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Chroniques de Saint-Nazaire - Page 8

  • Saint-Nazaire en 1864

    Article du Journal illustré de la semaine du 29 mai au 5 juin 1864

     

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  • Le Prieuré

    Saint-Nazaire avait un prieuré dédié à Saint-Jean-Baptite, il s'élevait à l'emplacement du Ruban bleu. 
     
    1079, fondation du prieuré de Saint-Nazaire 

    Saint-Nazaire était l'une des vingt-cinq paroisses de la vicomté de Donges. Au temps des premiers de la féodalité, une vicomté était une circonscription juridique, soumise à l'autorité d'un vicomte, qui était subordonné au comte de Nantes, lui-même subordonné au duc de Bretagne. Les vicomtes étaient à l'origine nommés pour une période, puis leurs fonctions devinrent héréditaires, et les domaines attachés à leur fonction devinrent leur pleine propriété. Au milieu du 11e siècle, la vicomté de Donges appartient à Rotald, celui-ci eut pour fils Friold, qui fonda à Donges un prieuré qu'il donna à l'Abbaye de Marmoutier, et en 1079, conjointement avec ses fils, Roald et Gaufrid, un prieuré à Saint-Nazaire, doté d'une chapelle dédiée à saint Jean-Baptiste, qu'il donna à l'abbaye Saint-Aubin d'Angerset à son abbé Girard. Friold ajouta au prieuré des vignes situées à Porcé2, des terres en labour, avec une partie des dîmes de la paroisse, et un four qu'il avait dans le bourg. C'est donc une ferme qu'il offre aux moines de Saint-Aubin d'Angers, avec l'espoir qu'ils y installent une communauté régulière de quelques moines. En même temps, il institua une foire pour la fête de saint Jean-Baptiste.

     

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    Retranscription par Dom Morice du texte de fondation du Prieuré, dans " Mémoires pour servir de preuves à l'histoire ecclésiastique et civile de Bretagne ", 1644.

     

    1157, mise en bail-viager du prieuré à un laïc

    Le prieuré il fut mis en location à des laïcs, situation commune à nombre de prieurés. Ces lieux de résidence monastique fondés par des donateurs se multiplièrent durant une période qui va du 11e au 13e siècle. Les fermes offertes aux abbayes étaient plus nombreuses que ce que les vocations monastiques pouvaient offrir en hommes, et la vocation de prière et d'étude n'allait pas de pair avec l'éclatement des communautés en groupe de moins de dix personnes. Il était donc nécessaire pour les communautés monastiques de garder au sein des abbayes leurs religieux et novices, et de louer les fermes à des paysans qui en assuraient l'entretien et la mise en valeur, et le cas échéant, pourvoyaient à la vie d'un ou deux moines que les évêques y obligeaient à résidence. Ainsi le prieuré Saint-Jean-Baptiste de Saint-Nazaire fut mis en bail-viager au moins dès le 12e siècle3 :

    '' Sachent les présents et les successeurs des présents que Jean, fils de Guillaume Chornout, venant dans le chapitre de Saint-Aubin , a donné à ladite abbaye sa personne et ses biens déjà acquis ou à acquérir. Or, moi, Guillaume, par la grâce de Dieu, élu abbé dudit monastère, et tout le couvent des religieux, nous avons concédé audit Jean notre prieuré de Saint-Nazaire, avec tout ce qui lui appartient, pour le posséder sa vie durant, à condition qu'il y entretiendra honnêtement avec lui un de nos moines, lui donnant tout ce qui lui sera nécessaire en vivres et vêtements. En outre, il rendra annuellement, le jour de la Nativité de saint Jean-Baptiste, à notre cellerier à Angers, mille sèches, grandes et bonnes , et 10 sous à la fête de Saint-Clair, 12 deniers à l'armoirier4 et 1 denier au porteur de bref5. Si nos frères vont lui demander l'hospitalité, il les recevra avec honneur et respect. Il ne faut pas passer sous silence qu'il acquittera toutes les dettes du prieuré, et, selon son pouvoir, en conservera les revenus et les possessions en bon état, il faut savoir aussi que, si l'évêque de Nantes veut nous astreindre à tenir deux moines dans le prieuré, ledit Jean fera renoncer le seigneur évêque à cette prétention ou entretiendra avec lui deux moines.  Quant à nous, nous serons témoins et défenseurs de cette convention, dans le cas où il éprouverait quelque dommage ou serait appelé en justice de la part de l'un de nos moines ; et, de son côté, le susdit Jean a prêté serment, la main levée sur le texte de l'Évangile , qu'il exécuterait fidèlement tout ce qui est écrit ci-dessus.  De cette chose sont témoins: d'abord le seigneur Guillaume, abbé de Saint-Aubin; Guérin , prieur-claustral ; Lembard ; Jean, chantre; Geoffroi de Virgal ; Geoffroi, cellerier ; Guillaume, censier ; Geoffroi Cormerel, Pierre Encombre-Rue, Geoffroi d'Alencé, moines ; Daniel et Guillaume, chanoines de Guérande, Guillaume Comout et plusieurs autres clercs. ''



    1178, conflit entre le prieur et le chapelain

    En 1178, il y eut une contestation entre Mathieu, chapelain qui desservait l'église de Saint-Nazaire et Fromont le prieur de Saint-Jean-Baptiste. Ce dernier voulait participer aux oblations de l'église, et le chapelain n'était pas disposé à le satisfaire. Robert II, évêque de Nantes, informé de ces contestations, les termina par un jugement qui portait que la communauté du prieuré ne pouvait avoir aucune prétention sur les revenus de l'église, comme le chapelain n'en avait aucunes sur ceux du prieuré6. Cependant le Prieur de Saint Aubin, de l'ordre bénédictin, '' présentait '', c'est-à-dire choisissait les prieurs de Saint Nazaire, du Corset, de Sainte Opportune à Saint-Père-en-Retz, et d'Oudon, mais aussi les curés de Couffé, de Saint Nazaire, du Corset, de Sainte Opportune, et d'Oudon, au diocèse de Nantes, qui étaient ensuite validés par Rome, ce qui explique pourquoi les religieux de ces paroisses et prieuré furent nombreux à être angevins, et cela jusqu'à la Révolution.

     

    De 1599 à 1793

    L'histoire du prieuré se perd un peu, les noms de prieurs ne nous sont pas parvenus, on sait cependant qu'en 1599 il se nommait Armelle Nicollas, et qu'en 1641 il se nommait Urbain de Fontenay. Attendu que le prieur nommé à sa tête n'y venait jamais, il s'y faisait représenter par un moine qui y vivait plus ou moins en permanence, pour les redevances seigneuriales. Le prieuré rapportait 2000 livres de revenu net, auquel s'ajoutait une dîme au trentième sur l'ensemble de la paroisse de Saint Nazaire. En dehors des revenus et privilège lié au prieuré, il y avait des devoirs envers le vicomte de Saint Nazaire, la déclaration de Saint-Nazaire de 1673 nous apprend que le prieur devait au vicomte '' a la feste de Noël, entre les messes de minuict et du point du jour, deux pains de froment d'un sol pièce et deux justes aultrement pintes de vin, le tout rendu audit Saint-Nazaire, au lieu appelé le Plaisir, soubs peine de 60 sols monnoie d'amende ''.

     

    En 1696 les armoiries du prieuré furent enregistrées à l'Armorial Général : d'or à la croix alésée de sable, soutenue d'une macle du même, et cantonnée en chef de deux autres macles de sable.

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    A partir de 1719 il n'y eut plus de moine au Prieuré, et la chapelle fut désaffectée, les bâtiments en dehors de la grange, furent très peu entretenus par René Galliot, sieur de Cran, (Saint-Nazaire 1693 – Saint-Nazaire 8 février 1772), qui obtint le bail d'exploitation de l'ensemble du domaine, et qui fut par la suite sénéchal de la vicomté, (voir article : http://saint-nazaire.hautetfort.com/famille-galliot-de-cran/ )

     

     

    Etienne Chaillon (Montoire (village du Pin) 8 février ou avril 1736 – Montoire 25 mars 1796), avocat au Parlement, dit l'avocat de la Brière, notaire de la juridiction de Montoir, procureur fiscal de Heinleix, signa avec Hardoin et Dufrexou, commissaires généraux de la Paroisse de Saint-Nazaire, une adresse au Roi en 1785 afin d'obtenir que les bâtiments du Prieuré qui était inhabité depuis un siècle soient transformés en hôpital pour les marins. Le prieur en était alors le père Richard, directeur du séminaire Saint-Sulplice à Paris, ne semble pas avoir fait d'effort pour reconvertir les bâtiments, le 14 février 1790 l'inventaire du contenu de la chapelle fut fait en son nom. 

    La Révolution changea la donne, les biens de l'Église furent nationalisés, La veuve de Louis-François-René Girard de La Cantrie, (avocat au parlement décédé en 1789 à Nantes), née Julie-Victoire-Rose Bonamy, (Nantes 6 septembre 1755 - Saint-Nazaire 24 juin 1819 - inhumée au cimetière de La Porterie, ses restes furent déplacés au cimetière de La Briandais en 1858), acheta le domaine dont il avait repris le bail à la suite de son père. Ce domaine de 7 ou 8 ha comprenait les bâtiments du prieuré, ensemble composé d'une chapelle rapidement rasée, d'une grange, d'un logis, et ce qui devait être un pigeonnier, transformé par la suite en moulin, et que l'on nommait au 20e siècle la Tour du Prieuré, une construction fortement retouchée prise dans un îlot urbain, qui avait résisté aux bombardements, mais que l'on flanqua parterre au moment de la reconstruction. Les restes des bâtiments, divisés en plusieurs habitations, appartenaient, toujours en 1857, à la famille Girard de La Cantrie, Il y avait alors 20 habitants répartis en quatre ménages.

     

     

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    Cadastre de 1829, le point rouge correspond au pigeonnier/tour

     

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    Le Prieuré sur la vue panoramique du Port en 1858

     

    L’extension de la ville entraîna la disparition des bâtiments du Prieuré vers 1880, sur subsista au milieu d’un îlot urbain la tour-ancien-pigeonnier, restaurée et transformée en habitation, nous est connue par deux photographies l'une prise en 1936, où elle s’aperçoit par dessus les toits depuis la rue, et une autre prise à la suite des bombardements Alliés, par Alex Bernard, le directeur du journal  Le Courrier de Saint-Nazaire, et publiée dans celui-ci le 20 août 1943.

     

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    La tour en 1936

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    La '' tour du prieuré '' en  août 1943, photo d'Axe Bernard.

     

    1 Copie partielle, B.N.F., latin 17126, fol. 161 ; Dom Lobineau, Histoire de Bretagne, 170 ; Dom Morice, Preuve de l'histoire de Bretagne, I, 453 ; comte Bertrand de Broussillon, Cartulaire de l'abbaye de Saint-Aubin d'Angers, T. 2 p. 394 ; cf. l'Abbé Guillotin de Corson, Les grandes seigneuries de Haute-Bretagne, p. 111.

    2 Ces vignes, nommées vignes du Chapitre, se situaient sur la parcelle sise entre la rue de La Vecquerie et le chemin de Porcé, à l'emplacement de l'école Ferdinand Buisson.

    3 Abbaye de Saint- Aubin, rentes et redevances sur les prieurés, A.D.49 : H110, vol. V, fol. 31. ; traduction de monsieur de Marchgay pour la Société archéologique de Nantes et de Loire-Inférieure, tome IX, 1869.
    4 C'est en fait l'archiviste.
    5 Moine qui portait la liste des morts de l'abbaye aux églises avec lesquelles la communauté avait établi une association de prières. 

    6 Dom Lobineau, Histoire de Bretagne, II, 348 ; Dom Morice, Preuve de l'histoire de Bretagne, I, 671 ; comte Bertrand de Broussillon, Cartulaire de l'abbaye de Saint-Aubin d'Angers, T. 2 p. 395 ; BNF, 5027, fol. 402.

     

  • Le monument de 1870

    A la croisée des rues (Georges de) Villebois Mareuil, de Santander et du boulevard du président Wilson, se trouve une statue dont peu de Nazairiens savent à quoi elle correspond.

    En 1909 on s’aperçut que la ville de Saint-Nazaire était l'une des rares municipalités d'importance ne disposant pas d'un monument à la mémoire des soldats morts durant les combats de la guerre de 1870. Ce n'était pas rare attendu que cette guerre avait été perdue par la France, que l'on préférât ne pas en parler durant plusieurs décennies. Saint-Nazaire étant une ville bretonne qui brassait une population venant de toutes les provinces de Bretagne, le souvenir du camp Conlie et comment Gambetta traita les Bretons, faisaient que toute allusion était mal venue. Cependant en 1909 la politique française était de rendre hommage aux morts de 1870 et d’aller dans le sens des revendications populaires et nationalistes au sujet de l'Alsace et du nord de la Lorraine. Un comité d’érection, composé de monsieur Renaud, président des vétérans, du commandant Gaté, du capitaine des pompiers Sorel, et du commissaire central Parisot de Sainte-Marie, fit son choix parmi les statues mises à disposition par l’Etat au fond des Beaux-Arts. Ils choisirent un bronze fort beau du sculpteur René-Philéas Carillon[1], fondu par Joseph Malesset, une œuvre énergique et d’une grande maîtrise. Le Gouvernement confia la sculpture choisie à la Municipalité, sur acceptation du maire, Louis Brichaux, le 28 juillet 1909. Ce fut sur l’instant perçu par plusieurs comme une insulte aux Bretons, car elle figure un soldat de l'An II, l'un de ces soldats de la République qui massacra la résistance bretonne et royaliste. Qu'importe pour la municipalité, elle n'avait d'ailleurs pas les moyens de refuser, cela les aurait tous fait qualifier d'antifrançais, de non-patriotes, d’antirépublicain. Qu'importe aussi si la sculpture avait été refusée par toutes les villes à qui elle avait été proposée et que le plâtre original attendait depuis dix-sept ans dans les réserves qu’on veuille en fait un tirage. Saint-Nazaire aurait son monument à la mémoire des soldats morts en 1870.

    Il fallut trouver un emplacement. L'entrepreneur lyonnais, Aimé Duquaire, qui possédait et lotissait le front de mer de l'ancien domaine du manoir du Sable, offrit une parcelle face à l'océan et à sa résidence personnelle[2]. Très beau cadeau quand on sait qu'il y avait la place pour construire deux maisons. La donation fut finalisée le 27 mai 1910, et le nom du donateur devint celui du square nouvellement constitué, à ceux-ci prêt qu’aucun arrêt municipal ne le nomma ainsi officiellement. On ménagea les susceptibilités de tous en ne donnant aucun nom officiel.

    Le 10 juillet, le sous-secrétaire d’État à la Guerre, Albert Sarault, vint en grande pompe inaugurer le nouveau monument. Le 64e sortit de la caserne de La Briandais en grands uniformes. On avait convoqué toutes les sociétés de gymnastique pour compléter et animer le défilé, trois-cents enfants des écoles avaient été rassemblés et entonnèrent le Chant des vétérans, suivi de la Marseillaise, quand, à 11h15, le sous-secrétaire tira le voile qui couvrait le monument. Personne ne remarqua que celui-ci ne comportait pas les noms des Nazairiens morts durant ces combats. La liste aurait été bien courte, sinon inexistante, malgré le recrutement et la formation des bataillons supervisés à l’époque par le général Edmond-Frédéric Rose1[3]. Les Nazairiens enrôlés connurent le sort de l’Armée de Bretagne.

    La cérémonie fut suivie d'un banquet de quatre-cents couverts au Casino des Mille-Colonnes.

    Au milieu de sin jardinet entouré d'une grille, le monument fut rapidement ignoré. La majorité des cartes postales éditées après son érection ne mentionnent que le square, sans commenter sa présence. Henri Moret lui-même ne le mentionne pas dans son Histoire de Saint-Nazaire. On l'ignora encore quand il fut réalisé le monument aux morts de la Première-guerre-mondiale. Pour les Nazairiens, la statue était juste une statue que certains prenaient pour Surcouf ou un autre corsaire ! Durant l'occupation allemande, les Nazis voulurent la déboulonner pour l'envoyer à la fonte, on les en empêcha en leur racontant que c'était la statue du comte de Villebois Mareuil, Nantais qui avait participé à la guerre de 1870, mais aussi combattu les Anglais durant la seconde guerre des Boers, acte que les Allemands approuvaient. Ce mensonge sauva la statue. En 2010 la municipalité a fait remettre en état le square et déplacer la statue de quelques mètres, elle l'a aussi orienté en direction de l'océan, alors que jusque-là elle l’était en direction du port.

     

    [1] On sait peu de choses au sujet de René Philéas Carillon. Il était le fils du sculpteur Hector Philéas Carillon, son atelier était à Montmartre, était spécialisé dans les sujets militaire, et il reçut une mention honorable au salon de 1902.

    [2] La maison au fond derrière le monument était la résidence d'Aimé Duquaire, elle a été détruite à la fin des années 1960 pour faire place à l'immeuble « Palazzo San Marée ».  

     

    [3] Sa correspondance privée nous apprend qu’il y était d'ailleurs resté coincé par une sciatique durant le mois de septembre 1870.

     

     

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    La maison au fond derrière le monument était la résidence d'Aimé Duquaire, elle a été détruite à la fin des années 1960 pour faire place à l'immeuble « Palazzo San Marée ».  

     

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    Le monument à la Libération, (coll. L.O.M.)

     

     

  • Saint-Marc, avril 1941...

    Photographie prise par un soldat allemand, il est écrit au dos :

    " Sie läßt sich nicht gern fotografieren - April 1941 "

    (Elle n'aime pas être prise en photo - Avril 1941)

     

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    (6x9) Coll. L.O. M.

    Derrière, les bâtiments de Saint-Eugène...

  • La Providence à Saint-Marc

    Il nous a été demandé où se trouve la '' plage de la Providence '' à Saint-Marc ? La plage de la providence est en fait le nom que portait au début du 20e siècle la plage Saint-Eugène. Le nom de " Providence " vient du fait que les fillettes du sanatorium de la Providence, un établissement religieux de petite taille dirigé par les Filles de la Sagesse de Nantes, qui se trouvait au 14 de la rue Adrien Pichon, à l'emplacement de la résidence " Alizé ", à côté de l'église Saint-Marc. On y soignait uniquement des filles qui souffraient du manque de soleil et de petits maux de poitrine. Il est à souligner que c'est parce que cet établissement existait à Saint Marc jusqu'à la Seconde-Guerre-mondiale, que la veuve du Docteur Raffegeau avait dans son testament envisagé que le château de Porcé soit transformé en sanatorium, ce que la municipalité avait après guerre écarté en prétextant que le climat de Saint-Nazaire ne s'y prêtait pas !

    La communauté religieuse de La Providence perdura jusqu'à la Seconde-Guerre-mondiale. Le 25 février 1943, les chanoines Crespel, curé de Saint-Gohard, et Gouy, archiprêtre de Saint-Nazaire,  y trouvèrent refuge. Le 24 juin suivant, la communauté est forcée de partir car leur maison fut réquisitionnée par l'Occupant. Les sœurs partirent à Nantes ; les deux curés trouvèrent à se loger dans une petite maison voisine nommée " Le calme plat ". La communauté revient à la Libération.

     

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    les fillettes sur la plage en 1905

     

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    les fillettes sur la plage en 1916

     

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    le sanatorium et l'église en 1903

     

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    Le sanatorium en 1903

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    l'église et le sanatorium en 1925

     

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    1928

     

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    1930

     

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    dans les années 1960

     

  • Dolmen, acte 3 - scène2

    Monsieur Jean-Louis Garnier,  conseiller municipal de Saint-Nazaire, du groupe de l'opposition (UMP), nous précise au sujet de l'article  « Dolmen, acte 3 », du 16/12/2012, que la question au sujet du dolmen, durant le dernier Conseil municipal de l'année 2012, et la demande de rétablissement de « l'ordre Républicain », ont été posées par lui.

     

    Ajoutons enfin, que les propos de monsieur Joël Batteux, maire de Saint-Nazaire, n'avaient pas été repris dans leur intégralité par «  http://www.saintnazaire-infos.fr », en effet, monsieur le Maire, avait ajouté : « Je vous donne l'autorisation si vous voulez aller faire quelques trous au pied du dolmen. Je peux même vous donner une petite cuillère pour aller creuser ». 

     

    Il nous semble ici important de préciser que monsieur le Maire de Saint-Nazaire, n'a pas le pouvoir d'autoriser de fouiller, même avec une petite cuillère, la couche archéologique du site, à une personne ne possédant pas de diplômes archéologiques, et cela sans autorisation de l'Etat. (Cf. loi du 27 septembre 1941 : voyez sur le site du Ministère de la Culture : http://www.culture.gouv.fr/culture/infos-pratiques/fiches/fiche6.htm)

     

    Interrogé par l'Agence Bretagne Presse, monsieur Zack Moullec, élu de gauche écologiste, a relaté, que suite à la réponse de monsieur le maire : « Là j'ai réagi en lui disant qu'il répondait avec mépris et arrogance. Qu'il ne s'agissait pas de cailloux, mais d'histoire. Hors conseil, il m'a répété son histoire de petite cuillère. Je lui ai répondu que je ne l'avais pas attendu, que des trous au pied du dolmen, j'en avais probablement fait il y a 30 ans lorsque j'étais gamin puisque j'habitais juste à côté et que j'allais y jouer aux billes ! ». ( http://www.agencebretagnepresse.com/voir.php?code2=8u27jxdc18got9 )

     
  • Dolmen, acte 3

     

    Extrait du compte rendu du conseil municipal tenu le 14 décembre 2012 :

     

    Le quartier du Dolmen est complètement réaménagé depuis quelques années avec la construction des logements du square Delzieux. Ce qui fait la spécificité du quartier, est la présence d’un Dolmen et d’un Menhir, vestiges des origines celtes de la ville. Le projet prévoit la mise en valeur de la place du Dolmen mais pas de fouilles archéologiques, même si la ville a prévu de prendre rendez-vous avec la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) rapidement. « On pouvait donc s'attendre à ce que M. Provost dont le souci du respect des cultures est indiscutable, fût particulièrement soucieux de donner aux recommandations des services des monuments historiques et à l'étude scientifique du site toute leur place. Or nous apprenons, hier, que l'architecte des bâtiments de France avait fait connaître par lettre du 10/12/2007 son désaccord avec le projet présenté. Il vous appartient, M. le maire, de rétablir l'ordre républicain sur la place du Dolmen et dans les rues adjacentes en respectant, autant que faire se peut, les orientations en conclusion de la lettre de l'architecte des bâtiments de France ».
    Joël Batteux, le maire, n’a pas caché sa surprise devant un tel discours, « c’est la première fois qu’on me parle avec autant d’enthousiasme du Dolmen. J’apprends que peut-être il y aurait des trésors cachés dans le sous-sol. Pourquoi ne pas nous avoir alertés de longue date ? Jamais nous ne les aurions empêchés d’aller fouiller. Il est encore temps, tout n’a pas été creusé ». Une réplique qui n’a pas manqué de faire réagir Zack Moullec, élu d’opposition. « Vous avez vraiment une manière méprisante d’en parler ».

     (source : http://www.saintnazaire-infos.fr/quand-le-dolmen-s-invite-au-conseil-municipal-23-43-1795.html)



    Pour notre part, nous avons décidé de nous adresser madame Aurélie Filippetti, ministre de la Culture, à monsieur Vincent Berjot, directeur général des patrimoines, et à monsieur Bertrand-Pierre Galey, directeur, adjoint au directeur général des patrimoines, chargé de l’architecture,  par courrier envoyé au  Cabinet du Directeur Général des Patrimoines, 182 rue Saint-Honoré, 75033, Paris Cedex 01.

     

  • Georges Bellec

     

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                              (c) Arnaud Dumontier

     

     

    Nous avons après ce jour, que monsieur Georges Bellec, chanteur, et artiste peintre, est décédé le 13 décembre 2012. Monsieur Georges Bellec était né en 1918 à Saint-Nazaire, il avait été membre d’un quatuor de chanteurs comiques, "Les Frères Jacques ", avec son frère, André (1914-2008), lui aussi né à Saint-Nazaire. La famille Bellec résidait alors rue Vivant Lacour.

     

    En juillet dernier, désireux d’interroger Georges Bellec sur ses souvenirs d’enfance à Saint-Nazaire, nous avions reçu une lettre de sa fille, Sophie Bellec, nous expliquant avec beaucoup de pudeur, et dans laquelle transparaissait beaucoup d’amour filial, que l’état de santé de son père ne permettait pas une interview.

     

    Nous présentons nos condoléances à madame Sophie Bellec.

  • Le Dolmen de Saint-Nazaire, Acte 2

    dolmen de Saint-Nazaire

    Le dolmen, vu par Thomas Dobrée, le 10 juillet 1836, (doc. DRAC-44)

     

    Suite au tollé provoqué par les travaux entrepris par la Municipalité au Square du Dolmen, sur un espace relevant des Monuments Historiques, la Mairie de Saint-Nazaire a exprimé, mercredi 12 décembre 2012, son point de vue auprès de Ouest-France. La rédaction nous a fait parvenir au  matin de ce 13 décembre l'article suivant :

     

    « La rénovation du square du Dolmen fait partie du projet global Delzieux, mené par l'aménageur Sonadev. La mairie précise que les services de l'État « ont eu connaissance de ce projet depuis 2006 ».

    Le dossier du permis de construire portant sur le programme immobilier de 95 logements, « dans lequel figurait le projet d'ensemble avec la place du Dolmen », a été transmis au Service départemental d'architecture et du patrimoine (SDAP). S'agissant d'un projet d'ampleur aux abords du monument classé, il y a eu 3 réunions avec le SDAP « dont une visite sur place, à leur demande », ainsi que des échanges de courriers et courriels pour valider les observations, qui ont été toutes prises en compte, dans le projet d'aménagement définitif qui est en cours de réalisation.

    Lors de ces échanges, « il n'a pas été évoqué l'obligation de consulter le Service régional d'archéologie, précise la mairie. Cette démarche n'a donc pas été entreprise par la Ville ».

    Le projet définitif consiste à mettre en valeur la place en limitant les interventions. Il a vocation de conserver l'esprit de l'aménagement existant : remplacement du muret en gardant les mêmes caractéristiques, en limitant les accès à la place, conservation des chênes vert existant, éclairage de mise en valeur des monuments pour remplacer l'existant, reprise de la rue Autel-des-Druides pour remettre en perspective cette place depuis la rue (élément demandé par le SDAP/ABF).

    Dernier point important, la mairie précise qu'elle prévoit « de prendre rendez-vous avec la Direction régionale des affaires culturelles rapidement ». »

     

     

    En dehors de la lenteur  de la municipalité pour répondre aussi maladroitement, et en rejetant une fois de plus ses responsabilités sur le dos d'un autre, plusieurs points nous ont fait bondir. 

     

    Cependant, avant de nous exprimer, nous avons demandé à la DRAC, qui n'avait pas connaissance de la réponse municipale, ce qui l'en était pour elle.

     

    La DRAC nous a confirmé que l'ensemble dit « Dolmen des trois pierres », est bien sur son site d'origine, et est protégé au titre des Monuments Historiques depuis 1889, et que cette protection a été confirmée en 1987.

     

    Questionnée au sujet des propos de la Municipale dans Ouest-France, la DRAC nous a dit  ne pas avoir trace d'un accord des Monuments Historiques pour permis de construire. Elle nous a confirmée que si permis il y a eu, (nous disons bien « si »), le permis n'est plus valable. En effet, la municipalité a entrepris ses démarches auprès de la SDAP, mais la SDAP n'existe plus depuis juin 2010 (1)... et un permis de construire à une durée en droit de 2ans. Enfin, la DRAC nous a confirmé que la SDAP n'aurait jamais accordé à la municipalité la démolition du muret du square, et surtout le passage d'une pelleteuse à moins de 20cm des pierres de l'ensemble néolithique, détruisant une couche archéologique de 80cm.

     

    Monsieur Alain Tournaire, architecte des bâtiments de France, attaché au secteur de Saint-Nazaire, au service territorial de l'architecture et du patrimoine de la Loire-Atlantique, nous a très aimablement expliqué, que l'étude, dont la mairie fait mention, remonte à la période d'octobre-décembre 2007. L'architecte en charge du dossier était alors monsieur Dominique Bernard, qui, après s'être entretenu avec la Municipalité, et la SONADEV, (représentée par monsieur Bertho), et avoir visité le site, rendit ses conclusions le 7 décembre 2007. Ces conclusions ne sont pas une autorisation de travaux, elles sont un ensemble de remarques et de directives, dans le cadre de la construction des immeubles du square Delzieux, relatant les volontés de modification du paysage urbain au sein du rayon de 500m autour du Dolmen, et qui relève de la protection des Monuments Historiques. La lettre relate aussi qu'une première réflexion avait eu lieu durant la construction de la Maison des associations. Dans sa lettre, monsieur Bernard indiquait :

     

    « Considérations portant sur la place du dolmen.

     

    J’estime que dans son état actuel, le caractère global, de la place du dolmen est tout à fait remarquable et qu’il participe bien de la mise en valeur du monument historique. L’ensemble formé par des arbres centenaires qui entourent le dolmen, sur une prairie cernée par un muret de pierre constituant un socle, forme à proprement parler un écrin au monument qui est d’autant plus indispensable à sa mise en valeur, que le paysage urbain périphérique ( rues, fronts bâtis) est totalement étranger à celui de ses origines. Il s’agit d’un espace « calme » dans son traitement, affirmé comme une parenthèse dans l’espace urbain, traité comme une réminiscence d’un paysage rural breton idéalisé mais sans doute assez proche de celui qui figurait aux abords du monument à ses origines ou en tout cas conforme à l’idée que l’on peut s’en faire.

     

    L’autre mérite de cet aménagement ancien est qu’il permet, en terme d’échelle, à ce monument d’échapper à la résidualité totale dans un contexte urbain qui lui a fait perdre son « échelle », c’est à dire son impact paysager en tant que signal ou repère. Ainsi, dans l’état actuel du square, c’est l’impact de l’ensemble de la scène paysagère à laquelle le monument se rattache qui compte finalement et non celui du seul monument historique.

     

    Le projet proposé remettrait totalement en cause ce parti d’aménagement, cette parenthèse paysagère, en ancrant les abords directs du monument dans une dimension très urbaine qui serait très préjudiciable à sa mise en valeur et à son expression dans le paysage urbain. Au calme de la campagne idéalisée succèderait ainsi l’évènement urbain.

     

    Cette mise en scène doit donc être respectée. Le projet pouvant proposer « à la marge »  des interventions qui devront être justifiées. Il importerait surtout de restaurer cet espace et d’améliorer ses abords actuellement encombrés de véhicules. L’idée de rendre absolument accessible de toute part le dolmen ne me paraît pas particulièrement judicieuse, ce monument méritant au contraire d’être perçu avec un certain recul à la manière d’un vestige archéologique insigne. La question de l’accessibilité de l’espace public doit être précisément appréhendée à l’échelle globale du projet et non par partie, cet espace méritant d’être moins accessible et sous certains aspects le square Delzieux, situé un peu plus loin méritant d’être au contraire amélioré dans son accessibilité pour affirmer sa composition et sa dimension publique. »

     

     

    Soulignons le passage « un paysage rural breton idéalisé ». A l'époque de la constitution du square, nous étions alors en pleine période néodruidique, la mise en scène, voulue au 19e siècle, fait elle aussi partie de l'Histoire, et donc se trouve protégée.

     

    La lettre adressée à la SONADEV par l'architecte des Monuments Historiques, est consultable ici : LT071207 à SONADEV - Square Delzieux.pdf

     (dont la Mairie a eu copie, cf. mention en fin de courrier)

    (1) elle a été remplacée par la STAP (services territoriaux de l'architecture et du patrimoine ).

  • Le Dolmen de Saint-Nazaire

    Alerté par monsieur Hubert Chémereau du CREDIB, nous avons eu la désagréable surprise de découvrir que le site du Dolmen trilithe de Saint-Nazaire, situé près du port, au bout de la rue du Bois-Savary, avait été l’objet de passages d'une pelleteuse !

     

    Heureusement, grâce à la vigilance du groupe archéologique de Saint-Nazaire, les autorités compétentes en matière de protection des sites archéologiques et des sites historiques, ont été saisies de l’affaire.

     

    Le Dolmen trilithe du Bois-Savary, dit aussi « des Trois pierres », ou encore « du Prieuré », est une construction datant du néolithique, composée de trois pierres : deux levées, un couchée. A cette construction s’ajoute un menhir,  c'est-à-dire une pierre levée, et quelques débris subsistants de l’ensemble original l’accompagnent. Le dolmen est en fait ce qui reste d’un tumulus semblable à celui situé au lieu dit Dissignac, mais avec des volumes bien plus importants, (avec une base enterrée de 47cm,  les piliers s’élèvent à 1m90 au dessus du sol, la structure a une hauteur de 3m60 au dessus du sol, soit un total de 4m07 avec ses fondations, la table mesure 3m40 par 1m95, et a une épaisseur de 40cm . Cette structure était donc l’entrée de la tombe d’un chef celte, profanée et en partie détruite à l’époque romaine.

     

    Le Dolmen était un élément important du paysage durant l’Ancien régime. Il était compris dans le fief de L’Ile du Bois Savary ». La Déclaration de 1649, indique que le prieur du prieuré de Saint-Jean-Baptiste de Saint-Nazaire, devait, à titre de droit féodal, la nuit de Noël, déposé sur la pierre couchée une pinte de vin et un pain d’une valeur d’un sou, à destination du Baron de Marsaint, ou de ses représentants, (A.D.44, E539 - B. Guérande 42 – B. 1012 – E579).

    En 1828, le « Lycée Armoricain », publia dans le premier chapitre de son 11e volume, qu’on avait découvert sur le lieu des urnes, des monnaies d'or, d'argent, et de cuivre.

    En 1876, Gabriel de Mortillet, s’intéressa au lieu, puis René de Kerviler en 1877, qui, en 1893, il publia à son sujet :

    « Dolmen du Prieuré, dans la nouvelle ville de Saint-Nazaire. C'est un immense trilithe, de deux mètres de hauteur (1) et de 3m40 de table, avec des débris de galerie couchés en arrière. On l'a conservé intact au milieu d'une petite place, au milieu d'un square ; et Saint-Nazaire est sans doute la seule ville de France qui possède un dolmen authentique dans ses murs. M. Carro en a donné deux lithographies assez exactes dans son Voyage chez les Celtes. (Paris, Durand, 1857, in-8o) » (« Armorique et Bretagne, recueil d'études sur l'archéologie, l'histoire et la biographie bretonne, publiés de 1873 à 1882 », Tom I, p. 164.)

     En 1889 le site fut classé au titre des Monuments Historiques, pour sa valeur historique et  archéologique. Le lieu fut alors entouré d’un square fleuri et arboré.

     

    Jusqu’en 1928, le menhir se trouvait couché sur le sol, c’est Marcel Baudoin, (1860-1941), docteur en archéologie, ethnographe, et co-fondateur de la Société Préhistorique de France, qui le fit relever sur son emplacement original après étude du site. Le docteur Baudoin observa des entailles « très patinées » dans le menhir, à 0 m 60 du sommet, « délimitant une sorte de tête ». Il estima que le dolmen était en fait une statue idole.

     

    dolm.jpg

     

    Photographie du site par le comte Henri de Lestrange (1853-1926), au début du 20e siècle. En dehors du menir relevé, on voit clairement que les éléments aujourd'hui en place, étaient déjà ainsi situés au moment du classement par l'Etat. (source : Ministère de la Culture (France) - Médiathèque de l'architecture et du patrimoine - diffusion RMN.)

     

    Notons ici que durant l'entre deux-guerre, il y avait un gardien sur le site, qui avait aussi  «pour mission d’initier les touristes aux us et coutumes des Druides.»

     

    Durant la Seconde Guerre mondiale, l’une des pierres qui dormaient à proximité de la structure fut déplacée par l’occupant, qui s’en servit pour l’une de leurs fortifications à la Villes-Martin, (cf. F. Gueriff).

     

    « Quod non fecerunt Barbari, fecerunt Barberini » (2)

    On pourrait adapter ce célèbre commentaire à la ville de Saint-Nazaire !

     

    Toute ville a besoin de se développer et de se moderniser, mais la municipalité n’est pas au-dessus de la Loi. Le Dolmen est protégé au titre des Monuments Historiques depuis 1889, sa protection est double, car c’est aussi un site archéologique. La Municipalité, propriétaire du lieu et de la structure, n’a pas le droit d’exécuter des travaux, ou d’autoriser à exécuter, des travaux pouvant porter atteinte au Dolmen, et à son environnement dans un rayon de 500m,  (articles L.621-1 , L.621-31 et L.621-32 du code du patrimoine).

    «  Un monument n’est en effet pas un objet isolé, posé là « par hasard » et indifférent à ce qui l’entoure : il s’inscrit dans une histoire, un contexte, et entretient des relations complexes avec son environnement. » précise le ministère.

     

    La SOCIETE NAZAIRIENNE DE DEVELOPPEMENT (SONADEV), est intervenue en ce mois de décembre à la demande de la CARENE et de la Municipalité sur le site, faisant passer un bulldozer à quelques mètres du Dolmen. Ces travaux sont illégaux. Avant d’intervenir sur le site, et dans un rayon de 500m autour du site, pour des travaux d’aménagement, ou de transformation, dans les perspectives de visibilité, une demande doit-être déposée auprès de la DRAC, et faire objet d’une autorisation après inspection de la part de l’architecte en chef des monuments historiques, qui donne sa réponse « en cohérence avec la réalité du territoire et ses enjeux » et de la nature du site. Aucune demande n’a été déposée.

    Interrogé par Ouest-France vendredi 7 décembre 2012, (3), le service Habitat et aménagement urbain de la Mairie a affirmé que « l’aménageur, la Sonadev, a pris en compte les remarques et précise que le site actuel où est érigé le dolmen n’est pas son lieu d’origine. »

    L’affirmation de la part du service municipale est à la fois, un mensonge, une ânerie, et même une insulte visant les compétences des archéologues, des historiens, et de l’architecte en chef de Monuments Historiques !

    1° Le Dolmen est à sa place d’origine, et a été classé Monument Historique en 1889 et protégé à titre archéologique, pour cette raison ;

    2° La Municipalité n’a pas pouvoir de juger de la valeur historique et archéologique d’un lieu protégé par l’Etat, elle n’a pas pouvoir d’agir sur le site sans autorisation.

    3° Rejeter la faute, l'air de rien, sur la SONADEV, est lamentable, la Municipalité commanditaire des travaux, et propriétaire du site, ne peut ignorer la loi, et doit assumer ses responsabilités en la matière.

     

     

    La DRAC n’a pas été consulté préalablement. La Municipalité a commis une faute, c’est même devenu un délit depuis le passage des pelleteuses. Maintenant elle prêche le faux pour ne pas reconnaitre son erreur.

     

     

    (1)   Kerviler cause ici de la hauteur sous l’arche.

    (2)   « Ce que n'ont pas fait les barbares, les Barberini l'ont fait ». Cette phrase est un commentaire au sujet de ce qu’Urbain VIII avait fait au Panthéon en arrachant les bronzes antiques de sa toiture.

    (3)  http://www.ouest-france.fr/actu/actuLocale_-Le-dolmen-du-square-est-il-une-piece-rapportee-_40829-2141556------44184-aud_actu.Htm 

  • La Ville de Saint-Nazaire sous l'Ancien Régime

    A l'époque médiévale, Saint-Nazaire, malgré ses dimensions réduites, avait le statut de ville, c'était donc une agglomération fortifiée, siège d'une paroisse. Les fortifications constituaient, côtés fleuve et océan, en un ensemble de murs en pierre et un fortin, celui-ci initialement situé à l'emplacement de l'esplanade devant le Vieux-Môle, puis à partir de 1756, à l'emplacement de l'entrée de la cour de l'usine élévatoire,  du côté du continental, les murs étaient en fait des palissades et des fossés que le sable envahissait, et que les tempêtes maritimes détruisaient régulièrement, cette partie du bourg, relevant de l'autorité de la baronnie de Marsain, souffrait régulièrement, et au début du 18e siècle, maisons et four banal avaient été abandonnés par les habitants. Cet ensemble formait le " château de Saint-Nazaire ", cette expression désigne l'ouvrage fortifier dans son ensemble, le logis seigneurial, (surnommé '' château Brutus'' ou '' château-forteresse ''), propriété des vicomtes de Saint-Nazaire. Ce logis était qui avait souffert de la guerre de Cent Ans, était ruiné en 1584, et presque réduit à rien en 1660 quand Jean de Carné achète la vicomté. Durant les décennies précédentes, la vicomté était en partage entre deux familles qui ne s'accordaient pas pour l'entretien du logis et de sa chapelle, aussi avaient-ils laissé la jouissance du lieu et des pierres pour l'édification d'une nouvelle église, l'église originelle, située sur le sommet de l'éperon rocheux, étant trop souvent victime des tempêtes, (au 19e siècle elle sera appelée " Notre-Dame d’Espérance "). La chapelle seigneuriale fut intégrée à la nouvelle construction, sous le nom de " chapelle du Rosaire ", et servit de caveau à la famille de Carné. Au-delà des fortifications, était le moulin de Saint-Nazaire, et plus loin le village de la Ville-Etable. Arrêtons-nous un instant sur un autre terme de vocabulaire propre à l'ancien régime : le mot village, récurant pour désigné des groupes de maisons sur le territoire de la paroisse de Saint-Nazaire, tant sur les cartes, que dans les aveux et dénombrements, désigne ce que nous appelons aujourd'hui un hameau. Ces villages n'étaient constitués en majorité que de trois à cinq maisons, pour la plupart habitées par une même famille, car nés du partage d'une ferme.

     

    Le plan que nous reproduisons, dit " plan Goinard ", du nom de l'homme qui l'a découvert aux archives de Vannes au-cours des années 1980, date du début du 18e siècle. Le bourg de Saint-Nazaire n'a pas encore subi les transformations opérées à la demande du duc d'Aiguillon pour le renfort des côtes du duché face aux intrusions anglaises. On distingue que les îlots urbains sont désignés comme des fiefs dépendants de seigneuries de la paroisse. En effet, cela était une situation commune à toutes les villes, étaient ainsi découpées en fiefs, ou en seigneuries pour les villes les plus importantes. La Ville de Saint Nazaire était part  de la Vicomté, mais certaines de ses maisons dépendaient des seigneuries inféodées composant la Paroisse. Cela ne signifiait pas pour autant que les maisons étaient toutes propriétés d'un seigneur, loin s'en faut, mais simplement qu'elles dépendaient de l'autorité seigneuriale, de ses impôts, et qu'en cas de litige c'était le bailli de la seigneurie dont dépendait la maison qui intervenait, ou en cas d'absence d'héritier de la maison, celle-ci revenait au seigneur dont elle dépendait. En observant le plan, on s'aperçoit que la majorité des maisons dépendaient de la Vicomté, ou de la baronnie de Marcein, un îlots, près de l'église dépendait de la seigneurie d'Heinleix et une minorité relevant de seigneurs inférieurs; On sait par exemple, qu'une maison à étages et un cabaret situés dans la Grand'rue, relevaient de la seigneurie des Boixières,  (A.D.44, E 572). 

     

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    (cliquer pour voir en grand)

     

    Ce plan nous permet aussi de constater que malgré la disparition de la résidence seigneuriale des vicomtes au profit d'une nouvelle église, l'espace reste celui de l'autorité : l'auditoire où se réunit le conseil de la paroisse, la prison dite " ancien état ", le bâtiment des archives et registre ou siège le bailli dit " maison constancieuse ".

    Plan M. Goinard in Vieux saint-Nazaire Gueriff.jpg

     

    L'urbanisation du rocher était compliquée, les parcelles étaient étroites, et les bâtiments d'une même habitation se trouvaient en majorité sur plusieurs niveaux de sol. Les maisons du bourg étaient toutes en pierres, mais les toitures et l'existence d'étages variaient en fonction de la fortune des propriétaires ; avant la révolution industrielle du Second Empire, les classes sociales se mélangeaient, côte à côte se trouvaient des demeures bourgeoises, ou des demeures d'artisans qui pouvaient n'être que de simples masures, cette situation perdura jusqu'à la Première Guerre mondiale, la maison où naquit le sculpteur Alfred Caravanniez tenait ainsi de la cave et de la grange, la maison du sénéchal Galliot de Cran, construite comme un hôtel particulier, était moyenne de petites échoppes surmontées d'un grenier, et les maisons des capitaines et des pilotes avaient des allures de manoirs faisant face à la mer, avec leurs tourelles contenant les escaliers qui déversaient les étages. Le bourg comprenait plusieurs cabarets, de nombreuses échoppes, et deux foires commerciales s'y tenaient par an.  L'alimentation en eau laissait à désirer, les points d'eau étaient saumâtres, et il fallait faire venir l'eau potable depuis les terres. 

     

    En 1789, la Ville en ses murs comprenait 200 maisons majoritairement couvertes de chaume, où logeaient 900 individus.

     

    saint-nazaire-autrefois,vieille ville,le bourg 

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    Dans une lettre du 13 février 1792, le lieutenant Besson, en fait le descriptif suivant :

     

    " Saint-Nazaire, ville dévote ; des femmes à plein l'église et des hommes à genoux jusque dans la rue. Des Bonnes Vierges au dessus des portes ; à certains jours, des cierges qu'on allume, et des neuvaines qu'on fait au vent, à la pluie, n'étant arrêté par rien. Il y a force de matelot dans le pays. Quand ils partent, ils font des vœux, ou ce sont leurs femmes qui en font pour eux ; des vœux aussi quand il y a tempête, si bien qu'au retour on prie, on accroche des drapeaux, des avirons, des rames aux piliers de la nef, et tout cela produit de bonnes sommes au curé et à deux prêtres qui le secondent. La Révolution à un peu troublé ces pratiques ; on se divise.

    Il y a des incrédules ; mais e grand nombre va toujours, prie toujours, craint et paye toujours, ce qui met le pasteur – car il ne faut rien celer – à même de secourir bien des familles pauvres, que sans lui, on verrait sans pain.

     

    Du bien et du mal : partout ainsi... " (1)

     

    Dans son " Précis historique du vieux Saint-Nazaire ", publié en 1907, G. Le Barbier de Pradun, décrit ainsi la ville historique : " la rue Neuve, sans aucune uniformité, la rue neuve se déroule tortueuse et inégale. Ses habitations présentent ce caractère particulier qui succède à le Renaissance. Le coup d'oeil est assez disparate. En certains endroits, l'air se trouve comme comprimé, par les frondaisons qui surplombent la chaussée. Du côté de l'eau, elle prend un aspect différent, la perspective varie comme un décor d'opéra ; on y dirait un superbe kaléidoscope. Les vestiges d'une ancienne gentilhommière frappe les regards ; malheureusement celle-ci se trouve dépourvue de sa tour poivrière, qui reconstituait son véritable cachet. Ce point culminant ne rappelle-t-il pas l'antique veilleur sur son donjon féodal. Des poutres massives, de larges escalier, prouvait jadis la solidité de ces constructions. On y découvrait ces cheminées monumentales, où le bon rôt de nos aïeux cuisait à point devant une flamme pétillante, qui réchauffait de on ardente haleine la maisonnée toute entière. Quel panorama admirable l'on devait embraser de ces merveilleux observatoire hélas disparu.[...] La rue Vieille Eglise, à laquelle nous communiquons par une ruelle à l'extrémité de la rue Neuve, est très curieuse. En remontant vers le nord, des murailles aux fenêtres  dissimulées par des pierres indiquent des traces d'habitations. Elle aboutit de ce côté à la Grand Rue, par la ruelle Ordronneau ; un escalier de trois marches donne accès à cet étroit passage. Le Souvenir d'une vieille demoiselle, qui enseignait le catéchisme aux enfants, à sauvé ce nom de l'oubli. Au sud, dans la rue Vieille Eglise précitée, quelques constructions paraissent remonter au XVIIIe, et au commencement du XIXe siècle. Elle rejoint également la rue précédente. La Grand rue revient ensuite sous un autre aspect, et selon les besoins d'un âge nouveau. De véritables transformations se sont accomplies/ Trois maisons à pignon ogival, aux portes à plein cintre, aux fenêtres légèrement  moulurées, méritent une attention spéciale. De fortes voûtes inférieures, donnent accès à des caves entaillées dans le roc. L'un de ses immeubles porte en saillie, une gargouille vigoureusement charpentée. La gendarmerie, eu plus tard son siège dans cette rue, le bâtiment affecté à ce service public, servit successivement de maison d'école et de douanes. Il y a une trentaine d'années, à la suite de réparations, un cercueil fut découvert sous la porte de la maison Audibert. Ce fait aurait eu des précédent, parait-il. Suivant une expression assez naïve de nos aînés, " les derrières" de la localité, formaient un enchevêtrement de venelles très étroites, qui se soudaient aux points principaux. Les ruelles Tartoué, Robert, Kergorre, Aumond, Ordronneau, donnent une idée de cette profusion. En descendant vers le sud, on tombait sur le Trait de la Source, qui formait la séparation entre la rue des Sables et la Grand Rue. Celui-ci subdivisait en deux parties, dont l'une aboutissait à la plage, et l'autre remontait vers le nord-est, prenait la dénomination de Trait de La Genestais. La veille Mairie était à La Source."

     

    Saint-Nazaire, une ville bretonne, comme toutes les autres... 

     

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    1) Lettre rédigée à Savenay. Cf. " le patriote Bournonville ", de Gustave Bord ; et " Lettres, mémoires et documents publiés avec des notes sur la formation, le personnel, l'esprit du 1er bataillon français des Volontaires de Maine-et-Loire et sur sa marche à travers la crise de la Révolution Française ", Par Grillet, Ed. Amyot, 1850.

  • 28 octobre 1915, le port de Saint-Nazaire

     

    Quand on parle de la Première Guerre mondiale à Saint-Nazaire, on a tendance à ne mentionner que la période « américaine », qui marqua profondément la ville, en raison de l’important débarquement de troupe et de matériel volumineux, (on débarqua même des locomotives), des travaux engagés par les troupes des USA pour l’amélioration du port et des structures d’alimentation en eau de la ville. On oublie alors qu’au moment de la déclaration de guerre, le port de Saint-Nazaire était un port important pour ses lignes transatlantiques, mais aussi marchand, céréalier, et charbonnier. En septembre 1915, on débarquait 2500 tonnes de blé par jour, des milliers de chevaux furent aussi débarqués, des tonnes de nitrates du Chili pour la défense nationale, etc. En raison de l’importance logistique, et du fait que presque tous les hommes étaient au front, il fut décidé que les prisonniers allemands, dont la profession était celle de docker, seraient envoyés dans les ports français. 3000 hommes originaires de Brême et d'Hambourg, furent envoyés à Saint-Nazaire. Vêtus de sarraus bleus, ils travaillaient en trois-huit sous la direction de leurs propres officiers, eux-mêmes supervisés par des officiers français.

     

    Les photographies qui suivent ont été réalisées le 28 octobre 1915, (auteur inconnu, collection Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine).

     

     

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    Arrivée du paquebot Venezia, apportant des chevaux d'Amérique pour l'armée française et l'armée belge

     

     

     

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    Arrivée du paquebot Venezia, apportant des chevaux d'Amérique pour l'armée française et l'armée belge

     

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    Arrivée du paquebot Venezia, apportant des chevaux d'Amérique pour l'armée française et l'armée belge

     

     

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    Prisonniers allemands travaillant à l'empierrement des quais


     

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    Déchargement de charbon d'un bateau, et chargement dans un wagon, par les prisonniers

     

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    Camp de prisonniers, Allemands jouant aux cartes

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    les cuisines du camp

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    la lingerie

     

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    l'infirmerie

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    les douches

  • Saint-Nazaire, les chantiers vu par François Kollar

    Photographies des chantiers de Saint-Nazaire, par François Kollar,  prises durant les années 1931 à 1935, (Crédit photo : Donation François Kollar, Ministère de la Culture, Médiathèque de l'architecture et du patrimoine)

     

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    1931, construction d'un paquebot ; descente le long du flanc de la coque

     

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    1931, rivetage des tôles d'un pont du " Normandie " aux chantiers et ateliers de Penhoët

     

     

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    1931, construction du " Normandie ", structures intérieures de la coque

     

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    1931, construction du " Normandie "

     

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    1932, sortie des ouvriers au chantier de Penhoët

     

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    1932, le " Normandie "

     

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    1932, le " Normandie "

     

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     29 octobre 1932, lancement du " Normandie "

     

     

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    29 octobre 1932, lancement du " Normandie "

     

     

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    29 octobre 1932, lancement du " Normandie "

     

     

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    29 octobre 1932, lancement du " Normandie "

     

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    1933, le " Normandie "

     

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    1933, Le " Normandie "

     

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    1933, le " Normandie "

     

     

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    1933, Le " Normandie "

     

     

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     1934, construction du " Ville d'Alger "

     

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    1934, le " Normandie "

     

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    1934, Le " Normandie "

     

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    1934, le " Normandie " 

     

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     1934, le " Normandie "

     

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    1935, le " Normandie ", réalisation des décors

     

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    1935, le " Normandie ", canots

     

     

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    1935, le " Normandie ", canots

     

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    1935, pont du " Normandie "

     

     

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    1935, le " Normandie ", essai des machines

     

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    Saint-Nazaire, 5 mai 1935, les acteurs Gaby Morlay et Victor Boucher se promenant à bord du " Normandie "

     

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    Saint-Nazaire, 5 mai 1935, les acteurs Gaby Morlay et Victor Boucher dans un salon du " Normandie "

     

  • La seigneurie de Trébale

    Avant d’être un quartier de Saint-Nazaire, Trébale (olim Tréballe), en était une seigneurie de la paroisse, doté de la moyenne justice, et inféodée à la vicomté de Saint-Nazaire.

     

    Cette seigneurie se composait d’un manoir et de trois ou quatre fermes éloignées. Le manoir a disparu au début du 20e siècle.  Il se composait d’un rez-de-chaussée,  d’un étage, et d’un grenier sous un grand comble. L’étage comprenait cinq pièces, dotées chacune d’une fenêtre. Trois d’entre elles s’ouvraient au sud, deux au nord.  Les ouvertures étaient petites, et un cadran solaire ornait la façade sud. On remploya les pierres pour construire une ferme à son emplacement. Ce qui restait de ce manoir se trouve à l'emplacement du parc.

     

    Le premier seigneur connu en est Gilles Le Guennec, il était le beau-frère de Pierre Hémery, écuyer, sieur de Préambert, de La Rivière et seigneur de la maison noble de Beauregard. Il est possible que la seigneurie de la Tréballe fut soustraite à la seigneurie de Préambert qui la jouxtait ou inversement, dans les deux cas, on ne connaît pas les seigneurs précédents...

     

     la tréballe,le guennec,lorieux,modille-villeneuveLe Guennec : D'azur plein ; au chef denché d'argent. 

     

    I° Gilles Le Guennec, écuyer, de Tréballe, par héritage de son père : seigneur de La Chaussée, et de Bogat ; et par héritage de son beau-frère Poncet de La Haye du Sable : seigneur de la maison noble de Kerlédé et de la métairie de La Paquelais, (Guérande, 25 mars 1613 – Saint-Nazaire (chez son beau-frère Pierre Hémery à Beauregard) 13 juin 1682), époux d'Olive du Chô morte vers 1682, d'où :

    1° Jeanne, baptisée le 19 novembre 1643 ;

    2° Jean-Baptiste, d'où postérité à Kerlédé ;

    3° Françoise ;

    4° Michel, (1649) ;

    5° Michelle, baptisée à Guérande le 27 août 1652, décédé en cette même ville le 15 mars 1698, dame de Tréballe, mariée en la chapelle Saint-Marc de Saint-Nazaire à Pierre Charpentier, écuyer, sieur du Hardas, maintenue noble à Guérande en 1669, (1), sans postérité.

     

    Au temps des Le Guennec, la famille Richard exerçait la fonction de laboureurs pour la seigneurie de Tréballe et la métairie de La Noë de Kerlédé. La famille Richard a laissé son nom à une ferme devenue le lieu-dit La Richarderie entre Kerlédé et Tréballe (2).

     

    La seigneurie fut achetée à une date inconnue par la famille Lorieux, famille bourgeoise originaire de Cambon.

     

    I° Ambroise Lorieux, sieur de La Mainguisserye, seigneur de Tréballe, né le 10 juillet 1693 à Cambon, marié le 23 janvier 1720 à Saint-Nazaire avec de Renée Bernard de Grandpré, (Saint-Nazaire 1684 - Saint-Nazaire 1735), fille de Charles Bernard, sieur de Grandpré, (1650-1700), notaire royale à Saint-Nazaire, et de Madeleine Belliotte, (1645-1735) ; 2° Julienne Belliote de La Gressière, (Guérande, 27 février 1701- Saint-Nazaire 4 mai 1751), fille de Jacques Belliote, sieur de La Gressière, avocat, procureur fiscal de Guérande, et d'Olive Tenguy ; d'où :

    du premier lit :

    1° Bonaventure-Ambroise, qui suit ;

    2° Marie-Madeleine, (1728-1748) ;

    du second lit :

    3° Madeleine, demoiselle de La Gressière (1743-1768) ;

    4° Julienne-Désirée, dame de Tréballe, née le 11 aout 1745, décédée en 1780, mariée le 29 mai 1769 à Saint-Nazaire avec Guillaume David de Dréziqué, (Le Croisic 1731 - 1782), d'où :

    A° Julienne David de Dréziqué, épouse de son cousin germain Bonaventure-Ambroise Lorieux, qui suit degré III°.

     

    II° Bonaventure-Ambroise Lorieux, sieur de La Mainguisserye, seigneur de Tréballe, né à Saint-Nazaire le 1er décembre 1720, décédé en cette ville le 5 décembre 1782, avocat, marié le 27 janvier 1750 avec Marie-Joseph Duchêne de Kerloy, (1730-1769), fille de Louis Duchêne, sieur de Kerloy, et de Françoise Rousseau, d'où : 

    1° Louis, seigneur de Tréballe, né le 7 décembre 1752, qui vendit en 1783 cette seigneurie à Pierre de Galliot de Cran, sénéchal de la vicomté de Saint-Nazaire ;

    2° Bonaventure-Ambroise-Fidèle, qui suit ;

     

    Pierre de Galliot de Cran, sénéchal de la vicomté de Saint-Nazaire n'a pas gardé longtemps la seigneurie de la Tréballe, il la céda à Cassien-Alexis Kermasson de Kerval, sieur de Kerisel, seigneur de Heinlex-Pommeraye, qui la revendit Bonaventure-Ambroise-Fidèle Lorieux en 1793.

     

    III° Bonaventure-Ambroise-Fidèle Lorieux, sieur de La Mainguisserie, né à Saint-Nazaire le 5 août 1762, décédé le 22 avril 1809 au Croisic, procureur de la commune de Saint-Nazaire du 3 février au 25 mai 1790, date à laquelle il fut nommé membre du district de Guérande, époux de sa cousine germaine Julienne David de Drézigué, fille de Guillaume David de Dréziqué, et de Julienne-Désirée Lorieux (3) ;  le couple racheta en 1793 le domaine de La Treballe ; d'où :

    1° Désire, (Le Croisic 20 juillet 1792 – Le Croisic 17 novembre 1832), mariée au Croisic le 19 janvier 1814 à René Bellinger, (Le Croisic 22 novembre 1782 – Le Croisic 30 janvier 1870), d'où postérité ;

    2° Bonaventure, (Le Croisic 24 septembre 1794 – Le Croisic 19 janvier 1814) ;

    3° Auguste, (le Croisic 1797 – Eaux-bonnes 27 juillet 1842) époux de Louise Metois ;

    4° Edouard, qui suit ;

    5° Théodor (Le Croisic 22 avril 1800 – Paris 17 décembre 1868), marié le 18 février 1830 à Stéphanie Faulcon de Marigny, d'où postérité.

     

    IV° Edouard Lorieux, (Le Croisic 13 octobre 1798 – Ploërmel 8 août 1865), magistrat à Ploërmel, il est déclaré copropriétaire avec un monsieur Delange en 1857 ; marié le 11 novembre 1823 à Agathe Neélz de Plancis, (Ploërmel 19 juillet 1804 - Ploërmel 7 mars 1872), d'où : 

    1° Marie-Agathe, (Ploërmel 21 mars 1825 – Locmalo, château du Quenven, 18 février 1922), restée célibataire, elle hérita du domaine de La Tréballe, qu'elle offrit, sous réserve d'usufruit, à son neveu Roger Modille-Villeneuve, le jour de son mariage;

    2° Léonce, (Ploërmel 3 avril 1826 – 10 septembre 1856), officier de marine, époux de Marie Le Sénéchal de Kerdréoret ;

    3° Anna, (Ploërmel 21 novembre 1828 – Guéméné-sur-Scorff, 28 novembre 1902), mariée le 2 octobre 1856, avec Louis Modille-Villeneuve, d'où postérité qui hérita du domaine de La Tréballe ;

    4° Edouard, (Ploërmel 20 avril 1833 - Ploërmel 31 mars 1871), marié à Paris le 5 décembre 1860 avec Hyacinthe Masson de Kernoy, (1841-1908), d'où postérité.

     

     

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    Restes du manoir de la Tréballe en juin 1930, (le Courrier de Saint-Nazaire 14/06/1930)

     

    Les héritiers de la famille Modille-Villeneuve vendirent, après la Seconde Guerre mondiale, le domaine, qui fut démembré.

     

     

     

    (1) Charpentier : De sable à deux épées d'argent passées en sautoir, les pointes en bas. 

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    (2) Michelle Le Guennec-Charpentier, dame de Tréballe, fut la marraine de Michelle Richard.

    (3) Son oncle, René David de Dréziqué, armateur, maire du Croisic de 1765 à 1782, assista à l'union, il fut fusillé par les révolutionnaires en 1793, car il avait aidé le chef chouan nazairien François-René-Marie de Guériff de Lanouan, seigneur de la maison noble de Beauregard.

  • L'ancienne Gare

    Après bien des années d’abandon, et plusieurs années de travaux successifs, le site de l’ancienne gare de Saint-Nazaire a été totalement réhabilité, et la municipalité a fait bâtir, à l’emplacement de l’aile rasée, un théâtre. 

     

    Cette gare fut achevée en 1866, elle avait été voulue par l’Etat en remplacement de la gare provisoire qui était en bois, et qui était provisoire depuis 1857 ! La gare provisoire se trouvait près de l’actuel rond-point de l’Europe, elle fut remplacée par la petite « Gare du Morbihan », d’où les trains partaient jusqu’à Vannes, (bâtiment subsistant en 2012 et abritant des bureaux du Service Maritime Navigation 44/49).

     

    L’implantation des voies de chemin de fer, et des gares, relevait de plans décidés par l’Etat, sur plans des Ponts et Chaussées, on ne consulta donc pas la municipalité, le Conseil municipal s’en plaignit durant la séance du 26 mai 1867, les Nazairiens espéraient des voies d’accès supplémentaires, mais le choix de l’implantation de la gare était logique, il devait permettre un accès plus rapide à la gare maritime.

     

    Les illustrations suivantes, dues à J. Leroy pour le compte des Ponts et Chaussées, montre le bâtiment en cours d'achèvement, (sources Gallica.bnf.fr)

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    La Gare des Voyageurs, dites aussi Gare de Paris-Orléans-Ouest, du nom de la Compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans (PO) qui en avait l'attribution (1), était une gare de dimension moyenne, mais disposant d'une architecture soignée, inspirée de celle de la gare du Nord à Paris. A l'origine on n'y entrait pas par le centre de sa façade, mais par les côtés. Ce qui explique pourquoi, le nombre des arches au centre de la façade sont en nombre pair de six, et non impaire, comme toute gare dont l'entrée est centrale. Ces arches étaient en premier lieu des fenêtres devant lesquelles était une sorte de jardinet protégé par une grille. L'architecte s'efforça cependant de rattraper l'aspect en incorporant au centre de la façade une horloge, dont le cadran était placé dans une lucarne, encadrée de deux statues copiées sur '' L'aube et le crépuscule " de Michel Ange, qui ornent le monument funéraire de Julien de Médicis, duc de Nemours, à Florence. 

     

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    Le pavillon Ouest abritait le buffet de la gare, l'Est la billetterie

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    On accédait trois voix sous la verrière, disposées deux et une, avec un quai ''central'', deux autres étaient accessibles à l'extérieur par une galerie en prolongement de la gare, surmontée d’un auvent en acier riveté :

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    L’intérieur de la gare fut alors modifié :

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    La gare était contiguë à la gare de Tramway en provenance de La Roche-Bernard, à droite au premier plan de cette carte postale :

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    On remarque que les motrices des tramways n'étaient alors pas très différentes des locomotives des trains.

     

    En 1925 la compagnie P.O. a qui appartenait la gare, fut sollicité par la Chambre de Commerce pour modifier la façade afin de fluidifier les entrées et sorties de la nef. Les travaux de modification n'eurent lieu qu'à la suite de l'accident du 9 octobre 1927, durant lequel deux wagons passèrent au travers de la façade après que l'expresse de Paris dont les freins avaient lâché les ait percuté, on décida de constituer l'entrer par le centre de la façade, et on ajouta un perron à la place du jardinet et de ses grilles. Au début des années 1930, une marquise vient couvrir ce perron.

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    Accident du 9 octobre 1927, photographie de monsieur Rebins, photographe tenancier de l'atelier Express-Photo, parue dans le Courrier de Saint-Nazaire du 15 octobre 1927

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    A la suite des bombardements, la gare était réparable, l'arrière avait été endommagé, les vitres soufflées, une partie des toitures incendiées, mais elle servit encore, car c'est par elle qu'arriva le Général de Gaulle le 23 juillet 1945.

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    Arrière de la gare à la libération

     

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    Le général de Gaulle devant la gare, (coll. éco-musée de Saint-Nazaire)

     

    Cependant, dans le projet de reconstruction de la ville et du port sous les directives du gouvernement, a fait déplacer le centre-ville à son emplacement actuel, le port devait se développer, entrainant la disparition prévue de tout ce qui était entre le bassin et la rue Henri Gautier, le quartier de Penhoët, portant épargné par les bombardements, aurait lui-même du disparaître au profit d'un nouveau bassin et de cales.

     

    La gare fut utilisée jusqu'à la construction de la nouvelle, inaugurée le 9 octobre 1955. Propriété de la SNCF depuis 1937, celle-ci la vendit en octobre 1972 au Grand Port, qui décida sa destruction pour 1973, mais cela souleva tant de protestations que l'ont conserva ce qu'il en restait.. Elle fut finalement transformée en dépôt de bus, ce qui entraîna la destruction de la verrière, et d'une aile, l'horloge et les deux statues étaient destinées à la pioche, l'architecte nazairien Claude Dommée, (1902-1985), acheta l'ensemble pour sauvetage. Le poids de la l'œuvre, de presque 7 tonnes, le décida à la placée dans son jardin. Sa veuve en fit don à la ville avant son décès. En partie rachetée par la Ville, l'aile Est devient en 1988 une pépinière d'entreprises. L'acquisition du reste du site se fit vers 2006. Une rangée d'arcades de l'aile Ouest resta longtemps au milieu du parking de bus, elle s'éroda durant des décennies, tombant par portion. Il restait trois des arcades au moment de la construction du théâtre, elles devaient être incorporées au projet, mais elles s'effondrèrent dès le début des travaux.

     

    Avec son regard de 2012, le lecteur se demande pourquoi on a laissé détruire ce bâtiment ? Comme nous l'avons expliqué, le développement du port devait entraîner sa disparition complète, c'est donc un miracle qu'il en reste quelque chose, ensuite, après la guerre, ce bâtiment était perçu comme peu ancien, démodé, fortement endommagé, peu pratique aussi, car les trains devaient se rendre dans un cul-de-sac, et revenir en arrière pour se rendre en suite en direction du Croisic. On avait alors envie d'une ville moderne et lumineuse, nombre de propriétaires ont laissé raser leur maison pourtant encore debout, pour en avoir une neuve, et laisser la municipalité élargir les rues.  Il nous est facile de juger après coup, et nombres idéalisent l'ancien Saint-Nazaire, qui loin d'être un paradis, était un amalgame de bâtiments hétéroclites, avec des égouts insuffisants, et l'absence d'eau courante dans les immeubles où s'entassaient autour de cours sombres et non aérées, les ouvriers, ce que les jolies cartes postales mises en scène par les photographes, car s'étaient toujours des mises en scène, ne révèlent pas. La période de la reconstruction était une euphorie moderniste et hygiéniste accessible pour tous, et raser les restes de la ville, avec la volonté d'oublier un passé trop douloureux. On peut ainsi se perdre en de longues et sinueuses digressions sur les biens faits et les méfaits de la modernisation de la ville, mais à l'heure, où les Nazairiens ne sont pas capables de s'organiser pour défendre le peu de patrimoine historique qu'il leur reste, et ne trouve à protester qu'une fois que les bulldozers de la municipalité sont passés, que le lecteur nous pardonne cette '' révélation '', mais de l'extérieur, cela nous fait tous passer pour des idiots aux yeux des communes avoisinantes. L'état actuel de l'ancienne gare, ainsi transformée, est relativement bien réussi, même si la réduction des ouvertures des pavillons est ridicule et inesthétique, nous estimons que pour une fois, la municipalité a réalisé un projet satisfaisant pour l'instant, mais qui n'absout pas l'actuel maire des méfaits récurrents de sa politique au niveau patrimonial.  

     

    (1) Cette compagnie avait aussi des lignes en direction de l'Aquitaine, de l'Auvergne, de la Normandie, de l'Aunis, etc.

  • Saint-Nazaire, les transatlantiques, le Mexique, et l'impératrice Charlotte

    La loi du 16 juillet 1840 institua les lignes de paquebots postaux transatlantiques avec le continent américain, Saint-Nazaire reçut la ligne dite du Mexique, qui déversait, passant par l'Espagne, Saint-Pierre de La Martinique, Cubas, et enfin Veracruz. On pratiqua des essais, mais ils furent infructueux.

    Par la loi du 17 juin 1857, après que Saint-Nazaire eut bataillé contre Le Havre, Bordeaux, Lorient et Cherbourg, l'État concéda finalement la ligne postale par paquebots à vapeur à la compagnie Union Maritime, les lignes des Antilles et d'Aspinwall (ancien nom de Colón) au Panama. Le directeur de l'Union Maritime était Victor Marziou, qui était aussi directeur de ligne des Chemins de fer d'Orléans. L'Union Maritime fut remplacée en 1860 par la Compagnie Générale Maritime, dirigée par Émile Péreire, par le décret du 22 juillet 1861. La Compagnie Générale Maritime signa une convention postale avec l'État, dans laquelle elle s'engageait à desservir, sur 20 ans, des lignes transatlantiques en direction de l'Amérique du Nord, et l'Amérique Centrale. Ainsi naquirent les lignes Le Havre-New York, avec escale à Brest, et surtout les lignes Saint-Nazaire-Isthme de Panama, avec escale à Fort de France. La Compagnie Générale Maritime prit alors le nom de Compagnie Générale Transatlantique (CGT), et le lundi 14 avril 1862, la ligne de l'isthme de Panama fut inaugurée, avec le départ à 14h30, durant la marée de l'après-midi, du Louisiane, pavoisé aux couleurs des nations des deux mondes. Ce paquebot, à coque de fer, alliant voile et propulsion par roues à aube (1) mues par une machine de 600 chevaux-vapeur, allant à 11 nœuds, long de 86,44 mètres pour une largeur de 11,90 mètres, jaugeant 2045 grt, avec un port en lourd de 1800 tonnes, il avait été racheté en 1861, en Ecosse, aux chantiers J. & G. Thomson, alors qu'il était en construction sous le nom de Cortes pour un autre commendataire qui s'était désisté. Il avait été lancé le 17 décembre 1861. Deux coups de canon saluèrent son départ et ceux de ses 210 passagers qui atteignirent Fort de France treize jours après. Ce même mois d'avril 1862, le Gouvernement, engagé dans la guerre du Mexique depuis janvier, pria la Compagnie Générale Transatlantique d'ouvrir une ligne jusqu'à Veracruz, afin de pourvoir à l'effort de guerre. La Transat', acheta trois autres navires : La Floride, de même tonnage et puissance que le Louisiane, pouvant transporter 152 passagers, et deux plus petits, les Vera-Cruz et Tampico, de 1200 tonnes, allants à 10 nœuds, pouvant transporter 135 passagers. Les navires assuraient alors deux lignes : Aspinwall, passant par Fort de France, et la seconde Veracruz, par La Havane. En 1865 les services furent étendus depuis Saint-Nazaire à Saint Thomas aux Îles Vierges. L'ouverture de la Ligne transatlantique boosta le développement de la ville, et donna lieu à de nombreuses spéculations immobilières. Saint-Nazaire fut durant cette période le pont de l'armée française vers le Mexique, la ville louait pour 3000fr les Grande et Petite cités de Penhoët, anciens logements des travailleurs du port, d'une capacité de logement de 500 hommes. Mais la situation s'enlisa, et Napoléon III chercha par tous les moyens de se sortir du guêpier qui ne profitait qu'au maréchal Bazaine, être peu recommandable, qui auréolé de la campagne de Crimée, profitait de la situation du Mexique, (il fut ensuite le principal responsable de la défaite de Sedan), l'empereur Maximilien se retrouvait de son coté dans une panade inimaginable. Le 8 août 1868, après une escale à La Havanne, où les autorités espagnoles lui avaient donné les honneurs, et trois semaines de mer, l'impératrice Charlotte, femme de l'empereur Maximilien du Mexique, fille du roi Léopold Ier des Belges, arriva à Saint-Nazaire, à bord du paquebot Impératrice Eugénie, lancé en 1864 par les chantiers John Scott de Saint-Nazaire.

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    Le paquebot Impératrice Eugénie, 108m de long, 3200 tonnes, 2676 chevaux-vapeur, 10 nœuds par temps calme.

     

     

    Le gouvernement n'ayant donné aucun ordre aux autorités locales, rien n'avait été organisé, le préfet n'avait pas fait le déplacement, seuls attendaient Charlotte le général Juan Nepomuceno Almonte, représentant du Mexique en France, et son épouse, qui tendit d'un sourire gêné un bouquet de fleurs déjà fanées par la chaleur, l'arrivée n'ayant été annoncée qu'à la dernière minute à la municipalité, le maire, René Guilouzo, avait eu à peine le temps d'enfiler un frac, ignorant totalement les usages diplomatiques. Il était entouré d'une partie des élus, qui étaient arrivés comme ils étaient, certains portant des sabots ! René Guilouzo, fort embarrassé, présenta des excuses, et proposa une visite improvisée de la ville. charlotte du méxique,saint-nazaire,guillouzon,transatlantique,paquebot

     

    Charlotte du Mexique, par Franz Xaver Winterhalter.

     

    L'impératrice fut très irritée de cet accueil, et dit au maire son étonnement de ne voir aucun officiel du gouvernement, l'absence de tout détachement militaire, et qu'elle ne pouvait visiter la ville sans escorte. Elle demanda qu'on la conduise à la gare afin de gagner Paris, mais aucun train n'était disponible, aussi elle finit par accepter une collation proposée par le maire, qui réquisitionna dans l'urgence un fiacre de louage pour transporter la souveraine et sa dame d'honneur, sa suite impériale suivit à pied ! L'impératrice fut conduite très lentement jusqu'à l'hôtel Bely, ou monsieur Bely et son personnel s'activaient dans l'urgence pour la recevoir. L'impératrice reconnut que l'hôtel était confortable, et profita de son séjour forcé pour télégraphier à Napoléon II, qui lui fit répondre qu'il prenait les eaux à Vichy, d'où il disait être alité, et dans une pirouette grossière, finissait son télégramme par «  Si comme je le suppose, Votre Majesté va d'abord en Belgique, Elle me donnera le temps de me remettre. » Ce n'est que le lendemain après-midi que la souveraine eut un train qui la conduisit à Paris, avant de pouvoir en trouver un autre pour Bruxelles. Ce fut l'objet d'un nouvel incident : la délégation l'attendit à la Gare d'Orléans, alors que le train arriva à la Gare Montparnasse ! Profitant du banquet que Paris avait donné en l'honneur de Charlotte, le général Woll, aide de camp de l'empereur Maximilien, porta un toast de salut et de vœux de prospérité à Saint-Nazaire.

     

    (1) En 1867, en réparations au Havre, elles furent remplacées par une hélice à pales.

  • Les douches de Penhoët

    Les douches publiques de Penhoët se trouvent à l'angle des rues de Trignac et Victor Marre, à coté des halles. C'est suite à un projet hygiéniste, entrepris par la municipalité en 1912, que les travaux de construction débutèrent en 1914, hélas, la Première-Guerre-mondiale, l'absence de manœuvre et de capitaux, firent que le bâtiment ne fut achevé qu'en 1923. A une époque où Penhoët était le cœur ouvrier de Saint-Nazaire, et où l'eau courante n'était pas dans toutes les maisons, l'établissement municipal avait un rendement de 200 à 300 douches par semaine ! 

     

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    D'après une carte postale des années 60', les grilles et murets ont depuis disparu... 

     

    Le bâtiment fut reproduit comme symbole du quartier sur des enveloppes prétimbrées éditées par le bureau de poste Penhoët en 2005.

     

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    d'après une enveloppe "pret-à-poster" de 2005...

     

     

    Il reste peu de bâtiments de douches municipales sur le territoire français, celui de Penhoët a une architecture agréable, il est parfaitement intégré dans le paysage urbain du quartier, il est aussi le témoignage vivant de la société ouvrière du 20e siècle. 


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    les douches de Penhoët durant l'hiver 2009, photo Odoevsky Maslov.

     

     

     
  • Le château de Saint-Marc

    Le château de Saint-Marc-sur-mer, dit aussi château Lourmand, se nommait à l'origine château du Crépelet. Le nom de Crépelet est en fait le nom véritable du village de Saint-Marc, qui ne prit qu'à la fin du 19e siècle le nom du saint à qui la chapelle du bourg était dédiée. Il n'existait rien à l'emplacement du château si non quelques vignes, quand le terrain fut acquis par Henri-Joseph Lourmand, industriel nantais associé à Henri-Charles-René Serpette (1), et Édouard Lorois, dans la savonnerie " SERPETTE-LOURMAND-LOROIS ".

     

    Construite sur caves, avec un rez-de-jardin, un étage noble, et un second étage sous combles à lucarnes de façade en pierre et lucarnes de plomb, la demeure est constituée d'un corps rectangulaire simple en profondeur, encadré à l'Ouest de deux pavillons carrés accolés sous deux toitures carrées et très pointues, à l'Est d'un grand pavillon rectangulaire dominant la baie, surmonté d'un très haut comble qui se fini en terrasse belvédère muni d'un garde-corps en fer forgé. La longueur totale est de quatre travées, à laquelle a été ajouté un pavillon sans étage d'un travée, abritant la cuisine. La disposition des pièces est : au rez-de-jardin, une galerie entrée dans le corps central, déversant les pavillons de bout, et une vaste salle à manger qui occupe toute la longueur du corps, le pavillon Est abrite un  grand salon, les pavillons Ouest un petit salon coté océan, et une office côté parc, au centre de ces pavillons se situe l'escalier. Le premier étage comporte quatre très grandes chambres. Les murs sont enduits et appareillés aux angles, les ouvertures moulurées. L'ensemble est situé sur une falaise qui domine la plage et la baie de Saint-Marc, dans un parc clos de murs. 

     

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    La famille Lourmand :

     

     

    I° Henri-Joseph Lourmand, (Nantes 31 décembre 1818 - Niort 18 février 1885), marié le 18 octobre 1853 à Angers, avec Lucile-Marie Lechalas, (Angers 23 octobre 1832 – Nantes 27 janvier 1933), fille de Médéric Lechalas, et de Joséphine Tharreau, d'où : 

    1° Marie-Amélie (Nantes 26 juin 1854 – Nantes 9 mai 1932), mariée le 19 juin 1875, à Nantes, avec Gaston-Amédée Thubé, (voyez ci-après) ; 

    2° Marguerite-Marie (Nantes 29 novembre 1855 - Nantes 20 octobre 1938), mariée : 1er le 21 septembre 1875, à Nantes, avec Henri-Marie Couëtou, (27 mai 1849, docteur en – Dax 23 avril 1878), droit, avocat à la Cour d'appel de Paris, puis à Nantes, candidat légitimiste aux élections législatives de Saint-Nazaire en février 1876 ; 2e Victor-Amédée-Marie Sécheras, (Vannes 12 janvier 1837 - Nantes 2 novembre 1908), chef de bataillon ;

    3° Henri, (Nantes 15 mai 1860 - ??).

     

     C'est dans le salon de cette demeure que Lucile-Marie Lourmand, née Lechalas, fêta ses cent-ans, l'après-midi du 24 octobre 1932, en rpésence des Sécheras, Thubé et Couëtoux. Une messe fut célébrée dans cette pièce le matin -même par son petit-fils l'abbé Joseph Thubé. A la mort en janvier 1933 de la vénérable dame,  la propriété passa à son petit fils Gaston Thubé.

     

     

    La famille Thubé :

     

     

    I° Gaston-Amédée Thubé, (Nantes 25 février 1851 - Nantes 29 septembre 1936), substitut de Châteaubriant le 21 décembre 1874, substitut de Saint-Brieuc le 18 novembre 1876, procureur de Guingamp le 29 mars 1879, substitut du procureur général de Rennes le 30 juin 1880, marié le 19 juin 1875, à Nantes, avec Marie-Amélie (Nantes 26 juin 1854 – Nantes 9 mai 1932), d'où :

    1° Gaston-Marie, qui suit ;

    2° Henri (Saint-Brieuc 10 avril 1878 - Paris 1er mars 1943), marié le 8 mars 1913 avec Amélie Paigis, fille de Jean Paigis et d'Amélie Le Normand, d'où postérité ;

    3° Joseph-Jean, (Nantes 13 décembre 1881 - Nantes 8 août 1942), prêtre ;

    4° Jacques-Marie, (Chantenay sur Loire 20 juin 1883 – Nantes 14 mai 1969), yachtman, champion olympique en 1912 à Stockholm, avec ses frères Gaston et Amédée ; marié le 16 septembre 1920, à Azay le Rideau, avec Marguerite-Berthe Pavy, fille d'Hubert Pavy et de Marie-Thérèse Vexier, d'où postérité ;

    5° Amédée-Georges-Marie, (Chantenay sur Loire 8 février 1885 - Paris 26 janvier 1941),yachtman, il participa avec ses frères Gaston et Henri, aux Jeux olympiques de Stockolm en 1912, en tant qu'équipier d'avant, à bord du " Mac-Miche ", dans la série des 6 mètres, où il remporta la médaille d'or ; marié en 1918, Saint-Marc sur Mer, avec Marguerite-Nazli Denaut, fille d'Horace-Louis-Auguste Denaut, officier de la Légion d'Honneur, d'Emma Bojano, d'où postérité ;

    6° Marc, (Saint-Nazaire 4 juillet 1886 - Sézanne 11 mars 1918), mort pour la France ;

    7° Marie-Amélie, (Nantes 19 avril 1889 - Paris 26 août 1977), mariée le 1er le 11 janvier 1911 à Nantes, avec René Bolloré, (Ergué-Gabéric 28 janvier 1885 - Paris 16 janvier 1935), industriel, (papeteries OCB) ; (veuve elle se remaria). 

     

    II° Gaston-Marie Thubé, (Chateaubriant 16 juin 1876 - Paris 22 février 1974), docteur en droit, industriel, juge au Tribunal de commerce, consul de Belgique à Nantes, il participa en 1912, avec ses frères Jacques et Amédée, aux jeux olympiques de Stockholm en tant skipper à bord du " Mac-Miche ", dans la série des 6 mètres, et remportèrent la médaille d'or ; il gagna aussi de nombreuses régates, dont le championnat de France en 1913 à Arcachon, son bateau, le Saint-Jean, construit en 1939 par l'architecte naval Talma Bertrand, mouillait dans la baie de Saint-Marc(3) ; marié le 16 octobre 1900, à Nantes, avec Madeleine Goullin,(1879-1980), fille de Gustave Goullin, et de Célestine Flornoy, sans postérité, il légat le château à son petit-neveu l'industriel Didier Pineau-Valencienne.

     

     

    Durant la Seconde-guerre-mondiale, le château fut occupé par l'état-major de la Vème brigade de Flak de Marine, en charge de la défense antiaérienne de Saint-Nazaire. Celle-ci édifia à proximité un vaste complexe fortifié doté d'une tour, la Flakturm Nz 304,qui servait de centre opérationnel pour le PC. 

     

    A l'été 1951, Gaston Thubé prêtât à Jacques Tati le tennis du château pour une scène du film " Les vacances de Monsieur Hulot ", tourné à Saint-Marc (3) et sorti en 1953.

     

     

    Monsieur Pineau-Valencienne vendit finalement la demeure en 1983 à Charles Goignard, entrepreneur en bâtiments, qui en fait sa résidence principale et entreprit de grandes rénovations. A son décès, la propriété fut acquise par monsieur Christian Seyres, son actuel propriétaire (3). 

     

     

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    vers 1960

     

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    La gloriette du parc vers 1860

     

    (1) Fils de l'un des fondateurs de l'entreprise qui fit construire la villa " La Malouine " à Pornic.

    (2) Ce bateau navigue toujours et est classé monument historique depuis 2005.

    (3) Renseignements provenant du site du château de Saint-Marc-sur-mer, disponible à la location pour des événementiels, et gîte. ( http://www.chateau-saint-marc.com/ )

  • René de Kerviler

    René de Kerviler, (Vannes 13 novembre 1842 - Lorient 12 mai 1907), un homme incroyable, qui fit beaucoup pour l'archéologie, la Bretagne, et Saint-Nazaire, doté d'une intelligence supérieure, d'une érudition et d 'une mémoire incroyables à une époque où toutes les connaissances de l'humanité pouvaient encore tenir dans les volumes d'une encyclopédie, et qu'il y avait encore temps à découvrir. René de Kerviler était un savant, au sens premier du terme. 

    En fait un article ne suffirait pas à raconter René de Kerviler, et nous vous renvoyons vers l'essai biographie réaliser dans le cadre d'une généalogie complète de la famille Pocard du Cosquet de Kerviler, par Robert Busquet de Caumont, en 2008, pour approfondir vos connaissances. Nous vous proposons ici un résumé :

     

    Commençons par tordre le cou à une légende tenace : René de Kerviler n'était pas vicomte, et N'UTILISA JAMAIS ce titre !

     

    Pourquoi cette légende ? Il semble qu'un historien local, impressionné par la particule, se dit que cela signifiait noblesse, et que noblesse allait avec titre, cherchant celui-ci, il découvrir qu'une terre de Kerviler, était tenue en justice vicomtale, et se dit que cela voulait dire que le propriétaire en était forcément vicomte... Un amalgame de poncifs et de raccourcis qui démontre une méconnaissance du sujet, et qui, chose fortement regrettable, fait passer René de Kerviler pour un bourgeois en mal de noblesse. Au demeurant, le " Kerviler ", des Pocard du Cosquet de Kerviler, n'était pas un fief ou une seigneurie ! Soyons clair : La famille Pocard du Cosquer de Kerviler est une famille bretonne de la bourgeoisie fiefée d'Ancien Régime, qui n'a jamais eu de prétentions nobiliaires, pourtant, de mémoire d'homme, les Pocard avaient été considérés dans des temps anciens comme membres de cette petite noblesse si nombreuse en Bretagne (1), mais qui, par pauvreté, avaient dérogé définitivement en devenant laboureurs, puis notaires au 17e siècle, au demeurant, privés de tous documents pouvant attester de la qualité nobiliaire, ils s'étaient abstenus de demander à être inscrits comme nobles, durant la grande recherche de noblesse demandée par Louis XIV en 1668, « aussi nous contentons-nous de vivre désormais très bourgeoisement », avait répondu en 1768 Vience Pocard du Cosquer de Kerviler, ancêtre de René, au sénéchal de l’île d’Arz, qui réinterrogeait sur ses origines. Le livre de raison de Vincent Pocard, nous apprend aussi que la terre noble du Cosquet, simple fief, avait été acquise le 12 juin 1700, par son grand-père Jean Pocard, notaire seigneurial et rural de la juridiction de Largouët. Il assuma à partir de là le nom de sa nouvelle terre, et son fils fit de même, mais comme il y avait une famille dont le patronymique était du Cosquet, dont Vincent Pocard avait dû se défendre de toute parenté, et aussi parce qu'il était comme son père greffier dans une autre juridiction, afin de couper court aux confusions, Vincent Pocard du Cosquet, avait décidé en 1760 de prendre le nom de Kerviler, nom d'une source (fontaine) près du manoir de sa famille, où il allait jouer étant enfant, dans son livre de raison, il a laissé ces lignes : « Un jour que j’y étais allé cueillir du cresson, mon pied glissa et je tombais dans la fontaine d’où je ne pouvais plus me retirer parce que mes jambes étaient prises dans la vase qui était épaisse aux abords. On entendit heureusement mes cris : on vint me retirer de la fontaine et pour me rappeler ma mésaventure, on m’en donna par sobriquet le nom. J’y ai été tellement habitué autrefois que je l’ai gardé définitivement mais cela ne veut pas dire que je sois titulaire d’une seigneurie plus étendue que celle d’une simple fontaine ». La descendance de Vincent ne porta cependant que le nom de Pocard du Cosquet. A la Révolution, la famille devient Pocard-Kerviler, c'est une rectification par jugement du Tribunal d'Instance de Vannes qui rectifia le nom en de Pocard du Cosquer de Kerviler le 9 mai 1901, c'est pour cela que René de Kerviler signait ses ouvrages du seul nom de Kerviler, sans particule.

     

     

    Diplomé de l’Ecole Polytechnique, de l’Ecole des Ponts et Chaussées, il avait été aussi reçu à l’Ecole des Chartes, mais y renonça. Il était l'ainé des onze enfants de Joseph-Marie-Vincent Pocard-Kerviler, (1804-1879), polytechnicien et officier de marine qui fit campagnes aux Antilles, au Mexique, et Tunisie, que René adulait, et quio lui transmit l'amour de la Bretagne, et de Marie-Louise Couessurel de La Brousse. Il avait épousé à Lorient, le 26 avril 1870, Cécile Guieysse, fille de Pierre-Armand Guieysse, polytechnicien, ingénieur du génie maritime, directeur des constructions navales de Lorient, inventeur des batteries blindées flottantes, commandeur de la Légion d’Honneur, et de Jéronime Le Bastard de Kerguiffinec ; d'où :

    1° Georges, polytechnicien, inspecteur général des Ponts-et-Chaussées ;

    2° Marie épouse du docteur en médecine Paul Robin ;

    3° René, polytechnicien, officier de marine ;

    4° Cécile, épouse de Joseph Loiret, polytechnicien, inspecteur général des Mines ;

    5° Armand, ingénieur, directeur d’usine du groupe industriel international « Les Cirages Français ».

     

    En 1874, à 32 ans, René Pocard-Kerviler fut nommé ingénieur du port de Saint-Nazaire en remplacement de Paul Leferme. Les travaux avaient été arrêtés par la guerre de 1870 et la chute de l'Empire, Paul Leferme avait au demeurant laissé une situation fort mauvaise, trempée de toutes sortes de magouilles, plusieurs procès avaient été engagés contre les entreprises en charge des travaux, aussi, quand il arriva à Saint-Nazaire, René dut reprendre les dossiers, refaire l'ensemble des devis de plans de Leferme à achever, régler les litiges, réaliser un projet pour l'évolution du port, le faire approuver, et seulement après il put passer à l’exécution.

    Il vivait alors rue de Montoir, face au Grand Bassin, un immeuble qui faisait l'angle, et qui lui appartenait entièrement.

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    Rue de Montoir, l'immeuble Kerviler indiqué par un X.

    En dehors du port dont il réalisa les quais et le bassin de Penhouet, multipliant par trois la surface portuaire, mais aussi les cales, nous lui devons : le phare des Charpentiers, le chenal de la Barre des Charpentiers, la voie de chemin de fer de Chateaubriand, à quoi se rajoutent des bâtiments disparus : la Grande caserne des Douanes, l’hôtel de la Chambre de Commerce, de l’hôtel des Postes, de la Bourse du Commerce ; mais aussi une intervention à titre privé pour le financement de la construction de l'église paroissiale Saint-Nazaire, où son visage est sculpté sur le pilier de droit au fond du chœur.kervile.jpg

     

    Portrait sculpté de René de Kerviler en l'église

    Saint-Nazaire, photo Odoevsky Maslov.

     

    En 1885 il prit la présidence d'une Société Mixte de Tir et de Gymnastique, « la Nazairienne », fondée par Charles Beilvaire et François Fouché, qu'on avait écarté, car considérés trop jeune pour diriger leur création. Kerviler la présida durant vingt ans, il présida aussi la Société de Géographie Commerciale de Saint-Nazaire, la Commission de la Bibliothèque Municipale, la Société des Régates Internationales de l’Ouest qui donnait trois jours de régates par an et organisait des courses de chaloupes de pêche. Il devint aussi vice-président de la Société d’Instruction Populaire de Saint-Nazaire, etc. 

    Il fit de nombreuse recherche archéologiques, inventant un principe de datation, dit « chronomètre préhistorique de Saint-Nazaire », qui fut l'une des premières tentatives scientifiques de datation des strates, il fit en sorte que bien des éléments archéologiques, ou historiques, de la commune, soient conservés, même si hélas, les bombardements ont presque tout fait disparaître, mais si aujourd'hui nous pouvons encore voir des éléments de décor de l'ancienne église, dans l'actuelle église Saint-Nazaire, c'est grâce à lui, et si le contenu des chartes et manuscrits historiques de Saint-Nazaire nous sont connus, malgré leur anéantissement, c'est aussi grâce à lui. Il publia une multitude d'ouvrages historiques et biographiques, sur la Bretagne et les Bretons, soit plus de 213 ouvrages ou articles importants ! Le 8 mai 1881, Sadi Carnot vint inaugurer solennellement le nouveau bassin : Kerviler reçut le grade d’Ingénieur en Chef, le titre de Directeur du port de Saint Nazaire, et la Légion d’Honneur, il avait aussi reçu les Palmes académiques. En 1905, René de Kerviler fut affecté à Lorient.

     

     

    Les armes des Pocard du Cosquer de Kerviler sont : De gueules au chevron d'hermine ; au chef d'azur chargé d'une mer d'argent. Le chef est une brisure adoptée au milieu du 18e siècle par Michel Pocard du Cosquer en souvenir d'un voyage aux Antilles. 

     

    Comme il était cadet, René de Kerviler brisa lui aussi ses armes, ajoutant deux livres en allusion à ses publications, deux palmes pour ses palmes académiques, et un pont pour son métier d'ingénieur des Pont-et-Chaussées, ce qui donne : De gueules au chevron d'hermine, accompagné en chef de deux livres d'argent, en pointe de deux palmes croisées d'or ; au chef d'azur, chargé d'un viaduc d'argent, enjambant une mer du même.

     

     

    (1) Pol Potier de Courcy, dans son « Nobiliaire et Armorial de Bretagne » était persuadé d'une noblesse perdue : « les Srs du Cosquer et de Kerviler, par. de Granchamp, év. de Vannes, du nom de Pocard, paraissent issus de la famille Pocard, Srs de Kerouzanet, de Kergohen et de Tuomelin, par. de Saint-Mayeux, présents aux Montres de 1445 à 1562, par. de Corlay et Saint-Mayeux, év. de Cornouaille ».

     

  • La famille Goy

    Mathieu Goy, (12 avril 1792 - 1860), son père, Antoine Goy s’était établi à Saint-Nazaire au moment de la Révolution, où il acquis la métairie de La Vecquerie. Une légende voulait que les Goy soient originaires de Suisse, où l’on trouve effectivement une famille de ce nom au canton de Vaud, il n’en est rien, Antoine Goy était originaire de Saint-Romain dans le département de la Loire, (ancienne province du Forez), comme son épouse, Claudine Monmartin, ils eurent plusieurs enfants, dont Claude,  menuisier dans la Grand’Rue de Saint-Nazaire, un autre fils qui partit aux Amériques, et que Mathieu suivit. Un temps capitaine au long cours, il revient à Saint-Nazaire s’établir commerçant, le 15 décembre 1830 il fut nommé, par le préfet, maire de Saint-Nazaire, en remplacement de Charles Blanchard, qui était trop impliqué dans le régime des Bourbon fraichement renversé par la révolution de Juillet 1830, et qui, parce qu’il était président de la Commission sanitaire, faisait exécuter ses décision comme maire.  Charles Blanchard était de plus parents avec tous les notables en poste à la mairie et au port de Saint-Nazaire durant la Restauration, et la majorité de la bourgeoisie locale était pour les Bourbon et voyait d’un mauvais œil le duc d’Orléans devenu roi, ainsi que les gens qui pouvaient servir sa politique. Dans cette atmosphère de personnes pensant le pouvoir municipal comme un bien de famille, et  estimaient Louis-Philippe comme un usurpateur, les membres du Conseil protestèrent en adressant au préfet une lettre collective calomnieuse, affirmant  : « Monsieur Goy, habitant d’un autre monde depuis l’enfance, dès lors étranger à ce pays et à sa patrie pour laquelle il n’a jamais rien fait, ni comme homme public, ni comme homme privé, pas même satisfait aux lois sur le recrutement de terre et de mer… » (1)

     

    On reprochait surtout à Mathieu Goy de ne pas être parent de la bourgeoisie locale, (établie pour la plus grande partie depuis seulement une génération à Saint-Nazaire), et d’être ce pour quoi il avait été établi par le préfet : être un honnête commerçant qui n’avait été impliqué dans aucune affaire politique ! A son entrée en fonction le 21 décembre, les conseillers, sauf un, sortir tous de la salle en signe de protestation.

     

    Il démissionna le 6 octobre 1834, suite à un différant avec monsieur Aurin, l’ingénieur en charge de la construction du Vieux-Môle, dont le transport des pierres pour sa construction, depuis la carrière de Saint-Marc, dans des chars tirés par des bœufs, avait détruisait la chaussée (2).

     

    Mathieu Goy  était l'héritier de la métairie de La Vecquerie. Son père, Antoine Goy, l'avait acquise en 1804 suite à la liquidation de la succession de  Claude-Louis-Gabriel-Donatien marquis de Sesmaisons. Mathieu Goy vendit en 1854 la métairie de la Vecquerie à Alcide Bord, qui constitua ainsi le domaine de Porcé. Mathieu Goy conserva pour son usage la maison, qui fait l'angle de la rue de La Vecquerie et de la route de Saint Marc, qui était à la fois son logement et son commerce d'épicerie, dépôt de pharmacie, et guinguette.

     

    Il avait épousé Anne-Augustine Giraud des Vrillères, d’une vieille famille de juloded de Couëron, dont il eut :

    1° Ernest, mort  à 33ans en 1868, capitaine du transatlantique Nouveau Monde, membre de la Loge Mars et les Arts de Nantes, puis du Trait d'Union de Saint Nazaire ;

    2° Atys-Honoré, (1832 - Saint-Nazaire 3 juin 1883), courtier maritime, correspondant de la Société d'encouragement pour la navigation de plaisance maritime, reçu l'exequatur de consul du Honduras en juin 1870, conseiller municipal, (il provoqua la démission du maire Auguste Desanges le 18 mai 1884), chansonnier qui publia en 1869, chez l’éditeur nazairien Fronteau, « Hilarité. Les Chants de La Vécrie » un recueil de chanson à boire, il fut le grand ami de Gustave Nadaud, chansonnier célèbre en son temps. Fondateur en 1866 de l'antenne nazairienne de la Société de Sauvetage en mer, organisme doté d'un canot de sauvetage, il legat à son décès la somme de 3.000 fr à celle-ci. 

    3° Anne, épouse du capitaine au long cours  Louis François Eugène Lainé (Nantes 1826 - 2 juillet 1877 Saint-Nazaire, - inhumé à La Briandais) ;

    4° Francis, (1838-1892), capitaine au long cours, membre de la Loge Mars et les Arts de Nantes puis du Trait d'Union de Saint Nazaire dont il fut l'orateur (se veuve, « quoique catholique », remis 100 fr à la loge de Saint-Nazaire au décès de son époux) ; père d’une fille, madame Salle, née en 1877, qui fut la dernière représentante de sa famille.

     

    La famille possédait plusieurs maisons dans le vieux Saint-Nazaire.

     

     

    (1)   Cf. Henri Moret.

    (2)  Le Conseil dans ses délibérations 6 novembre 1836 et 8 février 1837 déplorait ne pas avoir l’argent pour réparer la route.