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Patrimoine

  • Porcé 24 février

    A la suite du vandalisme accompli sur le porche arrière de la maison de plage du Château des Charmilles à Porcé, les services de la Ville de Saint-Nazaire ont procédé cet après-midi du 22 février 2022 à la sauvegarde des éléments découpés de la structure, et vont procéder à leur restauration dans le cadre du projet de mise en valeur de la plage de Porcé et du parc des Charmilles.

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  • Porcé,11 février 2022

    Arrière du pavillon de plage du château des Charmilles à Porcé, état le 11 février 2022.

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  • Les remparts des Saint-Nazaire

     

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    Saint-Nazaire, nous l’avons répété plusieurs fois sur ce blogue, a status de ville depuis le 14ème siècle. Ce status a pour origine l’existence de fortifications sur le rocher où se trouvaient l’église primitive, (connue au 19ème siècle comme chapelle Notre-Dame d’Espérance[1]), et la première agglomération. L'emplacement était déjà doté d'un point de surveillance fortifié depuis longtemps, car les chroniqueurs disent que le roi Waroch y avait déjà un fort au 6ème siècle, ce qui n'est pas impossible car des tours de guet avec une palissade entourant une cour émaillaient la côte depuis l'Antiquité, et il nous reste encore à Saint-Marc, sur la Colline du Château, les traces de l'une d'entre elles.

    On sait par des archives que les vicomtes de Donges, premiers seigneurs de la paroisse de Saint-Nazaire, partageaient l’entretien des murailles de la ville avec leurs vassaux, les seigneurs d’Heinlex, (seigneurie fondée en 1330)[2], et les seigneurs de Marsain, (seigneurie fondée avant 1365[3]). Les possesseurs de ces deux seigneuries reçurent en retour des fiefs à l’intérieur de l’enceinte. Ces fortifications étaient augmentées d’une tour résidence pour les Vicomtes de Donges, puis leurs successeurs, les Vicomtes de Saint-Nazaire[4] ; celle-ci se trouvait à l’emplacement de l’esplanade au bordant au Nord-Ouest l’anse d’échouage au pied du Vieux Môle.

    La fortification de la première agglomération fut une nécessité en raison de la guerre débutée en 1337, nommée depuis « Guerre de Cent ans ». La Bretagne n’échappa pas au conflit, d'autant qu'elle fut elle-même de 1341 à 1364 secouée par la Guerre de succession. Saint-Nazaire, occupé par les troupes françaises de Charles V et d'Olivier de Clisson, fut attaqué par les troupes anglaises, qui incendièrent l’église, déclarée en ruine en 1373. En 1379, peu après le siège de Guérande par Olivier Clisson, que la garnison guérandaise mit en fuite et poursuivit jusque dans ses terres de Blain, la flotte castillane tenta une entrée dans l'estuaire de la Loire et attaqua Saint-Nazaire. La bannière ducale, nous disent les chroniques, flottait au sommet de la tour des Vicomtes, et le capitaine des garde-côtes de la paroisse, était Jehan d'Ust[5]. Avec ses hommes il défendit la cité, (les chroniques parlent de Chastel ou château de Saint-Nazaire, mais que l’on ne s’y trompe pas, cela désigne l’ensemble de l’enceinte, comme on le constate dans les textes désignant Guérande). Devant la résistance de la garnison et des habitants, l'amiral envoya un écuyer auprès de Jehan d'Ust afin de négocier, et lui proposa d'envoyer un représentant auprès de l'amiral. Jehan d’Ust envoya son lieutenant, Jehan de Heinlex pour négocier auprès de l'amiral. L'écuyer castillan avait charge d'observer la place, Jehan d'Ust le savait, mais, nous disent les chroniques, comme il ne craignait rien, il renvoya très courtoisement l'otage au retour de Heinlex, qui n'avait rien conclu de son côté. L'écuyer castillan retourna faire son rapport, qui fit perdre l'envie à l'Amiral d'attaquer Saint-Nazaire. En effet les Castillans étaient affamés, et se trouvaient face aux Bretons retranchés dans leur ville pleine de vives. L'amiral castillan envoya deux galères remonter la Loire jusqu'à Nantes, devant laquelle elles pavoisèrent avant de redescendre dans l'estuaire. Il chercha à poser pied à la pointe de Chemoulin où ils furent repoussés par Guillaume du Chastel et ses archers, il tenta un autre débarquement dans la presqu'île de Rhuys, mais Jehan de Malestroit et ses lanciers le mirent en fuite.

    La ville état donc entourée de murs défensifs, en maçonneries côté estuaire, avec des tours, et un donjon seigneurial ; côté terre, face à l’espace dunaire qu’il fallait stabiliser avec des épieux et dont il fallait se protéger en raison du sable envahissant tout à chaque tempête, les murs étaient accompagnés de palissades et remblais.

    Il n’y a jamais eu d’étude de ces fortifications, on peut uniquement faire des observations à travers les photographies et les dessins réalisés au 19ème siècle, qui laissent supposer une emprise sur la roche de maçonneries d’une épaisseur moyenne de 80 cm, comme celles encore observables de la ville d’Antibes, remblayées par l’arrière pour constituer une terrasse au-dessus de l’eau, avec une série de tours carrées ou arrondies, et une structure en bois, comme dans tous les ensembles défensifs de l’époque, coiffant le haut des murs, afin de protéger les gardes des intempéries.

    Ces murailles furent peu à peu arasées, à commencer par le donjon résidence des Vicomtes, laissé à l’abandon après la Guerre de cent ans, qui fut remplacé en 1380 par une nouvelle église, dite au 19ème siècle « Vieille Eglise »[6].

    L’absence de conflits et la modernisation de l’artillerie rendirent obsolètes les murailles de Saint-Nazaire. A la Révolution elles furent rabaissées côté estuaire, percées de portes pour permettre l’accès à l’eau aux particulier vivant dans les habitats urbains mitoyens, et supprimées coté terre. Ce que nous en connaissons par l’intermédiaires des photographies ne sont en réalité que les subsistances de ses murailles. La seule construction militaire qui sera à nouveau constituée sur ces vestiges, fut une batterie en arc, à la pointe, sur ordre du Consul Bonaparte, afin de protéger l’entrée de l’Estuaire.

     

    Sur cette photographie du chantier de construction du Quai des Marée, prise le 23 février 1899 par Théo Prat[7], on peut observer ce qui restait des fortifications avant qu’elles soient enterrées.

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    Cliquer pour agrandir.

     

    Cette photographie nous montre aussi les habitations, dont un manoir urbain qui servit de logis au Sénéchal de la Vicomté, identifiable par sa tour d’escalier, mais aussi la maison natale d’Alexandre Auffray, au bout, près du Môle, et la maison où Charles Beilvaire passa une partie de son enfance. Parmi les personnes, on remarquera les femmes portant coiffe bretonne ; et au milieu des ouvriers, avec barbe et chapeau melon, René de Kerviler, à qui l’ont donna le nom à ce quai durant une courte période de l’entre-deux-guerres-mondiales.

     

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    Au cours du mois de juin, on procéda à la réalisation d'un égout, dont les prises de vues nous permettent de voir d'autres aspects de la muraille.

     

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    Au cours du mois d'octobre 1898, on procéda à la démolition de la batterie construite sur ordre de Bonaparte.

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    Ajoutons que la maquette réalisée en 1985 par monsieur Charles Busseneau, aujourd’hui conservée à l’Eco-Musée, est une parfaite reconstitution de la Vieille Ville en 1895, et figure avec exactitude les murailles.

     

    Les murailles du côté de l’Estuaire sont donc enterrées dans une zone qui comprend la résidence Callao la rue Hyppolite Durand et les hangars du quai des Marées, et leur redécouverte va probablement avoir lieu avec les travaux envisagés par le Grand Port pour la mise en valeur et le développement du site. La DRAC devra en effet intervenir pour des fouilles archéologiques.

     

    [1] http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2019/02/04/ancien-chapelle-notre-dame-d-esperance.html

    [2] http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2012/06/14/le-chateau-de-heinlex.html

    [3] http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2012/07/04/es-seigneur-et-barons-de-marcein-1365-1660.html

    [4] http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2012/07/04/genealogies-des-vicomtes-de-saint-nazaire-1466-1660.html

    [5] http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2012/07/03/je.html

    [6] http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2019/02/05/la-vieille-eglise-6126779.html

    [7] Théophile Prat, (Candes-Saint-Martin 29 mars 1873 - 26 avril 1956 Saint-Cyr-sur-Loire), photographe professionnel établi à Nantes, il quitta cette ville pour Saint-Nazaire en août 1900, après avoir repris l’atelier d’Auguste Guéranne au 67 rue de Nantes. Il arrêta son activité en 1914. Théo Prat est le père du sculpteur nazairien Roger Prat, dont la Ville possède le fond d’atelier.

  • Le crime de La Vague

    La Vague est l’un de ces charmants chalets balnéaires qui émaillaient la corniche nazairienne et dont il reste, hélas, peu d’exemples. Sa construction fut entreprise entre 1899 et 1905, par le couple Henri Tahier, (Saint-Nazaire le 5 octobre 1845 – Saint-Nazaire 19 février 1924) et Angèle-Désirée Henry, (Saint-Nazaire le 6 mars 1850 – Saint-Nazaire 9 juin 1916), pour leur servir de lieu de villégiature avec leurs cinq enfants, Henri, Gabrielle, Hélène, Madeleine, et Andrée. Les Tahier avait acquis le terrain en décembre 1898 auprès du négociant nantais Honoré-Anatole Martineau.

     

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    La Vague, façade sur estuaire, L'Ouest-Éclair 30 septembre 1932.

     

    Henri et Désirée Tahier formaient un couple de bourgeois respectables, unis d’un amour véritable, qui les avaient fait défrayer la chronique en 1870. Désirée était la sœur de l’épouse du frère aîné d’Henri, amoureux, ils avaient consommé, et Désirée était tombée enceinte d’une petite Angèle, née trois mois avant le mariage de ses parents. L’aventure avait alors fait chasser Désirée par son père, et Henri, clerc de notaire, avait perdu son emploi. Il était devenu grâce à son aîné caissier à la Compagnie Générale Transatlantique, mais ne fit jamais l’effort de monter en grade, se contant d’un revenu relativement modeste au regard des besoins de sa nombreuse progéniture. Sa chance fut d’être issu d’une famille fortunée, (voyez sa généalogie ici : http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2020/11/01/tahier-et-tahier-de-kervaret-6273855.html), de laquelle il hérita des fermes et une somme suffisamment importante pour s’offrir le luxe d’une résidence secondaire à l’extérieur de la ville, dans une banlieue alors recherchée où les Nazairiens allaient se détendre le dimanche dans les guinguettes, les cafés-restaurants, et sur les plages, à 2 km du port. La demeure, malgré l'illusion de son aspect extérieur, était à l’époque petite, divisée en de nombreuses pièces peu pratiques par leur plan carré et leur disposition ; la cuisine elle-même tenait plus du couloir aménagé en kitchenette comme dans les logements d’étudiant du 21ème siècle. C’était une construction légère, conçue pour de courts séjours en belle saison. Les jours de tempête le vent passait par le sous-sol au travers du plancher du salon de la salle à manger, soulevant le tapis, ouvrant parfois les fenêtres ; les cheminées, alors présentes dans chaque pièce, étaient plus décoratives qu’efficaces. Le jardin, de 800m², clos de murs, sauf côté rue où était une palissade ajourée peinte en vert clair, avec un puits, domine cependant l’estuaire et était à l’époque doté d’une petite serre sous la terrasse côté océan[1].

     

    En 1915 le couple Tahier décida de quitter le centre-ville, où ils habitaient rue de Montoir, pour s’établir en leur chalet de La Villes-Martin. Depuis que le port était le lieu de débarquement des troupes australiennes et canadiennes, toutes les nuits il y avait des bagarres et des agressions, parfois à coup de révolver. Epuisés par cette insécurité, ils firent de La Vague leur résidence principale. Désirée y décéda en 1916. Henri y demeura seul avec sa fille Madeleine, jusqu’à sa mort en 1924. Les filles Tahier étaient de jolies femmes aux yeux noirs, les deux ainées s'étaient mariées avec des hommes qui avaient du bien et de bonnes situations, la plus jeune, « un peu masculine », menait une vie mystérieuse de modeste vendeuse à Paris, seule Madeleine était restée à Saint-Nazaire, à s’occuper de ses parents, car elle était bossue, chétive, et n’avait du fait de sa difformité jamais trouvée à se marier. Elle avait vieilli prématurément, ayant « le visage chiffonné »[2]. A la mort de son père, elle hérita de La Vague et de la fermette de La Bouletterie, une métairie de 6ha, comprenant corps de bâtiments composés d'une maison, écurie, cave, grande cour devant la maison, un jardin, des terres sous labour divisée en 39 lots éparpillés (nous étions avant le remembrement). Cette ferme exploitée par la famille Bonhommeau, constituait le revenu principal de Madeleine et la pouvait deux fois par semaine en lait. La Vague était alors en mauvais état, Madeline peinait à l’entretenir, elle faisait réaliser les travaux les plus urgents, mais le balcon en fer de la façade d’arrivée avait perdu plusieurs barreaux remplacés par du fil de fer. Tout était à l’économie, y compris sa mise, elle portait ainsi les chaussures de son père, faute de pouvoir s’en offrir une paire pour les jours ordinaires, avait l’air de Pauline carton dans « ces messieurs de la Santé », avec ses mitaines. Endettée au point d’avoir contracté une hypothèque qui lui coutait 1.200 fr le trimestre, (un ouvrier gagnait 1.000 fr par mois à l’époque), ne recevant aucune aide de sa famille ; son frère, qui se faisait nommer monsieur de Kervaret, était vaguement ingénieur à Paris où il faisait des dettes que l’héritage de 1924 avait à peine couvertes ; ses sœurs mariées prétextaient dépendre de la bonne volonté de leurs époux, la plus jeune disait ne pas avoir la possibilité de l’aidée. En fait, Madeleine était une femme isolée qui, en dehors de la fille de ses métayers qui lui apportait du lait deux fois la semaine, et de sa voisine mademoiselle Tremer, tenancière du Café des familles, (ancien café du Fort, aujourd’hui Villa Ker Villès), d’une amie d’enfance, madame Defaille, et d’une tante à la mode de Bretagne, madame Certain, qui vivait de l’autre côté de la ville aux trois-Ormeaux, (boulevard de la Renaissance), elle ne voyait personne.

    Madeleine se contraint à louer les deux chambres se trouvant au second étage, sous les combles, pour un loyer de 50 fr chacune, (l’un se composait d’une vaste pièce, la seconde plus petite avait en sus un grenier qui pouvait servir de rangement supplémentaire. Les locataires étaient invités à prendre pension au restaurant au Café des familles où chez monsieur Balle au Restaurant de la Côte. Elle trouva difficilement hors saison estivale à louer, jusqu’à ce qu’en 1931 arriva un couple.

     

    Thibaud et la Sorcière :

     

    En janvier 1931 débarquèrent deux individus à la drôle d’allure : Une femme prénommée Suzanne, veuve d’un employé de la Compagnie Parisienne du Gaz, nommé Carousse, qui disait avoir 40ans, alors qu’elle en avait 55, hystérique, tyrannique, attifée comme l’as de pique, que le voisinage surnommait « La Sorcière ». Elle n’était pas une inconnue pour Madeleine, cela faisait sept-ans qu’elle lui louait régulièrement une chambre en été. Un homme, de 38ans, Georges-Désiré Thibauld, désigné sous son seul nom de famille par les voisins, son compagnon depuis 1928, au teint noir, qui portait encore les codes vestimentaires des apaches, pourtant alors passé de mode : casquette, chemise avec gilet, pantalon large tenu par une ceinture de flanelle jaune de 20 cm de large et longue d'un mètre, enroulée autour de la taille. Dans l’intérieur bourgeois, quoique défraichi de Madeleine, ces deux énergumènes qui vivaient maritalement, même s’ils y avaient officiellement chacun leur chambre, se tapant dessus chaque soir en s’avinant avant de se réconcilier sous la couette, faisait tache. Parentés et amis de Madeleine lui disaient de se débarrasser d’eux, mais elle s’y refusait, motivée par le fait qu’elle avait besoin d’argent, et que personne ne voulait louer à l’année des pièces qui étaient loin du centre et inchauffables, dans une maison qui n'était au demeurant pas raccordée au réseau électrique. Madeleine, qui craignait l’intrusion dans son intimité ou les vols, nombreux dans les villas non habitées à l’année sur la Corniche, avait fait poser des cadenas à toutes les portes, et pensait que cela était suffisant pour la protéger des excès de ses locataires.

     

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    Georges Thibaut, Le Phare de La Loire du 30 janvier 1932.

     

    En dehors du nom de son époux et de son âge, on ne sait rien de Suzanne, elle est dite née à Candé dans les comptes rendus, mais nous n’avons pas trouvé d’acte de naissance pouvant correspondre à elle dans les actes. Le passé de Georges Thibaut nous est lui bien connu ; il est né le 2 juin 1894 à Nogeant-sur-Loir, huitième de douze enfants, d’un père journalier, dans une famille très pauvre, minée par l’alcoolisme. Son père et l'un de ses frères s'étaient noyés alors qu’ils avaient embarqué sur une barque, totalement saouls. Jeune, il avait été décrit comme « bon travailleur ». Durant l’appel de 1913, il avait intégré le 3ème régiment des Zouaves en Algérie. Durant la guerre il fut blessé deux fois, et cité à l’ordre du jour de son régiment. Les officiers le décrivirent comme très énergique et discipliné, mais il sortit de la guerre très éprouvé et fit deux séjours psychiatriques. Entré au chemin de fer en 1919, il resta dix ans à la gare de Clamart, puis fut muté à la gare de Montrouge, où il fut l’objet de nombreuses plaintes disciplinaire pour ébriété. Il avait en effet rencontré en 1928 Suzanne Garousse qui était une alcoolique notoire depuis la mort de son époux, et qui l’incita à boire. Avec ses antécédants familiaux et psychiatriques, Georges Thibaut sombra rapidement et commença à développer des délires schizophréniques ; il prétendait dans ces moments-là avoir été au bagne pour meurtre, ce qui devait certainement être une confusion avec ce qu’il avait vécu durant la guerre et ses séjours en physiatrie et une volonté de fantasmer une vie qui devait lui être triste, et contrebalancer un caractère effacé et faible. Il fut révoqué de son emploi pour être venus plusieurs fois gravement aviné. Suzanne le persuada de partir pour Saint-Nazaire afin d’y trouver un emploi de mécanicien aux Chantiers. Il fut employé par différentes entreprises, estimé comme actif, robuste bon travailleur, mais désigné comme alcoolique en dehors de ses heures de travail, ce qui à l’époque était commun. Le 14 janvier 1932, il quitta son dernier emploi et prit la décision de quitter Suzanne. Celle-ci fit sa valise avant lui. Elle partit le 18 janvier, en prétextant rentrer à Paris pour y devenir cuisinière, et avoir peur que Georges ne la tue durant un excès d’alcool, et qu’il avait une hache cachée sous le lit. Depuis plusieurs semaines elle disait pis que pendre de celui-ci, montant peu à peu le voisinage contre lui, ainsi que Madeleine à qui elle dit que son amant payerait sa part du loyer, soit 150 fr pour un trimestre non réglé. Madeleine eut un moment de panique. Elle devait verser 1.200 fr à son notaire, maître Labour, la première semaine de février pour le règlement de son hypothèque. Désemparée, elle décida de réclamer les loyers à Thibault qui répondit qu’il ne payerait pas pour Suzanne, d’autant qu’elle s’était sauvée en emportant ses économies, mais qu’il toucherait son salait le 20 et verserait alors ce qui correspondait au prix de sa chambre.

    Madeleine commença à l’assaillir tous les soirs à propos des loyers, et chaque soir Thibaut répondait qu’il ne payerait pas pour Suzanne.

     

    Le meurtre :

    Les évènements ici relatés ont été reconstitués durant l’enquête grâce aux aveux que fit Georges Thibaut aux gendarmes de Nantes et à l’interrogatoire durant le procès.

    Le 25 janvier, vers 17h, au bas de l’escalier, à droite quand on entre dans la maison, se tenait Madeleine très agitée. Elle réclama l’argent des loyers de Madeleine. Thibault lui avait réglé sa part, mais refusait encore de payer la dette de Suzanne. Madeleine partie en direction de son salon, proférant des menaces, il la suivit, tout aussi énervé, la sommant de se taire. Agacé par les cris de sa logeuse, il lui mit un coup de poing dans le nez. Madeleine bascula en arrière, emportant dans sa chute en chaise, et en ayant le réflexe de dire : « que fais-tu là Thibaud ? »

    Allongée sur le sol, le visage ensanglanté, Madeleine n’eut pas le temps de dire plus ; Thibaud se rua sur elle et l’étrangla de ses mains, puis il détacha sa ceinture de flanelle jaune et se mit à étrangler plus encore Madeleine avec. La pauvre femme expira rapidement.

    Thibaut dessaoula. Il réalisa son crime. Il transporta le corps de Madeleine dans le salon, lui posa la tête sous un coussin. Il se rendit dans la chambre de sa victime pour prendre une bouteille d’eau de Cologne et un mouchoir, puis revint lui nettoyer le visage. Après cela il alla chercher un chapelet qui lui mis entre les mains, et un drap avec lequel il la recouvrit.

    Il chercha à brûler le mouchoir et la ceinture de flanelle dans le fourneau de la cuisine, puis retourna de fond en comble les trois chambres qui constituaient l’appartement de madeleine au premier étage. Il lacéra les matelas, déchirant les draps au passage, à la recherche d’argent caché. Il ne trouva rien d’autre que le porte-monnaie de la victime, qui contenait 6fr, et ne vit pas sur la table de sa chambre son portefeuille qui contenant 600fr, et une coupelle contenant quelques petits bijoux en or. Durant plusieurs jours Thibaud continua de vivre comme si de rien n’était. Il nourrissait les poules de Madeleine, allait en alternance au Café des familles et au restaurant de la Côte prendre ses repas et régla ses ardoises. Le soir il achetait une bouteille de vin. Madeleine n’avait pas été vue depuis le 22 janvier par ses voisins, et la fille des métayers dit aux gendarmes n’avoir vu personne le dimanche 24 janvier, ce qui n’était pas habituel. Mademoiselle Tremer passait habituellement ses dimanches soir avec Madeleine, ne la voyant pas, elle interrogea Thibaut qui répondit que sa logeuse était partie voir sa tante aux Trois Ormeaux. Madeleine fut dans son acte de décès déclarée morte depuis le 26 janvier, mais plusieurs choses laissent à penser que le meurtre avait été perpétré entre les 22 et 23 janviers. Le corps commençant à sentir, Thibaut ouvrit la fenêtre du salon, le vent la fit battre bruyamment, ce qui éveilla la curiosité de mademoiselle Tremer. Le jeudi suivant la laitière ne vit que Thibaut qui lui apporta un pot qui n’était pas celui habituellement utilisé par Madeleine pour mettre le lait.

    Thibaut partit le 29 janvier au matin en direction de la ville, et marcha toute la journée jusqu’à arriver à la gendarmerie de Nantes vers 19h45, où il se déclara se constituer prisonnier pour meurtre. On téléphona à la gendarmerie de Saint-Nazaire pour vérifier les dires de Thibaut. Monsieur Balle assista les gendarmes à l’aide d’un phare de sa voiture qu’il démonta pour qu’ils puissent visiter les lieux dans la nuit, faute d'électricité. Les gendarmes posèrent des scellés, et confièrent le gardiennage de la maison à monsieur Balle.

     

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    Monsieur Balle, L'Ouest-Éclair du 30 janvier 1932.

     

    On fit venir le juge Lelièvre le matin suivant. On découvrit près du corps une lettre de Thibaut demandant pardon à madeleine et à Suzanne ; puis le corps fut emporté à l’hôpital où le médecin légiste Cousin procéda aux observations. Thibaut fut conduit à Saint-Nazaire, répéta ce qu’il avait dit aux gendarmes de Nantes, et fut présenté au médecin aliéniste Terrien, venu de La Baule, qui le déclara responsable de ses actes et accusa Suzanne de l'avoir rendu totalement alcoolique.

     

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    Le juge Lelièvre, L'Ouest-Éclair du 30 janvier 1932.

     

    Madeleine fut déclarée morte le 26 janvier, son acte se trouve dans le registre de la mairie de Saint-Marc dont dépendait alors La Villès-Martin, on l’inhuma au cimetière de La Briandais, avec ses parents, mais le caveau semble avoir été depuis été détruit.

     

    Le Procès :

    Maitre Moreau Vagnier l'ainé fut chargé de la défense de Thibaut devant les Assises à Rennes. Suzanne dit au Président du Tribunal qu’il était violent quand il buvait, mais qu’il ne l’avait battu d’une fois. Elle affirma qu’il vivait à ses crochets, ce qui ne fut pas prouvé. Madame Defaille répéta ce que Suzanne disait à chacun dans le quartier à propos de Thibaut, et l’avoir conseillé de partir car « il finirait par la tuer ». Monsieur Balle témoigna que Thibaut était un être faible et dépendant de l’alcool, et que malgré ses airs méchants et agressifs, qu’il « se serait tu devant un enfant de 10 ans s'il lui avait demandé de se taire ».

    Thibaut affirma ne pas savoir la situation financière de Madeleine, et ne pas avoir de fait compris son insistance agressive à lui réclamer le loyer de Suzanne. Il la croyait radine, et non ruinée. Il nia avoir retourner les chambres de l’appartement de Madeleine, et prétendit que le désordre y existait depuis toujours, même s’il avoua avoir fouillé, ce qui provoqua un émoi dans la salle. Il n’expliqua pas son geste, « j’ai perdu la tête », répétait-il. Il affirma qu’il avait fait exprès d’avoir provoqué son renvoi des chemins de fer. Le Président lui rétorqua : « C'est un raisonnement absurde, car vous pouviez démissionner ! ». On le questionna sur la provenance de l’argent qu’il avait employé pour le réglemente de ses notes de restaurant et l’achat de bouteilles de vin. Il dit avoir touché le 20 janvier 128fr de son précédent travail, et fanfaronna en affirmant qu’il avait ensuite erré dans les rues sans se donner la peine de chercher un nouvel emploi. Il reconnut avoir pris les 6fr contenus dans le portemonnaie après avoir tué Madeleine. Le 29 septembre 1932, le jugement fut rendu : comme le meurtre n’avait pas pour but le vol, Thibaut évita la guillotine au profit de vingt années de travaux forcés au bagne de Saint-Laurent-du-Maroni en Guyane.

     

    Après le meurtre :

    La famille Tahier et maître labour n’attendirent pas le jugement des assises pour procéder à la liquidation des biens de Madeleine. Un jugement rendu par le tribunal de Saint-Nazaire le 30 juillet 1932 ordonna la vente de ses biens, il est vrai qu’il fallait aussi régler l’hypothèque contractée par Madeleine. Le 11 octobre 1932 à 14h, fut misent en adjudication chez maître Labour, l’ensemble des biens de Madeleine. On ne trouva pas preneur pour La Vague et son mobilier que la famille ne désira pas récupérer. Personne ne voulait vivre dans une maison où un meurtre avait été perpétré. Des voisins l’affirmèrent hantée après avoir vu des ombres et des lumières derrière les volets. En fait des curieux s’amusèrent à visiter les lieux la nuit et à emporter des souvenirs. On trouva des locataires qui la fuyaient quand ils apprenaient le meurtre. Le frère de Madeleine arriva à sortir de la succession en faisant racheter sa part par ses sœurs. Occupée pendant la guerre, la maison sortie intacte des bombardements. A nouveau louée, elle finit par être acquise le 28 mai 1947 par la famille Volant qui la revendit deux ans plus tard à la famille qui la possède actuellement, et qui n’en découvrit l’histoire qu’après leur emménagement, par une indiscrétion de l’épicier de la rue Ferdinand Buisson. Amoureusement entretenue, la villa a été agrandie après 1949.

     

    Georges Thibaut décéda au bagne le 6 mars 1948[3].

     

     

     

    [1] Eléments depuis disparus durant les agrandissements réalisés dans les années 1950.

    [2] Cf. L'Ouest-Éclair du 31 janvier 1932.

    [3] La condamnation au bagne fut abolie en 1938, mais les condamnés qui s’y trouvaient furent obligés d’y continuer leur peine. Le dernier bagnard fut libéré en 1953.

  • Acquisition de La Tour du Commerce par la mairie de Saint-Nazaire

     On le murmurait depuis quelques temps, on ne pouvait pas assurer que cela se ferait, les élections avaient mis en péril le projet, cela n’était pas au programme des candidats, mais c’est officiel ce matin : la Mairie de Saint-Nazaire fait l’acquisition de La Tour du Commerce et de son logis.

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     Initialement construites au 18ème siècle, par l'ingénieur de Marine Michel Alexandre Magin, sur financement des commerçants de la ville, d’où son nom, les bâtiments actuels datant du 19ème, la Tour est la troisième en réalité ; en effet, la première fut édifiée à partir de 1756 et achevée 12ans après sur financement des commerçants maritimes de Nantes, Paimboeuf et Saint-Nazaire, d'où son nom ; la seconde en 1829 ; et l'actuel date de 1856.

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    La Tour du Commerce dans sa première version, ici nommée incorrectement tour d'Aiguillon, sur la Carte géométrique de l'Entrée de la Rivière de Loire par l'ingénieur de la Marine et de l'Académie de Marine, Michel Alexandre Magin, en 1757.

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    Seconde tour sur le cadastre de 1829

     

    Ce feu fixe, « tour de paradis », fut éteint en novembre 1898 avec son remplacement par celui de la Tour de Kerlédé et des feux de Porcé. La Tour fut conservée pour servir d'amer. Ouverte à tous les vents, elle devint un lieu d'excursion pour les nazairiens et les touristes qui montaient les 176 marches pour voir d'en haut l'ensemble de l'estuaire, le marais de Brière et la Presqu'ile. En novembre 1930 on y voyait encore les noms de soldats étasuniens qui avaient marqué leur passage sur les murs, (cf. Le Courrier de Saint-Nazaire du 22 novembre 1930).

     Le logis, surélevé d’un étalage vers 1880, vit durant 150ans défilé des générations de gardiens, en charge de La Tour du commerce, puis de Kerlédé et des feux de Forcé, et de leurs familles. C’est dans ce logis que naquit, le 10 janvier 1877, Pitre Grenapin, résistant et maire de Saint-Nazaire.

     En mai 1938 la tour devint un radio phare, par déplacement du poste émetteur initialement situé au Ford de Villès-Martin, l'accès fut alors interdit au public et le haut modifier.

     Les Phares et Balises, avaient vendu l’ensemble à un particulier en 2006. L’entretient de la Tour entraîna des frais que celui-ci n’arriva pas à couvrir totalement, et en novembre 2019 le site fut proposé à la vente, dans une annonce qui ne précisait pas qu’en plus du logis, la tour était comprise dans l’état. Deux acheteurs contactèrent la mairie pour savoir ce que l’acquisition aurait comme impacte sur leur vie. Ils furent surpris d’apprendre qu’ils ne pourraient pas raser la tour (oui l’un d’entre eux y songeait), et qu’un arrêt de péril était envisagée, la tour menaçant de s’effondrer si des travaux n’étaient pas entrepris, (en cas d’effondrement, une dizaine de maisons seraient impactée, ainsi que le centre de Bonne Anse et la route de la Côte d’Amour). C’est monsieur David Samzun, maire de Saint-Nazaire, qui a proposé l’acquisition par la ville. La restauration va s’inscrire dans le projet de restauration et de mise en valeur des villa Ker Louis (centre de Bonne Anse), et le pavillon de plage du château des Charmilles, (villa bordant la plage de Porcé). Ajoutons que la Tour a conservé son « mobilier technique », ce qui est important pour la compréhension de son fonctionnement et une future muséographie.

     

     Agréable surprise et soulagement pour les Nazairiens, inquiets depuis plusieurs mois de ce qu’allait devenir ces bâtiments chers à leur cœur, qui démontre que la labellisation de la Saint-Nazaire, comme Ville et Pays d’Arts et d’histoire, n’est pas « un label en l’air » (sic !), et que monsieur David Samzun, accompagné de l’équipe de l’administration municipale en charge des patrimoines, a aujourd’hui conscience des enjeux future en matière de patrimoine historique et culturel, de leur pérennisation et de leur transmission. Une évolution et des travaux sur l’ensemble de la ville qui auront une véritable visibilité d’ici deux ans. Après des années d’inertie, de décisions calamiteuses de la part de plusieurs municipalités successives, ce tournant dans la politique municipale est une très bonne chose pour les Nazairiens. L'acquisition a été faite pour la somme de 590.000 euros, plus 10.000 euros de frais.

     

     

  • L’église de Saint-Marc-sur-Mer

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    L’église de Saint-Marc, avec son clocher à la française et son chevet à la bretonne, est, par sa silhouette, l’un des bâtiments les plus charmants du quartier de Saint-Marc-sur-Mer. On devine de loin cette église, mais sa situation à flanc de coteau, dans la courbe d’un large virage, son esplanade pentue encombrée de voiture, et surtout deux grands tilleuls la dissimulent au regard du passant. Cette église est aussi la plus mal connue des Nazairiens, car elle est dans un quartier à vocation balnéaire, dont la population, pour l’essentiel, n’y vit pas à l’année, et plus encore, en périphérie du centre du charmant bourg blottie contre la plage qui porte initialement le nom de Saint-Marc, et qui au fil des décennies fut rebaptisée plage du gorille, en raison de la forme d'un rocher aujourd’hui érodé, et depuis une vingtaine d’année, plage de Monsieur Hulot, en souvenir du personnage principale que Jacques Tati filma ici les extérieurs des vacances durant l’été 1951. Nous l’avions déjà écrit dans un article précédent concernant le Château de Saint-Marc[1], la station balnéaire se nommait à l’origine Le Crépelet ; c’était un village de vignerons situé au bas du coteau où se trouve l’actuelle église, et c’est parce qu’il y avait initialement une chapelle dédiée à Saint Marc au bord de la plage, à l’emplacement de la Place de la Chapelle, plus exactement devant le jardin du n°36, que la station balnéaire fondée durant le Second Empire pris son nom actuel.

     

    L’ancienne chapelle Saint-Marc :

     

    Il y avait donc une chapelle, depuis des temps immémoriaux, au bord de la plage. On ne connait de celle-ci qu’un dessin de Charles Beilvaire, publié le 19 mars 1932 dans Le Courrier de Saint-Nazaire figurant un bâtiment qui comportait à l’intérieur une poutre portant le millésime 1643 d'après un relevé effectué en 1790.

     

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    La chapelle sur la Carte géométrique de l'Entrée de la Rivière de Loire par l'ingénieur de la Marine et de l'Académie de Marine, Michel Alexandre Magin, en 1757.

     

    Longue et basse, très simple, orientée à l’Est, avec une porte double à l’Ouest surmonté d’un clocheton en arche comportant une seule cloche, trois fenêtres au nord, une porte basse et deux fenêtres au Sud, vers la plage, dotée d’une sacristie au nord, et accompagné d’une croix de bois sur un large piédestal remontant à la fin du 17ème siècle ou au début du 18ème ; croix qui existe encore et surveille les voitures que l’on parque ici. Cette église était le siège de la frairie de Saint-Marc et servait de lieu de culte ordinaire à la population environnantes éparpillées en plusieurs villages et hameaux, (Le Crépelet, Béac, Verdun, La Ville Cresneau, La Villès Molé, Berrien, Le Grand Pez, Le Prasilun, La Fin, etc.). Seule bâtiment à proximité de cette chapelle, une ferme en longère posée en parallèle à l’Est, qui lui était dépendante et fournissait le revenu à son chapelain, qui en 1790, était André Bertho, natif de Saint-André-des-Eaux. L'inventaire de 1790 précise qu'il y avait messe le dimanche et jours de fête, et qu'il y avait quatre chasubles. A proximité était une source canalisée en fontaine dont on buvait l'eau dans l'espoir de luter contre les fièvres et les maladies des yeux.

    Saint Marc bénéficiait chaque 25 avril, jour de la saint-Marc, d’une procession qui faisait venir à une messe spéciale à 11h toute la population de la frairie, mais aussi de celle de Gavy et Saint-Sébastien. Les fidèles se réunissait au bas de la Colline du château[2], la contournait en direction de la plage. Après la messe, ils piqueniquaient sur des tables devant la ferme et sur le sable de la plage, puis rentraient chez eux. Il était de coutume que ceux de Gavy prennent une chaloupe pour se faire déposer à Port-Charlotte. La chapelle passa la Révolution sans encombre malgré la suppression des cultes et la nationalisation des biens du clergé. Elle fut rendue au culte au moment du Concorda en 1801, et fut desservie jusqu’en 1857, date de la création de la Paroisse de l’Immaculée, qui vida les chapelles séculaires des banlieues de Saint-Nazaire, et en entraina la ruine, même si celle de Saint-Marc fut toujours considérée comme une chapellenie, et donc encore desservie occasionnellement jusqu’en 1870. La création de la station balnéaire, après la création à la demande de la Société de Sauvetage d'une station de sauvetage avec un canot en février 1866, pour lequel la Ville concéda gratuitement en juin suivant un terrain pour y construire le hangar sur la plage, entraina la création de la station balnéaire, dont le rapide développement touristique fit qu’on eut besoin d’un lieu de culte avec des messes et un service régulier. Le cimetière actuel y avait été fondé par mademoiselle Marie-Joseph Mollé[3], le 1er janvier 1885. L’Evêché et la Préfecture fondèrent la paroisse Saint-Marc le 1er juin 1888.  La chapelle étant dans un état de délabrement avancé, le conseil de fabrique vota la construction d’une église, loin de la chapelle qui devait laisser place au développement de la station, au bourg même du Crépelet.

     

    L’église de Saint-Marc :

     

    L’église de Saint-Marc fut rapidement construite. Edifiée sur les plans de l'architecte Henri van den Brouk, (grand-père d'Odette du Puygaudeau), elle comporte un clocher porche, sommet d'un coq girouette perché sur une croix, accolé d'une tourelle d'escalier qui va jusqu'au niveau de la tribune, une porte latérale, et dix-sept baies, dont cinq dans le chœur. Sa bénédiction solennelle eut lieu le 22 décembre 1889. elle fut rapidement décrite comme « si grande en hiver, si petite en été ».

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    Sortie de la messe vers 1903.

     

    Elle est constituée d’une simple nef, précédée d’une entrée, le chœur se trouve orienté au Nord, car il fut décidé que l’entrée se ferait face à la route en contre bas, par la base du clocher, ce qui oblige à gravir un escalier pour y entrer, et allonge sa façade Sud en lui procurant un aspect étroit disgracieux de part de cake oublié sur un coin de table à la fin d’un banquet. Une sacristie se trouve à l’Ouest, elle est séparée du jardin du presbytère par un petit chemin. Le sentiment d’étroitesse est accentué quand on passe l’entrée sous le clocher, et il se trouve alors suivit d’un sentiment d’écrasement. En effet, la majesté du lieu, songé comme une ouverture à la Foi après le passage du chameau dans le chas d'aiguille, a été totalement détruit par la construction d’une tribune démesurée et pensée dans aucun bon sens en 1964. La mairie, qui possède le bâtiment depuis 1905, (le presbytère restant propriété de la paroisse), avait accordé à l’abbé Jaunin, curé de 1953 à 1967, la construction de cet étage démesuré de 50 places, car à l’époque l’église se trouvait incapable de contenir tous les fidèles qui y venaient l’été. cette structure est posée trop bas et pire s'abaisse encore de 60 cm à la moitié.

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    L'intérieur de l'église, sous la tribune, en avril 2020, © L.O.M.

     

    Une fois passé sous ce plafond oppressant, on retrouve les proportions initiales qui sont, elles, gracieuses et dotées d’un décor sobre et élégant sous une voûte lambrissée en coque de navire renversée.

     

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    La nef et le chœur en avril 2020, © L.O.M.

     

    L’église de Saint-Marc a en effet bénéficié du goût réfléchit de deux de ses curées.  D’abord l’abbé Jean Blois, (1858 – Saint-Marc en Nazaire 18 décembre 1926)[4], ancien professeur au Petit Séminaire de Guérande, curé de Saint-Marc de 1904 à sa mort. Celui-ci a doté le clocher de quatre cloches bénies par monseigneur Rouard, évêque de Nantes. Celle nommé Maria Anna, fut refondue en 2010. L’abbé Blois fit l’acquisition en 1912 d’une chaire en chêne de style Louis XVI finement sculptée de panneau figurants les quatre évangélistes et de fleurons et des palmes, et un panneau gravé du mot « Veritas », au-dessus d’un trophée composé des tables de la Loi, d’une page d’Evangile, et d’une trompe de la renommée. Cette chaire a depuis été déposée à même le sol du chœur). Son successeur, l’abbé Guisnel[5], curé de 1927 à 1955, dès 1935 il fit remplacer l’autel du chœur en pin peint en blanc par l’actuel en chêne, ajouta des lambris bas du même bois tout au long de la muraille, avec, enchâssés de chaque côté de l’entrée des coquilles de bénitier. Il modifia aussi en parti le dallage, en faisant ajouter entre les carreaux de terre cuite sous les bancs, (qui remplacent les chaises paillées qui meublaient  autrefois), les carreaux de ciment qui tracent l’allée traversante, et celle menant à la porte latérale, et ceux qui délimitent le chœur. Il y avait aussi initialement deux autels de chaque côté de l’entrée, mais ils furent supprimés, ainsi que le chemin de croix et toutes les statues en plâtre du 19ème [6], par l’abbé Jaunin.

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    Intérieur de l'église vers 1905

     

    En 1955, l’abbé Guisnel fit maroufler sur la voûte du chœur la peinture qui représente la pêche miraculeuse, (l'auteur nous en est inconnu, mais il pourrait s'agir d'un couple nantais nommé Leroy).

     

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    L'a tribune, en avril 2020, © L.O.M. ; on l’ose espérer qu’elle sera un jour détruite et que l’on rendra à cette ravissante église son aspect d’avant le massacre Jaunin.

     

     

    La tribune actuelle date, nous l’avons écrit plus haut, de 1964. On y accède par deux escaliers, le premier est par de la nef via une porte percée exprès, conduisant à un escalier construit dans un appentis disgracieux et débouche par l’une des baies baie reconvertie en passage ; le second par l’escalier du clocher, depuis le hall, à droite en entrant, en passant sous la plaque posée en 1920, faisant liste des paroissiens morts et disparus au champs d’honneurs durant la première-guerre-mondiale. Cet escalier qui conduisait dès la construction à une tribune qui aurait dû être doté d’un orgue, à la particularité de comporté dans sa chaux qui le crépi, des graffitis allant de 1926 à 1968. Ce sont essentiellement des patronymes typiquement nazairiens, (Cavarro, Lejeune, Berthaud, Gouard, Fuelle, Noblé, etc.), mais aussi une bicyclette et des personnages des années 1930, (un enfant au béret qui fume, un cycliste sur son vélo, des trois policiers), mais aussi une figure du Diable, avec sa fourche et sa queue pointue...

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    Exemple de graffitis, © L.O.M.

     

    La tribune se décompose en deux plateaux pentue descendant vers le chœur. 

     

    L’église avait été dotée dès sa construction de vitraux, qui n’étaient en réalité que des verrières claires peintes de fleurons en grisailles. Ces verrières furent détruites par le souffle d’une bombe tombée sur la place la nuit du 28 juin 1942. La déflagration avait été si forte que les porte de l’église avaient elles aussi été arrachées. On les remplaça par du verre martelé, dont sont encore pourvues les quatre baies latérales qui éclairent la tribune. En 1964, nous l’avons écrit, l’une des baies fut transformée en accès pour la nouvelle tribune, quatre autres virent leur ouverture entravée par la nouvelle tribune. En 1977, onze des baies furent doté de vitraux non figuratifs, interprétables de mille façon pour celui qui s'ennuie durant l’homélie, aux tons jaunes, orangés et rouges, signé par Colin Leroux à Béac.

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    Signature sur l'un des vitraux, © L.O.M.

     

    A la suite du Concile Vatican II, on suréleva le chœur d’un planché haut de trois marches, on y plaça une table de chêne pour servir la messe, et l’on posa la chaire à même ce nouveau planché. Le baptistaire, qui se trouvait à l’entrée de l’église, fut placé devant le chœur.

     

    Le dernier curé résident fut le père Pierre Brétéché, (1928-2020), parti en 1997. Depuis 2005 l’église est rattachée à la paroisse Saint-Pierre de l’Océan.

     

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    Le chevet en avril 2020, © L.O.M.

     

     

     

     

    [1] http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2012/07/25/le-chateau-de-saint-marc.html

    [2] A propos de cette colline et de l’origine de son nom : http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2019/01/18/l-allee-du-chateau-a-saint-marc-6121661.html

    [3] Née le 20 octobre 1845 à la ferme du Petit Verdun propriété de ses parents laboureurs, elle avait hérité, n’était qu’une fille, des terres les plus proche de l’océan, et qui étaient déconsidérées mauvaise pour l’agriculture. La mode des bains de mer fit décupler la valeur de ces terrains considérés ingrats, la rendant riche, et lui permettant de jouer un rôle dans l’urbanisation du quartier.

    [4] Il repose au cimetière de Saint-Marc dans le caveau des religieux de la paroisse. La plaque qui le mentionne comporte des dates erronées.

    [5] Lui aussi ancien professeur au Petit Séminaire de Guérande, il dirigea l’école libre de garçon de Saint-Marc, qui comportait une institutrice, mademoiselle Boya, âgée de 53ans en 1927, et le prêtre instituteur Bouché. Cette école était préférée des habitants de Saint-Marc, dès son ouverture en septembre 1927, si bien que l’école public du bourg perdit à son profit les trois quarts de ses élèves, et ceux malgré le fait que l’école publique était gratuite et fournissait, livres, blouse, et sabots. Le Travailleur de l’Ouest entama le 26 novembre 1927, une attaque contre cette école, à travers un article de quarante-huit alinéas, non signé, l’accusant de faire concurrence à l’école publique, prétendit que l’abbé Guisnel avait fait pression pour cela sur les familles, prétendit que l’école était à une distance non réglementaire du cimetière, que l’eau qu’on y consommait était impropre, (ce qui fut contredit par une analyse de l’institut Pasteur), et qualifiant son personnel « d’illettrés ». En réalité, le problème était que les habitants de Saint-Marc étaient en conflit avec la municipalité qui imposait aux enfants un règlement d’école trop strict et avec des exigences que la population qualifiait de « chinoiseries ». Par ailleurs le maire François Blancho, dès son élection, cherchait à empêcher les processions et autres manifestations religieuses, ce qui déplaisait à cette population fortement religieuse. Quelques mois auparavant, le curé de Méan avait écopé d’une amande de 1 Fr. pour en avoir organisé une, et s’était retrouve emprisonné durant 48h pour avoir refusé de la payer ; l’affaire était remontée jusqu’au Conseil d’Etat et au président Poincaré en mars 1927, et l’on se battait régulièrement à coup de poing devant l’église Saint-Gohard place Marceau. Le prédécesseur de l’abbé Guisnel, l’abbé Blois, avait bravé en juillet 1925 à l’occasion de la Fête Dieu l’arrêté municipal Blancho, et en avait écopé 25 centimes d’amande. L’abbé Guisnel eut aussi à faire aux délires d’une pauvre folle, la demoiselle Berthe, qui lui asséna des coups de parapluie en 19 février 1936, au prétexte que sa T.S.F. la dérangeait. L’abbé n’ayant pas de radio chez lui, et ne tolérant pas qu’on le frappa, porta plainte contre la femme.

    [6] La Vierge, Jeanne d’Arc, saint Michel, Jésus au Sacré Cœur, saint Joseph, sainte Anne, un petit saint Pierre sur son trône, et deux très petit saints Antoine et François

  • Géorama

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    Géorama, façade d'arrivée

     

    « […]

    Quittez l’Océan. C'est la Belle côte

    Qui vient égayer le panorama.

    Les brisants jolis quand la mer est haute

    Devant Chemoulin et Géorama.

    […] »

    (extrait de « La butte du château », poème anonyme publié en février 1929 par le journal paroissial « Le trait d'union de Saint Marc sur Mer ».

     

     

    La villa Géorama a été construite pour Gabrielle-Charlotte Mougin, (née vers 1863), entre 1908 et 1910, à la demande de son amant, Paul Blavier, par l'architecte nantais Paul Devorsine, (Nantes 1859 – Nantes 1935), à qui l'on doit plusieurs villas à Pornic et La Baule, et les bâtiments de la Biscuiterie Nantaise.

     

    Paul-Édouard Blavier, (Angers 11 août 1856 - Saint-Pierre-Montlimart1 22 février 1916), fils d'un sénateur royaliste du Maine-et-Loire, partageait sa vie entre son château de La Bellière à Saint-Pierre-Montlimart, (construit par la famille de son épouse, il avait racheté les parts des autres héritiers)2, et son hôtel parisien du 35 rue de La Bienfaisance. Il était marié depuis 1880 avec Jeanne Langois, dont il avait eu un fils, Jean-Charles, (1882-1959), et une fille, Simone, (1881-1901). En 1905 Paul découvrit sur ses terres de La Bellière un gisement d'or déjà exploité par les Romains. Il ouvrit une mine et exploita ce filon, augmentant plus encore sa fortune3. Il fonda aussi une usine hydroélectrique à Bohardy, puis, en 1911, à Saint-Pierre-Montlimar, une manufacture de fabrication d’ampoules électriques, à main-d’œuvre exclusivement féminine4.

     

    Richissime, Paul Blavier s'ennuyait, un jour, il rencontra, vers 1887, une Gabrielle-Charlotte Mougin, née vers 1863, qui lui réveilla les sens. Ils eurent un fils, Charles Mougin, née à Paris le  12 février 1888, et déclaré de père inconnu.

    Ne pouvant la loger avec sa famille au château, il décida de faire édifier une villa pour sa maîtresse, à l’emplacement d'une vigne d'un peu moins d'un hectare, dominant l'océan, à Saint-Marc en Saint-Nazaire, qu'il avait acquis en cinq lots, le 21 août 1898 de Julien Gobichet, chez maître Marcussen5, au lieu dit Les Grandes Vignes, au dessus de la plage des Gabourelles sur une pointe.

    La villa, construite dans un style d'inspiration Gothique tardif, revisité de Renaissance et d'Art nouveau, est en moellon et ardoises. Elle se compose d'un rez-de-chaussée carré sur cave et d'un étage sous combles à longs pans et demi-croupes, avec pavillon central flanqué de deux ailes, et dotée du côté de l'océan d'une loggia avec vue sur l'océan et l'estuaire, d'un jardin empli de roses en terrasse et un escalier à rampe de fer descendant jusqu'à la plage en contrebas de la falaise, qui n'est accessible à marée haute que par ce chemin. La maison est précédée d'un puits-fontaine massif, et d'un pavillon de gardien au portail d'entré constitué d'une arche de pierre. Le décor intérieur et fait de boiseries néogothiques et de plafonds à la françaises polychromes dans le goût renaissance. Le panorama avec sa vue à 180° fit qu'il décida de nommer la demeure « Géorama »6 .

     

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    Se sentant vieillir, Paul décida en 1914, afin de laissait à son amante une rente, de lui racheter la villa par l'intermédiaire d'un viager en nue-propriété, à charge pour ses héritiers poursuivre le versement de la rente. Leur fils, Charles Mougin, avait épousé le 23 mai 1912 à Nantes Marie-Andrée Meignin. Il fut envoyé au front comme soldat de 2ème classe au 265ème Régiment d'Infanterie, et décéda de maladie contractée au service le 21 janvier 1915 à l'hôpital de Pierrefonds.

     

    En 1917, la veuve de Paul, scandalisée à l'idée d'entretenir la maîtresse de son époux, décida de renoncer à la donation des biens que lui avait faite Paul, au profit de leur fils Jean.

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    L'ancienne amante ne vivait pas à Géorama, elle loua la maison à diverses personne, dont le maire Louis Brichaux, qui trouvait l'habitation peu pratique malgré sa situation et ses volumes, et finit par acquérir la Villa Minne au Petit Gavy.
    Jean-Charles Blavier finit par obtenir l'acquisition de la propriété en rachetant à Gabrielle-Charlotte Mougin sa rente viagère, ainsi que quatre parcelles de vignes l'autre côté de la route, en 1921. La villa était alors louée à l'industriel et ancien maire de Saint-Nazaire, Louis Brichaux, qui acquit en 1921 la villa Minne au Petit Gavy.

    Non désireux de vivre dans les meubles de l'ex-maîtresse de son père, Jean fit l'acquisition, au début de l'année 1928, après des héritiers de l'industriel Charles Puget, de la villa mitoyenne Stella Maris Ave, et s'y établit, n’utilisant de Géorama que pour des réceptions.

    Quoique millionnaire, Jean-Charles Blavier était d'une pingrerie peu commune, y compris avec ses gitons. On murmurait qu'il faisait resservir plusieurs fois les reliquats des soupers qu'il donnait et remettre en bouteille les fonds de verre de vin, vin qu'il faisait servir chichement, ne buvant pour sa part que de l'eau de Vichy. Il ne donnait jamais plus de 5fr70 aux œuvres des tuberculeux de Saint-Nazaire, et uniquement parce qu'il se sentait forcé de le faire au sortir de la messe de Saint-Marc, et veillait à ce qu'on lui rendit bien la monnaie sur les 6 francs qu'il avait rendu.

    Durant la guerre Géorama abrita l’état-major du M.A.A. 280. Deux tobrouks furent construit en direction du large, et deux abris de surveillance le long de la route d’accès. La villa sortie de la guerre en bon état.

    Jacques Tati loua la villa pour lui à l'occasion du tournage de « Les vacances de Monsieur Hulot » en 1952-1953.

     

    Jean-Charles vendit Géorama en 1957 aux villes de Trappes, Guyancourt et Saint-Cyr-l'École7. la villa devint un centre à vocation sociale, destiné à accueillir les familles et les enfants de ces trois communes des Yvelines. Le réaménagement en colonie de vacances, entraînant d'importantes destructions du décor intérieur, seul le plafond peint de l'entrée fut conservé en état ; la loggia fut fermée pour agrandir la salle à manger collective, dénaturant en partie la façade côté océan ; le parc perdit tous ses rosiers et massifs.

    Dans les années 1960, les capacités d'accueil furent augmentées par la construction de dortoirs en matériaux préfabriqués sur la parcelle située de l'autre côté de la rue sur les anciennes parcelles de vignes, et d'annexes dans le parc de la villa, sur plans de l'architecte nazairien Georges Vachon. La villa fut alors réservée à la restauration et aux bureaux8.

     

    De 1992 à 2005, le syndicat intercommunal de colonies de vacances des villes de trappes Trappes, Guyancourt et Saint-Cyr-l'École, (SICV), confia la gestion des lieux au Centres d'Entraînement aux Méthodes d'Éducation Active Pays de Loire (CEMEA). Les lieux furent ouverts toutes l'année aux écoles désireuses de faire des classes de découvertes marines.

    En 2006 le SICV décida un changement de prestataire et choisi Échange et découvertes. Il s'en suivit un imbroglio juridique de 14 mois, et les huit salariés des lieux ne furent pas payés, chacun des deux prestataires se renvoyant la responsabilité. La capacité d’accueil était alors de 120 enfants.

    En 2008 le SICV décida de vendre le domaine à Échange et découvertes à condition que cela reste un centre à vocations éducatives, et non que cela soit transformé en hôtel. Mais en 2012, au prétexte que les coûts d'entretien et que la mise aux normes d'acceptabilité étaient trop élevés, l'ensemble fut vendu à un investisseur qui fit procéder à la restauration complète de la villa, la destructions des annexes Vachons, et l'ajout d'une piscine devant la façade côté océan. Il procéda aussi à la transformation des anciens dortoirs en dix logements.

     

    Des vues réalisées en 2009 par la Région des Pays de la Loire sont consultable ici : https://www.patrimoine.paysdelaloire.fr/ressources/diaporama/detail-diaporamas/diaporama-maison-de-villegiat-49/

     

     

     

     

    1 C'est aujourd'hui une commune de Montrevault-sur-Èvre, au Sud-Ouest d'Ancenis.

    2 Légué à madame d'Halluin, celle-ci ne pouvant l'entretenir et ne trouvant pas acquéreur, le fit démolir en 1960, il n'en reste que la ferme.

    3 Cette mine comptait 750 salariés dont 430 mineurs travaillant entre 150 et 180 mètres de fond. Elle ferma en 1953.

    4 Cette usine évolua après la seconde-guerre en usine de téléviseur, puis en usine informatique.

    5 C'était une vente aux enchères de d'une maison située près de la plage et de sept lots de vignes. La vigne acquise par Blavier avait été mise à la vente à 1.800 fr pour prix de départ.

    6 Un géorama est une sorte de planisphère inversé tapisser à l'intérieur d'une sphère dans laquelle on introduisait le public. C'était entre 1830 et 1900 une attraction en vogue comme les panoramas.

    7 Stella Maris Ave fut construite pour l'industriel Charles Pluget, (1874 – 1927), Puget ; il vendit en 1950 l'un de ses cousins issu de germain, Hubert Blavier, (Fontainebleau 23 juin 1903 – Paris 28 septembre 1988), et son épouse, née Hélène Marie Paule Henriette Jamar, (Saint-Gilles-Bruxelles 3 mai 1903 - Saint-Marc-sur-Mer 18 avril 1981).

    8 Un second bâtiment fut construit de l'autre côté de la route, pour servir de dortoirs, le site a été réaménagé après 2012 pour devenir la Résidence Ker Annette.

  • Notes sur la famille Benoist et la maison du 5 rue du Bois Savary

    Au n°5 de la Rue du Bois Savary[1] est une demeure à la façade de pierre sculptée de mascarons. Cette maison, qui intrigue beaucoup les Nazairiens, fut construite pour le docteur Alcide Benoist, qui a laissé son nom à une rue de notre ville[2].

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    La maison Benoist (à gauche) en 1870. Elle faisait face au grand calvaire détruit en 1873. On voit sur l’illustration que le quartier peinait à se lotir. La maison à droite appartenait au Lechat, et fut un temps la gendarmerie.

    Le docteur Alcide Benoist fut désigné en 1867 pour diriger l’une des salles du nouvel hôpital. Il milita pour l’amélioration des logements, et fonda une société de secours mutuel des ouvriers et employés de la Compagnie Générale Transatlantique. C’est lui qui veilla à la cicatrisation des scarifications rituelles que Narcisse Pelletier avait sur la poitrine et le ventre, et dont il fit mention dans un article, (non signé mais assurément de sa main), du Gaulois en date du 13 mai 1877.

    Mais la docteur Benoist avait le démon du jeu, et s’endetta au point de devoir vendre la maison qu’il avait fait construire au n°5 de la rue du Bois Savary, il emménagea alors rue de La Villès-Martin (avenue du Général de Gaulle). Sa tombe, au cimetière de La Briandais, comporte une plaque avec l’inscription : « A la mémoire du docteur Alcide Benoist, ses concitoyens, ses amis ».

    La maison fut en 1887 la résidence d’Abel Gallet, receveur principal des Contributions indirectes, et entreposeur des tabacs[3] ; en 1931 elle était résidence de maître Clément, huissier de justice ; dans les années 1950, elle abritait le cabinet du docteur Michel Harrivelle ; elle fut ensuite le cabinet des avocats Vautier et Bellec durant plus de 20ans avant d’être mis en vente en 2011/12.

     

     

    La famille Benoist[4]

     

    La famille Benoist à Saint-Nazaire est originaire du Poitou, de Benassay et plus exactement de son hameau de Lavausseau (un temps commune). Elle est issue de :

     

    I° Augustin Benoist, (Benassay-Lavausseau 7 octobre 1799 - Benassay-Lavausseau 24 août 1857), négociant, et d’Annette Habrioux, (Aslonnes 18 avril 1799 - Benassay-Lavausseau 29 mai 1854), fille de Jean-Louis Habrioux, juge de Paix et maire d'Aslonnes. Le couple eut :

    1° Augustin-Jean-Charlemagne-Ernest, (Lavausseau 28 janvier 1825 - Saint-Nazaire 23 août 1883), conseil juridique, époux d’Agathe Clémentine Mestais, (Marnay 12 août 1832 - Granville 27 juin 1910), d’où :

    a1° Augustin-Ernest-Léon, (Benassay-Lavausseau 6 août 1855 – Orléans 25 février 1940), marin, marié le 31 janvier 1883 à Chabanais avec Gabrielle Anne Brunet, d’où postérité ;

    b1° Clément-Alcide-Henry, (Benassay 24 février 1859 - Toulon en 1908), greffier du juge de paix, agent d'assurances, marié le 21 octobre 1890 à Sancoins avec Louise-Marie-Céline Pautre, d’où postérité :

    c1° Marie-Amélie-Léontine, (Poitiers 8 avril 1868 - Mortagne-au-Perche 6 juin 1962), mariée le 25 janvier 1897 à Montargis avec Henri Coste, né le 30 mars 1869 à Saint-Nazaire, fils de Simon Coste, consul de Belgique et de Colombie[5],

    2° Alcide-Henry-Hilaire, (Benassais-Lavausseau 13 janvier 1829 – Saint Nazaire 3 janvier 1889), docteur en médecine, dévoué et très aimé de la population nazarienne qui lui éleva un monument au cimetière de La Briandais avec son profil en médaillon de bronze, (41 cm de diamètre), réalisé par le sculpteur Georges Bareau, dont la ville possède une seconde version dans ses collections, don de Gabriel Benoist.

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    il se maria le 22 février 1854 à Poitiers avec Émilie-Françoise-Virginie Fradin, (Poitiers 26 juillet 1832 - Saint-Nazaire 25 juillet 1885), fille du député Charles Pierre, d’où :

    a2° Gabriel-Henri, (Saint-Nazaire 4 février 1859 – Vannes 12 avril 1912), docteur en médecin qui débuta dans le cabinet du docteur Charles Durant[6]. Il est parfois confondu avec son oncle prénommé comme lui. Il quitta Saint-Nazaire et devint inspecteur de l'assistance publique à Dieppe, puis à Privas en 1895, et Vannes ; marié le 16 juin 1889 à Grandes-Ventes avec Roseline-Antoinette Beaurain, (née le 28 octobre 1865 à Grandes-Ventes), dont il eut deux filles : Marcelle-Thérèse, (1895-1990), et Yvonne ;

    b2° Renée-Marie-Émilie, (Saint-Nazaire 7 août 1862 - Loroux-Bottereau 27 mars 1944), mariée le 3 juin 1882 à Saint-Nazaire avec Jules Dubois de Mont-Marin[7], (Alger 20 décembre 1859 - Rennes 4 juin 1931), dont elle eut : René-Gabriel-Alexandre-Alcide-Marie, (Saint Nazaire 10 juillet 1890 – Nantes le 12 janvier 1952), et Jean-Pol , (Nantes 7 mars 1897 – Paris 9 mars 1965) ; veuve, elle revint vivre à Saint-Nazaire dont elle fut chassée par les bombardements ; elle trouva refuge à Loroux-Bottereau où elle décéda.

    3° Gabriel, avocat, dit « Benoist Vermouth » en raison de son alcoolisme, parfois confondu avec son neveu et homonyme. Il était un ami de jeunesse d'Aristide Briand, et fut envoyé par lui comme témoin avec Hippolyte Durand, (fils du docteur Hippolyte Durant), comme témoins, le 8 septembre 1884, pour un duel de réparation exigé par Briand au conseiller municipal Esseul, (marchand de plâtre, individu sans instruction et d'une rare grossièreté et arrogance, décédé le 14 septembre 1930 à l'age de 94 ans), pour l'avoir traité de « saltimbanque ». Esseul qui ne savait pas manier une arme, déclina, et l'affaire en resta là.

     

     Il y eut aussi à Saint-Nazaire, un assureur durant plus de 40 ans rue du Traict, René Benoist, et qui était réputé être le neveu du docteur Alcide Benoist. En réalité c’était un cousin éloigné. Louis-René Benoist était né le 25 août 1857 à Neuville-du-Poitou, fils de Ferdinand-Louis-Clément Benoist, natif de Benassay-Lavausseau, cousin-germain d’Augustin Benoist, docteur en médecine, et d’Éloïse-Augustine Humequin. René Benoist avait été durant 22 ans journaliste à paris avant de s’établir à Saint-Nazaire, où il fut en plus de son activité d’assureur qu’il n’abandonna, malgré son grand âge, qu’à la suite des bombardements, correspondant de l’Agence Havas. Pratiquant l’aéronautique en ballon, il était, à l’occasion du tour de France, survolé en avion la ville le 14 juillet 1939. Il eut une fille, veuve en 1915 avec deux enfants.

     

     

     

     

     

    [1] Pour connaitre l’histoire du Bois Savary, consultez notre article : http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2016/03/04/le-bois-savary-5769406.html

    [2] Il y avait aussi un square à son nom, mais il fut remplacé par le parking de la rue Louis Lumière.

    [3] Renseignements fournis par madame Mathilde Pateyron Gallet.

    [4] Sans lien avec les Benoît de La Baule-Escoublac.

    [5] http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2019/04/08/consuls-et-vice-consuls-nazairiens-6142257.html

    [6] http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2012/07/31/notes-sur-la-famille-durand.html

    [7] Issu d’une famille malouine, il hérita du château de Montmarin qu’il vendit.

     

     

     

  • Et nous traversions le Brivet à dos de chameau…

    Connaissez-vous le Chameau de Méan ? Les vieilles familles de Donges, Trignac et Saint-Nazaire s’en souviennent, et plus encore celles de Méan. Non, vraiment ? Il vécut pourtant longtemps, deux-cents-ans. Oui, à Saint-Nazaire les chameaux vivent vieux s’ils évitent les crocodiles[1]. C’est en raison du bon air de l’Estuaire…

     

    Alors, ce chameau ? Non, il n’est pas un cadeau du sultan Mahomet Bol Ier du Petit-Maroc, il était déjà là bien avant la visite de sa majesté en juillet 1930[2]

    De ce chameau, il en reste la tête et la queue sur les rives du Brivet, coincées entre la quatre-voies, le pont Henri Gautier et la rue de Trignac. Oui, vous y êtes, il s’agit du vieux pont de Méan, qu’on surnommait « Le Chameau », quoique le quadrupède à robe jaune fut en réalité un dromadaire, ce qui provoqua longtemps des divergences entre zoologues méanais.

     

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    Le pont de Méan, bois d'André-Laurent Batillat, 1934.

     

    Il y a un pont à cet endroit depuis l’antiquité. La voie romaine passait par là. Ce fut durant des siècles un pont de bois qui appartenait à partir de l’époque médiévale au vicomte de Donges, (Méan n’est devenu nazairien qu’au 19ème siècle). Jusqu’à la Révolution il fallait payer un droit de passage, en échange le Vicomte prenait à sa charge l’entretien du pont, ce qui n’était pas toujours fait, ou bien fait… Un jour de foire à Saint-Nazaire en avril 1713, deux bœufs liés ensemble passèrent à travers le tablier. Une banque avec deux pêcheurs passait à ce moment-là sous le pont. L’un des hommes se noya. Le vicomte de Donges, René de Lopriac, marquis d'Assérac, refusa de payer les réparations. Les Méanais ne pouvaient plus passer sans faire un grand détour pour se rendre à Montoir dont ils dépendaient. Méan avait sa propre chapelle depuis le 17ème siècle[3], dédiée à Saint-Joseph, mais le chapellain ne résidait pas sur place, si bien que l’essentiel de la vie paroissiale fut réorienté vers Saint-Nazaire. Entre avril 1713 et novembre 1740, on baptisa les petits Méanais à Saint-Nazaire « en raison de la mauvaise situation du pont de Méan ».

    Les États de Bretagne furent saisis du dossier à la demande du Général de fabrique de Saint-Nazaire en octobre 1738. Le procès-verbal de la séance du 5 octobre justifia la présentation du problème devant la plus haute instance du Duché ainsi : « vu que l’on n’y peut passer sans risquer sa vie, dans l’état qu’il est ».

    Guy-Marie de Lopriac, le nouveau vicomte de Donges, ne voulant plus contribuer à l’entretient ni à la reconstruction du pont, perdit ses droits seigneuriaux, et ce fut l’État breton qui finança la réalisation du nouveau pont. Il fut achevé vers 1745. Trois arches, (largeur de droite à gauche : 13 m 30 ; 11 m 35 ; 11 m 35), celle du centre plus haute, pour permettre la circulation des bateaux, le profil en chevron.

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    Au sommet de l’arche principale, faisant face à l’estuaire, une petite niche surmontée d’une croix contenant une statuette de la Vierge fut taillée.

    pont-mean, Saint-Nazaire

    La niche avec la croix, article du Courrier de Saint-Nazaire du 21 janvier 1939.

     

    L’arche de la rive gauche fut détruite en décembre 1793 à la veille de la bataille de Savenay par les troupes de Canclaux afin d’empêcher le retrait par Saint-Nazaire de l’Armée catholique et royale. Canclaux fit aussi arracher le pavage et la chaussée sur 13 m. Pendant cette opération, il fit traverser ses canons et munitions à bord d’un navire nommé Jean Bart.

    En janvier 1794, sous la direction de l’ingénieur Hervoüet, l’entrepreneur Deniaud reconstruisit l’arche. Cela coûta 1.100 livres et les travaux furent achevés le 21 juillet 1794.

     

    En 1929, en raison de l’augmentation de la circulation, du nombre des voitures qui arrivaient en trombe dans le virage en venant de Saint-Nazaire, on se décida pour réaliser une nouvelle voie d’accès avec un pont large et droit, mais le projet fit long feu. En août 1936 on discutait encore. Les devis s'accumulèrent; on songea à réaliser des déviations en logeant la voie ferrée et faisant passer les voitures par le centre ville et le boulevard de l'Océan, ou encore par le boulevard Victor Hugo.  Les montant allaient de 7.200.000 frs à 9.500.000 frs, car il fallait acquérir des terrains en plus de la réalisation de routes nouvelles. On continua d'en discuter si bien, que le 14 juillet 1939, le Tour de France passa sur le pont de Méan toujours en fonction, et en « gravit la bosse ».

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    Le Courrier de Saint-Nazaire du 8 juillet 1939.

     

    Le 18 juin 1940, afin de retarder les Allemands, et permettre la sortie d’un autre Jean Bart, cuirassé en construction aux Ateliers et Chantiers de la Loire à Penhoët, les marins dynamitèrent l’arche centrale du pont. Depuis, il ne reste que la tête et la queue du chameau et on attend toujours le bon vouloir de la Municipalité pour la mise en valeur des ruines et de leurs abords.

     

     

     

    [1] Le crocodile de Sautron : http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2019/03/06/et-le-crocodile-de-sautron-fit-s-echouer-les-navires-sur-le-6133822.html

    [2] Le Sultan du Petit-Maroc : http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2018/07/22/le-petit-maroc-histoire-d-un-nom-6067779.html

    [3] La chapellenie avait été fondée par la famille Deniaud pour l’un de ses fils entré en Religion.

  • Le Vieux-Môle

    Saint-Nazaire était doté depuis les temps anciens d’un havre d’échouage, le portereau, ou plage du petit Traict, situé le long des murailles Nord, dans l’anse vaseuse que formait la Loire au pied du logis seigneurial, remplacé à partir de 1580 par une église (connue à la fin du 19e sous le nom de vieille église). Ce havre s’étendait jusqu’au rocher de Penhoët, (y avait des blocs de pierre posés sur la rive avec des anneaux plus en amont), et était nommé « Anse de la Ville Halluard ». Les navires calant plus de 4 m venaient s’y échouer quand la Loire charriait des glaçons. Ce portereau avait de l’importance, le duc Jean V considérait Saint-Nazaire comme la principale « yssue » de Bretagne, de même qu’Henri IV et Louis XIII, la Compagnie néerlandaise des Indes orientales avait songé un temps y établir un comptoir, proposant le financement de la construction d'une digue submersible qui aurait rendue navigable la Loire jusqu'à Nantes même à mare-basse, à la condition qu'on lui attribuât le port de Saint-Nazaire en franchise. L’Intendant de Bretagne dans son Arrêt du 3 avril 1714, jugeait que « Saint-Nazaire est un port de mer recommandable pour [le] commerce [du vin par mer et Loire] », cela s’explique par le fait que Saint-Nazaire, outre sa situation et son vignoble[1], était dispensée du droit de billot[2], mais aussi par le fait que la route menant à Nantes depuis l’estuaire et la presqu’île était une ancienne voie romaine en mauvais état et longue à suivre, et qu’il était plus pratique pour les habitants de Guérandes, du Croisic, et de Paimboeuf, de se rendre à Saint-Nazaire pour y embarquer à bord de navires remontants la Loire. On accédait au portereau par des marches depuis la Place de l’église. Il y avait déjà un môle, fait de grosses pierres posées sur les rochers, on en pouvait accéder en barque qu’aux flots ou à la fin de l’èbe entre cette digue et les navires dans l’estuaire. Il y avait à proximité un petit chantier de radoubage.

     

     

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    La Vieille-église en 1830, dessin de Charles Beilvaire d’après un tableau disparu, publié dans Le Courrier de Saint-Nazaire du 7 octobre 1933.

     

    Jean-Baptiste Ogée, dans son Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne, en 1778, estima qu’il fallait construire « un môle de 150 toises » pour l’embarquement des voyageurs de Paimboeuf et Guérande.

    Le 20 mars 1795, un « rapport des pilotes à l’administration maritime » avait émis le vœu que « pour la sûreté et la facilité de la navigation, il soit fait une soit fait une jetée qui commencera depuis la cale jusqu’aux derniers rochers, avec une arche dans l’un de ses points pour faciliter le passage des chaloupes ».

    On ne fit jamais suite à leur demande.

    En 1802 il fut projeté un arsenal maritime par les ingénieurs Goury et Groleau, qui resta en carton.

    Les 9, 10 et 11 août 1808, Napoléon Ier descendit la Loire depuis Nantes jusqu’à Saint-Nazaire, dans le but d’établir un port profond ne dépendant pas des marées, et des chantiers navals. L’architecte nantais Mathurin Curcy lui proposa les plans d’un projet à construire à Saint-Nazaire qu’il avait mis au point avec son frère, et qui comprenait l’élévation d’un grand môle et le creusement d'un canal au niveau de l'isthme, ce qui préfigurait la Nouvelle-entrée du port actuel. Si Napoléon s’enthousiasma pour celui-ci, le Ministère ne saisit les Pont-et-Chaussées pour une étude que le 26 mars 1812 ! Ce furent les ingénieurs Sganzin et Prony qui furent chargés d’entreprendre une étude minutieuse du fleuve, dans laquelle il ressortit : « le seul point où un grand établissement pût être construit était Saint-Nazaire ».

    Le 23 juin 1822, un pyroscaphe, bateau à vapeur et roue à aubes, assura le transport journalier des voyageurs entre Saint-Nazaire et Nantes. Ce bateau avait été lancé par le chantier Guibert de Nantes, et baptisé « Loire » , il appartenait aux consuls étasuniens Fenwick et Strobel. Il fut l’année suivante concurrencé par « Le Courrier », autre pyroscaphe appartenant aux armateurs nantais Tranchevent, Gaillard et Vince. Le Courrier partait de Nantes à 7 h et arrivait à Saint-Nazaire entre 11 h et midi en fonction du temps, et repartit à 14h pour arriver à Nantes à 18 ou 19 h. Cette mécanisation du transport fluvial obligea la municipalité nazairienne à réagir. La construction fut mise à l’ordre du jour du Conseil par le maire Charles Blanchard les 12 octobre 1822 et 28 septembre 1823. En s’appuyant sur les difficultés d’accès au port et à l’avantage qui en résulteraient de l’édification d’un môle :

    « Considérant :

    1e que Saint-Nazaire, placé sur un rocher fort élevé, est environné d’autres rochers beaucoup moins hauts, mais qui le rendent pour ainsi dire inabordable ; que la rade qui se trouve au Nord-Est de ce lieu contient presque toujours un grand nombre de forts bâtiments qui y restent ancrée sur le mouillage excellent, sans craindre de toucher, même à la basse mer des plus forte marées ; que ces bâtiments, soit qu’ils entrent en rivière ou qu’ils soient sur leur départ, ont besoin de se ravitailler, ce qu’ils font avec leurs embarcations, mais avec grandes difficultés ;

    2e Que Saint-Nazaire est le lieu d’embarquement des habitants des villes et bourgs du Croisic, de Guérande, du Pouliguen, de Piriac, de Mesquer, et autres qui se rendent à Nantes ;

    Le Conseil Municipal est d’avis unanime :

    1e Qu’il est de la plus grande nécessité qu’un môle, long d’environ 400 mètres et d’une hauteur convenable au-dessus des plus grandes marées, soit construit depuis l’extrémité des rochers qui s’avancent de l’Est, Sud-Est de Saint-Nazaire jusqu’à la rue qui descend au rivage ; qu’il résulterait de l’édification de ce môle ou chaussée de très grands avantages ; qu’en outre les pilotes pourraient toujours à ce moyen, tenir leurs chaloupes à flot et se trouver par conséquent à même de porter, quelque heure de marée que ce soit, les secours ou assistances dont les navires qui entrent en rivière on toujours besoin ;

    2e Que dans l’endroit appelé le Courceau, on face une arche, dont la largeur doit être proportionnée à la quantité d’eau qui est susceptible de passer à cet endroit – cette eau dont le cours sera très rapide, entraînera avec elle toutes les vases qui, sans cette arche, s’accumuleraient dans le port et qui dans peu d’années finiraient par le combler entièrement ;

    3e Que pour la sûreté des bâtiments, il sera nécessaire de construire à l’extrémité du susdit môle une petite tour élevée de quelques mètres, au sommet de laquelle on pourrait mettre, au moins pendant les six mois d’hier, un fanal. »

     

    Le 11 mars 1827, un avis favorable du conseil municipal fut donné pour le plan de l’ingénieur Plantier des ponts et chaussées.

    Le projet comprenait un môle avec un fanal tour dressée sur le musoir de la jetée, reçu l’approbation du directeur général des Ponts et Chaussées le 25 octobre 1827. Une grande jetée de 185 m 45 de longueur à son extrémité, percée à 73 m de sa racine par une voûte de 8 m de long d’ouverture e 8 m 5 de rayon.

    L’adjudication des travaux fut accordée au profit de l’entreprise Perredeau le 19 décembre 1827 au prix de 2444.410 francs et 19 centimes.

     

    En 1828, la Compagnie « Les Riverains de La Loire », replaça les deux compagnies de transport en pyroscaphe. Son navire fut nommé « Le Rapide » et filait à 10 nœuds, ce qui faisait chavirer à son passage les petites barques. Balzac dans son roman « Béatrix », paru en 1829, se plaignit de l’absence de débarcadère entre le vapeur et le rivage.

    (Notons ici que le bac à vapeur depuis Mindin et Saint-Nazaire ne fut établi qu’en 1863 par monsieur Bergmann.)

     

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    La construction fut longue, il fallut apporter les pierres à l'aide de chars à bœufs qui défoncèrent la chaussée menant à Saint-Nazaire, et la rue principale du bourg, ce qui provoqua des protestations et des frais supplémentaires.

    L’ingénieur Lemierre succéda à Plantier, et présenta le 22 mai 1831 une modification en proposant la construction d’une cale latérale en amont du mole d’abri, à partir de la culée droite de la voûte de chasse, et celle d'une pente d'accès au portereau pouvant permettre l'embarquement des animaux, dont l’ajout fit s’élever les frais à 320.000 francs. 

     

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    Plans du Môle par les Ponts-et-chaussées en 1835

     

    Longue de 111 m et large de 6 m, élargi à 8 à son extrémité, avec une plateforme située à 8 m 45 au-dessus de la laisse de la basse-mer pour porter le phare, et accessible aux voitures, le Vieux-Môle fut achevés à la fin de l’année 1835. Le 1er janvier 1836 un feu blanc à occultation régulière, d’ne puissance lumineuse de 25 becs Carcels et d’une portée de 10 milles, brilla à 15 m 40 au sommet du fanal du môle pour la première fois.

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    Charles Beilvaire, dessin publié dans Le Courrier de Saint-Nazaire du 22 janvier 1939

     

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     On pratiquait le carénage sur le traict à son abri, le patron gréeur était monsieur Moreau, dont le fils a produit plusieurs dessins, aquarelles et peintures du vieux Saint-Nazaire.

     

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    Embarquement des vaches

     

     

    Le jour de Noël 1856, on inaugura par une grande fête le bassin à flot du port voulu par Napoléon III. Le Môle perdit son rôle principal, ne devenant que la jetée d’un feu de position. Le portereau disparut sous l’élévation des fortifications faites de monticule de terre (Saint Nazaire aurait dû être fortifiée), puis par les nouvelles parois du bassin. Le Vieux-Môle avec la création des quais du port, et plus encore par la construction du Quai des Marées (Jetée Ouest de la Nouvelle-Entrée), perdit environs 25 m de longueur depuis la terre, rendant inutile l’arche à désenvaser du portereau.

    Utilisé comme place publique, on s’y réunissait pour discuter et observer les entrées et sorties du port par la Vielle-Entrée. Avec une longue vue on pouvait observer jusqu’au-delà de la Barre des Charpentiers les voilures.  Les pécheurs à la ligne y passaient leurs journées, les jeunes gens leurs soirées d’été en rêvant de devenir marins. Le Vieux-Môle prit le surnom de « Pointe des blagueurs », car les marins s’y réunissaient et racontaient leurs voyages de façon un peu fantastique. Il en reste le souvenir de deux vieux marins qui avaient voyagé sur le même navire, qui racontaient de la même manière les mêmes histoires de voyage, les mêmes détails sur l’équipage et la même tempête qu’ils avaient essuyés en plein océan, mais qui se traitaient mutuellement de menteur en disant ne s’être jamais vu à bord… Cela dura des années, amusant la ville qui s’attendait à une bagarre, et cela devint un énorme gag quand un vieil officier de marine fit escale à Saint-Nazaire, et reconnaissant les deux marins démêla l’affaire : ils avaient navigué sur le même navire, avec le même équipage, dans les mêmes mers et rivages, mais… à un an d’intervalle ! Ils ne s’étaient pas aperçus de ce détail en raison du fait que durant ces deux voyages dans la même mer, les navires avaient essuyé un typhon…

     

    Le phare fut remplacé le 31 décembre 1904, la tourelle préexistante qui culminait sur une plateforme qui fut arasée.

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    Avec le nouveau phare en 1905

     

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    Le parapet nord du Môle fut détruit par le raz-de-marée du 9 janvier 1924

     

    Dans les années 1930, la fréquentation du Môle était réduite, on avait vidé de presque tous les commerces le quartier, et il ne restait que des habitations modestes et des hangars. Cela devint même un endroit dangereux le soir, des agressions eurent lieu, on osait plus sortir à la nuit tomber vider son pot de chambre sur les rochers, (il n’y avait pas d’égout, ni de fosse, ni même d’eau courante dans le Vieux-Nazaire avant sa destruction). On ne s'y rendait plus que certains dimanches ensoleillés. La destruction de la Vieille-ville l'isola totalement.

     

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    la lentille du phare en 1936

     

    [1] Carte du vignoble nazairien : http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2015/11/25/carte-du-vignoble-nazairien-5722067.html 

    [2] À propos de la dispense du droit de billot : http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2012/07/09/saint-nazaire-pays-de-vignobles-dispense-du-droit-de-billot.html 

  • Le monument de 1870

    A la croisée des rues (Georges de) Villebois Mareuil, de Santander et du boulevard du président Wilson, se trouve une statue dont peu de Nazairiens savent à quoi elle correspond.

    En 1909 on s’aperçut que la ville de Saint-Nazaire était l'une des rares municipalités d'importance ne disposant pas d'un monument à la mémoire des soldats morts durant les combats de la guerre de 1870. Ce n'était pas rare attendu que cette guerre avait été perdue par la France, que l'on préférât ne pas en parler durant plusieurs décennies. Saint-Nazaire étant une ville bretonne qui brassait une population venant de toutes les provinces de Bretagne, le souvenir du camp Conlie et comment Gambetta traita les Bretons, faisaient que toute allusion était mal venue. Cependant en 1909 la politique française était de rendre hommage aux morts de 1870 et d’aller dans le sens des revendications populaires et nationalistes au sujet de l'Alsace et du nord de la Lorraine. Un comité d’érection, composé de monsieur Renaud, président des vétérans, du commandant Gaté, du capitaine des pompiers Sorel, et du commissaire central Parisot de Sainte-Marie, fit son choix parmi les statues mises à disposition par l’Etat au fond des Beaux-Arts. Ils choisirent un bronze fort beau du sculpteur René-Philéas Carillon[1], fondu par Joseph Malesset, une œuvre énergique et d’une grande maîtrise. Le Gouvernement confia la sculpture choisie à la Municipalité, sur acceptation du maire, Louis Brichaux, le 28 juillet 1909. Ce fut sur l’instant perçu par plusieurs comme une insulte aux Bretons, car elle figure un soldat de l'An II, l'un de ces soldats de la République qui massacra la résistance bretonne et royaliste. Qu'importe pour la municipalité, elle n'avait d'ailleurs pas les moyens de refuser, cela les aurait tous fait qualifier d'antifrançais, de non-patriotes, d’antirépublicain. Qu'importe aussi si la sculpture avait été refusée par toutes les villes à qui elle avait été proposée et que le plâtre original attendait depuis dix-sept ans dans les réserves qu’on veuille en fait un tirage. Saint-Nazaire aurait son monument à la mémoire des soldats morts en 1870.

    Il fallut trouver un emplacement. L'entrepreneur lyonnais, Aimé Duquaire, qui possédait et lotissait le front de mer de l'ancien domaine du manoir du Sable, offrit une parcelle face à l'océan et à sa résidence personnelle[2]. Très beau cadeau quand on sait qu'il y avait la place pour construire deux maisons. La donation fut finalisée le 27 mai 1910, et le nom du donateur devint celui du square nouvellement constitué, à ceux-ci prêt qu’aucun arrêt municipal ne le nomma ainsi officiellement. On ménagea les susceptibilités de tous en ne donnant aucun nom officiel.

    Le 10 juillet, le sous-secrétaire d’État à la Guerre, Albert Sarault, vint en grande pompe inaugurer le nouveau monument. Le 64e sortit de la caserne de La Briandais en grands uniformes. On avait convoqué toutes les sociétés de gymnastique pour compléter et animer le défilé, trois-cents enfants des écoles avaient été rassemblés et entonnèrent le Chant des vétérans, suivi de la Marseillaise, quand, à 11h15, le sous-secrétaire tira le voile qui couvrait le monument. Personne ne remarqua que celui-ci ne comportait pas les noms des Nazairiens morts durant ces combats. La liste aurait été bien courte, sinon inexistante, malgré le recrutement et la formation des bataillons supervisés à l’époque par le général Edmond-Frédéric Rose1[3]. Les Nazairiens enrôlés connurent le sort de l’Armée de Bretagne.

    La cérémonie fut suivie d'un banquet de quatre-cents couverts au Casino des Mille-Colonnes.

    Au milieu de sin jardinet entouré d'une grille, le monument fut rapidement ignoré. La majorité des cartes postales éditées après son érection ne mentionnent que le square, sans commenter sa présence. Henri Moret lui-même ne le mentionne pas dans son Histoire de Saint-Nazaire. On l'ignora encore quand il fut réalisé le monument aux morts de la Première-guerre-mondiale. Pour les Nazairiens, la statue était juste une statue que certains prenaient pour Surcouf ou un autre corsaire ! Durant l'occupation allemande, les Nazis voulurent la déboulonner pour l'envoyer à la fonte, on les en empêcha en leur racontant que c'était la statue du comte de Villebois Mareuil, Nantais qui avait participé à la guerre de 1870, mais aussi combattu les Anglais durant la seconde guerre des Boers, acte que les Allemands approuvaient. Ce mensonge sauva la statue. En 2010 la municipalité a fait remettre en état le square et déplacer la statue de quelques mètres, elle l'a aussi orienté en direction de l'océan, alors que jusque-là elle l’était en direction du port.

     

    [1] On sait peu de choses au sujet de René Philéas Carillon. Il était le fils du sculpteur Hector Philéas Carillon, son atelier était à Montmartre, était spécialisé dans les sujets militaire, et il reçut une mention honorable au salon de 1902.

    [2] La maison au fond derrière le monument était la résidence d'Aimé Duquaire, elle a été détruite à la fin des années 1960 pour faire place à l'immeuble « Palazzo San Marée ».  

     

    [3] Sa correspondance privée nous apprend qu’il y était d'ailleurs resté coincé par une sciatique durant le mois de septembre 1870.

     

     

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    La maison au fond derrière le monument était la résidence d'Aimé Duquaire, elle a été détruite à la fin des années 1960 pour faire place à l'immeuble « Palazzo San Marée ».  

     

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    Le monument à la Libération, (coll. L.O.M.)

     

     

  • Dolmen, acte 3

     

    Extrait du compte rendu du conseil municipal tenu le 14 décembre 2012 :

     

    Le quartier du Dolmen est complètement réaménagé depuis quelques années avec la construction des logements du square Delzieux. Ce qui fait la spécificité du quartier, est la présence d’un Dolmen et d’un Menhir, vestiges des origines celtes de la ville. Le projet prévoit la mise en valeur de la place du Dolmen mais pas de fouilles archéologiques, même si la ville a prévu de prendre rendez-vous avec la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) rapidement. « On pouvait donc s'attendre à ce que M. Provost dont le souci du respect des cultures est indiscutable, fût particulièrement soucieux de donner aux recommandations des services des monuments historiques et à l'étude scientifique du site toute leur place. Or nous apprenons, hier, que l'architecte des bâtiments de France avait fait connaître par lettre du 10/12/2007 son désaccord avec le projet présenté. Il vous appartient, M. le maire, de rétablir l'ordre républicain sur la place du Dolmen et dans les rues adjacentes en respectant, autant que faire se peut, les orientations en conclusion de la lettre de l'architecte des bâtiments de France ».
    Joël Batteux, le maire, n’a pas caché sa surprise devant un tel discours, « c’est la première fois qu’on me parle avec autant d’enthousiasme du Dolmen. J’apprends que peut-être il y aurait des trésors cachés dans le sous-sol. Pourquoi ne pas nous avoir alertés de longue date ? Jamais nous ne les aurions empêchés d’aller fouiller. Il est encore temps, tout n’a pas été creusé ». Une réplique qui n’a pas manqué de faire réagir Zack Moullec, élu d’opposition. « Vous avez vraiment une manière méprisante d’en parler ».

     (source : http://www.saintnazaire-infos.fr/quand-le-dolmen-s-invite-au-conseil-municipal-23-43-1795.html)



    Pour notre part, nous avons décidé de nous adresser madame Aurélie Filippetti, ministre de la Culture, à monsieur Vincent Berjot, directeur général des patrimoines, et à monsieur Bertrand-Pierre Galey, directeur, adjoint au directeur général des patrimoines, chargé de l’architecture,  par courrier envoyé au  Cabinet du Directeur Général des Patrimoines, 182 rue Saint-Honoré, 75033, Paris Cedex 01.

     

  • Le Dolmen de Saint-Nazaire

    Alerté par monsieur Hubert Chémereau du CREDIB, nous avons eu la désagréable surprise de découvrir que le site du Dolmen trilithe de Saint-Nazaire, situé près du port, au bout de la rue du Bois-Savary, avait été l’objet de passages d'une pelleteuse !

     

    Heureusement, grâce à la vigilance du groupe archéologique de Saint-Nazaire, les autorités compétentes en matière de protection des sites archéologiques et des sites historiques, ont été saisies de l’affaire.

     

    Le Dolmen trilithe du Bois-Savary, dit aussi « des Trois pierres », ou encore « du Prieuré », est une construction datant du néolithique, composée de trois pierres : deux levées, un couchée. A cette construction s’ajoute un menhir,  c'est-à-dire une pierre levée, et quelques débris subsistants de l’ensemble original l’accompagnent. Le dolmen est en fait ce qui reste d’un tumulus semblable à celui situé au lieu dit Dissignac, mais avec des volumes bien plus importants, (avec une base enterrée de 47cm,  les piliers s’élèvent à 1m90 au dessus du sol, la structure a une hauteur de 3m60 au dessus du sol, soit un total de 4m07 avec ses fondations, la table mesure 3m40 par 1m95, et a une épaisseur de 40cm . Cette structure était donc l’entrée de la tombe d’un chef celte, profanée et en partie détruite à l’époque romaine.

     

    Le Dolmen était un élément important du paysage durant l’Ancien régime. Il était compris dans le fief de L’Ile du Bois Savary ». La Déclaration de 1649, indique que le prieur du prieuré de Saint-Jean-Baptiste de Saint-Nazaire, devait, à titre de droit féodal, la nuit de Noël, déposé sur la pierre couchée une pinte de vin et un pain d’une valeur d’un sou, à destination du Baron de Marsaint, ou de ses représentants, (A.D.44, E539 - B. Guérande 42 – B. 1012 – E579).

    En 1828, le « Lycée Armoricain », publia dans le premier chapitre de son 11e volume, qu’on avait découvert sur le lieu des urnes, des monnaies d'or, d'argent, et de cuivre.

    En 1876, Gabriel de Mortillet, s’intéressa au lieu, puis René de Kerviler en 1877, qui, en 1893, il publia à son sujet :

    « Dolmen du Prieuré, dans la nouvelle ville de Saint-Nazaire. C'est un immense trilithe, de deux mètres de hauteur (1) et de 3m40 de table, avec des débris de galerie couchés en arrière. On l'a conservé intact au milieu d'une petite place, au milieu d'un square ; et Saint-Nazaire est sans doute la seule ville de France qui possède un dolmen authentique dans ses murs. M. Carro en a donné deux lithographies assez exactes dans son Voyage chez les Celtes. (Paris, Durand, 1857, in-8o) » (« Armorique et Bretagne, recueil d'études sur l'archéologie, l'histoire et la biographie bretonne, publiés de 1873 à 1882 », Tom I, p. 164.)

     En 1889 le site fut classé au titre des Monuments Historiques, pour sa valeur historique et  archéologique. Le lieu fut alors entouré d’un square fleuri et arboré.

     

    Jusqu’en 1928, le menhir se trouvait couché sur le sol, c’est Marcel Baudoin, (1860-1941), docteur en archéologie, ethnographe, et co-fondateur de la Société Préhistorique de France, qui le fit relever sur son emplacement original après étude du site. Le docteur Baudoin observa des entailles « très patinées » dans le menhir, à 0 m 60 du sommet, « délimitant une sorte de tête ». Il estima que le dolmen était en fait une statue idole.

     

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    Photographie du site par le comte Henri de Lestrange (1853-1926), au début du 20e siècle. En dehors du menir relevé, on voit clairement que les éléments aujourd'hui en place, étaient déjà ainsi situés au moment du classement par l'Etat. (source : Ministère de la Culture (France) - Médiathèque de l'architecture et du patrimoine - diffusion RMN.)

     

    Notons ici que durant l'entre deux-guerre, il y avait un gardien sur le site, qui avait aussi  «pour mission d’initier les touristes aux us et coutumes des Druides.»

     

    Durant la Seconde Guerre mondiale, l’une des pierres qui dormaient à proximité de la structure fut déplacée par l’occupant, qui s’en servit pour l’une de leurs fortifications à la Villes-Martin, (cf. F. Gueriff).

     

    « Quod non fecerunt Barbari, fecerunt Barberini » (2)

    On pourrait adapter ce célèbre commentaire à la ville de Saint-Nazaire !

     

    Toute ville a besoin de se développer et de se moderniser, mais la municipalité n’est pas au-dessus de la Loi. Le Dolmen est protégé au titre des Monuments Historiques depuis 1889, sa protection est double, car c’est aussi un site archéologique. La Municipalité, propriétaire du lieu et de la structure, n’a pas le droit d’exécuter des travaux, ou d’autoriser à exécuter, des travaux pouvant porter atteinte au Dolmen, et à son environnement dans un rayon de 500m,  (articles L.621-1 , L.621-31 et L.621-32 du code du patrimoine).

    «  Un monument n’est en effet pas un objet isolé, posé là « par hasard » et indifférent à ce qui l’entoure : il s’inscrit dans une histoire, un contexte, et entretient des relations complexes avec son environnement. » précise le ministère.

     

    La SOCIETE NAZAIRIENNE DE DEVELOPPEMENT (SONADEV), est intervenue en ce mois de décembre à la demande de la CARENE et de la Municipalité sur le site, faisant passer un bulldozer à quelques mètres du Dolmen. Ces travaux sont illégaux. Avant d’intervenir sur le site, et dans un rayon de 500m autour du site, pour des travaux d’aménagement, ou de transformation, dans les perspectives de visibilité, une demande doit-être déposée auprès de la DRAC, et faire objet d’une autorisation après inspection de la part de l’architecte en chef des monuments historiques, qui donne sa réponse « en cohérence avec la réalité du territoire et ses enjeux » et de la nature du site. Aucune demande n’a été déposée.

    Interrogé par Ouest-France vendredi 7 décembre 2012, (3), le service Habitat et aménagement urbain de la Mairie a affirmé que « l’aménageur, la Sonadev, a pris en compte les remarques et précise que le site actuel où est érigé le dolmen n’est pas son lieu d’origine. »

    L’affirmation de la part du service municipale est à la fois, un mensonge, une ânerie, et même une insulte visant les compétences des archéologues, des historiens, et de l’architecte en chef de Monuments Historiques !

    1° Le Dolmen est à sa place d’origine, et a été classé Monument Historique en 1889 et protégé à titre archéologique, pour cette raison ;

    2° La Municipalité n’a pas pouvoir de juger de la valeur historique et archéologique d’un lieu protégé par l’Etat, elle n’a pas pouvoir d’agir sur le site sans autorisation.

    3° Rejeter la faute, l'air de rien, sur la SONADEV, est lamentable, la Municipalité commanditaire des travaux, et propriétaire du site, ne peut ignorer la loi, et doit assumer ses responsabilités en la matière.

     

     

    La DRAC n’a pas été consulté préalablement. La Municipalité a commis une faute, c’est même devenu un délit depuis le passage des pelleteuses. Maintenant elle prêche le faux pour ne pas reconnaitre son erreur.

     

     

    (1)   Kerviler cause ici de la hauteur sous l’arche.

    (2)   « Ce que n'ont pas fait les barbares, les Barberini l'ont fait ». Cette phrase est un commentaire au sujet de ce qu’Urbain VIII avait fait au Panthéon en arrachant les bronzes antiques de sa toiture.

    (3)  http://www.ouest-france.fr/actu/actuLocale_-Le-dolmen-du-square-est-il-une-piece-rapportee-_40829-2141556------44184-aud_actu.Htm 

  • La Ville de Saint-Nazaire sous l'Ancien Régime

    A l'époque médiévale, Saint-Nazaire, malgré ses dimensions réduites, avait le statut de ville, c'était donc une agglomération fortifiée, siège d'une paroisse. Les fortifications constituaient, côtés fleuve et océan, en un ensemble de murs en pierre et un fortin, celui-ci initialement situé à l'emplacement de l'esplanade devant le Vieux-Môle, puis à partir de 1756, à l'emplacement de l'entrée de la cour de l'usine élévatoire,  du côté du continental, les murs étaient en fait des palissades et des fossés que le sable envahissait, et que les tempêtes maritimes détruisaient régulièrement, cette partie du bourg, relevant de l'autorité de la baronnie de Marsain, souffrait régulièrement, et au début du 18e siècle, maisons et four banal avaient été abandonnés par les habitants. Cet ensemble formait le " château de Saint-Nazaire ", cette expression désigne l'ouvrage fortifier dans son ensemble, le logis seigneurial, (surnommé '' château Brutus'' ou '' château-forteresse ''), propriété des vicomtes de Saint-Nazaire. Ce logis était qui avait souffert de la guerre de Cent Ans, était ruiné en 1584, et presque réduit à rien en 1660 quand Jean de Carné achète la vicomté. Durant les décennies précédentes, la vicomté était en partage entre deux familles qui ne s'accordaient pas pour l'entretien du logis et de sa chapelle, aussi avaient-ils laissé la jouissance du lieu et des pierres pour l'édification d'une nouvelle église, l'église originelle, située sur le sommet de l'éperon rocheux, étant trop souvent victime des tempêtes, (au 19e siècle elle sera appelée " Notre-Dame d’Espérance "). La chapelle seigneuriale fut intégrée à la nouvelle construction, sous le nom de " chapelle du Rosaire ", et servit de caveau à la famille de Carné. Au-delà des fortifications, était le moulin de Saint-Nazaire, et plus loin le village de la Ville-Etable. Arrêtons-nous un instant sur un autre terme de vocabulaire propre à l'ancien régime : le mot village, récurant pour désigné des groupes de maisons sur le territoire de la paroisse de Saint-Nazaire, tant sur les cartes, que dans les aveux et dénombrements, désigne ce que nous appelons aujourd'hui un hameau. Ces villages n'étaient constitués en majorité que de trois à cinq maisons, pour la plupart habitées par une même famille, car nés du partage d'une ferme.

     

    Le plan que nous reproduisons, dit " plan Goinard ", du nom de l'homme qui l'a découvert aux archives de Vannes au-cours des années 1980, date du début du 18e siècle. Le bourg de Saint-Nazaire n'a pas encore subi les transformations opérées à la demande du duc d'Aiguillon pour le renfort des côtes du duché face aux intrusions anglaises. On distingue que les îlots urbains sont désignés comme des fiefs dépendants de seigneuries de la paroisse. En effet, cela était une situation commune à toutes les villes, étaient ainsi découpées en fiefs, ou en seigneuries pour les villes les plus importantes. La Ville de Saint Nazaire était part  de la Vicomté, mais certaines de ses maisons dépendaient des seigneuries inféodées composant la Paroisse. Cela ne signifiait pas pour autant que les maisons étaient toutes propriétés d'un seigneur, loin s'en faut, mais simplement qu'elles dépendaient de l'autorité seigneuriale, de ses impôts, et qu'en cas de litige c'était le bailli de la seigneurie dont dépendait la maison qui intervenait, ou en cas d'absence d'héritier de la maison, celle-ci revenait au seigneur dont elle dépendait. En observant le plan, on s'aperçoit que la majorité des maisons dépendaient de la Vicomté, ou de la baronnie de Marcein, un îlots, près de l'église dépendait de la seigneurie d'Heinleix et une minorité relevant de seigneurs inférieurs; On sait par exemple, qu'une maison à étages et un cabaret situés dans la Grand'rue, relevaient de la seigneurie des Boixières,  (A.D.44, E 572). 

     

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    (cliquer pour voir en grand)

     

    Ce plan nous permet aussi de constater que malgré la disparition de la résidence seigneuriale des vicomtes au profit d'une nouvelle église, l'espace reste celui de l'autorité : l'auditoire où se réunit le conseil de la paroisse, la prison dite " ancien état ", le bâtiment des archives et registre ou siège le bailli dit " maison constancieuse ".

    Plan M. Goinard in Vieux saint-Nazaire Gueriff.jpg

     

    L'urbanisation du rocher était compliquée, les parcelles étaient étroites, et les bâtiments d'une même habitation se trouvaient en majorité sur plusieurs niveaux de sol. Les maisons du bourg étaient toutes en pierres, mais les toitures et l'existence d'étages variaient en fonction de la fortune des propriétaires ; avant la révolution industrielle du Second Empire, les classes sociales se mélangeaient, côte à côte se trouvaient des demeures bourgeoises, ou des demeures d'artisans qui pouvaient n'être que de simples masures, cette situation perdura jusqu'à la Première Guerre mondiale, la maison où naquit le sculpteur Alfred Caravanniez tenait ainsi de la cave et de la grange, la maison du sénéchal Galliot de Cran, construite comme un hôtel particulier, était moyenne de petites échoppes surmontées d'un grenier, et les maisons des capitaines et des pilotes avaient des allures de manoirs faisant face à la mer, avec leurs tourelles contenant les escaliers qui déversaient les étages. Le bourg comprenait plusieurs cabarets, de nombreuses échoppes, et deux foires commerciales s'y tenaient par an.  L'alimentation en eau laissait à désirer, les points d'eau étaient saumâtres, et il fallait faire venir l'eau potable depuis les terres. 

     

    En 1789, la Ville en ses murs comprenait 200 maisons majoritairement couvertes de chaume, où logeaient 900 individus.

     

    saint-nazaire-autrefois,vieille ville,le bourg 

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    Dans une lettre du 13 février 1792, le lieutenant Besson, en fait le descriptif suivant :

     

    " Saint-Nazaire, ville dévote ; des femmes à plein l'église et des hommes à genoux jusque dans la rue. Des Bonnes Vierges au dessus des portes ; à certains jours, des cierges qu'on allume, et des neuvaines qu'on fait au vent, à la pluie, n'étant arrêté par rien. Il y a force de matelot dans le pays. Quand ils partent, ils font des vœux, ou ce sont leurs femmes qui en font pour eux ; des vœux aussi quand il y a tempête, si bien qu'au retour on prie, on accroche des drapeaux, des avirons, des rames aux piliers de la nef, et tout cela produit de bonnes sommes au curé et à deux prêtres qui le secondent. La Révolution à un peu troublé ces pratiques ; on se divise.

    Il y a des incrédules ; mais e grand nombre va toujours, prie toujours, craint et paye toujours, ce qui met le pasteur – car il ne faut rien celer – à même de secourir bien des familles pauvres, que sans lui, on verrait sans pain.

     

    Du bien et du mal : partout ainsi... " (1)

     

    Dans son " Précis historique du vieux Saint-Nazaire ", publié en 1907, G. Le Barbier de Pradun, décrit ainsi la ville historique : " la rue Neuve, sans aucune uniformité, la rue neuve se déroule tortueuse et inégale. Ses habitations présentent ce caractère particulier qui succède à le Renaissance. Le coup d'oeil est assez disparate. En certains endroits, l'air se trouve comme comprimé, par les frondaisons qui surplombent la chaussée. Du côté de l'eau, elle prend un aspect différent, la perspective varie comme un décor d'opéra ; on y dirait un superbe kaléidoscope. Les vestiges d'une ancienne gentilhommière frappe les regards ; malheureusement celle-ci se trouve dépourvue de sa tour poivrière, qui reconstituait son véritable cachet. Ce point culminant ne rappelle-t-il pas l'antique veilleur sur son donjon féodal. Des poutres massives, de larges escalier, prouvait jadis la solidité de ces constructions. On y découvrait ces cheminées monumentales, où le bon rôt de nos aïeux cuisait à point devant une flamme pétillante, qui réchauffait de on ardente haleine la maisonnée toute entière. Quel panorama admirable l'on devait embraser de ces merveilleux observatoire hélas disparu.[...] La rue Vieille Eglise, à laquelle nous communiquons par une ruelle à l'extrémité de la rue Neuve, est très curieuse. En remontant vers le nord, des murailles aux fenêtres  dissimulées par des pierres indiquent des traces d'habitations. Elle aboutit de ce côté à la Grand Rue, par la ruelle Ordronneau ; un escalier de trois marches donne accès à cet étroit passage. Le Souvenir d'une vieille demoiselle, qui enseignait le catéchisme aux enfants, à sauvé ce nom de l'oubli. Au sud, dans la rue Vieille Eglise précitée, quelques constructions paraissent remonter au XVIIIe, et au commencement du XIXe siècle. Elle rejoint également la rue précédente. La Grand rue revient ensuite sous un autre aspect, et selon les besoins d'un âge nouveau. De véritables transformations se sont accomplies/ Trois maisons à pignon ogival, aux portes à plein cintre, aux fenêtres légèrement  moulurées, méritent une attention spéciale. De fortes voûtes inférieures, donnent accès à des caves entaillées dans le roc. L'un de ses immeubles porte en saillie, une gargouille vigoureusement charpentée. La gendarmerie, eu plus tard son siège dans cette rue, le bâtiment affecté à ce service public, servit successivement de maison d'école et de douanes. Il y a une trentaine d'années, à la suite de réparations, un cercueil fut découvert sous la porte de la maison Audibert. Ce fait aurait eu des précédent, parait-il. Suivant une expression assez naïve de nos aînés, " les derrières" de la localité, formaient un enchevêtrement de venelles très étroites, qui se soudaient aux points principaux. Les ruelles Tartoué, Robert, Kergorre, Aumond, Ordronneau, donnent une idée de cette profusion. En descendant vers le sud, on tombait sur le Trait de la Source, qui formait la séparation entre la rue des Sables et la Grand Rue. Celui-ci subdivisait en deux parties, dont l'une aboutissait à la plage, et l'autre remontait vers le nord-est, prenait la dénomination de Trait de La Genestais. La veille Mairie était à La Source."

     

    Saint-Nazaire, une ville bretonne, comme toutes les autres... 

     

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    1) Lettre rédigée à Savenay. Cf. " le patriote Bournonville ", de Gustave Bord ; et " Lettres, mémoires et documents publiés avec des notes sur la formation, le personnel, l'esprit du 1er bataillon français des Volontaires de Maine-et-Loire et sur sa marche à travers la crise de la Révolution Française ", Par Grillet, Ed. Amyot, 1850.

  • Saint-Nazaire, les chantiers vu par François Kollar

    Photographies des chantiers de Saint-Nazaire, par François Kollar,  prises durant les années 1931 à 1935, (Crédit photo : Donation François Kollar, Ministère de la Culture, Médiathèque de l'architecture et du patrimoine)

     

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    1931, construction d'un paquebot ; descente le long du flanc de la coque

     

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    1931, rivetage des tôles d'un pont du " Normandie " aux chantiers et ateliers de Penhoët

     

     

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    1931, construction du " Normandie ", structures intérieures de la coque

     

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    1931, construction du " Normandie "

     

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    1932, sortie des ouvriers au chantier de Penhoët

     

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    1932, le " Normandie "

     

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    1932, le " Normandie "

     

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     29 octobre 1932, lancement du " Normandie "

     

     

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    29 octobre 1932, lancement du " Normandie "

     

     

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    29 octobre 1932, lancement du " Normandie "

     

     

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    29 octobre 1932, lancement du " Normandie "

     

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    1933, le " Normandie "

     

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    1933, Le " Normandie "

     

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    1933, le " Normandie "

     

     

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    1933, Le " Normandie "

     

     

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     1934, construction du " Ville d'Alger "

     

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    1934, le " Normandie "

     

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    1934, Le " Normandie "

     

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    1934, le " Normandie " 

     

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     1934, le " Normandie "

     

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    1935, le " Normandie ", réalisation des décors

     

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    1935, le " Normandie ", canots

     

     

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    1935, le " Normandie ", canots

     

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    1935, pont du " Normandie "

     

     

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    1935, le " Normandie ", essai des machines

     

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    Saint-Nazaire, 5 mai 1935, les acteurs Gaby Morlay et Victor Boucher se promenant à bord du " Normandie "

     

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    Saint-Nazaire, 5 mai 1935, les acteurs Gaby Morlay et Victor Boucher dans un salon du " Normandie "

     

  • L'ancienne Gare

    Après bien des années d’abandon, et plusieurs années de travaux successifs, le site de l’ancienne gare de Saint-Nazaire a été totalement réhabilité, et la municipalité a fait bâtir, à l’emplacement de l’aile rasée, un théâtre. 

     

    Cette gare fut achevée en 1866, elle avait été voulue par l’Etat en remplacement de la gare provisoire qui était en bois, et qui était provisoire depuis 1857 ! La gare provisoire se trouvait près de l’actuel rond-point de l’Europe, elle fut remplacée par la petite « Gare du Morbihan », d’où les trains partaient jusqu’à Vannes, (bâtiment subsistant en 2012 et abritant des bureaux du Service Maritime Navigation 44/49).

     

    L’implantation des voies de chemin de fer, et des gares, relevait de plans décidés par l’Etat, sur plans des Ponts et Chaussées, on ne consulta donc pas la municipalité, le Conseil municipal s’en plaignit durant la séance du 26 mai 1867, les Nazairiens espéraient des voies d’accès supplémentaires, mais le choix de l’implantation de la gare était logique, il devait permettre un accès plus rapide à la gare maritime.

     

    Les illustrations suivantes, dues à J. Leroy pour le compte des Ponts et Chaussées, montre le bâtiment en cours d'achèvement, (sources Gallica.bnf.fr)

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    La Gare des Voyageurs, dites aussi Gare de Paris-Orléans-Ouest, du nom de la Compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans (PO) qui en avait l'attribution (1), était une gare de dimension moyenne, mais disposant d'une architecture soignée, inspirée de celle de la gare du Nord à Paris. A l'origine on n'y entrait pas par le centre de sa façade, mais par les côtés. Ce qui explique pourquoi, le nombre des arches au centre de la façade sont en nombre pair de six, et non impaire, comme toute gare dont l'entrée est centrale. Ces arches étaient en premier lieu des fenêtres devant lesquelles était une sorte de jardinet protégé par une grille. L'architecte s'efforça cependant de rattraper l'aspect en incorporant au centre de la façade une horloge, dont le cadran était placé dans une lucarne, encadrée de deux statues copiées sur '' L'aube et le crépuscule " de Michel Ange, qui ornent le monument funéraire de Julien de Médicis, duc de Nemours, à Florence. 

     

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    Le pavillon Ouest abritait le buffet de la gare, l'Est la billetterie

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    On accédait trois voix sous la verrière, disposées deux et une, avec un quai ''central'', deux autres étaient accessibles à l'extérieur par une galerie en prolongement de la gare, surmontée d’un auvent en acier riveté :

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    L’intérieur de la gare fut alors modifié :

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    La gare était contiguë à la gare de Tramway en provenance de La Roche-Bernard, à droite au premier plan de cette carte postale :

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    On remarque que les motrices des tramways n'étaient alors pas très différentes des locomotives des trains.

     

    En 1925 la compagnie P.O. a qui appartenait la gare, fut sollicité par la Chambre de Commerce pour modifier la façade afin de fluidifier les entrées et sorties de la nef. Les travaux de modification n'eurent lieu qu'à la suite de l'accident du 9 octobre 1927, durant lequel deux wagons passèrent au travers de la façade après que l'expresse de Paris dont les freins avaient lâché les ait percuté, on décida de constituer l'entrer par le centre de la façade, et on ajouta un perron à la place du jardinet et de ses grilles. Au début des années 1930, une marquise vient couvrir ce perron.

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    Accident du 9 octobre 1927, photographie de monsieur Rebins, photographe tenancier de l'atelier Express-Photo, parue dans le Courrier de Saint-Nazaire du 15 octobre 1927

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    A la suite des bombardements, la gare était réparable, l'arrière avait été endommagé, les vitres soufflées, une partie des toitures incendiées, mais elle servit encore, car c'est par elle qu'arriva le Général de Gaulle le 23 juillet 1945.

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    Arrière de la gare à la libération

     

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    Le général de Gaulle devant la gare, (coll. éco-musée de Saint-Nazaire)

     

    Cependant, dans le projet de reconstruction de la ville et du port sous les directives du gouvernement, a fait déplacer le centre-ville à son emplacement actuel, le port devait se développer, entrainant la disparition prévue de tout ce qui était entre le bassin et la rue Henri Gautier, le quartier de Penhoët, portant épargné par les bombardements, aurait lui-même du disparaître au profit d'un nouveau bassin et de cales.

     

    La gare fut utilisée jusqu'à la construction de la nouvelle, inaugurée le 9 octobre 1955. Propriété de la SNCF depuis 1937, celle-ci la vendit en octobre 1972 au Grand Port, qui décida sa destruction pour 1973, mais cela souleva tant de protestations que l'ont conserva ce qu'il en restait.. Elle fut finalement transformée en dépôt de bus, ce qui entraîna la destruction de la verrière, et d'une aile, l'horloge et les deux statues étaient destinées à la pioche, l'architecte nazairien Claude Dommée, (1902-1985), acheta l'ensemble pour sauvetage. Le poids de la l'œuvre, de presque 7 tonnes, le décida à la placée dans son jardin. Sa veuve en fit don à la ville avant son décès. En partie rachetée par la Ville, l'aile Est devient en 1988 une pépinière d'entreprises. L'acquisition du reste du site se fit vers 2006. Une rangée d'arcades de l'aile Ouest resta longtemps au milieu du parking de bus, elle s'éroda durant des décennies, tombant par portion. Il restait trois des arcades au moment de la construction du théâtre, elles devaient être incorporées au projet, mais elles s'effondrèrent dès le début des travaux.

     

    Avec son regard de 2012, le lecteur se demande pourquoi on a laissé détruire ce bâtiment ? Comme nous l'avons expliqué, le développement du port devait entraîner sa disparition complète, c'est donc un miracle qu'il en reste quelque chose, ensuite, après la guerre, ce bâtiment était perçu comme peu ancien, démodé, fortement endommagé, peu pratique aussi, car les trains devaient se rendre dans un cul-de-sac, et revenir en arrière pour se rendre en suite en direction du Croisic. On avait alors envie d'une ville moderne et lumineuse, nombre de propriétaires ont laissé raser leur maison pourtant encore debout, pour en avoir une neuve, et laisser la municipalité élargir les rues.  Il nous est facile de juger après coup, et nombres idéalisent l'ancien Saint-Nazaire, qui loin d'être un paradis, était un amalgame de bâtiments hétéroclites, avec des égouts insuffisants, et l'absence d'eau courante dans les immeubles où s'entassaient autour de cours sombres et non aérées, les ouvriers, ce que les jolies cartes postales mises en scène par les photographes, car s'étaient toujours des mises en scène, ne révèlent pas. La période de la reconstruction était une euphorie moderniste et hygiéniste accessible pour tous, et raser les restes de la ville, avec la volonté d'oublier un passé trop douloureux. On peut ainsi se perdre en de longues et sinueuses digressions sur les biens faits et les méfaits de la modernisation de la ville, mais à l'heure, où les Nazairiens ne sont pas capables de s'organiser pour défendre le peu de patrimoine historique qu'il leur reste, et ne trouve à protester qu'une fois que les bulldozers de la municipalité sont passés, que le lecteur nous pardonne cette '' révélation '', mais de l'extérieur, cela nous fait tous passer pour des idiots aux yeux des communes avoisinantes. L'état actuel de l'ancienne gare, ainsi transformée, est relativement bien réussi, même si la réduction des ouvertures des pavillons est ridicule et inesthétique, nous estimons que pour une fois, la municipalité a réalisé un projet satisfaisant pour l'instant, mais qui n'absout pas l'actuel maire des méfaits récurrents de sa politique au niveau patrimonial.  

     

    (1) Cette compagnie avait aussi des lignes en direction de l'Aquitaine, de l'Auvergne, de la Normandie, de l'Aunis, etc.

  • Les douches de Penhoët

    Les douches publiques de Penhoët se trouvent à l'angle des rues de Trignac et Victor Marre, à coté des halles. C'est suite à un projet hygiéniste, entrepris par la municipalité en 1912, que les travaux de construction débutèrent en 1914, hélas, la Première-Guerre-mondiale, l'absence de manœuvre et de capitaux, firent que le bâtiment ne fut achevé qu'en 1923. A une époque où Penhoët était le cœur ouvrier de Saint-Nazaire, et où l'eau courante n'était pas dans toutes les maisons, l'établissement municipal avait un rendement de 200 à 300 douches par semaine ! 

     

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    D'après une carte postale des années 60', les grilles et murets ont depuis disparu... 

     

    Le bâtiment fut reproduit comme symbole du quartier sur des enveloppes prétimbrées éditées par le bureau de poste Penhoët en 2005.

     

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    d'après une enveloppe "pret-à-poster" de 2005...

     

     

    Il reste peu de bâtiments de douches municipales sur le territoire français, celui de Penhoët a une architecture agréable, il est parfaitement intégré dans le paysage urbain du quartier, il est aussi le témoignage vivant de la société ouvrière du 20e siècle. 


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    les douches de Penhoët durant l'hiver 2009, photo Odoevsky Maslov.

     

     

     
  • Le château de Saint-Marc

    Le château de Saint-Marc-sur-mer, dit aussi château Lourmand, se nommait à l'origine château du Crépelet. Le nom de Crépelet est en fait le nom véritable du village de Saint-Marc, qui ne prit qu'à la fin du 19e siècle le nom du saint à qui la chapelle du bourg était dédiée. Il n'existait rien à l'emplacement du château si non quelques vignes, quand le terrain fut acquis par Henri-Joseph Lourmand, industriel nantais associé à Henri-Charles-René Serpette (1), et Édouard Lorois, dans la savonnerie " SERPETTE-LOURMAND-LOROIS ".

     

    Construite sur caves, avec un rez-de-jardin, un étage noble, et un second étage sous combles à lucarnes de façade en pierre et lucarnes de plomb, la demeure est constituée d'un corps rectangulaire simple en profondeur, encadré à l'Ouest de deux pavillons carrés accolés sous deux toitures carrées et très pointues, à l'Est d'un grand pavillon rectangulaire dominant la baie, surmonté d'un très haut comble qui se fini en terrasse belvédère muni d'un garde-corps en fer forgé. La longueur totale est de quatre travées, à laquelle a été ajouté un pavillon sans étage d'un travée, abritant la cuisine. La disposition des pièces est : au rez-de-jardin, une galerie entrée dans le corps central, déversant les pavillons de bout, et une vaste salle à manger qui occupe toute la longueur du corps, le pavillon Est abrite un  grand salon, les pavillons Ouest un petit salon coté océan, et une office côté parc, au centre de ces pavillons se situe l'escalier. Le premier étage comporte quatre très grandes chambres. Les murs sont enduits et appareillés aux angles, les ouvertures moulurées. L'ensemble est situé sur une falaise qui domine la plage et la baie de Saint-Marc, dans un parc clos de murs. 

     

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    La famille Lourmand :

     

     

    I° Henri-Joseph Lourmand, (Nantes 31 décembre 1818 - Niort 18 février 1885), marié le 18 octobre 1853 à Angers, avec Lucile-Marie Lechalas, (Angers 23 octobre 1832 – Nantes 27 janvier 1933), fille de Médéric Lechalas, et de Joséphine Tharreau, d'où : 

    1° Marie-Amélie (Nantes 26 juin 1854 – Nantes 9 mai 1932), mariée le 19 juin 1875, à Nantes, avec Gaston-Amédée Thubé, (voyez ci-après) ; 

    2° Marguerite-Marie (Nantes 29 novembre 1855 - Nantes 20 octobre 1938), mariée : 1er le 21 septembre 1875, à Nantes, avec Henri-Marie Couëtou, (27 mai 1849, docteur en – Dax 23 avril 1878), droit, avocat à la Cour d'appel de Paris, puis à Nantes, candidat légitimiste aux élections législatives de Saint-Nazaire en février 1876 ; 2e Victor-Amédée-Marie Sécheras, (Vannes 12 janvier 1837 - Nantes 2 novembre 1908), chef de bataillon ;

    3° Henri, (Nantes 15 mai 1860 - ??).

     

     C'est dans le salon de cette demeure que Lucile-Marie Lourmand, née Lechalas, fêta ses cent-ans, l'après-midi du 24 octobre 1932, en rpésence des Sécheras, Thubé et Couëtoux. Une messe fut célébrée dans cette pièce le matin -même par son petit-fils l'abbé Joseph Thubé. A la mort en janvier 1933 de la vénérable dame,  la propriété passa à son petit fils Gaston Thubé.

     

     

    La famille Thubé :

     

     

    I° Gaston-Amédée Thubé, (Nantes 25 février 1851 - Nantes 29 septembre 1936), substitut de Châteaubriant le 21 décembre 1874, substitut de Saint-Brieuc le 18 novembre 1876, procureur de Guingamp le 29 mars 1879, substitut du procureur général de Rennes le 30 juin 1880, marié le 19 juin 1875, à Nantes, avec Marie-Amélie (Nantes 26 juin 1854 – Nantes 9 mai 1932), d'où :

    1° Gaston-Marie, qui suit ;

    2° Henri (Saint-Brieuc 10 avril 1878 - Paris 1er mars 1943), marié le 8 mars 1913 avec Amélie Paigis, fille de Jean Paigis et d'Amélie Le Normand, d'où postérité ;

    3° Joseph-Jean, (Nantes 13 décembre 1881 - Nantes 8 août 1942), prêtre ;

    4° Jacques-Marie, (Chantenay sur Loire 20 juin 1883 – Nantes 14 mai 1969), yachtman, champion olympique en 1912 à Stockholm, avec ses frères Gaston et Amédée ; marié le 16 septembre 1920, à Azay le Rideau, avec Marguerite-Berthe Pavy, fille d'Hubert Pavy et de Marie-Thérèse Vexier, d'où postérité ;

    5° Amédée-Georges-Marie, (Chantenay sur Loire 8 février 1885 - Paris 26 janvier 1941),yachtman, il participa avec ses frères Gaston et Henri, aux Jeux olympiques de Stockolm en 1912, en tant qu'équipier d'avant, à bord du " Mac-Miche ", dans la série des 6 mètres, où il remporta la médaille d'or ; marié en 1918, Saint-Marc sur Mer, avec Marguerite-Nazli Denaut, fille d'Horace-Louis-Auguste Denaut, officier de la Légion d'Honneur, d'Emma Bojano, d'où postérité ;

    6° Marc, (Saint-Nazaire 4 juillet 1886 - Sézanne 11 mars 1918), mort pour la France ;

    7° Marie-Amélie, (Nantes 19 avril 1889 - Paris 26 août 1977), mariée le 1er le 11 janvier 1911 à Nantes, avec René Bolloré, (Ergué-Gabéric 28 janvier 1885 - Paris 16 janvier 1935), industriel, (papeteries OCB) ; (veuve elle se remaria). 

     

    II° Gaston-Marie Thubé, (Chateaubriant 16 juin 1876 - Paris 22 février 1974), docteur en droit, industriel, juge au Tribunal de commerce, consul de Belgique à Nantes, il participa en 1912, avec ses frères Jacques et Amédée, aux jeux olympiques de Stockholm en tant skipper à bord du " Mac-Miche ", dans la série des 6 mètres, et remportèrent la médaille d'or ; il gagna aussi de nombreuses régates, dont le championnat de France en 1913 à Arcachon, son bateau, le Saint-Jean, construit en 1939 par l'architecte naval Talma Bertrand, mouillait dans la baie de Saint-Marc(3) ; marié le 16 octobre 1900, à Nantes, avec Madeleine Goullin,(1879-1980), fille de Gustave Goullin, et de Célestine Flornoy, sans postérité, il légat le château à son petit-neveu l'industriel Didier Pineau-Valencienne.

     

     

    Durant la Seconde-guerre-mondiale, le château fut occupé par l'état-major de la Vème brigade de Flak de Marine, en charge de la défense antiaérienne de Saint-Nazaire. Celle-ci édifia à proximité un vaste complexe fortifié doté d'une tour, la Flakturm Nz 304,qui servait de centre opérationnel pour le PC. 

     

    A l'été 1951, Gaston Thubé prêtât à Jacques Tati le tennis du château pour une scène du film " Les vacances de Monsieur Hulot ", tourné à Saint-Marc (3) et sorti en 1953.

     

     

    Monsieur Pineau-Valencienne vendit finalement la demeure en 1983 à Charles Goignard, entrepreneur en bâtiments, qui en fait sa résidence principale et entreprit de grandes rénovations. A son décès, la propriété fut acquise par monsieur Christian Seyres, son actuel propriétaire (3). 

     

     

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    vers 1960

     

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    La gloriette du parc vers 1860

     

    (1) Fils de l'un des fondateurs de l'entreprise qui fit construire la villa " La Malouine " à Pornic.

    (2) Ce bateau navigue toujours et est classé monument historique depuis 2005.

    (3) Renseignements provenant du site du château de Saint-Marc-sur-mer, disponible à la location pour des événementiels, et gîte. ( http://www.chateau-saint-marc.com/ )

  • Méan, chantiers et patrimoine

    Méan fut au 19e siècle un haut lieu de la construction navale, c'est en ce bourg de Saint-Nazaire, encore préservé, sur les rives du Brivet, que naquit ce qui sera la fortune de Saint-Nazaire. Nombre de maisons sont encore présentes pour nous compter cette histoire, qu'elles soient demeures de marins, de capitaine au long cours, ou d'armateur.

     

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    Plan des chantiers de Méan dressé par Charles Beilvaire. On y construisait des chaloupes brièronnes jaugeant 20 tonneaux.

     

    Le chantier Loumeau :

     

    Le chantier Loumeau fut fondé vers 1810 par Emile Loumeau, fils d'un charpentier de la marine marchande. Il forma ses fils à la construction navale, mais aussi les fils de la sœur de sa femme, dont l'un deviendra son beau-fils, et reprendra le chantier à la mort de son cousin, le réunissant au sien.

    Le chantier naval Loumeau se situait sur la partie sud du quai de Méan, on y fabriquait des bricks, des goélettes, et des lougres. Le bois était cintré en étuve, une grande cheminée dominait la rive.

    Durant une courte période, il y eut un chantier " Lourmeau fils ", dont le seul navire connu est un brick baptisé " Prohète Elie ", qui s'échoua rapidement sur le banc des Morées.

     

    Extrait de la généalogie Loumeau :

     

    I° Emile-Marie-Joseph Loumeau, (Montoir-de-Bretagne 26 avril 1783 - Méan 29 janvier 1842), marin, puis constructeur de navires à Méan, marié le 9 mai 1815, à Montoir-de-Bretagne, avec Reine Labour, fille de Charles Labour, et de Marie Macé, d'où :

    1. Michel-Émile, (Méan 2 août 1816 - Méan 3 août 1853) charpentier de port, constructeur de navires à la suite de son père, il semble qu'il fut marié, ou du moins il vécut en concubinage, il n'eut cependant aucun héritier, à sa mort, le chantier Lourmeau fut acquis par son beau-frère et cousin germain Émile-Fidel Ollivaud ;

    2. Louise-Éléonore, (Méan 6 juillet 1818 - Méan 22 mai 1857) ;

    3. Louis-Marie, (Méan 15 août 1820 - Méan 18 octobre 1846), maître au cabotage ;

    4. Gustave, Méan 10 décembre 1822 - Méan 4 avril 1824) ;

    5. Marie-Anne, née à Méan le 20 janvier 1825, mariée le 18 juillet 1854, à Montoir-de-Bretagne, avec Émile-Fidel Ollivaud, son cousin germain ;

    6. Jean-Jules, Méan 28 octobre 1827 - en mer 7 mars 1851), marin ;

    7. Joseph-Marie, (Méan 5 février 1829, capitaine au long cours, époux d'Émilie-Julie-Honorine Loumeau, d'où une fille ;

    8. Gustave, né à Méan le 27 novembre 1830 ;

    9. Pierre-Marie, né à Méan le 3 septembre 1832 ; 10. Reine, née à Méan le 27 avril 1834.

     

    Le chantier Ollivaud :

     

    Le chantier Ollivaud fut fondé par Émile-Fidèle Ollivaud, neveu par alliance et beau-fils d'Emile Loumeau, il se situait à côté du chantier Loumeau, sur le quai de Méan, en remontant le Brivet, auquel il fut réuni à la mort de Michel-Émile Loumeau. Émile-Fidèle Ollivaud fut formé par son oncle, il compléta sa formation durant son service militaire accompli dans la marine. Ce chantier était le plus grand de Méan ; il disposait en aval du pont de trois cales de construction et une cale de carénage. Comme le chantier naval Loumeau, on y fabriquait des bricks, jaugeant 250 à 300 tonneaux, 28 à 30 m de long, sur 6,50 de large, des goélettes, et des lougres, jaugeant 90 à 120 tonneaux, 18 à 22 m de long sur 5,50 de large. Lancés dans le Brivet, les navires, du fait de la faible largeur du cours d'eau, rebondissaient mollement contre la rive opposée. Ils étaient ensuite remorqué jusqu'à Nantes pour recevoir l'armement et les mâtures. Concurrencé par la construction navale de fer, et les chantiers Scott, ce chantier ferma en 1888, son dernier lancement fut celui de la goélette " Guillaume Tell " en 1884.

     

     

    mean, chantiers, ollveau

    Le chantier Ollivaud, (avec la maison au haut à droite), dessin de Charles Beilvaire.

     

    I° Jean-Julien Ollivaud, (village de Trembly à Montoire (1) 3 juillet 1784 - village de Certé à Montoire (2) 16 septembre 1861), laboureur, marié le 12 octobre 1812, à Montoire-de-Bretagne, avec Anne-Françoise Labour, ( village de Certé à Montoire 31 janvier 1788 -  village de Certé à Montoire 6 janvier 1867), fille de labeur à son mariage, fille de Charles Labour, et de Marie Macé, d'où : 

    1. Etienne, (Certé 16 novembre 1813 - Trembly 3 juin 1814) ;

    2. Désiré, (Trembly  5 décembre 1814 – Saint-Denis-de-La-Réunion 25 août 1863) maître au cabotage, marié le 3 octobre 1843, à Montoir-de-Bretagne, avec sa cousine germaine, Louise-Éléonore Loumeau, fille d'Emile-Marie-Joseph Loumeau, constructeur de navires, et de Reine Labour, d'où postérité ;

    3. Isidore, né le 16 mars 1817, marin ;

    4. Anne-Françoise, née le 10 septembre 1820, cultivatrice, mariée le 27 août 1851, à Montoir-de-Bretagne, avec Etienne Labour, son oncle maternel ;

    5. Émile-Fidel, qui suit ;

    6. Pierre, (Certé 25 mai 1827 -  Certé 23 juin 1890), charpentier de navire, il fonda un chantier au village de Rozé où il construisait des chalands et des chaloupes ; marié le 21 janvier 1852, à Montoir-de-Bretagne, avec Joséphine Lemay, née le 27 septembre 1828, fille de François Lemay, et de Marguerite Macé, d'où postérité.

    II° Émile-Fidel Ollivaud, né le 23 mars 1824 à Certé, constructeur naval, nommé, par le préfet, conseiller municipal de Saint-Nazaire le 17 avril 1871 au 6 juin 1871 ; marié le 18 juillet 1854,  à Montoir-de-Bretagne, avec Marie Anne Loumeau, sa cousine germaine, 

    1. Gustave, né à Méan le 30 juin 1855, décédé en mars 1936 ;

    2. Corine-Marie, née à Méan le 7 août 1856, épouse de Jean-Honoré-Mari-Arsène Leroux, notaire à Montoir-de-Bretagne ;

    3. Raoul, né à Méan le 7 mars 1858, époux d'Emilienne-Fanny-Marie Loumeau, d'où :

    3.A Emile-Michel-Marie, (Saint-Nazaire 12 août 1895 - 25 mars 1916 de ses blessures à l'Hôpital de La Fléche) capitaine au 411e régiment d'infanterie, chevalier de la Légion d'Honneur à titre posthume.

     

    Émile-Fidel Ollivaud fit construire une demeure rue de Trignac, à proximité de la rue baptisée en son honneur, pour abrité le siège sociale son entreprise et sa salle à tracée, dans laquelle Gustave Ollivaud s'établit quand son frère Raoul et lui arrêtèrent la construction navale pour se tourner vers el commerce du bois. Leur commerce se développa grâce à leur sens des affaires, mais aussi au fait de Raoul était à la Chambre de Commerce, et Gustave au Conseil municipal comme représentant de la section de Méan, ce qui leur permettait de connaitre à l'avance les offres et les chantiers, (cf. sa nécrologie très atypique dans Le Courrier de Saint-Nazaire du 7 mars 1936). Durant l'entre-deux-guerres Gustave participa régulièrement au journal le Courrier de Saint-Nazaire avec des billets d'humeurs où des souvenirs historiques signé " Un catholique méanais", ou " Un vieux méanais", mai aussi " Un Vieux " et " Un Vieux Bougon ".  En 1960, sa maison était en mauvais été et inhabité (3), elle a depuis disparu.

     

    Le chantier Mahé :

    Il s'étendait sur les deux rives du Brivet, en amont du pont ; sa cale principale était sur la rive gauche. En aval du pont, un ancien chasse-marée monté sur la rive servait de magasin. On y construisait des chaloupes brièronnes jaugeant 20 tonneaux. Il ferma en 1873.

     

    Le chantier Lamort :

    Situé à l’emplacement du feu du port, on y construisait de petits trois mats, des Lougres, des Slopp-pilotes. Il fut fermé en 1875.

     

     

    forge.jpg La flotte issue de Méan comprenait quatre-vingt-huit navires, jaugeant jusqu'à 600 tonneaux. Son port était doté d'une tourelle construite en 1843, mais qui ne fut doté d'un éclairage qu'en 1871. Il y avait aussi un maître de port qui dirigeait le mouvement des navirs, et une Recette des Douanes. Près de deux-cents ouvriers étaient employés en 1880. 

    Associée aux chantiers, existait la forge Dandeau, qui avec dix ouvriers, assurait la fabrication des outils, clous, ancres, et autres pièces métalliques nécessaires. Les bâtiments existent toujours, à l'angle des rues de Trignac et Négrin.

     

    La forge Dandeau en janvier 2009, photo Odoevsky Maslov.

     

    Elle appartenait à Jean Dandeau, né le 16 août 1837 à Lagrange, dans les Landes, celui-ci avait épousé sa cousine Joséphine-Marie Dandeau, le 2 mai 1865 à Montoir-de-Bretagne.

     L'industrie navale comprenait aussi un poulieur : Tostain ; et un cordier : Brisset. 

     

    On verra aussi au 278 de la rue de Trignac, la maison d'André-Théodore Ricordel,  (Méan 19 décembre 1819 -  Nantes 1871), fils d'un charpentier de navire à Méan, il fut maître au cabotage, puis capitaine et armateur. Il épousa en première noce, le 2 octobre 1842 à Montoir-de-Bretagne, Jeanne Françoise Moriceau, (Saint-Malo-de-Guersac 22 mars 1822 - Méan 6 mai 1844), fille d'un agriculteur, en seconde noce, en 1854, il épousa Anna Lanferman, (Le Havre 1835 – Méan 18 septembre 1855), fille de Jacob Lanferman orfèvre venu de Middelbourg, et de Anna (??), qui apporta à son époux une dote importante, elle décéda des suites de l'accouchement de sa fille Anne-Marie, née à Méan le 15 mars 1855. En 1862 il se maria une troisième fois avec Marie-Léonide Bichon, fille du directeur de la fonderie, dont il eut un fils mort né le 25 février 1862. Il avait ouvert un magasin de fournitures de marine devant l'ancienne église de Saint-Nazaire, au rez-de-chaussé de l'hôtel Blanconnier, il possédait trois navires, dont le « André-Théodor ». Il fit construire cette maison par un architecte parisien en 1855, pour sa seconde épouse, ce qui impressionna beaucoup le pays, surtout qu'il avait pour domestique un jeune noir ramené d'un voyage aux Antilles. Le capitaine Ricordel avait fait élevé un calvaire à proximité de sa maison, qui disparut durant le Seconde-Guerre-mondiale (4).

     

     

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    Méan en 1858, dessin de Charles Beilvaire d'après un autre plus ancien...

     

     

    (1) & (2) Ces villages sont aujourd'hui sur le territoire de Trignac, commune créée en 1914.

    (3) Cf. Fernand Guerrif, dans « Histoire de Saint-Nazaire », tome I, 1960.

    (4) D'après Fernand Guerrif, dans « Histoire de Saint-Nazaire », tome I, 1960.

     

  • Les manoirs d'Armanjo et de Guindreff

    Armanjo était une métairie noble, comprenant un manoir disparu, décrit dans le terrier de 1680 comme suit : 

    Une maison, cour, jardin entouré de murs, un colombier, terres et autres propriétés situées en « l'Ile de  La Croix » et en Guindreff.

    L'aveu du 26 novembre 1748 indique au sujet du manoir d'Armanjo :

    " La maison noble consistant en une salle basse, une cave, une chambre, deux greniers, un pigeonnier, le tout couvert d'ardoises, - Etable, écurie, granges couvertes en bourre, et les terres à l'entour."

     

    Liste des seigneurs de la maison noble d'Armanjo :

     

    Le Métayer

     

    I° Jean Le Métayer, rendit aveu en 1481.

     

    Hémery : D'argent à trois chouettes de sable, becquées et membrées de gueules, accompagnée d'un annelet du même en abîme.

     

    I° Jean Hémery, seigneur la maison noble d'Armanjo en 1618.

     

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    Famille noble d'extraction chevaleresque maintenue à l'intendance en 1700 

     

    D'argent frété de gueules ; au chef échiqueté d'or et d'azur. 

     

     

    I° Denys-Guillaume du Matz de Keranvay, seigneur de La Drouillay, seigneur de la maison noble d'Armanjo, pour laquelle il servit l'aveu en 1709, et qu'il vendit à Jacques Hégo, marié en la chapelle de La Motte-Alleman le 22 octobre 1686 avec Perrine Pasquette, dame de la maison noble d'Armanjo, d'où :

    1° Anne-Marquise, (vers 1689 - 7 avril 1746 Saint-Nazaire), mariée à Saint-Nazaire le 23 juillet 1708 avec Louis Le Guennec, seigneur de Kerlédé ;

    2° Marie, baptisée à Saint-Nazaire le 13 août 1690 ;

    3° Madeleine, baptisée à Saint-Nazaire le 25 septembre 1691 ;

    4° Geneviève, (Armanjo le 16 décembre 1692 – 27 octobre 1743 Kerlédé), dame de la maison noble de Guindreff, puis aussi de celle de Kerlédé ;

    5° Janne, (Saint-Nazaire 3 décembre 1694 – 20 mai 1756 Saint-Nazaire), dame des maisons nobles de Guindreff et de Kerlédé ;

    6° Renée-Clémence, ondoyée le 30 décembre 1694, baptisée à Saint-Nazaire le 5 avril 1695 ;

    7° Louis, baptisé le 11 décembre 1695 ;

    8° un petit enfant mort né le 25 juin 1696 ;

    9° Esprit, (Saint-Nazaire 26 mai 1697 - 10 juillet 1702 Saint-Nazaire) ;

    10° Guillaume, baptisé le 8 septembre 1698 ;

    11° Jacques, (Saint-Nazaire 3 mars 1702 - 29 mai 1706 Saint-Nazaire).

     

     

    Hégo

    Famille de laboureurs de Saint-André-des-Eaux.

     

    I° Jacques Hégo, mort avant 1747, seigneur de la maison noble d'Armanjo, père de :

    II° Elisabeth Hégo, dame de la maison noble d'Armanjo en 1747, décédée en 1748, épouse de Pierre Bonneau, capitaine de navires. 

     

    Bonneau

     

    I° Pierre Bonneau, capitaine de navires, époux d'Elisabeth Hégo, dame de la maison noble d'Armanjo en 1747, décédée en 1748, fille de Jacques Hégo, seigneur de la maison noble d'Armanjo.

     
    Morel
     
    Le manoir appartient à un monsieur Morel en 1857.
     
     

    Guindreff était lui aussi une maison noble, associé à celui d'Armanjo par acquisition de la famille du Matz vers 1680, il en fut séparé vers 1730. Avant qu'il n'entrât en possession de la famille du Matz, on sait qu'il fut le bien d'Etienne Mocquart, désigné comme " maitre de la maison noble de Guindreff " en 1634. L'ensemble du manoir fut partagé en deux lots par la famille Genevois. Du manoir de Guindreff il reste heureusement le pigeonnier, daté de 1750, pour la sauvegarde duquel les riverains se sont battus contre la municipalité au début de l'année 2012.