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école d'infirmière

  • Port Gavy ou l'école des infirmières

    Connu actuellement comme " l’École des infirmières ", Port Gavy fut à l'origine une propriété comportant une villa et ses dépendances dans un vaste parc.

     

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    La villa de Port Gavy en septembre 1919, (coll. personnelle)

     

     

    Située sur la Grande île des Gavids, (du breton Gavr, qui signifie chèvre, mais qui sur les côtes de Bretagne désigne aussi un type de crabe : l'étrille (Necora puber),  à un emplacement où il n'y avait aucune construction, la propriété fut bâtie durant le Second Empire, probablement vers 1855 à la même période que le château des Charmilles à Porcé, pour William-Felix Le Besque, (1802 - 8 décembre 1877 à Nantes), capitaine de navire, et son épouse Delphine-Aimée Lefebvre, native de Saint-Florent-le-Vieil, couple domicilié à Nantes.

    Destinée a l'usage de demeure de vacances, la villa fut construite sur cave, avec au-dessus un entresol avec une cuisine carrelée munie d'un monte plat, et une salle à manger pour les domestiques ; un rez-de-chaussée surélevé sur un entresol habitant les services, avec hall, salle à manger lambrissée et plafonnée d'acajou, grand salon, et dans la tour un boudoir rond. Au 1er étage trois grandes chambres de maître avec chacune leur cabinet de toilette. Celle qui occupait la tour était dite de Monseigneur Fournier, en référence à Félix Fournier, (1803-1877), évêque du diocèse de Nantes de 1870 à sa mort, qui passait chaque été quelques semaines à Port-Gavy, car il était ami d'enfance de William-Felix Le Besque. Sa chambre était décorée de fresques du peintre Jules-Elie Delaunay, (Nantes 1828 - Paris 1891), qui représentaient en médaillon les bustes des Apôtres et des premiers disciples, avec au-dessus de chaque médaillon, en lettres gothiques dorées, un versé du credo. Les fenêtres étaient dotées de vitraux évoquant des moments de la vie d’Anne de Bretagne, et de François Ier. Au second étage étaient les quartiers des domestiques, avec un accès au grenier et au troisième niveau de la tour, ainsi qu'à la terrasse qui la somme, d'où l'on peut voir de la rade de Saint-Nazaire à la pointe Saint Gildas, et le clocher de l'Immaculée.

    Le domaine était d'une surface de 10ha, le long de 400m de côte, il y avait notamment 3ha de vignes situées à l'emplacement des bâtiments de l'université, qui donnaient encore en 1929 cents barriques de vins rosés dont la qualité était louée par ceux qui l'avaient goûté. Un verger et une prairie, un bois de chênes verts, sapins, et lauriers, une pelouse dégagée en direction de la Villès-Martin, bordée de rosiers, de camélias, et d'une allée de palmiers. Encore aujourd'hui, on pénétre en direction de l'ancienne villa par un portail du 19e siècle peint en vert, via une allée autrefois bordée de houx. Il y avait aussi un hibou de granite près de la grille, (parfois confondu avec une chouette référence  aux Chouans pour les familles royalistes), mais qui à Gavy est bien un hibou, c'est un emblème parlant qui fait référence au nom des Le Besque qui signifie hibou en breton.

     

    Au décès de William-Felix Le Besque, son fils Georges-William, né à Nantes le 25 avril 1844, hérita d'une fortune suffisamment confortable et se fit notaire à Saint-Nazaire à partir du 10 juillet 1875. membre de la Société des Bibliophiles Bretons, comme son voisin Gustave Bord, il possédait en son manoir de Gavy d'un bibliothéque réputée. A l'âge de 36ans, il rencontra Eliza Chavril, âgée de 19ans, orpheline placée sous la tutelle d'un lointain parent, Yves Martin, propriétaire domicilié à Saint-Nazaire. Eliza Chavril naquit le 12 mai 1864 à La Motte dans les Côtes-d'Armor. Sa mère, Marie Anne Le Maire, décéda à La Motte le 5 mai 1875, et son père, Louis Chavril, décéda à Saint-Nazaire le 10 juin 1880. Afin de se marier, Eliza obtint l’autorisation de son conseil de famille, par délibérations du 20 juillet 1883, validées par le juge de Paix du Canton de Saint-Nazaire. Le couple s'unit à la mairie de Saint-Nazaire le 20 août 1883. Si les témoins de Georges-William étaient ses cousins germains Lefebvre venus de Saint-Florent, Eliza eut quant à elle Victor Delaris, le vérificateur des douanes de Saint-Nazaire, cousin par alliance, et Charles Marion de Procé, procureur de la République, désigné comme son ami dans l'acte.

    Le couple s'établit rue de Villes-Martin, mais passait tous les weekends et les vacances en sa résidence de Port-Gavy.

    Ils eurent deux fils :

    1° William-Adolphe-Henri-Louis Le Besque, (Saint-Nazaire 30 mai 1885 - Dinar 27 août 1968) ;

    2° Georges-François-Marie-Félix, (Saint-Nazaire 30 septembre 1894 - 30 septembre 1979 Brest), qui épousa en premières noces, le 7 mai 1923  à Nantes, Marie Martin-Sortres ; et en secondes noces, le 16 mars 1945 à Landerneau, Andrée-Amélie  Poulain de La Fosse David, (1910-1936).

    Ajoutons que selon la tradition orale, Georges-William se lia avec Narcisse Pelletier, célèbre marin qui avait passé dix-sept années dans un clan aborigène, affecté en 1876 au gardiennage du phare d'Aiguillon, et que celui-ci le reçut chez lui plusieurs fois.

    Le 4 septembre 1929, l’inspecteur général des services hospitaliers informa le maire François Blancho que des vieillards de l'hospice de Saint-Nazaire occupaient des lits réservés aux malades à l’hôpital, et que cela n'était pas admissible. Par manque de place à hospice de rue du Traict, tenu par les Filles de la sagesse, congrégation de religieuses hospitalières, on avait du les y placer, ainsi que 70 autres vieillards nazairiens expédiés à Guérande, Blain, Savenay, et Paimboeuf.

    On chercha en urgence un nouveau lieu. Le premier adjoint et conseiller d'arrondissement, Bernard Escurat, (1862-1865), informât que le domaine de Port-Gavy qui était alors en vente depuis peu. La vente fut signée le 17 octobre 1929 une promesse d'achat auprès William-Adolphe-Henry Le Besque chargé par son frère de le représenter dans la dispersion des biens familiaux, pour la somme de 800.000 frs avec son ameublement, le matériel agricole et les animaux de la ferme, somme prise en charge par la Ville à hauteur de 50%, plus une promesse de 90.000 fr pour aider aux aménagements, les 400.000 fr restants étant à la charge de l'Hôpital. La maison était alors relativement défrichée : les marches du perron étaient disjointes, semé d'herbe, les rampes de bois des balcons auxquels s’accrochaient des rosiers, de la glycine et de la vigne vierge, étaient branlantes. La chapelle et les bâtiments de la ferme qui la complétaient, nécessitaient des travaux. Les Nazairiens trouvèrent aussi que déplacer les vieillards à 6km du centre, dans une partie de la commune mal desservie par une ligne de bus, n'était pas une bonne idée, même si tous s'accordaient sur la beauté de l'endroit. Au demeurant, la propriété n'avait ni gaz, ni électricité. Il fallu attendre plusieurs mois pour finaliser l'acquisition, car l'achat devait être financé par la Commission des Jeux (ancêtre de la Française des Jeux), et différentes aides de l'Etat.

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    La propriété au moment de son achat dans un reportage du Courrier de Saint-Nazaire publié le 07/12/1929.

     

     

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    Intérieur de la chapelle en 1939. (Carte Postale éditions Rosy.)

     

     

    Plusieurs projets furent discutés, on devait en effet réaliser un espace pouvant contenir 200 lits. Ce fut Andrés-Laurent Batillat, membre des Seiz Breur, qui fut retenu avec deux projets de sa main. Le premier, dit " projet A " consistait à l'ajout d'une aile à la villa, le second, " projet B ,  prévoyait de construire en plus un vaste complexe de bâtiments construits en paravent face à la côte.

     

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    projet A, (réalisé). (Archives départementales).

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    Projet B, (Archives départementales).

    1 = villa ; 2 = aile réalisée.

     

    C'est le projet A qui fut réalisé, par l'ajout à la villa une aile pour les patients. L'entresol de la villa fut adapté aux services, et les niveaux supérieurs devinrent le logement du directeur. Le balcon en bois découpé de la tour fut remplacé par un balcon en ciment avec escalier ; la fenêtre du troisième étage de la tour fut retaillée en ogive, et l’ensemble fut enduit de ciment peint en blanc. Initialement cela devait couter 30.000 fr de remise à neuf, mais des problèmes de structures dus au manque d'entretient durant des années firent monter la facture à 96.000 fr. (cf. délibérations municipales de janvier 1939). Il est à noter que jusqu'à la guerre, le logement servait uniquement durant les périodes d'été, comme résidence secondaire de l'économe de l'hôpital En effet, Gavy étant à 4km du centre ville, et 3km de Saint-Marc, et l’absence d'une ligne de bus régulière, firent que son utilisation comme logement à l'année ne convenait pas à une famille.

     

    D'une grande modernité et pensé avec toute la technologie disponible, (y compris un monte plat électrique objet d'un concours en juillet 1938), le projet avait alors une telle importance, que le ministre de la Santé Publique, Marc Rucart, vint visiter le chantier le 5 novembre 1938, avant de visiter les bâtiments nouvellement modifiés ou construits, toujours par André-Laurent Batillat, sur la commune, de l'Hôpital, du centre de santé scolaire, de la maternité, etc.

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    Le Travailleur de l'Ouest du 8 octobre 1938

     

    Ce n’est que le 30 avril 1939, que l’inauguration eut lieu par le maire François Blancho, qui félicita chaleureusement l'architecte André-Laurent Batillat pour sa réalisation..

     

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    Le Populaire de Nantes du 1 mai 1939

     

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    Le Travailleur de l'Ouest du 6 mai 1939

     

     

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    Les bâtiments en 1939, (Carte Postale éditions Rosy).

     

    Occupé par les Allemands durant la guerre, qui peignirent les bâtiments en vert pour les camoufler, puis par les troupes française, le site fut restitué en septembre 1945 à la municipalité. Après une remise en état des lieux, effectuées par 180 prisonniers allemands, Henri Allanet, ancien économe devenu directeur, à qui l'on doit entre autres la reconstruction de l'hôpital de Saint-Nazaire, y installa l'ensemble du service chirurgical de la ville, toujours en collaboration avec les Filles de la sagesse. C'est sœur Gustave, (née Anne-Marie Barreteau), qui en assura la gestion. Trois chirurgiens y officiaient : Jagot, Gentin, et Delouche.

    Henry Allanet emménagea dans l'apparentement de fonction avec sa famille, au grand dam de son épouse qui se plaignait de l'isolement géographique du site (Cf. " Henri Allanet, un citoyen du XXe siècle ", de Pierre H. Allanet). Ils y restèrent jusqu'à la construction de leur maison square des Acacias, actuellement square Henri Allanet.

    En janvier 1947, le Centre chirurgicale de Gavy était équipé de 90 lits. En décembre de cette année, la ministre de la Santé, Germaine Poinso-Chapuis, vint visiter les installations hospitalières de Saint-Nazaire. 

    En 1951 il comportait 100 lits.

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    Salle des malades du centre Chirurgicale en 1939. (Carte Postale éditions Rosy.)

     

    A la suite de la construction d'un nouvel hôpital, inauguré en 1960, le Centre chirurgical fut déplacé, et Gavy devient un institut de formation en soins infirmiers en 1961 après de nouveaux travaux de transformation. L’inauguration eut lieu en septembre 1962 et l'enseignement débuta avec 30 élèves en formation de 3 ans.

     

    (Remerciements particuliers à monsieur S. Paquet pour le complément d'information.)