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  • Alphonse Pinguet

    Les halles de Méan sont l’un des rares exemples de l’architecture municipale de la ville datant du 19ème siècle. Si les Nazairiens connaissent le site, Alphonse Pinguet, l’architecte qui les réalisa, demeure encore inconnu de la population. Voici quelques éléments biographiques :

     

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    Les Halles en 1865 (L'Illustration 15 avril 1865).

     

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    Les halles de Méan-Penhoët © Ville de Saint-Nazaire

     

    François-Alphonse Pinguet, dit Alphonse Pinguet, est né à Saint-Benoit-du-Sault 16 décembre 1832, de Jean Pinguet, né en 1805, perruquier, et d’Adélaïde Saller.

    Il fut d’abord professeur de langues à Montmartre, mais ayant rencontré une nantaise, Marie-Constance-Emma Jaudeau, née le 13 décembre 1822, rentière, veuve de Louis-Emile de La Guérandière, il l’épousa à Nantes le 20 octobre 1856, et s’établit en cette ville comme architecte en 1857, et y fit venir sa mère alors veuve. De son union naquirent : Anthime, décédés le 31 décembre 1866, enterré au cimetière de La Briandais ; et François-Joseph, né à Nantes le 2 janvier 1863.

    Il commença à répondre à quelques commandes à Saint-Nazaire et fut rapidement remarqué par l’ingénieur en chef des Ponts-et-Chaussées, Paul Leferme. Il retrouva à Saint-Nazaire l’ingénieur entrepreneur Alcide Bord[1], natif comme lui du Berry. Alcide, qui participait aux travaux du port, et avait acquis pour spéculation la métairie de La Vacquerie et le vallon de Porcé, lui commanda la réalisation de plusieurs villas sur ce site. Ainsi, furent construis en 1858 les villas Les Glycines, Les Camélias, Les Acacias, toujours subsistantes à Porcé, et le château des Charmilles avec ses dépendances, dont il reste les ruines du château et la maison de plage, dite depuis villa les mouettes, dont la restauration va être entreprise par la municipalité. Il est intéressant ici de noter que ces demeures furent réalisées avec des matériaux préfabriques, (carreaux de ciments, briques, etc.), avec l’incorporation pour poutres de fer et de colonnes de fonte, avec des extensions ou dépendances sans fondations, mais simplement posées sur des bordures de granites, sur lesquelles reposent une structure en bois, entre les poutres desquelles sont assemblées des briques. C’est le cas pour les deux ailes encadrant la maison de plage du Château des Charmilles, mais aussi sur des annexes disparues : la menuiserie, les écuries, et le pavillon du gardien. Ce genre de méthodes de construction rapides et peu onéreuses ont été réfléchies par Viollet-le-Duc.

     

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    Le pavillon de plage du château des Charmilles à Porcé en 1905

     

    Alphonse Pinguet devint architecte-voyer de la ville en avril 1866, ce qui le rendit auteur des dessins des égouts de la ville, et l’incita à quitter Nantes pour venir s’établir rue de L’Hôtel de Ville avec sa famille. Il fut chargé de l’édification de nombreuses demeures et immeubles en ville, essentiellement autour de la place Marceau, dont certains pour le comte de l’ancien ministre de la Guerre, Alphonse Henri d'Hautpoul, qui spécula lui aussi à Saint-Nazaire. ces chantiers lui permirent de réaliser les premières fouilles et observations archéologiques nazairiennes. La ville lui fit la commande en 1875 de plans pour la transformation de l’ancienne minoterie en un théâtre de 700 place. Les plans furent exposés à la librairie Blanchet, où les Nazairiens se percèrent, la ville voulait créer une société par actions afin de mener à bien le projet, mais se montra incapable de le faire. Le théâtre ne vit pas le jour. En 1877, la municipalité lui fit la commande des Halles en 1877. Le bâtiment en fonte, est construit suivant la même méthode que les annexe précédemment mentionnées, la fonte remplaçant le bois, ce qui permet le transport sur un autre site de cette structure, en 1936, depuis le centre-ville jusqu’à son empalment actuel à Méan-Penhoët.

    Entre autres commandes notables, citons : la chapelle funéraire de la famille Bord ainsi que celle de la famille Delzieu, et quelques autres au cimetière de la Briandais, l'école (de garçons) de Saillé en 1882, toujours existante, et qui a conservé son aspect originel[2].

     

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    Plaque sur la chapelle Delzieux

     

     

    On lui confia le commandement des sapeurs pompiers de Saint-Nazaire, et il s'illustra particulièrement durant dans la nuit du 3 au 4 avril 1868 durant l’incendie dans le Port du paquebot La Floride, et avait organisé en 1870 un service d’ambulance à Saint-Nazaire. En 1875 il fut le sous directeur de section locale des Hospitaliers Sauveteurs Breton. Il reçut le vénéralat de la Loge l'Etoile des Deux-Monde vers 1872.

    Il fit parti de la commission chargée de trouver un local pour les cholériques en novembre 1884, et en 1887, il fut chargé de l’édification des immeubles entre la vieille-ville et le bassin.

    Alphonse Pinguet était membre de la Société française pour la conservation des monuments historiques et réfuta quelques-unes des affirmations de Léon Maître en question d'archéologie (lui-même en conflit avec René de Kerviler) en s'appuyant sur les observations du sol nazairien qu'il avait pu faire durant ses chantier[3].

    Sa mort, soudaine, fut relatée dans Le Phare de la Loire du 9 janvier 1888 : « On nous écrit de Saint-Nazaire, le 7 janvier : Ce matin à onze heures, dans la rue de Pornichet, monsieur Alphonse Pinguet, architecte-voyer de la ville, était à faire tracer une tranchée avec son fils et le nouvel entrepreneur des travaux d’égouts, lorsqu’il s’affaissa sans prononcer une parole, On s’empressa autour de lui, mais en vain, et monsieur le docteur Griffon du Bellay[4], appelé en toute hâte, ne put que constater le décès. Monsieur Pinguet, âgé de 55 ans, souffrait depuis quelque temps d’une maladie de cœur. Monsieur Pinguet était un homme instruit et laborieux. Il sera généralement regretté. »

    Il fut enterré au cimetière de La Briandais, en présence du sous-préfet Planacassagne ; du secrétaire de sous-préfecture s Bousseau ; de René de Kerviler ; du docteur Griffon du Bellay ; du conservateur des hypothèques Trévédy ; de Henri Duval, président de la chambre de commerce ; de presque tout le corps municipal ; d’un détachement des sapeurs-pompiers ; de messieurs Simon et Breton, officiers du génie ; de l’inspecteur primaire Labeyrie, etc. Le maire de Saint-Nazaire, Fernand Gasnier, fit le discours au cimetière. Sa sépulture a été dessinée par lui.

     

    Durant la séance du Conseil municipal du 22 janvier 1888, on établit l’annonce pour la recherche d’un successeur à Alphonse Pinguet, avec un traitement de 5.000fr l’an. Le 26 octobre suivant, le Conseil vota un secours de 600 fr à sa veuve.

     

    Sa mère décéda le 30 décembre 1892 ; sa veuve mourut à Nantes le 12 septembre 1897 ; elles furent toutes deux inhumées avec lui au cimetière de la Briandais.

     

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    [1] A propos d’Alcide Bord et de Porcé : http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2012/06/13/le-chateau-de-porce-a-saint-nazaire-premiere-partie.html

    [2] Relevé par la Région Pays de la Loire https://www.patrimoine.paysdelaloire.fr/linventaire/detail-notices/IA44003808/

    [3] Cf. Congrès archéologique de France : séances générales tenues à Nantes en 1886)

    [4] Biographie du docteur Marie-Théophile Griffon du Bellay : http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2019/04/06/un-explorateur-a-saint-nazaire-6141851.html

  • Les Nazairiens en Turquie, (1928-1930)

    En septembre 1924, le fondateur de la République turque, que l’histoire à retenu sous le nom de Mustafa Kemal Atatürk, se rendit sur les bords de la mer Noire, à la frontière soviétique, pour inspecter le croiseur de guerre Yavuz Sultan Selim, (L’audacieux sultan Sélim[1]), ancien SMS Goeben.

     

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    Le SMS Goeben en 1911.

     

    Ce navire de 25.400 tonnes, d’une longueur de 186,6 mètres pour 30 mètres de large, avait été conçu à l’origine pour la Kaiserliche Marine par les chantiers Blohm & Voss à Hambourg.

    Au début du premier conflit mondiale, l’Empire ottoman, alors nation neutre, s’était vu confiés le 16 août 1914, avec le SMS Breslau, le SMS Goeben, au prétexte que tombés en panne de charbon en Méditerranée, l’Empire allemand n’avait, du fait de son entrée en guerre, n'avait pas possibilité de les ravitailler. Le gouvernement des Jeunes turcs avait annoncé qu’ils seraient postés à chaque entrée du Bosphore afin d’empêcher toute intrusion des belligérants dans ce détroit qui coupe en deux İstanbul, alors Constantinople, capitale du pays. Mais le gouvernement des Jeunes turcs avait conclus un accord secret à l’Allemagne le 2 août 1914, promettant une entrée en guerre à ses côtés, ce qui se réalisa le 29 octobre 1914.

    Rebaptisés Yavuz Sultan Selim et le Midilli, ils furent les terreurs des Alliés, empêchant toute intrusion dans le Bosphore, et si le Yavuz Sultan Selim n’avait été gravement endommagé le 20 janvier 1918, durant un combat contre les HMS Raglan et HMS M28 de la Royal Navy, en défendant les Dardanelles, il est probable que l’Empire serait sorti sans encombre de la guerre. Mais le destin en voulu autrement. Contraint à l’échouage à pointe de Nagara, où il fut attaqué par l’aviation, il fut remarqué par le Turgut Reis, autre navire acquis après des Allemands, qui le sauva de justesse de l’attaque projetée par le sous-marin HMS E14.

    Amarré à Constantinople dans un état lamentable, le traité de Brest-Litovsk, signé le 30 mars 1918 entre l’Allemagne et la République soviétique, fit qu’on le remorqua jusqu’aux chantiers de Sébastopol, où il subit une série de réparations entre les 7 août au 19 octobre 1918.

    L’Empire ottoman capitula le 30 octobre 1918. Dans l’espoir de relancer la guerre, le 2 novembre, l’Allemagne, à bout de souffle, donna les deux navires à l’Empire Ottoman, action vaine, car la république fut proclamée le 9, et l’armistice fut signée le 11, mettant fin à la guerre en Europe.

    Selon les termes du Traité de Sèvres, conclu le 10 août 1920, le Yavuz Sultan Selim devait être remis à la Royal Navy eau titre de dommage de guerre. Cependant, l'accord de Sèvres n'ayant pas pu être mis en œuvre en raison de la Guerre d'Indépendance turque, (1919-1923), dirigée par Mustafa Kemal Atatürk, dont il fut victorieux, et qui se conclue avec la signature du traité de Lausanne le 24 juillet 1923, le navire fut conservé par la Turquie.

    Le Yavuz Sultan Selim, resta en mer noir, oublié jusqu’à ce qu’Atatürk entreprenne la création de la nouvelle marine militaire turque. L’URSS étant devenu une alliée infréquentable, Atatürk ayant pour ambition de faire de son pays un état moderne, indépendant, et industrialisé, il fallut créer chantier naval en Turquie. Le traité de Lausanne ayant démilitarisé le Bosphore, le choix se porta sur le lieu d’un projet impérial avorté dans la baie d’Izmir, Gueuldjuk[2], nommé Gölcük en turc moderne.

     

    En effet, en 1911, l’Empire avait projeté de fonder 122 arsenaux et chantiers le long de ses côtes qui allaient de la Géorgie à l’Egypte, avec en plus la côte libyenne. Des imbroglios administratifs dans les expropriations nécessaires à la réalisation du projet, les guerres balkaniques, puis l’invasion de la Libye par l’Italie, avaient retardé le projet dont la britannique Armstrong Company était le partenaire. La première-guerre-mondiale avait remisé le projet.

    Au début de l’année 1925, Atatürk obtint qu’on expropriât İsmail Pasha, le propriétaire d’un domaine agricole au bord sur de la baie d’Izmir. Le 23 juin 1925 débuta la réalisation d’une cale sèche flottante pour loger le Yavuz Sultan Selim, rebaptisé Yavuz Selim, qu’ont construisit structures nécessaires à la navale, et dépôt de charbon.

     

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    Le Yavuz Selim dans sa cale flottante en 1929.

     

    On assécha les marais environnants, construisit routes et voie ferrée, et une ville fut fondée. Les travaux s’achevèrent le 14 septembre 1927. Faute d’ingénieur turc compétant, on alla chercher un en Allemagne un pour la réparation et la modernisation du Yavuz Selim, mais qui se révéla incapable de diriger des ouvriers turcs qui n’avaient aucune formation. Atatürk se résolu à lancer un appel d’offre auprès des autres pays. Ce fut la Société des Ateliers et Chantiers de Saint-Nazaire, dit Chantiers de Penhoët, qui remporta le contrat[3]. Il fut convenu de faire venir pour la durée d’une année et demie des ouvriers nazairiens, et leur famille s’ils le désiraient[4], pour qu’ils assurent les travaux et forment les ouvriers turcs. Deux ingénieurs des Chantiers de Penhoët furent choisis pour superviser[5]. Seules conditions imposées : en raison du secret militaire, il était interdit aux Nazairiens d’aller au-delà de 8 km autour d’Izmir et de raconter ce qu’ils faisaient, même aux familles restées au pays.

     

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    Les chantiers en 1928.

     

    Partis pour la Turquie :

    Le 29 août 1927, 50 ouvriers métallurgistes des chantiers de Penhoët, certains accompagnés de leur famille, partirent à 20 h 40 de la gare de Saint-Nazaire en direction de Marseille, afin de s’embarquer pour Izmir.

     

    En février 1928 il courut la rumeur que les ouvriers étaient maltraités en Turquie, ce qui fut rapidement démenti. Le 25 du même mois, 5 femmes partirent rejoindre leurs époux. En août suivant 40 autres ouvriers partirent ; 30 le 17 septembre 1928 ; 50 le 12 novembre, etc. Ce furent finalement 250 ouvriers qui partirent en Turquie, formant une colonie bretonne de 400 personnes avec leurs familles, qui lisaient les journaux nazairiens et vivait en autarcie. Le nombre des ouvriers turcs était de 250 ; la population de la ville de Gölcük était alors de 1.500 âmes.

     

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    Famille d'ingénieur à Gölcük le 5 avril 1929.

     

    En février 1928, Raymond-Charles-Louis Le Dahéron, ouvrier ajusteur, habitant du quartier de Toutes Aides, décédas de maladie à Gueuldjuk. Sa dépouille fut rapatriée à Saint-Nazaire, enterrée en grande pompe au cimetière de Toutes Aides, le mardi 28 février, en présence de la direction des chantiers et des syndicats, après une messe à Saint-Gohard.

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    Les chantiers durant l'été 1929.

     

    En mai 1929, trois ouvriers métallurgistes, Halgand, Viaud, et Mahé, voulurent faire une excursion à İstanbul, mais à peine arrivés ils furent arrêtés par la police, et renvoyé par le premier bateau en direction de Marseille. Les Chantiers de Penhoët avancèrent l’argent pour leur retour à Saint-Nazaire, sous réserve de retenu sur salaire. Le syndicat métallurgiste tenta de contester en affirmant qu’il n’y avait pas rupture de contrat, mais le non-respect des limites de déplacement était une faute professionnelle, et les ouvriers durent rembourser.

    Une affaire fit les choux gras de la presse nazairienne : le mécanicien Olivier Haspot[6], avait laissé son épouse, Marie-Augustine[7], dans leur domicile du 5 Grand’Rue avec leurs cinq enfants. Il lui envoyait de Turquie 1.400 fr à 1.900 fr par mois, argent qu’elle dépensait en alcool. Couverts de vermine, en guenilles, enfermés dans une maison d’une saleté repoussante, les enfants étaient livrés à eux-mêmes, nourris par des voisins charitables. L’ainée, Hélène[8], avait 19ans, et n’osaient s’opposer à sa mère à laquelle elle se substituait pour l’éducation de ses cadets ; c’est alors que le 7 juin 1929, le second de la fratrie, Alexandre, âgé de 16ans[9], se révolta, et blessa leur mère à la main avec un couteau. Les voisins s’en mêlèrent, appelant la police. Marie-Augustine racontât que l’adolescent vivait à ses crochets, lui réclamait chaque jour plus d’argent que ce qu’elle lui donnait, qu’il lui avait déjà lancé un jour son couteau qui s’était planté dans un mur, et se fit passer pour une victime. On n’écouta pas Alexandre, il fut condamné à six mois de maison de correction. Heureusement, le commissaire Pacaud veilla, il intervint en faisant dresser un procès-verbal pour maltraitances d’enfants. Les quatre frères et sœurs d’Alexandre envoyés à l’hôpital le 4 février 1930. Alexandre sortit rapidement de la maison de correction pour bonne conduite, et Marie-Augustine fut arrêtée le 3 juillet 1930, provoquant une manifestation de voisins qui se refusaient à la croire mauvaise. Elle écopa de cinq mois de prison, puis retourna vivre avec son mari revenu de Turquie[10].

     

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    photographies extraites de L’Animateur des Temps Nouveaux de juin 1931.

     

    Retour à Saint-Nazaire, l’Amical des anciens de Gueuldjuck :

    Les travaux du Yavuz Selim s’achevèrent le 31 mars 1930. On commença le rapatriement, certains Nazairiens restèrent jusqu’à la fin août, afin de former les chauffeurs ottomans qui manquaient d’expérience et n’auraient pas pu pratiquer une chauffe de 220 kg de charbon par m2 de grille soit une consommation par heure de 54 t. Les Chantiers de Penhoët transfèrent les installations au gouvernement turc et quittent le pays. Huit nazairiens naquirent à Gueuldjuck, : Jacques Leroux , (fils d'un  manœuvre), en 1928; Yvette Le Borgne, (fille d'un ajusteur), Yvette Legoffic, (fille d'un frappeur), Jacques Georges, (fils d'un charpentier), Léonie Mougenot, (fils d'un grossiste), Guy Colino, (fils d'un tourneur), Monique Chedorge, (fille d'un machiniste), en 1929 ; Micheline Dupont en 1930, (fille d'un chanfreineur).

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    Durant leur séjour en Turquie, les ouvriers nazairiens se constituèrent en amicale. A leur retour à Saint-Nazaire, ils firent don de 1.103 fr 65, au bureau de Bienfaisance de la ville, le 18 août 1930.

    Après quelques tergiversations, il fut décidé de constituer l’Amicale des anciens de Gueuldjuck. Ainsi, le 20 septembre 1930, au café Hébert, rue du palais, se tient une grande réunion des anciens de Gueuldjuck. Marcel Blanchard exposa les buts de l’amicale : un groupe resserrant les liens qui les unissaient en Turquie, organisant des distractions, (concerts, bals, promenades, banquets), et surtout aider les membres des familles en cas de blessure, mort, ou chômage. Le président du bureau provisoire fut Rocheteau ; les vice-présidents Pipault et Tanguy ; le secrétaire Blanchard ; le secrétaire adjoint Brosseau ; le trésorier C. Alletz ; le trésorier adjoint Guilloré ; les commissaires Guillouet, Le Prévost, Bonhommeau, Viaud, Georges Coléno.

    La première réunion générale eut lieu le dimanche 28 septembre 1930 à l’hôtel du Berry, pour adoption des statuts avant déclaration en préfecture

     

    Le samedi 8 novembre 1930 l’amical donna sa première soirée, à 20 heures, dans la salle de L’Eden-Cinéma. La fanfare de l’UMP donna une pièce militaire, suivit d’un buffet de sandwichs, bière et vin, puis d’un bal. Ce fut la seule soirée donnée, malgré la bonne volonté des membres. Seule subsistât la caisse d’aide. Après une crise en août 1935, qui manqua d’entraîner sa dissolution, l'amical subsista jusqu'à la Seconde-guerre-mondiale.

     

    Le destin du Yavuz :

    Devenu en 1936 Yavuz , le croiseur remis en état et modernisé par les nazairiens, était considéré à la veille de la seconde-guerre-mondiale comme un navire dangereux. La Turquie resta neutre durant le conflit, et le navire fut affecté à empêcher des intrusions dans le Bosphore. Il resta en service jusqu’au 20 décembre 1950. Transféré aux services de l’OTAN sous le numéro B70 en novembre 1954. Le gouvernement turc proposa au gouvernement allemand de le racheter en 1963, ce qui fut refusé ; il fut alors vendu à MKE Seyman pour démantèlement en 1971. Le démantèlement débuta le 7 juin 1973 et s’acheva en février 1976. Le MKE Sanayi ve Teknoloji Müzesi, (Musée de l’Industrie et de Technologie), à Ankara, en conserve deux sections de blindage de coque et un tronçon de canon. Il est exposé au MKE

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    Médaille commémorative de la fondation des chantiers de Gölcük.

     

     

    Sources : Le Courrier de Saint-Nazaire, Le Phare de la Loire et L’Ouest Eclaire d’août 1928 à novembre 1930 ; Donanma ve Gölcük Tersanesinín Taríhi, F. Yavuz Ulugün ; The Hunters and the Hunted - The Elimination of German Surface Warships Around the World 1914-1915, Bryan Perrett, Pen&Sword Maritime, South Yorkshire, 2012.

    Remerciements particuliers à madame B.G.

     

     

    [1] (10 octobre 1470-20 septembre 1520) ; 9e sultan ottoman, du 24 avril 1512 au 22 septembre 1520, son successeur fut Soliman le Magnifique.

    [2] Littéralement : lagune.

    [3] La Turquie était alors considérée par les autorités françaises comme « un pays vierge au point de vue économique » (cf. discours de Mario Roustan, sénateur ancien ministre).

    [4] Un collège français, nommé Sainte Barbe existait à Izmir et devait assurer la scolarité de leurs enfants.

    [5] Deux sous-marins devaient aussi faire l’objet de réparations et modernisation, on les confia à une compagnie néerlandaise.

    [6] Né à Saint-Nazaire le 5 décembre 1877, fils naturel de Marie Louise Haspot, tailleuse.

    [7] Née Marie Augustine Denis, à Saint-Nazaire 2 décembre 1883, ancienne tailleuse pour dame, fille d’un cuisinier ; ils s’étaient mariés à Saint-Nazaire le 11 septembre 1909.

    [8] Née à Saint-Nazaire, le 30 juillet 1910

    [9] Alexandre-Daniel, né à Saint-Nazaire le 4 avril 1913.

    [10] Les enfants furent à jamais traumatisés ; Alexandre, devenu cuisinier au 3ème dépôt de la Marine à Lorient, tira en janvier 1935, dans la rue L’Enclos du Port, sur le tenancier d’une maison close, et traduit devant le conseil de guerre de la marine à Brest.

  • Les douches de Penhoët

    Les douches publiques de Penhoët se trouvent à l'angle des rues de Trignac et Victor Marre, à coté des halles. C'est suite à un projet hygiéniste, entrepris par la municipalité en 1912, que les travaux de construction débutèrent en 1914, hélas, la Première-Guerre-mondiale, l'absence de manœuvre et de capitaux, firent que le bâtiment ne fut achevé qu'en 1923. A une époque où Penhoët était le cœur ouvrier de Saint-Nazaire, et où l'eau courante n'était pas dans toutes les maisons, l'établissement municipal avait un rendement de 200 à 300 douches par semaine ! 

     

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    D'après une carte postale des années 60', les grilles et murets ont depuis disparu... 

     

    Le bâtiment fut reproduit comme symbole du quartier sur des enveloppes prétimbrées éditées par le bureau de poste Penhoët en 2005.

     

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    d'après une enveloppe "pret-à-poster" de 2005...

     

     

    Il reste peu de bâtiments de douches municipales sur le territoire français, celui de Penhoët a une architecture agréable, il est parfaitement intégré dans le paysage urbain du quartier, il est aussi le témoignage vivant de la société ouvrière du 20e siècle. 


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    les douches de Penhoët durant l'hiver 2009, photo Odoevsky Maslov.