La famille Laborde s'établie à Saint-Nazaire, dans la Grand Rue, durant la Restauration avec Charles Laborde, (Bayonne en 1798 - Saint-Nazaire 15 avril 1875, sa tombe est au cimetière de La Briandais), officier de marine, fils de Jean-Baptiste Laborde, capitaine, et de Marie Billard ; en poste à Oléron au moment de l'effondrement de l'Empire, à bord de L'Epervier, commandé par le lieutenant de vaisseau Olivier Jourdan de la Passardière. Charles, chargé de commandé la chaloupe qui devait conduire Napoléon de l'Epervier au navire anglais Bellerofond, aida l'Empereur à monter à bord de celui-ci, et reçu du souverain déchu une lettre de remerciement, que sa petite fille, l'écrivain Marc Hélys conservait encadré dans son salon à Paris ; de son épouse d’Anne-Françoise Tartoué, (née à Saint-Nazaire 19 novembre 1801, fille du marchand boucher Yves-Honoré Tartoué)
il laissa :
1° Charles-Honoré, né le 1er novembre 1826 à Saint-Nazaire (déclaré le 2), baptisé le 16 ; il fit ses études au petit séminaire de Guérande. Il fut ordonné prêtre en 1850, par monseigneur Sibour, à Saint-Sulpice, dont il avait dirigé les catéchismes. Il devint secrétaire de monseigneur Jaquemet évêque de Nantes, qui le nomma, en 1855, chanoine honoraire. En 1857 il fut élevé à la dignité de vicaire général honoraire, puis, en 1859, à celle de vicaire général titulaire de monseigneur Jaquemet. En 1869, le chapitre de l’Église de Nantes le nomma vicaire capitulaire, avec l’abbé François Richard de La Vergne (futur archevêque de Paris, puis cardinal). Durant la guerre de 1870 il fut aumônier des mobiles de la Loire-Inférieure et s’illustra en Eure durant les combats par son abnégation et de sa charité. Il y contracta une pleurésie dont il souffrait encore, quand monseigneur Fournier, évêque de Nantes, lui confia en avril 1870, la cure de Saint-Similien à Nantes, composée de vingt mille âmes, « surtout d’ouvriers et de gens du peuple ». Il y veilla au développement des œuvres de charité, et fut un pasteur très actif après de ses ouailles. Il fut nommé évêque de Blois, par un décret ministériel du 9 juin 1877, ce que confirma le Vatican le 25 juin, par préconisation du pape Pie IX, « étonné d’abord, il a dû obéir, bien qu’ayant le cœur déchiré » (cf. Revue de Bretagne et de Vendée), puis sacré le 24 août de la même année. Il prit pour armoiries : d’azur à Notre Dame des Aides sur un nuage, mouvant de la pointe, tous d’argent ; au chef du même chargé de cinq mouchetures d’hermine de sable. Monseigneur Laborde, quoiqu'évêque de Blois, célébra la grand-messe, le dimanche 2 août 1891 en l'église principale de Saint-Nazaire, qui avait été inaugurée cinq jours auparavant. Son visage a été sculpté sur l'un des chapiteaux des transepts cette église, côté Évangile (c'est à dire à droite quand on est face au chœur). La chronique familiale rapporte de devenu évêque, il décida d'offrir chaque mois un repas aux curés les plus modestes du diocèse. Les usages à l'évêché étaient alors encore ceux des cours souveraines. Aussi, on servait d'abord l'évêque, puis les autres. Le personnel étant réduit, ceux qui étaient en bout de table devaient attendre leur tour, ce qui prenait un long moment en raison de leur nombre bien supérieur à ceux des valets. Monseigneur Laborde avait l'habitude de manger sitôt servi, et finissait avec rapidité son assiette. Le protocole voulant qu'on retirât les assiettes dès qu'il eut fini, les convives en bout de table n'avaient même pas la possibilité de toucher à leur cuillère... Au bout de quelque mois on se risqua à le lui dire. Il prit alors soin d'attendre que tous soient servis pour commencer son repas, et pris garde à ce que les autres aient fini leur assiette avant de poser ses couverts. Il décéda le 18 mai 1907 à Blois, et repose en la cathédrale, dans la crypte de laquelle se trouve son buste ;
2° Cécile-Marie-Amélie, née à Saint-Nazaire le 6 février 1831, mariée le 15 juin 1857 à Saint-Nazaire avec Marie-Louis-Alfred Picard, (né à Brest le 25 mai 1827), lieutenant de vaisseau ;
3° Joseph-Marie-Athanase, né le 29 juillet 1838 à Saint-Nazaire. D’abord engagé dans la Marine marchande, il entra dans la Marine militaire le 15 juillet 1859. Lieutenant de vaisseau au 3e Bataillon de fusiliers marins, il fut affecté août en 1870 à l’Armée de Paris, comme capitaine de la 6e compagnie. « Au cours du siège de Paris, le 21 décembre 1870, l'Armée de Paris tenta une sortie dans le nord de la capitale. Le corps d'armée de Saint-Denis, commandé par le vice-amiral de La Roncière, fut chargé de s'emparer du village du Bourget, fortement défendu par les troupes ennemies. Le 3e Bataillon, commandé par le capitaine de frégate Lamothe-Tenet, réussit à s'installer au centre du village, mais privé du soutien du 134e Régiment d'infanterie qui n'avait pu attaquer par le sud comme prévu, il dut se replier après avoir été soumis à un feu intense et avoir subi de lourdes pertes. Dans cette attaque, les marins perdirent 254 hommes dont 7 officiers parmi lesquels le lieutenant de vaisseau Laborde ». Son acte de décès fut inscrit au rôle d'équipage de la 3e annexe du vaisseau Louis XIV, établi à Saint-Denis le 22 décembre 1870. Inhumé au cimetière de La Briandais dans la caveau Laborde-Héliard. Une place de Saint Nazaire fut baptisée en son honneur (place avec les pots rouges). Le prénom Athanase est surprenant, car il n'est pas breton, ni basque, et qu'il n'existait pas alors dans la famille Laborde, par plus que chez les Tartoué. La chronique familiale nous apprend que Charles, alors qu'il revenait d'un voyage au Japon, voulut se baigner dans la mer durant une escale au Siam (aujourd'hui Thaïlande). Il se trouva soudainement encerclé de crocodiles marins. Priant la Sainte Vierge, il lui jura de donner le nom du saint du jour si elle l'aidait à échappé aux reptiles. C'était un 2 mai, jour de Saint Athanase ;
4° Marie-Philomène Laborde, (Saint-Nazaire 15 août 1836 - Saint-Nazaire 2 mars 1918), mariée le 8 juillet 1863 à Saint-Nazaire avec François Héliard, (Grandville 26 juillet 1829 – Saint-Nazaire 16 mars 1901), capitaine au long cours, commandant à la Compagnie Générale Transatlantique, (d'où Marie-Hortense, épouse du diplomate mexicain Calos Lera, femme de lettres sous le nom de marc Hélys, qui fut célèbre pour avoir dupé Pierre Loti en montant un canular à Constantinople en 1904).
5° Anne, née à Saint-Nazaire le 9 février 1842 ;
6° Edouard-Marie Laborde, né à Saint-Nazaire le 19 avril 1846.
La France illustrée, 25 août 1877
Ex-libris aux armes de monseigneur Laborde, 65 x 40 mm; Fonds et collections Odoevsky Maslov