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Coiffes nazairiennes

  • Coiffes et costumes nazairiens

    frogozsydneyaussie.jpgLes costumes dits « régionaux » sont nés durant le règne de Charles X. Il était alors en vogue de retourner vers des racines identitaires et moyenâgeuses idéalisées d'une France composite en réponse à la politique unitaire née de la Révolution. Si les coiffes particulières à chaque « pays » existaient déjà depuis des temps très anciens, leurs particularités et tailles furent exagérées pour convenir à la mode du temps. A Saint-Nazaire les coiffes et les ornements de tenue d’apparat n'y échappèrent pas. Gravure de l'époque romantique, daguerréotypes et photographies datant de la fin du règne de Louis-Philippe au milieu du XXe siècle en témoignent. Si l'aquarelle représentant une femme de Saint-Nazaire et deux de Pornichet en coiffe de cérémonie priant dans l'église Saint-Nazaire réalisée par François-Hippolyte Lalaisse en 1843 et publiée sous forme de gravure dans Recueil des costumes de la Bretagne et des autres contrées de la France en 1844, puis dans Galerie armoricaine en 1848, (image ci-contre), est aujourd'hui la représentation la plus connue, on s’intéressera à une petite publication intitulée Coiffes et costumes de la région nazairienne, et publiée par les éditions du journal Le Courrier de Saint-Nazaire en 1938, dont l'auteur est Jacqueline Bruno, journaliste spécialisée dans l'histoire locale, qui de 1931 à l'évacuation de Saint-Nazaire en 1939 publia régulièrement dans le journal des articles très détaillés et des interviews qui sont une source importante pour les historiens, amateurs et curieux de l'histoire de Saint-Nazaire. Cet opuscule de 1938 reproduit, sans commentaire et description hélas, des photographies anciennes de Nazairiennes en costume et coiffe, tirées d'album de familles non identifiées.

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    Lalaisse, costume masculin de marine et de paysan, réalisé à Pornichet

     

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    Croquis aquarellés dans les carnets préparatoire des albums de Lalaisse

     

    Description :

     

    Edouard Richer, dans son livre " Voyage pittoresque ", publié en 1823, écrit à propos des costumes nazairiens :

    " Les femmes, habillées en bure toute la semaine, mettent les jours de fête, des vêtements de soie de toutes les couleurs, des tabliers de mousseline, des coiffures garnies de dentelles et des croix d'or azurées. Le lingue répond mal à cet ajustement le plus beau et le plus fin étant employé par les homes, les femmes sont forcées de se servir d'une sorte de grosse toile d'étoupe. "

     

    Durant les années 1840 le costume des Nazairiens est celui des marins des années : un pantalon avec une veste et un gilet en laine bleue ou noire, une chemise blanche, et un chapeau rond, à bord relevé et calotte basse, avec boucle en argent ou en nacre sur le devant, (comme à Ploemeur),  passée dans un ruban sans guides (pans à l'arrière) ; cependant, les pilotes arboraient des guides à leur canotier associer à une tenue de matin blanc, avec veste bleue.

     

    coiffes,costumes,bretagne,bretons,saint-nazaireLe costume des Nazairiennes à partir de 1840 est très simple et semblable à peu de chose près à l'ordinaire qu'à la fête. Il se compose d'une camisole noire, en coton, popeline, ou en velours selon la fortune, d'un corset qui se lace par le devant, dont le bas partait en pointe vers le sexe, d'un fichu en jaconas en semaine, unis ou imprimés, et d'un col blanc, orné de dentelles ou de broderies blanches pour les cérémonies. Plus ce col était ample et surchargé, plus la femme affirmait sa fortune. La jupe, longue, est dans le même tissu que le corset. Traditionnellement la couleur du vêtement est le noir, surtout dans un pays de marins qu'est Saint-Nazaire qui connaît des deuils fréquents, mais il était aussi d'usage que les jeunes filles portent du violet, les femmes mariées du bleu marine comme les hommes, et les dames âgées du noir, cependant la mode parisienne incitait les femmes les plus riches à porter des tissus imprimés ou de couleurs marron, grise ou verte. Par-dessus la jupe s'ajoutait pour les femmes n'ayant pas de domestique ou ayant une activité professionnelle, (les femmes du bourg de Saint-Nazaire s'assuraient un revenu en tressant des chapeaux de paille, réputés pour leur qualité), un tablier cintré aux hanches, et dont le bustier est fixé par deux épingles. Lalaisse montre en 1843 les épingles sur le col, alors que les photographies anciennes les montrent en dessous. Ce tablier est aujourd'hui porté de couleur violette par les dames du Cercle Celtique de Saint Nazaire, cependant comme le fait figurer dans son aquarelle originale François-Hippolyte Lalaisse, le bleu roi était la couleur courante. Le tablier était en coton à l'ordinaire. La soie n'est employée que pour la tenue du dimanche et des jours de fête. Ce tablier était noué, suivant l'usage breton : côté droit, pour les mariées ; côté gauche pour les célibataires ; l’arrière pour les veuves.

     

    On distingue deux types de coiffes :

     

    845_001.jpgLa première est celle de tous les jours, petite, qui est celle portée actuellement par les danseuses du Cercle Celtique de Saint Nazaire, posée sur le chignon, en forme de sabot, en calicot blanc, linon ou tulle, bordée de dentelles, plus ou moins complexes et larges toujours en fonction de la fortune, elle se pose au-dessus d'une sous-coiffe en tissu sombre, et est fixée à l'aide de deux lacets et des épingles. On se doit d'amidonner pour en rigidifier la forme. Cette coiffe est dite de Saint-Marc par Jacqueline Bruno, mais en réalité elle était commune à toutes les Nazairiennes.

     

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    Coiffe nazairienne ordinaire dite de Saint-Marc, en réalité la dormeuse du Pays nantais que portaient les femmes au quotidien.

     

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    Nazairienne coiffée vers 1885, Fonds et Collections Odoevsky Maslov,

    section Bord de Pierrefitte - Château des Charmille à Port-Cé.

     

    011.jpgLa coiffe de cérémonie, totalement oubliée aujourd'hui, était un tube volumineux, posé à deux ou trois centimètres du front, laissant paraître les cheveux, et dégageant le visage, en tulle ou linon brodé et dentelles. Amidonnée, repliée en deux couches pour pouvoir former deux oreilles tombantes, elle comportait à l’intérieur un large peigne en bois ou en écaille qui assurait la bonne tenue de la forme.

     (photographie issue de la collection Beilvaire, dont l'originale fut détruite dans les bombardements, et qui fut exposée au public pour la première fois en 1904.)

    C'était la coiffe de cérémonie du bourg de Saint-Nazaire, mais dans la périphérie de la paroisse, on distingue une variante qui, comme les cornettes des religieuses, dissimulait le visage. Elle comportait un repli qui faisait rebord et se resserrait à l'arrière à l'aide d'un large ruban qui se finissait en deux longs pans. Cette coiffe, dite par Lalaisse "de Pornichet", (Pornichet fut jusqu'en 1905 un bourg de paludiers faisant partie de la commune de Saint-Nazaire), se portait entre Guérande, Pornic, et Chateaubriant avec quelques variantes dans les années 1840 à 1860 pour ne plus se porter uniquement qu'à Pornichet par la suite.

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    Coiffe de Pornichet présentée comme celle de Saint-Nazaire...

     

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    Le Courrier de Saint-Nazaire du 12 avril 1930

     

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    La démocratie de l'Ouest du 12 avril 1930

    (La jeune femme est Lucienne-Fernande-Gabrielle Schmidt, née à Saint-Nazaire le 31 janvier 1912. Elle épousa à Saint-Nazaire, le 18 juillet 1937, Roger-Jules-Gabriel Guichard.)

     

    Nombre de Nazairiennes portèrent le costume jusqu'aux bombardements, et les femmes d'une famille de La Vecquerie portèrent la coiffe jusqu'au début de années 1970. Sur les aquarelles de Charles Beilvaire figurant le vente du poisson sur le port, entre 1934 et 1942, (Fonds et Collections Odoevsky Maslov, section Carles Beilvaire), on voit des femmes en coiffe mais à la robe plus à la mode de l'époque, qui parfois de mêlent avec les coiffes d'autre provinces, car les femmes gardaient celle de leur pays de naissance même après mariage dans un autre pays.

     

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    1934, (c'est le Normandie qui est au fond dans la Forme Joubert)

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    1938

     

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    1940

     

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    Fillettes photographiées à Saint-Marc le 24 mars 1907, eut lieu la bénédiction du nouveau canot de sauvetage « Rachel-Prosper ».

     

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    Deux petits Nazairiens répétant une danse bretonne pour un spectacle d'école en 1925.

     

    Les femmes de Méan, dont le bourg dépendait jusqu'au Second Empire de Montoire, portaient leur coiffe de cérémonie qui se fixait très en arrière, en forme de tube simple, avec deux oreilles de dentelles triangulaires. Leur col était simple, avec deux larges pans écartés. Leur coiffe ordinaire était semblable à la coiffe simple de Saint-Nazaire.

     

     

     

     

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    Sur le daguerréotype ici reproduit, nous voyons Marie Anne Loumeau, épouse d'Émile-Fidel Ollivaud, propriétaire du chantier naval homonyme, réalisé au moment de son mariage en 1854, on voit ici la coiffe de Méan, et l'on distingue l'emploi d'un tissu imprimé d'un motif léopard, et un corsé et sa jupe en soie.

    F. Guériff rapporte que les Belles méanaises, ainsi qu'on les nommait aux 18e et 19e siècles, portaient des étoffes précieuses et des bijoux rapportés des Indes par leurs époux marins.

     

     

     

     

     

     

     

     

    Jusqu'aux années 1930, il n'était pas convenable qu'une femme « sorte en cheveux ». Si la coiffe est à partir de l'Empire un apanage de paysans, les dames de la bourgeoisie bretonne continuèrent de l'arborer pour les cérémonies. Avec la redécouverte de l’identité bretonne par les intellectuels à la fin du 19e siècle, le port du costume traditionnel pour des cérémonies et des fêtes populaires fut remis à l'usage en ville. Nous reproduisons ici la photographie d'une mariée tirée de l'ouvrage de Jacqueline Bruno, de sa coiffe tirée d'une édition collective du Courrier de Saint-Nazaire "Le Vieux visage de Saint-Nazaire", 1933, et celle du jour de ses noces, propriété de monsieur David Silvestre.

     

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    Enfin, ajoutons ici une vue stéréoscopique d'un intérieur situé au " 55 boulevard de l'océan ", prise par le Touring Club de France vers 1910, prise dans le salon de la veuve du capitaine au long cours Charles-Edmond Dolu, née Justine-Aimée Libaud,  nous permet de découvrir une collection de coiffes nazairiennes et de l'Estuaire. On distingue aussi sur les marottes en papier mâché, de gauche à droite, deux coiffes de Paimboeuf, et deux autres de Pornic. Une autre, placée sur une boule de perruquier, elle-même posée sur une chaise d’angle, est une coiffe de mariée de Pornic des années 1850.

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    Positif noir et blanc pour projection ; Support verre ; Vue stéréoscopique, 16,8 x 8,5, ; Ministère de la Culture (France), Médiathèque de l'architecture et du patrimoine, diffusion RMN-GP.