOEL, FEREL, NIVILLAC, PENESTIN, ROCHE-BERNARD (LA), SAINT-DOLAY, THEHILLAC.

     

    Le choix de l’aire géographique définie s'est fait en se basant sur les références historiques de l’activité salicole en Presqu’île guérandaise, comprenant : « les différentes routes du sel ainsi que les emplacements des marchands de sel et stockeurs hors du site de production ». Ainsi trouve-t-on historiquement des emplacements de lieux de stockage de sel et de commercialisation jusqu’aux villes de Savenay et de Campbon. Le dossier de constitution de l’IGP précise : « Le périmètre de l’aire choisie reflète la réalité de l’espace utilisé aujourd’hui pour produire, stocker en vrac et effectuer un premier conditionnement clos par les différents opérateurs. Les marais salants du bassin de Guérande et leur proximité immédiate étant intégralement situés en site classé, il est impossible de construire des bâtiments de stockage sur le site. L’ensemble de ces éléments justifient la délimitation de l’aire géographique de l’IGP ».

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    Marais salants de Guérande et de Saint-Nazaire en 1769

     

    Ce blog étant consacré à l’histoire de Saint-Nazaire, nous nous bornerons ici à ne parler que des paludiers nazairiens, car oui, il y a eu à Saint-Nazaire une production de sel qui se stoppa presque totalement en 1870 et définitivement en 1895.

     

    Parler des paludiers de Saint-Nazaire n’est pas chose facile ; on manque cruellement d’informations à leur sujet, ils étaient très peu nombreux, officiaient sur un territoire réduit qui est depuis 1900 devenu celui de la commune de Pornichet. Ce territoire se composait des lieux de vie des paludiers, les hameaux de La Villès Davaud où il ne reste que quelques longères dénaturées, dont une encore dans son jus couverte de tôle ondulée, et qui fut un temps transformée en musée ; La Gruche, (derrière le cimetière), totalement remodelé ; l’Ermur qui a pour l’instant, malgré un lotissement intensif de cette zone recherchée, a conservé son aspect historique de campagne cloisonnée de haies et de maisonnettes basse à deux travées avec dépendances ; Prieux, devenue un quartier résidentiel où a été tracée « l’avenue des Paludiers » ; et la Villès Liron, disparue depuis, en bordure même du marais salant. Enfin, le lieu d’exploitation, le marais salant de Saint-Nazaire, qui se trouvait le long de la limite des paroisses d’Escoublac et de Saint-Nazaire, a aujourd’hui disparue sous l’herbe de l’Hippodrome et du Parc paysager de Pornichet.

     

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    Le marais salant de Saint-Nazaire en 1829, (cliquer pour agrandir).

     

    Les paludiers de Saint-Nazaire n’étaient pas propriétaires de leurs œillets ; ceux-ci appartenaient aux seigneurs locaux : le vicomte de Saint-Nazaire et le seigneur de Cleux. Les partages et reventes firent que ces propriétés furent divisées durant l’Ancien-Régime entre deux co-seigneurs dans le cas de Saint-Nazaire, et trois seigneurs indépendants pour Cleuz, (Cleuz-le-Propre, Cleuz-Coyau, Cleuz-Siriac). Cleuz-Siriac fut acquise par Julie Lepennec du Bois-Jolland, veuve de Charles marquis de Sesmaisons en 1748 ; Cleuz-le-Propre et Cleuz-Coyau furent acquises vers 1780 par Jean-Baptiste-Elie Camus de Pontcarré, co-vicomte de Saint-Nazaire[1].

    Louis-Jean-François-Népomucène-Marie Camus de Pontcarré, fils d’Elie, fut guillotiné à Paris le 30 avril 1794, ses biens furent déclarés domaine nationale le 27 octobre 1794, et mis en vente ; Claude-Louis-Gabriel-Donatien marquis de Sesmaisons, qui avait hérité de sa mère la part des marais dépendant de Cleuz, acquis les œillets des Camus de Pontcarré.

    De ce passé médiéval il restait les noms de certains œillets : La Grande Marquise, pour la partie acquise en 1748 par la marquise de Sesmaisons ; la Saline de Cleux pour la partie appartenant aux Camus de Poncarré.

     

    L’afferment des salines de Saint-Nazaire se faisait suivant le contrat suivant : deux tiers du sel récolté allaient aux propriétaires, un tiers aux paludiers exploitants, (à Guérande ils ne touchaient que le quart, mais le rendement était supérieur) ; l’entretien des œillets, ainsi que l’impôt spéciale que pouvait à certaines occasions lever le curé recteur de Saint-Nazaire, (malgré le fait qu’en Bretagne il n’existait pas la gabelle), étaient à la charge des paludiers.

     

    Les paludiers de Saint-Nazaire étaient beaucoup moins riches que ceux de Saillé, mais leur niveau de vie était supérieur à ceux de la majorité des nazairiens. S’ils n’étaient pas propriétaires des oeillets, ils étaient cependant propriétaires de petit domaines agricoles ce qui leur valait dans les actes la désignation de « laboureur » à côté de celle de paludier. Ils formaient une caste qui trouvait ses épouses parmi les familles des autres paludiers de la Presqu’île, ou parmi celles des laboureurs nazairiens, et après la Révolution leurs filles épousaient des agents des douanes. Parents et enfants participaient à l’exploitation des œillets que la famille avait en fermage.

     

    Parmi les familles de paludiers nazairiens, la plus anciennement connue est la famille MOUILLERON. Elle a aussi pour autre particularité d’avoir fournie les deux derniers paludiers de la commune. Cette famille était suffisamment importante pour donner son nom à un domaine agricole constitué en hameau à force de partages, La Villes Mouilleron à Pornichet, où existe encore leur ferme, au nord-ouest de l’ancien marais salant. On notera que c’est par l’intermédiaire de cette famille que la majorité des autres familles de paludiers nazairiens purent avoir des baux d’exploitation.

     

    I° Charles MOUILLERON, (Guérande vers 1674 – Saint-Nazaire 3 mai 1723), paludier et laboureur, marié le 27 novembre 1696 à Saint-Nazaire avec Françoise BRENY, (Saint-Nazaire 23 août 1671 - 12 mai 1719), d’où :

      1. Perrine MOUILLERON, Née le 29 septembre 1698 - Saint-Nazaire Décédée le 11 juin 1769 - Saint-Nazaire, Mariée le 24 janvier 1736, Saint-Nazaire, 44184, Loire Atlantique, Pays de la Loire, France, avec Julien TARTOUÉ (Saint-Nazaire 28 janvier 1698 - 24 septembre 1777 Saint-Nazaire), tisserand, d’où :
        1. Jeanne TARTOUÉ, (Saint-Nazaire 11 février 1739 - 3 septembre 1804 Saint-Nazaire), mariée le 3 février 1766 avec René LEGAL, paludier à Saint-Nazaire, voir généalogie LEGAL ;
      2. Renée MOUILLERON, mariée le 8 février 1724 à Saint-Nazaire avec Pierre NICOL, paludier natif de Guérande, d’où entre autres :
        1. Marie NICOL, (née à Guérande), mariée le 4 novembre 1749 à Guérande avec Guillaume LÉVÊQUE, d’où :
          1. Yves LÉVÊQUE, (Guérande vers 1748 - 11 janvier 1829 La Gruche en Saint-Nazaire) paludier, marié le 18 août 1778 à Saint-Nazaire avec Guillemette LEGAL, (Saint-Nazaire vers 1750 - 19 mars 1826 La Gruche en Saint-Nazaire), fille de Pierre LEGAL, paludier (voir généalogie LEGAL), d’où :
            1. Thomas LÉVÊQUE, (La Gruche en Saint-Nazaire 30 juillet 1782 - 21 septembre 1813 La Gruche en Saint-Nazaire), paludier, marié le 11 février 1808 à Saint-Nazaire, avec Julienne MOTHAIS, (La Villes Liron en Saint-Nazaire 29 novembre 1781 - 2 octobre 1870 La Gruche en Saint-Nazaire), d’où :
              1. Julienne LÉVÊQUE, (La Gruche en Saint-Nazaire 23 mai 1809 – 20 juillet 1887 La Gruche en Saint-Nazaire), mariée le 23 janvier 1828 à Saint-Nazaire avec Guillaume GUERVEL, (né le 7 avril 1805 à Careil en Guérande), paludier à Saint-Nazaire ;
              2. Marie-Françoise LÉVÊQUE, (née le 24 décembre 1811 à La Gruche en Saint-Nazaire), mariée le 5 février 1835 à Saint-Nazaire avec son cousin Yves BOURDIC, (né le 27 mars 1808 à La Villes Davaud en Saint-Nazaire), paludier, (voyer généalogie LEGAL), d’où sept enfants dont aucun paludier ;
    1. Thomas LÉVÊQUE, (né le 21 septembre 1813 à La Villes Liron en Saint-Nazaire), paludier, marié le 5 février 1835 à Saint-Nazaire avec Marie Françoise MAHÉ, (Prieux en Saint-Nazaire 5 avril 1813 - 13 mars 1843 La Gruche en Saint-Nazaire) d’où trois filles dont une mariée à un paludier de Guérande.
    2. Jean-Marie LÉVÊQUE, (Bellon en Guérande 10 décembre 1767 - 26 mars 1833 Ermur en Saint-Nazaire), paludier, marié le 5 mai 1795 à Saint-Nazaire avec Julienne BROHAN, (née le 23 janvier 1771 à Ermur en Saint-Nazaire), d’où :
      1. Ysabelle LEVESQUE (née le 16 février 1796 à Ermur en Saint-Nazaire) ;
      2. René Jean LÉVÊQUE, (Ermur en Saint-Nazaire 27 mars 1798 - 9 avril 1798 Ermur en Saint-Nazaire) ;
      3. Marie LÉVÊQUE, (Ermur en Saint-Nazaire 3 août 1799 - 10 mai 1863 Ermur en Saint-Nazaire), mariée le 31 décembre 1817 à Saint-Nazaire avec Julien-Marie LEBERT, (Beslon en Guérande 27 décembre 1797 - 19 mars 1828 Ermur en Saint-Nazaire), paludier à Saint-Nazaire, d’où :
        1. Jean Marie LEBERT, (Ermur en Saint-Nazaire 29 septembre 1819 - 3 décembre 1820 Ermur en Saint-Nazaire) ;
        2. Marie LEBERT, (née le 11 septembre à Ermur en Saint-Nazaire), mariée le 13 juin 1854 à Saint-Nazaire avec Jean-André-Marie HALLUARD, (La Villès Robert en Saint-Nazaire 8 février 1820 - 22 janvier 1899 Géraud en Saint-Nazaire), laboureur, d’où trois enfants, dont une fille mariée à un paludier de Guérande ;
    3. Thomas LEVESQUE, (Guérande 23 avril 1793 – 19 novembre 1859 Prieux en Saint-Nazaire), marié le 7 août 1822 à Saint-Nazaire avec Marie-Madelaine MOTHAIS, (La Villes Liron en Saint-Nazaire 14 mars 1798 - 15 novembre 1873 Ermur en Saint-Nazaire), d’où 6 enfants dont une fille épouse d’un paludier d’Escoublac ;
    4. Jean-Marie LEVESQUE, (Ermur en Saint-Nazaire 14 mars 1803 - 17 mars 1803 Ermur en Saint-Nazaire) ;
    5. Jeanne LEVESQUE, (Ermur en Saint-Nazaire 6 février 1805 - 7 septembre 1811 Ermu en Saint-Nazaire).
    6. Martin NICOL, établi à Guérande, marié le 22 novembre 1757 à Guérande avec Julienne BERTHO, née à Guérande, d’où :
      1. Jeanne NICOL 1761, mariée, 1ère le 1er mai 1786 à Guérande, avec Julien LEGAL natif de Saint-Nazaire ; 2ème le 19 mai 1799 à Guérande avec Yves EON, (Brénahuet) Guérande 2 janvier 1769 - 19 juin 1827 - (Beslon) Guérande)
    7. Julien MOUILLERON, (Saint-Nazaire le 15 octobre 1703 - 4 mars 1753 - Saint-Nazaire), paludier, marié, 1er le 26 septembre 1730 à Saint-Nazaire avec Marie Mothais, (Saint-Nazaire 16 février 1694 - 3 août 1731 Saint-Nazaire) ; 2ème le 29 janvier 1732 à Saint-Nazaire avec Renée GEFFROY, (Saint-Nazaire 7 février 1706 – 18 février 1767 - Saint-Nazaire) ; d’où, du second lit :
      1. Charles MOUILLERON, né à Saint-Nazaire le 30 octobre 1734 ;
      2. Julienne MOUILLERON, (Saint-Nazaire 4 mars 1737 - 11 décembre 1800 Saint-Nazaire), mariée le 3 février 1770 à Saint-Nazaire avec Raoul BROHAND, paludier, (Batz-sur-Mer vers 1742 - le 3 avril 1807 Saint-Nazaire), d’où :
        1. Julienne BROHAN, mariée le 5 mai 1795 à Saint-Nazaire avec Jean LÉVÊQUE, voyez généalogie LÉVÊQUE) ;
        2. François BROHAN, (Saint-Nazaire 10 juillet 1772 - 13 juin 1773 Saint-Nazaire) ;
        3. Marie BROHAN, (Saint-Nazaire 18 juin 1774 - 3 juillet 1774 Saint-Nazaire).
      3. Pierre MOUILLERON, né le 11 décembre 1738 à Saint-Nazaire ;
      4. Françoise MOUILLERON, (Saint-Nazaire 2 octobre 1742 - 18 janvier 1749 Saint-Nazaire) ;
      5. Catherine MOUILLERON, (Saint-Nazaire 5 février 1746 - 5 mai 1747 - Saint-Nazaire).
    8. François MOUILLERON (Saint-Nazaire 30 mai 1705 - 3 février 1772 Saint-Nazaire), paludier et laboureur, marié le 22 novembre 1729 à Saint-Nazaire avec Julienne CAVARO, (Saint-Nazaire 12 février 1707 - 6 mai 1778 Saint-Nazaire), d’où :
      1. Thomas MOUILLERON, Saint-Nazaire 3 janvier 1731 - 19 septembre 1795 Saint-Nazaire), laboureur et paludier, marié, 1ère le 18 novembre 1754 à Saint-Nazaire avec Perrine BARBIN, (Saint-Nazaire 27 décembre 1733 - 16 avril 1756 Saint-Nazaire) ; 2ème le 23 novembre 1762 à Saint-Nazaire avec Perrine SOHIER, (Saint-Nazaire 9 février 1739 - 2 septembre 1763 Saint-Nazaire) ; 3ème le 8 avril 1766 à Saint-Nazaire avec Julienne GEFFROY, (Saint-Nazaire 22 décembre 1732 - 1er février 1810 Saint-Nazaire), d’où :

    Du premier lit :

        1. Yves MOUILLERON, (Saint-Nazaire 15 avril 1756 - 17 août 1768 Saint-Nazaire)

    du second lit :

        1. Marie MOUILLERON, (Saint-Nazaire vers 1763 - 18 novembre 1823 Saint-Nazaire), mariée le 23 novembre 1784 à Saint-Nazaire avec André BERTHO, (Saint-Nazaire 23 décembre 1750 - 25 août 1806 Saint-Nazaire), laboureur ;

    du troisième lit :

        1. Jeanne MOUILLERON, (Saint-Nazaire 16 avril 1767 - 4 mai 1773 Saint-Nazaire) ;
        2. Julienne MOUILLERON, (Saint-Nazaire 15 novembre 1768 - 21 novembre 1768 Saint-Nazaire) ;
        3. Élisabeth MOUILLERON, (Saint-Nazaire 27 avril 1770 - 12 septembre 1821 Saint-Nazaire), mariée le 7 juillet 1790 à Saint-Nazaire avec Julien Nicolas, (Saint-Nazaire 12 mai 1762 - 6 août 1799 Saint-Nazaire) ;
        4. César MOUILLERON, (Saint-Nazaire 18 avril 1773 - 29 mai 1773 Saint-Nazaire) ;
        5. Denis MOUILLERON, (Saint-Nazaire 16 avril 1774 - 24 janvier 1823 Saint-Nazaire), paludier, marié, 1ère le 16 mai 1797 à Saint-Nazaire avec Françoise FOUGARÉ, (née le 30 septembre 1768 à Saint-Nazaire) ; 2ème le 18 juin 1799 à Saint-Nazaire avec Jeanne TARTOUÉ ; d’où :

    Du premier lit :

          1. Julien MOUILLERON, (Saint-Nazaire 22 septembre 1798 - 21 septembre 1816 Saint-Nazaire), laboureur ;

    Du second lit :

          1. Thomas MOUILLERON, (né le 18 septembre 1800 à Saint-Nazaire), laboureur ;
          2. Jean-Marie MOUILLERON, (né le 18 mai 1803 à Saint-Nazaire), paludier ;
          3. Michel-Sébastien MOUILLERON, (né le 21 septembre 1805 à Saint-Nazaire), paludier, marié le 15 novembre 1836 à Saint-Nazaire avec Renée-Françoise lENO, (née le 22 août 1807 à Saint-Nazaire).
      1. Julien MOUILLERON (Saint-Nazaire 25 octobre 1738 - 4 janvier 1743 Saint-Nazaire) ;
      2. René MOUILLERON, (Saint-Nazaire 4 avril 1741 - 13 janvier 1743 Saint-Nazaire) ;
      3. Julien MOUILLERON, (Saint-Nazaire 19 octobre 1745 - 8 juillet 1812 Saint-Nazaire), laboureur, marié quatre fois.
      4. Charles MOUILLERON, (Saint-Nazaire 1er septembre 1707 - 10 juin 1769 Saint-Nazaire), laboureur et paludier, marié le 22 novembre 1729 à Saint-Nazaire, Perrine BOURY, (Saint-Nazaire 24 octobre 1700 - 1er mai 1765 Saint-Nazaire), d’où 7 enfants dont aucun ne fut paludier, ou unis à un paludier.

     

    A la lignée des Mouilleron il faut donc ajouter celle des Legal, famille devenue paludière à la suite de la Révolution :

     

    1. Pierre Legal, paludier, époux de Marie DAVIS, d’où :
    2. René LEGAL, (Saint-Nazaire vers 1739 - 15 décembre 1809 Villès Davaud en Saint-Nazaire), paludier, époux de Janne TARTOUÉ, (Saint-Nazaire 11 février 1739 - 3 septembre 1804 Saint-Nazaire), d’où :
      1. Julien LEGAL (Villès-Davaud en Saint-Nazaire 11 novembre 1777 - 23 novembre 1830 Villès Davaud en Saint-Nazaire), paludier ; marié, 1ère avec Julienne ROUAUD, (Saint-Nazaire vers 1771 - Saint-Nazaire 1er mars 1801) ; 2ème le 15 juin 1802 à Saint-Nazaire avec Catherine HALGAND, (Saint-Nazaire 3 décembre 1775 - 24 décembre 1857 Ermur en Saint-Nazaire) cultivatrice, d’où :

    Du premier lit :

        1. Marie LEGAL, (La Villes Davaud en Saint-Nazaire 24 février 1801 - 26 février 1801 La Villes Davaud en Saint-Nazaire),

    Du second lit :

        1. Julienne LEGAL, (La Villes Davaud en Saint-Nazaire 11 octobre 1803 - 23 juin 1804 La Villes Davaud en Saint-Nazaire) ;
        2. Julien Marie LEGAL, (La Villes Davaud en Saint-Nazaire 26 octobre 1804 - 31 octobre 1805 La Villes Davaud en Saint-Nazaire) ;
        3. Jean LEGAL, (né le 16 mars 1806 à La Villes Davaud en Saint-Nazaire) ;
        4. Marie LEGAL, (née le 23 avril 1808 à La Villes Davaud en Saint-Nazaire), mariée le 8 novembre 1832 à Saint-Nazaire, avec Mathieu François HERVO, (15 janvier 1803 Rangré en Saint-Nazaire - 1er mai 1857 Saint-Nazaire), Marin, Cultivateur
        5. Pierre LEGAL, (La Villes Davaud en Saint-Nazaire 19 mai 1810 - 25 avril 1862 La Villes Davaud en Saint-Nazaire), paludier, marié le 4 novembre 1840 à avec Julienne-Marie CAVARO, (Rangrais en Saint-Nazaire 9 août 1817 - La Villes Davaud en Saint-Nazaire 10 janvier 1885), d’où :
          1. Marie-Julienne LEGAL, (née le 31 mars 1845 à La Villes Davaud en Saint-Nazaire), mariée le 16 octobre 1866 à Saint-Nazaire avec Jean-Marie DAUVISI, (né le 13 août 1835 à Villès Creneau en Saint-Nazaire) ;
          2. Pierre LEGAL.
      1. Julienne-Marie-Catherine LEGAL, (La Villes Davaud en Saint-Nazaire 5 février 1813 - 28 décembre 1817 La Villes Davaud en Saint-Nazaire) ;
      2. Jean-Marie LEGAL, (né le 2 juin 1815 à La Villes Davaud en Saint-Nazaire), marié le 12 février 1855 à Sallertaine (Vendée), avec Rosalie VERONNEAU, (Sallertaine 13 avril 1826 - 11 décembre 1857 Saint-Gervais) ;
      3. Thomas LEGAL, (né le 4 novembre 1818 à La Villes Davaud en Saint-Nazaire) ;
      4. Marie-Catherine LEGAL (née le 26 janvier 1821 à La Villes Davaud en Saint-Nazaire), mariée le 4 novembre 1840 à Saint-Sébastien de Saint-Nazaire avec René OISEAU (né le 26 juillet 1819 à Ermur en Saint-Nazaire), charpentier.
    1. Jeanne LEGAL, (La Villes Davaud Saint-Nazaire 6 février 1742 - 9 octobre 1809 Saint-Nazaire), marié le 5 février 1771 à Saint-Nazaire avec François LE GOUAS, (Guérande vers 1746 - 26 juillet 1808 Saint-Nazaire), paludier, d’où :
      1. Marie LE GOUAS, (Prieux en Saint-Nazaire 25 mai 1773 - 31 juillet 1818 La Villes Davaud en Saint-Nazaire), mariée le 21 décembre 1797 à Saint-Nazaire avec Pierre BOURDIC, (Ker Bouchard en Batz-sur-Mer 12 octobre 1772 - 19 mars 1822 Mainguisserie en Saint-Nazaire), d’où :
        1. Marie Françoise BOURDIC, (Saint-Nazaire 3 décembre 1798 – 16 mars 1844 Saint-Nazaire), mariée le 20 novembre 1826 à Saint-Nazaire avec Jean ANEZO, (Assérac 27 septembre 1791 - 20 mai 1832 Saint-Nazaire), préposé aux douanes ;
        2. René BOURDIC, (Saint-Nazaire 7 octobre 1800 - 19 août 1868 Prieux en Saint-Nazaire), paludier, marié le 5 juillet 1827 à Guérande avec Marie Jeanne GUERVEL, (La Thébaudais en Guérande 27 octobre 1802 – 15 décembre 1862 Prieux en Saint-Nazaire), d’où postérité de cultivateurs et de forgerons ;
        3. Jeanne BOURDIC, (née le 17 mars 1803 à La Ville Davaud en Saint-Nazaire), mariée le 10 avril 1833 à Saint-Nazaire avec Jean Marie FOUGARE, (Pornichet en Saint-Nazaire 13 mai 1806 - 10 janvier 1838 à bord du navire "Les Salazes"), marin ;
        4. Jean BOURDIC, (La Villes Davaud en Saint-Nazaire 17 février 1805 – 12 mars 1806 Gruche en Saint-Nazaire) ;
        5. Julienne BOURDIC, (La Villes Davaud en Saint-Nazaire 3 janvier 1807 – 7 novembre 1811 La Villes Davaud en Saint-Nazaire) ;
        6. Yves BOURDIC, (né le 27 mars 1808 à La Villes Davaud en Saint-Nazaire), paludier, marié le 5 février 1835 à Saint-Nazaire avec Marie-Françoise LÉVÊQUE (née le 24 décembre 1811 à La Gruche en Saint-Nazaire), (voyez généalogie MOUILLERON), d’où sept enfants dont aucun paludier ;
        7. Pierre BOURDIC, (La Villes Davaud en Saint-Nazaire 20 mai 1810 – 12 février 1869 Pornichet en Saint-Nazaire) paludier, marié : 1ère le 5 novembre 1840 à Saint-Nazaire avec Françoise AUDRAIN, (Pornichet en Saint-Nazaire 15 octobre 1812 - 31 août 1845 Pornichet en Saint-Nazaire), fille de Julien AUDRAIN, (voir généalogie AUDRAIN) ; 2ème le 4 mai 1854 à Saint-Nazaire avec Marie Julienne BRENY, (née le 10 octobre 1818 à Cuy en Escoublac), d’où du premier lit :
          1. Yves BOURDIC, (né le 3 août 1843 à Pornichet en Saint-Nazaire), marié, 1ère le 14 novembre 1871 à Saint-Nazaire avec Jeanne-Françoise CAVARO (Saint-Nazaire 5 février 1837 - 28 juin 1873 Saint-Nazaire) ; 2ème le 20 juillet 1875 à Saint-Nazaire avec Marie Renée PIVEAU, née le 1er septembre 1844 à Prieux en Saint-Nazaire).
        8. Elisabeth Renée BOURDIC, (née le 10 décembre 1811 à La Villes Davaud en Saint-Nazaire), mariée le 11 novembre 1848 à Saint-Nazaire avec Pierre François ROUSSELET, (né le 13 avril 1804 à La Montagne en Saint-Nazaire), laboureur ;
        9. Julienne BOURDIC, (née le 3 juillet 1814 à La Villes Davaud en Saint-Nazaire).
      2. Pierre LE GOUAS, (né le 24 juillet 1775 à Saint-Nazaire) ;
        1. René LE GOUAS, (Saint-Nazaire 8 novembre 1778 - 17 février 1786 Saint-Nazaire).
      3. Guillemette LEGAL, (Saint-Nazaire vers 1750 - 19 mars 1826 La Gruche en Saint-Nazaire), mariée le 18 août 1778 à Saint-Nazaire avec Yves LÉVÊQUE, (vers 1748 - 11 janvier 1829 La Gruche en Saint-Nazaire) paludier, d’où :
        1. Thomas LÉVÊQUE, (La Gruche en Saint-Nazaire 30 juillet 1782 - 21 septembre 1813 La Gruche en Saint-Nazaire), paludier, marié le 11 février 1808 à Saint-Nazaire, avec Julienne MOTHAIS, (La Villes Liron en Saint-Nazaire 29 novembre 1781 - 2 octobre 1870 La Gruche en Saint-Nazaire), d’où :
          1. Julienne LÉVÊQUE, (La Gruche en Saint-Nazaire 23 mai 1809 – 20 juillet 1887 La Gruche en Saint-Nazaire), mariée le 23 janvier 1828 à Saint-Nazaire avec Guillaume GUERVEL, (né le 7 avril 1805 à Careil en Guérande), paludier à Saint-Nazaire ;
          2. Marie-Françoise LÉVÊQUE, (née le 24 décembre 1811 à La Gruche en Saint-Nazaire), mariée le 5 février 1835 à Saint-Nazaire avec son cousin Yves BOURDIC, (né le 27 mars 1808 à La Villes Davaud en Saint-Nazaire), paludier, (voyer généalogie MOUILLERON), d’où sept enfants dont aucun paludier ;
          3. Thomas LÉVÊQUE, (né le 21 septembre 1813 à La Villes Liron en Saint-Nazaire), paludier, marié le 5 février 1835 à Saint-Nazaire avec Marie Françoise MAHÉ, (Prieux en Saint-Nazaire 5 avril 1813 - 13 mars 1843 La Gruche en Saint-Nazaire) d’où trois filles dont une mariée à un paludier de Guérande.

     

    A ces deux lignages de racines nazairiennes il faut ajouter celui de famille Audrain, venue de Férel, commune située de l’autre côté de la Presqu’île, à la suite de la Révolution :

     

    1. Pierre Audrain, (Férel vers 1750 - 2 décembre 1834 Saint-Nazaire), marié le 24 novembre 1778, Saint-Nazaire avec Perrine LEMARE, (Saint-Nazaire vers 1751- 30 mars 1825 Pornichet en Saint-Nazaire), d’où :
      1. Julien AUDRAIN, (né le 25 octobre 1779 à Pornichet en Saint-Nazaire), laboureur et paludier, marié le 19 novembre 1811 à Saint-Nazaire avec Janne PRIÉE, (La Villès Noire en Saint-Nazaire 8 juillet 1786 - 11 janvier 1834 Pornichet en Saint-Nazaire), (dont le frère Mathieu PRIÉE fut aussi paludier) ; d’où :
        1. Françoise AUDRAIN, (Pornichet en Saint-Nazaire 15 octobre 1812 - 31 août 1845 Pornichet en Saint-Nazaire), mariée le 5 novembre 1840 à Saint-Nazaire avec Pierre BOURDIC, (La Villes Davaud en Saint-Nazaire 20 mai 1810 – 12 février 1869 Pornichet en Saint-Nazaire) paludier, (voir généalogie LEGAL), d’où :
          1. Yves BOURDIC, (né le 3 août 1843 à Pornichet en Saint-Nazaire), marié, 1ère le 14 novembre 1871 à Saint-Nazaire avec Jeanne-Françoise CAVARO (Saint-Nazaire 5 février 1837 - 28 juin 1873 Saint-Nazaire) ; 2ème le 20 juillet 1875 à Saint-Nazaire avec Marie Renée PIVEAU, née le 1er septembre 1844 à Prieux en Saint-Nazaire).
          2. Julienne-Jeanne AUDRIN, (née le 24 juin 1815 à Pornichet en Saint-Nazaire), mariée le 15 novembre 1843 à Saint-Nazaire avec François FOUGARÉ, (né le 13 août 1818 à Pornichet en Saint-Nazaire), d’où postérité ;
          3. Jeanne AUDRAIN, (Pornichet en Saint-Nazaire 31 mars 1824 - 4 janvier 1825 Pornichet en Saint-Nazaire).
      2. Perrine AUDRAIN, (Pornichet en Saint-Nazaire 28 septembre 1781 - 23 janvier 1863 Prieux en Saint-Nazaire), mariée le 11 février 1808 à Saint-Nazaire avec Guillaume LEBRUN, (Saint-Nazaire 16 avril 1780 - 16 janvier 1849 Saint-Nazaire), laboureur ;
      3. Mathieu AUDRAIN, (Pornichet en Saint-Nazaire 2 février 1784 - 9 février 1784 Pornichet en Saint-Nazaire) ;
      4. Marie-Catherine AUDRAIN, (née le 29 août 1785 à Pornichet en Saint-Nazaire), mariée le 30 janvier 1811 à Saint-Nazaire avec Honoré DUMONT, (né le 26 avril 1781 à Coutances), receveur des douanes.

     

    Le registre contenant la correspondance au départ de la ville de Saint-Nazaire entre le 5 septembre 1815 et le 31 mai 1820, restitué en 2019 à la Ville de Saint-Nazaire, fait état à la date du 7 septembre 1819 du rôle des paludier et porteuses de sel de Saint-Nazaire   avec nom et famille.  Le lecteur y trouvera les noms des paludiers déjà cités dans les extraits généalogiques retranscrit plus haut. A la liste des personnes déjà citées, il faut ajouter donc Mathieu PRIÉE, (La Villès Noire en Saint-Nazaire 10 janvier 1791 - 7 juin 1868 Rangrais en Saint-Nazaire), laboureur et paludier, inscrit sur le rôle, mais qui n’était pas issu d’une famille exploitant les marais salants, et dont la sœur Janne avait épousé le paludier Julien AUDRAIN, déjà cités. Sur le rôle il est précisé qu’il exploitait ses œillets avec sa fille ; nous n’avons pas pu déterminer laquelle des celle qu’il avait eu de son premier mariage il s’agit. En effet, il avait épousé en premières noces le 14 novembre 1815 à Saint-Nazaire, Julienne MOLLÉ, (La Villès Chevisson en Saint-Nazaire 8 juin 1790 - 16 août 1818 La Villès Chevisson en Saint-Nazaire), dont il eut un nombre d’enfants indéterminé ; puis le 17 novembre 1821 à Saint-Nazaire, Renée MAHÉ, (Rangré en Saint-Nazaire 21 mars 1792 - 18 mai 1870 Rangré en Saint-Nazaire), dont il eut aussi postérité.

     

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    Rôle des paludiers et porteuse de sel de Saint-Nazaire en 1819, (cliquer pour agrandir)

     

    Le rôle de 1819 nous enseigne aussi que l’exploitation salicole constituait une production de 43.000 kg pour 1818, à la production des paludiers il faut ajouter 700 kg de sel transporté sur la commune par les porteuses. En effet aux paludiers s’ajoutaient des femmes qui faisait commerce du sel qu’elles apportaient des autres salines. Le trop grand nombre d’homonymie ne permet pas de les identifier aisément.

    Il convient de tenir compte que la production de sel en œillet dépend du climat, et que plus la production était important, moins elle se vendait chère. Faute de documentations concernant la production moyenne de sel en Presqu'île et à propos de son prix de vente, nous ne pouvons dire combien touchaient les paludiers en cités en 1819. Nous signalerons cependant que depuis 1814 le climats avait été très hostile, réduisant la production de céréale au point de provoquer des inquiétudes au maire de Saint-Nazaire qui craignait une famine. 

     

    La fixation des dunes de la baie de La Baule (Bôle), dont la concession avait été accordé au marquis de Sesmaisons, plus gros propriétaire foncier de Saint-Nazaire et d’Escoublac, participa à l’envasement de l’étrier de Pornichet. Le marais salant étouffa peu à peu. Les paludiers avaient charge d’entretenir le lieu de leur exploitation, mais le sel de mer rapportait de moins en moins en ce début d’ère industriel, même si en 1860 le prix de la tonne de sel passa en quelques mois de 18 fr 75 à 46 fr 90 en raison d'une pénurie, il avait tendance à se maintenir autour 15 fr la tonne. En 1870 le prix du sel tomba à 6 fr 80 la tonne, et ne fit que chuter jusqu'à tomber à 5 fr 50 la tonne en 1875. Les paludiers se constituèrent en corporation (les syndicats n'étaient pas autorisés) dans l’espoir d’obtenir des aides publiques et de faire fléchir le propriétaire des salines pour qu’il finance une part des travaux qui devaient permettre de désenvaser l’étrier. Mais face à la spéculation immobilière de la station balnéaire en constitution, le marais salant devint un potentiel lieu de construction et de développement urbain.  En 1895 le dernier paludier posa définitivement son las, malgré un prix de 16 fr 50 la tonne, l'état du marais ne prouvait plus permettre une production viable, et les baux ne furent pas renouvelés. Cinq années plus tard, Pornichet se détacha de Saint-Nazaire et devient une commune et on l'on inaugura à leur place l'hippodrome en 1907.

     

     

    [1] Voyer les articles sur la seigneurie du Bois-Joalland et Cleuz.

  • Saint-Nazaire cité briéronne, première partie.

    8 aout 1461, ordonnance de François II sur l'entretien et la propriété de la Grande Brière

     

    Sans titre-1.jpg

    Sceau de Pierre II en 1454, d'après Don Morice.

    coll. comte Jehan-Richard d'A. de P.

     

    La paroisse de Saint-Nazaire est bordée au nord par les marais de la Grande Brière, la prairie inondable de Prézégat, à côté de la gare, en est encore témoin vivant. Ces marais ont été depuis des temps anciens drainés de canaux afin de les rendre exploitables et de pouvoir créer des prairies en leurs bordures. Un lac de rétention, situé dans la paroisse de Montoire, débordait régulièrement, les prairies se trouvèrent inondées et les chemins anéantis en raison de l'absence d'entretien des canaux et des fossés d'écoulements durant les guerres de succession. Les habitants des paroisses voisines, et le vicomte de Saint-Nazaire, Charles de Couëme, s'en plaignirent au duc. François II manda le sénéchal de Guérande de veiller à ce que l'on mette fin aux désagréments (1) :

     

     François, par la grâce de Dieu, duc de Bretaigne, comte de Montfort, de Richemont, d'Estampes et de Vertus, à noz Sénéchal, alloué, et procureur de Guérrande, Salut : 

    De la part de notre bien-aimé cousin et féal le sieur de Cuné (2) et de Saint-Nazaire, nous a été en suppliant exposé qu'il y a certainne manière de lac en la paroisse de Montouer assez prez des pastures situées du coté devers la Brière en notre jurisdiction de Guerrande que par la grande submersion et abondance d'eaux, par défault d'avoir esté curé et tenu nest, ainsi qu'il avoit accoustume, les escours et esservouers anciens quy y souloint estre qui avoient leurs cours, essest, et agout en la mer, puis soixante ans derniers par défault de les nettoyer ont esté empeschez, et à l'occasion de ce, les prairies des environ dont partie sont le domaine du d. suppliant et autre partie de son fié proche et à autres plusieurs nobles de notre pays, sont du tout en tout amisez et réduiz comme à inutilité et non valeur.

    Et aveq ce par l'abondance desdites eaux, le chemin et voye par lesquelles le peuple de la d. paroisse de Montouer et des paroisses de Saint-Nazaire, Saint-André, Escoublac, et autres paroisses voisines souloint et avoient accoustumé aller à laditte Brière dont ils tiroient les mottes pour leur chauffaige et les foîns pour leurs bestes, sont tellement empeschez, que les gens du paîs ne y pouront aller à beufs ne charettes que paravant le souloin faire. Sans le moyen desquelles mottes et foings croissant en ladite Brière le peuple commun des d. paroisses ne se pouront bonnement passer, quelle chose estoit et est au grand préjudice et dommaige du dit suppliant et des dits nobles et sujets de nostre pays, de leurs hommes et de tout le peuple et commun des d. paroisses et des environ, et lesquelles eaux se peuvent bien et convenablement vuider et esseuer cy les dits curées, antiennes estoient nettes et ouvertes, quelles par ce moyen descendroint et auroint leur cheoist en la mer et seroint les chemins par lesquels on va à la dite Bryere tous assechez que les d. choses occupées viendroint à proffit et utilité, et que le peuple en tout temps pourront aller tous à sec et bien aisé à ladite Brière au grand bien et prouffit dud. supliant et autres nobles et sujets de nous-mêmes qui en auroient les rachaptz, et de tout le bien publique de notre dit Païs, nous suppliant sur ce pouvoir et donner nos provisions et convenable remède humblement de nous requérant ;

    Pour ce est-il que nous, les dites choses considerrees voulans le bien et utilité de nos dits féaulx et subjets et du bien publique estre fixamant garder, augmenter, nous mandons et commandons en commettant, se mestier est, ou à deux de vous, vous transporter sur les dits lieux, et appelez en notre compaignie des nobles et autres gens notables des dites paroisses qui peuvent avoir interestz en cette matiere, vous informer, dit donné entendre dessurdit et autrement, bien aplain des dites choses nécessaires à faire en la matière dessurdite pour le bien de nos dits subjets, et aussi de la finance qui sera requise pour y employer ; et ce que par ceux quy y aurez appellez cu la maire et plusieurs parties d'eux trouverez estre convenable et profitable à faire pour l'ustilité de nos dits subjets défaïtes et faïtes faire et réaument exécuter, et la finance que trouverez estre nécessaire pour l'accomplissement de ce que sera ainsy faicte lever réaumant et de fait sur ceux quy y pouront avoir profict au plus utile et moins endommagens que estre pourra par l'aviseman des dessurdits ou la plus saine, partye d'iceux.

    De ce faire duman, nous avons donné et donnons plain pouvoir, authorité, commission de par nous, mandons et commandons à tous nos féaulx et sujets en ce faisant vous obéir et diligemment entendre.

    Donné en nostre ville de Nantes le huict jour d'Aoust l'an mil quatre cens soixante ung.

     

    Et plus bas : est escript par le duc en son Conseil, Raboceau.

     

    Scellé de cire rouge et lacs jaunes.

     

    Collationné par nous Notaires royaux à Nantes soucynez et l'auctantique et présent escryt sur vellen nous aparu.

    Rendu ce six de Mai mil six cent cinquante six.

    Signés sur la minute Jucas, Notaire Royal, et Lesbaupin, aussi Notaire Royal.

    Le mot essevouers retouché approuvé.

     

    Ce texte est fondateur pour les paroisses de grande Brière, car il reconnaît à celles-ci la pleine jouissance des marais, et servira à toutes leurs revendications.

     

     

    (1) Le document original a disparu, mais les archives départementales de Loire-Atlantique conservent une retranscription, certifiée copie authentique en date du 6 mai 1656 ; A.D.44, B 123.

    (2) Lisez : Couëme. C'est donc François de Couësme, baron de Lucé, vicomte de Saint-Nazaire, né en 1424, décédé entre 1488 et 1491.

  • La famille de Brégeot

    Brégeot (de) : D'azur à l'épée haute d'argent accompagnée de trois étoiles de même. 

    Famille issue de Jean de Bréchet, né près d'Epinal, capitaine de cavalerie au régiment de Fourgny, anobli par le duc de Lorraine le 28 mai 1663.

     

    I° François-Privat de Brégeot, (21 août 1767 – 10 avril 1845), capitaine au régiment de l'Ile de France, puis émigré, lieutenant-colonel sous la Restauration, s'établit à Guérande où il épousa Maguerite-Pélagie Yvicquel de L'Escly, d'où :

    1° Henri-Philippe, né à Guérande le 3 juin 1804, élève de l'école militaire de Saint-Cyr, fit la campagne de Crimée, se retira colonel, chevalier de la Légion d'Honneur et du Medjidié, resté célibataire ;

    2°Pierre-François, qui suit ;

     

    II° Pierre-François-René de Brégeot, (Herbigniac le 14 juin 1801  - 1er juillet 1874 Guérande) ; licencié en droit, juge auditeur à vannes le 10 mars 1825, substitut à Savenay en 1829, juge de paix à Guérande en 1849, conseiller général de la Loire-Inférieur de 1850 à 1853, juge de paix à Briec en 1867, marié à Saint-Nazaire le 12 mai 1830 avec Aimée-Gertrude Tahier de Kervaret du Kreset, fille de Julien-Maurice Tahier de Kervaret, maire de Saint-Nazaire, (voyez article sur les maires "royalistes" de Saint-Nazaire), d'où :

    1° Eugène-Julien-François, (Saint-Nazaire 4 mars 1831 - 13 avril 1904 Guérande), conseiller municipal de Gérande en 1870, adjoint en 1880, maire de Guérande en 1882, fonction dont il fut suspendu pour des motifs politique en 1886; membre de la Commission administrative de l'hospice de Guérande et ordonnateur du Bureau de bienfaisance, secrétaire de la Société des courses de Guérande en 1870, secrétaire du Comice agricole, marié à Guéméné-Penfao le 28 septembre 1869 avec Aline Potiron de Boisfleury, d'où postérité ;

    2° Henri-François, né le 7 avril 1833, marié à Vay le 30 août 1856 avec Céline-Lucie Bouret de La Roncière, née à Vay le 4 juin 1837 ; d'où postérité ;

    3°  François-Maurice, qui suit.

    III° François-Maurice de Brégeot, (Guérande le 10 octobre 1834 – 12 avril 1906 Saint-Nazaire en l'hospice civil) ;  employé aux Ponts et Chaussées, il fonda en 1862 une briqueterie entre à la Dermurie et Toutes Aides, qui périclita rapidement engloutissant sa fortune, malgré l'exploitation d'une carrière d'argile ; les bâtiments étaient en ruines en 1925, (cf. H. Moret), à l’exception d'une vaste maison toujours existante avant-guerre et dont la photographie fut publiée en L'Ouest-Eclair du 28 mars 1934 ;

     

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    Restes de la Briqueterie en mars 1934

     

    il vendit à l'abbé Henri Soulas le terrain qu'il possédait rue Villès-Martin (avenue Général de Gaulle), et sur lequel a été édifiée l'actuelle église Saint-Nazaire ; , époux de Josèphine Rose Baymé, (1839-1924), (tous deux sont inhumés au cimetière de La Briandais) ;  d'où :

    1° Maurice Prosper ;
    2° Alain °1866, mort au berceau ;
    3° Henri-Théodore (1869-1903), époux de Françoise Herbillon, d'où postérité ;
    4° Joseph-Marie-Louis (Guérande 28 septembre 1870 - 1944 Nantes), marié le 3 septembre 1907 à Saint-Nazaire avec Éva Marie Odette Barquissau, (Saint-Nazaire 4 mars 1879 - 8 février 1981 Bouguenais), infirmière puis Directrice ASS, d'où postérité ;
    5° Allain (1872-1877) ;
    6° Louis-Pierre-Marie (1874-1944), époux de Marie Brayet, d'où postérité ;
    7° Paul-Eugene-Marie (1876-1914) ;
    8° Anne-Marie (1883 - 1973 - Inhumée avec ses parents au cimetière de La Briandais), épouse de E. Morvan, d'où une fille épouse Brémaud ;
    9° Gaston.

     

  • Chouan et royalistes qui furent maires de Saint-Nazaire

    Dans le n°210 de Saint-Nazaire magazine d'avril 2008, un article intitulé « Les maires de la Révolution française à nos jours », il est mentionné au sujet des anciens maires de Saint-Nazaire : « Certains seront républicains, d’autres un peu moins comme Bureau de la Bessardière ou Tahier de Kervaret. » (sic). La phrase est un doux euphémisme... Bureau de la Bessardière et Tahier de Kervaret n'étaient pas du tout républicains ! 

     

    Si le premier accueillit la Révolution comme ses contemporains, avec la continence de la nécessité de réformer un système qui agonisait depuis Louis XIV, il déchanta cependant quand la machine révolutionnaire s'emballa et devint incontrôlable. Le second était un royaliste convaincu attaché aux Bourbons.

     

     

    Sébastien Bureau de La Bessardière

     

    Sébastien Bureau de La Bessardière, dit aussi Bureau du Fiefheulin, fut baptisé le 13 novembre 1714 à La Boissières-du-Doré, (Maine-et-Loire), où son père, sieur du Fief-Heulin, possédait une charge de sénéchal. Sa famille fut anoblie par charge de secrétaire du roi, maison et couronne de France, anoblissement confirmé après règlement de quittance de taxe de confirmation de noblesse de 100 Livres le 28 mars 1693, (1). La charge de sénéchal exercée par le père de Sébastien était fort lucrative, mais peu commune pour un gentilhomme, cela traduit une certaine déchéance sociale, dans la mesure où, étant généralement assumée par des bourgeois, elle était considérée comme méprisable par les nobles, quoiqu'elle ne fut pas dérogeante.

     

    Entré en religion, Sébastien Bureau de La Bessardière fut d'abord vicaire à Saint-Nazaire du 21 juin 1751 au 1er juin 1755, puis promu recteur de la paroisse de Saint-Nazaire en 1763. Il y participa à la rédaction du cahier des vœux et doléances du général de la Paroisse, commencé le 23 novembre 1788, et dont les délibérations avaient conclu,  le 23 décembre 1788,  à la demande suivante (2) :

     

    28 décembre 1788

    Le Général de la Paroisse de Saint-Nazaire a arrêté :

    Que les représentants du peuple aux Etats, soit de la Province ou du Royaume, seraient priés de demander :

     

     

    1° L'abolition de toutes corvées pour le compte de l'Etat, parce que les 3 ordres la doivent supporter proportionnellement en argent et que le Tiers sera 30 ans sans contribuer à la corvée des grands chemins.

    2° Le remboursement de ce que le peuple a payé pour la capitation de plus que l'ordre de la Noblesse ;

    3° L'assistance tant aux Etats de la Province qu'à ceux du Royaume de MM. les recteurs ou vicaires ayant 10 ans d'exercice dans les paroisses pour faire moitié du Clergé.

    4° La suppression des francs-fiefs des lods et ventes en fait d'échange, le remboursement pour la grurie (3) et droits de nouveaux acquets et d'ansaisinement (4).

    5° La réunion de toutes les juridictions intérieurs dans une arrondissement donnée à une principale, sauf les droits respectifs des seigneurs.

     

    Réserve au surplus le Général à faire connaître les autres droits qu'il a à réclamer, par un des mémoires séparés et qui sera signé par MM. les Commissaires ci-dessus dénommés, par eux adressés, ou M. Chaillon, ou bien concurremment avec les autres.

     

    Arrêté en la sacristie de cette église, sous les seings de MM. les délibérants et Commissaires, Recteur, le procureur-fiscal président.

     

    Signé : Bureau, recteur ; Bertho ; Allançon ; Julien Rousselet ; Vincent Birgant ; Jean Geffroy ; Pierre Bertho ; Dufrexou ; Génnevois ; Louis Lescard ; François Boullet ; Jacques Labour ; Mathieu Dhervé ; Hardouin, procureur fiscal.

     

     

    En août 1789, il fut nommé au Comité de permanence de Saint-Nazaire, il en devient président le 3 février 1790, puis fut élu maire de Saint-Nazaire le 25 janvier 1790, investi de la fonction le 30 janvier suivant, et en poste jusqu'au 14 janvier 1791, date à laquelle il abandonna sa fonction « pour raison de santé ». 

    On arrêta sa lixalion du traitement auquel il avait droit en tant qu'ex-recteur de Saint-Nazaire, il demanda alors l'autorisation de demeurer chez son frère. Il avait prêté plus de vingt fois le semant civique depuis la Révolution, mais refusait de prêter le semant religieux, le procureur de Saint-Nazaire le poursuit afin qu'il le fit avec les autres prêtres, ce à quoi il s'exécuta le 23 janvier 1793. Deux mois après il quitta sa cure, s'établit chez son frère, puis devint aumônier de l'Armée Catholique et Royale, ce qui lui valut d'être condamné par contumace à la déportation. Il décéda à Saint-Mars-du-Désert le 11 janvier 1794 au milieu des chouans.

     

     



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    : D’azur au chevron potencé et contre potencé d’or, rempli de sable, accompagné de trois burettes d’or.

     

     

     L'une de ses nièces, fut la marraine de la cloche de al vieille église en 1778

    (cf. René de Kerviler, " Doc.pour l'hist. de St-Nazaire, III, 73 ").

     

     

     

    Les maires qui furent nommés durant la Restauration :

    Au début du 19e siècle, le conseil municipal était élu, mais le maire nommé par le préfet,  qui désignait normalement l’un des élus du conseil. Quoiqu’il fût royaliste comme nombre d’officiers de marine, et choisis pour son attachement aux Bourbons. On ne peut affirmer les idées exactes de Tahier de Kervaret, par manque de témoignages à son sujet, il semble avoir été un royaliste modéré, et non comme son suivants, Bernardin de Lesquen qui était un «  ultra », (comprenez, ultra-royaliste, c'est-à-dire pour une monarchie capétienne et absolue, ce que l'on nomme aujourd'hui « légitimiste », quoique ce terme est souvent mal compris et déformé de nos jours). Jean-Pierre Mahé, était lui aussi proche des idées des ultras, ainsi que Charles-Alexandre Blanchard, dont l'attachement aux Bourbons, et sa parenté avec Tahier de Kervaret, lui valut de ne pas conserver la fonction, au profit de Mathieu Goy, marchand et aubergiste, dont la nomination déplut aux élus municipaux, au point que le jour de son entrée en fonction le 15 décembre 1830, les conseillers municipaux, sauf un, quittèrent la salle. Une lettre collective fut adressée au préfet, reprochant à Mathieu Goy de ne pas être natif de la commune, où pourtant il était arrivé enfant quand son père acquit la ferme de la Vecquerie, de n'avoir jamais fait partie de la marine ou de l'armée, de n'avoir jamais eu de vie politique, ou de s'être investi localement dans quelconque œuvres, etc, ce qui était faux, attendu que Mathieu Goy avait été capitaine au long cours ! En fait on reprocha à Mathieu Goy ce qui avait fait qu'on l'avait nommé : être un honnête commerçant qui n'avait pas été impliqué dans quoi que ce soit du temps de l'ancien gouvernement renversé par la révolution de 1830 ; mais aussi, parce que Charles-Alexandre Blanchard, était président de la commission sanitaire, et que les décisions qu'il prenait en tant que, il les faisait exécuter entant que maire ! Mathieu Goy laissa d'ailleurs un très bon souvenir aux Nazairiens, alors que ses précédents furent oubliés ...

    Précisons enfin que comme le voulait l’usage, perpétué sous la République, puis sous l’Empire, le maire et les conseillers municipaux prêtaient serment de fidélité au Roi, et obéissance à la Charte constitutionnelle.

     

     

    Nous publions ici un passage de la généalogie de la famille Tahier, liée à l'histoire de Saint-Nazaire et de Guérandes au 19e siècle.

     

    Tahier

    Famille de noble.

     

    I° Julien-Maurice Tahier, sieur de La Villesgouté, né en 1717 à Ploubalay, contrôleur aux devoirs à La Roche-Bernard ; marié à Guérande le 2 août 1746 à Aimable-Jeanne-Jérômine de Kerveno (issue d'une famille noble), née le 22 septembre 1719 à Donges, décédée le 13 février 1786 à Guérande, d'où 12 enfants dont :

    1° Jacques-René-Claude Tahier, (Guingamp 19 septembre 1748 – Guérande 13 juillet 1816), marié à Guérande le 16 septembre 1798 avec Françoise Viaud, d'où 5 enfants dont :

    A° Jacques-François Tahier, (Guérande 8 novembre 1799 – Saint-Nazaire 24 mars 1875), capitaine au long cours, syndic des gens de mer à Saint-Nazaire, maitre de port, chevalier de la Légion d'Honneur, médaillé de Sainte-Hélène, époux d'Eléonore-Aglaë Blanchard, d'où quatre enfants, dont, Marie-Aglaë, (1836-1919), épouse de Hippolyte Durand, (Nantes 9 juillet 1827 – Saint-Nazaire 1892), médecin, commissaire municipal à la mairie de Saint-Nazaire.

    2° Julien Maurice Tahier de Kervaret, qui suit.

     

    II° Julien-Maurice Tahier, sieur de Kervaret, (La Roche-Bernard le 20 septembre 1749 – Saint-Nazaire 6 décembre 1832) ; fut nommé lieutenant de Frégate en 1778, puis de de Vaisseau 1786, et à nouveau en 1792, et le 18 Floréal'an II ; il partit à Philadelphie conduire un ambassadeur et toute sa suite, en l'an V (1796) comme commandant de la corvette " Mercury " et fut à son retour nommé capitaine de la station navale de Mindin ; nommé capitaine de Frégate en 1814,il fut mis en retraite le 1er novembre 1817. Il avait été nommé maire de Saint- Nazaire le 13 septembre 1815, et resta en place jusqu'en 1823, date à laquelle il démissionna en raison de son âge et de ses infirmités ; chevalier de Saint-Louis 1821 ; propriétaire du domaine du Parc à l'Eau (situé au niveau du croisement des avenues de la Légion d'Honneur et du général de Gaulle, une rue située plus loin porte le nom de ce domaine en souvenir) ; marié à Saint-Nazaire le 18 juillet 1799 à Françoise Thomas, d'où :

    1° Aimable-Geneviève, (1801 - Nantes 11 novembre 1860), religieuse dans l'Ordre de Saint-Louis de Gonzague en la communauté de La Providence à Nantes, inhumée au cimetière de La Briandais où sa tombe existe encore à droit dans l'allée principale ;

    2° Claire-Eulalie, (1802-1866) ;

    3° Aimée-Gertrude, née à Saint-Nazaire le 23 octobre 1806, hérita du domaine du Parc à l'Eau,  mariée sous le nom de Tahier du Kreset à Saint-Nazaire le 10 mai 1830 avec Pierre-François-René de Brégeot, né à Herbigniac le 14 juin 1801, licencié en droit, juge auditeur à vannes le 10 mars 1825, substitut à Savenay en 1829, juge de paix à Guérande en 1849, conseiller général de la Loire-Inférieure de 1850 à 1853, juge de paix à Briec en 1867, d'où : 

    1° Eugène-Julien-François de Brégeot, né le 4 mars 1831, décédé en 1904, maire de Guérande, marié à Guéméné-Penfao le 28 septembre 1869 avec Aline Potiron de Boisfleury, d'où postérité ;

    2° Henri-François de Brégeot, né le 7 avril 1833 ;

    3° François-Maurice de Brégeot,  né à Guérande le 10 octobre 1834, il fonda une briquerie à la Ville-au-Fève en 1862, celle-ci était en ruine en 1925 (cf. H.Moret), c'est son fils, Pierre-François-René, vendit à la paroisse le terrain de l'église Saint-Nazaire en 1886.

     

     

    A la suite Julien Tahier de Kervaret, on nomma pour maire Bernardin-Marie de Lesquen

     

    Bernardin-Marie de Lesquen, né le 24 novembre 1778 à Pontchâteau, dans une famille noble d'extraction chevaleresque maintenue en 1668 à Saint-Brieu, qui possédait la terre de Casso à Pontchâteau, il fut maire de Saint-Nazaire sur nomination 19 juin 1826, entré en fonction le 6 juillet suivant, il resta en post jusqu'à sa démission pour raison de santé le 8 juin 1829. En commémoration du sacre de Charles X qui avait eu lieu le 29 mai 1825, il organisa une grande fête publique, durant laquelle il lut une longue déclaration dithyrambique dans un style très niais, désignant le souverain sous le vocable de "bon roi Charles X"  appelant à l'allégresse générale, et finissant par  " Vive Charles X !  Vives les Bourbon ! ". La municipalité prêta serment au Roi et à la Charte constitutionnelle maintenue le 2 avril 1826.

     

    Jean-Pierre Mahé, fut promu maire remplaçant de Saint-Nazaire  du 8 juin 1829 au 29 juillet 1830. Ce n'était pas la première fois qu'il exerça cette fonction du 28 août au 24 septembre 1815, en remplacement de Guillaume Durant, maire nommé durant l'Empire, et qui avait eu la mauvaise idée de se rallier à l'Empereur durant les Cents jours. Jean-Pierre Mahé était issu d'une très ancienne famille nazairienne de laboureurs.

     

    Suite  à la révolution de 1830, Charles-Alexandre Blanchard fut donc nommé maire remplaçant, le 26 juillet 1830, il espéra être investi définitivement, mais le 15 novembre 1830, le préfet nomma Mathieu Goy maire, à son détriment.

     

    Nous publions ici un extrait de la généalogie de la famille Blanchard, dont les alliances sont intéressantes au point de vue de l'histoire locale :

     

     

    Blanchard

     

    Famille bourgeoise venue de Charente, à ne pas confondre avec une famille homonyme qui habitait avant la Révolution le village de La Grande-Fontaine (6).

     

    I° Jean Blanchard, (Jurignac (Charente) 1768 – Saint-Nazaire 15 mai 1823), officier de Santé, époux de Marie-Charlotte-Elisabeth Thomas, d'où :

    1° Jean-Marie, capitaine au long cour ;

    2°  Charles-Alexandre Blanchard, (Saint-Nazaire 24 septembre 1797 – Saint-Nazaire 22 juillet 1866), médecin, officier de santé, maire remplaçant du 26 juillet au 15 novembre 1830, marié le 9 novembre 1835 à Nantes avec Ester Brun, (elle était veuve de Joseph-René Durand, et mère de Hippolite-Joseph Durant, médecin, commissaire municipal à la mairie de Saint-Nazaire du 3 juillet 1811 au 24 août 1815, qui avait signé le 24 octobre 1814 un serment de fidélité au Roi après l'abdication de Napoléon, afin de rester en poste) (7);

    3° Eléonore-Aglaë Blanchard, (Saint-Nazaire 15 juillet 1803 – Saint-Nazaire 10 février 1865), mariée à Saint-Nazaire le 26 novembre 1833 avec Jacques-François Tahier, capitaine au long cours, syndic des gens de mer à Saint-Nazaire, maître de port, chevalier de la Légion d'Honneur, médaillé de Sainte-Hélène, (neveux de  Julien Tahier de Kervaret, maire de Saint-Nazaire de 1815 à 1823), d'où quatre enfants donc une fille épouse du maire Hippolyte Durand, son cousin par alliance. 

     

      

    (1) A.N., P 3850, p. 177 - Elle fut aussi maintenue noble comme descendante d'un secrétaire du Roi lors de la réformation de noblesse par arrêt du 6 avril 1699, (Bibliothèque Municipale de Rennes, Ms. 504 et 505)

    (2) Relevé et publié par Gustave Bord, dans :« Saint-Nazaire sous la Révolution, 1789-1790 », Saint-Nazaire, imp. Frédéric Girard, 1881.

    (3) Grurie, ou gruerie, juridiction intérieure qui prononçait en première instance les délits forestiers. On nommait aussi gruerie le droit que percevait le Roi sur les coupes de bois. Les seigneurs ayant le même droit étaient qualifiés de seigneurs gruyers.

    (4) Ansaisinement, pour ensaisinement, mise en possession de l’acquéreur d’une propriété tenue en roture. L’ensaisinement, ou investiture, était donné par le seigneur de qui dépendait la propriété.

    (5) Famille toujours existante ayant fait ses preuves en mai 1934 à l'A.N.F. Armoiries : De sable à  trois jars d'argent, becqués et membres de gueules.

    (6) La Grande-Fontaine était un hameau situé sur la dune, avant le bourg, situé à peu près ou se trouve aujourd'hui l'église Saint-Nazaire.

    (7) Son portrait, conservé en des mains privées, a été reproduit par Fernand Guériff, en 1963, dans son "Histoire de Saint-Nazaire", tome 2, p. 241.

     

  • Saint-Nazaire, pays de vignobles, dispensé du droit de billot

    1507, Saint-Nazaire, pays de vignobles, dispensé par Louis XII du droit de billot

     

    Au début de l'année 1507, maître Antoine Force, fermier des impôts (1), ordonnés pour les réparations des murailles de Guérande, eu l'idée de faire taxer les vins entrants et sortants de la paroisse de Saint-Nazaire pour financer cette campagne de travaux, cette taxe sur le vin se nommait " droit de billot ". Il faut savoir que Saint-Nazaire était doté d'un grand vignoble, qui s'étendait au-dessus des falaises depuis Kerlédé jusqu'aux salines de Pornichet. Ces vignes étaient constituées d'un cépage nommé " Congor (2) ", s'était en réalité du pineau d'Aunis, nommé aussi chenin noir, cépage encore cultivé dans l'ensemble de la vallée de la Loire, aux fruits de couleur noire, ayant un arôme de framboise avec des notes de poivre, qui donnait à Saint-Nazaire un vin clair, aromatiques et, dit-on, fort alcoolisé. A la Révolution, ces vignes furent peu à peu replantées de cépages Gros-plant-du-pays-nantais, dont la qualité à Saint-Nazaire n'était pas des meilleurs aux dires d'Henri Moret, dans son " Histoire de Saint-Nazaire ". En 1929 la propriété acquise à Gavy par la municipalité en vue d'abriter l'hospice des vieillards, comportait encore 3 ha de vignes, qui produisaient 100 barriques de vin (3). Les vignerons étaient nombreux au territoire de Saint-Nazaire, depuis la pointe de la Villes-Martin, où étaient les vignes de la Falaise, jusqu'à la seigneurie de Cleuz (4), tout n'est que vignes, la Tour du Commerce domine les Vignes de la Rongeole, du Chapitre (5), et Vignes du Clos, là où sont aujourd'hui les quartiers de Bonne-Anse et de Porcé, à Saint-Marc se sont celles du Crepelet, de la Sétrait, de Gonon, des Noës, du Clos Hemery (6) et du Clos Delefeuvre, de La Corance, de la Colline du château, Béac et Verdun, à l’intérieur des terres sont celles de Roilet , d’Armangeau et de Cleuz... Le vin était exporté hors de la paroisse par voix de terre, mais aussi par mer, les taxer, ainsi que les marchands et les cabaretiers de la paroisse, était l'assurance d'une levée d'impôt importante en faveur de Guérande. Rassemblés derrière Jehan Halgan et Julien Hervé, les producteurs, vignerons, marchands de vin, et cabaretiers de la paroisse de Saint-Nazaire firent valoir leur privilège de ne pas avoir à contribuer aux fortifications de Guérande. On fit appel à Louis XII, second mari de la duchesse Anne, qui durant un séjour à Nantes en 1507, coupa court à toutes ces difficultés en renvoyant en dernier ressort les plaignants devant le sénéchal de Guérande. Il délivra les lettres suivantes (7) :

     

    Loys, Par la grâce de Dieu, Roy de France et duc de Bretaigne, à noz noz séneschal, alloué et lieutenant de Guérande, salut. 

    De la part de noz subgectz les paroissiens manans et habitans de la paroisse de Sainct-Nazaire. nous a esté en suppliant exposé que, combien que le vingt-huitième jour de novembre de l'an que dit fut mil-quatre-cens cinquante-quatre, leur ait esté octroie et concédé par feu prince de bonne mémoire le duc Pierre, ainsi que appert par son mandement de date prédite, exemption, liberté et franchise de toutes contributions et subcides de réparations de villes et chasteaulx ; 

    Quelles exemptions et franchises nostre très chère et très-amée compaigne la royne a depuis par ses mandemens confirmé, ainsi que appert par iceulx. 

    En vertu de quelles franchises il sont démolirez francs et exemps du devoir de billot ordonné pour les dites réparations, et en ont esté et sont en possession sans débat, fors puis peu de temps ença, que Maistre Anthoine Force, se disant fermier dudit billot mist en procez ung nomme Jehan Halgan et autres plusieurs de ladite paroisse en la demande dudit devoir de billot ; 

    Qu'ils esplectèrent tant ci tellement par ladite court de Guérande, que lut dit et déclaré par lesdits proiluietz tant cliques les que lettres contre ledit Force audit nom qu'ils dévoient demourer francs exemps et, quitte dudit devoir.

    Quelle sentence passa en œuvre de juge. 

    Est-il que néanmoins ce que dessus, Bertrant Charays et Jehan Sorel se disans soubzfermiers de Jehan Pineau, fermier général du ditdevoir de billot, dudit, terrouer de Guérande où est située ladite paroisse, ont mis en action ung nomé Julien Hervè en la demande dudit devoir de billot, supposant qu'il avoit vin par détail en ladite paroisse ; 

    Quel en empeschant respondre à ses faicts excepta de la sentence donnée contre ledit Sorel, fermier susdit ; 

    Quelle exception ne fut receue du lieutenant nostre dite court de Guérande; 

    De quoy ledit Hervé appella quelle appellation alla devant l'alloué dudit lieu.

    Et au terme assigné à estre procédé a la décision dudit appel devant ledit alloué se trouva un nomé Julien Paulmier procureur du corps politique, qui voulut et demanda estre a la conduicte de ladicte matière pour ledit Hervé disant qu'elle touchoit l'intérest dicelle paroisse pour tant que le privilége a esté octroie à tous vendans vin de ladite paroisse, que contrarièrent lesdits, soubz fermiers. 

    Dont fut ivservé faire raison entre parties. 

    Ce néanmoins s'efforcèrent contraindre icelluy Hervé à suyvre le procès. 

    Et ce voiant. le procureur desdits paroissiens bailla plégement contre iceulx soubx fermiers de non conduire le procès contre ledit Hervé Juliens de leur plédoyé. Auquel plégemetit 

    raisonnèrent leurs dits privilèges, au débat desquelles raisons fut figuré jugement en advis qu'il démolira eu garde de court, qui y est encores à présent. 

    Par le moien duquel procès se peult trouver grant longueur au domaine desdits paroissiens.

    Nous supplians qu'il nous plaise sur ce leur pourveoir de remède convenable, très humblement le nous requérant.

    Pouquoy, Nous, lesdites choses considérées, voullant ausdits supplians en ce subvenir, aider, et iceulx en leurs droitz, libertez et franchises estre préservez et gardez, vous mandons et commandons et a chacun de vous, en commettant, si mestier est icelles matières congnoistre, sentencier et déterminer par briefz jours et termes compettans. sans avoir esgard à assignation de piedz, généraulx, juduces, prévileiges de menées, ceix remuz de juridiction, retroict de barre, ni autres termes ordinaires quelzconques,et au parsus, parties appellées et ouyes, selon ce qui vous apparostra, faire et donner sur le contenu cy dessus telles provisions que voyrez de raison appartenir. 

    Car ce nous plaist.

    Donné à Nantes, ce XXIIe jour de mars l'an de grâce mil-cinq-cent-sept et de notre régne le dixième. Par le Roy et Duc, et à rellafion de son conseil.

    De LANVAUX.

     

    Les Nazairiens eurent une fois de plus gain de cause face aux Gérandais, et on ne leur demanda plus de contribuer aux fortifications durant un siècle. (voyez les articles " Les nazairiens et les murailles de Guerande ".)

     

     

    (1) Agent du fisc qui collectait les impôts pour le compte de la Couronne, cette fonction était une charge qui se vendait fort cher, et qui rapportait beaucoup à son possesseur, celui-ci était rétribué en pourcentage sur les impôts levés auprès des contribuables.

    (2) Congor est aussi le nom d'un lieu-dit au territoire de Guérande.

    (3) Article du 06/12/1929 paru dans Le Courrier de Saint-Nazaire.

    (4) Aujourd'hui Cleux, territoire de la commune de Pornichet fondée le 9 avril 1900.

    (5) Ce sont les vignes données au prieuré dès l'an 1079, à sa fondation par le vicomte de Donges.

    (6) Du nom de Jacques Hémery, mort avant 1645, époux de Jacquemine du Boisbaudry.

    (7) Relevé et retranscrit par René de Kerviler, op. cit.

  • Les Nazairiens et la chaussée du Pont d'Armes

    Hiver 1633-1634, le Sénéchal de Guérande sollicite les paroisses de sa juridiction pour les frais de réparation de la chaussée du Pont d'Armes

     

    En 1633, la chaussée de Pont d'Armes, située à l'extrémité de la baie de Mesquer sur la commune d'Assérac, avait besoin de réparations, le sénéchal de Guérande taxa les seize paroisses de sa juridiction (1). Les Nazairiens refusèrent d'y contribuer, et dès janvier de l'année suivante ils présentèrent une requête au Parlement de Bretagne (2) :

     

    Du 17e janvier 1634. 

    A Nos seigneurs de parlement 

    Supplye humblement Denys Motais procureur fabriqueur de la paroisse de Saint-Nazaire, deffandeur, contre Maitre Jacques Aubin procureur, suidicq des habitants de la ville et parroisse de Guerrande, demandeur. 

    Exposant le supplyant que par les comparans et appointemens ensuy entre les partyes et autres, il i déluit de très particuliers moyens pour l ai re dire que lesdits habitans de Guérande ont mal a propos faict signifier sans arrest et sans commission, lesdits parroissiens et habitans de Saint-Nazaire pour contribuer auv frais de réparation ou réfection du pont et passage appelé Pont d'Arm ; que vue la folie imitation qui est toute visible et palpable, il n'y a au fonds de raison ny d'apparance de vouloir obliger les supplians de subir les injustes tins et conclusions des demandeurs.

    Les paroissiens de Saint-Nazaire, ny au général ny au particulier, ne se servent jamais du pont et passage du Pont d'Arm pour aller en quelque lieu que ce soit. Ils en sont fort éloignés, comme a esté représenté par le pieds inséré aux appointemens ; et pour justifier leurs faits, et qu'ils ont leurs charges à supporter, à l ai re garde à toutes occurances pour leur seureté et conservation, laquelle importe à toute la province, ce que Sa Majesté recognoissant, au moys de novembre de l'an mil six cent vingt-sept, leur fist commandement exprès et par lettres patentes de s'armer et faire garde pour ledit subject, lesdites lettres données au camp devant

    la Rochelle le 9* dudit moys de novembre. 

    Il y a plus que les mesmes supplyants ont leurs previleges etexamptions dès le temps du duc Pierre fondées sur tes périls où ils sont continuellement exposés, quels privilèges ils avoient fait veoir à la cour comme se justifie par requête présetntée en icelle le vingt uniesme de novembre mil-six-cent-vingt-sept, sur laquelle requeste ladite cour donnant son arrest le XIIIe de décembre aud it an, uze de ces mots : sans préjudice des privilèges desdits habitans de Sainct-Nazaire en autre temps et cas, et attendant le payement qu'il plaira au roy annoyer aux gens de guerre en ceste province ; ordonne que par la forme d'estappes et sans tirer a conséquences ils contribueront à la nourriture des soldats suyvant le département qui en sera fait.

    De cet arrest, lors duquel furent veus et considérés les privilèges et exemptions des supplyans, fut tiré un moyen très puissant contre les prétentions des demandeurs, qui est en effect que les deffandeurs ne sont tenus de porter les charges desdits, habitans de Guérande et autres du plat pays qui ont leur chemin par leslits pont et passage pour aller ou ta nécessité de leurs affaires les appellent et non les supplyants esloignés dudit pont déplus de cinq grandes lieues.

    Ce considéré 

    Plaise à la cour veoir les pièces à la présente attachées et particulièrement l'arrest lors duquel furent

    veuz les privilèges et exemptions desdits supplyants, ordonner tous estre mis au sac & de l'incident et en adjugeant y avoir esgard, adjuger auxdits supplyants leurs fins et conclusions

    avec respect

    Et vous ferez bien.

    LECLERC. 

     

    Les Batziens, les Croisicais et Nazairiens furent déboutés de leur demande d'exemption, par arrêts du Parlement des 21 janvier et 12 septembre 1634, et durent participer à la réparation de la chaussée du Pont d'Armes. En novembre 1669, les Guérandais assignèrent encore une fois les paroisses circonvoisines à la réparation de la Chaussée du Pont d'Armes.

     

    (1) Assérac, Batz, Camoël, Escoublac, Férel, Guérande, Herbignac, Le Croizic, Le Pouliguen, Mesquer, Pénestin, Piriac, Saint-André-des-Eaux, Saint-Lyphard, Saint-Molf, Saint-Nazaire, Guide des archives de la Loire-Atlantique, Tome I, Nantes, 1962, op. cit.

    (2) Relevé et retranscrit par René de Kerviler, op. cit.

     

  • Les Nazairiens, les murailles de Guerande, et ce qui en découla, septième partie

    1637, les Nazairiens sont dispensés des frais des garnisons en étape à Guérande

     

    En 1637 quatre compagnies du régiment de La Meilleraye (1), furent en garnison à Guérande. Les frais occasionnés pour les Guérandais furent élevés, et ceux-ci voulurent pour se faire taxer les Nazairiens pour en assumer une partie. Les Nazairiens ne voulurent pas y participer, argumentant qu'ils avaient déjà les frais de garde-cotes, ils s'adressèrent directement à l'autorité royale, appelant du Parlement au Conseil du Roi. Leur démarche fut couronnée de succès, et le Conseil d'État confirma, par arrêt contradictoire rendu le 3 novembre 1637, les Nazairiens exempts de la contribution aux étapes de Guérande. Cet arrêt, qui comprenait quatorze grandes pages in-folio sur parchemin, a été retranscrit dans son intégralité par René de Kerviler en 1870, nous faisons le choix de vous en livrer l'intégralité, attendu qu'il est un acte important qui concerne toute l'histoire du Pays de Guérande, mais aussi parce qu'il mentionne des documents aujourd'hui disparus : 

     

    Extraict des registres du conseil privé du Roy.

    Entre les comraunaultez des nobles, bourgeois et habitans du Croissic, isle et parroisse de Batz, diocèse de Nantes, demandeurs en requeste par eux présentée au conseil , et arrest intervenu sur icelle le vingt-quatrième may 1637 d'une part, et les nobles bourgeois et habitants de la ville de Guérande et paroisse de Sainct-Aubin dudit Guérande, Claude de Roussillon, escuier, sieur de la Barottière, séneschal de Guerrande, Estienne Groy, escuier, sieur de Querbouchard, alloué, Georges Martin, sieur de la Saudraye, Heutenant, Allain Daniel, sieur de la Giraudaye, procureur du Roy et Maitre Jean Foucher greffier de ladite juridiction de Guérande, deffendeurs d'autre part. 

    Et encore les dits nobles bourgeois manans et habitans de la ville du Croissic, isle et parroisse de Batz demandeurs en requeste verballe par eux et les nobles bourgeois manaus et habitans de la ville de Guerrande, de Rouxillon, Groy,Daniel , Martin et Foucher deffendeurs en ladite requeste verballe ; 

    Et ledit Groy alloué en ladite ville de Guerrande demandeur en pareille requeste verballe que lesdits habitans du Croissic contre lesdits habitans de ladite ville et parroisse de Sainct-Aubin de Guerrande et lesdits sénéchal, lieutenant, procureur du roy et greffier dudit lieu deffendeurs d'autre part ; 

    Et encore lesdits habitants de la ville et paroisse de Saint-Aubin, de Guérande demandeurs es assignations des douze et treize dudit mois de juin d'une part, et les habitants des parroisses de Blesquer, Sainct-Molf, Assérac, Piriac, Escoublac, Sainct-André, Saint-Nazaire, Sainct-Lifard, Herbignac, Penestin et Camoy deffendeurs esdites assignations. 

    Et encore lesdits habitans de Piriac et d' Assérac demandeurs en requeste verballe des et lesdits habitants de la ville de Guérande deffendeurs esdites requestes verballes , d'aultre ; 

    Et encore lesdits habitants de la ville de Guérande demandeurs en requeste du dix-huictième septembre dernier d'une part, et lesdits habitans de Sainct-Nazaire, du Croissic , Isle et parroisse de Batz , Mesquer, Stinc , Piriac , Assérac , Coublac et Sanct-Andry deffendeurs, d'autre ; 

    Et encore lesdits nobles bourgeois et habitans de la ville du Croissic, Isle et parroisse de Batz, demandeurs en requeste verballe du dix-neuviesme septembre dernier, et lesdits habitans de la ville de Guérande , d'autre ; 

    Et encore lesdits habitants de la ville de Sainct-Nazaire demandeurs en requeste du juillet mil six cens trente-sept, et lesdits habitans de la ville de Guérande deffendeurs ; sans que les quallitez puissent nuire ne préjudicier aux parties. 

    Veupar le roy en son conseil, la requeste desdits habitans du Croissic, Isle et paroisse de Batz à ce qu'il plaise à Sa Majesté ordonner que tant les habitants de Guérande que le sénéchal dudit lieu qui a procédé au département des estapes pour le logement de quatre compagnies du régiman de la Meilleray estant en garnison en ladite ville de Guérande , se voient assignés audit conseil pour veoir dire que Tarrest d'icelluy du sex novembre 1628 sera déclaré contradictoire avecq eux ; et que conformément à icelluy deffences leur soient faictes de les contraindre au payement d'aulcunes estapes, et pour la contravention par eux faicte audit arrest qu'ils seront condamnez en telle amende qu'il plaira à Sa Majesté ordonner et en tous les despans dommages et intérêts ; et que Thomas Ollivard sergent qui a signiffîé ledit arrest du conseil sera eslargy et son escroue rayée et biffée ; sur laquelle est intervenu ledit arrest du XXeme may 1637 portant que lesdits habitants de Guérande et autres qu'il appartiendra seroient assignez en icelluy aux fins de ladite requeste pour leur estre pourveu ainsy que de raison ; 

    Exploitz d'assignations donnez audit conseil à la requeste desdits du Croissic auxdits habitans et officiers de Guérande des 4 et 7 juin et suivans. 

    Exploitz des 22 et 24 juin derniers contenant la sommation faicte par lesdits habitans de Guérande aux habitans des parroisses de Mesquer, Sainct-Molf, Asseracq, Periacq, Escoublacq, Sainct-André, Sainct-Nazaire , Sainct-Lyphard, Herbignac, Penestin et Camoy en assignations à eux données audit conseil pour se joindre avecq eux pour empescher conjointement la charge prétendue par lesdits habitans du Croissic, et au cas que lesdits du Croissic fussent deschargez , que lesdites sommes ausquelles ils pourroient avoir esté taxez seroient régaliez sur le reste des parroisses dudit ressort ; 

    Lesdites requestes verballes desdits habitans et officiers du Croissic du 28 aoust et 19 septembre audit an tendantes à ce qu'il plaise à Sa Majesté esvocquer la preuve d'entre les parties au parlement de Rennes , et en ce faisant qu'il seroit estably une audiance dans la ville du Croissic pour les comptes d'icelle et de ladite isle et parroisse de Batz avecq injonction auxdits juges de Guérande et à leurs successeurs esdites charges de se trouver tous les jours de lundy ou tel autre jour de chacque sepmaine qu'il plaira à Sa Majesté ordonner en ladite ville du Croissic pour y rendre la justice aux subjectz de Sa Majesté h l'instance des officiers de Hennebond envers les officiers du Port-Louis, et que faulte par lesdits juges de Guérande de se trouver au jour qui leur sera ordonné en ladite ville du Groissic pour y rendre la justice, sans avoir esgard aux defîences portées par les arrestz de la chambre des comptes de Nantes du 14 mars 1620 et errestz du parlement de Rennes du 23 juin 1609, 13 mars 1611, dernier novembre 1627, 12 septembre 1624 et 21 juin audit an 'et 13 juillet 1637, ilz seront receus et restablis en la paisible possession jouissance et liberté qu'ilz avoient de Texercice en la justice de ladite ville du Groissic avant lesdites deffences du parlement de Rennes , sans espoir aux juges de plus grandz sallaires que ceulx qu'ils debvoient prendre exerçant la justice en ladite ville de Morande (lire Guérande), et à leur reffus à eux permis de prendre le premier juge trouvé sur les lieux ou anciens advocatz et autres praticiens trouvés en leur absance ; 

    Ladite requeste verballe dudit Groy alloué en ladite ville de Guérande du 18 aoust tendante à mesme fin que celle desdits habitans du Croissic isle et parcoisse de Batz pour le restablissement de ladite justice audit lieu du Croissic ; 

    ladite requête verballe desdits habitans d'Asséracq dudit jour 18 aoust à ce qu'attendu que lesdites parroisses se trouvent sur la sciluation de la coste de la mer où ilz sont obligés de faire garde ; ils soient deschargés du paiement des sommes ausqueiles ils ont esté et pourroient estre cy après cottizez pour la nourriture des gens de guerre, comme en estant dispensez par le 458eme article des ordonnances de Sa Majesté de l'année 1629, et que deffences soient faictes ausdits habitans de Guérande de les plus cottiser à ladvenir ; 

    Ladicte requête verballe desdits habitans de Periac dudit jour 18 aoust à ce que sans avoir esgard à l'arrest du parlement de Bretaigne du 28 avril 1635 , ny au prétendu département fait par ledit sénéchal de Guérandeen exécution d'icelluy, la somme de quatre cens dix sept livres en laquelle ilz ont esté cottisez pour la nouriture et logemen de gens de guerre qui estoient en ladite ville de Guerrande leur soit randue et restituée par lesdits habitans de Morande (lire Guérande) qui y seront contrainctz par les mesmes voyes que lesdictz habitans de Periacq ; 

    Lettres pattentes contenant les previllèges et exemptions accordées aux habitans du Croissic par la duchesse Anne de Bretaigne ; les roys Charles VIII son espoux, François Ier, Henry IIe arrestz de vériffication d'iceulx faictz en la chambre des comptes de Bretaigne et au bureau des finances de ladite province des 26e novembre 1488, 8e avril 1491, 10e novembre 1481, 6e décembre 1492, 2e avril 1545, 7e janvier 1546, 2e avril 1545, du mois de mars 1547, 30 septembre 1548 et 2 juillet 15. . . 

    Autres lettres pattentes contenant les confirmations desdits privilèges et exemptions accordées auxdits habitans du Groisic par les roys Henry second , Charles neuf, Henri trois et Henry le Grand avecq les lettres de vériffications d'iceulx tant audit parlement, chambre des comptes, que bureau des finances de Bretaigne des 20 avril 1545, 30 aoust 1555 , 13 may 1556 , 18 juin 1558, 12 febvrier 1567, du mois de mars 1578, 3 may 1585 et 18 mars 1586, du mois d'avril 1598, 25 may 1598 ; 

    Trois procès verbaux des navires par eux équipez pour aller et faire la guerre en Escosse pour le service de Sa Majesté ; 

    Arrest du conseil du deuxiesme may 1609 portant que lesdits habitans de l'isle de Croissic, parroisse de Batz, jouiront desdits privilléges et exemptions portées par lesdites lettres et arrestz et que pour cet effect toutes lettres nécessaires leur seront expédiées , fait Sa Majesté deffences aux nommes Pelletier et Bellon receveurs des fouages en l'evesché de Nantes et auxdits receveurs de les poursuivre pour le payement d'aulcunes soldes ny autres taxes que ce soit , à peine de tous despens dommaiges et interestz ; 

    Arrest du parlement de Rennes du 10 mars 1626 portant deffence au sieur de Baille cappitaine de Guérande et tous autres de contraindre lesdits habitants du Croissic et parroisse de Batz au payement mentionnez au département du 9 avril dernier ny le tirer à conséquence sur les peines qui eschéent ; 

    Autre arrest du parlement de Rennes intervenu sur requeste présentée par lesdits du Croissic du 28 avril 1627 portant deffense à Jean Blanchet commis par le général com... h la recepte de certaines estapes, de contraindre lesdits habitans du Croissic et parroisse de Batz au payement des Estais mentionnez au département du 18 mars 1627 ; 

    Arrest du conseil du 20 novembre 1628, par lequel le roy sans s'arrester à l'arrest du parlement de Rennes du 13 décembre 1627, a fait inhibitions et deffences ausdits habitans de Guérande et tous autres de contraindre lesdits habitans du Croissic et parroisse au paiement des estapes, ordonne Sa Majesté que le nommé Noises sera eslargy des prisons de Guérande si pour autre cause il n'est retenu que pour le payemen desdites estapes, que les deniers qu'il avoit esté contrainct payer pour lesdites estapes luy seront rendus par ceulx qui les ont touchez, par les mesmes voyes et rigueurs; et exploitz de significations dudit arrest faict ausdits habitans de Guérande des 8 novembre 1628, 24 et 27 avril 1637; — Acte du 28 avril 1637 contre le refus fait par un nommé Macy, sergent, de signifier ledit arrest du conseil aux officiers et habitans dudit Guérande, coppie de lettres de cachet du premier avril 1637 escripte par Sa Majesté aux habitans de Guérande, par laquelle elle leur mande de loger et recevoir en icelle quatre compagnies du regimen dudit sieur de la Meilleraye, et de fournir aux efîectz estans en icelle les estapes nécessaires ; 

    Arrest du parlement de Rennes du 18 avril 1637, obtenu par lesdits habitans de Guérande, portant que les sommes à lever pour la contribution aux frais, logemens, entretènement aux quatre compagnies du régiment de la Milleraye, seront départis sur lesdites villes etparroisses de la seneschaulcée de Guérande, par le séneschal dudit Guérande commis à l'examen d'icelluy ; 

    Extrait du 6 avril audit an, contenant ledit département fait par ledit séneschal de Guérande, pour le paiement desdites estapes par lequel il se voit que lesdits habitans du Croissic , isle et parroisse de Batz ont esté taxez pour icelle la somme de onze cens seize livres douze solz ; 

    Procès-verbal du 16 may 1637, faisant mention comme les nommés Lescar, Le Huédé, Le Guillot et Davy, pauvres habitans de ladite ville du Croissic, isle et parroisse de Batz, ont esté emprisonnez faulte de payement, de ladite somme de 1116 livres 12 sols pour lesdits estatz à la requeste desdits habitans de Guérande ;

    Requeste du 18e may audit an, présentée par ledit Lescard, Huédé et autres aux juges dudit Guérande, à ce que lesdits habitans du Croissic et paroisse de Batz feussent assignés pour les relever dudit emprisonnement ;

    Acte du 18 juin audit an , par lequel il appert que ledit Huédé a payé 30^ au nommer Cavalier pour le rachapt par luy fait des mulets et bleds vendus à la requête desdits habitans de Guérande, faulte de payement desdits Estats ; 

    Jugement au siège de Guérande du 26 dudit mois de juin audit an, portant qu'en conséquence de l'instance pendante au conseil que lesdits Lescard, Le Huédé et autres, seront eslargis en paiant par eux la despence faicte à la geolle, sauf à leur faire droit sur les despens, dommaige et interestz par eux prétendus, vers qui il appartiendra ;

    Quictance dudit jour 26 juin, de la somme de 32 Livres payée par ledit Lescard, Le Huédé, Le Guillot et David pour la despence par eux faicte en ladite geolle, affin de sortir des prisons ; 

    Ordonnance du sieur de la Bleilleraye , lieutenant-général en Bretagne, des 20 et 21 febvrier 1637 ; 

    Autre acte d'attestation du gouverneur du Croissic et de Guérande du 28 septembre 1637, par lesquelles il leur est ordonné et aux habitans de Poullegain, de laisser la garde qu'ilz ont accoustumé de faire dont ilz sont exemps, cy ce n'est en cas de nécessité ou que les ennemis parussent à la mer et au heu d'icelle, leur enjoinct qu'à toutes les pointes où ilz ont accoustumé de poser leurs corps de garde, d'y mettre des matz de manière plantez en terre et autres arbres, et sur iceulx y mettre des fanaux et fagostz gaudronnez pour y mettre le feu, en cas qu'il pareiist des vaisseaux à la mer jour et nuit ; 

    Acte et procès-verbaux rapportez par Talloué de Guérande et juge de Nantes, des prises faictes par les cappitaines Bertelot et Lefols habitans de PouUegain et Croisic, de plusieurs pinaces et pataches espagnolles , et rapportz de chirurgiens de plusieurs qui y ont esté blessez, des 30 septembre 1636, 29 may, 27 juin, 4 juillet 1637; 

    Lettres patientes du 5 juillet 1542 du roy Charles VIII, portant création et establissement d'une justice et prévosté en ladite ville du Croissic ;

    Austres lettres patientes du 12 mars 1492 du roy Charles VIII, portant addresse desdites lettres de création de ladite prévosté au trésorier-général des finances de Bretagne ;

    Ordonnance dudit trésorier-général du 8 décembre audit an 1492 ; 

    Commission du roy François premier, comme père et légitime administrateur et usufruitier des biens de son fils Daulphin, propriétaire du duché de Bretaigne, du 19 juin 1628, par laquelle il mande aux officiers du parlement de ladite province de Bretaigne de faire droit auxdits habitans du Croissic, le réquisitoire par eux fait de l'establisseraent de ladite prévosté en ladite ville ; 

    Requête du 2 juin 1628, présentée au conseil par lesdils habitans du Croisic, isle et paroisse de Batz, par laquelle est requis Festablissement de ladite prévosté et d'une audiance un jour de chacque sepmaine en ladite ville du Croissic ; au pied de laquelle requesle est l'ordonnance du conseil portant qu'il sera informé du contract en icelle pour ladite information rapportée au conseil, icelle veue, et les habitans et officiers de la ville de Guérandeouis, estre fait droit sur icelle ainsi que de raison ; 

    Jugemens, sentence et appointemens rendus en ladite ville du Croissic par les officiers de la justice de Guérandedepuis le 29 octobre 1589 jusqu'au 10 janvier 1611 ;

    Requeste du 17 décembre 1612 présentée par lesdits habitans du Croissic au parlement de Rennes, aux fins d'estre receus partie intervenante au procès y pendant entre lesdits sénéchal et alloué de Guérande pour raison du restablissement de ladite justice par laquelle requeste le sieur de la Fourche, conseiller audit parlement, a esté commis pour ouir les parties ; 

    Appointement du règlement intervenu sur ladite intervention par lesdits habitans du Groissic, isle et parroisse de Batz, audit parlement de Rennes contenant leurs moiens pour le restablissement de ladite audience et exercice de la justice un jour de chacque sepmaine en ladite ville du Croissic ; 

    Articles et conventions accordées entre ledit Roussillon, sénéchal de Guérande, et Le Groy, ahoué audit heu, le 6 décembre 1616 et 15 décembre 1620, au 7e article dudit accord et convention, est expressément porté qu'il sera loisible audit alloué estant en la ville du Groissic, prendre cognoissance des matières sommaires, continuation à la police et autres affaires qui requièrent célérité, dont il rapportera les esmolumens qu'il en aura perceus qui seront partagez entre eux, et où il appartiendroit audit lieu d'affaires d'importance , qu'il en donnera advis audit sénéchal pour conférer ensemble et administrer la justice au mieux qu'il leur sera possible à l'advantage du service du roy et du contantemen du publicq ; 

    Acte expédié en la justice de Hambon (lisez Hennebont), du 23 aoust 1618, dans lequel sont incérées les lettres patientes de Sa Majesté par lesquelles entre autres choses elle veult que les juges dudit siège de Hennebond se transportent un jour de chacque sepmaine au Port-Louis, pour y estre tenu l'audience et rendre la justice à ses subjectz audit lieu.

    Extrait du 19e article du contrat fait entre lesdits commissaires du roy et les depputés des Estatz de Bretaigne du 28 janvier 1637, portant qu'il ne se fera aulcune levée en francs archers, estapes, ny autre imposition pour gens de guerre et entretien d'iceulx en ladite province. 

    Coppie collationnée du département fait sur toutes lesdites parroisses de la sénéchaucée de Guérande par ledit de Rouxillon... 1637 ; 

    Coppie des rolles des officiers et soldatz, effectifs des quatre compagnies dudit régiment de la Milleray ; 

    Coppie de contrat du 23 avril audit an, contenant l'emprunt fait par tous les habitans et maison commune de ladite ville de Guérande, de la somme de 3000 livre à Teffect de commencer à fournir vivres ausdites quatre compagnies de gens de guerre ; 

    Quittance du 19 may ensuivant, par le sieur Blontreuil Montigny, cappitaine desdites quatre compagnies, de la somme de 3504 livres d'une part, et 2324 livres par M. Jacques Ricordel, commis à la recepte des sommes levées pour ladite contribution; 

    Compte rendu en la Chambre des Comptes de Bretaigne, par Penestin Le Peltyé, des fouaches de tout l'évesché de Nantes, du 23 juin 16..., auquel appert que tout le Croissic et la parroisse nommée Batz, que Samct-Nazaire et toutes les autres parroisses de ladite sénéchaucée de Guérande paient les fouages ; 

    Compte d'arrest de la Chambre des Comptes de Bretaigne du 14 mars 1621, par lequel appert lesdits habitans du Croissic et de Batz, avoir esté condamnez au payement des taxes sur eux imposées pour l'entretenemen des soldatz logez en 1616 en tout l'évesché de Nantes ; 

    Autre arrest de la Cour de parlement de Rennes du X novembre 1627, par lequel est enjoint au sénéchal de Guérande, de procéder au département des deniers pour le fournissement des vivres aux soldatz estans en la sénéchaussée du Croissic, isle de Batz, Asseracq, Hervignac et autres de l'estandue de ladite juridiction, sans exception j fors celle de Sainct-Nazaire qui demeurera exempte pendant que les compagnies du régiment d'Estissac y seront ; 

    Arrest du parlement de Bretaigne du 21 janvier et 12 septembre 1634, par lequel lesdits habitans de Sainct-Nazaire du Croissic, isle de Batz, sont condamnez à la contribution des réparations du Pont d'Armes ; 

    Extraict des registres du greffe de Vannes du 23 may 1637 auquel est incerré une lettre de cachet de Sa Majesté du 3e dudit mois de may, et une ordonnance du sieur duc de Brissac du 20 dudit mois, portant que les contributions des estapes seront prises sur les parroices de l'évesché de Vannes sans exceptions pour les compagnies du régimen de Milleray, fors sur celle de Reddon ; 

    Lettre de cachet de Sa Majesté du 23 juillet adressant au sieur duc de Brissac, portant mandemen de faire régaler sur toutes les parroisses de ladite sénéchaucée de Guérande, les sommes levées et à lever pour la contribution desdites quatre compagnies du régiment de la Milleraye ; 

    Conclusions prises par le procureur-général au pariement de Bretaigne sur lesrequestes présentées tant par lesdits habitans de Guérande que Sainct-Nazaire par lesquelles il requiert que lesdits habitans de Sainct-Nazaire soient condamnez à contribuer ainsy que les autres parroices au payement desdites estapes ; 

    Article 8e et 2e des ordonnances de Charles VIII et Charles IX de 1493 et 1565 la première portant : nous déclarons , voulons et statuons en ce qui est la juridiction et prévosté du Groisic que les officiers et justiciers qu'avons par cy devant commis et ordonnés pour la tenir et exercer ne la tiendront exerceront ne feront tenir et exercer doresnavant , jusques à ce que y ayons pourveu et advisé, et cependant lesdits du Groissic et autres dudit terroir de Guérande seront subjectz et traictez en notre dite cour de Guérande devant nos officiers et justiciers, et eux tenus d'y comparoistre et ressortir tout ainsy qu'ils ont faict de avant la constitution d'icelle prévosté audit lieu du Groissic ; la seconde portant : au siège de Guérande avons uny et unissons les ports et havres du Croisic, Sainct-Nazaire, Phiriac, Pouliguen et les villages qui en deppendent , ensemble la chastelenie d'Asserac, avecq le quartier nommé Penestin et les deux forts appeliez Faugars ; 

    Trois arrestz du parlement de Rennes du 23 juin 1609, 13 mars 1612 et 13 juillet 1625 portant deffence aux juges, alloué dudit Guérande et à autres de faire aulcune expédition audit lieu du Groisic et à eux enjoinct de faire résidence audit Guérande con- formément aux ordonnances réglemens et arrestz ; 

    Deffault obtenu par lesdits habitans de Guérande audit conseil du 29 juillet 1637 contre les communaultez des parroisses de Sainct-Nazaire, Herbignac, Penestin, Camoy et Sainct-Lyphard, à faulte d'estre comparu à l'assignation à eux donnée ; 

    Inventaire de production dudit Groy fait au pariement de Bretaigne contre ledit sénéchal de Guérande sur la demande par luy faicte affin d'estre maintenu es audiances alloué, auquel y a trente six pièces y attachées, entre lesquelles y a une sentence du 3 juin 1622 donnée en la chancellerie et conseil de Bretaigne entre le sénéchal et alloué de Guérandepar lequel ledit alloué est maintenu esdites audiances alloué ;

    Sentence expédiée aux alloués dudit Guérande le 20 mars 1639 ; 

    Lettres de provisions dudit office alloué accordée par Sa Majesté à Maitre Pierre de Terges du 21 septembre 1542 ; 

    Neuf sentences expédiées ausdits alloués de Guérande du 26 mars 1540, des avril second, 10 et 16 may 1544, 17 octobre et 4 aoust 1545 , 67 et 48 et IIe ;

    Inventaire de production faicte par devant Groy audit parlement de Rennes contre ledit sénéchal de Guérande tant sur la demande par luy faicte desdites audiances allouées que sur les audiances prétendues debvoir estre tenues en la ville du Croisic , auquel inventaire sont attachées trente une pièces entre lesquelles sont deux sentences expédiées aux allouez dudit Guérande du mois de mars 155. et du mois de may 156.. Et 3 inventaires de production faicte par ledit Groy audit parlement de Rennes contre ledit sénéchal de Guérande sur le fait de l'establissement de la justice audit lieu du Groissic , ensemble sur l'examen des traictez accordez et conventions par eux faictes sur l'exercice de leur charges auquel sont attachées vingt une pièces entre lesquelles y a le concordat accord et convention fait entre Rousillon sénéchal de Guérande et ledit Groy alloué, du 6 décembre 1616 et 4 décembre 1620 par lesquels appert que ledit de Rouxillon doibt prendre le préciput sur les esmoluments de leur charge et que le reste doibt estre mis en masse de laquelle ledit Rouxillon doibt les deux tiers et ledit Groy le tiers ; 

    Arrest du conseil du 17 juillet 1637 rendu entre le lieutenant général et advocatz du siège de Montaigu Les Combrailles, qui porte entre autre chose que lesdits advocatz exerceront la justice dans ledit bailliage pendant l'absence dudit lieutenant général ; 

    Mandement de monseigneur le cardinal de Richelieu comme surintendant général de la navigation et commerce de France portant commandement à tous cappitaines gardes costes d'avoir soing de faire faire bonne garde le long desdites costes pour empescher le desseing que pourroient avoir les ennemis, du 3 aoust 1636. 

    Ordonnance des cappitaines establis au bourg et parroisse de Piriac du 26 octobre audit an, par laquelle il est enjoinct ausdits habitans des bourgs et parroisses subjecles ausdites gardes, qu'ils aient sentinelles et les facent pourvoir d'armes fi feu dans huittaine ; 

    Autre ordonnance desdits cappitaines du premier mars 1637 par laquelle il est encore mandé ausdits habitans de tenir leurs armes prestes pour faire et continuer le guet et sentinelles ; 

    Autre ordonnance desdits cappitaines du 15 mars 1637 aux mesmes fins que les précédentes ;

    Acte de notoriété du 28 juin 1637 par lequel il appert par le curé et deux autres de ladite parroisse de Piriac, que elle est assize et enclavée à demie lieue au plus de large des costes maritimes de la mer et que le bourg de Piriac et la plus grande partie des villages sont sur le bord de la mer. 

    Trois lettres missives escriptes p ir le sieur Bepillo cappitaine de Guérande au nommé De Pinche habitant de Piriac contenant l'envoy des ordres de monsieur de la Milleraye de faire sçavoir quel ordre on tient audit bourg .'e Piriac et qu'on donne ordre que les feus cessent et qu'ils les gouvernent en sorte qu'il n'arrive aulcun désordre. 

    Arrest du parlement de Rennes du 10 may 1616 par lequel il est faict deffances au cappitaine de Guérande et tous autres de tirer à conséquance contre lesdits habitants de Piriac la taxe de cotisation sur eux faicte ; 

    Certifficat du 10 juillet 1637 portant attestation du sieur de la Haye comme lesdits habitans d'Asserac sont subjects aux gardes et guet à la coste de la mer. 

    Article quatre cens cinquante quatre de l'ordonnance vériffiée au parlement de Paris au mois de janvier 1629 portant deffance aux cappitaines chefs et conducteurs des gens de guerre tant de cavallerie que d'infanterie, de loger doresnavant aux parroisses situées à demie lieue de la mer ny prendre levée ny faire exiger aulcunes estapes sur lesdits habitans d'icelles ny des autres parroisses qui sont obligez et ont accoustumé de faire la garde et le guet le long des costes de la mer ; 

    Requête desdits habitans d'Escoublac et S'-André présentée au conseil du . . . octobre dernier à ce qu'ils fussent déclarés follement assignés audit conseil ù la requeste desdits habitans de Gucrande et que les sommes de deniers qu'iiz ont esté contrainctz payer pour lesdites estapes leur fussent rendues , sur laquelle est ordonné sera fait droit, signiffîé ledit jour et an ; 

    Procès verbal du 18 avril 1637 contre rexécution faicte sur Guy Allaire procureur fabriqueur de la parroisse d'Escoublac pour le payement de 3010 livres 8 sols à quoy lesdits habitans auroient esté taxés pour lesdites estapes ; et quittance du payement d'iceulx ensuitte dudit procès-verbal ;

    Coppie de quittance du 16 may audit an contenant le payement fait par lesdits habitants de Sainct-André de la somme de six vingt deux livres quinze sols laquelle ils avoient esté taxez pour le payement desdites estapes ; 

    Procès verbaux du 16 may contenant les sommes receues desdits habitants de Sainct-Molf et Maquier pour les estapes et garnison de ladite ville de Guérande ausquelles ils avoient esté taxez ; 

    Procurations desdits habitans de Sainct-Molf, Mesquier du 21 juin audit an; 

    Ladite requête desdits habitans de Sainct-Nazaire du 14 juillet 1637 à ce qu'ils fussent deschargez du payement de la contribution des gens de guerre , attendu que la ville est située à demie lieue de la mer ; 

    Extraict du 24 avril contenant la taxe faicte sur lesdits habitans de Sainct-Nazaire de la somme de 200 livres pour leur part de la contribution des gens de guerre logez audit Guérande ; 

    Arrest du parlement de Rennes du 11 may audit an 1637 obtenu sur requête présentée par lesdits habitants de Sainct-Nazaire par laquelle ilz avoient demandé estre deschargez de ladite taxe et contribution, portant que les rolles fait des personnes de Claude Hédin , Jacques Goffier et JuUien Allaire parroissieus dudit Sainct-Nazaire es prisons dudit Guérande à la requête de M*' Jacques Ricordel recepveur et commis à la réception desdites estapes du 20 may audit an ; 

    Requête des 5, 9 et 18 juin ensuivans et autres poursuittcs faictes audit parlement de Rennes sur le fait desdites taxes ; 

    Extraictz des rolles des fouages de la parroisse de Guérande des 4 mars, 25 juillet et premier octobre audit an par lesquels extraictz et quittances appert lesdits habitans de Saincl-'Nazaire ny eslre dénommez ny compris ; 

    Coppie de l'ordre ordonné par le sieur marquis de Goulaine cappitaine de garde coste de la terre Saint-Nazaire ,

    Ordonnance du sieur de La Milleray du 19 febvrier et mandement du 8 febvrier 1637 portant ausdits habitans de Sainct-Nazaire défaire gardes et poser des sentinelles de jour et nuict pour la conservation du pais ; 

    Coppie de lettres de Sa Majesté du 9 novembre 1627 par laquelle est mandé ausdits habitans de veuiller aux dangers des ennemis pour la conservation du païs ; 

    Coppie collationnée des privilleges accordés ausdits habitans de Sainct-Nazaire du mois d'avril 1598 ; 

    Appointements de réglemen du 19 aoust dernier 1637; 

    Procès verbal du 19 septembre audit an contenant le réglemen tant sur la requeste desdits habitans de Guérande contre lesdits habitans de Sainct-Nazaire , que sur la requête verballe desdits habitans du Croissic incérée en icelluy ; 

    Escriptures et productions desdites parties et tout ce que par elles a esté mis et produit par devant le sieur Blondeau commissaire à ce depputé. 

    Ouy son rapport et tout considéré. 

    Le Roy en son conseil faisant droit sur l'instance , ordonne que les parroisses du Croisic , Isle et paroisse de Batz , Sainct-Nazaire et Piriac demeureront deschargez du payement des estapes mentionnez au départemen du 24 avril dernier, et que Jean Lescart, Allin David , Pierre Gueluyer et Pierre Leheudé et Thomas Olivard sergent seront eslargis des prisons de Guérande, sy pour aultre cause ilz ne sont retenuz que pour le payemen desdites estapes ; que les deniers que lesdites parroisses auront esté contrainctz payer pour lesdites estapes leur seront renduz par les mesmes voyes sans despens dommages ny intérest. Et faisant droit sur la sommation desdits habitans de Guérande, ordonne Sa Majesté que les taxes imposées sur lesdites trois parroisses, interestz, frais et emprunct faitz pour le département desdites estapes et poursuittes de touttes instances meues pour ce subject seront rejectées sur les autres parroisses de la séneschaulcée de Guérande à proportion de la contribution au rolle des fouages ; et sur la demande desdits habitans du Croissic et Groy juge alloué dudit Guérande a renvoyé les parties au parlement de Rennes, despens reservez pour ce regard. 

    Faict au Conseil privé du roy tenu à Paris le 1 Séjour de novembre 1637. 

    collationné. 

    Forcoal. 

     

     

    (1) Du nom de leur commandant, Charles de La Porte, (1602-1664), marquis puis duc de La Meilleraye, duc de Rethel et pair de France, baron de Parthenay et de Saint-Maixent, comte de Secondigny, seigneur du Boisliet, de La Lunardière, de La Jobelinière, de Villeneuve ; petit-fils d'un riche apothicaire de Parthenay en Poitou, et cousin du cardinal de Richelieu. Il fut nommé lieutenant général au Comté de Nantes le 2 mars 1632, lieutenant général de Bretagne le 28 mars 1632, grand-maître de l'Artillerie de 1634 à 1648, fait maréchal de France en 1639, gouverneur de Bretagne du 9 décembre 1642 au 25 février 1644, surintendant des finances en 1648-1649.

  • Les Nazairiens, les murailles de Guerande, et ce qui en découla, sixième partie

    29 novembre 1627, requête devant le Parlement de Bretagne

     

    Face aux Guérandais qui leur demandaient de contribuer aux frais des garnisons stationnant dans leur ville, et en dépit de leurs privilèges anciens, les Nazairiens adressèrent le 29 novembre 1627 une requête au Parlement de Bretagne pour appeler de l'arrêté du sénéchal de Guérande, dans laquelle ils rappelèrent l'ensemble des décisions ducales et royales qui les dispensaient de contribution (1) : 

     

    A Nos seigneurs du Parlement supplyent humblement les paroissiens de la paroisse de Saint-Nazaire presque environnés de la mer et en l'embouchure de la rivière qui descend de Nantes à la mer, distante de la ville de Guerrande de quatre lieues ou environs. 

    Disantz que de tout temps immémorial les habitants de Guerrande les ont voulu assujettir à plusieurs choses, comme à curer les douves des ville et, chasteau, les capittaines à paier les guez, soubz prétexte que les jurisli étions qui s'exercent a. Sainct-Nazaire aux seigneurs qui ont droict de fieff rellevent de la jurisdiction royale de Guerrande et en un mot qu'ilz sont souez l'estandue dicelle jurisdiction et en arrière fief. 

    C'est pourquoy dés l'an mil-quatre-cent-cinquante-quatre vos supplia us furent contrainctz se pouvoir vers le duc Pierre qui estoient lors le prince souverain en ceste province, pour avoir lettres de lui d'exemption de tous debvoirs et autres qu'eussent peu prétendre les cappitaines et habitans de la dicte ville de Guerrande, fondées sur ce que les dits suppliants estoient exposez en touttes sortes de périls qui peuvent journellement arriver à ceulx qui sont à la coste de la mer, et spéciallement sy proche, comme-ont les suppliants, car la mer donne tous les jours quand les marées viennent jusqu'aux murailles de leur Eglise (2), et par conséquant leur fault toujours estre sur leurs armes tanct de jour que de nuict : ce qui ne se peult faire qu'avecq de très grandes incommoditez et despances ;

    touttes lesquelles choses et autres dignes de considération considérées par ledict seigneur duc Pierre, il leur donna et octroya ses lettres signées de sa propre main, le 28e jour de novembre l'an mil-quatre-cent-cinquatite-quatre, fort amples, contenantes la plaine et entière e.reinption de touttes contributions de levés de deniers de quelque quallitè et nature que ce peut estre, lust-ce pour la construction des murailles de ladite ville qui pou voit estre lhors nécessaire, que curretnent des douves, garde et bref toutes autres choses en quoy ils eussent voulu les assujettir.

    Et est entre autres choses considéré es dites lettres l'incommodité qu'ilz souffraient pour repousser les Anglois antiens ennemis de son Estat. 

    Ce sont les mots portez par icelles.

    Cy vous remonstrent les suppliantz, que depuis l'obtention desdittes lettres d'exemption ilz ont tousjours, de temps en temps, aux changements des dues de ceste province, et depuis qu'elle est annexée a la couronne de France, des roy obtenu lettres de confirmation de leurs dictz privilièges et exemption, mesme du roy à présent régnant, du mois d'aoust de l'an 1626.

    Et néantmoins encore qu'ilz ayent logé et fourny de touttes ustenciles nécessaires, l'espace de huictmois entiers, trays compagnies de gens de guerre, açavoir celles du baron d'Esplantier, du sieur de Toulongeon et sieur du Tancy, du régiment du seigneur d'Estissac ; ceux de ladite ville de Guerrande n'ont laissé de les faire cottizer par le séneschal de ladite ville au mois d'octobre dernier à payer chacun mois la somme de deux cent-deux livres dix soûlz pour ayder à la nourriture des soldats establiz en ladite ville de Guerrande : ce qui n'est soubz correction raisonnable, eu esgard a ce que devant : joinet aussi que deffunct monsieur le mareschal de Thesmines estant deubment assercioré (3) desdictes incommodités, leur dellivra lettres d'exemption le vingt et quatriesme d'octobre dernier, de la contribution et entretènement des deux compagnies qui cstoicnt dans ladite ville de Guerrande, et manda audit séneschal de ne mander aucun département sur eux pour raison de ladite contribution. 

    Comme aussi le roy leur avoit commandé par lettres du IXe du présent mois de se tenir sur leurs armes

    pour repousser les Anglois au cas qu'ilz eussent voullu entrer dans la paroisse à la sortye de l'isle de Ré , pour lesquelles choses il leur a fallu, outre l'ordinaire, acheter plusieurs armes à leurz fraiz tellement que de les surcharger de payer encore par chaincun mois 202 livres 10 sols comme vendent faire les habitants de Guerrande quoy qu'il n'y soient tenuz, ce semit entièrement les ruisner et leur donner subject d'aller habiter ailleurs qu'en ladile paroisse de Saint-Nazaire. 

    Ce considéré, plaise à la cour voir lesdites lettres du duc Pierre du IV jour de novembre 1434, celles de Maximilien et d'Anne, roy et royne des Romains, ducs de Bretaigne, du XIX jour d'avril l'an 1489 (4), celle d'Anne, duchesse de Bretaigne, du 28e janvier l'an 1489, celle de Louys, roi de France, duc de Bretaigne, du mois de mars de l'an 1501, celle d'Henry, roy de France, du mois d'avril 1598, et celle du roi régnant Louys XIII, du mois d'aoust 1626 signée par le roy en son conseil, sur le reply Savary ; l'exemption du deffunt monsieur le mareschal de Thesmines, du 24 octobre dernier 1627, le commandement

    du roy faict aux suppliants de se mettre en armes, etc., et la sentence donnée par le sénéchal de Guerrande en forme de département, des 21, 22 et 23 octobre 1627.

    Et en conséquence maintenir et conserveries suppliants eu la jouissance et possession de leurs dicts droicts et privilèges. 

    Et ce faisant, faire prohibitions et défiances

    tant aux officiers que habitans dudit Guerrande de les imposer et comprandre dans taxes et cotisations desdites levéees, et à tous huissiers ou sergens de procéder à auchunes contraintes, soit contre le général ou contre les particuliers dudit bourg de Sainct-Nazaire, soubz prétexte desdites impositions sur paine de mil livres d'amande et autres qui y escheoient.

     

    Ferez bien.

    Signé : Du Quellenec.

     

    L'avocat-général René de Montigny (5), étudia l'affaire avec soin et écrivit simplement au bas de leur requête et le jour même (6) : 

     

    Veu la requéte, les lettres du cachet de roy, les|lettres patentes de Sa Majesté et l'arrest de vérification d'icelles obtenu par les suppliants, nous consantons les fins de la requéte. Faict au parquette vingt-neuf novembre 1627.

    R. de Montigny.

     

    Cependant les Guérandais argumentèrent que l'exemption du contribuer aux frais du leur garnison n'avait pas été comprise dans les privilèges royaux, et le Parlement rendit cet arrêt (7) :

     

    Extrait des registres du Parlement. 

    Veu par la Cour la requeste des paroissiens de la paroisse de Saint Nazaire remonstrant que de tout temps immémorial, etc. 

    Lettres et privilèges et exemption dt. autres actes attachez a ladite requeste.

    Autre requête desdits habittans de Guerrande à ce que lesfdits habittans de Sainct-Nazaire fussent condamnez à la contribution et département faict par le sénéchal dudit Guerrande pour la nourriture des soldatz ; Conclusions de l'advocat général du roy, et tout considéré, 

    La Cour, sans préjudice des privillèges desdits habitans de Saint-N'azaire eu autre temps et cas, et attendant le payement qu'il plaira au roy à devoir aux gens de guerre en cette province, a ordonné et ordonne que par forme d'estappes et sans tirer a conséquence, ils contribuent à la nourriture desdits soldatz suivant le département qui en sera faict par le Sénécbal de Guerrande, suivant les précédentz arrestz, sauf a se pourvoir pour la surcharge et excez à la taxe, sy aulcune est, ainsi qu'ilz verront. 

    Faict en parlement à Rennes le troisième décembre mil-six-centz-vintrt-et-sept 

    Malescot.

     

     

    Résulta : les Nazairiens furent donc contraints de payer une part des frais de la garnison de Guérande...

     

     

    (1) Relevé et retranscrit par René de Kerviler, op. cit.

    (2) La marée allait parfois jusqu'au pied de l'église jusqu'à la réalisation des quais des Marées et de La Gournerie en 1877.

    (3) Assercioré = vérifier.

    (4) L'an 1491 d'après notre calendrier actuel, op. cit.

    (5) René de Montigny, fils et petit-fils de gouverneurs de Suscinio et de la presqu'île de Rhuys, était un magistrat fort instruit qui fit souche d'avocats généraux et dont l'un des fils, poète aimable, chanoine de Vannes, puis évêque de Saint-Pol-de-Léon, devint membre de l'Académie française. Il avait succédé peu de temps avant à Paul Hay du Chastelet, nommé maître des requêtes de l'hôtel du roi, et appelé par Richelieu près de lui pour défendre sa politique par la plume, qui fut chargé de prendre les conclusions.

    (6) Relevé et retranscrit par René de Kerviler, op. cit.

    (7) Relevé et retranscrit par René de Kerviler, op. cit.

     

     

  • Les Nazairiens, les murailles de Guerande, et ce qui en découla, cinquième partie

    1627, les Guérandais profitent de " la guerre des Rohan "

     

    Peu de temps après, alors que le Roi est pari à La Rochelle afin d'activer la campagne de siège de la ville, des mouvements de troupes ont lieu sur tout le littoral, et le 24 octobre 1626, le marquis de Thémines (1), gouverneur du Duché, prit de son quartier général d'Auray, l'arrêté suivant, en faveur des habitants de Saint-Nazaire (2) :

     

    Le marquis de Thémines. maréchal de France, gouverneur et lieutenant général pour le roy en ses pays et duché de Bretaigne. 

    Attendu que la paroisse de Saint-Nazère reçoit assez d'incommodités par le logement des trois compagnies du régiment d'Estissac qui y sont en garnison, nous avons exempté la dite paroisse de la contribution pour l'entretènement

    des deux compagnies qui sont en garnison dans la ville Guérande. Mandons à cest effect au séneschal de la dite ville de Guérande de ne donner aucun despartement sur la dite paroisse de Saint-Nazére pour raison de la dite contribution. En foy de quoy nous avons signé çes présentes, à icelles fait mettre le cachet de nos armes et, contresigner par nostre secrétaire. 

    A Auray ce vingt-quatrième octobre 1627.

    Thémines.

    Par Monseigneur... . sin. (La feuille est déchirée).

     

    La situation devant La Rochelle s'aggrava et Louis XIII adressa cette lettre aux Nazairiens (3) :

     

    De par le roy. 

    Chers et bien amez, les Angloys ayaie esté confrainetz d'abandonner l'isle de Ré par les troupes que nous y avons faict passer soubz la conduite de notre cousin le maréchal de Schomberg, et de s'embarquer dans leurs vaisseaulz, nous avons jugé à propos de vous en donner advis et de vous ordonner, comme nous faisons très expressément, de veiller et pourveoir de sorte à la seureté et conservation de Saint-Nazaire que s'y ilz avoient dessein d'y descendre, ilz ne le puissent exécuter. A quoy vous ne ferez faulte.

    Car tel est notre plaisir. 

    Donné au camp devant la Rochelle, le IXe jour de novembre 1627. 

    Louis.

     

    Les Guérandais profitèrent de cette situation de crise, ceux-ci demandèrent au marquis de Thémines un arrêté pour faire participer toutes les villes relevant de la juridiction de Guérande, à l'entretien de sa garnison. Quoique fort malade, le gouverneur ne se laissa pas surprendre, et tout en faisant publier par le maréchal de camp Henri de Volvire du Bois de La Roche (4), un arrêté conforme, il eut grand soin d'y faire insérer une mention spéciale pour Saint-Nazaire (5) :

     

    Le sieur Comte du Bois de la Roche, maréchal des campz de l'armées du Roy : 

    Attendu que les paroissiens quy ont ci-devant, accoutumé de contribuer pour l'entretènement de compagnyes des gens de guerre quy sont en garnison en la ville de Guerrande demeureroient trop chargées aucune de celles nui sont de la juridiction de ladicte ville de Guerrande demeurait exampte :

    Nous avons ordonné qu'aucune ne pourra estre deschargée de ladite contribution non pas mesme celle du Croisicq. Et d'aultant que la paroisse de Saint-Nazaire reçoit assez de foulle par le logement des trois compagnies du régiment d'Estissac qui y sont en garnison,

    Nous enjoignons que la paroisse de Monthouer contribue pour sa part et portion à l'entretement et nourriture desdictes deux compagnies qui sont en Guerrande et ce jusques à tant que la paroisse de Saint-Nazaire prendra la place deladite paroisse de Monthouer et fournira pour l'entretenemant desdictes deux compagnies qui sont à Guerrande à proportion des autres ; à quoy ilz y seront contrainctz par touttes les voyes dues et raysonnables. 

    En foy de quoy nous avons signé ces présentes, et icelles faict contresigner par nostre secrétaire 

    A Auray, le cinquième jour de novembre mil-six-cens-vingt-sept. 

    Bois de La Roche. 

    Par Monseigneur, Dauny 

     

    Face a cette situation exceptionnelle, les Guérandais entamèrent une procédure, leur sénéchal, qui avait appris le départ des trois compagnies d'Estissac (6), fil signifier aux habitants de Saint-Nazaire, par un sergent d'Escoublac, l'ordre de payer 202 livres 10 sols, suivant le rôle arrêté par lui les 21, 22 et 23 octobre précédents (7) :

     

    Extraict de l'esgail et despartement fait par monsieur le sénéchal de Guerrande sur toutes les paroisses du ressort de la juridiction et généralité pour la pansion des soldats establiz en garnison en la ville dudict Guerrande, en date des 21, 22 et 23 jour d'octobre 1627. 

    La paroisse de Saint-Nazaire, la somme de deux cens deux livres dix sols.

    Du payement de laquelle somme les paroissiens de ladicte paroisse seront contrainctz nonobstant oppositions ou appellations quelconques et touttes autres voyes, sans préjudices d'icelles, comme lesdits deniers estons levez pour les propres affaires du roy : et seront mis es mains du sieur Pierre Chanu commis à la recepte d'iceux qui en fera le payement auxdictz soldats sellon l'ordre qu'il a esté statué a costé sur le dict despartement.

    Signé : De Roussillon, Daniel, Jégo, etc.

     

    Le sergent d'Escoublac transmit l'ordre, et adressa aux Nazairiens la lettre suivante (8) :

     

    Dans tiers jour prochain pour tous délay en la ville de Guerrande, entre les mains du sieur Pierre Channu. receveur estably de justice à la recète des deniers ordonnez pour la taxe et contribution à la nourriture fies soldas des deux compagnies fies sieurs de Pompignan et de Lauvergnac estans à présent en garnison en la ville de Guerrande. 

     

    Les Nazairiens n'en pouvant plus, adressèrent le 29 novembre une requête au Parlement de Bretagne...

     

    (1) Relevé et retranscrit par René de Kerviler, op. cit.
    (2) Pons de Lauzières de Cardaillac, marquis de Thémines (1553-1627) , fut créé maréchal de France en 1616 après l'arrestation de Condé. Nommé gouverneur de Bretagne en 1627, le parlement de Bretagne lui transmit plusieurs plaintes duent aux désordres régulièrement commis par ses soldats. Il décéda en son quartier général d'Auray le 7 novembre 1627.
    (3) Relevé et retranscrit par René de Kerviler, op. cit.
    (4) Il était fils de Philippe de Volvire, baron de Ruffec, famille qui a possédé la seigneurie de La Motte-Allemand
    (5) Relevé et retranscrit par René de Kerviler, op. cit.
    (6) Du nom du propriétaire de la compagnie : Benjamin de La Rochefoucauld, baron d'Estissac.
    (7) Relevé et retranscrit par René de Kerviler, op. cit.
    (8) Relevé et retranscrit par René de Kerviler, op. cit.
     
     
  • Les Nazairiens, les murailles de Guerande, et ce qui en découla, quatrième partie

    1626 Louis XII confirme les Nazairiens dans leurs privilèges

     

    L'Edit de Nantes ne ramena qu'une paix provisoire, malgré la volonté de ramener la paix, Henri IV laissa s'instituer un état dans ses états en accordant des privilèges particuliers aux Huguenots, et la pleine jouissance de certaines villes. Les Protestants se virent attribuer la pleine jouissance de certaines villes. Louis XIII, qui venait d'écraser les troupes de sa mère à Pont-de-Cé (1) août 1620, décida en octobre de rétablir le catholicisme comme religion d'Etat, s'ensuivirent alors des conflits qui aboutirent le 25 décembre à la décision des chefs huguenots réunis à La Rochelle de constituer une république sur le modèle des Provinces-Unies, ils désignèrent pour chef Henri duc de Rohan (2). Si la guerre civile n'est pas officielle, elle est cependant réelle. Les Calvinistes attaquent des places fortes, et tentent de se rendre maîtres des côtes, des ports et des estuaires. En 1624 ils attaquent Saint-Nazaire où la garnison les repousse. 

    En août 1626 Louis XIII séjourna à Nantes pour galvaniser ses troupes, les Nazairiens font montre au Roi de leurs services de garde-côtes, de leur résistance inébranlable contre les attaques huguenotes, leur fidélité à toute épreuve à la Couronne, et leurs griefs contre les perpétuelles exigences de Guérande. Louis XIII, pour les récompenser, leur donne la confirmation de leurs anciennes franchises et leur octroya de nouvelles lettres patentes (3) :

     

    Louis, par la grâce de Dieu, roy de France et de Navarre, à tous présants et advenir, salut.

    Nos chers et bien amés les manants et habittans de la paroisse du Saint-Nazaire en notre pays de Bretaigne nous ont fait remonstrer que pour bonnes et grande considérations, le duc Pierre d'heureuse mémoire, en l'année 1454, leur aurait octroyé plusieurs beaux et grands privilèges franchises et immunitez qui leur auraient esté continuez et confirmez par nos prédécesseurs roys successivement, mesmes par le feu roy nostre très honoré seigneur et père, ainsy qu'il nous est apparu par les dites lettres de confirmation antres pièces cy-attachées soubz le contrecel de notre chancellerye. requérant qu'il nous pleust leur voulloir octroyer nos lettres de confirmation sur ce nécessaires. 

    A ces causes, désirant traicter favorablement les exposans et les maintenir en leurs dits privilèges franchises et libertez. Avons auxdictz exposans de nos grâces spécialles, plaine puissance et authorité royalle, continué et confirmé, continuons et confirmons par ces présantes, tous et chacuns lesidicts privilèges franchises et immunitez, pour en jouir et user par eux et leurs successeurs tout ainsy qu'ils ont cy-devant et bien et deument joui et usé, jouissent et usent encore de présent. 

    Cy donnons en Mandement au séneschale de Guérandeou son lieutenant et tous nos justiciers et officiers qu'il appartiendra que de nos présans continuation, confirmation et contenu cy dessus ils fassent lesdits exposans et leurs successeurs jouir et user ptainement, paisiblement et perpétuellement, ce«sans et faisant cesser tous trouble et empeschemens au contraires. 

    Cartel est notre plaisir. 

    Et afin que ce soit chose ferme et stable a tousjours, nous avons fait mettre nostre scel à ces dites présantés, sauf en autres choses nostre droit et l'autruy en toutes. 

    Donné à Nante au mois d'aoust l'an de mil-six-cens-vingt-six et de nostre règne le dix-septiesme. 

    Par le roy, en son conseil, 

    SAVARY.

     

    (1) Marie de Médicis qui avait exercé la régence durant la minorité de son fils, ne voulait pas quitter le pouvoir, Louis XIII fut contraint de l'exiler à Blois, mais celle-ci déclencha une guerre civile dans le but de renverser son fils. Elle perdit définitivement le 7 août 1620 à la bataille de Pont-de-Cé, et du s'enfuir à Cologne. Le peintre Rubens la logea et l'entretient jusqu'à son décès en 1640. Elle vécut les dernières années de sa vie dans le dénuement, et décéda à Cologne de la gangrène le 3 juillet 1642.

    (2) Henri de Rohan, dernier duc de Rohan de cette maison, né à Blain le 25 août 1579, mort à Genève le 28 février 1638. Chef des Huguenots, il dut s'exiler après le siège de La Rochelle en 1629, sa fille unique, Marguerite, épousa Henri de Chabot, et transmit les titres et biens des Rohan au Chabot. 

    (3) Relevé et retranscrit par René de Kerviler, op. cit.

  • Les Nazairiens, les murailles de Guerande, et ce qui en découla, troisième partie

    Avril 1598, Henri IV confirme les Nazairiens dans leurs privilèges face aux Guerandais

     

    Ayant abjuré le 25 juillet 1593 à Saint-Denis la Foi calviniste, Henri IV est sacré roi à Chartres le 27 février 1594. La guerre est officiellement déclarée le 17 janvier 1595 contre les Espagnols qui occupent la Bretagne. Le roi conquit le Duché, et fait son entrée à Nantes où il signe le 13 avril 1598, l'Edit de Tolérance, dit Edit de Nantes, espérant ainsi réconcilier Catholiques et Huguenots, mais aussi ramener à lui la noblesse calviniste qui lui reproche sa conversion religieuse. Profitant du séjour du souverain, les Nazairiens obtinrent de se faire confirmer dans leurs privilèges. Pour ce faire, ils déclarèrent que les titres originaux avaient été perdus durant la guerre, ce qui est faux, attendu qu'avant les bombardements de la Seconde Guerre mondiale ceux-ci étaient archivés à la Mairie. La manœuvre était politique, et finement pensée : les Nazairiens savaient qu'ils auraient toujours à défendre leurs acquis, et que les engagements passés pouvaient toujours être abolis par un nouveau souverain, on n'avait pas respecté tous les articles de l'Edit d'union de 1532. Le Roi délivra les lettres suivantes (1) : 

     

    Henry, par la Grace de Dieu, roy de France et de Navarre, à tous présens et à venir, salut. 

    Sçavoir faisons nous avoir receu humble supplication de nos chers et bien amez les manans et, hahitans de la paroisse de Saint-Nazaire, en notre pais de Bretagne, contenant que dès le XIVe novembre mil-quatre-cens-cinquante-quatre, feu de bonne mémoire le duc Pierre, par ses lettres et mandemens et pour les causes y contenues les avoit affranchiz, et exemptez d'assisteret contribuer aux réparations de notre ville et chastelni de Guerrande, ce qui leur avoit esté continué et confirmé par nos prédécesseurs roys successivement, tnesmes par le feu roy dernier décédé notre très honoré seigneur et frère.

    Au moyen de quoy ilz auraient bien et deuement jouy et usé des dits privilèges et en jouissent encores du présent.

    Touteffois par ce qu'ilz n'ont esté par nous confirmez; aussy que pendant les troubles les conflrmations qu'ilz avoient obtenu d'iceux denosdits prédécesseurs ont esté perdus et

    adhirez avecq autres leurs titres et papiers, ocasion de quoy ils n'en pourraient faire apparoir, ils doublent qu'à présent on les voullut empescher en la jouissance d'iceux, nous supliant et requérant sur ce leur pourveoir.

    Pourquoy nous, ces choses considérées, désirant maintenir lesdits exposans en leurs privilèges, franchises et libertez, Avons ausdits exposans continué et confirmé et de notre grâce spéciale, plaine puissance et authorité royale, continuons et confirmons tous ou chacuns lesdits privilèges, franchises et immunitéz, : et iceulx de nouveau autant que besoing est ou seroit, donné et octroyé, donnons et octroyons par ces présentes pour en jouir par eux ou leurs successeurs pleinement, paisiblement et perpétuellement tout ainsy et par la mesme forme et maniere qu'ilz et leurs prédécesseurs en ont cy devant bien et deuement jouy et usé, jouissent et usent

    encores duprésent. 

    Cy donnons en mandement au sèneschal de Guerrande, à son lieutenant et à tous noz justiciers et officiers qu'il appartiendra, que de nos présentes continuation et conflrmation et contenu d'icelles ils facent lesdits et posans et leurs successeurs jouir et user plainement paisiblement et perpétuellement, cessans et faisans cesser tous troubles et empeschemens à ce contraires, nonobstant que lesdites supplians ne rapportent les conflrmations de nosdits prédécesseurs, perdues et adhirées comme dit est que ne leur voullons nuire ne préjudicier, ains les avons relevez et relevons de notre mesme puissance et authencrite que dessus. 

    Car tel est notre plaisir. 

    Et afin que ce soit chose ferme et stable à tousjours, nous avons faict mettre notre scel à ces dites présentes. sauf en autres choses

    notre droit et l'autruy en touttes. 

    Donné a Nantes au mois de avril l'an de grâce mil cinq cens quatre vingt dix huict et de notre règne le neufviesme. 

    Par le roy en son conseil.

     

    De VERTOU.

    Visa contentor, BOCCHERY. (Et scellées du grand sceau en lacs de soie rouge et verte.)

     

    A la suite de l'accession des Bourbon au pouvoir, les Nazairiens prirent soin de se faire confirmer dans leurs privilèges à chaque avènement.

     

    (1) Relevé et retranscrit par René de Kerviler, op. cit.

  • Les Nazairiens, les murailles de Guerande, et ce qui en découla, deuxième partie

    1490-1491, les Nazairiens, les douves de Guérande, et la duchesse Anne

     

    Durant l'hiver 1489-1490, les Guérandais tentèrent une nouvelle fois de faire contribuer les Nazairiens à l'entretien de leurs fortifications, en obligeant les manants de la paroisse de Saint-Nazaire à venir bêcher les douves de leurs remparts, ou à payer une taxe dans le but de financer les travaux. Il fallut des lettres formelles (1) de la jeune duchesse Anne, pour confirmer les Nazairiens dans leurs dispenses :

     

    ANNE, par la grâce de Dieu, duchesse Bretaigne, comtesse de Montfort, de Richemont. d'Estampes et de Vertus, à tous ceulx qui ces présentes lettres verront, salut.

    De la part de noz subgectz les paroissiens manants et habitants de la paroisse de Saint-Nazaire. nous a esté humblement remonstré que dès le XXIV jour de novembre l'an que dit fut mil-quatre-cinquante-et-quatre, feu notre très cher et très amé frère et oncle le duc Pierre, que Dieu absoulle, par ses lettres et mandemens patens et pour les causes y contenues, franchist et exempta itosdits subgectz de toute contribution et ordonnen ce qui par noz capitaine et officiers de Guerrande eust peu pour le temps lors avenir avoir esté faicte sur nosdits subgectz pour la réparation et emparement (2) de notredite ville,ainsi que apert par ung vidimus dudit mandement fait par notre court de Guerrande le vingt et deuxième jour d'avril de l'an cinquante huict, passé devant, et scellé du seau des actes de notre dite court, duquel vidimus nosdictz subjects ont aparu a suffire, et que, de la dicte franchise nosdictz subjetz depuis ledit temps ont toujours jouy jusques apuit naguères que noz capitaine et officiers dudii lieu de Guérandeles ont voulu contraindre à venir réparer les fosses et les douves de notre dite ville, et contribuer aux mises de la réparacion d'icelle, quelle chose leur ceré à grand préjudice et domaige, obstant mesmes les grandes pilteries et oppositions qu'ilz ont eu et soustenu durant ceste dernière guerre, par les Aulonnayes (3) qui vindrent par mer à l'entrée de la rivière de Loire, etaussy les grandes charges qu'ils ont présentement à porter, tant à la soulde de leurs francs archers que autres subcides, nous suplians qu'il nous plaise sur ce leur pourveoir de remède convenable, humblement nous le requérant. 

    POUR QUOI, NOUS, les dictes choses considérées, voullant ensuivre le bon voulloir et intention de notre dit oncle, et pour autres causes à ce nous mouvans. avons aujourd'huy par délibération de notre conseil, confirmé, loué et éprouvé, confirmons louons et éprouvons ladite franchise ; voullans et voulions qu'ilz en jouissent pleinement et paisiblement au désir d'icelle, et de ce voulions que nosdictz subgectz puissent jouir et leurs successeurs après eux. Chacun en son temps.

    CI DONNONS ENMANDEMENT à noz capitaine, séneschal. alloué, lieutenant, procureur, controlleur, receveur et miseur de notre dite ville de Guerrande de présent, à ceulx qui pour le temps avenir le seront et à chacun en droit soi, si comme à lui appartiendra, de cette présente franchise mire souffrir, jouir et user nosdits subgectz ainsi qu'ilz ont par cy devant fait au moien de la dite franchise de notre dit oncle, sans les contraindre et compotier d'aller ne envoier à la dite réparation ne y contribuer en mise ne aucune manière. Cy gardez que en ce n'ait faulte, car c'est notre plaisir, et voulions que au vidimus de ces présentes retenu soubz scel des actes de notre conseil ou de nos plaine foi soit ajoustée comme à ce présent. 

    Donné en notre ville de Rennes, le XXVIIIe jour de Janvier l'an 1489.

    ANNE

    Par la duchesse, de son commandement.

    G. Richart.

     

    Il est à remarquer que ce document est daté du 28 janvier 1489, mais en raison de notre calendrier actuelle, elle doit être reporté à l'année 1490. En effet, en Bretagne, on ne commençait alors l'année qu'à la solemnité de Pâques, qui n'arriva que deux mois plus tard (4).

     

    Sans titre-1.jpg

    Sceau de la duchesse Anne, d'après Don Morice.

    coll. comte Jehan-Richard d'A. de P.

     

    On aurait pu croire l'affaire arrêter, mais les Guérandais ne l'entendirent pas ainsi. Les travaux de bêchage coûtaient fort cher, et tous les moyens étaient bons pour diminuer la facture. Les Guérandais eurent alors l'idée dans leur plaidoirie auprès de la Chancellerie ducale, de reconnaître formellement les droits des Nazairiens, mais avancèrent pour ce cas particulier, seulement, et « sans tirer à conséquence », il existait un problème de sécurité publique pour toute la presqu'île en raison des risques d'épidémies. La Chancellerie produisit alors les lettres suivantes :

     

    Maximilian et Anne (5), par la grâce de Dieu roy et royne des Romains, ducs de Bretaigne, etc. 

    A tous ceulx qui ces présentes lettres verront, salut.

    De la part de nos subgectz les paroissiens contributifs à fouaige de la paroisse de Sainct-Nazaire. nous a esté remonstré que autrefois, par nos prédécesseurs, ils ont esté franchiz et exemptez d'aller bêcher es douves de notre ville de Guerrande, et que depuis avons confirmé la dite franchisse ; et néantmoins notre capitaine de Guerrande veult et s'efforce les contraindre bêcher lesdites douves, qui leur tourneroit à très grant préjudice et domaige. 

    Nous suppliant qu'il nous plaise sur ce leur pourvoir de remède convenable, très humblement nous le requérant. 

    Pour quoy, nous, les dites choses considérées, voullant nodits subgetz maintenir et entretenir en leurs libertés et franchises, et pour autres causes à ce nous mouvans, voulions et ordonnons par ces présentes que, quelque contrainte qui soit ou puisse estre fait-te à nos dits subjectz d'aller à la dite béche, soit pour ce présent affaire seulement, sans ce que en l'avenir il leur puisse porter aucun préjudice, ne que notre dit' capitaine ne autres le puissent attirer à aucune conséquence. Et pour valloir à nosdits subjectz leurs avons baillé ce par nos présentes lettres. Car c'est notre plaisir. Donné en notre ville de Rennes soubz les seign et scel de nous. 

    ANNE 

    par la royne, en son conseil, G. Richart.

     

    Les Nazairiens furent donc contraints à contribuer à l'entretien des fortifications de Guérande à titre exceptionnel, mais cette exception relança les Guérandais dans leur objectif de faire des Nazairiens leurs contribuables. Les procédures pour ce faire devinrent alors régulières.

     

     

    (1) Relevé et retranscrit par René de Kerviler, op. cit.

    (2) Emparement : additions aux remparts.

    (3) Les habitants d'Olonnes en Vendée.

    (4) Le premier jour de l'année a été fixé à la date du 1er janvier par l'Édit de Roussillon du 9 août 1564, voulu par le roi Charles IX, avant cela, l'année commençait à des dates différentes selon les diocèses : à Lyon elle débutait soit à Noël, à Vienne le 25 mars, en Bretagne le jour de Pâques.

    (5) La duchesse Anne avait épousé par procuration à Rennes le19 décembre 1490 le futur Maximilien Ier, roi des Romains, (par la suite empereur romain germanique). Cette union jamais consommée fut cassée par le roi de France Charles VIII qui obligea Anne à l'épouse officiellement au château de Langeais le 6 décembre 1491, Ce mariage ne fut validé qu'après

  • Les Nazairiens, les murailles de Guerande, et ce qui en découla, deuxième partie

    1490-1491, les Nazairiens, les douves de Guérande, et la duchesse Anne

     

    Durant l'hiver 1489-1490, les Guérandais tentèrent une nouvelle fois de faire contribuer les Nazairiens à l'entretien de leurs fortifications, en obligeant les manants de la paroisse de Saint-Nazaire à venir bêcher les douves de leurs remparts, ou à payer une taxe dans le but de financer les travaux. Il fallut des lettres formelles (1) de la jeune duchesse Anne, pour confirmer les Nazairiens dans leurs dispenses :

     

    ANNE, par la grâce de Dieu, duchesse Bretaigne, comtesse de Montfort, de Richemont. d'Estampes et de Vertus, à tous ceulx qui ces présentes lettres verront, salut.

    De la part de noz subgectz les paroissiens manants et habitants de la paroisse de Saint-Nazaire. nous a esté humblement remonstré que dès le XXIV jour de novembre l'an que dit fut mil-quatre-cinquante-et-quatre, feu notre très cher et très amé frère et oncle le duc Pierre, que Dieu absoulle, par ses lettres et mandemens patens et pour les causes y contenues, franchist et exempta itosdits subgectz de toute contribution et ordonnen ce qui par noz capitaine et officiers de Guerrande eust peu pour le temps lors avenir avoir esté faicte sur nosdits subgectz pour la réparation et emparement (2) de notredite ville,ainsi que apert par ung vidimus dudit mandement fait par notre court de Guerrande le vingt et deuxième jour d'avril de l'an cinquante huict, passé devant, et scellé du seau des actes de notre dite court, duquel vidimus nosdictz subjects ont aparu a suffire, et que, de la dicte franchise nosdictz subjetz depuis ledit temps ont toujours jouy jusques apuit naguères que noz capitaine et officiers dudii lieu de Guérandeles ont voulu contraindre à venir réparer les fosses et les douves de notre dite ville, et contribuer aux mises de la réparacion d'icelle, quelle chose leur ceré à grand préjudice et domaige, obstant mesmes les grandes pilteries et oppositions qu'ilz ont eu et soustenu durant ceste dernière guerre, par les Aulonnayes (3) qui vindrent par mer à l'entrée de la rivière de Loire, etaussy les grandes charges qu'ils ont présentement à porter, tant à la soulde de leurs francs archers que autres subcides, nous suplians qu'il nous plaise sur ce leur pourveoir de remède convenable, humblement nous le requérant. 

    POUR QUOI, NOUS, les dictes choses considérées, voullant ensuivre le bon voulloir et intention de notre dit oncle, et pour autres causes à ce nous mouvans. avons aujourd'huy par délibération de notre conseil, confirmé, loué et éprouvé, confirmons louons et éprouvons ladite franchise ; voullans et voulions qu'ilz en jouissent pleinement et paisiblement au désir d'icelle, et de ce voulions que nosdictz subgectz puissent jouir et leurs successeurs après eux. Chacun en son temps.

    CI DONNONS ENMANDEMENT à noz capitaine, séneschal. alloué, lieutenant, procureur, controlleur, receveur et miseur de notre dite ville de Guerrande de présent, à ceulx qui pour le temps avenir le seront et à chacun en droit soi, si comme à lui appartiendra, de cette présente franchise mire souffrir, jouir et user nosdits subgectz ainsi qu'ilz ont par cy devant fait au moien de la dite franchise de notre dit oncle, sans les contraindre et compotier d'aller ne envoier à la dite réparation ne y contribuer en mise ne aucune manière. Cy gardez que en ce n'ait faulte, car c'est notre plaisir, et voulions que au vidimus de ces présentes retenu soubz scel des actes de notre conseil ou de nos plaine foi soit ajoustée comme à ce présent. 

    Donné en notre ville de Rennes, le XXVIIIe jour de Janvier l'an 1489.

    ANNE

    Par la duchesse, de son commandement.

    G. Richart.

     

    Il est à remarquer que ce document est daté du 28 janvier 1489, mais en raison de notre calendrier actuelle, elle doit être reporté à l'année 1490. En effet, en Bretagne, on ne commençait alors l'année qu'à la solemnité de Pâques, qui n'arriva que deux mois plus tard (4).

     

    Sans titre-1.jpg

    Sceau de la duchesse Anne, d'après Don Morice.

    coll. comte Jehan-Richard d'A. de P.

     

    On aurait pu croire l'affaire arrêter, mais les Guérandais ne l'entendirent pas ainsi. Les travaux de bêchage coûtaient fort cher, et tous les moyens étaient bons pour diminuer la facture. Les Guérandais eurent alors l'idée dans leur plaidoirie auprès de la Chancellerie ducale, de reconnaître formellement les droits des Nazairiens, mais avancèrent pour ce cas particulier, seulement, et « sans tirer à conséquence », il existait un problème de sécurité publique pour toute la presqu'île en raison des risques d'épidémies. La Chancellerie produisit alors les lettres suivantes :

     

    Maximilian et Anne (5), par la grâce de Dieu roy et royne des Romains, ducs de Bretaigne, etc. 

    A tous ceulx qui ces présentes lettres verront, salut.

    De la part de nos subgectz les paroissiens contributifs à fouaige de la paroisse de Sainct-Nazaire. nous a esté remonstré que autrefois, par nos prédécesseurs, ils ont esté franchiz et exemptez d'aller bêcher es douves de notre ville de Guerrande, et que depuis avons confirmé la dite franchisse ; et néantmoins notre capitaine de Guerrande veult et s'efforce les contraindre bêcher lesdites douves, qui leur tourneroit à très grant préjudice et domaige. 

    Nous suppliant qu'il nous plaise sur ce leur pourvoir de remède convenable, très humblement nous le requérant. 

    Pour quoy, nous, les dites choses considérées, voullant nodits subgetz maintenir et entretenir en leurs libertés et franchises, et pour autres causes à ce nous mouvans, voulions et ordonnons par ces présentes que, quelque contrainte qui soit ou puisse estre fait-te à nos dits subjectz d'aller à la dite béche, soit pour ce présent affaire seulement, sans ce que en l'avenir il leur puisse porter aucun préjudice, ne que notre dit' capitaine ne autres le puissent attirer à aucune conséquence. Et pour valloir à nosdits subjectz leurs avons baillé ce par nos présentes lettres. Car c'est notre plaisir. Donné en notre ville de Rennes soubz les seign et scel de nous. 

    ANNE 

    par la royne, en son conseil, G. Richart.

     

    Les Nazairiens furent donc contraints à contribuer à l'entretien des fortifications de Guérande à titre exceptionnel, mais cette exception relança les Guérandais dans leur objectif de faire des Nazairiens leurs contribuables. Les procédures pour ce faire devinrent alors régulières.

     

     

    (1) Relevé et retranscrit par René de Kerviler, op. cit.

    (2) Emparement : additions aux remparts.

    (3) Les habitants d'Olonnes en Vendée.

    (4) Le premier jour de l'année a été fixé à la date du 1er janvier par l'Édit de Roussillon du 9 août 1564, voulu par le roi Charles IX, avant cela, l'année commençait à des dates différentes selon les diocèses : à Lyon elle débutait soit à Noël, à Vienne le 25 mars, en Bretagne le jour de Pâques.

    (5) La duchesse Anne avait épousé par procuration à Rennes le19 décembre 1490 le futur Maximilien Ier, roi des Romains, (par la suite empereur romain germanique). Cette union jamais consommée fut cassée par le roi de France Charles VIII qui obligea Anne à l'épouse officiellement au château de Langeais le 6 décembre 1491, Ce mariage ne fut validé qu'après

  • Les Nazairiens, les murailles de Guerande, et ce qui en découla, première partie

    1454, Pierre II affranchit les Nazairiens de la contribution aux réparations des murailles de Guérande

     

    Sans titre-1.jpg

    Sceau de Pierre II en 1454, d'après Don Morice

     

    La ville et la châtellenie de Guérande appartenaient au duc de Bretagne, et étaient le siège de son autorité dans la presqu'île. Cette châtellenie s'étendait sur huit paroisses, Guérande, Le Croisic, Batz, Escoublac, Saint-Lyphard, Saint-Molf, Mesquer et Piriac (1), ces paroisses étaient mises à contribution pour l'entretien des murailles, le curage des fossés de la ville. Les Guérandais espérèrent ajouter à la liste des contribuables les Nazairiens, mais ceux-ci firent valoir qu'ils avaient à entretenir leurs propres fortifications, assurer la surveillance et la défense de leurs côtes et l'estuaire, entretenir pour ce faire six archers, et qu'en cas d'attaque ils n'avaient pas à trouver refuge à Guérande. Faisant appel au duc, ou plus exactement à son épouse, Françoise d'Amboise, dont nous reparlerons, les Nazairiens obtinrent gain de cause, et le duc, Pierre II (2), les affranchit alors de la contribution aux réparations des murailles de Guérande par charte du 28 novembre 1454. Le document, un parchemin en lettre gothique, était conservé dans les archives de la paroisse, puis dans celles de la municipalité, il fut détruit durant les bombardements, cependant, le texte fut étudier et retranscrit dans son intégralité (3) par René de Kerviller :

     

    PIERRE, par la grâce de Dieu, duc de Bretaigne. comte de Montfort et de Richemont, à nos sénéchaulx. alloez, prévosts et procureurs de Nantes, noz capitaines, sénéchal, alloé et procureur de Guérande, receveur et miseur de deniers ordonnez à la réparation dudit lieu et à chacun de vous, salut. 

    Reçu avons la supplication et humble requeste à nous faite de la part de nos pauvres hommes et subjez les habitant de la paroisse de Sainct-Nezere, exposans que néantmoins qu'ils ne soient aucunement subgez à la garde et réparation de notre dite ville de Guérande, et que es temps de guerre ne aultrement ils n'ayent jamais eu recueil ne eu refuge à icelle, combien que par aucun temps, pour les éminents périls de guerre qui estoient pour lors pour la urgente nécessité de réparation qui ettoit à faire, par notre ordonnance et commandement, ils a voient contribuez à la dite reparation et avoient obtenu de nos prédécesseurs lettre de non prejudice et de non l'attribuez à conséquence ne continuation sur eulx. et mesmes que par nos ordonnances les dits suppliant fort souventes fois le guey à costé de la mer pour garder la descente des Angloys nos anciens ennemis, et aussi que pour résister à leurs invasions, par nosdites ordonnances nosdits supplians ont la charge de mettre en apareill d'armes six archers en ladite paroisse, et d'abondant sont contrains à eulx mettre en apareill d'armes pour résister à nosdits anciens ennemis ; de présent, vous, nosdits cappitaines, receveurs et miseurs des deniers ordonnez à la réparation de notre dite ville, voules et efforcez les contraindre et compeller à payer soubz umbre et couleur de la réparation d'icelle, le nombre de quarante livres monnayé et par chacun an, quelles choses leurs sont de grant charge, préjudice et domaige, et que obetant les charges et chacunes des susdites mieulx leur vauldroit laisser ladite paroisse et t'en aller ailleurs vivre, que démonter subgez et contributifs à ladite rèparationt 

     

    nous supplians sur ce leur pourveoir de convenable remède, très humblement le requérant. 

    Pour ce est-il que Nous, lesdites choses considérées, ne voulant contraindre nosdits subgets à la contribution perpétuelle de la réparation de notre dite ville ; considéré mesme que en temps de guerre, ils n'y ont nul refuge à eulx ne à leurs biens ne la contribution que ce temps passez ilz y ont faite leur et retirée à conséquence, ainçois les entranchir et descharger ;

    Et mesme a la requestre de notre très chère et très amée soeur et compaigne la duchesse qui de ce nous a supplié et requis, de l'avis et délibération de nostre conseil, en declerant sur ce notre intention, la décharge de notre conscience et pour autres causes à ce nous mouvant ; avons ordonnè et ordonnons par ces présentes que nosdits supplians ne paient ne ne contribuent dorénavant à ladite réparation, en aucune manière, et les enfranchissons et quittons par cesdites présentes, en deffendant et deffondons à nosdits capitaine, receveur, procureur, contrôleur et miseur, présent et avenir des deniers ordonnez à la réparation de notre dite ville dudit lieu de Guérande et à chacun en son temps de non les y contraindre ne compeller et de non aucune chose leur en demander ne faire paier au temps avenir, quelque, chose qu'ils en ayent paie ès temps passé ou que à telle cause ils aient été estaillez ou imposez. Et si aucune chose en doivent, le leur avons remis et quitté, remettons et quittons par ces présentes en pitié et en aumosne, en vous mandant et mandons, et à chacun de vous, de ceste notre présente grâce, et du contenu et effect de ces prestantes que vous facié souffrir et laissié jouir et user nosdits suppliant plainement et paisiblement, cessans touz empêchements à ce contraires. Car ainsi le voulons et nous plaist, nonobstant quelque conques lettres impétrées données ou à donner, quelles si aucunes sont, cassons et annulions et voulons estre de nul effect à ce contraires ou dérogatoires. 

    Donné en notre ville de Vannes, le 28e jour de novembre, l'an mil-quatre-cent-cinquante-quatre. Et voulions que plaine foy soit adjoustée aux vidimus d'icelles soubz scel autantique comme au présent original donné comme dessus. 

    Pierre

    Par le duc, de son commandement,

    E. de Boitiés.

     

    Cette charte déplut fortement aux Guérandais qui tentèrent dans les siècles suivants de la contester, les Nazairiens eurent alors à cœur de se faire confirmer dans leurs droits auprès des souverains successifs. Cette situation empoisonna longtemps les relations entre les deux paroisses.

     
     
     
    (1) Arthur Le Moyne de La Borderie, Essai sur la géographie féodale de la Bretagne, p.17. ; Abbé Guilotin de Corson, Les grandes seigneuries de Haute-Bretagne : Les baronnies, marquisats, comtés et vicomtés compris dans le territoire de la Loire-Inférieur, p. 172-173.
     
    (2) Pierre II dit le Simple, (1418 - 1457), duc de Bretagne de 1450 à 1457, fils de Jean V, duc de Bretagne, et de Jeanne de France. Il avait épousé en 1442 Françoise d'Amboise, dont nous parlerons dans un autre article.
     
    (3) Cette étude a été publiée d'abord dans les Mémoires de la Société archéologique de Nantes, (tirage a part. Santés. V. Forest et Grimaud. 1876, in-8.), dans la Revue de Bretagne et de Vendée, puis plus complètement dans la revue Le Courrier de Saint-Nazaire (tirage a part. Saint-Nazaire, Fr. Girard, 1870, in-18. sous le titre : Documents pour sertir à l'histoire de Saint-Nazaire, première partie) ; Document cité par Henri Moret dans Histoire de la ville de Saint-Nazaire, tome I, 1925.
  • La maison noble du Sable, seconde partie

    de Charault de Mérionnec : Tiercé en pal, d'or, d'azur, et d'argent .

     

    La famille de Charault de Mérionnec est une famille de la bourgeoisie guérandaise, anoblie en la personne de Guillaume de Charault de Mérionnec, qui acheta en 1776 la maison noble du Sable à Jean-Baptiste-René de La Haye du Sable, après avoir vendu le château de Careil situé à Guérande (1).

     

    I° Guillaume de Charault de Mérionnec, (1724 - Le Croisic 17 juillet 1778), seigneur de Mérionec, Conseiller du Roi et Maître ordinaire à la Chambre des Comptes de Bretagne, par acquisition de cette charge qui l'anoblie, en achetée en 1750, pour la somme de 50 000 livres, seigneur de la maison noble du Sable achetée en 1776 à Jean-Baptiste-René de La Haye du Sable ; homme cultivé et très attentif aux phénomènes naturels provoqués par les marées et en particulier l’ensablement progressif de la côte, il rédigea un mémoire vers 1770, conservé aux Archives Nationales, dans lequel il préconisait un certain nombre de moyens pour lutter contre l’ensablement, en particulier par la plantation d’arbres, conseils innovants, qui ne furent hélas suivis qu'un siècle plus tard (2) ; marié à Nantes le 6 juillet 1751 avec Placide Fourcade (3), (Nantes 2 juillet 1728 – Guérande, 28 août 1800), fille de Jean-Louis Fourcade, ancien juge consul et échevin de Nantes, et de Marie Jouanneaulx, d'où :

    1° Placide-Marie-Louise, baptisée le 11 octobre 1752 à Nantes ;

    2° Marie-Julie, (baptisée à Nantes le 7 décembre 1753 – Andard (Maine et Loire) 1798), mariée le 2 janvier 1777, en l’église Saint Maurille d’Angers, avec Louis-René Guérin du Grandlaunay, (1751-1840) ;

    3° Joseph-Pierre, né le 3 novembre 1763 ;

    4° Marie-Honorée, (Nantes 12 février 1765 – Nantes 28 janvier 1790), mariée le 9 juillet 1786, en l'église Sainte-Croix de Nantes, avec Jean-François Tranchevent, fils de Jean-Pierre Tranchevent, et de Jeanne Taillebois, issu d'une famille de capitaines de navires originaire d'Honfleur, au diocèse de Lisieux.

     

    Guillaume étant un anobli, le partage de ses biens se fit de façon roturière comme le voulait la Coutume de Bretagne, mais ceux-ci restèrent la pleine propriété de sa veuve. Celle-ci survécut à ses enfants, dont seule l’aînée laissa une descendance, ainsi à la mort de Placide Fourcade, le Sable devint la propriété de Louis-René Guérin du Grandlaunay.

     

    Guérin du Grandlaunay (4) : D'azur, à un croissant montant d'argent, accompagné à dextre d'une épée haute du mesme, et à senestre d'une palme aussi d'argent (qui est Bault de Beaumont), chargé en coeur d'un écu de gueules, au lion d'argent, (qui est Guérin du Grandlaunay).

     

    I° Louis-René Guérin du Grandlaunay, (Angers 23 janvier 1751 – Angers 25 juillet 1840), élu échevin d’Angers le 1er juin 1784, jusqu’en 1789, nommé juge de paix du canton de Trélazé de 1795 à 1807, date à laquelle il est nommé Maire d’Andard, fonction qu’il conservera jusqu’en 1826 sauf pendant les « 100 jours » ; marié le 2 janvier 1777, en l’église Saint Maurille d’Angers, avec Marie-Julie de Charault de Mérionnec, (baptisée à Nantes le 7 décembre 1753 – Andard (Maine et Loire) 1798), dont il hérita des biens de sa famille en 1801, d'où :

    1° Jean-Baptiste ;

    2° Marie-Julie, (1777 - 1825) ;

    3° Louise, (1780-1862) ;

    4° Louis, (1782-1839) ;

    5° Henri, (1785 - ??) ;

    6° Charles, (1785-1868) ; 

    7° Jean-Henri, (1787-??) ;

    8° Alexandre, (1788-1878) ;

    9° Cécile, (1791-1832) ;

    10° Augustine, (1793-??).

     

    Plessix

    En 1829 le manoir est propriété de Joseph-Emmanuel Plessix (Vallon 28 novembre 1806 - 16 mai 1870 Saint-Nazaire, inhumé au cimetière de La Briandais), marié 1ère Céleste Durant (+ 14 juin 1855 Nantes) ; 2e à Saint-Nazaire le 28 décembre 1868 avec Elodie-Marie Brevet (°Nantes 1ernovembre 1837). Le domaine abrite alors 12 personnes réparties en 4 ménages. Il chercha à vendre la propriété, composée "d'une maison de maître, d'une métairie et de dépendances, en juin 1839, mais ne trouva pas d'acquéreur. C'est finalement sa veuve hérite qui vend à Alphonse-Léopold-Nicolas-Louis Cézard. (NB : il possédait aussi la ferme de La Fosse à Sautron.)

    sable.jpg

    Cadastre Cadastre de 1829, Archives départementales.

    On distingue à droite la manoir toujours existant, et les bâtiments de la ferme depuis détruit. 

     

    Alphonse-Léopold-Nicolas-Louis Cézard

    Cézard : Parti de gueules et d'azur à trois roses d'or brochant (2 et 1) ; au chef de … chargé d'un voilier de … navigant dans une mer agitée de … Cimier : Un dauphin nageant dans une mer. Devise : Post nubila Phœbus (Après la pluie le beau temps), (5).

     

    Alphonse-Léopold-Nicolas-Louis Cézard, (Nicolas dans sa famille, Alphonse seulement pour ses affaires, cette double nomination explique que les noms des navires qu'il possédait au port de Saint-Nazaire), armateur et banquier, était né à Batavia aux Indes-Néerlandaises, (aujourd’hui Jakarta capitale de l'Indonésie), son père, natif de Nancy, y avait fait fortune comme armateur et planteur de sucre, devenu milliardaire, il était revenu avec toute sa famille en France afin d'y marier convenablement ses enfants, dépensant pour les doter toute sa fortune, et en faisant des spéculations industrielles. Alphonse Cézard contribua à fonte de la fortune de son père en spéculant dans l'industrie et le commerce au moment de l'ouverture du port de Saint-Nazaire, il fut impliqué dans quelques scandales locaux, et perdit d'importantes sommes que son père recouvrit, il débuta comme armateur, avec deux navires, le Alphonse Cézard et le Nicolas Cézard, puis il voulut faire de la politique en se présentant pour les législatives de Saint-Nazaire contre le candidat seul et officiel (nous étions sous le Second Empire...) Anselme François Fleury, le 17 mai 1863, il ensuite fut directeur pour la France de la Saint-Nazaire Compagny, une société fondée à Londres en juillet 1864, pour l'établissement d'une nouvelle ville sur les terrains de l'ancien manoir du Sable, et fonda le 15 janvier 1865 la Société des Crédits généraux de Saint-Nazaire, filiale de son entreprise de transports maritimes, la Société du Commerce de France, lesquelles furent mise en faillite en 1866... Il avait spéculé sur les terrains du domaine du Sable, qu'il voulait lotir en une cité moderne,d’un quartier sur 450.000 m² de terrains, réparties en 84 îlots de bâtiments d’habitation étaient de toutes classes, délimitant un quartier sur 450.000 m² de terrains, réparties en 84 îlots bâtiments d’habitation étaient de toutes classes, délimité de 33 rues, doté de 5 grandes places, d’un parc luxuriant, et de tous les bâtiments nécessaires à la vie de la population et des administrations. Alphonse Cézard proposa en sus de céder gratuitement à la ville tous les terrains nécessaires à l'établissement des voies publiques, places et squares ; d'exécuter à ses frais le perré de protection de la dune et les escaliers de service du quai-boulevard du front de mer (qu’on aurait baptisé Napoléon III) sur 1 km ; de contribuer à la construction de l'église (rappelons qu’il était protestant) ; d'exécuter à ses frais, « dans des délais déterminés, ou à sa convenance dans certains cas », les halles, l'abattoir, la distribution d'eau, les bains et lavoirs, le théâtre, le grand hôtel, la bourse, le tribunal de commerce, le tribunal civil, la sous-préfecture, le collège et la caserne… à charge par la ville de concéder à perpétuité à sa compagnie les terrains appartenant à la commune dans le quartier à créer, le privilège du service de l'eau pour quatre-vingt-dix-neuf ans, l'exploitation des principaux lieux publics pour trente ans ; de faire ou de terminer le plus promptement possible le réseau général des égouts, les travaux d'éclairage ou d'assainissement et d'entretien des rues et voies publiques comprises dans les terrains appartenant à la compagnie ; et enfin d'exempter des droits de douane et d'octroi les matériaux employés dans les constructions nouvelles.

     

    Possesseur du manoir de Heinlex, qu'il avait fait totalement reconstruire, et qu'il dut vendre à Henri Duval, le président de la Chambre de commerce, avant de se retirer au château de La Touchelais à Savenay, où se trouve aujourd'hui l'hippodrome, où décéda, après fondé dans cette ville une fromagerie.

     

    Société des Crédit Généraux de Saint-Nazaire disparue, ruinant plusieurs actionnaires, sans qu'Alphonse Césard et ses frères, eux aussi impliqués dans la spéculation, furent inquiétés. La Société de commerce de France survécut et resta propriétaire du domaine du Sable. L'affaire fit long feu, car c'est seulement en 1873 que le tribunal de Paris procéda à la mise en vente, en deux lots, l'ensemble du domaine du Sable le 29 mai 1873. La vente fut annoncée dans la presse le 15 mai 1873. le premier lot comportait 423551 m² de terrain, soit un peu plus de 42 ha, et le second le manoir avec 8780 m² de terrain.

     

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    Annonce de la vente parue dans Le Monde Illustré du 15 mai 1873.

     

    Le domaine fut acquis par les frères Bessard du Parc.

     

     

    Famille Bessard du Parc

     

    Bessard du Parc : D'argent à deux fasces de gueules, accompagné de sept merlettes de sable, 3,3, 1.

    Famille de la bourgeoisie issue d'un sénéchal de la seigneurie de La Haye-de-Lavau à Savenay. 

     

    I° Julien-Marie-Alexandre Bessard du Parc, (1823-1899), époux de Claudine-Emma Mathel-Tharin, (1829-1870), d'où :

    1° Julien-Marie-Joseph, (1854-1906), époux de Marie_Métella Tulou, d'où postérité ; acheta avec son frère Olivier le domaine du Sable le 6 janvier 1883, qu'ils revendirent peu après au prince de Bearn en 1883 ;

    2° Emmanuel-Marie-Thomas, (1856-1882) ; 

    3° Olivier, époux de Blanche-Berthe Schmer, d'où postérité, co-propriétaire du domaine du Sable.

     

     

    Le prince de Béarn

     

    de Galard de Brassac de Béarn : Ecartelé : aux 1 et 4, d'argent, à trois corneilles de sable, becquées et membrées de gueules ; aux 2 et 3, d'or, à deux vaches passantes de gueules accolées, accornées et clarinées d'azur, accolées d'hermine.

    Laure-Henri-Gaston de Galard de Brassac de Béarn, comte de Brassac, comte de Béarn, comte de Béarn et de l'Empire, baron de La Rochebeaucourt, comte de Marsan, prince Béarn et de Vianna par lettres de la Reine Isabelle d'Espagne du 9 juillet 1868, duc de Cantabrie, marquis d'Excideuil, grand d'Espagne de première classe, etc., (Cassel, Grand-duché de Hesse-Cassel, (aujourd'hui en République Fédérale d'Allemagne) 9 juillet 1840 – Pau 18 juin 1893), il augmenta sa fortune en spéculant dans l'immobilier des différents projets orchestrés par le gouvernement du Second-Empire, l'achat de la propriété du Sable se fit dans ce seul but, il fit dessiner des avenues sur le domaine, et dépeça celui-ci en différents lots, une partie, dite "Le bois de sapins" (en réalité des pins plantés à la demande du prince pour stabiliser les dunes et les rendre exploitables comme à La Baule), fut acquise par la municipalité à la suite d'un échange avec le prince de Béarn, approuvé par le Conseil le 7 août 1885, afin de créer le jardin qui avait été envisagé par Alphonse Cézard, c'est le Jardin des Plantes actuel, dessiné par le paysagiste nantais Aubry. Le prince de Bearn ne vient jamais à Saint-Nazaire, mais l'une des rues perpétue le souvenir de sa possession le long du jardin : la rue de Béarn (6). (le quartier, dit aujourd'hui "de La Havane", dont le vrais nom est "Le Sable", est né de cet échange). L'aménagement ne se fait cependant pas avant le 11 juin 1886.

    Jusque qu'à la Première Guerre mondiale, la zone était peu urbanisée, les avenues n'étaient que des allées sablonneuses, le long desquelles se trouvaient quelques rares villas. Le Manoir du Sable, fut vendu à Aymé Duquaire qui acheta le reste des parcelles à lotir, (sous le nom de Lotissement du Sable, l'opération ne s'acheva qu'en 1934, et les rues ne furent dotées de revêtement qu'au moment de la Reconstruction).

     

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    L'avenue de Béarn en 1900, Coll. O.M. de S.L.

     

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     Le "bois de sapins", en 1886-87, coll. F.B.

    (la prise de vue a été réalisée depuis l'avenue Ferdinand de Lesseps)

     

    Durant la période ou la Prince de Bear fut propriétaire du domaine, la ferme du manoir, située à proximité, et détruite par Aymée Duquaire, était toujours en métayage. Dans son " Précis historique du vieux Saint-Nazaire ", publié en 1907, G. Le Barbier de Pradun, décrit ainsi les lieux qui servait à la promenade des citadins : C’était au bois des Sables, on y buvait un lait délicieux à la métairie du même nom, puis jeunes gens et jeunes filles se livraient au plaisir de la danse, pour retourner tous ensemble, la journée une fois terminée, à leurs domiciles respectifs.

     

    d'Aymé Duquaire à la municipalité

     

    Aymé Duquaire, (1840-1922) était Lyonnais qui avait débuté comme avoué chez un notaire(7), puis qui se lança dans la spéculation immobilière. À Saint-Nazaire il acheva le lotissement du domaine du Sable. Il offrit à la ville une parcelle triangulaire en 1910, pour la création d'un square où fut installée la statue du Soldat de l'An II, sur la rue Villebois-Mareuil, qui aurait dû comporter deux maisons. Ce square, (parfois nommé Aymé-Duquaire, bien qu'il n'ait jamais reçu officiellement ce nom), pris le nom de Square du Souvenir Français. Ses biens avaient été regroupés en une société du nom de Société Aymé Duquaire et Cie, le domaine du Sable n'était alors plus qu'un parcelle de 2ha sur laquelle subsistaient le manoir seigneurial, et une maison à un étage à l'angle de l'avenue de Bearn et de la rue de Pornichet, construite dans les années 1860, et que la municipalité rasa dans les années 1970 pour faire place à un nouveau bâtiment. Par séance du 28 juin 1924, suite à un proposition d'achat présentée par le maire Vivan Lacour le 28 février 1924 (8), le Conseil municipal se décida d'acquérir le manoir et son parc afin de créer un second jardin botanique, le prix d'achat et d'aménagement fut de 475.000.fr, payé par un emprunt au Crédit Foncier, somme énorme à l'poque et qui souleva des indignations. Il fallut plusieurs années pour que les travaux soient réalisés, le manoir resta longtemps fermé, se délabra, son parc ressembla rapidement à une jungle. La maison seigneuriale fut affectée aux jardiniers, elle fut remise à neuf d'une façon radicale qui fit perdre une part de son cachet, ce que critiqua une part de la population, (cf. Le Courrier de Saint-Nazaire du 10 juillet 1931, sous la plume de Jacqueline Bruno) ; la seconde maison fut affectée au Patronage laïc de jeunes filles (9). Le parc de la maison, situé à l'arrière fut transformé en jardin à la française avec des serres.

     

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    Le manoir en juin 1937 (publication du Courrier de Saint-Nazaire du 5 juin 1937).

     

    Par la suite on installa différente administrations et service municipaux dans le manoir, notamment durant la guerre le bâtiment devient école en raison de la réquisition par l'occupant d'une partie des structures scolaires, puis il devint la bibliothèque municipale de 1949 à 1971, et à la fin des années 90 le foyer des Anciens à la suite de la construction de la résidence pour personnes âgées en bordure de la cour d'honneur, le long de l'avenue de Lesseps. Un second groupe d'immeubles fut ensuite bâti le long de l'avenue de Bearn.

     

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    Plan d'aménagent du manoir en bibliothéque, conservé dans les archives dites de l'Ancien Musée, aux Archives municipales de Saint-Nazaire ; cliquer pour agrandir.

     

     

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    La maison noble du Sable, au centre, et le parc aménagé au début des années 1970, on voit à gauche la maison construite dans les années 1860 qui avait été affectée par la municipalité au Patronage laïc de jeunes filles, à l'arrière du manoir, on distingue les serres municipales. (carte postal, crédit inconnu, me contacter pour mention future du nom des ayants droit, merci.)

     

    En 2008 le jardin arrière, que la municipalité n'entretenait plus, fut bétonné sur le moindre centimètre pour faire place à une résidence des plus disgracieuses, aux appartements sombres. 

     

    (1) A.D.44, E 550. — Vente de la maison noble du Sable, en Saint-Nazaire, par René de La Haie, chevalier, à Guillaume Charault, chevalier, seigneur de Merionnec. 1776.

    (2) Sources : Gaétan d’Aviau de Ternay « Dictionnaire des magistratsde la Chambre des Comptes de Bretagne », page 84 ; Les Cahiers du Pays de Guérande, N°15 ( Année 1994), pages 9 et 10 ; généalogie et histoire de la famille Guérin du Grandlaunay, établies et communiquées par monsieur Héric Guérin du Grandlaunay, ancien sous-préfet de Saint-Nazaire, et descendant direct de Guillaume Charault de Merionnec. 

    (3) Elle était la dernière représentante de la branche de la famille Fourcade, originaire de Bayonne, établie à Nantes en 1670, et qui portait : « De sinople au pairle d’argent ». (Cf. « Histoire de la Famille Fourcade », Notice historique et généalogique par François-Laurent Jacquier - informations communiquées par monsieur Héric Guérin du Granlaunay, op.cité.)

    (4) Généalogie et informations communiquées par monsieur Héric Guérin du Granlaunay, op.cité.

    (5) D'après les armoiries sculptées sur la façade sud du manoir de Henleix.

    (6) N.B. : si le nom de la rue se prononce « béarne », comme l'ancienne province, le nom de la famille de prononce lui « béhar' », (avec l'accent versaillais-pata-chaude-dans la bouche).

    (7) Son avoué était Viart à Lyon.

    (8)Vivan Lacour présenta la possibilité d'achat sans avoir entretenu le conseil en commissions, et sans que ce fut à l'ordre du jour, mais la possibilité d'acheter le reste du domaine, même avec deux maisons décrites comme étant "en mauvais état", était pour la municipalité une affaire qui manquait de jardin public et de bâtiments à affecter.

    (9) Délibérations du Conseil municipal, (arch. Mun. De S.-N.), (cf. Henri Moret « Hitoire de Saint-Nazaire », 1925).