Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Patrimoine - Page 2

  • Le groupe sculpté « L'épave »

    Sculpture en ronde bosse mesurant 230 x 180 x 140 cm, généralement dénommé « la statue de l'épave » par les Nazairiens, ce groupe sculpté est dû au ciseau d'Antoine Bourlange, (1872 – 1951), sculpteur plus proche des pompiers que des académiques, spécialisé dans les sujets macabres, les ornements de tombeaux, et les monuments aux morts à partir de 1918. Antoine Bourlange était entré à l’École supérieure des beaux-arts de Toulouse à l'âge de seize ans, puis à l’École des beaux-arts de Paris, où il fut l'élève d'Alexandre Falguière et d'Antonin Mercié. Il participa plusieurs fois au « Salon des artistes français », en 1894, 1895, 1903, 1906 et 1907. Plusieurs éléments ont laissé croire que ce fut à la suite du Salon de 1895 que le groupe fut acquis par l'Etat, et confié à la ville, et qu’il aurait été confié vers 1898 à la ville de Saint-Nazaire. On en trouve en effet rien à son propos dans les archives municipales ; les bombardements furent désigné comme la cause… Mais une note récemment émise par le Canp nous apprend que l’œuvre fut acquise par l’Etat au Salon de 1906. Fut-il confié en même temps que la statue du monument de 1870 en juillet 1909 ou avant ? Le Canp n’a pas su nous le dire, par plus que les archives municipales. Ce qui est certain, c'est que le groupe placé dans le Jardin des Plantes à son arrivée, déplut aux Nazairiens, et il fallut bientôt le déplacer suite à des plaintes ! 

     

     

    epave1.jpg

     

     

     

     

    La séance du Conseil du 9 avril 1924 nous relate les faits d'une façon savoureuse, monsieur Vivan Lacour était alors le maire[1] :

    1. Lamoureux : La statue L'Epave, qui est un beau travail, est vraiment mal placée. Pourquoi la relègue-t-on dans un coin du jardin, où personne n'a accès ? Je demande qu'on puisse en faire le tour.
    2. le Maire : Cette statue était, autrefois, placée dans un autre endroit à la partie supérieure du jardin. Le sujet ayant été trouvé trop macabre, des réclamations ont surgi à la suite desquelles L'Epave a été transportée à son emplacement actuel. Nous ne pouvons, tout de même, pas envisager un nouveau déplacement. Il n'y aurait pas de raison d'en finir.
    3. Lamoureux : Je ne conteste pas que le sujet soit mal choisi pour une ville maritime comme la nôtre et peu fait pour provoquer la vocation de marin. 
    4. Lemouel : Le sujet est très bien, au contraire. S'il a été jugé indésirable, ce n'est que par des gens pudibonds à l'excès qui ont été choqués par le nu de certains personnages.
    5. le Maire : Les feuilles de lierre masqueront, bientôt, l'ensemble du groupe. Il n'y aura plus, par la suite, qu'à tailler, à même, pour laisser voir, seulement, ce que l'on voudra.

     

    [1] Délibérations du Conseil du 9 avril 1924, archives municipales. 

    epav3.jpg

    " L'Epave ", à son second emplacement, avec le lier...

     

     

    Les journaux locaux recevaient régulièrement des courriers à son sujet de la part de Nazairiens qui jugeaient déprimante l'oeuvre. Jacqueline Bruno, lassée des lettres qu'elle recevait à son propos, écrivit dans Le Courrier de Saint-Nazaire du 18 juillet 1931 qu'on devrait la déplacer au cimetière. Quinze jours après, un groupe d'anciens combattants organisa une pétition pour que le groupe soit déplacé sur le boulevard, devant un ancien portail du parc qu'on avait condamné, afin d'en faire un monument commémoratif pour les disparus et tués en mer. Cela n'aboutit pas.

    En 1933, à force de courriers répétés à la Mairie, on relégua le groupe entre le Sauron et la pointe de la Villes-Martin, sous les arbres, dos au boulevard Albert 1er, tourné vers la rade.

    saint-nazaire,sculpture,bourlange,l'épave

    L'Ouest Eclair du 23 décembre 1933.

     

    Durant les bombardements qui précédèrent l'attaque du commando britannique, l'homme debout fut décapité, on retrouva sa tête bien après la Libération au fond d'un puits, rue de Pornichet dans le jardin de Monsieur Léac. Monsieur Geffray, des services techniques de la Ville, se chargea de la lui remettre. Le groupe se trouva par la suite entouré des baraquements dressés pour reloger la population. En 1971 le groupe fut à nouveau déplacé, pour être installé au centre du rond-point du square du 19 mars 1962 nouvellement créé. Au mois de mai 2001, des vandales décapitèrent l'homme debout. Puis ce fut les pieds de l'homme du mort qui disparurent. Il fut décidé de « stocker » la sculpture sous l'auvent du Parc-Expo en 2009, à côté de l'Ecomusée, faute de savoir quoi en faire L’œuvre appartient à l’Etat, mais sa conservation, son entretien, sont aux frais de la Municipalité, tout comme son déplacement et sa restauration, qui ne peuvent se faire sans un accord préalable du Cnap.

     

    Ajout le 17 février 2020 : le groupe L’Épave a été restitué en 2014 durant un échange avec l'Etat. L'oeuvre se trouve maintenant en réserve à Paris et sera restaurée, mais ne sera pas à nouveau confiée à la Ville de Saint-Nazaire.

  • Les armoiries de Saint-Nazaire

    On ignore quand exactement la municipalité de Saint-Nazaire a adopté ses armoiries. Le Conseil de fabrique scellait avec un sceau armorié dont nous ignorons la description, car la ville, ne possédant pas de maire, avait été dispensée de les faire enregistrer à l'Armorial Général en 1696, et par ce que dans le cadre de la politique visant à abolir tous les signes de la féodalité, l’Assemblée Constituante interdit l’usage des armoiries par le décret du 23 juin 1790, et en raison des décrets des 27 septembre et 6 octobre 1791, et de ceux des 1er août et 14 septembre 1793, il s’en suivit une destruction des armoiries à travers tout le territoire.

     

    Les armoiries de la Ville de Saint-Nazaire sont typiques du goût du 19e siècle, le furent adoptées avant le 1er juillet 1866, car elles figurent en quatrième de couverture (page numérotée 208) de la revue " Le Journal illustré " N°125 de la semaine du 1er au 8 juillet 1866.

    armoiries,saint-nazaire

    extrait de la revue « Le Journal illustré » N°123, de la semaine du 1er au 8 juillet 1866, coll. de l'auteur.

     

    Cette même revue l'employa à nouveau pour illustrer l'en-tête du N°159, de la semaine du 24 février au 3 mars 1867. L'écu reproduit par deux fois est bien celui de Saint-Nazaire, quoique le graveur ait fait erreur en figurant la nef contournée(1).

     

    noujal.jpg

    « Le Journal illustré » N°159, de la semaine du 24 février au 3 mars 1867, coll. de l'auteur.

     

    Le choix des éléments s'explique : Une nef voguant sur la mer, allusion à la position de la ville et au port, la clef réfère au surnom de la ville, " la Clef de la Loire ", surnom donné en raison du rôle de Saint-Nazaire qui protégeait l'estuaire, sous l'Ancien Régime l'usage voulait que les navires tirent une salve à blanc pour se signaler quand ils entraient dans l'estuaire, le poste de garde de Saint-Nazaire procédait ensuite à l'autorisation ou à l'interdiction de remonter vers Nantes, capitale du duché, et port d'importance, les pilotes de Saint-Nazaire prenaient la barre pour conduire les navires entre les bancs de sable du fleuve, Saint-Nazaire ouvrait et fermé l'estuaire, la devise, " Aperit et nemo claudit "(" Elle ouvre, et nul ne referme "), reprend en bas latin ce fait. Enfin, l'hermine est présente parce que Saint-Nazaire est ville du duché de Bretagne depuis le moyen-âge. 

     

    Les armoiries figurent aussi au-dessus des halles de Méan, construits en 1877 (2), on remarquera que l'écu est accompagné de la devise, (3).

     

     

    blasonhall.jpg

    Les armoiries de la ville de Saint-Nazaire sur la façade des halles de Penhoët,

    photo. L.O.M.

     

    Ces armes se blasonnent comme suit :

    D'azur à la nef équipée d'argent, navigant sur une mer du même, la voile chargée d'une clef de sable posée en fasce ; au chef d'argent chargé de cinq mouchetures d'hermine de sable, brochées d'une clef d'or posée en face. L'écu timbré d'une couronne murale, et soutenu par deux rameaux de trois branches de chêne et trois autres d’olivier, tous d'or et ployées vers l'écu, liée sous la pointe par un ruban et retenant un listel chargé de la devise en lettres romaines de sable " Aperit et nemo claudit ".

     

    Cette représentation comporte une erreur, en réalité seuls les chef-lieux de département ont droit à une couronne civil à quatre tours (visibles), privilège de Nantes, et non de Saint-Nazaire qui doit se contenter de trois tours (visibles), même si elle est sous-préfecture.

     

    Le 9 mai 1881, durant les festivités de l’inauguration du bassin de Penhoët, en présence de Sadi-Carnot pas encore président, mais alors ministre des Travaux publics, on décora la ville et le port de panneaux armoriés aux armes des villes de Nantes et de Saint-Nazaire. Les peintres firent une erreur en peignant le champ de l'écu de gueules, (c'est-à-dire le fond en rouge au lieu de le faire bleu). Cela causa un fort émoi, au point que même le journaliste Louis de Kerjean, qui couvrait l'événement pour le compte de la " Revue de Bretagne et de Vendée ", mentionna l'incident : 

    " […] seul reproche qu'on ait pu faire aux organisateurs de cette fête remarquable, a été de s'être tellement attachés à l'exactitude extérieure qu'ils en ont oublié de veiller à leurs propres insignes. Nous ne pensons pas que ce soit par amour de Nantes que tous les cartouches aux armes de Saint-Nazaire aient été peints, ce jour-là, sur fond de gueules comme aux armes de Nantes. La galère de Saint-Nazaire doit être portée sur fond d'azur. "

     

     

    En 1891, dans l'opuscule intitulé " Nouvelle église de Saint-Nazaire ", édité pour l'inauguration de l'église paroissiale dans laquelle sont sculptées sur la voûte du chœur les armoiries de la ville, le blasonnement est décrit comme suit : " D'azur à la galère d'argent, la voile chargée d'une clef de sable, chef d'hermine chargé d'une clef d'or. Devise : Aperit et nemo claudit. " (elle ouvre, et nul ne referme).

    Cette description est erronée, il manque la mer, le navire est une nef, non une galère, (autrement il aurait eu des rames), et de plus le chef est chargé de cinq mouchetures d'hermine, non d'hermine, ce qui aurait voulu dire que le chef aurait été semé de mouchetures sans nombre. 

     

     

    En 1910, en prévision de la visite du président Armand Fallières qui devait avoir lieu le 16 septembre, le maire, Louis Brichaux, s'inquiéta de l'existence de représentations contradictoires des armoiries municipales. Il diligenta une enquête interne pour connaître le blasonnement initial, ainsi que l'origine de son adoption. On ne trouva rien aux Archives municipales, car celles-ci avaient en majorité brûlées durant un incendie criminel du 14 février 1895 qui avait pour but de faire disparaître les malversations de la municipalité Gasnier. On ne trouva rien non plus à la bibliothèque, ni à la Chambre de Commerce qui ne sut expliquer l'origine d'un écu qu'elle employait elle aussi. On s'adressa auprès des archives nationales par l'entremise du Sous-préfet, au cas où elles y auraient été déposées officiellement. Le 9 avril le Sous-préfet écrivit au maire qu'il n'y avait aucune trace d'enregistrement, et le 27 mai, le maire demanda au Conseil le droit de procédé au dépôt auprès de la Chancellerie, " afin d'éviter dans l'avenir toutes divergences et toutes fantaisies " Un document, aujourd'hui aux archives départementales de Loire-Atlantique, fut réalisé en 1910.

     

    nazaire-armories.jpg

    Document de 1910, figurant les armoiries de la ville, avec blasonnement erroné, A.D. 44.

    L'écu peint sur le document y figure une nef, non une galère, on a oublié le pavillon qui figure par usage héraldique au sommet du mât, le navire est voguant sur une mer d'azur alors qu'elle est normalement d'argent, le chef y est d'argent chargé de cinq mouchetures d'hermine de sable, brochées d'une clef d'or posée en face, en fait le dessin reprend les armes des halles avec des erreurs, c'est de l'approximatif et de l'amateurisme typique. 

    Le blasonnement, (c'est à dire la phrase qui décrit en termes héraldique l'écu), quant à lui, a dû faire se retourner dans sa tombe Pierre Choque, le héraut d'armes d'Anne de Bretagne dans sa tombe, car il ne correspond pas au dessin, et qui pire, comporte des erreurs héraldiques : " D'azur à la galère d'argent portant une clef de sable sur la voile au chef d'hermine cousu d'une clef en bande. Devise Aperit et nemo claudit " !

    Or, le problème est qu'en héraldique, ce qui compte, c'est le blasonnement, c'est à dire la description des armoiries. Un armoriste, (ainsi se nomme celui qui dessine des armoiries), peut dessiner de plusieurs façons un écu en suivant son style personnel ou celui demandé par son client, et en le réalisant toujours juste, mais un blasonnement établi par un héraldiste, (ainsi se nomme le théoricien de l’héraldique), n'a pas de variation possible (sauf sur quelques termes qui ne nous concernent pas ici). C'est donc la phrase qui décrit en termes héraldiques qu'il faut enregistrer durant les délibérations municipales, et non le dessin en lui-même qui n'est que l'interprétation du blasonnement.

     

    Les nombreuses erreurs faites dans le document de 1910 ne furent pas relevées, attendu que personne n'était versé dans l'art héraldique à l'Hôtel de ville.

    La Chancellerie ne reçut jamais le document. En effet durant le conseil du 28 novembre 1910, on réalisa que faire estampiller le document ne servait à rien : " Messieurs : Vous nous aviez autorisé, le 27 mai 1910, à effectuer, à la Chancellerie, le dépôt d'un modèle officiel, avec légende, des Armes de nôtre Ville. Ce modèle était, d'ailleurs, conforme à celui de la Chambre de Commerce. La Chancellerie nous fait savoir, à la date du 10 septembre dernier, qu'une dépense de 400 francs incomberait à la Ville, si nous persistons à demander l'estampille officielle. Cette estampille n'enlevant pas aux Conseils municipaux successifs le droit de modifier les Armes, nous croyons qu'il est inutile, pour l'obtenir, de sacrifier un crédit de 400 francs. Nous estimons qu'il est tout aussi simple de conserver le modèle et la légende que vous avez adoptés. Nous les déposerons dans nos Archives municipales et en ferons usage, le cas échéant. "

    En fait la Chancellerie n'avait pas rôle à enregistrer les armoiries. Son action aurait été de donner un caractère officiel supplémentaire au document. Celui-ci resta aux archives municipales. En fait, l'usage a valeur d'enregistrement, et que l'adoption en séance officielle a valeur juridique. Comme le mentionna le maire en novembre 1910, le Conseil municipal avait et a encore pouvoir de modifier les armoiries, voire d'en adopter de nouvelles. 

    Soulignons au passage que les municipalités ne sont pas tenues de posséder des armoiries.

     

     

    blas.jpg

    Les armes de la ville sur l'Usine Élévatoire, 1911, photo. L.O.M.

     

     

    armoiries,saint-nazaire

    Les armoiries de la ville sur la couverture de la revue "La semaine nazairienne", entre 1924 et 1925

     

    En 1925, Henri Moret publia le premier ouvrage sur l'histoire de Saint-Nazaire. Il y relate la séance du 27 mai 1910, et retranscrit le blasonnement erroné, en y ajoutant une erreur, dans son texte, l'azur y est dit de gueules (4), alors que le dessin d'illustration d'Alexandre Auffray figure cependant le champ d'azur, mais avec un chef d'hermine... Il semble que Moret n'a pas vu le document de 1910, et que son erreur ait pour source une description erronée écrite par René de Kervilers dans l'Almanach nazairien" de 1901 (p.62).

     Au demeurant, contrairement à ce qui est écrit dans l'article de Wikipedia concernant les armoiries de la ville, Henry Moret ne parle pas dans son ouvrage de l'erreur commise à l'occasion l'inauguration de 1881.

     

    blas.jpg

    Illustration d'Alexandre Auffray pour l'ouvrage d'Henri Moret, 1925.

     

    Durant l'empochage de Saint-Nazaire, la Chambre de commerce fut contrainte d'éditer des timbres afin de pallier à pénurie de timbres postaux, sur autorisation du préfet du 30 mars 1945, le graveur s'inspira de la description des armes de la ville en figurant une galère, équipée de ses rames, et à la voile chargée d'une clef, voguant (5).

     

    timbres.jpg

    Timbres émis le 30 mars 1945 par la Chambre de commerce de Saint-Nazaire

    durant la poche de Saint-Nazaire, coll. de l'auteur.

     

    Il fallut attendre l'année 1952 pour que les armoiries de la ville soient enfin enregistrées avec plus d'exactitude par le Conseil.

     

    La Ville de Saint-Nazaire ayant été faite chevalier de La Légion d'Honneur, et s'étant vue l'attribution de la Croix de guerre avec palmes 28 février 1949, par le président Vincent Auriol, on décida de faire figurer ces décorations sur les armoiries municipales. On s'adressa enfin à un véritable héraldiste afin de remédier à l'imbroglio qui perdurait depuis quarante ans, Rober Louis, qui rendit la description suivante :

    " D'azur à la nef équipée et habillée d'argent voguant sur une mer du même mouvant de la pointe, la voile chargée d'une clef de sable posée de fasce ; au chef d'argent chargé de cinq mouchetures d'hermine de sable et d'une clef d'or brochant en fasce sur les mouchetures, le panneton à senestre vers la pointe et découpé en croix. L'écu timbré d'une couronne murale de trois tours d'or, et soutenu par deux palmes d'or ployées vers l'écu, et retenant un listel parcheminé chargé de la devise en lettres romaines de sable " Aperit et nemo claudit ", les décorations de la Légion d'Honneur à dextre et de la croix de guerre 1939-45 avec palme à senestre, au naturel, appendues à la pointe de l'écu, les rubans brochant sur les palmes, et passant sous le listel. "

     Le texte du blasonnement est lourd, il n'est pas nécessaire de mentionner que la nef est équipée et habillée d'argent, attendu qu'elle l'est du même métal que sa coque, c'est donc implicite et superflu ; il comporte aussi une erreur : la couronne n'est pas pas à trois tours, elle est de quatre dont trois sont visible quand on la regarde de face. En fait il est implicite qu'une couronne murale pour une ville non chef lieu de département soit ainsi, dont on ne précise jamais le nombre de tours.

     

    Le Conseil adopta officiellement ces armoiries durant la séance du 13 décembre 1952. Petite anecdote, Fernand Guériff, qui n'avait pas de formation héraldique, et qui ne connaissait de celle-ci que le blasonnement erroné publié par Henry Moret, quand il demanda alors au maire d'alors, monsieur Blancho, des explication quant aux choix des émaux des armoiries municipales, affirmant avec indignation que le champ devait être de gueules. Monsieur Blancho envoya poliment monsieur Guériff se renseigner auprès de monsieur Louis. L'entrevue fut, de l'aveu même de Guérif, courte, et le récit qu'il en fit en 1990 est tronqué, n'ayant retenu qu'une bride. En réalité Robert Louis expliqua calmement et brièvement que les armoiries de Saint-Nazaire étaient avec un champ d'azur, mais les termes héraldiques noyèrent Fernand Guériff qui ne voulait pas admettre que ses sources étaient inexactes. L'affaire aurait pu en rester là, Guériff a, dans son Histoire de Saint-Nazaire publiée en 1960, fait état en partie des mésaventures héraldiques de la ville, et conclu que les armes avaient toujours été avec un champ d'azur, mais, l'âge ayant fait son oeuvre, en 1990, quatre années avant son décès, Guériff publia un mémoire de 35 pages, par les soins de l'Association Préhistorique et Historique de la Région Nazairienne, dans lequel il remis en cause les émaux des armoiries municipales, et parti dans un délire pseudo-ésotérique à propos de leur composition. Ce mémoire n'est hélas pas représentatif de l'oeuvre de Guériff, et se doit de rester non republié.

     

    blas.jpg

    Armoiries de la Ville de Saint-Nazaire dessinée en 1959 par Annick Baudry-Souriau (5)

    et publiées dans " Histoire de Saint-Nazaire " de Fernand Guériff, (tome I, 1960).

     

     

    nazaire armes 2.jpg

    Peinture de R. Geffray, 1971, illustration pour le magazine municipal " Activités nazairiennes "

     

     

     

    bar.jpg

    La nef de Saint-Nazaire figure encore sur plusieurs bâtiments, comme à Saint-Marc, sur le théâtre Jean Bart, ou encore de façon inspirée sur la grille du théâtre Icare, anciens bains municipaux, dans le centre-ville. Un particulier, dans l'ouest de la ville, fit réaliser dans les années 1960, un balcon en fer forgé pour sa maison, avec l'écu municipal.

    Il existe aussi une tapisserie réalisée après 1952 par les ateliers d'Aubusson sur carton de Jean Picart le Doux, décorant le bureau du maire.

     

    Façade du théâtre Jean Bart de Saint-Marc, photo L.P.

    icard.jpg

     Grilles du théâtre Icare, photo L.O.M.

     

     

    La municipalité Batteux préfère utiliser un logo (très 90') en deux teintes de bleu, figurant un " SN " sur un drapeau flottant brochant un autre.

    Saint-Nazaire%2C_Loire-Atlantique%2C_France_Logo.jpg

    Logo municipalité Batteux

     

     

     

     

    A la demande du CREDIB, dont Jakez Lhéritier, Romuald Renaud a créé un drapeau, reprenant la tradition et les usages du Duché de Bretagne, et en y incorporant au premier quartier, une partie des armes municipales, en supprimant le chef, et en changeant la clef de sable de la voile, pour la clef d'or du chef, plus visible sur un drapeau.

    drapeau.jpg

    Drapeau de Saint-Nazaire, création de monsieur Jakez Lhéritier.

     

     

    Rappelons que Saint-Nazaire possède son propre pavillon de marine, très employé jusqu'à la seconde-guerre-mondiale, mais hélas depuis tombé dans l'oublie, qui figurait un sautoir de sable cantonné de autre moucheture d'hermine, (à ne pas confondre avec celui de la Société des Sports Nautiques de Nantes qui avait le sautoir de gueules (rouge)).

    armoiries,saint-nazaire, pavillon de marine

     

     

     

    (1) C'est-à-dire dans le sens contraire de la figuration normal en héraldique.

    (2) Elles étaient à l'origine dans le centre-ville, rue du Bois-Savary, on les déplaça suite à la construction de plus grandes, en béton, avec une salle des fêtes à l'étage, en 1937.

    (3) C'est la première mention qui nous en est pour l'heure connue. Les latinistes, dont Henti Moret, soulignent une faute, elle devrait être : " Aperist et neque claudit ", ou " Aperist et nec quisquam claudit ".

    (4) Fernand Gueriff, dans son livre sur l'histoire de Saint-Nazaire en 1960, reprend la citation d'Henri Moret, il n'avait donc pas consulté les archives départementales.

    (5) Monsieur Daniel Sicard, directeur de l'Ecomusée, dans son ouvrage " La Poche de Saint-Nazaire ", Editions Siloe, 2005, n'a malheureusement pas saisi les raisons du choix de cette galère, qu'il qualifie de " drakkar ".

    (6) Madame Annick Souriau, (Toulouse 1907 – Nantes 1975), parente de l'archiviste nantais Émile Gabory, elle fit des études à l’école des Beaux-arts, elle entra en 1928 à la Société archéologique et historique de Nantes, dont elle fut rapidement secrétaire adjointe puis secrétaire générale, après la Libération elle devient membre de la commission urbaine d'héraldique départementale, (les fonctions de cette commission étaient purement consultatives comme l'est actuellement celle qui siège à Paris), dont elle fut littéralement l'âme. Mariée en 1939 à Gustave-Paul Baudry, elle eut une fille, qui légat les archives manuscrites de sa mère à la Société archéologique et historique de Nantes, (Fonds A. Baudry-Souriau (157 J 41-81)).

  • Saint-Nazaire cité briéronne, deuxième partie.

    18 septembre 1538, les Nazairiens sont déclarés co-propriétaires la Grande Brière.

     

    Le roi François Ier (1) confirma dans leur pleine jouissance et leur pleine propriété du marais les habitants de quatorze paroisses suivantes : 

    Besné, Crossac, Donges, Escoublac (2), Guérande, Herbignac, La Chapelle-Launay, Missillac, Montoire-de-Bretagne, Pontchâteau, Prinquiau, Saint-André-des-Eaux, Saint-Lyphard et Saint-Nazaire

    Les paroisses firent place aux communes après la Révolution, et certaines furent subdivisées en d'autres communes au cours des 18e et 20e siècles, atteignant en 2012 le nombre de 21 municipalités :

    Besné, Crossac, Donges, La-Baule-Escoublac (3), Guérande, Herbignac, La Chapelle-Launay, La Chapelle-des-Marais, (érigé en paroisse détachée de celle de Missiliac le 10 juin 1771), Missillac, Montoir-de-Bretagne, Pontchâteau, Pornichet (détaché de Saint-Nazaire le 9 avril 1900), Prinquiau, Saint-André-des-Eaux, Saint Joachim, (détaché de Montoire-de-Bretagne en 1790), Saint-Lyphard, Saint Malo de Guersac (détaché de Montoir- de-Bretagne 14 novembre 1925) Sainte Reine de Bretagne, (détachée de Pontchateau en 1791), Saint-Nazaire, Trignac (détaché de Montoir-de-Bretagne le 31 mars 1914), et La Turballe (détachée de Guérande en 1865).

     

     

    Janvier 1629, confirmation de la propriété de la Grande Brière

     

    Par lettres-patentes de janvier 1629, Louis XIII confirma les paroisses dans leur pleine possession de la Grande Brière (4).

     

    28 janvier 1784, le Roi Louis XVI reconnaît la pleine propriété et jouissance de la Grande Birères aux quinze paroisses

     

    Un projet d'assèchement des marais avait été entreprise dans l'ensemble du royaume de France, il fut projeté de faire de même en Bretagne, mais les habitants de la Grande Brière et des paroisses limitrophes s'y opposèrent, faisant valoir de leur droit ancien d'exploitation. Le Conseil du Roi rendit un arrêt le 13 janvier 1784 en leur faveur, et le Louis XVI confirma la propriété des marais aux paroisses par lettres patentes :

     

    Pour les habitans des Paroisses de Guerrande, Saint-Liphard, Saint-André et Escoublac en Bretagne

     

    Louis, par la grâce de Dieu, Roi de France et de Navarre, à nos amés et féaux Conseillers, les Gens tenant notre Cour de Parlement de Bretagne, et autres nos Officiers et Justiciers qu'il appartiendra : Salut.

    Nos chers et bien-aimés, les Habitans des Paroisses de Guerrande, Saint-Liphard, Saint-André et Escoublac, en Bretagne, Nous ayant très-humblement fait supplier de leur octroyer les Lettres-Patentes que nous avons ordonné être expédiées sur l'Arrêt rendu en notre conseil, Nous y étant, le 13 janvier présent mois et an, et voulant les faire jouir de l'effet et du contenu audit Arrêt :

    A ces causes, de l'avis de notre Conseil qui a vu ledit Arrêt du 13 Janvier présent mois et an, dont extrait est ci-attaché sous le contre-scel de notre Chancellerie ; Nous avons de notre grâce spéciale, pleine puissance et autorité royale, maintenus et confirmés, et par ces Présentes, signées de Notre main, maintenons et confirmons lesdits Habitans des Paroisses de Guerrande, Saint-Liphard, Saint-André et Escoublac, et tout le Peuple commun des Paroisses voisines de la Brière, dans la propriété, possession et jouissance commune et publique de ladite Brière-motière et terreins contenant des tourbes et mottes à brûler, situés entre et dans lesdites paroisses ; ordonnons par ces Présentes, qu'ils continueront d'y aller et venir, d'y mener, faire conduire et paître leurs bestiaux, d'y couper et prendre des mottes pour leur chauffage, et litières pour leurs bêtes, des roseaux pour la couverture de leurs maisons, et d'en jouir entièrement, librement et propriétairement à l'avenir, comme par le passé, sans pouvoir en être empêchés par personne, et en aucune manière; faisons défenses, par ces mêmes Présentes, à tous Seigneurs de Fiefs, et à tous particuliers de les y troubler, pour quelques causes et sous quelques prétextes que ce soit ; défendons pareillement à toutes personnes de quelques qualités qu'elles soient, de prendre, s'attribuer, appliquer à leur profit privatif, diminuer, altérer, endommager, clorre ou faire clorre aucune partie des terreins tourbeux, et d'en empêcher et augustier les entrées, issues et passages de quelque manière que ce puisse être.

    Donnons par cesdites Présentes plein pouvoir, autorité et commission aux Juges Royaux de Guerrande de veiller et pourvoir à la conservation de ladite Brière, au bon état, entretien et liberté des chemins qui y conduisent, et au bon ordre de l'exploitation et jouissance d'icelle ; même de connoître en première instance, et sauf l'appel en notre Cour de Parlement de Bretagne, des contestations qui pourroient naître concernant ladite Brière. Si nous mandons, que ces Présentes vous ayez à faire registrer, et de leur contenu jouir et user lesdits Exposans pleinement et paisiblement, cessant et faisant cesser tous troubles et empêchements contraires : car tel est notre plaisir.

    Donné à Versailles le vingt-huitième jour de Janvier, l'an de grâce mil sept-cent quatre-vint-quatre, et de notre règne le dixième.

    Signé : Louis (5)

     

     

     

    (1) Et non Anne de Bretagne, contrairement à ce que propage encore une légende.

    (2) Aujourd'hui commune de La Baule Escoublac.

    (3) Nommé d'abord Escoublac, puis Escoublac-La Baule à partir du 1er juillet 1924, puis par décret du 10 mai 1962 La Baule -Escoublac.

    (4) cf. Jacqueline Bodin, Coutumes et pêche en Grandes Brière et au lac de Grand-Lieu, dans Arts et traditions populaires, T. 7e, pp. 8-19, 1959.

    (5) Ces Lettres-Patentes furent enregistrées par le Parlement de Bretagne le 13 mai 1784 ; L'arrêt d'enregistrement fut à son tour enregistré avec l'arrêt du Conseil et les Lettres-Patentes par les Etats de Bretagne le 12 novembre 1784.

     

  • Saint-Nazaire cité briéronne, première partie.

    8 aout 1461, ordonnance de François II sur l'entretien et la propriété de la Grande Brière

     

    Sans titre-1.jpg

    Sceau de Pierre II en 1454, d'après Don Morice.

    coll. comte Jehan-Richard d'A. de P.

     

    La paroisse de Saint-Nazaire est bordée au nord par les marais de la Grande Brière, la prairie inondable de Prézégat, à côté de la gare, en est encore témoin vivant. Ces marais ont été depuis des temps anciens drainés de canaux afin de les rendre exploitables et de pouvoir créer des prairies en leurs bordures. Un lac de rétention, situé dans la paroisse de Montoire, débordait régulièrement, les prairies se trouvèrent inondées et les chemins anéantis en raison de l'absence d'entretien des canaux et des fossés d'écoulements durant les guerres de succession. Les habitants des paroisses voisines, et le vicomte de Saint-Nazaire, Charles de Couëme, s'en plaignirent au duc. François II manda le sénéchal de Guérande de veiller à ce que l'on mette fin aux désagréments (1) :

     

     François, par la grâce de Dieu, duc de Bretaigne, comte de Montfort, de Richemont, d'Estampes et de Vertus, à noz Sénéchal, alloué, et procureur de Guérrande, Salut : 

    De la part de notre bien-aimé cousin et féal le sieur de Cuné (2) et de Saint-Nazaire, nous a été en suppliant exposé qu'il y a certainne manière de lac en la paroisse de Montouer assez prez des pastures situées du coté devers la Brière en notre jurisdiction de Guerrande que par la grande submersion et abondance d'eaux, par défault d'avoir esté curé et tenu nest, ainsi qu'il avoit accoustume, les escours et esservouers anciens quy y souloint estre qui avoient leurs cours, essest, et agout en la mer, puis soixante ans derniers par défault de les nettoyer ont esté empeschez, et à l'occasion de ce, les prairies des environ dont partie sont le domaine du d. suppliant et autre partie de son fié proche et à autres plusieurs nobles de notre pays, sont du tout en tout amisez et réduiz comme à inutilité et non valeur.

    Et aveq ce par l'abondance desdites eaux, le chemin et voye par lesquelles le peuple de la d. paroisse de Montouer et des paroisses de Saint-Nazaire, Saint-André, Escoublac, et autres paroisses voisines souloint et avoient accoustumé aller à laditte Brière dont ils tiroient les mottes pour leur chauffaige et les foîns pour leurs bestes, sont tellement empeschez, que les gens du paîs ne y pouront aller à beufs ne charettes que paravant le souloin faire. Sans le moyen desquelles mottes et foings croissant en ladite Brière le peuple commun des d. paroisses ne se pouront bonnement passer, quelle chose estoit et est au grand préjudice et dommaige du dit suppliant et des dits nobles et sujets de nostre pays, de leurs hommes et de tout le peuple et commun des d. paroisses et des environ, et lesquelles eaux se peuvent bien et convenablement vuider et esseuer cy les dits curées, antiennes estoient nettes et ouvertes, quelles par ce moyen descendroint et auroint leur cheoist en la mer et seroint les chemins par lesquels on va à la dite Bryere tous assechez que les d. choses occupées viendroint à proffit et utilité, et que le peuple en tout temps pourront aller tous à sec et bien aisé à ladite Brière au grand bien et prouffit dud. supliant et autres nobles et sujets de nous-mêmes qui en auroient les rachaptz, et de tout le bien publique de notre dit Païs, nous suppliant sur ce pouvoir et donner nos provisions et convenable remède humblement de nous requérant ;

    Pour ce est-il que nous, les dites choses considerrees voulans le bien et utilité de nos dits féaulx et subjets et du bien publique estre fixamant garder, augmenter, nous mandons et commandons en commettant, se mestier est, ou à deux de vous, vous transporter sur les dits lieux, et appelez en notre compaignie des nobles et autres gens notables des dites paroisses qui peuvent avoir interestz en cette matiere, vous informer, dit donné entendre dessurdit et autrement, bien aplain des dites choses nécessaires à faire en la matière dessurdite pour le bien de nos dits subjets, et aussi de la finance qui sera requise pour y employer ; et ce que par ceux quy y aurez appellez cu la maire et plusieurs parties d'eux trouverez estre convenable et profitable à faire pour l'ustilité de nos dits subjets défaïtes et faïtes faire et réaument exécuter, et la finance que trouverez estre nécessaire pour l'accomplissement de ce que sera ainsy faicte lever réaumant et de fait sur ceux quy y pouront avoir profict au plus utile et moins endommagens que estre pourra par l'aviseman des dessurdits ou la plus saine, partye d'iceux.

    De ce faire duman, nous avons donné et donnons plain pouvoir, authorité, commission de par nous, mandons et commandons à tous nos féaulx et sujets en ce faisant vous obéir et diligemment entendre.

    Donné en nostre ville de Nantes le huict jour d'Aoust l'an mil quatre cens soixante ung.

     

    Et plus bas : est escript par le duc en son Conseil, Raboceau.

     

    Scellé de cire rouge et lacs jaunes.

     

    Collationné par nous Notaires royaux à Nantes soucynez et l'auctantique et présent escryt sur vellen nous aparu.

    Rendu ce six de Mai mil six cent cinquante six.

    Signés sur la minute Jucas, Notaire Royal, et Lesbaupin, aussi Notaire Royal.

    Le mot essevouers retouché approuvé.

     

    Ce texte est fondateur pour les paroisses de grande Brière, car il reconnaît à celles-ci la pleine jouissance des marais, et servira à toutes leurs revendications.

     

     

    (1) Le document original a disparu, mais les archives départementales de Loire-Atlantique conservent une retranscription, certifiée copie authentique en date du 6 mai 1656 ; A.D.44, B 123.

    (2) Lisez : Couëme. C'est donc François de Couësme, baron de Lucé, vicomte de Saint-Nazaire, né en 1424, décédé entre 1488 et 1491.

  • La famille de Brégeot

    Brégeot (de) : D'azur à l'épée haute d'argent accompagnée de trois étoiles de même. 

    Famille issue de Jean de Bréchet, né près d'Epinal, capitaine de cavalerie au régiment de Fourgny, anobli par le duc de Lorraine le 28 mai 1663.

     

    I° François-Privat de Brégeot, (21 août 1767 – 10 avril 1845), capitaine au régiment de l'Ile de France, puis émigré, lieutenant-colonel sous la Restauration, s'établit à Guérande où il épousa Maguerite-Pélagie Yvicquel de L'Escly, d'où :

    1° Henri-Philippe, né à Guérande le 3 juin 1804, élève de l'école militaire de Saint-Cyr, fit la campagne de Crimée, se retira colonel, chevalier de la Légion d'Honneur et du Medjidié, resté célibataire ;

    2°Pierre-François, qui suit ;

     

    II° Pierre-François-René de Brégeot, (Herbigniac le 14 juin 1801  - 1er juillet 1874 Guérande) ; licencié en droit, juge auditeur à vannes le 10 mars 1825, substitut à Savenay en 1829, juge de paix à Guérande en 1849, conseiller général de la Loire-Inférieur de 1850 à 1853, juge de paix à Briec en 1867, marié à Saint-Nazaire le 12 mai 1830 avec Aimée-Gertrude Tahier de Kervaret du Kreset, fille de Julien-Maurice Tahier de Kervaret, maire de Saint-Nazaire, (voyez article sur les maires "royalistes" de Saint-Nazaire), d'où :

    1° Eugène-Julien-François, (Saint-Nazaire 4 mars 1831 - 13 avril 1904 Guérande), conseiller municipal de Gérande en 1870, adjoint en 1880, maire de Guérande en 1882, fonction dont il fut suspendu pour des motifs politique en 1886; membre de la Commission administrative de l'hospice de Guérande et ordonnateur du Bureau de bienfaisance, secrétaire de la Société des courses de Guérande en 1870, secrétaire du Comice agricole, marié à Guéméné-Penfao le 28 septembre 1869 avec Aline Potiron de Boisfleury, d'où postérité ;

    2° Henri-François, né le 7 avril 1833, marié à Vay le 30 août 1856 avec Céline-Lucie Bouret de La Roncière, née à Vay le 4 juin 1837 ; d'où postérité ;

    3°  François-Maurice, qui suit.

    III° François-Maurice de Brégeot, (Guérande le 10 octobre 1834 – 12 avril 1906 Saint-Nazaire en l'hospice civil) ;  employé aux Ponts et Chaussées, il fonda en 1862 une briqueterie entre à la Dermurie et Toutes Aides, qui périclita rapidement engloutissant sa fortune, malgré l'exploitation d'une carrière d'argile ; les bâtiments étaient en ruines en 1925, (cf. H. Moret), à l’exception d'une vaste maison toujours existante avant-guerre et dont la photographie fut publiée en L'Ouest-Eclair du 28 mars 1934 ;

     

    de bregeot,saint-nazaire,briqueterie,guérande,briqueterie

    Restes de la Briqueterie en mars 1934

     

    il vendit à l'abbé Henri Soulas le terrain qu'il possédait rue Villès-Martin (avenue Général de Gaulle), et sur lequel a été édifiée l'actuelle église Saint-Nazaire ; , époux de Josèphine Rose Baymé, (1839-1924), (tous deux sont inhumés au cimetière de La Briandais) ;  d'où :

    1° Maurice Prosper ;
    2° Alain °1866, mort au berceau ;
    3° Henri-Théodore (1869-1903), époux de Françoise Herbillon, d'où postérité ;
    4° Joseph-Marie-Louis (Guérande 28 septembre 1870 - 1944 Nantes), marié le 3 septembre 1907 à Saint-Nazaire avec Éva Marie Odette Barquissau, (Saint-Nazaire 4 mars 1879 - 8 février 1981 Bouguenais), infirmière puis Directrice ASS, d'où postérité ;
    5° Allain (1872-1877) ;
    6° Louis-Pierre-Marie (1874-1944), époux de Marie Brayet, d'où postérité ;
    7° Paul-Eugene-Marie (1876-1914) ;
    8° Anne-Marie (1883 - 1973 - Inhumée avec ses parents au cimetière de La Briandais), épouse de E. Morvan, d'où une fille épouse Brémaud ;
    9° Gaston.

     

  • La Châtellenie d'Ust

    Ust était une châtellenie relevant directement du domaine ducal de Guérande, elle était de la paroisse de Saint-André-des-Eaux où ses seigneurs avaient les droits de prééminences, armoiries, banc et enfeu dans l'église, ainsi que tombe et enfeu dans la chapelle Notre-Dame du bourg de Saint-André, ainsi que dans l'église conventuelle Saint-Yves des Dominicains de Guérandes. Dotée de droit de haute-justice sise en la paroisse de Saint-Andres-des-Eaux, elle étendait son autorité sur les paroisses limitrophes car cette seigneurie était plus grande que la paroisse de Saint-André, qui avait été soustraite à la paroisse de Saint-Nazaire. Par ailleurs, les seigneuries dépendantes de la paroisse de Saint-André-des-Eaux, (Trévecar, Coëtcas, Saint-Denac (1), Kerpoisson, etc.), relevaient de la châtellenie d'Ust. Le seigneur d'Ust jouissait des prééminences, armoiries, banc et enfeu dans l'église paroissiale de Saint-André-des-Eaux, il avait tombe et enfeu dans la chapelle Notre-Dame de Saint-André et dans l'église conventuelle Saint-Yves des dominicains de Guérande. Il présentait les chapellenies de Saint-Vincent-du-Quisio et de Saint-Jacques-des-Rivières, desservies dans la chapelle de son manoir d'Ust (2). Ce manoir était, non pas au lieu-dit le Marais d'Ust (3), à Saint-Nazaire, mais plus au nord, à Ust, sur la commune de Saint-André-des-Eaux. Il n'en reste rien, une ferme à pris son emplacement, près d'un étang ovoïde cité dans les actes de dénombrements. Le manoir était doté d'une chapelle et d'une fuie (pigeonnier), dans un parc de 120 journaux (4) de terres, composé de l'étang et de bois de hautes futaies. Outre ce manoir, les seigneurs d'Ust possédaient en propre les manoirs de la Ville-Savary, de Trevenegat, de Kerfrézou avec sa métairie, les métairies nobles de la Ville-Rouaud, de Péhant, de la Ville-Josse, du Bois de Marlan, de Beauvron, de Pontbihan, de Keroland, de Villeco, du Biho, de Tréhé, et du Groschêne, de plusieurs moulins à vent, de près et de bois, de salines sises à Saillé (5). De la châtellenie dépendait aussi un fief, nommé "Clos d'Ust", situé là où se trouve aujourd'hui la rue du même nom à proximité de la rue du Commandant Gustave Gäte, et où se trouvait un grand moulin à vent, encore existant avant le Première-Guerre-mondiale. Les seigneurs d'Ust avaient des droits seigneuriaux particuliers tels que le droit de philiponage consistant dans l'autorisation de prendre une robe ou 5 sols des hommes et femmes mourant dans les fiefs, et d'exiger de certains vaisseaux une paire de gants blancs, à ceux de pêche un certain nombre de lamproies (6).

     

    Liste des seigneurs d'Ust :

     

    famille d'Ust

    Sans titre-1.jpg

    (illustration d'après Don Morice)

    D'argent frété de sable.

    Cimier : Une tête de chien colletée.

    Lambrequins d'argent et de sable.

     

     

    I° Olivier d'Ust, chevalier, seigneur de la châtellenie d'Ust, décédé après 1336 ; père de :

     

    II° Jan (ou Jehan) I d'Ust,  suivit en 1369 Bertrand du Guesclin en Castille, et prit part à la bataille de Montiel ; fut nommé capitaine des gardes-côtes de Saint-Nazaire en 1371 ; en 1372, il se mit à la tête des paysans de Cornouailles, pour courir sus aux Anglais, que le duc avait mis en garnison dans la plupart des places du duché ; retourné Saint-Nazaire, il défendit la ville en 1379 contre les Castillans. Seigneur de la châtellenie d'Ust, rendit aveu au duc pour celle-ci en 1380. Le duc Jean IV en fit son chambellan. Il décéda en 1421. Père de :

     

    III° Jan II d'Ust, chevalier, seigneur de la châtellenie d'Ust, décédé avant 1462, marié avant 1439 à Marguerite Lesvesque, dame du Molant, décédée le 20 janvier 1464, d'où :

     

    IV° François d'Ust, chevalier, seigneur de la châtellenie d'Ust et du Molant, trésorier et receveur général du duc de Bretagne puis président de a Chambre des comptes, maintenu noble durant la réformation de noblesse de 1462, décédé le 9 mai 1483 ; père de :

    1° Jean, qui suit ;

    2° Jeanne, épouse de Jean de La Motte, écuyer, seigneur de Vauvert.

     

    V° Jan III d'Ust, chevalier, seigneur de la châtellenie d'Ust et du Molant, donné en otage au roi d'Angleterre  par la duchesse Anne lors du traité passé entre elle et ce prince en 1488 ; maintenu noble durant la réformation de noblesse de 1513, décédé en janvier 1518 ; époux de Guyonne de La Blintinais, fille du seigneur de La Grigonnais, d'où :

     

    VI° Olivier d'Ust, chevalier, seigneur de la châtellenie d'Ust et du Molan, maintenu noble durant la réformation de noblesse de 1513, fit aveu pour en avril 1518, contribua à la construction de l'église Saint-Yves de Guérande ; père de :

     

    VII° Jan IV d'Ust, chevalier, seigneur de la châtellenie d'Ust et du Molan, décédé le 1 mars 1558 ; époux de Marguerite Lenfent, fille de Guillaume Lenfent, chevalier, et de Janne de Monfort, dame du sang de Bretagne(7), le couple fit un acte de fondation en 1482 pour leur terre et maison du Mollant, situé en la paroisse du Breal, évêché de Saint-Malo,  d'où :

    1° Janne d'Ust, dame de la châtellenie d'Ust et du Molan, mariée : 1° en 1559 à Jacques de Champaigne, seigneur de La Montagne ; 2° en 1574 à François Perrault ; 3° en 1601 à Jean de La Bourdonnais ; partagea la succession de son père avec sa sœur le 30 août 1571 ; sans enfants, et suite à un acte de transaction en 1577, elle adopta le fils de sa sœur ;

    2° Françoise, mariée le 30 août 1562 à Vincent II du Boberil, seigneur de l'Hermitage, d'où postérité qui suit.

     





    famille du Boberil (8)

     

     Généalogie établie d'après l'arrêt de maintenue de noblesse rendu à Rennes le 22 octobre 1668.

     

    ust,saint-nazaire

     

     

    D'argent à trois fleurs d'ancolie d'azur, tigées de sinople.



    I° Vincent II du Boberil, chevalier, seigneur du Boberil et de l'Hermitage, pour lesquelles il rendit aveu au Roi le 28 avril 1557, janvier 1581, novembre 1586, et janvier 1588, obtint l'érection du Boberil en châtellenie, capitaine des arquebusiers de l'évêché de Rennes, lieutenant de la compagnie des gentilshommes du ban et arrière-ban du même évêché ; marié le 30 août 1562 à Françoise d'Ust, d'où :

    1° Jacques, qui suit ;

    2° Françoise, épousa, par contrat du 6 janvier 1590, de Pierre Julienne, écuyer, seigneur de Buris ;

    3° Marguerite.

     

    II° Jacques du Boberil, chevalier, seigneur de l'Hermitage, du Molant, et des châtellenies du Boberil et d'Ust par adoption par sa tante maternelle Jeanne d'Ust, gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roi, décédé vers 1614, eu une main levée de la Chambre des Comptes le 12 mai 1610 sur sa maison et sa terre du Molan, rendit aveu pour la châtellenie du Boberil le 9 et 25 juillet 1614, et 9 décembre 1612 ; marié en 1582 avec Marguerite de Coetlognon, fille de Noël de Coetlogon et de Marie de Goesbriant, d'où :

    1° Jan qui suit ;

    2° Jacques, qui fit partage des biens de ses parents avec son frère le 8 juillet 1629 ;

    3° Guionne, mariée par contrat du 4 décembre 1619 à Nicolas de La Landelle, écuyer, sieur de La Gras

     

    III° Jan III du Boberil, chevalier, seigneur de l'Hermitage, des châtellenies d'Ust, du Boberil, et du Molant, décédé en 1639 ; marié par contrat du 26 mai 1609 à Hélène du Bouexic, fille de Louis du Bouexic, écuyer, juge criminel de rennes, d'où postérité établie à Saint-Malo. Il rendit l'aveu pour Ust en 1618 , mais vendit la châtellenie par contrat du 7 août 1626 à René de Kerpoisson, écuyer, seigneur de Trevenegat et son épouse Louise de Goesbriant.



    famille de Kerpoisson (9)

     

    Sans titre-1.jpg

    D'argent au lion de gueules, la queue passée entre les jambes et remontant.



    I° René I de Kerpoisson, écuyer, seigneur de Trevenegat, acheta avec son épouse la châtellenie d'Ust à Jean III du Boberil, par contrat du 7 août 1626 ; en 1634, il acheta au vicomte de Saint-Nazaire, la seigneurie de Saint-André des Eaux, sauf l'enclave d'Ust (c'est le clos d'Ust en Saint-Nazaire) ; marié en novembre 1620 à Louise de Goesbriant, fille de François de Goebriant et de Renée de La Martellière, d'où :

     

    II° René II de Kerpoisson, écuyer, seigneur de Trevengat, de la châtellenie d'Ust, et de Saint-André, époux de Louise de La Porte d'Artois, dame d'Artois, fille de Jean de La Porte d'Artois, seigneur d'Artois, conseiller au parlement, et d'Emmanuelle Le Meneust de Bréquigny, dame de Bréquigny, d'où :

     

    III° Louise de Kerpoisson, dame de Trevengat, de la châtellenie d'Ust, de Saint-André, de Cleuz-Siriac et du fief du Bois-Savary, mariée : 1° en 1681 à Pierre Bonnier, écuyer, seigneur de Launay, nommé gouverneur des villes de Guérande, du Croisic, et de Saint-Nazaire en 1678, membre de la confrérie de Saint-Nicolas en 1687, seigneur d'Ust du chef de sa femme, pour qui il rend l'aveu au Roi le 3 mai 1679 ; 2° Maurice Avril, écuyer, seigneur de La Chauvière, conseiller au Parlement de Bretagne, décédé le 28 octobre 1728, d'où :

    1° Maurice Avril, qui suit ;

    2° Anne-Camille.



    famille Avril (10)

    D'argent au pin de sinople ; au chef d'azur, chargé de trois roses d'argent.

     

    ust,saint-nazaire

    Armorial général de 1696, enregistrement des armoiries du couple Avril-Kerpoisson, l'écu Kerpoisson est fauté.

     

    I° Maurice I Avril, écuyer, seigneur de La Chauvière, conseiller au Parlement de Bretagne, décédé le 28 octobre 1728 ; marié à Louise de Kerpoisson, dame de Trevengat, de la châtellenie d'Ust, et de Saint-André, d'où :

    1° Maurice Avril, qui suit ;

    2° Anne-Camille.

     

    II° Maurice II Avril, écuyer, seigneur de La Chauvière, de Trevengat, de la châtellenie d'Ust, et de Saint-André, rendit aveu pour Ust le 30 avril 1730, décédé en janvier 1748 ; époux de Marie-Josèphe du Chastel, d'où :

     

    III° Anne-Camille Avril, écuyer, seigneur de La Chauvière, de Trevengat, de la châtellenie d'Ust, et de Saint-André, vendit la châtellenie d'Ust à Julie Lepennec, dame de Lesnerac, de Trévécar et du Bois-Jollan, veuve de Charles marquis de Sesmaisons, (voyez les articles sur la seigneurie du Bois-Joallan).

     

     ust,saint-nazaire

    Le village d'Ust, photographie parue le 10 juillet 1941 dans Le Courrier de Saint-Nazaire.

     

     

     

    1 C'est en fait la déformation du nom Sadenac ; il n'a jamais existé de saint nommé Denac.

    2 Déclarations d'Ust de 1679 et 1730 ; cf. l'Abbé Guillotin de Corson, Les grandes seigneuries de Haute-Bretagne, p. 427.

    3 Fernand Guériff se trompe en le situant au Marais d'Ust.

    4 Un journal correspondait à une journée de labour.

    5 Déclarations d'Ust de 1730

    6 Déclarations d'Ust de 1679 ; cf. Fernand Guériff, historique de Saint-Nazaire, tome I, p. 101, 1963.

    7 Mention dans l'Arrêt de maintenue de noblesse de la famille du Boberil le 22 octobre 1668.

    8 Famille d'extraction chevaleresque de 1379, (réformations de 1427 à 1536), maintenue par arrêt du 28 octobre 1668 sur preuves de 10 générations, (Bibliothèque Municipale de Rennes, Ms. 504 et 505), dont une branche fut seigneur de la châtellenie d'Ust ; Une branche subsistante a été admise aux Honneurs de la Cour en 1788, (A.N., MM 817 - B.N., fonds Chérin n° 28) et fait ses preuves en décembre 1951 à l'A.N.F.

    9 Famille maintenue noble d'extraction lors de la réformation de noblesse par arrêt du 28 octobre 1668, (Bibliothèque Municipale de Rennes, Ms. 504 et 505 - cf Michel Authier et Alain Galbrun, Etat de la noblesse française subsistante, volume n° 24)

    10 Famille originaire d'Anjou, anoblie par l'élection à l'échevinage d'Angers en 1666, maintenue en 1669, maintenue à l'intendance de Nantes en 1701.

  • Souvenirs du château de Porcé

    Du château des Charmilles à Porcé, dit aussi château de Port-Cé, il ne reste que des murs béants, abandonnés par la municipalité. 

    Cependant, quelques éléments nous sont parvenus, pieusement conservés par des Nazairiens. 

     

    399201_4206235563389_1216832142_n.jpgSimple morceaux des lambrequins de toitures, ou carrelages de ciment issu des planchers effondrés du premier étage, ces maigres témoignages de se que fut la demeure, sont aussi important que les photographies que l'on en a.

    Morceaux du lambrequin du toit, et carreaux du sol du premier étage, le noir provient de l'ancienne chapelle,  coll. L.O.M.

    403942_4206256403910_2128209519_n.jpg 

     

    Plus émouvant encore, ce meuble en noyer, de style pseudo Renaissance typique à la fin du 19e siècle, en noyer, de réalisation industrielle. S'il n'a pas de valeur monétaire, il nous permet d'imaginer le décor et l'atmosphère du château, car c'est en effet le dressoir de la salle à manger, seul meuble qui resta dans la maison au moment de la débâcle nazi. Il fut sauvé par l'époux d'une ancienne employée des Raffegeau, à la demande de leurs héritiers, puis finalement donné par eux en remercient de nombre de services (la table et les quatre chaises qui allaient avec furent vendues par les héritiers Raffegeau). Il est aujourd'hui conservé à Saint-Nazaire dans des mains privées.

    buffet.jpg

    Dressoir de la salle à manger du docteur Raffegeau au château de Porcé,

    coll. privée, photographie © S.P.

     

     

    Vous avez un souvenir matériel du Saint-Nazaire disparu ? Des photographies privées de lieux maintenant détruits ou fortement bouleversés ? Contactez-nous, et aidez-nous à diffuser et faire connaître l'histoire et la petite histoire de notre commune.

  • 1468, Françoise d'Amboise devient dame de La Motte-Allemand

    Fille de Louis d'Amboise, chevalier, prince de Talmon et vicomte de Thouars, homme le plus riche de France, et de Louise-Marie de Rieux-Rochefort, dame de La Gacilly, elle-même fille de Jean III de Rieux-Rochefort, vicomte de Donge, François d'Amboise, naquis le 29 mai 1427 à Thouars. Elle fut élevée à la cour de Bretagne ou sa mère s'était établie séparée d'un époux qui avait une réputation d'homme violent. Dès l'âge de 3 ans elle fut promise en mariage au second fils du duc Jean V, Pierre, qui n'en avait que 13, alors non promis au trône. Un contrat de mariage fut signé dès le 21 juillet 1431 afin de confirmer l'engagement, dans lequel fut inscrit que la vicomtesse de Thouars assigna à sa fille 4,000 livres de rentes assises sur le comté de Benon et l'île de Ré, dont la jouissance fut remise au duc de Bretagne, le comte de Richement , déclara qu'il fait de son neveu Pierre, sitôt que le mariage aurait lieu. Ce fut fait en 1441 ou 1442, la date exacte ne nous est pas connue. Le duc François Ier décéda le 19 juillet 1450, ne laissant que des filles, la couronne passa alors à son frère, qui fut couronné duc de Bretagne sous le nom de Pierre II. Françoise, loin de l'image d'Epinal que l'on en a fait au 19e siècle, était une femme intelligente et fort avisée. Elle soutint son époux, l'aidant dans la gestion du Duché, en assurant les fonctions de justice de son époux. Si la Justice était officiellement rendue par le Duc, c'était Françoise qui jugeait et tranchait. En 1457 Pierre décéda, Françoise se consacra aux bonnes œuvres, et fonda en 1463, avec le frère Jean Soeth, le monastère de Couët, premier monastère carmélite, où elle entra elle-même en religion le 25 mars 1468. En cette même année 1468, la duchesse douairière de Bretagne acheta la seigneurie de La Motte-Allemand à Jean de Volvire, chevalier, baron de Ruffec, pour la somme de 2000 écus d'or. Le baron de Ruffec, était un seigneur poitevin, sujet du roi de France, qui avait fait le choix du parti de Charles VII, alors dépossédé de son royaume, et que Jehanne d'Arc surnomma « son gentil Dauphin », mais pour aider le futur roi à conquérir son trône, le baron avait besoin de beaucoup d'argent afin de financer sa troupe, c'est pour cette raison qu'il aliéna une partie de ses domaines. Françoise d'Amboise ne vient probablement jamais en son château de La Motte-Allemand, entrée au carme, elle décéda le 4 novembre 1485, et le pape Innocent VIII la proclama Bienheureuse quelques années plus tard. Sa seigneurie nazairienne fut léguée, à l'une de ses nièces, prénommée elle aussi Françoise, fille de Jean VI d'Amboise, chevalier, seigneur de Bussy, conseiller chambellan de Louis XI, et de Catherine de Saint-Belin. Cette nièce épousa le 25 octobre 1503 François de Volvire, fils de Jean, restituant par mariage la seigneurie de la Motte-Allemand que le baron de Ruffec avait vendue plusieurs décennies auparavant. 

  • La maison noble de Kerlédé, première partie

    La maison noble Kerlédé et la métairie de La Paquelais

     

    Initialement Kerlédé (1) n'était pas une seigneurie, c'était en fait un village de la vicomté de Saint-Nazaire, où se trouvait un manoir noble situé dans la petite seigneurie de La Pasquelais, appartenant à l'origine à la famille de La Haye du Sable (2). Ferdinand Gueriff dans son « Histoire de Saint-Nazaire », en touche quelques mots, précisant qu'il n'a pas su la situer, il mentionne aussi que ses sources sont perturbées par une seigneurie homonyme sise à Montoire-de-Bretagne. Monsieur Gueriff, dont le travail était des plus excellents, et dont nous encourageons la lecture de ses différentes publications, n'avait pas eu connaissance des registres manuscrits contenant les preuves de noblesse de la famille de La Haye du Sable, enregistrées par Charles d'Hozier en septembre 1694, pour l'entrée aux Pages de la Grande Écurie, (B.N., fr. 32101, f° 107), c'est en effet dans ce registre que se trouve le début de la réponse : La Paquelais, petite-seigneuries, changea de nom quand elle devint le bien de la famille Le Guennec au milieu du 17e siècle, elle prit celui de Kerlédé, en référence au manoir de ses propriétaires, et du village qui s'y situait.

    Le manoir était un vaste édifice situer au centre d'un U formé par ses communs qui encadrait une cour ouverte au nord sur ce qui est l'actuelle route de la Côte d'Amour. Détruit à la fin du 19e siècle, son emplacement était à peu près à celui du parking du super-marché Lidl.

     

    de la haye du sable,paquelais,kerlélé,saint-nazaire

    Carte géométrique de l'Entrée de la Rivière de Loire par l'ingénieur de la Marine et de l'Académie de Marine, Michel Alexandre Magin, en 1757, mentionnant le manoir de Kerlédé et son bois de châtaigniers servants d'amers

     

    Liste des propriétaires du domaine noble de Kerlédé :

     

    de la haye du sable,paquelais,kerlélé,saint-nazaire

     

    Famille de La Haye du Sable

     

    Famille noble ayant fait montre de noblesse en 1457 et 1467 à Guérande, et présenté ses preuves de noblesse pour les Pages de la Grande Ecurie devant d'Hozier en septembre 1694 (B.N., fr. 32101, f° 107)

     

    Armes : De gueule à trois bandes d'argent. 

     

    I° I° Macé (ou Mahé) de La Haye, écuyer, seigneur de métairie La Paquelais, et de la maison noble du Sable, fils de Goffroy de la Haye, seigneur du Plessis, cité en 1448; il comparut armé à Cheval en habillement de brigandine à la montre de noblesse d'avril 1467 tenue à Guérande ; époux de Jeanne Gautrot, d'où :

    1° Jean, cité dans la réformation de noblesse de l'Evêché de Nantes comme noble demeurant à Saint-Nazaire le 14 janvier 1457 ; marié le 13 juillet 1447 à Montoire avec Jeanne Gautevot, fille de Geofroi Gautevot, écuyer, et de Duvable de La Chernaië, sans postérité.

    2° Gille, qui suit. 

     

    II° Gille de La Haie, écuyer, seigneur de La Paquelais, et de la maison noble du Sable, époux de Marguerite David, d'où :

    1° Guillaume, qui suit ;

    2° Perronne, épouse de Mathurin Roiné, elle fit partage avec son frère de la succession noble de leur père le 25 janvier 1478.

     

    III° Guillaume de La Haye, écuyer, seigneur de La Paquelais, et de la maison noble du Sable, marié : 1° par contra du 1er janvier 1476 passé à Nantes avec Jeanne de Bruc, fille de Guillaume de Bruc, écuyer, seigneur de Bruc et de Vieillecourt, et de Guillemette d'Esdrieux ; 2° Jeanne de Kersac, d'où :

    1° François, seigneur de La Paquelais, et de la maison noble du Sable, époux de Françoise Joüan, qui fit cession le 16 novembre 1553 des seigneuries de son époux à son beau-frère Jean ; fille de Jean Joüan, seigneur de Remzegac, et de Marguerite du Val, dame du Boisarnai ;

    2° Jean, seigneur de la maison noble du Sable, pour laquelle il rendit aveu et dénombrement le 10 juillet 1560 à Odet de Bretagne d'Avaugour, vicomte de Saint-Nazaire, époux de Marguerite Savari, d'où postérité (voyez article manoir du Sable) ;

    3° Poncet, qui suit.

     

    IV° Poncet de La Haye, écuyer, seigneur de La Paquelais et de la maison noble de Kerlédé, marié en 1622 à Jeanne Le Guennec, baptisée le 28 août 1600 à Guérande, fille de Guillaume Le Guennec, écuyer, seigneur de Kersallio, et de Suzanne de Beaubois, d'où :

     

    V° René de La Haye, seigneur de La Paquelais et de la maison noble de Kerlédé, baptisé le 5 février 1624 à Guérande, décédé le 11 juin 1655 à Nantes, paroisse Saint-Vincent, inhumé le 13 juin en l'église des Carmes ; époux de Louise Mocquard, dont il n'eut pas d'enfant. Restée dame de La Paquelais par héritage de son époux, elle se remaria le 4 décembre 1659 à Nantes avec Gabriel Michaël, écuyer, seigneur de La Rolandière, dont elle n'eut pas non plus d'enfant. La Paquelais passa par héritage aux Le Guennec, plus proches parents de son époux.

     

    de la haye du sable,paquelais,kerlélé,saint-nazaireFamille Le Guennec

     

    D'azur plein ; au chef denché d'argent. 

     

    Famille noble d'extraction maintenue lors de la réformation de noblesse par arrêt du 14 juillet 1670, et par ordonnance du 28 avril 1699, (Bibliothèque Municipale de Rennes, Ms. 504 et 505), dont une branche cadette fut seigneur de Tréballe et de la maison noble de Kerlédé, et de la métairie de La Paquelais.

     

     

    I° Prégent Le Guennec, écuyer, seigneur de Kron, Bogat, Travérian et La Chaussée, né vers 1575, huguenot, reçu du roi Henri IV une lettre de sauvegarde en date du 24 septembre 1597 ; époux : 1° Julienne de Bogat, dame de Bogat et de Trévran ; 2° de Françoise Madic, née vers 1584 ; d'où :

    du premier lit :

    1° Charles, seigneur de Bogat, époux de Michelle de La Haye de Silz, dame du Corolec, d'où sept enfants :

    2°Guillaume, écuyer, seigneur de Kersallio, et de Suzanne de Beaubois, d'où : 

    2a° Jeanne Le Guennec, baptisée le 28 août 1600 à Guérande, épouse de Poncet de La Haye, écuyer, seigneur de La Paquelais et de la maison noble de Kerlédé ;

    3°Guillemette, mariée en 1615 à Pierre Hémery, écuyer, seigneur de la maison noble de Beauregard (voyez ce nom) ;

    4° Pierre, seigneur de La Chasse (Lavau), baptisé à Guérande le 1er avril 1600, marié le 29 juillet 1642 à Guérande avec Jeanne de Kermabon ;

    5° Jeanne, née le 6 avril 1602 à Guérande ;

    6° René (ou Robin), baptisé à Guérande le 5 novembre 1607, seigneur de Travérian, d'où un fils ;

    du second lit :

    7° Marguerite, née le 22 janvier 1610 à Guérande, épouse de Marc Duault ;

    8° Claude, née le 11 août 1611 ;

    Gille qui suit.

     

    II° Gilles Le Guennec, écuyer, seigneur de La Chaussée Bogat, par héritage de son beau-frère Poncet de La Haye du Sable : seigneur de Tréballe et de Kerlédé (ex. La Paquelais), baptisé à Guérande le 26 mars 1613, décédé à Saint-Nazaire chez son beau-frère Pierre Hémery à Beauregard, (NB il se disait lui-même parfois seigneur de Beauregard), inhumé le 13 juin 1682 en l'église paroissiale du côté de l’Evangile), époux d'Olive du Chô (ou Duché), morte vers 1682, d'où :

    1° Jeanne, baptisée le 19 novembre 1643 à Guérande ;

    2° Jean-Baptiste, qui suit ;

    3° Françoise ;

    4° Michel, (1649) ;

    5° Michelle, baptisée à Guérande le 27 août 1652, décédé en cette même ville le 15 mars 1698, dame de Tréballe, mariée en la chapelle Saint-Marc de Saint-Nazaire à Pierre Charpentier, écuyer ; elle est citée comme marraine de Michelle Richard, laboureur de La Noë de Kerlédé, (la famille Richard a laissé son nom au lieu-dit La Richarderie entre Kerlédé et Tréballe).

     

    X° Jean-Baptiste Le Guennec, écuyer, seigneur de Kerlédé, baptisé le 17 décembre 1647, décédé le 21 juillet 1706, marié le 13 février 1685 à Françoise Le Blanc, d'où :

    1° Jan, né le 31 décembre 1685 à La Roche-Bernard, baptisé le 3 janvier 1686 ;

    2° Marie, baptisée le 27 décembre 1686 au Croisic, morte avant 1727, épouse de Julien Raingeard, sieur de La Boisreaudrie, avocat en parlement, sénéchal des juridictions de Sainte-Pazanne ;

    3° François, baptisé le 1er février 1688 à Saint-Nazaire ;

    4° Françoise ;

    5° Louis, qui suit.

     

    XI° Louis Le Guennec, écuyer, seigneur de Kerlédé, baptisé le 21 janvier 1691 à Saint-Nazaire, décédé le 5 octobre 1723 ; participa à la conspiration de Pontcallec, il fut arrêté par décret de prise de corps le 15 novembre 1719, mais échappa à toute condamnation ; marié le 23 juillet 1708 à Anne-Marquise du Matz d'Armanjo, décédée le 7 mai 1741, fille de Denys-Guillaume du Matz, seigneur de la maison noble d'Armanjo, et de Perrine Paquet, d'où :

    1° Guillaume, né le 7 novembre 1711, baptisé le 17 janvier 1712 ;

    2° René, seigneur de Kerlédé et du fief de La Noë de Kerlédé, né le 12 février 1713, baptisé le 16 octobre 1713, décédé le 9 novembre 1744 ;

    3° Louis, baptisé le 30 septembre 1714, décédé le 26 juillet 1718 ;

    4° Emmanuel-René, baptisé le 13 février 1716, décédé le 17 septembre 1717.

    Leurs enfants étant tous décédés sans engendrer de descendance, la maison noble de Kerlédé passa aux sœurs d'Anne-Marquise du Matz.

     


    de la haye du sable,paquelais,kerlélé,saint-nazaire
    Famille
    du Matz d'Armanjo

     

    D'argent frété de gueules ; au chef échiqueté d'or et de gueules. 

     

    Famille noble d'extraction chevaleresque maintenue à l'intendance en 1700 qui posséda les maisons nobles d'Armanjo, de Guindreff, et de Kerlédé.

     

    I° Denys-Guillaume du Matz de Keranvay, seigneur de La Drouillay, et de la maison noble d'Armanjo pour laquelle il servit l'aveu en 1709, et qu'il vendit à Jacques Hégo ; époux de Perrine Pasquette, d'où :

     

    1° Anne-Marquise du Matz d'Armanjo, décédé le 7 mai 1741 ; mariée le le 23 juillet 1708 à Louis Le Guennec, écuyer, seigneur de Kerlédé, d'où plusieurs enfants qui n'atteignirent pas l'âge adulte, la maison noble de Kerlédé passa alors à ses sœurs ; 

    2° Geneviève, dame de la maison noble de Guindreff, et de Kerlédé par héritage de sa sœur Anne-Marquise, décédée à Saint-Nazaire le 27 octobre 1743 ;

    3° Jeanne, dame de Kerlédé et de la maison Guindreff, décédé à Saint-Nazaire le 20 mai 1756.

     

    Kerlédé passa ensuite à la famille Jaquelot du Boisrouvray. Nous n'avons pas su déterminer si c'est un achat par achat ou héritage, mais des liens de parenté semblent exister.

     

    Famille Jaquelot de La Motte 

     

    Armes : D'azur au chevron d'or, accompagnée en chef de deux mains appaumées du même, et en pointe d'un lévrier d'argent, colleté de gueules et bouclé d'or.

     

    Famille anoblie par une charge au Parlement de Paris en 1553, maintenue noble en qualité de Chevalier lors de la réformation de noblesse par arrêt du 27 mars 1669, (Bibliothèque Municipale de Rennes, Ms. 504 et 505), branche subsistante (du Boisrouvray) ayant fait ses preuves en mai 1939 à l'A.N.F. 

     

     

    I° Louis-Jacques Jaquelot du Boisrouvray, chevalier, seigneur de La Motte, baron de Campsiollon, époux de Marguerite Johannic, dame de Coëtdrézo, fille Jérôme Johannic, chevalier, seigneur de Coëtdrézo, et de Louise Guerry, d'où :

    1° Louis-René, qui suit ;

    2° Floriant-Augustin, chevalier, seigneur de La Motte et de Villeneuve en la paroisse de Quistinic (56), seigneur de Kerlédé en la paroisse de Saint-Nazaire, décédé à Nantes le 2 février 1775 à l'âge estimé de 66ans ; marié : 1° Angélique-Thérèse de Mussan, décédée en la maison noble de Kerlédé le 21 décembre 1755 à l'âge de 35ans ; 2° Cécile Charrette ; 3° le 15 février 1741 à Nantes avec Anne-Marie des Vaux, fille de Bernard des Vaux, écuyer, seigneur de Loiselière, et de Pélagie de Cornulier ; 4° le 8 février 1774 à Nantes avec Marie-Françoise de Charbonneau, fille d'Honoré-Godefroy de Charbonneau, écuyer, seigneur de Mouzeil, et d'Anne-Louise du Being. Sans héritier, Kerlédé passa à sa nièce Marie-Jeanne ;

    3° Marie-Thérèse.

    II° Louis-René Jaquelot de La Motte, vicomte de La Motte, baron de Campzillon, (Rennes 24 février 1699 – Rennes 13 janvier 1773), conseiller au Parlement de Bretagne, époux de Janne Chomart des Marais, (d'une famille de Balz), d'où :

    1° Marie-Jeanne, baronne de Campzillon, dame de Kerlédé, (1750 - Rennes 13 février 1789), mariée le 26 juillet 1774, à Vannes avec François-Claude de Kermarec, seigneur de Traurout, puis comte de Traurot, (1747-1825), conseiller au parlement de Bretagne.

     

     

    (1) Le nom se trouve aussi orthographié Ker Le Dex, Kerledec, Querleday, il est probablement une déformation de Ker le Deiz, c'est à dire « le village du jour ». Pour des raisons pratiques, nous avons ici conservé l'orthographe contemporaine.

     

    (2) Famille qui possédait le manoir du Sable.

  • Les fermes de Villeneuve et du Bois-Joalland

    Dons nos prochains articles, nous traiterons de l'histoire de la seigneurie du Bois-Joalland, mais avant cela nous allons ici parler de deux éléments du patrimoine nazairien dont l'histoire se rattache à celle de cette seigneurie : la ferme du Bois-Joalland et la ferme de Villeneuve.

     

    Située le long de la route qui borde l'étang, peu avant le bourg de l'Immaculée, la ferme du Bois-Joalland n'est pas le manoir seigneurial, le manoir se situait là où se trouve aujourd'hui la route et la rive de l'étang qui ne fut créé qu'entre 1917 et 1920, ce manoir a disparu avant la Révolution, cependant cette ferme était la métairie principale de la seigneurie. Si le long corps de ferme en fond de cour est du 18e siècle, la maison actuelle ne date que du 19e siècle, le logis originel se trouvait en retour entre la maison actuelle et le corps de ferme. 

     

    Située aujourd'hui entre la rive de l'étang  et le terre-plein de la D492,  la ferme de Villeneuve était l'une des métairies nobles que possédaient les seigneurs du Bois-Joalland sur le territoire de la seigneurie. Tout porte à croire qu'elle fut un temps résidence du sénéchal seigneurial. Contrairement aux fermes ordinaires de Saint-Nazaire, qui étaient construites en torchis sur une base en pierres, (la ferme Couronnée en est un parfait exemple). La métairie de Villeneuve au Bois-Joalland, est un bâtiment typiquement du début du 16e siècle, construit intégralement en pierres, tout en longueur, avec des portes ogivales ou à linteaux à accolades, la toiture était à l'origine en chaume. Le bâtiment est divisé en deux unités d'habitation, dont une comprenant une salle basse dotée d'une cheminée monumentale et les restes d'un placard en maçonnerie, dont les étagères sont constituées de pierre plates, ce qui confirmerait la présence du sénéchal de la seigneurie dans ce logement. Une soue à cochon est accolée au pignon ouest. la cour a été surélevée au moment de la création de l'étang. Aujourd'hui Villeneuve est encore le siège d'une exploitation, quoique le bâtiment historique, couvert actuellement d'ardoises, était transformé en grange, et qu'une nouvelle habitation fut construite après la Seconde-Guerre-mondiale en prolongement de celui-ci.

     

    Du 16e au début du 20e siècle, les propriétaires de ces métairies furent les familles du Chastel, Le Pennec du Bois-Joalland, de Charrette durant 20ans, puis à nouveau Le Pennec du Bois-Joalland, et enfin de Sesmaisons qui vendirent par pièce leur domaine nazairien. 

     

    En 1857, la métairie appartenait à monsieur Masseron qui possédait aussi la métairie du Bois Joalland.

     

    Au début du 20e siècle, la ferme de Villeneuve servit de décor pour une série de cartes-postales de genre par le photographe Degas, on y distingue très bien les détails architecturaux.

     

    C016-VIE-chat-et-souris.jpg

    collection de monsieur L.

     

    C023-VIE-la-main-chaude-19060319.jpg

    collection de monsieur L.

     

    bois-joalland,le penne,sesmaisons,saint-nazaire,villeneuve

    bois-joalland,le penne,sesmaisons,saint-nazaire,villeneuve

    bois-joalland,le penne,sesmaisons,saint-nazaire,villeneuve

    bois-joalland,le penne,sesmaisons,saint-nazaire,villeneuve

    bois-joalland,le penne,sesmaisons,saint-nazaire,villeneuve

    bois-joalland,le penne,sesmaisons,saint-nazaire,villeneuve

    bois-joalland,le penne,sesmaisons,saint-nazaire,villeneuve

    bois-joalland,le penne,sesmaisons,saint-nazaire,villeneuve

    bois-joalland,le penne,sesmaisons,saint-nazaire,villeneuve

    bois-joalland,le penne,sesmaisons,saint-nazaire,villeneuve

    Les autres métairies de la seigneurie du Bois-Joalland, n'ont pas laissé de trace notable en dehors de leurs noms...

  • La famille Galliot de Cran

    Dans notre article sur le séjour à Saint-Nazaire du prétendant Charles-Edward Stuart, nous avons mentionné la famille Galliot de Cran. Cette famille a été attachée à l'histoire de la commune durant quatre générations.

     

    L'auteur de cet article a lu beaucoup de mentions inexactes au sujet de cette famille, la première concerne la « qualité » de cette famille, pour reprendre l'expression de l'Ancien Régime, nous voulons ici parler du fait que les Galliot de Cran étaient roturiers et non nobles, même s'ils bénéficiaient de certains privilèges en raison des charges qu'ils possédaient. Ajoutons qu'il n'était pas obligatoire d'être noble sous l'Ancien Régime pour posséder une terre noble, et que le fait d'avoir une particule n'a jamais été preuve de noblesse, (au même titre que certains nobles n'en ont jamais eu). La seconde légende à laquelle nous aimerions tordre le cou, et celle de l'origine du nom « Cran », celui-ci vient d'une métairie, constituée en fief, située au quartier de l'Immaculée à Saint-Nazaire, et non un manoir de la commune de Saint-Dolay en Morbihan qui appartenait à la famille Thomas de Cran, qui n'avait pas de lien avec les Galliot, au demeurant, le premier Galliot arrivé à Saint-Nazaire, était « Galliot des Fresnières ». Les Galliot sont cependant originaires de la région de La Roche-Bernard, mais dans l'état actuel des recherches il nous est impossible de déterminée la paroisse exacte. 

     

    Faisons enfin mention d'un fait relevé par Henri Moret et Ferdinand Guériff dans leurs ouvrages sur l'histoire de Saint-Nazaire, celui des signatures des notables de Saint-Nazaire dans les registres paroissiaux. A chaque baptême ou mariage d'importance, les notables de la ville possédants un fief et en assumant le nom accolé à leur patronyme, signaient d'abord d'une particule, suivit du nom du fief, et enfin de leur patronymique, nous ignorons totalement l'origine et la raison exacte de cette mode, peut-être motivée par la volonté de faire oublier plus facilement leurs rotures en cas d'accession éventuelle à la noblesse ? La question reste pour l'heure sans réponse.

     

     

     

    Galliot de Cran : De gueules à une galiotte d'or. 

     

    I° Jérôme (ou Hierosme) Galliot, sieur des Fresnières, mort à Saint-Nazaire en 1711, inhumé dans la chapelle du Rosaire de l'église de Saint-Nazaire (c'était la chapelle des vicomtes), procureur fiscal de la vicomté de Saint-Nazaire et de la baronnie de Marcein avant 1670, fut mandataire de Marie Beliotte pour la réformation du domaine de Guérande en 1680 ; il avait acquis de la famille de La Haye du Sable une importante demeure dans la Grand-rue du bourg de Saint-Nazaire sur laquelle l'écu des La Haye figurait encore au 20ème siècle ; époux de : 1° Renée Labour ; 2° Renée des Grées (ou Desgrées) d'où :

    du premier lit :

    1° Claude, né à Saint-Nazaire en 1671 ;

    2° Olivier, né en 1673 ;

    du second lit :

    3° Perrine, née en 1682 ;

    4° Sébastien, né en 1684 ;

    5° Jeanne, dame des Fresnières, née en 1685, mariée le 26 novembre 1707 avec Jean-Vincent Diguet, sieur du Bot, (1683 - inhumé le 10 décembre 1721 en a chapelle du Rosaire), sénéchal seul juge de la vicomté de Saint-Nazaire et de la baronnie de Marcein, né à Vannes, paroisse Saint-Pierre, fils de Vincent Diguet, et de Jeanne Lesbouez ;

    6° François, né en 1686 ;

    7° René, qui suit.

     

    II° René Galliot, sieur de Cran, (métairie sise à Saint-Nazaire), (Saint-Nazaire 1693 – Saint-Nazaire 8 février 1772), avocat à la cour, sénéchal de Saint-Nazaire et de Marcein à la suite de son beau-frère en 1722, subdélégué de l'Intendance à Saint-Nazaire de 1722 à 1772, élu marguillier à l'unanimité en 1736, membre de la confrérie Saint-Nicolas de Guérande en 1737, correspondant de la Commission intermédiaire des Etats de Bretagne en 1755 ; au début de l'été 1745 il logea un temps chez lui le prince Charles-Edward Stuart, (dit Bonni prince Charlie), qui organisait avec les familles irlandaises de Nantes un débarquement dans le but de le placer sur le trône d'Ecosse et d'Angleterre (voyez l'article sur les Walsh), les dames de Saint-Nazaire brodèrent pour le prince une courtepointes à ses armes, qu'il laissa à son hôte, (encore en possession de ses descendant en 1850 d'après la légende locale). Le 20 novembre 1756 il fait fonction de commissaire aux classes alors que se déroule au large la bataille des cardinaux, avec ses hommes ils sauvèrent à bord d'une embarcation quelques marins français du navire Le Juste, il rédigea un rapport sur ces faits le 4 décembre, remis au rapporteur Millain, aujourd'hui conservé aux archives de la Marine. Marié à Férel (56) le 9 octobre 1724 Geneviève Durand, fille de feu Guillaume Durand, alloué et lieutenant du marquis d'Assérac, et offrit à l'église de Ferel un tabernacle posé et béni le 15 novembre 1739 ; d'où :

    1° Joseph-Marie né en 1726 ;

    2° François-René, né en 1727 ;

    3° François-Pierre, qui suit ;

    4° Michel-Thomas.

     

    III° François-Pierre Galliot, sieur de Cran, (Saint-Nazaire en 1736 – La Roche-Bernard 30 décembre 1796), il fut seigneur de La Tréballe à Saint-Nazaire (par acquisition en 1783 auprès de Louis Lorieux, sieur de La Mainguisserye, il revendit la propriété à Ambroise Lorieux, cousin et beau-frère du précédent, en 1793) ; avocat à la cour, marguillier de Saint-Nazaire en 1770, vendit en 1772 la charge de sénéchal de son père à Etienne Chaillon ; il fut en 1789 l'un des plus importants contribuables de La Roche-Bernard ; durant la Révolution il acheta des terres du Prieuré que sa famille avaient en métayage depuis le 18ème siècle, éparpillés sur la commune ; marié le 4 septembre 1787 à Josselin (56) avec Marie-Josèphe-Yvonne Martin Daumond, fille de Gilbert-Anne-Marie Martin Daumont, avocat au Parlement, lieutenant particulier des Eaux, Bois et Forêts du comté de Penhouet (56), alors ancien maire de Josselin et ancien commissaire des Etats de Bretagne, et de Marie-Louise (Le) Prieur, dame de Trégadoret, d'où :

    1° un enfant né en 1786 au Férel, mort la même année ;

    2° François-Louis-Marie, (La Roche-Bernard 3 juin 1790 – La Roche-Bernard 1858) ; 

    3° Joseph-Marie-François, (Josselin le 31 juillet 1788 – La Roche-Bernard 1860).

     

     

    Tous deux moururent célibataires en possession d'une importante fortune provenant de la plus-value de la vente de leurs terrains qui se situaient entre la rue de Toute-Aide et l'Avenue de la République, (d'où le nom de passage de Cran près du marché couvert), ces terrains étaient ceux qui constituaient le domaine du Bois-Savary, acquis auprès du marquis de Sesmaisons en 1804. L'ancien hôpital de Saint-Nazaire, détruit durant les bombardements, avait été construit sur l'un de leurs terrains, (vendu à la ville un prix inférieur au marché cependant).

     


    galliot de cran,saint-nazaire,boussineauLa maison des Galliot de Cran, dite maison du Prétendant, avait été acquise de la famille de La Haye du Sable, dont l'écu figurait su la façade entre les deux portes-fenêtres sur premier étage, se situait dans la Grand-Rue de Saint-Nazaire, (N°42), dans le bourg historique. Construite sur en plan carré, caves éclairées par un grand soupirail en arc côté rue, au rez-de-chaussée surélevé, la façade de cette maison était large de deux travées, un perron de cinq marches pour accéder au rez-de-chaussée, le premier étage, « l'étage noble », était doté d'un balcon à balustrade de fer forgé, faisant toute la largeur du bâtiment, appuyé sur trois corbeaux sculptés. Le second étage sous un haut comble, était éclairé coté rue par deux lucarnes encadrées finissant en pointe. Dans les premières années du Second Empire, elle fut plusieurs fois louée à l'administration municipale, servant de caserne de gendarmerie à titre provisoire en 1850, puis d'école par décret municipal le 9 février 1851. A la mort du denier des Galliot de Cran, la maison fut vendu Athanase-Louis-Charles de Boussineau, (né à Saint-Etienne-de-Mont-Luc le 31 mars 1824), issu d'une famille nantaise anoblie par élection à l'échevinage de cette ville en 1668. Ses fils en héritèrent, et finirent par la vendre de force à l'Etat qui entreprenait le creusement de la nouvelle entrée du port. 

     
    Détail d'un dessin de Paul Bellaudeau, (Arch. Municipales)
  • La maison noble du Sable, seconde partie

    de Charault de Mérionnec : Tiercé en pal, d'or, d'azur, et d'argent .

     

    La famille de Charault de Mérionnec est une famille de la bourgeoisie guérandaise, anoblie en la personne de Guillaume de Charault de Mérionnec, qui acheta en 1776 la maison noble du Sable à Jean-Baptiste-René de La Haye du Sable, après avoir vendu le château de Careil situé à Guérande (1).

     

    I° Guillaume de Charault de Mérionnec, (1724 - Le Croisic 17 juillet 1778), seigneur de Mérionec, Conseiller du Roi et Maître ordinaire à la Chambre des Comptes de Bretagne, par acquisition de cette charge qui l'anoblie, en achetée en 1750, pour la somme de 50 000 livres, seigneur de la maison noble du Sable achetée en 1776 à Jean-Baptiste-René de La Haye du Sable ; homme cultivé et très attentif aux phénomènes naturels provoqués par les marées et en particulier l’ensablement progressif de la côte, il rédigea un mémoire vers 1770, conservé aux Archives Nationales, dans lequel il préconisait un certain nombre de moyens pour lutter contre l’ensablement, en particulier par la plantation d’arbres, conseils innovants, qui ne furent hélas suivis qu'un siècle plus tard (2) ; marié à Nantes le 6 juillet 1751 avec Placide Fourcade (3), (Nantes 2 juillet 1728 – Guérande, 28 août 1800), fille de Jean-Louis Fourcade, ancien juge consul et échevin de Nantes, et de Marie Jouanneaulx, d'où :

    1° Placide-Marie-Louise, baptisée le 11 octobre 1752 à Nantes ;

    2° Marie-Julie, (baptisée à Nantes le 7 décembre 1753 – Andard (Maine et Loire) 1798), mariée le 2 janvier 1777, en l’église Saint Maurille d’Angers, avec Louis-René Guérin du Grandlaunay, (1751-1840) ;

    3° Joseph-Pierre, né le 3 novembre 1763 ;

    4° Marie-Honorée, (Nantes 12 février 1765 – Nantes 28 janvier 1790), mariée le 9 juillet 1786, en l'église Sainte-Croix de Nantes, avec Jean-François Tranchevent, fils de Jean-Pierre Tranchevent, et de Jeanne Taillebois, issu d'une famille de capitaines de navires originaire d'Honfleur, au diocèse de Lisieux.

     

    Guillaume étant un anobli, le partage de ses biens se fit de façon roturière comme le voulait la Coutume de Bretagne, mais ceux-ci restèrent la pleine propriété de sa veuve. Celle-ci survécut à ses enfants, dont seule l’aînée laissa une descendance, ainsi à la mort de Placide Fourcade, le Sable devint la propriété de Louis-René Guérin du Grandlaunay.

     

    Guérin du Grandlaunay (4) : D'azur, à un croissant montant d'argent, accompagné à dextre d'une épée haute du mesme, et à senestre d'une palme aussi d'argent (qui est Bault de Beaumont), chargé en coeur d'un écu de gueules, au lion d'argent, (qui est Guérin du Grandlaunay).

     

    I° Louis-René Guérin du Grandlaunay, (Angers 23 janvier 1751 – Angers 25 juillet 1840), élu échevin d’Angers le 1er juin 1784, jusqu’en 1789, nommé juge de paix du canton de Trélazé de 1795 à 1807, date à laquelle il est nommé Maire d’Andard, fonction qu’il conservera jusqu’en 1826 sauf pendant les « 100 jours » ; marié le 2 janvier 1777, en l’église Saint Maurille d’Angers, avec Marie-Julie de Charault de Mérionnec, (baptisée à Nantes le 7 décembre 1753 – Andard (Maine et Loire) 1798), dont il hérita des biens de sa famille en 1801, d'où :

    1° Jean-Baptiste ;

    2° Marie-Julie, (1777 - 1825) ;

    3° Louise, (1780-1862) ;

    4° Louis, (1782-1839) ;

    5° Henri, (1785 - ??) ;

    6° Charles, (1785-1868) ; 

    7° Jean-Henri, (1787-??) ;

    8° Alexandre, (1788-1878) ;

    9° Cécile, (1791-1832) ;

    10° Augustine, (1793-??).

     

    Plessix

    En 1829 le manoir est propriété de Joseph-Emmanuel Plessix (Vallon 28 novembre 1806 - 16 mai 1870 Saint-Nazaire, inhumé au cimetière de La Briandais), marié 1ère Céleste Durant (+ 14 juin 1855 Nantes) ; 2e à Saint-Nazaire le 28 décembre 1868 avec Elodie-Marie Brevet (°Nantes 1ernovembre 1837). Le domaine abrite alors 12 personnes réparties en 4 ménages. Il chercha à vendre la propriété, composée "d'une maison de maître, d'une métairie et de dépendances, en juin 1839, mais ne trouva pas d'acquéreur. C'est finalement sa veuve hérite qui vend à Alphonse-Léopold-Nicolas-Louis Cézard. (NB : il possédait aussi la ferme de La Fosse à Sautron.)

    sable.jpg

    Cadastre Cadastre de 1829, Archives départementales.

    On distingue à droite la manoir toujours existant, et les bâtiments de la ferme depuis détruit. 

     

    Alphonse-Léopold-Nicolas-Louis Cézard

    Cézard : Parti de gueules et d'azur à trois roses d'or brochant (2 et 1) ; au chef de … chargé d'un voilier de … navigant dans une mer agitée de … Cimier : Un dauphin nageant dans une mer. Devise : Post nubila Phœbus (Après la pluie le beau temps), (5).

     

    Alphonse-Léopold-Nicolas-Louis Cézard, (Nicolas dans sa famille, Alphonse seulement pour ses affaires, cette double nomination explique que les noms des navires qu'il possédait au port de Saint-Nazaire), armateur et banquier, était né à Batavia aux Indes-Néerlandaises, (aujourd’hui Jakarta capitale de l'Indonésie), son père, natif de Nancy, y avait fait fortune comme armateur et planteur de sucre, devenu milliardaire, il était revenu avec toute sa famille en France afin d'y marier convenablement ses enfants, dépensant pour les doter toute sa fortune, et en faisant des spéculations industrielles. Alphonse Cézard contribua à fonte de la fortune de son père en spéculant dans l'industrie et le commerce au moment de l'ouverture du port de Saint-Nazaire, il fut impliqué dans quelques scandales locaux, et perdit d'importantes sommes que son père recouvrit, il débuta comme armateur, avec deux navires, le Alphonse Cézard et le Nicolas Cézard, puis il voulut faire de la politique en se présentant pour les législatives de Saint-Nazaire contre le candidat seul et officiel (nous étions sous le Second Empire...) Anselme François Fleury, le 17 mai 1863, il ensuite fut directeur pour la France de la Saint-Nazaire Compagny, une société fondée à Londres en juillet 1864, pour l'établissement d'une nouvelle ville sur les terrains de l'ancien manoir du Sable, et fonda le 15 janvier 1865 la Société des Crédits généraux de Saint-Nazaire, filiale de son entreprise de transports maritimes, la Société du Commerce de France, lesquelles furent mise en faillite en 1866... Il avait spéculé sur les terrains du domaine du Sable, qu'il voulait lotir en une cité moderne,d’un quartier sur 450.000 m² de terrains, réparties en 84 îlots de bâtiments d’habitation étaient de toutes classes, délimitant un quartier sur 450.000 m² de terrains, réparties en 84 îlots bâtiments d’habitation étaient de toutes classes, délimité de 33 rues, doté de 5 grandes places, d’un parc luxuriant, et de tous les bâtiments nécessaires à la vie de la population et des administrations. Alphonse Cézard proposa en sus de céder gratuitement à la ville tous les terrains nécessaires à l'établissement des voies publiques, places et squares ; d'exécuter à ses frais le perré de protection de la dune et les escaliers de service du quai-boulevard du front de mer (qu’on aurait baptisé Napoléon III) sur 1 km ; de contribuer à la construction de l'église (rappelons qu’il était protestant) ; d'exécuter à ses frais, « dans des délais déterminés, ou à sa convenance dans certains cas », les halles, l'abattoir, la distribution d'eau, les bains et lavoirs, le théâtre, le grand hôtel, la bourse, le tribunal de commerce, le tribunal civil, la sous-préfecture, le collège et la caserne… à charge par la ville de concéder à perpétuité à sa compagnie les terrains appartenant à la commune dans le quartier à créer, le privilège du service de l'eau pour quatre-vingt-dix-neuf ans, l'exploitation des principaux lieux publics pour trente ans ; de faire ou de terminer le plus promptement possible le réseau général des égouts, les travaux d'éclairage ou d'assainissement et d'entretien des rues et voies publiques comprises dans les terrains appartenant à la compagnie ; et enfin d'exempter des droits de douane et d'octroi les matériaux employés dans les constructions nouvelles.

     

    Possesseur du manoir de Heinlex, qu'il avait fait totalement reconstruire, et qu'il dut vendre à Henri Duval, le président de la Chambre de commerce, avant de se retirer au château de La Touchelais à Savenay, où se trouve aujourd'hui l'hippodrome, où décéda, après fondé dans cette ville une fromagerie.

     

    Société des Crédit Généraux de Saint-Nazaire disparue, ruinant plusieurs actionnaires, sans qu'Alphonse Césard et ses frères, eux aussi impliqués dans la spéculation, furent inquiétés. La Société de commerce de France survécut et resta propriétaire du domaine du Sable. L'affaire fit long feu, car c'est seulement en 1873 que le tribunal de Paris procéda à la mise en vente, en deux lots, l'ensemble du domaine du Sable le 29 mai 1873. La vente fut annoncée dans la presse le 15 mai 1873. le premier lot comportait 423551 m² de terrain, soit un peu plus de 42 ha, et le second le manoir avec 8780 m² de terrain.

     

    saint-nazaire,guérin du grandlaunay,manoir du sable,charault de mérionnec,guérande,prince de bearn,cezard

     

    Annonce de la vente parue dans Le Monde Illustré du 15 mai 1873.

     

    Le domaine fut acquis par les frères Bessard du Parc.

     

     

    Famille Bessard du Parc

     

    Bessard du Parc : D'argent à deux fasces de gueules, accompagné de sept merlettes de sable, 3,3, 1.

    Famille de la bourgeoisie issue d'un sénéchal de la seigneurie de La Haye-de-Lavau à Savenay. 

     

    I° Julien-Marie-Alexandre Bessard du Parc, (1823-1899), époux de Claudine-Emma Mathel-Tharin, (1829-1870), d'où :

    1° Julien-Marie-Joseph, (1854-1906), époux de Marie_Métella Tulou, d'où postérité ; acheta avec son frère Olivier le domaine du Sable le 6 janvier 1883, qu'ils revendirent peu après au prince de Bearn en 1883 ;

    2° Emmanuel-Marie-Thomas, (1856-1882) ; 

    3° Olivier, époux de Blanche-Berthe Schmer, d'où postérité, co-propriétaire du domaine du Sable.

     

     

    Le prince de Béarn

     

    de Galard de Brassac de Béarn : Ecartelé : aux 1 et 4, d'argent, à trois corneilles de sable, becquées et membrées de gueules ; aux 2 et 3, d'or, à deux vaches passantes de gueules accolées, accornées et clarinées d'azur, accolées d'hermine.

    Laure-Henri-Gaston de Galard de Brassac de Béarn, comte de Brassac, comte de Béarn, comte de Béarn et de l'Empire, baron de La Rochebeaucourt, comte de Marsan, prince Béarn et de Vianna par lettres de la Reine Isabelle d'Espagne du 9 juillet 1868, duc de Cantabrie, marquis d'Excideuil, grand d'Espagne de première classe, etc., (Cassel, Grand-duché de Hesse-Cassel, (aujourd'hui en République Fédérale d'Allemagne) 9 juillet 1840 – Pau 18 juin 1893), il augmenta sa fortune en spéculant dans l'immobilier des différents projets orchestrés par le gouvernement du Second-Empire, l'achat de la propriété du Sable se fit dans ce seul but, il fit dessiner des avenues sur le domaine, et dépeça celui-ci en différents lots, une partie, dite "Le bois de sapins" (en réalité des pins plantés à la demande du prince pour stabiliser les dunes et les rendre exploitables comme à La Baule), fut acquise par la municipalité à la suite d'un échange avec le prince de Béarn, approuvé par le Conseil le 7 août 1885, afin de créer le jardin qui avait été envisagé par Alphonse Cézard, c'est le Jardin des Plantes actuel, dessiné par le paysagiste nantais Aubry. Le prince de Bearn ne vient jamais à Saint-Nazaire, mais l'une des rues perpétue le souvenir de sa possession le long du jardin : la rue de Béarn (6). (le quartier, dit aujourd'hui "de La Havane", dont le vrais nom est "Le Sable", est né de cet échange). L'aménagement ne se fait cependant pas avant le 11 juin 1886.

    Jusque qu'à la Première Guerre mondiale, la zone était peu urbanisée, les avenues n'étaient que des allées sablonneuses, le long desquelles se trouvaient quelques rares villas. Le Manoir du Sable, fut vendu à Aymé Duquaire qui acheta le reste des parcelles à lotir, (sous le nom de Lotissement du Sable, l'opération ne s'acheva qu'en 1934, et les rues ne furent dotées de revêtement qu'au moment de la Reconstruction).

     

    saint-nazaire- manoir du sable, guérande

    L'avenue de Béarn en 1900, Coll. O.M. de S.L.

     

    saint-nazaire,guérin du grandlaunay,manoir du sable,charault de mérionnec,guérande,prince de bearn,cezard

     Le "bois de sapins", en 1886-87, coll. F.B.

    (la prise de vue a été réalisée depuis l'avenue Ferdinand de Lesseps)

     

    Durant la période ou la Prince de Bear fut propriétaire du domaine, la ferme du manoir, située à proximité, et détruite par Aymée Duquaire, était toujours en métayage. Dans son " Précis historique du vieux Saint-Nazaire ", publié en 1907, G. Le Barbier de Pradun, décrit ainsi les lieux qui servait à la promenade des citadins : C’était au bois des Sables, on y buvait un lait délicieux à la métairie du même nom, puis jeunes gens et jeunes filles se livraient au plaisir de la danse, pour retourner tous ensemble, la journée une fois terminée, à leurs domiciles respectifs.

     

    d'Aymé Duquaire à la municipalité

     

    Aymé Duquaire, (1840-1922) était Lyonnais qui avait débuté comme avoué chez un notaire(7), puis qui se lança dans la spéculation immobilière. À Saint-Nazaire il acheva le lotissement du domaine du Sable. Il offrit à la ville une parcelle triangulaire en 1910, pour la création d'un square où fut installée la statue du Soldat de l'An II, sur la rue Villebois-Mareuil, qui aurait dû comporter deux maisons. Ce square, (parfois nommé Aymé-Duquaire, bien qu'il n'ait jamais reçu officiellement ce nom), pris le nom de Square du Souvenir Français. Ses biens avaient été regroupés en une société du nom de Société Aymé Duquaire et Cie, le domaine du Sable n'était alors plus qu'un parcelle de 2ha sur laquelle subsistaient le manoir seigneurial, et une maison à un étage à l'angle de l'avenue de Bearn et de la rue de Pornichet, construite dans les années 1860, et que la municipalité rasa dans les années 1970 pour faire place à un nouveau bâtiment. Par séance du 28 juin 1924, suite à un proposition d'achat présentée par le maire Vivan Lacour le 28 février 1924 (8), le Conseil municipal se décida d'acquérir le manoir et son parc afin de créer un second jardin botanique, le prix d'achat et d'aménagement fut de 475.000.fr, payé par un emprunt au Crédit Foncier, somme énorme à l'poque et qui souleva des indignations. Il fallut plusieurs années pour que les travaux soient réalisés, le manoir resta longtemps fermé, se délabra, son parc ressembla rapidement à une jungle. La maison seigneuriale fut affectée aux jardiniers, elle fut remise à neuf d'une façon radicale qui fit perdre une part de son cachet, ce que critiqua une part de la population, (cf. Le Courrier de Saint-Nazaire du 10 juillet 1931, sous la plume de Jacqueline Bruno) ; la seconde maison fut affectée au Patronage laïc de jeunes filles (9). Le parc de la maison, situé à l'arrière fut transformé en jardin à la française avec des serres.

     

    saint-nazaire,guérin du grandlaunay,manoir du sable,charault de mérionnec,guérande,prince de bearn,cezard

    Le manoir en juin 1937 (publication du Courrier de Saint-Nazaire du 5 juin 1937).

     

    Par la suite on installa différente administrations et service municipaux dans le manoir, notamment durant la guerre le bâtiment devient école en raison de la réquisition par l'occupant d'une partie des structures scolaires, puis il devint la bibliothèque municipale de 1949 à 1971, et à la fin des années 90 le foyer des Anciens à la suite de la construction de la résidence pour personnes âgées en bordure de la cour d'honneur, le long de l'avenue de Lesseps. Un second groupe d'immeubles fut ensuite bâti le long de l'avenue de Bearn.

     

    saint-nazaire,guérin du grandlaunay,manoir du sable,charault de mérionnec,guérande,prince de bearn,cezard

    Plan d'aménagent du manoir en bibliothéque, conservé dans les archives dites de l'Ancien Musée, aux Archives municipales de Saint-Nazaire ; cliquer pour agrandir.

     

     

    saint-nazaire- manoir du sable, guérande, prince de bear, cezard

    La maison noble du Sable, au centre, et le parc aménagé au début des années 1970, on voit à gauche la maison construite dans les années 1860 qui avait été affectée par la municipalité au Patronage laïc de jeunes filles, à l'arrière du manoir, on distingue les serres municipales. (carte postal, crédit inconnu, me contacter pour mention future du nom des ayants droit, merci.)

     

    En 2008 le jardin arrière, que la municipalité n'entretenait plus, fut bétonné sur le moindre centimètre pour faire place à une résidence des plus disgracieuses, aux appartements sombres. 

     

    (1) A.D.44, E 550. — Vente de la maison noble du Sable, en Saint-Nazaire, par René de La Haie, chevalier, à Guillaume Charault, chevalier, seigneur de Merionnec. 1776.

    (2) Sources : Gaétan d’Aviau de Ternay « Dictionnaire des magistratsde la Chambre des Comptes de Bretagne », page 84 ; Les Cahiers du Pays de Guérande, N°15 ( Année 1994), pages 9 et 10 ; généalogie et histoire de la famille Guérin du Grandlaunay, établies et communiquées par monsieur Héric Guérin du Grandlaunay, ancien sous-préfet de Saint-Nazaire, et descendant direct de Guillaume Charault de Merionnec. 

    (3) Elle était la dernière représentante de la branche de la famille Fourcade, originaire de Bayonne, établie à Nantes en 1670, et qui portait : « De sinople au pairle d’argent ». (Cf. « Histoire de la Famille Fourcade », Notice historique et généalogique par François-Laurent Jacquier - informations communiquées par monsieur Héric Guérin du Granlaunay, op.cité.)

    (4) Généalogie et informations communiquées par monsieur Héric Guérin du Granlaunay, op.cité.

    (5) D'après les armoiries sculptées sur la façade sud du manoir de Henleix.

    (6) N.B. : si le nom de la rue se prononce « béarne », comme l'ancienne province, le nom de la famille de prononce lui « béhar' », (avec l'accent versaillais-pata-chaude-dans la bouche).

    (7) Son avoué était Viart à Lyon.

    (8)Vivan Lacour présenta la possibilité d'achat sans avoir entretenu le conseil en commissions, et sans que ce fut à l'ordre du jour, mais la possibilité d'acheter le reste du domaine, même avec deux maisons décrites comme étant "en mauvais état", était pour la municipalité une affaire qui manquait de jardin public et de bâtiments à affecter.

    (9) Délibérations du Conseil municipal, (arch. Mun. De S.-N.), (cf. Henri Moret « Hitoire de Saint-Nazaire », 1925).

  • Le maison noble du Sable, première partie

     

    sable.jpg

     

    Façade arrière en 1931, gravure de Paul Bellaudeau,

    parue dans Le Courrier de Saint-Nazaire du 10 juillet 1931.

     

     

    Le bâtiment se trouve coincé entre des immeubles, ses façades dénaturées par un enduit de ciment repeint de couleur abricot en 2008, aucune démarche n'a été entreprise pour le faire répertorier par la DRAC et le faire protéger par les Monuments Historiques. Il est cependant le dernier témoin de ce que fut Saint-Nazaire à l'époque médiéval, et de son histoire d'avant la Révolution française. Durant trois siècle et demi, il fut la résidence et propriété de la famille de La Haye du Sable, qui posséda aussi la métairie de La Paquelais (qui pris le nom du village de Kerlédé), et la seigneurie de La Motte-Allemand. Jusqu'à la Révolution, le manoir comportait une chapelle seigneuriale. Ajoutons que le manoir était à l'origine protégé des vents par un bois de hautes futaies qui servait d'amer pour la navigation dans l'Estuaire.

     

    de la haye du sable,manoir du sable,drac,saint-nazaire

    Le bois du manoir du Sable sur la Carte géométrique de l'Entrée de la Rivière de Loire par l'ingénieur de la Marine et de l'Académie de Marine, Michel Alexandre Magin, 1757.

     

     

    de la haye du sable,manoir du sable,drac,saint-nazaire

    de La Haye du Sable : De gueule à trois bandes d'argent. 

     

     

    La filiation de cette famille noble nous est en grande partie connue grâce au registre manuscrit des Preuves de noblesse pour les Pages de la Grande Ecurie tenu par Charles d'Hozier en septembre 1694, (B.N., fr. 32101, f° 107), et dans le « Nobiliaire de Bretagne (1668-1671) », Tome II, manuscrit, contenant les maintenus de la noblesse bretonne, (B.N., fr. 8318, f°157), et par les Mémoires généalogiques des familles de la noblesse de Bretagne, de la réformation de la noblesse faite dans cette province en exécution des lettres patentes du Roi de l'année 1668, rédigées par Refuge de Pompone, (Bibliothèque Municipale de Rennes, Ms. 504 et 505).

     

     

    I° Macé (ou Mahé) de La Haye, écuyer, seigneur de métairie La Paquelais, et de la maison noble du Sable, fils de Goffroy de la Haye, seigneur du Plessis, cité en 1448; il comparut armé à Cheval en habillement de brigandine à la montre de noblesse d'avril 1467 tenue à Guérande ; époux de Jeanne Gautrot, d'où :

    1° Jean, cité dans la réformation de noblesse de l'Evêché de Nantes comme noble demeurant à Saint-Nazaire le 14 janvier 1457 ; marié le 13 juillet 1447 à Montoire avec Jeanne Gautevot, fille de Geofroi Gautevot, écuyer, et de Duvable de La Chernaië, sans postérité.

    2° Gille, qui suit. 

     

    II° Gille de La Haye, écuyer, seigneur de la métairie de La Paquelais, et de la maison noble du Sable, époux de Marguerite David, d'où :

    1° Guillaume, qui suit ;

    2° Perronne, épouse de Mathurin Roiné, elle fit partage avec son frère de la succession noble de leur père le 25 janvier 1478.

     

    III° Guillaume de La Haye, écuyer, seigneur de la métairie de La Paquelais, et de la maison noble du Sable, marié : 1° par contra du 1er janvier 1476 passé à Nantes avec Jeanne de Bruc, fille de Guillaume de Bruc, écuyer, seigneur de Bruc et de Vieillecourt, et de Guillemette d'Esdrieux ; 2° Jeanne de Kersac, d'où :

    1° François, seigneur de La Paquelais, et de la maison noble du Sable, époux de Françoise Joüan, qui fit cession le 16 novembre 1553 des seigneuries de son époux à son beau-frère Jean ; fille de Jean Joüan, seigneur de Remzegac, et de Marguerite du Val, dame du Boisarnai ;

    2° Jean, qui suit ;

    3° Poncet, écuyer, seigneur de La Paquelais et de la maison noble de Kerlédé, marié en 1622 à Jeanne Le Guennec, baptisée le 28 août 1600 à Guérande, fille de Guillaume Le Guennec, écuyer, seigneur de Kersallio, et de Suzanne de Beaubois, d'où :

    a° René de La Haye, seigneur de La Paquelais et de la maison noble de Kerlédé, baptisé le 5 février 1624 à Guérande, décédé le 11 juin 1655 à Nantes, paroisse Saint-Vincent, inhumé le 13 juin en l'église des Carmes ; époux de Louise Mocquard, dont il n'eu pas d'enfant. Restée dame de La Paquelais et de la maison noble de Kerlédé par héritage de son époux, elle se remaria le 4 décembre 1659 à Nantes avec Gabriel Michaël, écuyer, seigneur de La Rolandière, dont elle n'eut pas non plus d'enfant. La Paquelais passa par héritage aux Le Guennec, plus proches parents de son époux. (Voyez article Kerlédé)

     

    VI° Jean de La Haye, écuyer, seigneur de la maison noble du Sable, pour laquelle il rendit aveu et dénombrement le 10 juillet 1560 à Odet de Bretagne d'Avaugour, vicomte de Saint-Nazaire ; époux de Marguerite Savari, d'où :

    1° Pierre, qui suit ;

    2° Julienne, mariée sur consentement de son frère, par contrat le 27 juin 1610 à Saint-Nazaire avec Artus de Chévigné, écuyer, seigneur de La Sicaudaie, fils aîné de Christophe de Chévigné, et de Claude de Bouteillet.

     

    V° Pierre de La Haye, écuyer, seigneur de la maison noble du Sable, pour laquelle il fit hommage au Roi le 29 avril 1617, (mort avant le 3 juillet 1638), marié par contrat du 15 février 1609 à Saint-Nazaire avec Jeanne de Châteautro, dame du Cartier, de Kerlouais, de La Villejan, et de Plaisanse, à Plumieux (22), fille de René de Chateautro, sieur du Cartier, de Kerlouais, de La Villejan, et de Plaisanse, et de Jeanne de Francheville-Saveuse, veuve, elle fit le dénombrement de la maison noble du Sable le 3 juillet 1638 auprès de Gabriel de Goulaine, vicomte de Saint-Nazaire ; d'où :

    1° François, qui suit ;

    2° Jean, né le 21 septembre 1628 au Cartier, (Plumieux 22), baptisé le 28 décembre 1628 à Plumieux ;

    3° François, sieur de Kerloys, prénommé comme son frère, avec lequel il fit partage des biens de leur père le 24 avril 1649, maintenus nobles sur arrêt du 24.01.1669 ; époux de Julienne du Boscher, d'où :

    a° Mathurin, sieur du Cartier, époux d'Anne de La Carbinnière ;

    b° René-Louis ;

    c° Joseph ;

    d° François ;

    e° François, sieur du Kerloys.

    4° Guillaume, inhumé à La Trinité-Porhoët le 8 janvier 1649.

     

    VI° François de La Hayer, écuyer, (mort avant le 29 janvier 1671), seigneur de Pouveus, du Cartier et de la maison noble du Sable pour laquelle il fit dénombrement le 2 mai 1654 à Claude du Chastel, vicomtesse de Saint-Nazaire ; déclaré majeur et responsable en octobre 1642 afin qu'il épouse Julienne-Andrée du Boschier, dame de Coësmellen, d'où :

    1° Louise, née à Ménéac (56) le 17 octobre 1643 ;

    2° Claude, dame de La Villejan, née à Ménéac le 4 janvier 1649 ;

    4° Renée-Claude, née à Plumieux le 10 novembre 1650, baptisée le 1er décembre suivant, épouse de Louis-Guillaume Le Tenours, écuyer, seigneur du Plessis-Bruslé :

    5° Louis-Mathurin, né le 13 juin 1651 à Plumieux, seigneur du Cartier, époux d'Anne de La Corbinière, fille de François de La Corbinière, écuyer, seigneur du Fresne, et d'Yvonne Gouro, d'où postérité sous le nom de de La Haye du Cartier jusqu'en 1834, éteinte dans la famille de Careil, en Morbihan ;

    6° Sébastien, né à Plumieux le 31 août 1652, baptisé le 4 septembre suivant ;

    7° Louis, qui suit ;

    8° René-Joseph, né à Plumieux le 3 janvier 1655, baptisé le 20 suivant ;

    9° François, né à Plumieux le 4 août 1656, baptisé le 10 suivant ;

    10° Joseph.

     

    VII° Louis de La Haye du Sable, écuyer, seigneur de la maison noble du Sable pour laquelle il rendit aveu au Roi le 10 janvier 1678, seigneur de La Motte-Allemand par héritage maternel de son épouse, maintenu noble d'extraction lors de la réformation de noblesse par arrêt du 29 janvier 1671 - inhumé à Guérande le 17 mars 1700 ; marié le 9 avril 1647 à Saint-Nazaire avec Olive Le Long du Dreneuc, dame de La Motte-Allemand par héritage de sa famille maternelle, (Saint-Nazaire 20 aout 1638- Saint-Nazaire 3 novembre 1688), fille de Jean Le Long, écuyer, seigneur du Dreneuc, et de Jeanne de La Bouexière, d'où :

    1° Monique, née le 6 juillet 1675 à Saint-Nazaire, mariée le 2 mai 1707 à Guérande avec Louis-Gille du Matz, écuyer, seigneur de Gléré, (natif de la paroisse de Rieu, diocèse de Vannes, établi à Saint-Nazaire suite à son premier mariage avec Jeanne de La Bourdonnaye, native de Montoire), il fut constaté qu'ils étaient parents au 4e degré, ils durent renouveler leurs veux après dispense le 22 mai 1710 ;

    2° René, qui suit ;

    3° Pélagie, (Saint-Nazaire 10 mars 1680 – Saint-Nazaire 2 juin 1688) ;

    4° Olive, dite mademoiselle de La Motte, mariée le 7 mai 1715 à Guérande avec Pierre-François Le Flo de Tremelo, écuyer, seigneur de Kerleau, maintenue noble par ordonnance du 25 septembre 1703, (Bibliothèque Municipale de Rennes, Ms. 504 et 505). 

     

    VIII° René de La Haye du Sable, écuyer, seigneur de la maison noble du Sable et de La Motte-Allemand, né à Saint-Nazaire le 24 juillet 1676, baptisé le 29 juillet suivant, présenta ses preuves de noblesse pour les Pages de la Grande Écurie en septembre 1694, (B.N., fr. 32101, f° 107), maintenue noble par ordonnance du 6 mai 1701, (Bibliothèque Municipale de Rennes, Ms. 504 et 505), établi au château de La Motte-Allemand, il participa à la conspiration de Pontcallec et fut interné à Nantes ; marié à Guérande le 7 février 1702 à Marie-Madeleine Le Mintier, d'où :

    1° Jean-Marie, né le 14 février 1706 à Guérande, ondoyé le 15 février, baptisé le 10 mars ;

    2° Marie-Olive,né le 6 juillet 1707 à Guérande, baptisée le lendemain, décédée le 7 octobre 1707 ;

    3° René, qui suit.

     

    IX° René de La Haye du Sable, chevalier de La Motte-Allemand, époux de Marie Lefeuvre, d'où :

    1° François-René,  né et baptisé à Guérande le 25 janvier 1722, décédé et inhumé à Guérande le 31 janvier 1722 ;

    2° Louis-Marie, seigneur de La Motte-Allemand et de la maison noble du Sable, mort avant 1768 ;

    3° Jean-Baptiste-René, décédé à Saint-Nazaire le 11 avril 1780, après son frère seigneur de la maison noble du Sable, (qu'il vendit en 1776 (1) à Guillaume Charault de Merionnec, chevalier), seigneur de La Motte-Allemand, (qu'il vendit le 29 octobre 1770 à François Le Chauff).

     

     

    Une légende local rapportée par F. Guériff veut que le dernier membre de cette famille terminât douanier ou facteur à Saint-Nazaire, on trouve effectivement un Honoré Delahaye, facteur des postes à Saint-Nazaire en 1843, né vers 1805, qui laissa une descendance dans cette ville, mais rien ne prouve une filiation commune avec les nobles de La Haye du Sable, le nom de La Haye, ou Delahaye est très commun, on le trouve dans toutes les provinces de France et de Belgique, il y avait d'ailleurs à Saint-Nazaire une seconde famille noble du même nom, avec laquelle elle n'avait aucun lien. Au-delà de cette homonymie, cette légende a été entretenue par le fait qu'il existait un Saint-Nazaire une famille noble que la Révolution, réduisit à l'état de simple cultivateur, il s'agit de la famille du Bouays de Couesbouc, dont nous parlerons dans un autre article.

     

    Durant la période ou la famille de La Haye du Sable résida au château de La Motte-Allemand, la maison noble du Sable fut affectée à la famille Walsh, qui exerça la fonction de sénéchal de la seigneurie de La Motte-Allemand, plusieurs membres de cette famille sont mentionnés comme étant nés au manoir du Sable dans les registres paroissiaux.

     

    (1) A.D.44, E 550. — Vente de la maison noble du Sable, en Saint-Nazaire, par René de La Haie, chevalier, à Guillaume Charault, chevalier, seigneur de Merionnec. 1776.

  • la Villa Nelly

    La Villa Nelly est un lieu qui se rattache affectivement à nombre de familles nazairiennes. Plusieurs d'entre nous y ont déjà loué une salle (pourtant vilaines) dans l'un des batîments annexes, pour s'y réunir à l'occasion d'un mariage ou d'un baptême. Aujourd'hui propriété de l'évêché de Nantes qui songe régulièrement à s'en séparer à chaque problème de trésorerie, le domaine, situé entre le feu fixe de Porcé et la Tour du Commerce, est connu des Nazairiens, mais personne n'en sait l'histoire, l'évêché ne m'ayant jamais répondu, c'est tout à fait par hasard que j'ai trouvé son histoire, grâce à d'anciens annuaires mondains, et la généalogie de la famille Juchault qui fut le commentaire de la villa, simple maison de week-end ,qu'habite aujourd'hui le gardien du lieu.

     

    Villa Nelly.jpg

     

     

    Je porte ici à la connaissance du lecteur, la copie d'une photographie prise en 1865 de la villa, (Fonds et Collections Odoevsky Maslov). C'est à ma connaissance la seule représentation ancienne qui existe.

     

     

    La Villa Nelly fut construite à l’emplacement de la vigne du Clos du Plessis, un ancien fief attaché à la seigneurie du Plessis-Giffard, à la demande d'Amédée Juchault, baron des Jamonières, dans les années 1850-1855, période à laquelle le quartier dit de Porcé fut peu à peu transformé en lieu estival. La propriété est restée dans sa descendance jusqu'au légue fait à l'évêché de Nantes. Le nom de la villa était celui de sa fille aînée, à qui il destinait la propriété. Outre la villa, il y a avait une fermette qui assurait une exploitation de 6 ha de terrains.

     

     

    Famille Juchault des Jamonières

     

    Sans titre-2.jpgd'azur, à la fasce d'or, accompagnée de trois coquilles d'argent.

     

    Famille anoblie par une charge à la Chambre des Comptes de Nantes en 1583, maintenue lors de la réformation de noblesse par arrêt du 7 novembre 1669. (Bibliothèque Municipale de Rennes, Ms. 504 et 505) 

     

     

     

    I° Amédée Juchault, baron des Jamonières, (né à Nantes, le 2 pluviôse an XI / 21 janv. 1803 -  décédé  le 29 octobre 1881 ; époux d'Augustine-Aimée de La Borde, (12 juin 1811 -  31 décembre 1878), d'où :

    1° Augustine-Nelly, (1834-1862), mariée par contrat du 12 mai 1857 avec Alfred Bascher de Souché, capitaine adjudant-major au 3e dragons, dont Maurice Bascher de Souché, mort jeune.

    2° A.-Arthur, (6 juin 1835 - 9 mars 1836) ;

    3° Arthur-Antonin Juchault, baron des Jamonières, né à Nantes, le 22 octobre 1837,  marié le 6 septembre 1870, Anna Siffait, née à Clisson, le 17 avril 1846, fille d'Albert Oswald Siffait, (héritier et commanditaire des Folies Siffait à Clisson), et de Rosalie-Marie-Anne Lorette de la Refoulais, d'où postérité ;

    4° Louise, mariée en 1870 avec Jules Pellu du Champ-Renou.

     

    Famille Pellu du Champ-Renou

     

    D'azur à deux étoiles d'or en chef et un croissant du même en pointe.Sans titre-1.jpg

     

     Famille de la bourgeoisie nantaise. 

     

     

     

     

     I° Jules Pellu du Champ-Renou , (ou Champrenou), marié en 1870 à Louise Juchault des Jamonières, fille d'Amédée Juchault, baron  des Jamonières, et d'Augustine-Aimée de La Borde, d'où :

    1° Yvonne, épouse d'André Bénier ;

    2° Charlotte, née en 1873, épouse de Frédéric-Marie-Charles de La Laurencie, lieutenant de vaisseau. 

     

    Famille Bénier 

     

    I° André Bénier époux d'Yvonne du Champ-Renou, héritière de la villa Nelly, d'où : 

    1° Edith, (Nantes 10 octobre 1899 -  23 novembre 1987 Parpeçay (36)), marié le 28 novembre 1931 à Singapour à  Alain-Gaétan-Marie-Lunaire d'Augustin de Bourguisson, (Saint Lunaire (35) le 15 juin 1906  - Parpeçay (36) le 2 février 1995), d'où postérité.

     

    Madame Yvonne Bénier loua la Villa Nelly en 1937 à l’Union Familiale de Trignac, qui y fit un centre aéré pour la jeunesse catholique. Après guerre l'évêché de Nantes en devient propriétaire. Il la possède encore en 2012.

     

    villa nelly,saint-nazaire,porcé

    1954

     

     

    Note ajoutée le 01/09/2014 : Je vous invite à lire de beaux souvenirs d'enfance de Michel C. Mahé à la villa Nelly sur son blog : http://michelcmahe.com/category/la-villa-nelly/ 

  • La Villès-Martin

    Devenue au 19e siècle un lieu de détente pour la population de Saint-Nazaire, La Villès-Martin était durant l’Ancien Régime un hameau dépendant de la seigneurie d'Heinlex-Pommerais, et le siège d’une métairie noble, avec son manoir situé entre la rue Marcel Sembat et la rue des Mouettes, et un petit vignoble, nommé « Vignes de La Falaise », entre la pointe et la rue des Mouettes (à la fin du 19ème siècle, cette vigne appartenait à Gustave Bord, le propriétaire du château des Charmilles à Porcé). Il existait aussi à emplacement du fort une chapelle qui se trouvait désaffectée au début 18e siècle, elle fut transformée en corps de garde, puis remplacée par un fort, dont le commandant en 1745 était Raoul-Philippe Becquey du Renéguy, capitaine des gardes-côtes du général de Saint-Nazaire, puis aide-major de la Capitainerie des gardes-côtes de Saint-André-des-Eaux (1).

     

    La métairie noble de La Villès-Martin, était une grosse ferme constituée en bien noble, située au village du même nom, bénéficiant de fait du mode de succession propre à la noblesse de Bretagne. Il fut cependant essentiellement la propriété de familles roturières. Plusieurs historiens ont prétendu que le lieu tirerait son nom de la famille Martin de la Chambre, plus tard Martin des Bouexières (2). Personnellement nous n’y croyons pas faute de preuves, et surtout parce que le prénom et le nom Martin étant très communs, n’importe qui de ce prénom ou de ce nom pourrait être à l’origine de la nomination du lieu.

    martin.jpg

    Cadastre de 1829, Archives départementales

    Dans l’état actuel de ses recherches, l’auteur retrace la dévolution de la métairie comme suit :

     

    Famille Boullet

    Famille de la bourgeoisie de Saint-Nazaire qui laissa entre autres son nom au lieu-dit La Bouletterie, 

     

    I° Mathieu Boullet, sieur de La Bonneraye, notaire royal à Saint-Nazaire, procureur syndique de la communauté en 1670, cité comme l'un des plus anciens fabriqueurs en 1690, père de :

    II° Mathieu Boullet, sieur de Villemartin, greffier de la vicomté de Saint-Nazaire en 1709, père de :

    1° François, sieur de Maude, capitaine de vaisseau, receveur du droit à Saint-Nazaire ;

    2° Jean, sieur de La Perrière, bourgeois de Saint-Nazaire en 1709.

     

    Les fiefs de Maude et de Villemartin furent vendus respectivement à la famille Canuel et à la famille Rouaud

     

    Famille Rouaud de La Villemartin

    4092337702.jpgD'azur au croissant d'argent, accompagné de trois croisettes pattées du même.

     

    Famille bourgeoise anoblie en 1814. Éteinte au 19e siècle.

     

    I° Mathieu-André Rouaud, baptisé à Saint-Nazaire 22 août 1710 ; inhumé le 13 février 1752 Saint-Nazaire "dans le haut de l'église", sieur de la Ville-ès-Martin (par acquisition de la famille Boullet) ; marié le 18 avril 1741 à Saint-Nazaire avec Catherine Canuel, baptisée le 13 août 1713 à Saint-Nazaire, inhumée à Guérande le 21 octobre 1787, fille de feu Etienne Canuel, et de Catherine Gicquel, d'où entre autres :

    II° Mathieu (de) Rouaud, sieur de La Villemartin, (Saint-Nazaire 26 janvier 1743 – Guérande 5 juillet 1803), avocat au Parlement, conseiller du Roi et procureur au Siège royale de Guérande et sénéchaussée de Guérande, établi à Guérande en 1768, dont il était syndic et maire de Guérande de 1770 à 1771, député du Tiers-état pour la ville de Guérande aux Etats généraux de 1789 ; marié le 8 mai 1770 à Montoire avec Bonne Gallet, demoiselle de La Richardière, fille mineure de feu Claude Gallet, sieur de L'Aubinay, capitaine de navire de la rivière de Nantes et de Perrine-Rosalie Rothoux, dame de La Paquelais à Saint-Malo-de-Guersac, sur décret de justice de la vicomté de Donges, (voir généalogie dans article Rouaud de Villemartin).

     

    (1) Raoul-Philippe Becquey du Renéguy, (baptisé à Herbigniac 28 novembre 1706 - décédé à Saint-André-des-Eaux le 20 août 1757), capitaine des garde-côtes du général de Saint-Nazaire, puis aide-major de la Capitainerie des garde-côtes de Saint-André-des-Eaux, membre d’une ancienne famille de la bourgeoisie de cette dernière commune.

    (2) La famille Martin était une branche restée bourgeoise, collatérale de la noble famille Martin de Beaulieu, elle prit le nom de La Bouëxière, petite seigneurie de la vicomté de Saint-Nazaire, suite à une alliance avec l’héritière de celle-ci.

  • La Ville-aux-Fèves

    Seigneurie de La Ville-aux-Fèves (1)

     

    saint-nazaire,toutes-aides,la ville aux fèves,la haye de silz,chouan

    La Ville-aux-Fèves était une seigneurie dotée d'une moyenne-justice, dépendante de la paroisse de Saint-Nazaire. Elle avait été constituée pour un écuyer du nom de Moulans vers 1479. On perd ensuite la dévolution de ce fief, jusqu'à la l'année 1634 où il est propriété de Louis-François Bonfils. L'emplacement du manoir correspond à l’intersection des rues Auguste Baptiste Lechat, de Toutes Aides, Jules Guesde, et de l'avenue des Sports. Sur le cadastre, le logis seigneurial correspond au bâtiment nord, l'aile qui fait est perpendiculaire à la barre du logis était la chapelle dédiée à Saint-Jacques le mineur. Cette demeure fut à l'origine une maladrerie (Aveux de 1709. A.D.44, E 578), destinée à abriter les lépreux, dont la date de fondation nous est inconnue, et qui comprenaient 27 hommées de terre (2), ce qui veut dire qu'il y avait la possibilité d'y loger 27 malades. Devenue résidence du seigneur de La Ville-aux-Fèves, la chapelle fut désacralisée vers 1659, et remplacée par la chapelle de Toutes-Aides construite par le chapelain de la Ville-aux-Fèves, Jan Mothais de La Girauderie, qui était aussi vicaire et régent de Saint-Nazaire. la famille de La Haye de Silz n'habitait pas le manoir, lui préférant celui voisin et plus majestueux du Plessis à moins d'un kilomètre. Le domaine fut démantelé en plusieurs métairies à la Révolution. En 1857 le manoir appartient à monsieur Delange et était encore dans sa descendance en 1903.

    saint-nazaire,toutes-aides,la ville aux fèves,la haye de silz,chouan

    Le manoir en 1903, Archives départementales de Loire-Atlantique, Fi Saint-Nazaire 9/14.

     

    Le manoir devient ensuite la propriété du sénateur Augustin Maillard, (1828-1926), qui el laissa peu à peu tomber à l'état de ruines. Seul le corps principal du logis subsistait au moment de sa destruction finale vers 1938 au profit de l'urbanisation du quartier. Un fermier y logeait encore. Le manoir était couvert d'un long toit d'ardoises entre deux pignons, dont les sommets formaient cordons en saillie. Il avait conservé une cheminée monumentale aux jambages finement sculptés. 

    La coutume de la seigneurie faisait que tout homme qui passait sa nuit de noce sur son territoire, se devait de courir la quintaine, qui consistait à une joute navale sur les bords de Loire, autour d'un poteau planté dans le fleuve, surmonté de l'écu du seigneur, les concoureurs debout sur une barque conduite par rameur, devait brisé sa lance sur le poteau, celui qui n'y arrivait pas, ou qui tombait à l'eau, devait payer une amende de 60 sols au seigneur. Quant aux femmes qui allaient se marier, elles devaient donner le baiser féodal au seigneur, ou à son sénéchal, qui le recevait, assis dans un fauteuil, sur la place du cimetière (3). 

     

    saint-nazaire,toutes-aides,la ville aux fèves,la haye de silz,chouan

    Cadastre de 1829.

     

     

     

    La famille Bonfils

    bonfils.jpgDe gueules à trois besants d'or.

     

     

    Famille noble d'ancienne extraction originaire d'Anjou, maintenue noble lors de la réformation de noblesse par arrêt du 15 décembre 1668, (Bibliothèque Municipale de Rennes, Ms. 504 et 505).

     

     

    I° Louis-François Bonfils, écuyer, seigneur de La Ville-au-Fèvre, rendit aveu en 1634 (A.D.44, E 578), époux de Françoise Loysel, d'où :

    II° René Bonfils, écuyer, seigneur de La Ville-au-Fèvre et de Porterays, époux de Marguerite de Champeaux, d'où :

    1° Catherine, baptisée le 4 mars 1654 à Saint-Nazaire ;

    2° Marie baptisée le 14 juillet 1655 à Saint-Nazaire ;

    3° Julien, qui suit ;

    4° Jeanne, inhumée le 13 mars 1696 à Saint-Nazaire

    5° Marguerite, qui rendit aveu pour la seigneurie en même temps que son frère Julien en 1709.

    III° Julien Bonfils, chevalier, seigneur de La Ville-au-Fèvre, pour laquelle il rendit aveu en 1709, inhumé à Saint-Nazaire le 8 janvier 1723 ; marié le 29 juillet 1697 à Nantes avec Elisabeth-Marthe Clappier, (Nantes 16 novembre 1673 - inhumée le 16 février 1706 à Nantes), fille de Hugue Clapier et de Renée Bouffard, d'où : 

    1° Anne, dame de La Ville-au-Fèvre, mariée en la chapelle de Toute-Aide le 22 novembre 1723 avec Sébastien-Marie de La Haye de Silz, écuyer, seigneur de Silz, de Lauvergnac, de Coroller, (voyez article de La Haye de Silz) ;

    2° Renée, né le 5 août 1702 à Nantes, baptisée le 20 août 1702, inhumée le 1er février 1755, sans postérité ;

    3° Marguerite, dame de Kerduran, baptisée le 29 mai 1713 à Saint-Nazaire, mariée le 18 août 1733 à Saint-Nazaire avec Philippe-Louis Pillays, écuyer, seigneur de La Pilletière.

     

     

    Famille de La Haye de Silz


    saint-nazaire,toutes-aides,la ville aux fèves,la haye de silz,chouan
    De gueules à trois coquilles d'argent.
     

     

    Famille d'ancienne extraction maintenue noble durant la réformation de 1668. (Cette famille n'avait aucun lien avec les de La Haye du Sable.)

     

     

     

     

     

    I° Sébastien-Marie de La Haye de Silz, écuyer, seigneur de Silz, de Lauvergnac, de Coroller, (Guérande, 13 février 1687 - Guérande le 4 avril 1743), marié en la chapelle de Toute-Aide de Saint-Nazaire le 22 novembre 1723 avec Anne Bonfils, dame de La Ville-au-Fèvre, fille de Julien Bonfils, chevalier, seigneur de La Ville-au-Fèvre, et d'Elisabeth-Marthe Clappier, d'où : 

    1° Jean-Sébastien, qui suit ;

    2° Julien, (1729-1737) ;

    3° René, né le 5 décembre 1732.

    II° Jean-Sébastien de La Haye de Silz, comte de Larre, seigneur de Silz, de Coscat, de Lauvergnac, de Trescalan, de Clis, Kermoisan, de la Ville-au-Fèvre, de Beaubois, du Plessis-Giffard, et de la Cour de Béac par achat à la famille Le Pourceau, de Saint-Denac en Beac8, chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, baptisé le 29 aout 1727 à Saint-Nazaire, décédé le 14 juin 1791 à Arzal (56) ; marié : 1° le 5 janvier 1750 à Missillac avec Marie Elie ou Eslye, fille mineur de feu de Jean-Joseph Elie, sieur de Bréal, et d'Anne Payen, décédée au château de Silz la 19 décembre 1774 ; a l’occasion des fiançailles, le 30 décembre 1749 à Missillac, la fiancée est décrétée de majorité par jugement de Penestin ; 2° le 15 mai 1775 à Missilac, avec Jeanne Antoinette Cramezel de Kerhué, (18 septembre 1732 – 19 mai 1789), fille de René de Cramezel, écuyer, seigneur de Kerhué, et de Madeleine Elie, mariage possible après dispense d’affinité au deuxième degré. Ce remariage ne plait pas au fils aîné, Sébastien, car la nouvelle épouse serait autoritaire et dépensière. Jean-Sébastien va devoir vendre des propriétés, notamment celle de Lauvergnac en Assérac, qui est l’héritage du fils aîné ; d'où du premier lit :

    1° Jean-Marie, baptisé le 18 décembre 1750, décédé le 12 mars 1751 ;

    2° Jean-Marie, baptisé le 29 mars 1752, décédé la même année ;

    3° Sébastien-Antoine-Honoré-Marie, né le 14 mars 1756, baptisé le 7 mars 1757, tué à Grandchamps le 28 mai 1795, comte de Silz, dit " Monsieur de Lauvergnac ". Il sert un temps dans un régiment de Dragons, puis devient commandant de la garde nationale de Guérande, il est porté déserteur et, sur dénonciation de son père, capturé à Guérande, chez Me Hardouin, le 8 novembre 1781, par la police du Roi, en vertu d’une lettre de cachet. Il est emprisonné en maison de force à Angers. Il est amnistié le 18 décembre 1785, (les origines de cette situation seraient liées au remariage de son père dont la nouvelle épouse a obligé la vente de Lauvergnac), à partir de 1792 il intégre l’état-major de la conspiration de La Rouërie. Il y est présent en tant que commissaire royal pour le Morbihan. Après l’éclatement de la conspiration, il erre dans le Morbihan et travaille comme simple journalier, reste longtemps chez son frère à Vieille-Roche, et au village du Bot en Sulniac, avant de reprendre la tête des " brigands ". Son signalement est donné à cette époque par l’administration qui le recherche : " Taille 5 pieds, 3,4 pouces, taille fluette, bien étagée, droit. Le visage gravé de petite vérole, le teint bourgeonné comme un ivrogne, physionomie ronde et intéressante. Il mâche beaucoup de tabac, surtout en poudre. " En mars 1793, la colère des paysans explose contre la décision de la Convention d’une levée de 300 000 hommes, et c’est le début de l’insurrection. Sébastien prend alors la responsabilité de l’armée royaliste du Morbihan et participe avec ses deux frères Auguste et Jacques au soulèvement de l’ouest de cette région, et organise de nombreuses attaques (Prises de Guérande et du Croisic, coulage d’une frégate, maîtrise de tout le pays de Basse Vilaine). En 1795, des conférences de paix s’ouvrent au printemps. Sébastien y est présent, et sous l’influence des autres chefs chouans, il signe alors, le 20 avril 1795, à regret, les documents de reconnaissance de la République, mais quatre jours plus tard, il signe un autre document, parfaitement hostile celui-ci, appelant de nouveau à la rébellion. C’est au cours de la bataille de GrandChamp, qu'il est atteint d’un coup fatal. Après une courte fuite à cheval, il met pied à terre. Selon la tradition, les "bleus" (les républicains) firent inspecter et reconnaître le cadavre, qui fût enterré près du lieu où on le découvrit, là où le chemin qui conduit à Kervehein arrive sur la route de Loperhet. Sa sépulture a été depuis recherchée, mais plus aucun signe n’en indique l’emplacement ;
    4° Marie-Françoise, née le 18 juin 1757, arrêtée le 21 avril 1793, mais rapidement libérée. Pour éviter la confiscation du château de Silz, elle décide de le vendre à un dénommé Paul-Marie des Néttumières, le 8 prairial An 5, pour 27 000 francs. Epouse de René d’Osmond ;

    5° Auguste-Marie, Chevalier de Silz, chevalier de l’Ordre Royal et Militaire de Saint Louis, né au château de Silz en 1760 et baptisé le 19 novembre. Son père demande pour lui une inscription à l’Institution des Gardes de la Marine de Brest. Les plus strictes conditions y sont exigées. Auguste reçoit sa lettre de nomination comme élève-officier de Marine. Il est incorporé le 7 septembre 1778. Sa carrière a pu être reconstituée grâce aux archives de la Marine. Il a des embarquements successifs sur : Le Sphinx (14/01/1781), L’Alexandre (16/04 au 12/06/1781), La Néréide (12/06 au 12/09/1781), Le Dauphin Royal (16/11/1782), Le Glorieux (01/04/1782 à 12/04/1782), Le Triton (08/09/1782 à 19/05/1783), Le Réfléchi (02/01 au 30/04/1784 et 28/07 au 22/11/1784), La Résolution (13/12/1785 à 11/05/1786), Le Rhône (06/04 au 19/08/1789), L’Auguste (26/06 au 30/12/1790), Le DuguayTrouin (01/01 au 29/06/1791). Enseigne de vaisseau à bord du Glorieux, il participe à la campagne d’Amérique sur le Glorieux. Il est au combat naval des Saintes et de la Dominique, le 12 avril 1782. A la suite de cette bataille, le Glorieux est pris par les Anglais et son équipage est fait prisonnier. Auguste et les autres officiers prisonniers séjournent pendant un mois à la Cité espagnole. Le 19 mai, tous les prisonniers montent à bord du bateau anglais Sandwich, qui appareille le 25 pour l’Angleterre. Ils arrivent à Portsmouth le 2 août. Ils sont enfin libérés et rejoignent la France le 12 août 1782 où un jugement de Conseil de Guerre de L’Orient (Lorient) est porté, et cite les officiers et l‘équipage du Glorieux, en louant leur conduite lors de la journée du 12 avril 1782. Promu lieutenant de vaisseau le 1er mai 1786. En 1791 il est détenu quelque temps au château de Brest pour avoir manifesté des idées royalistes. Le 10 janvier 1792, il épouse en l’église d’Arzal Jeanne Marie Olive Kermasson de Kerval, fille de Cassien Alexis Kermasson de Kerval, seigneur de Kerizel et de Heinlex-Pommeraye, et de Jeanne de Rochereul de Promarzin, promu Lieutenant de vaisseau de 2ème classe, au cours de l’été 1792, il quitte la Marine pour rejoindre son frère et le mouvement chouan, comme son frère Sébastien, il se cache et travaille comme journalier dans les paroisses environnantes. Recherché, son signalement est donné par l’administration : "Taille 5 pieds, 1 pouce (environ 1m68), gros, trapu, bien constitué, jambe forte un peu arquée ; le visage gros, rond, un peu soufflé. Il a une bonne carnation, les yeux un peu enfoncés et petits, la bouche petite, les lèvres épaisses un peu relevées surtout la supérieure. Il porte un chapeau à cuve élevée", un autre signalement de police, contradictoire, mais pas de la même année, le décrit comme suit : " 30 à 40 ans, 5 pieds, cheveux châtains, sourcils idem, yeux bleus, nez court, bouche moyenne, menton long, visage basané, maigre, effilé, vêtu d’une chemise blanche, pantalon de toile, chapeau de paysan", mais bien que se sachant recherché, Auguste accepte le risque de paraître à la demande de ses concitoyens d’Arzal pour faire office, dans certaines circonstances, d’officier public, ce qui laisse supposer une confiance réciproque, et la notoriété et le respect que lui porte la population. En 1793, il participe avec son frère au soulèvement de l’Ouest. C’est lui qui est à la tête des brigands à Rochefort-en-terre, dénoncés avec son frère comme antirévolutionnaires, la nuit du 21 avril 1793, en vertu d’un mandat, une trentaine de soldats vont à minuit heurter aux portes des inculpés au château de Silz et à Vieille-Roche, les somment d’ouvrir au nom de la Loi. Jeanne Marie Olive, enceinte de 8 mois 1/2, son père Cassien Kermasson, qui est rongé d’infirmité, ainsi que d’autres membres de la famille et des enfants en bas âge, sont arrêtés, dirigés sur Vannes et internés au Petit Couvent. Leur internement est de courte durée, puisque Jeanne Marie Olive accouche quelques jours plus tard, le 3 mai 1793, d’une petite fille, Marie-Cassienne-Augustine, à Vieille-Roche, mais elle sera a nouveau arrêté et internée avec sa fille pendant plus de deux ans. En 1794, il est nommé chef de division de l’armée royale et catholique du Morbihan, il commande la division de Muzillac, de Redon et de la Roche-Bernard. En 1796, il accepte la pacification du 16 juin et dissout ses troupes, il est un des chefs dont l’influence est la plus efficace en faveur du désarmement et sa femme contribue avec ardeur à cette tâche. Il écrit au général Hoche en ces termes : "[...] aussitôt que je fus informé le 3 juin dernier que les chefs comme les autres seraient amnistiés pourvu qu’ils ne fussent pas émigrés, je m’empressais de faire toutes les démarches auprès de ceux que nous nommons les membres de notre conseil et auprès des autres chefs pour les déterminer à profiter de la grâce qui nous est si généreusement offerte. Je me tais, Général, sur l’influence que j’ai eu pour la mise à bas des armes, mais j’ose me flatter que ce fût ma jeune épouse qui, par ses démarches dans les campagnes pour y répandre notre amnistie et les bienfaits du gouvernement, ébranla fortement le tout. Au besoin, j’en appellerai au Général Quantin, car il lui donna un passeport et mon amnistie". Néanmoins, l’administration du Morbihan, ayant retrouvé le nom de ce Silz sur la liste officielle des émigrés (alors qu’il ne l’avait jamais été), avait requis sa déportation et obligé le général Quantin à le faire arrêter. Le 14 vendémiaire (5 oct 1796), les bandes du général Quantin arrêtent à Arzal le Chevalier de Silz, cela malgré les supplications des membres de la famille présents. Il est dirigé à Vannes, jugé et condamné au bagne. Il est déporté au bagne de l’Ile de Ré, avant-poste de la Guyane. De sa captivité, il se procure divers certificats, notamment du district de la Roche-Sauveur (nom républicain de La Roche-Bernard) et du commandement militaire de l’arrondissement de Vannes, prouvant que depuis le mois de Mars 1793, il n’avait jamais quitté le pays. Il envoie à Hoche une requête des plus respectueuses afin que, lui ayant déjà reconnu les droits accordés aux chefs des chouans non émigrés de rester de France, "il ne souffrit pas de son exportation dans une terre étrangère et perfide, dont il avait toujours et très sincèrement détesté les habitants et leurs manœuvres". L’adjudant général Mermet signala au général en chef que l’emprisonnement de De Silz faisait du bruit, et que si les arrestations de ce genre se multipliaient, il pouvait en résulter de nouveaux troubles dans le Morbihan. Hoche transmit au Directoire cet avis et la requête d’Auguste, ainsi que toutes les pièces sur ce "pacifié", en émettant l’opinion qu’"il serait injuste, peut-être même dangereux, de traiter comme émigré des hommes qui ne l’étaient pas et le prouvaient d’une manière certaine". Cependant, Auguste reste interné 3 ans à l’Ile de Ré. C’est en juillet 1799 qu’il est libéré et assigné sous surveillance à Guérande. Il rentre à Arzal, retrouve sa famille, et part aussitôt avec sa femme et sa fille s’installer à Guérande pour un séjour surveillé. C’est là que le 23 février 1800 naît son 2ème enfant, Clara-Marie. Jeanne Marie Olive meurt à Vieille-Roche le 19 juin 1807 à 34 ans. Avec les effets du Concordat, la paix et le calme revenus, Auguste reprend du service dans la Marine. Il est nommé au grade de Capitaine de Frégate en 1814, puis admis à la retraite le 22 octobre 1817. Il se retire à Vieille-Roche dans la maison héritée de sa femme, appelée de nos jours la caserne des Douaniers. Il meurt à Vieille-Roche le 5 janvier 1822 à l’âge de 61 ans, d'où :

    A°Marie-Cassienne-Augustine, (3 mai 1793 – 15 mars 1831), marié le 10 août 1810 à Hyacinthe-Louis-Victor Piars Deshays ;

    B° Clara-Marie, (23 février 1800 – 5 aout 1837), mariée à Guérande le 11 juin 1817 à Henri Le Masne, (1786-1837), négociant.

    6° Anne-Marie, née le 24 janvier 1762, décédée en 1789 ;

    7° Armande-Désiré-Marie, née le 12 octobre 1763, décédée en 1765 ;

    8° Anne-Louise, née le 16 octobre 1764 ;

    9° Jean-Marie, née le 6 février 1771, baptisée le 3 novembre 1772, décédé le 2 mai 1799, marié le 7 février 1792 à Jeanne-Louise-Antoinette Philippe ;

    10° Cassien-Jean-Marie, né le 3 mars 1767 ;

    11° Louis-Marie, né le 29 juillet 1768, marié le 17 aout 1799 à Marie-Jeanne Lizeul ;

    12° Antoinette, arrêtée dans la nuit du 21 avril 1793, condamnée à mort et dirigée à Nantes pour y être noyée. Elle échappa à la mort en épousant républicainement un garde national du nom de Robin ;

    13° Eugénie-Armande, née le 6 février 1771, baptisée le 3 novembre 1772, mariée le 13 août 1792 à René-Benjamin Thomas de La Borde, (1745-1804), président de District, inculpé sous la Terreur, d'où Prudent-Marie Thomas de Laborde, (Saint-Nazaire 11 janvier 1793 - Lorient 25 mai 1876), juge au tribunal civil de Vannes ;

    14° Jacques-Marie, né en 1773, guillotiné place du Bouffay à Nantes le 17 mars 1794 ; admis à l’institution des gardes de la marine à Brest, en 1792, il rejoint ses frères en Bretagne dans le mouvement chouan, et participe activement à la contre-révolution. Il se distingue au côté de Michel-François Thomas de Caradeuc, notamment lors de la prise du Croisic en mars 1793. C’est en ce lieu, le 18 mars 1793, qu’il prête serment de fidélité à Louis XVII. Arrêté le 15 pluviôse An II (janvier 94), il est alors dirigé vers Guérande, passe devant un jury militaire et un tribunal civil, de là, il est envoyé à Nantes où il passe devant un tribunal révolutionnaire le 7 février 1794 : " Le tribunal, d'après les dépositions des témoins, aveux et reconnaissances de Jacques-Marie Lahaye Desilz, Déclare que le dit Lahaye se joignit aux brigands dès le commencement de l'insurrection ; qu'il a eu différents grades parmi les brigands ; que lors de la prise de la ville du Croisic, il y entra accompagné de Guérif de Lanouan, leur chef ; — qu'il y prêta entre les mains de Lanouan serment de fidélité à Louis 17 ; que lorsque Caradeuc se présenta pour sommer la ville de Guérande, le même Lahaye y entra ; que le 18 mars, il entra, avec un détachement, chez le citoyen Boujus, aubergiste au Croisic, le menaça et lui enleva un sabre pour en armer un de ses camarades ", il fut alors condamné à mort avec cinq autres habitants du Croisic : " Le mois de mars 1794 apporte aux jacobins du pays la satisfaction d’apprendre le supplice de Jacques de la Haye de Silz, marin, ci-devant noble, natif d’Arzal domicilié à Penestin, guillotiné à Nantes, place du Bouffay, le 17 mars 1794 pour: s’être joint aux brigands dès le commencement de l’insurrection; avoir livré Le Croisic et Guérande avec d’autres chouans; avoir prêté serment de fidélité à Louis XVII. "

     

    Le dernier descendant dont la filiation n’est pas connue, est Pierre-Marie-Louis Charles de La Haye de Silz, né en 1827, décédé à Vannes en 1903, receveur principal des contributions indirectes.

     

    Notes :

    (1) Il existait une métairie du même nom au territoire actuelle de Pornichet, propriété de la famille Le Texier, famille de la bourgeoisie guérandaise, établie ensuite à Questember (56), qui posséda aussi le fief de Preambert. Le Texier : D'argent au sautoir engrêlé de gueules, cantonné de quatre quintefeuilles de sinople ; au chef du même ; chargé de trois molettes d'argent.

    (2) Hommée : mesure prenant pour unité la surface qu'un homme pouvait labourer en une journée.

    (3) Un légende dit qu'une femme très laide ne voulut pas embrasser le sénéchal, René-Jean Cavaro de Kergore, et se rendit chez Sébastien de Silz, qui était jeune et réputé beau. 

  • La Motte Allemand, troisième partie

    Le château de La Motte-Allemand fut fortement endommagé à la Révolution.

     

    Sans titre-3.jpgFamille Rouaud de La Villemartin

    D'azur au croissant d'argent, accompagné de trois croisettes pattées du même.

     

    Famille bourgeoise qui aurait été anoblie en 1816 avec le titre de baron, (cf. Pol Potier, baron de Courcy ; nous n'avons cependant trouvé aucune trace de cet anoblissement), éteinte au 19e siècle.

     

    Il est intéressant de noter que cette famille possédait le fief de La Villemartin, (Villès-Martin), qui consistait en un manoir, sa ferme, et des vignes.

     

     

    VI° Mathieu de Rouaud, sieur de La Villemartin, (Saint-Nazaire 26 janvier 1743 – Guérande 5 juillet 1803), avocat au Parlement, conseiller du Roi et procureur au Siège royale de Guérande et sénéchaussée de Guérande, syndic maire de Guérande en 1768, député du Tiers-état pour la ville de Guérande aux Etats généraux de 1789 ; en 1782  il fit un voyage à Paris accompagné de son épouse, de sa mère, du chevalier de Kerpoisson et sa mère, ses cousins, voyage durant lequel il rédigea  un journal, dont le manuscrit tomba en 1900 dans main du comte Louis Remacle  qui le publia en confondant avec une  autre famille de Rouaud ; il déclare comme étant domicilié depuis deux ans à Guérande que il se marié le 8 mai 1770 à Montoire avec Bonne Gallet, demoiselle de La Richardière, fille de Claude Gallet, sieur de L'Aubinay, Capitaine de navire de la rivière de Nantes et de Perrine-Rosalie Rothoux, (elle avait pour cousin au 3e degret René Lion, procureur de Guérande, qui fut présent à son mariage), d'où :

     

    1° Mathieu, né et baptisé à Saint-Nazaire le 22 janvier 1771, mort jeune ;

     

    2° René-Marie-Prudent, né à Guérande le 2 septembre 1772, baptisé le 4, décédé le 8 novembre 1772 à Montoir, inhumé le lendemain ;

     

    3° Pachal-Auguste-Modeste, qui suit ;

     

    4° Matthieu, né en 1784, anobli en 1816, (avec titre de baron ? Lettres d'anoblissement non trouvées), receveur des Contributions Directes de Guérande, mariée le 9 juin 1806 au Croisic avec Reine-Renée Giraud des Landreaux, née le 20 octobre 1781 au Croisic, fille de Godefroy-Joseph-Martin Giraud de Landreaux, et de Renée-Marie Goupil de Meslé, d'où :

     

    A° Athénaïs-Reine-Marie, née le 21 juillet 1807 à Guérande ;

     

    B° Nathalie-Marie, née le 18 novembre 1809 à Guérande.

     

    une fille, épouse d'un Le Chauff de Kerguénec, fils du seigneur de La Motte-Allemand, qui légua son domaine de La Motte-Allemand à son neveu Charles-Evariste de Rouaud en 1840 ;

     

    6° Nathalie, épouse de Joseph-Aimé comte de Bruc d'Esdrieux, fils de Joseph-Louis de Bruc, et de Catherine Le Chauff de La Motte-Allemand, sans postérité ;

     

    7° Marie, épouse de Joachim Bouvais.

     

    V° Pachal-Auguste-Modeste Rouaud de Villemartin, né à Guérande le 17 avril 1778 et baptisé le même jour, inhumé le 1er juin ; marié à Guérande le 28 janvier 1803 (8 pluviose an XI) avec Bonne Cady de Praderoy, fille de Charles Cady de Praderoy, et de Bonne-Jeanne-Carlotte de Jacquelot du Boisrouvray, d'où :

     

    1° Zoé-Bonne-Marie, née le 15 décembre 1803 à Guérande ;

     

    2° Pascal-Charles-Marie, né le 28 décembre 1805 à Guérande ;

     

    3° Adolphe-Alexandre-Marie, né le 25 juillet 1808 à Guérande ;

     

    Evariste-François-Régis-Charles-Marie (dit Evariste-Charles de Rouaud), né le 3 décembre 1810 à Guérande, héritier de son oncle Le Chauff de Kerguénec du domaine de La Motte-Allemand qu'il vendit en 1844 ; marié à Nantes le 19 novembre 1838 avec Marie-Louise-Thérèse de Bruc, fille de Joseph-Louis de Bruc, et de Marie-Catherine Le Chauff de Kerguénec, d'où :

     

    A1° Thérèse-Evariste de Rouaud.

     

    5° Ange-René-Marie, né le 15 décembre 1812 à Guérande, royaliste légitimiste, il s’exila au Pérou, où il épousa Josefa Paz-Soldán y Ureta, fille de Manuel Paz Soldán, ministre du Trésor royal à Arequipa, et de Gregoria de Ureta y Peralta y Araníbar, d’où postérité.

     

    Sans titre-1.jpg

    Les restes du château de La Motte Allemand par Léon-Paul Bellondeau d'après un document plus ancien, coll. archives municipales de Saint-Nazaire

     

     

    motte.jpg

    Cadastre de 1829 

     

     

  • La Motte Allemand, première partie

    La Motte Allemand (1) était une seigneurie au nord de la paroisse de Saint-Nazaire, elle est, en dehors de la vicomté, la seigneurie la plus ancienne de la paroisse. Cette seigneurie détenait haute, moyenne et basse-justice, ainsi que le droit d'épave gallois dit aussi de déshérences de lignes, (droit qui accordait la propriété des biens des gens décédés qui n'avaient pas d'héritier), de succession bâtarde, etc. 

    Ses seigneurs y possédaient un manoir, transformé en ferme après la Révolution, avec une chapelle seigneuriale dans la cour, consacrée à saints Côme et Damien, qui, bien qu'elle fût ruinée à la Révolution, conservât un chapelain jusqu'en 1851. En 1857 elle fut définitivement désaffectée. Tombée en ruine, elle a été rasée en 1898 par la famille Créton alors propriétaire du manoir.

     

    Liste des seigneurs de La Motte Allemand :

     

    Sans titre-2.jpgFamille de La Motte-Allemand

    D'or plein ; au chef de sable, chargé d'un lambel d'argent.

     

     

     

     

     

    I° Guillaume de La Motte, dit l'Allemand, époux d'Isabelle du Chastelier, née vers 1355, fille de Guillaume du Chastelier, et d'Amice de Léon, (veuve vers 1374 elle se remaria avec Briand de Chateaubriand, dont elle eut postérité) ; parents probables de :

    II° Thibaud de La Motte-Allemand.

     

     

    Famille de Volvire

    Sans titre-3.jpgBurelé d'or et de gueules de dix pièces ; au franc-canton de vaire. 

     

    Famille noble originaire du Poitou, entré en possession de la seigneurie de La Motte-Allemand par achat.

     

     

    I° Hervé de Volvire, chevalier, vicomte de Volvire, seigneur de La Motte-Allemand par acquisition de Thibaud de La Motte-Allemand en 1383, baron de Ruffec par mariage avec Alénor de Ruffec, d'où :

    1° Maurice, seigneur de La Motte-Allemand, époux d'Isabeau de Rochefort, décédé en 1403 sans postérité ;

    2° Nicolas, qui suit.

    II° Nicolas de Volvire, chevalier, vicomte de Volvire, baron de Ruffec, seigneur de la Rocheservière, Nieuil sur l'Autize, Chassenon, Châteaumur, la Motte-Allemand, chambellan du duc de Bretagne ; époux de Marie de Bazôges, d'où :

    1° Joachim, qui suit ;

    2° Renaud ;

    3° Maurice ;

    4° Jeanne, épouse de Briand de Varèze ;

    5° Aliénor, épouse de François de Tehillac, seigneur de Beaumont ;

    6° Jean, mort le 3 mars 1433, époux de Marie Goulard, fille de Lean Goulard, écuyer, seigneur de La Martinière, et de Jeanne Mauclerc ;

    7° Guillaume.

    III° Joachim de Volvire, chevalier, vicomte de Volvire, baron de Ruffec, seigneur de la Rocheservière, Nieuil sur l'Autize, Chassenon, Châteaumur, La Motte-Alleman, etc., (1405-1440), époux de Marguerite Harpedanne de Belleville, (1414-1461), fille de Jean Harpedanne, seigneur de Belleville, et de Jovine de Montaut, d'où :

    1° Jean, qui suit ;

    2° Françoise, épouse de Joachim Rouault, sénéchal de Beaucaire.

    IV° Jean de Volvire, chevalier, baron de Ruffec, du Fresnay, seigneur de Nieuil, Châteauneuf, d'Ardenne, de Paisay-Naudouin et de Bernac, etc., vendit à vendit en 1468 à Françoise d'Amboise, veuve du duc Pierre II de Bretagne, la seigneurie de la Motte-Alemand, pour 2000 écus d'or, afin de venir en secours au dauphin Charles de France, en compagnie du duc Arthur III ; marié en 1460 à Catherine de Comborn, fille de Jean de Comborn, chevalier, et de Jeanne de Rochechouart, d'où :

    1° Francois, qui suit ;

    2° Charles, seigneur du Courret et d'Aunac, marié le 14 novembre 1491 avec Marguerite de La Rochefoucault, d'où postérité ;

    3° Jeanne, mariée le 23 mai 1495 avec Antoine Guy, écuyer, seigneur du Breuil ;

    4° Louise, épouse de Cérisy.

    V° François de Volvire, écuyer, baron de Ruffec et du Fresnay, seigneur de La Roche-Cervière, chambellan du Roi, récupère la seigneurie de La Motte-Allemand vendue par son père, peut-être par son mariage avec une nièce de la duchesse Françoise qu'il épousa le 25 octobre 1503 avec Françoise d'Amboise, veuve de Grisegonnelle Frotier, chevalier, baron de Preuilly, fille de Jean d'Amboise, chevalier, seigneur de Bussy, conseiller chambellan de Louis XI, et de Catherine de Saint-Belin, d'où :

    VI° René de Volvire, écuyer, seigneur de Ruffec et de La Motte-Allemand, (1505-1545), époux de Catherine de Montauban, dame du Bois-de-La-Roche, fille de Philippe de Montauban, vicomte du Bois-de-La-Roche, chancelier de Bretagne, (qui fit l'aveu de la seigneurie de La Motte-Allemand en 1525), et d'Anne du Chastelier, d'où postérité. René de Volvire vendit la seigneurie de La Motte-Allemand à Jean Gastinel.

     

    Famille Gastinel

    D'azur à trois colonnes d'or.

     

    Famille de la noblesse normande en possession de la seigneurie de La Motte-Allemand au début du 14e siècle.

     

    I° Jean Gastinel, chevalier, seigneur de La Motte-Allemand par acquisition de René de Volvire ; époux de Marguerite du Dréseuc de Kercabus, d'où :

    1° Jeanne Gastinel, dame de La Motte-Allemand en 1535, épouse de François de Guémadeuc.

     

    guemadeu.jpg

     Famille de Guémadeuc, (olim Madeuc)

     

     

    De sable au léopard (ou lion léopardé) d'argent accompagné de six coquilles du même, trois rangées en chef et trois rangées en pointe. 

    Famille noble d'extraction chevaleresque maintenue durant les réformations et montres de 1423 à 1478, et de 1670, en possession de La Motte-Allemand au 16e siècle.

     

     

     I° François de Guémadeuc, chevalier, seigneur de Beaulieu et de Séréac, époux de Jeanne Gastinel, dame de la Motte-Allemand, fille de Jean Gastinel, chevalier, seigneur de La Motte-Allemand, et de Marguerite du Dréseuc de Kercabus, d'où :

    1° Françoise, dame de La Motte-Allemand, épouse de Antoine Le Vallois.

     

     

     

     

    (1) Il ne faut pas confondre la seigneurie de La Motte Allemand avec la maison noble de La Motte Allemand, sise en Montoire, qui fut le bien de la noble famille de L'Estoubillon, famille encore présente à Saint-Nazaire en 2012.

  • Le manoir de Beauregard à Saint-Nazaire, première partie

    Maison noble de Beauregard

     

    La maison noble de Beauregard existe encore en 2012, elle consiste en un corps de logis rectangulaire, avec rez-de-chaussée sur cave, et un étage sous toits à forte pente, au centre se trouve un pavillon à trois étages, avec à l'Est un corps de ferme bordant la cour d'honneur, qu'elle sépare d'une cour de servitude. L'ensemble a été restauré aux 19e  et au 20e siècle. 

    20 beauregard BIS.jpg

     

    Beauregard au début du 20e siècle, dessin de Paul Bellaudeau, archives municipales de Saint-Nazaire

     

    J'insiste sur le fait que Beauregard est une maison noble, c'est donc un bâtiment dont la dévolution se faisait en "partage noble", celons les règles définies par "La Coutume de Bretagne", ce n'était pas le siège d'une seigneurie, c'était un arrière-fief, aucune justice n'y était rattachée, mais elle bénéficiait  de certains privilèges particuliers aux " biens nobles ".

     

     

    beauregard,saint-nazaire,manoir

    Cadastre de 1829

     

     

     

    Liste des propriétaires :

     

    Famille du Coudray de La Mouidaye

     

    Armes : D'or à la bande de gueules, chargée de trois coquilles d'argent, et accostée de deux cotices d'azur.

    Famille noble d'ancienne extraction, maintenue lors de la réformation de noblesse par arrêt et ordonnance des 17 novembre 1668, (6 générations), 16 janvier 1699 et 11 décembre 1701, (Bibliothèque Municipale de Rennes, Ms. 504 et 505).

     

    I° Briand du Couldray, écuyer, sieur de Condé, seigneur de La Mouidais en Montoire, et de la maison noble de Beauregard, décédée en 1626 ; époux de Françoise Delalande, d'où :

    1° Denis, seigneur de La Mouidais, et de la maison noble de Beauregard ;

    2° Guy, qui suit.

     

    II° Guy du Couldray, écuyer, seigneur de La Mouidais, et de la maison noble de Beauregard, marié en 1667 à Marguerite de Besné, d'où :

     

    III° Isaac du Couldray, écuyer, seigneur de La Mouidais, et de la maison noble de Beauregard, vendit celle-ci à Pierre Hémery, époux de Jeanne de France, d'où :

    1° Françoise, (11 octobre 1668 – 5 février 1673) ;

    2° Jacques, (1er octobre 1670 – 28 janvier 1673) ;

    3° Olivier, (25 septembre 1672 – 20 février 1673) ;

    4° Françoise, (28 mai 1674 – 28 novembre 1674). 

     

     

    La famille Hémery

     

    Armes : D'argent à trois chouettes de sable, becquées et membrées de gueules, accompagnées d'un annelet du même en abîme.

    (NB : le nom de Hémery revient plusieurs fois dans l'histoire de Saint-Nazaire, certaines branches avaient accédé à la noblesse, d'autres sont restées roturières.)

     

    I° Pierre Hémery, écuyer, sieur de Préambert, de La Rivière et seigneur de la maison noble de Beauregard par achat à Isaac du Couldray ; marié en 1615 à Saint-Nazaire à Guillemette Le Guennec, fille de Prégent Le Guennec, écuyer, seigneur de Kron, Bogat, Trévran et La Chaussée, et de Julienne de Bogat, dame de Bogat et de Trévran ; d'où :

    1° Jeanne, baptisée le 30 avril 1617 à Saint-Nazaire, dame de Préambert, mariée le 27 janvier 1660 à Guérande avec Pierre Le Texier, procureur et notaire royal à Guérande, sénéchal de La Ville-aux-Fèvres ;

    2° Gilles, qui suit ;

    3° Suzanne, dame de La Rivière, (Saint-Nazaire 18 novembre 1619 - 27 avril 1673 Saint-Nazaire ;

    Françoise, dame de Beauregard, épouse de François Jegat ;

    5° Anne, dame de Lisle.

    II° Gilles Hémery, écuyer, sieur de Préhambert, (Guérande 5 avril 1618 - 10 novembre 1686 Saint-Nazaire) , époux de Claude Pasquette, d'où :

    1° Françoise, baptisée à Saint-Nazaire le 29 janvier 1653 ;

    2° François, qui suit.

    III° François Hémery, écuyer, seigneur de la maison noble de Beauregard, (par héritage de sa tante Françoise Hémery-Jegat), sieur de Préhambert, (né en 1654 - inhumé le 11 mars 1731 à Guérande), marié 1e avec Lia Yviquelle ; 2e à Guérande le 3 septembre 1697 avec Charlotte du Hill, d'où :

    1° Charlotte, (Saint-Nazaire, 29 juin 1699 – 24 septembre 1699 Saint-Nazaire) ;

    Renée, dame de Beauregard, (Saint-Nazaire 15 septembre 1700 – 19 février 1757 Saint-Nazaire), mariée le 24 avril 1724 à Honoré-Jacques de Guériff, chevalier, seigneur de Lanouan, (voir seconde partie Beauregard) ;

    3° Rose, née le 5 janvier 1702 à Saint-Nazaire ;

    4° fils mort né, inhumé le 5 octobre 1702 à Saint-Nazaire ;

    5° un fils mort le jour de sa naissance le 29 août 1704 à Saint-Nazaire.

  • Le château de Heinlex, quatrième partie

    Du préfet Cassé-Barthe à Henri Allanet

     

    La famille Cassé-Barthe

     

    Jules Passerand, résidant à Herbignac, vendit le château et son parc pour la somme de 270.000 fr, le 4 novembre 1925, au préfet honoraire Henri Cassé-Barthe.

    Henri-Jean-François Cassé-Barthe, né à La Bastide-de-Sérou le 17 décembre 1872, admissible à l'Ecole militaire de Lyon en août 1894, il fut commis de Résidence du Protectorat de L'Annam (Tonkin) le 9 décembre 1894. Il fut successivement, délégué du Gouvernement à Van Yen de 1899 à 1901, délégué chef de circonscription de Ducthang en mars 1901, détaché en qualité de chef de section des affaires indigènes au secrétariat Général du Gouvernement général d'Indochine en octobre 1902,, administrateur de 5e classe des services de l'Indochine en septembre 1903, chef du secrétariat particulier du gouverneur général de l'Indochine en décembre 1904, commissaire délégué de l'Annam à l'Exposition coloniale de Marseille de 1906 ; administrateur vice-président de France de 2e classe en Indochine en décembre 1906 ; pour des raisons de santé, il quitta la Carrière coloniale pour devenir sous-préfet de Barcelonnette en avril 1907, puis sous-préfet de 3e classe d'Espalion en mai 1907 ; secrétaire général de l'Allier  en juin 1909 ; sous-préfet de Grasse en mai 1913 ; sous-préfet de 1er classe à Morlaix en mars 1914 ; sous-chef du cabinet du ministre de la Guerre en novembre 1917 sous le ministère Clemenceau ; préfet de l'Aveyron 25 juin 1918 au 16 février 1921, date à laquelle il devient préfet d'Eure-et-Loir jusqu'à sa nomination comme préfet des Côtes-du-Nord le 28 août 1924, poste qu'il occupera jusqu'au 5 février 1926 date à laquelle il fut mis à la disposition du ministre des Affaires étrangères comme délègue français à la commission interalliée chargée du règlement des dommages de guerre en Turquie, mission lui a valu une lettre de félicitations du président de la commune interalliée il officia surtout dans les affaires concernant les établissements religieux français d'Orient. Il fut mis à la retraite sur sa demande et nommé préfet honoraire en 1929, mais dirigea dès lors comme chargé de mission, les services du ministre de la Marine marchande. Chevalier de la Légion d'honneur en 1919, officier en 1926, il fut élevé à la dignité de commandeur le 24 décembre 1930.

    chateau heinlex,cassé-barthe,henri allanet,saint-nazaire

    Ouest-Eclaire du 1er janvier 1932

     

    Monsieur Cassé-Barthe et son épouse, (Marie, née à Brive en 1876), vivait en 1925 au château de Varés à Recoules-Prévinquieres en Avérons, une immense demeure féodale qui fait passer le manoir de Heinlex pour une villa de bord de mer, ce qu'il était peut-être en fait pour monsieur Cassé-Barthe et sa famille, qui l'acheta avec une partie des meubles laissé par le propriétaire précédent, et qu'il obligera à racheter en sus des terres et des bâtiments quand la municipalité voulut acquérir Heinlex en 1933. Il avait établi son bureau dans la bibliothéque, situé à l'étage, d'où il pouvait admirer les pelouses et au loin l'éparpillement des maisons de Saint-Nazaire. J. Montaron, correspondant nazairien de l'Ouest-Eclaire, rendit visite à Henri Cassé-Barthe le 31 décembre 1931 ; il s'extasia devant la beauté de la propriété, et fut surpris de trouver le Préfet en sabot et combinaison de mécanicien bleue un sécateur à la main taillant ses fruitiers, (cf. Ouest-Eclaire édition de Nantes du 1er janvier 1932, page 4).

     

    La Ville de Saint-Nazaire

     

    François Blanco avait fait voter la création d'une école de plein air en 1926, la légende veut que l'administration municipale visita dix-huit propriétés dans tout le département avant de porter son choix sur Heinlex que monsieur Cassé-Barthe cherchait à vendre. Il y eu une première négociation qui échoua pour des raisons financières. Le 24 juillet 1933, le Conseil municipale vota l'acquisition du manoir avec son parc avec un étang, d'un surface de 18 ha, de sa ferme avec un potager d'1 ha, de 3 ha labourable et 5 ha de pâture, le tout d'un seul tenant, et clos de murs, l'ensemble pour un montant de 650000 fr, dont 371000 fr était pris en charge par l'Etat à titre d'acquisition et de dépense pour l'aménagement d'un préventorium. Pour l’opposition, la commune achetait le propriété 350.00 fr au-dessus de sa valeur réelle, et estima que monsieur Cassé-Barthe faisait sur le dos des contribuables une plus-value de 380.000 fr. L’opposition, menée par monsieur André, chercha à faire annuler la promesse de vente...

    L'affaire traîna, monsieur Cassé-Barthe obligea la municipalité à acheter en sus le mobilier provenant des propriétaires précédents. La municipalité céda et fit estimer le mobilier par monsieur Aulnette, le commissaire-priseur propriétaire de la salle des ventes du même nom à Saint-Nazaire, de faire l'estimation qui fut présentée à la séance du conseil municipal du 4 décembre 1933 :

    Au rez-de-chaussée :

    Salon de velours de Gênes (9 pièces) ; tapis Smyrne de 5 m 50 x 4 m 50 ; lustre salon cristaux : 4250 fr

    Buffet de salle à manger ; table ; six chaises cuir : 1500 fr

    Lustre cage d'escalier :150 fr

    Au deuxième étage :

    Un lit complet laqué ivoire, largeur 1,25 ; un lit complet laqué gris, largeur 1,25 : 800 fr

    Trois lit de fer complet, largeur 80 ; un lit de fer sans literie, largeur 80 : 300 fr

    Une table à réservoir d'eau : 150 fr ;

    Une table bureau, drap gris : 150 fr ;

    Un secrétaire : 250 fr ;

    Un canapé, deux fauteuils Empire en drap vert ; deux fauteuils et deux chaises (à recouvrir) : 400 fr

    Matériel jardin, bancs, tables, fauteuils, chaises : 400 fr

    TOTAL : 8400 fr.

     

     

    Le Conseil accepta encore une fois...  mais la vente fut finalement conclue à la fin du mois de décembre 1933. Ce caprice du vendeur provoqua des railleries, et on dit que le maire faisait des dépenses somptuaires en achetant un château !



    Le 6 février 1934, le Conseil vota le projet d'installation de l'école de plein air, qui ouvrit le 5 octobre 1935 avec seulement 10 élèves. Cette école de plein air avait pour but d'améliorer l’état physique d’enfants chétifs durant des stages de 3 à 4 mois puis, après inspection médicale, devaient rejoindre leurs anciens établissements. L’établissement n'était pas gratuit : la pension coûtait 8 francs par jour, somme dont les caisses d’assurances sociales payaient la moitié. 

    Sans titre-2.jpg

    Ouest-Eclair du 4 août 1933

    Sans titre-3.jpg

    Sans titre-4.jpg

    310_003.jpg

     

    L’excédent des produits de la ferme du château, à laquelle les enfants participaient à des travaux de culture, et qui alimentait l’internat, étaient vendu. En 1937 ils avaient rapporté plus de 5.000 fr.

    ferm.jpg

     

     

    Au moment de l'Occupation, le domaine fut investi par les Allemands qui en firent un centre de repos pour leurs sous-mariniers. Ils édifièrent des baraquements dans le parc.

    A la libération les Américains investirent les lieux, la 25e D.I. Y établit son camp. Heinlex ne fut rendu à la municipalité le 18 septembre 1947 à 16h, avec tout le matériel que les Américains avaient apporté et celui que les Allemands avaient laissé !



    L'Hôtel Dieu et la Maternité ayant été totalement rasés, l'ancienne hospice de Gavy avait été transformé en hôpital provisoire, le conseil vota l'établissement à Heinlex du nouvel hôpital qui les premiers temps pris place dans les baraquements de l'armée allemande. C'est grâce à Henri Allanet, que ce projet fut possible, l'ensemble de son œuvre et sa vie ont été racontées en 2006 dans le livre de son fils Pierre-Henri Allanet, « Henri Allanet, un citoyen du XXe siècle », aux Editions Pleine Page.