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saint-nazaire - Page 9

  • Les fermes de Villeneuve et du Bois-Joalland

    Dons nos prochains articles, nous traiterons de l'histoire de la seigneurie du Bois-Joalland, mais avant cela nous allons ici parler de deux éléments du patrimoine nazairien dont l'histoire se rattache à celle de cette seigneurie : la ferme du Bois-Joalland et la ferme de Villeneuve.

     

    Située le long de la route qui borde l'étang, peu avant le bourg de l'Immaculée, la ferme du Bois-Joalland n'est pas le manoir seigneurial, le manoir se situait là où se trouve aujourd'hui la route et la rive de l'étang qui ne fut créé qu'entre 1917 et 1920, ce manoir a disparu avant la Révolution, cependant cette ferme était la métairie principale de la seigneurie. Si le long corps de ferme en fond de cour est du 18e siècle, la maison actuelle ne date que du 19e siècle, le logis originel se trouvait en retour entre la maison actuelle et le corps de ferme. 

     

    Située aujourd'hui entre la rive de l'étang  et le terre-plein de la D492,  la ferme de Villeneuve était l'une des métairies nobles que possédaient les seigneurs du Bois-Joalland sur le territoire de la seigneurie. Tout porte à croire qu'elle fut un temps résidence du sénéchal seigneurial. Contrairement aux fermes ordinaires de Saint-Nazaire, qui étaient construites en torchis sur une base en pierres, (la ferme Couronnée en est un parfait exemple). La métairie de Villeneuve au Bois-Joalland, est un bâtiment typiquement du début du 16e siècle, construit intégralement en pierres, tout en longueur, avec des portes ogivales ou à linteaux à accolades, la toiture était à l'origine en chaume. Le bâtiment est divisé en deux unités d'habitation, dont une comprenant une salle basse dotée d'une cheminée monumentale et les restes d'un placard en maçonnerie, dont les étagères sont constituées de pierre plates, ce qui confirmerait la présence du sénéchal de la seigneurie dans ce logement. Une soue à cochon est accolée au pignon ouest. la cour a été surélevée au moment de la création de l'étang. Aujourd'hui Villeneuve est encore le siège d'une exploitation, quoique le bâtiment historique, couvert actuellement d'ardoises, était transformé en grange, et qu'une nouvelle habitation fut construite après la Seconde-Guerre-mondiale en prolongement de celui-ci.

     

    Du 16e au début du 20e siècle, les propriétaires de ces métairies furent les familles du Chastel, Le Pennec du Bois-Joalland, de Charrette durant 20ans, puis à nouveau Le Pennec du Bois-Joalland, et enfin de Sesmaisons qui vendirent par pièce leur domaine nazairien. 

     

    En 1857, la métairie appartenait à monsieur Masseron qui possédait aussi la métairie du Bois Joalland.

     

    Au début du 20e siècle, la ferme de Villeneuve servit de décor pour une série de cartes-postales de genre par le photographe Degas, on y distingue très bien les détails architecturaux.

     

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    collection de monsieur L.

     

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    collection de monsieur L.

     

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    Les autres métairies de la seigneurie du Bois-Joalland, n'ont pas laissé de trace notable en dehors de leurs noms...

  • Porcé, le docteur et madame Raffegeau

    Dans nos articles sur le château de Port-Cé, il existe une carte postale d'avant 1914 du château portant la mention de son nom d'origine, Les Charmilles, et où l'on peut reconnaître le docteur et madame Raffegeau 

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     carte postale entre 1907 et 1914, coll. L.O.M.

     

    La maison de retraite  " Résidence des Sources ", à Saint-Germain-sur-Moine, conserve dans son hall les portraits du docteur et de son épouse, fondateur de l'établissement.

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    Nous portons aussi à votre connaissance une copie du faire-part de décès du docteur, communiqué par l'un de nos correspondants 

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    Enfin, les archives municipales de Saint-Nazaire conservent la photocopie d'une photographie de 1939, où figure madame veuve Raffegeau, entourée de neveux et cousins, devant le perron du château.

     

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    Cette photographie, dont nous reproduisons ici le scanne de la photocopie déposée aux archives municipales, avait été envoyée à la fin des années 90' par monsieur P. A., petit cousin du docteur, en attache à un courrier d'indignation et d'interrogation sur le devenir du legs Raffegeau. Nous ne savons pas quelle fut la réponse du maire, (si même il y a eu réponse), mais hélas le lègue a été respecté dans la mesure où des établissements scolaires ont été bâtis, sur le domaine, rien n'obligeait dans le testament de ma madame Raffegeau de conserver le château, si ce n'est l'éthique, (chose qui n'existe pas en politique municipale), la donation est rédigée un peu comme celle de la donation du Parc des Sports. La seule chose qui pourrait sauver ce qui reste du château, serait une mobilisation des habitants. Monsieur Joël-Guy Batteux, maire de Saint-Nazaire, n'a pas fait raser dans les années 90 le bâtiment par crainte d'une contestation de masse, mais a dit publiquement " qu'il tomberait tous seul ". Le souci est qu'il risque surtout de tomber sur quelqu'un, de préférence l'un des enfants ou adolescents que le vaisseau de pierre intrigue, fournissant ainsi dans un avenir proche un bon prétexte devant l'opinion de faire passer un bulldozer... On ne peut que blâmer la politique, ou plutôt l'absence de politique patrimoniale du monsieur Batteux, (Saint-Nazaire est ainsi une zone de non-droit pour la DRAC gentiment invitée à ne pas mettre un pied sur la commune), mais que dire dans ce cas du manque de mobilisation des habitants ? Saint-Nazaire souffre d'une attitude de non auto-appropriation par ses habitants de leur cité, heureusement la nouvelle génération des moins de 30ans a aujourd'hui une attitude très différente, même si elle ne sait pas encore s'organiser face à une municipalité qui se garde de communiquer sur ses projets urbanistiques, (cf. " l'affaire de Guindreff ").

     

  • La famille Galliot de Cran

    Dans notre article sur le séjour à Saint-Nazaire du prétendant Charles-Edward Stuart, nous avons mentionné la famille Galliot de Cran. Cette famille a été attachée à l'histoire de la commune durant quatre générations.

     

    L'auteur de cet article a lu beaucoup de mentions inexactes au sujet de cette famille, la première concerne la « qualité » de cette famille, pour reprendre l'expression de l'Ancien Régime, nous voulons ici parler du fait que les Galliot de Cran étaient roturiers et non nobles, même s'ils bénéficiaient de certains privilèges en raison des charges qu'ils possédaient. Ajoutons qu'il n'était pas obligatoire d'être noble sous l'Ancien Régime pour posséder une terre noble, et que le fait d'avoir une particule n'a jamais été preuve de noblesse, (au même titre que certains nobles n'en ont jamais eu). La seconde légende à laquelle nous aimerions tordre le cou, et celle de l'origine du nom « Cran », celui-ci vient d'une métairie, constituée en fief, située au quartier de l'Immaculée à Saint-Nazaire, et non un manoir de la commune de Saint-Dolay en Morbihan qui appartenait à la famille Thomas de Cran, qui n'avait pas de lien avec les Galliot, au demeurant, le premier Galliot arrivé à Saint-Nazaire, était « Galliot des Fresnières ». Les Galliot sont cependant originaires de la région de La Roche-Bernard, mais dans l'état actuel des recherches il nous est impossible de déterminée la paroisse exacte. 

     

    Faisons enfin mention d'un fait relevé par Henri Moret et Ferdinand Guériff dans leurs ouvrages sur l'histoire de Saint-Nazaire, celui des signatures des notables de Saint-Nazaire dans les registres paroissiaux. A chaque baptême ou mariage d'importance, les notables de la ville possédants un fief et en assumant le nom accolé à leur patronyme, signaient d'abord d'une particule, suivit du nom du fief, et enfin de leur patronymique, nous ignorons totalement l'origine et la raison exacte de cette mode, peut-être motivée par la volonté de faire oublier plus facilement leurs rotures en cas d'accession éventuelle à la noblesse ? La question reste pour l'heure sans réponse.

     

     

     

    Galliot de Cran : De gueules à une galiotte d'or. 

     

    I° Jérôme (ou Hierosme) Galliot, sieur des Fresnières, mort à Saint-Nazaire en 1711, inhumé dans la chapelle du Rosaire de l'église de Saint-Nazaire (c'était la chapelle des vicomtes), procureur fiscal de la vicomté de Saint-Nazaire et de la baronnie de Marcein avant 1670, fut mandataire de Marie Beliotte pour la réformation du domaine de Guérande en 1680 ; il avait acquis de la famille de La Haye du Sable une importante demeure dans la Grand-rue du bourg de Saint-Nazaire sur laquelle l'écu des La Haye figurait encore au 20ème siècle ; époux de : 1° Renée Labour ; 2° Renée des Grées (ou Desgrées) d'où :

    du premier lit :

    1° Claude, né à Saint-Nazaire en 1671 ;

    2° Olivier, né en 1673 ;

    du second lit :

    3° Perrine, née en 1682 ;

    4° Sébastien, né en 1684 ;

    5° Jeanne, dame des Fresnières, née en 1685, mariée le 26 novembre 1707 avec Jean-Vincent Diguet, sieur du Bot, (1683 - inhumé le 10 décembre 1721 en a chapelle du Rosaire), sénéchal seul juge de la vicomté de Saint-Nazaire et de la baronnie de Marcein, né à Vannes, paroisse Saint-Pierre, fils de Vincent Diguet, et de Jeanne Lesbouez ;

    6° François, né en 1686 ;

    7° René, qui suit.

     

    II° René Galliot, sieur de Cran, (métairie sise à Saint-Nazaire), (Saint-Nazaire 1693 – Saint-Nazaire 8 février 1772), avocat à la cour, sénéchal de Saint-Nazaire et de Marcein à la suite de son beau-frère en 1722, subdélégué de l'Intendance à Saint-Nazaire de 1722 à 1772, élu marguillier à l'unanimité en 1736, membre de la confrérie Saint-Nicolas de Guérande en 1737, correspondant de la Commission intermédiaire des Etats de Bretagne en 1755 ; au début de l'été 1745 il logea un temps chez lui le prince Charles-Edward Stuart, (dit Bonni prince Charlie), qui organisait avec les familles irlandaises de Nantes un débarquement dans le but de le placer sur le trône d'Ecosse et d'Angleterre (voyez l'article sur les Walsh), les dames de Saint-Nazaire brodèrent pour le prince une courtepointes à ses armes, qu'il laissa à son hôte, (encore en possession de ses descendant en 1850 d'après la légende locale). Le 20 novembre 1756 il fait fonction de commissaire aux classes alors que se déroule au large la bataille des cardinaux, avec ses hommes ils sauvèrent à bord d'une embarcation quelques marins français du navire Le Juste, il rédigea un rapport sur ces faits le 4 décembre, remis au rapporteur Millain, aujourd'hui conservé aux archives de la Marine. Marié à Férel (56) le 9 octobre 1724 Geneviève Durand, fille de feu Guillaume Durand, alloué et lieutenant du marquis d'Assérac, et offrit à l'église de Ferel un tabernacle posé et béni le 15 novembre 1739 ; d'où :

    1° Joseph-Marie né en 1726 ;

    2° François-René, né en 1727 ;

    3° François-Pierre, qui suit ;

    4° Michel-Thomas.

     

    III° François-Pierre Galliot, sieur de Cran, (Saint-Nazaire en 1736 – La Roche-Bernard 30 décembre 1796), il fut seigneur de La Tréballe à Saint-Nazaire (par acquisition en 1783 auprès de Louis Lorieux, sieur de La Mainguisserye, il revendit la propriété à Ambroise Lorieux, cousin et beau-frère du précédent, en 1793) ; avocat à la cour, marguillier de Saint-Nazaire en 1770, vendit en 1772 la charge de sénéchal de son père à Etienne Chaillon ; il fut en 1789 l'un des plus importants contribuables de La Roche-Bernard ; durant la Révolution il acheta des terres du Prieuré que sa famille avaient en métayage depuis le 18ème siècle, éparpillés sur la commune ; marié le 4 septembre 1787 à Josselin (56) avec Marie-Josèphe-Yvonne Martin Daumond, fille de Gilbert-Anne-Marie Martin Daumont, avocat au Parlement, lieutenant particulier des Eaux, Bois et Forêts du comté de Penhouet (56), alors ancien maire de Josselin et ancien commissaire des Etats de Bretagne, et de Marie-Louise (Le) Prieur, dame de Trégadoret, d'où :

    1° un enfant né en 1786 au Férel, mort la même année ;

    2° François-Louis-Marie, (La Roche-Bernard 3 juin 1790 – La Roche-Bernard 1858) ; 

    3° Joseph-Marie-François, (Josselin le 31 juillet 1788 – La Roche-Bernard 1860).

     

     

    Tous deux moururent célibataires en possession d'une importante fortune provenant de la plus-value de la vente de leurs terrains qui se situaient entre la rue de Toute-Aide et l'Avenue de la République, (d'où le nom de passage de Cran près du marché couvert), ces terrains étaient ceux qui constituaient le domaine du Bois-Savary, acquis auprès du marquis de Sesmaisons en 1804. L'ancien hôpital de Saint-Nazaire, détruit durant les bombardements, avait été construit sur l'un de leurs terrains, (vendu à la ville un prix inférieur au marché cependant).

     


    galliot de cran,saint-nazaire,boussineauLa maison des Galliot de Cran, dite maison du Prétendant, avait été acquise de la famille de La Haye du Sable, dont l'écu figurait su la façade entre les deux portes-fenêtres sur premier étage, se situait dans la Grand-Rue de Saint-Nazaire, (N°42), dans le bourg historique. Construite sur en plan carré, caves éclairées par un grand soupirail en arc côté rue, au rez-de-chaussée surélevé, la façade de cette maison était large de deux travées, un perron de cinq marches pour accéder au rez-de-chaussée, le premier étage, « l'étage noble », était doté d'un balcon à balustrade de fer forgé, faisant toute la largeur du bâtiment, appuyé sur trois corbeaux sculptés. Le second étage sous un haut comble, était éclairé coté rue par deux lucarnes encadrées finissant en pointe. Dans les premières années du Second Empire, elle fut plusieurs fois louée à l'administration municipale, servant de caserne de gendarmerie à titre provisoire en 1850, puis d'école par décret municipal le 9 février 1851. A la mort du denier des Galliot de Cran, la maison fut vendu Athanase-Louis-Charles de Boussineau, (né à Saint-Etienne-de-Mont-Luc le 31 mars 1824), issu d'une famille nantaise anoblie par élection à l'échevinage de cette ville en 1668. Ses fils en héritèrent, et finirent par la vendre de force à l'Etat qui entreprenait le creusement de la nouvelle entrée du port. 

     
    Détail d'un dessin de Paul Bellaudeau, (Arch. Municipales)
  • La maison noble du Sable, seconde partie

    de Charault de Mérionnec : Tiercé en pal, d'or, d'azur, et d'argent .

     

    La famille de Charault de Mérionnec est une famille de la bourgeoisie guérandaise, anoblie en la personne de Guillaume de Charault de Mérionnec, qui acheta en 1776 la maison noble du Sable à Jean-Baptiste-René de La Haye du Sable, après avoir vendu le château de Careil situé à Guérande (1).

     

    I° Guillaume de Charault de Mérionnec, (1724 - Le Croisic 17 juillet 1778), seigneur de Mérionec, Conseiller du Roi et Maître ordinaire à la Chambre des Comptes de Bretagne, par acquisition de cette charge qui l'anoblie, en achetée en 1750, pour la somme de 50 000 livres, seigneur de la maison noble du Sable achetée en 1776 à Jean-Baptiste-René de La Haye du Sable ; homme cultivé et très attentif aux phénomènes naturels provoqués par les marées et en particulier l’ensablement progressif de la côte, il rédigea un mémoire vers 1770, conservé aux Archives Nationales, dans lequel il préconisait un certain nombre de moyens pour lutter contre l’ensablement, en particulier par la plantation d’arbres, conseils innovants, qui ne furent hélas suivis qu'un siècle plus tard (2) ; marié à Nantes le 6 juillet 1751 avec Placide Fourcade (3), (Nantes 2 juillet 1728 – Guérande, 28 août 1800), fille de Jean-Louis Fourcade, ancien juge consul et échevin de Nantes, et de Marie Jouanneaulx, d'où :

    1° Placide-Marie-Louise, baptisée le 11 octobre 1752 à Nantes ;

    2° Marie-Julie, (baptisée à Nantes le 7 décembre 1753 – Andard (Maine et Loire) 1798), mariée le 2 janvier 1777, en l’église Saint Maurille d’Angers, avec Louis-René Guérin du Grandlaunay, (1751-1840) ;

    3° Joseph-Pierre, né le 3 novembre 1763 ;

    4° Marie-Honorée, (Nantes 12 février 1765 – Nantes 28 janvier 1790), mariée le 9 juillet 1786, en l'église Sainte-Croix de Nantes, avec Jean-François Tranchevent, fils de Jean-Pierre Tranchevent, et de Jeanne Taillebois, issu d'une famille de capitaines de navires originaire d'Honfleur, au diocèse de Lisieux.

     

    Guillaume étant un anobli, le partage de ses biens se fit de façon roturière comme le voulait la Coutume de Bretagne, mais ceux-ci restèrent la pleine propriété de sa veuve. Celle-ci survécut à ses enfants, dont seule l’aînée laissa une descendance, ainsi à la mort de Placide Fourcade, le Sable devint la propriété de Louis-René Guérin du Grandlaunay.

     

    Guérin du Grandlaunay (4) : D'azur, à un croissant montant d'argent, accompagné à dextre d'une épée haute du mesme, et à senestre d'une palme aussi d'argent (qui est Bault de Beaumont), chargé en coeur d'un écu de gueules, au lion d'argent, (qui est Guérin du Grandlaunay).

     

    I° Louis-René Guérin du Grandlaunay, (Angers 23 janvier 1751 – Angers 25 juillet 1840), élu échevin d’Angers le 1er juin 1784, jusqu’en 1789, nommé juge de paix du canton de Trélazé de 1795 à 1807, date à laquelle il est nommé Maire d’Andard, fonction qu’il conservera jusqu’en 1826 sauf pendant les « 100 jours » ; marié le 2 janvier 1777, en l’église Saint Maurille d’Angers, avec Marie-Julie de Charault de Mérionnec, (baptisée à Nantes le 7 décembre 1753 – Andard (Maine et Loire) 1798), dont il hérita des biens de sa famille en 1801, d'où :

    1° Jean-Baptiste ;

    2° Marie-Julie, (1777 - 1825) ;

    3° Louise, (1780-1862) ;

    4° Louis, (1782-1839) ;

    5° Henri, (1785 - ??) ;

    6° Charles, (1785-1868) ; 

    7° Jean-Henri, (1787-??) ;

    8° Alexandre, (1788-1878) ;

    9° Cécile, (1791-1832) ;

    10° Augustine, (1793-??).

     

    Plessix

    En 1829 le manoir est propriété de Joseph-Emmanuel Plessix (Vallon 28 novembre 1806 - 16 mai 1870 Saint-Nazaire, inhumé au cimetière de La Briandais), marié 1ère Céleste Durant (+ 14 juin 1855 Nantes) ; 2e à Saint-Nazaire le 28 décembre 1868 avec Elodie-Marie Brevet (°Nantes 1ernovembre 1837). Le domaine abrite alors 12 personnes réparties en 4 ménages. Il chercha à vendre la propriété, composée "d'une maison de maître, d'une métairie et de dépendances, en juin 1839, mais ne trouva pas d'acquéreur. C'est finalement sa veuve hérite qui vend à Alphonse-Léopold-Nicolas-Louis Cézard. (NB : il possédait aussi la ferme de La Fosse à Sautron.)

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    Cadastre Cadastre de 1829, Archives départementales.

    On distingue à droite la manoir toujours existant, et les bâtiments de la ferme depuis détruit. 

     

    Alphonse-Léopold-Nicolas-Louis Cézard

    Cézard : Parti de gueules et d'azur à trois roses d'or brochant (2 et 1) ; au chef de … chargé d'un voilier de … navigant dans une mer agitée de … Cimier : Un dauphin nageant dans une mer. Devise : Post nubila Phœbus (Après la pluie le beau temps), (5).

     

    Alphonse-Léopold-Nicolas-Louis Cézard, (Nicolas dans sa famille, Alphonse seulement pour ses affaires, cette double nomination explique que les noms des navires qu'il possédait au port de Saint-Nazaire), armateur et banquier, était né à Batavia aux Indes-Néerlandaises, (aujourd’hui Jakarta capitale de l'Indonésie), son père, natif de Nancy, y avait fait fortune comme armateur et planteur de sucre, devenu milliardaire, il était revenu avec toute sa famille en France afin d'y marier convenablement ses enfants, dépensant pour les doter toute sa fortune, et en faisant des spéculations industrielles. Alphonse Cézard contribua à fonte de la fortune de son père en spéculant dans l'industrie et le commerce au moment de l'ouverture du port de Saint-Nazaire, il fut impliqué dans quelques scandales locaux, et perdit d'importantes sommes que son père recouvrit, il débuta comme armateur, avec deux navires, le Alphonse Cézard et le Nicolas Cézard, puis il voulut faire de la politique en se présentant pour les législatives de Saint-Nazaire contre le candidat seul et officiel (nous étions sous le Second Empire...) Anselme François Fleury, le 17 mai 1863, il ensuite fut directeur pour la France de la Saint-Nazaire Compagny, une société fondée à Londres en juillet 1864, pour l'établissement d'une nouvelle ville sur les terrains de l'ancien manoir du Sable, et fonda le 15 janvier 1865 la Société des Crédits généraux de Saint-Nazaire, filiale de son entreprise de transports maritimes, la Société du Commerce de France, lesquelles furent mise en faillite en 1866... Il avait spéculé sur les terrains du domaine du Sable, qu'il voulait lotir en une cité moderne,d’un quartier sur 450.000 m² de terrains, réparties en 84 îlots de bâtiments d’habitation étaient de toutes classes, délimitant un quartier sur 450.000 m² de terrains, réparties en 84 îlots bâtiments d’habitation étaient de toutes classes, délimité de 33 rues, doté de 5 grandes places, d’un parc luxuriant, et de tous les bâtiments nécessaires à la vie de la population et des administrations. Alphonse Cézard proposa en sus de céder gratuitement à la ville tous les terrains nécessaires à l'établissement des voies publiques, places et squares ; d'exécuter à ses frais le perré de protection de la dune et les escaliers de service du quai-boulevard du front de mer (qu’on aurait baptisé Napoléon III) sur 1 km ; de contribuer à la construction de l'église (rappelons qu’il était protestant) ; d'exécuter à ses frais, « dans des délais déterminés, ou à sa convenance dans certains cas », les halles, l'abattoir, la distribution d'eau, les bains et lavoirs, le théâtre, le grand hôtel, la bourse, le tribunal de commerce, le tribunal civil, la sous-préfecture, le collège et la caserne… à charge par la ville de concéder à perpétuité à sa compagnie les terrains appartenant à la commune dans le quartier à créer, le privilège du service de l'eau pour quatre-vingt-dix-neuf ans, l'exploitation des principaux lieux publics pour trente ans ; de faire ou de terminer le plus promptement possible le réseau général des égouts, les travaux d'éclairage ou d'assainissement et d'entretien des rues et voies publiques comprises dans les terrains appartenant à la compagnie ; et enfin d'exempter des droits de douane et d'octroi les matériaux employés dans les constructions nouvelles.

     

    Possesseur du manoir de Heinlex, qu'il avait fait totalement reconstruire, et qu'il dut vendre à Henri Duval, le président de la Chambre de commerce, avant de se retirer au château de La Touchelais à Savenay, où se trouve aujourd'hui l'hippodrome, où décéda, après fondé dans cette ville une fromagerie.

     

    Société des Crédit Généraux de Saint-Nazaire disparue, ruinant plusieurs actionnaires, sans qu'Alphonse Césard et ses frères, eux aussi impliqués dans la spéculation, furent inquiétés. La Société de commerce de France survécut et resta propriétaire du domaine du Sable. L'affaire fit long feu, car c'est seulement en 1873 que le tribunal de Paris procéda à la mise en vente, en deux lots, l'ensemble du domaine du Sable le 29 mai 1873. La vente fut annoncée dans la presse le 15 mai 1873. le premier lot comportait 423551 m² de terrain, soit un peu plus de 42 ha, et le second le manoir avec 8780 m² de terrain.

     

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    Annonce de la vente parue dans Le Monde Illustré du 15 mai 1873.

     

    Le domaine fut acquis par les frères Bessard du Parc.

     

     

    Famille Bessard du Parc

     

    Bessard du Parc : D'argent à deux fasces de gueules, accompagné de sept merlettes de sable, 3,3, 1.

    Famille de la bourgeoisie issue d'un sénéchal de la seigneurie de La Haye-de-Lavau à Savenay. 

     

    I° Julien-Marie-Alexandre Bessard du Parc, (1823-1899), époux de Claudine-Emma Mathel-Tharin, (1829-1870), d'où :

    1° Julien-Marie-Joseph, (1854-1906), époux de Marie_Métella Tulou, d'où postérité ; acheta avec son frère Olivier le domaine du Sable le 6 janvier 1883, qu'ils revendirent peu après au prince de Bearn en 1883 ;

    2° Emmanuel-Marie-Thomas, (1856-1882) ; 

    3° Olivier, époux de Blanche-Berthe Schmer, d'où postérité, co-propriétaire du domaine du Sable.

     

     

    Le prince de Béarn

     

    de Galard de Brassac de Béarn : Ecartelé : aux 1 et 4, d'argent, à trois corneilles de sable, becquées et membrées de gueules ; aux 2 et 3, d'or, à deux vaches passantes de gueules accolées, accornées et clarinées d'azur, accolées d'hermine.

    Laure-Henri-Gaston de Galard de Brassac de Béarn, comte de Brassac, comte de Béarn, comte de Béarn et de l'Empire, baron de La Rochebeaucourt, comte de Marsan, prince Béarn et de Vianna par lettres de la Reine Isabelle d'Espagne du 9 juillet 1868, duc de Cantabrie, marquis d'Excideuil, grand d'Espagne de première classe, etc., (Cassel, Grand-duché de Hesse-Cassel, (aujourd'hui en République Fédérale d'Allemagne) 9 juillet 1840 – Pau 18 juin 1893), il augmenta sa fortune en spéculant dans l'immobilier des différents projets orchestrés par le gouvernement du Second-Empire, l'achat de la propriété du Sable se fit dans ce seul but, il fit dessiner des avenues sur le domaine, et dépeça celui-ci en différents lots, une partie, dite "Le bois de sapins" (en réalité des pins plantés à la demande du prince pour stabiliser les dunes et les rendre exploitables comme à La Baule), fut acquise par la municipalité à la suite d'un échange avec le prince de Béarn, approuvé par le Conseil le 7 août 1885, afin de créer le jardin qui avait été envisagé par Alphonse Cézard, c'est le Jardin des Plantes actuel, dessiné par le paysagiste nantais Aubry. Le prince de Bearn ne vient jamais à Saint-Nazaire, mais l'une des rues perpétue le souvenir de sa possession le long du jardin : la rue de Béarn (6). (le quartier, dit aujourd'hui "de La Havane", dont le vrais nom est "Le Sable", est né de cet échange). L'aménagement ne se fait cependant pas avant le 11 juin 1886.

    Jusque qu'à la Première Guerre mondiale, la zone était peu urbanisée, les avenues n'étaient que des allées sablonneuses, le long desquelles se trouvaient quelques rares villas. Le Manoir du Sable, fut vendu à Aymé Duquaire qui acheta le reste des parcelles à lotir, (sous le nom de Lotissement du Sable, l'opération ne s'acheva qu'en 1934, et les rues ne furent dotées de revêtement qu'au moment de la Reconstruction).

     

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    L'avenue de Béarn en 1900, Coll. O.M. de S.L.

     

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     Le "bois de sapins", en 1886-87, coll. F.B.

    (la prise de vue a été réalisée depuis l'avenue Ferdinand de Lesseps)

     

    Durant la période ou la Prince de Bear fut propriétaire du domaine, la ferme du manoir, située à proximité, et détruite par Aymée Duquaire, était toujours en métayage. Dans son " Précis historique du vieux Saint-Nazaire ", publié en 1907, G. Le Barbier de Pradun, décrit ainsi les lieux qui servait à la promenade des citadins : C’était au bois des Sables, on y buvait un lait délicieux à la métairie du même nom, puis jeunes gens et jeunes filles se livraient au plaisir de la danse, pour retourner tous ensemble, la journée une fois terminée, à leurs domiciles respectifs.

     

    d'Aymé Duquaire à la municipalité

     

    Aymé Duquaire, (1840-1922) était Lyonnais qui avait débuté comme avoué chez un notaire(7), puis qui se lança dans la spéculation immobilière. À Saint-Nazaire il acheva le lotissement du domaine du Sable. Il offrit à la ville une parcelle triangulaire en 1910, pour la création d'un square où fut installée la statue du Soldat de l'An II, sur la rue Villebois-Mareuil, qui aurait dû comporter deux maisons. Ce square, (parfois nommé Aymé-Duquaire, bien qu'il n'ait jamais reçu officiellement ce nom), pris le nom de Square du Souvenir Français. Ses biens avaient été regroupés en une société du nom de Société Aymé Duquaire et Cie, le domaine du Sable n'était alors plus qu'un parcelle de 2ha sur laquelle subsistaient le manoir seigneurial, et une maison à un étage à l'angle de l'avenue de Bearn et de la rue de Pornichet, construite dans les années 1860, et que la municipalité rasa dans les années 1970 pour faire place à un nouveau bâtiment. Par séance du 28 juin 1924, suite à un proposition d'achat présentée par le maire Vivan Lacour le 28 février 1924 (8), le Conseil municipal se décida d'acquérir le manoir et son parc afin de créer un second jardin botanique, le prix d'achat et d'aménagement fut de 475.000.fr, payé par un emprunt au Crédit Foncier, somme énorme à l'poque et qui souleva des indignations. Il fallut plusieurs années pour que les travaux soient réalisés, le manoir resta longtemps fermé, se délabra, son parc ressembla rapidement à une jungle. La maison seigneuriale fut affectée aux jardiniers, elle fut remise à neuf d'une façon radicale qui fit perdre une part de son cachet, ce que critiqua une part de la population, (cf. Le Courrier de Saint-Nazaire du 10 juillet 1931, sous la plume de Jacqueline Bruno) ; la seconde maison fut affectée au Patronage laïc de jeunes filles (9). Le parc de la maison, situé à l'arrière fut transformé en jardin à la française avec des serres.

     

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    Le manoir en juin 1937 (publication du Courrier de Saint-Nazaire du 5 juin 1937).

     

    Par la suite on installa différente administrations et service municipaux dans le manoir, notamment durant la guerre le bâtiment devient école en raison de la réquisition par l'occupant d'une partie des structures scolaires, puis il devint la bibliothèque municipale de 1949 à 1971, et à la fin des années 90 le foyer des Anciens à la suite de la construction de la résidence pour personnes âgées en bordure de la cour d'honneur, le long de l'avenue de Lesseps. Un second groupe d'immeubles fut ensuite bâti le long de l'avenue de Bearn.

     

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    Plan d'aménagent du manoir en bibliothéque, conservé dans les archives dites de l'Ancien Musée, aux Archives municipales de Saint-Nazaire ; cliquer pour agrandir.

     

     

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    La maison noble du Sable, au centre, et le parc aménagé au début des années 1970, on voit à gauche la maison construite dans les années 1860 qui avait été affectée par la municipalité au Patronage laïc de jeunes filles, à l'arrière du manoir, on distingue les serres municipales. (carte postal, crédit inconnu, me contacter pour mention future du nom des ayants droit, merci.)

     

    En 2008 le jardin arrière, que la municipalité n'entretenait plus, fut bétonné sur le moindre centimètre pour faire place à une résidence des plus disgracieuses, aux appartements sombres. 

     

    (1) A.D.44, E 550. — Vente de la maison noble du Sable, en Saint-Nazaire, par René de La Haie, chevalier, à Guillaume Charault, chevalier, seigneur de Merionnec. 1776.

    (2) Sources : Gaétan d’Aviau de Ternay « Dictionnaire des magistratsde la Chambre des Comptes de Bretagne », page 84 ; Les Cahiers du Pays de Guérande, N°15 ( Année 1994), pages 9 et 10 ; généalogie et histoire de la famille Guérin du Grandlaunay, établies et communiquées par monsieur Héric Guérin du Grandlaunay, ancien sous-préfet de Saint-Nazaire, et descendant direct de Guillaume Charault de Merionnec. 

    (3) Elle était la dernière représentante de la branche de la famille Fourcade, originaire de Bayonne, établie à Nantes en 1670, et qui portait : « De sinople au pairle d’argent ». (Cf. « Histoire de la Famille Fourcade », Notice historique et généalogique par François-Laurent Jacquier - informations communiquées par monsieur Héric Guérin du Granlaunay, op.cité.)

    (4) Généalogie et informations communiquées par monsieur Héric Guérin du Granlaunay, op.cité.

    (5) D'après les armoiries sculptées sur la façade sud du manoir de Henleix.

    (6) N.B. : si le nom de la rue se prononce « béarne », comme l'ancienne province, le nom de la famille de prononce lui « béhar' », (avec l'accent versaillais-pata-chaude-dans la bouche).

    (7) Son avoué était Viart à Lyon.

    (8)Vivan Lacour présenta la possibilité d'achat sans avoir entretenu le conseil en commissions, et sans que ce fut à l'ordre du jour, mais la possibilité d'acheter le reste du domaine, même avec deux maisons décrites comme étant "en mauvais état", était pour la municipalité une affaire qui manquait de jardin public et de bâtiments à affecter.

    (9) Délibérations du Conseil municipal, (arch. Mun. De S.-N.), (cf. Henri Moret « Hitoire de Saint-Nazaire », 1925).

  • Le maison noble du Sable, première partie

     

    sable.jpg

     

    Façade arrière en 1931, gravure de Paul Bellaudeau,

    parue dans Le Courrier de Saint-Nazaire du 10 juillet 1931.

     

     

    Le bâtiment se trouve coincé entre des immeubles, ses façades dénaturées par un enduit de ciment repeint de couleur abricot en 2008, aucune démarche n'a été entreprise pour le faire répertorier par la DRAC et le faire protéger par les Monuments Historiques. Il est cependant le dernier témoin de ce que fut Saint-Nazaire à l'époque médiéval, et de son histoire d'avant la Révolution française. Durant trois siècle et demi, il fut la résidence et propriété de la famille de La Haye du Sable, qui posséda aussi la métairie de La Paquelais (qui pris le nom du village de Kerlédé), et la seigneurie de La Motte-Allemand. Jusqu'à la Révolution, le manoir comportait une chapelle seigneuriale. Ajoutons que le manoir était à l'origine protégé des vents par un bois de hautes futaies qui servait d'amer pour la navigation dans l'Estuaire.

     

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    Le bois du manoir du Sable sur la Carte géométrique de l'Entrée de la Rivière de Loire par l'ingénieur de la Marine et de l'Académie de Marine, Michel Alexandre Magin, 1757.

     

     

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    de La Haye du Sable : De gueule à trois bandes d'argent. 

     

     

    La filiation de cette famille noble nous est en grande partie connue grâce au registre manuscrit des Preuves de noblesse pour les Pages de la Grande Ecurie tenu par Charles d'Hozier en septembre 1694, (B.N., fr. 32101, f° 107), et dans le « Nobiliaire de Bretagne (1668-1671) », Tome II, manuscrit, contenant les maintenus de la noblesse bretonne, (B.N., fr. 8318, f°157), et par les Mémoires généalogiques des familles de la noblesse de Bretagne, de la réformation de la noblesse faite dans cette province en exécution des lettres patentes du Roi de l'année 1668, rédigées par Refuge de Pompone, (Bibliothèque Municipale de Rennes, Ms. 504 et 505).

     

     

    I° Macé (ou Mahé) de La Haye, écuyer, seigneur de métairie La Paquelais, et de la maison noble du Sable, fils de Goffroy de la Haye, seigneur du Plessis, cité en 1448; il comparut armé à Cheval en habillement de brigandine à la montre de noblesse d'avril 1467 tenue à Guérande ; époux de Jeanne Gautrot, d'où :

    1° Jean, cité dans la réformation de noblesse de l'Evêché de Nantes comme noble demeurant à Saint-Nazaire le 14 janvier 1457 ; marié le 13 juillet 1447 à Montoire avec Jeanne Gautevot, fille de Geofroi Gautevot, écuyer, et de Duvable de La Chernaië, sans postérité.

    2° Gille, qui suit. 

     

    II° Gille de La Haye, écuyer, seigneur de la métairie de La Paquelais, et de la maison noble du Sable, époux de Marguerite David, d'où :

    1° Guillaume, qui suit ;

    2° Perronne, épouse de Mathurin Roiné, elle fit partage avec son frère de la succession noble de leur père le 25 janvier 1478.

     

    III° Guillaume de La Haye, écuyer, seigneur de la métairie de La Paquelais, et de la maison noble du Sable, marié : 1° par contra du 1er janvier 1476 passé à Nantes avec Jeanne de Bruc, fille de Guillaume de Bruc, écuyer, seigneur de Bruc et de Vieillecourt, et de Guillemette d'Esdrieux ; 2° Jeanne de Kersac, d'où :

    1° François, seigneur de La Paquelais, et de la maison noble du Sable, époux de Françoise Joüan, qui fit cession le 16 novembre 1553 des seigneuries de son époux à son beau-frère Jean ; fille de Jean Joüan, seigneur de Remzegac, et de Marguerite du Val, dame du Boisarnai ;

    2° Jean, qui suit ;

    3° Poncet, écuyer, seigneur de La Paquelais et de la maison noble de Kerlédé, marié en 1622 à Jeanne Le Guennec, baptisée le 28 août 1600 à Guérande, fille de Guillaume Le Guennec, écuyer, seigneur de Kersallio, et de Suzanne de Beaubois, d'où :

    a° René de La Haye, seigneur de La Paquelais et de la maison noble de Kerlédé, baptisé le 5 février 1624 à Guérande, décédé le 11 juin 1655 à Nantes, paroisse Saint-Vincent, inhumé le 13 juin en l'église des Carmes ; époux de Louise Mocquard, dont il n'eu pas d'enfant. Restée dame de La Paquelais et de la maison noble de Kerlédé par héritage de son époux, elle se remaria le 4 décembre 1659 à Nantes avec Gabriel Michaël, écuyer, seigneur de La Rolandière, dont elle n'eut pas non plus d'enfant. La Paquelais passa par héritage aux Le Guennec, plus proches parents de son époux. (Voyez article Kerlédé)

     

    VI° Jean de La Haye, écuyer, seigneur de la maison noble du Sable, pour laquelle il rendit aveu et dénombrement le 10 juillet 1560 à Odet de Bretagne d'Avaugour, vicomte de Saint-Nazaire ; époux de Marguerite Savari, d'où :

    1° Pierre, qui suit ;

    2° Julienne, mariée sur consentement de son frère, par contrat le 27 juin 1610 à Saint-Nazaire avec Artus de Chévigné, écuyer, seigneur de La Sicaudaie, fils aîné de Christophe de Chévigné, et de Claude de Bouteillet.

     

    V° Pierre de La Haye, écuyer, seigneur de la maison noble du Sable, pour laquelle il fit hommage au Roi le 29 avril 1617, (mort avant le 3 juillet 1638), marié par contrat du 15 février 1609 à Saint-Nazaire avec Jeanne de Châteautro, dame du Cartier, de Kerlouais, de La Villejan, et de Plaisanse, à Plumieux (22), fille de René de Chateautro, sieur du Cartier, de Kerlouais, de La Villejan, et de Plaisanse, et de Jeanne de Francheville-Saveuse, veuve, elle fit le dénombrement de la maison noble du Sable le 3 juillet 1638 auprès de Gabriel de Goulaine, vicomte de Saint-Nazaire ; d'où :

    1° François, qui suit ;

    2° Jean, né le 21 septembre 1628 au Cartier, (Plumieux 22), baptisé le 28 décembre 1628 à Plumieux ;

    3° François, sieur de Kerloys, prénommé comme son frère, avec lequel il fit partage des biens de leur père le 24 avril 1649, maintenus nobles sur arrêt du 24.01.1669 ; époux de Julienne du Boscher, d'où :

    a° Mathurin, sieur du Cartier, époux d'Anne de La Carbinnière ;

    b° René-Louis ;

    c° Joseph ;

    d° François ;

    e° François, sieur du Kerloys.

    4° Guillaume, inhumé à La Trinité-Porhoët le 8 janvier 1649.

     

    VI° François de La Hayer, écuyer, (mort avant le 29 janvier 1671), seigneur de Pouveus, du Cartier et de la maison noble du Sable pour laquelle il fit dénombrement le 2 mai 1654 à Claude du Chastel, vicomtesse de Saint-Nazaire ; déclaré majeur et responsable en octobre 1642 afin qu'il épouse Julienne-Andrée du Boschier, dame de Coësmellen, d'où :

    1° Louise, née à Ménéac (56) le 17 octobre 1643 ;

    2° Claude, dame de La Villejan, née à Ménéac le 4 janvier 1649 ;

    4° Renée-Claude, née à Plumieux le 10 novembre 1650, baptisée le 1er décembre suivant, épouse de Louis-Guillaume Le Tenours, écuyer, seigneur du Plessis-Bruslé :

    5° Louis-Mathurin, né le 13 juin 1651 à Plumieux, seigneur du Cartier, époux d'Anne de La Corbinière, fille de François de La Corbinière, écuyer, seigneur du Fresne, et d'Yvonne Gouro, d'où postérité sous le nom de de La Haye du Cartier jusqu'en 1834, éteinte dans la famille de Careil, en Morbihan ;

    6° Sébastien, né à Plumieux le 31 août 1652, baptisé le 4 septembre suivant ;

    7° Louis, qui suit ;

    8° René-Joseph, né à Plumieux le 3 janvier 1655, baptisé le 20 suivant ;

    9° François, né à Plumieux le 4 août 1656, baptisé le 10 suivant ;

    10° Joseph.

     

    VII° Louis de La Haye du Sable, écuyer, seigneur de la maison noble du Sable pour laquelle il rendit aveu au Roi le 10 janvier 1678, seigneur de La Motte-Allemand par héritage maternel de son épouse, maintenu noble d'extraction lors de la réformation de noblesse par arrêt du 29 janvier 1671 - inhumé à Guérande le 17 mars 1700 ; marié le 9 avril 1647 à Saint-Nazaire avec Olive Le Long du Dreneuc, dame de La Motte-Allemand par héritage de sa famille maternelle, (Saint-Nazaire 20 aout 1638- Saint-Nazaire 3 novembre 1688), fille de Jean Le Long, écuyer, seigneur du Dreneuc, et de Jeanne de La Bouexière, d'où :

    1° Monique, née le 6 juillet 1675 à Saint-Nazaire, mariée le 2 mai 1707 à Guérande avec Louis-Gille du Matz, écuyer, seigneur de Gléré, (natif de la paroisse de Rieu, diocèse de Vannes, établi à Saint-Nazaire suite à son premier mariage avec Jeanne de La Bourdonnaye, native de Montoire), il fut constaté qu'ils étaient parents au 4e degré, ils durent renouveler leurs veux après dispense le 22 mai 1710 ;

    2° René, qui suit ;

    3° Pélagie, (Saint-Nazaire 10 mars 1680 – Saint-Nazaire 2 juin 1688) ;

    4° Olive, dite mademoiselle de La Motte, mariée le 7 mai 1715 à Guérande avec Pierre-François Le Flo de Tremelo, écuyer, seigneur de Kerleau, maintenue noble par ordonnance du 25 septembre 1703, (Bibliothèque Municipale de Rennes, Ms. 504 et 505). 

     

    VIII° René de La Haye du Sable, écuyer, seigneur de la maison noble du Sable et de La Motte-Allemand, né à Saint-Nazaire le 24 juillet 1676, baptisé le 29 juillet suivant, présenta ses preuves de noblesse pour les Pages de la Grande Écurie en septembre 1694, (B.N., fr. 32101, f° 107), maintenue noble par ordonnance du 6 mai 1701, (Bibliothèque Municipale de Rennes, Ms. 504 et 505), établi au château de La Motte-Allemand, il participa à la conspiration de Pontcallec et fut interné à Nantes ; marié à Guérande le 7 février 1702 à Marie-Madeleine Le Mintier, d'où :

    1° Jean-Marie, né le 14 février 1706 à Guérande, ondoyé le 15 février, baptisé le 10 mars ;

    2° Marie-Olive,né le 6 juillet 1707 à Guérande, baptisée le lendemain, décédée le 7 octobre 1707 ;

    3° René, qui suit.

     

    IX° René de La Haye du Sable, chevalier de La Motte-Allemand, époux de Marie Lefeuvre, d'où :

    1° François-René,  né et baptisé à Guérande le 25 janvier 1722, décédé et inhumé à Guérande le 31 janvier 1722 ;

    2° Louis-Marie, seigneur de La Motte-Allemand et de la maison noble du Sable, mort avant 1768 ;

    3° Jean-Baptiste-René, décédé à Saint-Nazaire le 11 avril 1780, après son frère seigneur de la maison noble du Sable, (qu'il vendit en 1776 (1) à Guillaume Charault de Merionnec, chevalier), seigneur de La Motte-Allemand, (qu'il vendit le 29 octobre 1770 à François Le Chauff).

     

     

    Une légende local rapportée par F. Guériff veut que le dernier membre de cette famille terminât douanier ou facteur à Saint-Nazaire, on trouve effectivement un Honoré Delahaye, facteur des postes à Saint-Nazaire en 1843, né vers 1805, qui laissa une descendance dans cette ville, mais rien ne prouve une filiation commune avec les nobles de La Haye du Sable, le nom de La Haye, ou Delahaye est très commun, on le trouve dans toutes les provinces de France et de Belgique, il y avait d'ailleurs à Saint-Nazaire une seconde famille noble du même nom, avec laquelle elle n'avait aucun lien. Au-delà de cette homonymie, cette légende a été entretenue par le fait qu'il existait un Saint-Nazaire une famille noble que la Révolution, réduisit à l'état de simple cultivateur, il s'agit de la famille du Bouays de Couesbouc, dont nous parlerons dans un autre article.

     

    Durant la période ou la famille de La Haye du Sable résida au château de La Motte-Allemand, la maison noble du Sable fut affectée à la famille Walsh, qui exerça la fonction de sénéchal de la seigneurie de La Motte-Allemand, plusieurs membres de cette famille sont mentionnés comme étant nés au manoir du Sable dans les registres paroissiaux.

     

    (1) A.D.44, E 550. — Vente de la maison noble du Sable, en Saint-Nazaire, par René de La Haie, chevalier, à Guillaume Charault, chevalier, seigneur de Merionnec. 1776.

  • Les Walsh de Saint-Nazaire et du Croisic

    Famille hibernoise jacobite, les Walsh s'établirent en plusieurs branches en France, l'une d'elles fut reconnue comme noble, d'autres restèrent bourgeoises, mais se réclamaient d'une ascendance commune, usant des mêmes armoiries. Ces familles se comportaient entre elles comme cousines, et entretenaient des relations régulières. Si la branche nantaise, illustrée par Antoine Walsh, armateur, qui porta son concours à l'expédition du prince Charles-Edward est largement connue, les branches de Saint-Nazaire et du Croisic sont souvent ignorées. Ce pendant, les cousins Walsh de ces deux villes participèrent au séjour et à l'embarquement du prince depuis Saint-Nazaire au début de l'été 1745.

     

    Familles de Saint-Nazaire et du Croisic, inscrites régulièrement dans les actes sous les orthographes O' Walsh, Howalche, Houalche, Walche, mais ses membres ont toujours toujours signé Walsh.

     

    Branche de Saint-Nazaire

     

    I° Thomas Walsh, reconnu bourgeois de Saint-Nazaire, né à Waterford en Irlande en 1630, inhumé dans le chœur de l'église de Saint-Nazaire le 15 décembre 1673, époux de Macée de Montluc, (née vers 1632, inhumée dans le chœur de l'église de Saint-Nazaire le 29 novembre 1710),  veuve de Walter Archbold, marchand irlandais établi à Saint-Nazaire, (voir article à ce nom), d'où :

    1° André Walsh, (Saint-Nazaire 19 mars 1666 – 17 janvier 1722 Saint-Nazaire), avocat à la cour, sénéchal de La Motte-Alleman, marié le 24 janvier 1696 à Saint-Nazaire avec Renée Jan, (veuve), d'où :

    a° Renée, (Saint-Nazaire 24 janvier 1697 – Saint-Nazaire 24 juillet 1782), mariée le 17 novembre 1722 à Saint-Nazaire avec René Guisnel sieur de L'Espinay, capitaine des garde-côtes à Saint-Nazaire ;

    b° Marie, (Saint-Nazaire 25 novembre 1697 - Saint-Nazaire 27 novembre 1697).

    2° Claude-Urbane (1), née le 4 août 1667, mariée le 26 juin 1691 à Saint-Nazaire avec Pierre Mahé, sieur de Richardays (elle eut pour parrain Jean-Urbain de Carné, vicomte de Saint-Nazaire) ;

    3° Jeanne, baptisée à Saint-Nazaire le 19 septembre 1669, épouse de Mathurin Hervé ;

    4° Renée (2), (Saint-Nazaire 28 juillet 1671 – 24 avril 1748 Cordemais), marié à Saint-Nazaire le 6 septembre 1701 à Charles Viollet du Breil, (Cordemais 29 décembre 1676 – 21 décembre 1709 Cordemais), sieur du Breuil et seigneur de Cordemais, notaire et procureur Fiscal, fils de Pierre Viollet, marchand, et de Julienne du Coëdi ; c'est elle qui persuada le sénéchal de Saint-Nazaire de loger le prince Charles-Edward chez lui ;

    5° Nicolas, qui suit.

    II° Nicolas Walsh, (Saint-Nazaire 3 mai 1674 – 14 février 1720 Saint-Nazaire), capitaine de vaisseau, maître pilote, marié le 30 avril 1700 à Jeanne Beccard, fille de Pierre Beccard et de Catherine Clavé, d'où :

    1° Jan, (Saint-Nazaire 15 avril 1701 – 27 avril 1701 Saint-Nazaire) ;

    2° André, né le 9 novembre 1703 à Saint-Nazaire, baptisé le même jour ;

    3° Janne, née le 15 octobre 1704, mariée à Saint-Nazaire le 27 août 1722 avec Louis Maris, sieur du Clos ;

    4° Catherine, (Saint-Nazaire 27 octobre 1705 – Saint-Nazaire 12 janvier 1714 en la maison noble du Sable) ;

    5° Jean-Mathieu (3), né le 3 juin 1707 à Saint-Nazaire ;

    6° Nicolas, (Saint-Nazaire 3 juin 1708 – 21 novembre 1709 Saint-Nazaire), inhumé dans le chœur de l'église de Saint-Nazaire ;

    7° Renée, née le 7 décembre 1709 à Saint-Nazaire ;

    8° Marie, (Saint-Nazaire 27 mars 1711 – 18 février 1712 Saint-Nazaire) ;

    9° Nicolas, (Saint-Nazaire 26 décembre 1712 – 22 mars 1715 Saint-Nazaire) ;

    10 André-Joseph, (Saint-Nazaire 9 décembre 1714 – 15 décembre 1714 Saint-Nazaire) :

    11° Marie-Anne, (Saint-Nazaire 16 octobre 1716 – 10 novembre 1716 Saint-Nazaire) ;

    12° Olive, (Saint-Nazaire 16 octobre 1716 - 25 février 1718 Saint-Nazaire).

     

     

    (1) Parrain : Jean-Urbain comte de Carné, vicomte de Saint-Nazaire, gentilhomme ordinaire de la chambre du Roi et maître d'hôtel héréditaire en Bretagne.
    (2) Parrain : Hierosme Galliot, sieur des Fresnières, procureur fiscal de la vicomté de Saint-Nazaire et de la baronnie de Marcein.
    (3) Marraine : Jeanne Marie Galliot, fille de Hierosme Galliot.

     

     

    Branche du Croisic

     

    I° Augustin Walsh, (vers 1680 - 20 février 1730 Le Croisic), marié : avec Vincente Adely ; 2° le 9 juillet 1715 au Croisic avec Jeanne Balanet, fille de Jean Balanet et de François Pasent ; d'où :

    Du premier lit :

    1° Joseph, (Le Croisic 22 juin 1714 - 17 août 1724 Le Croisic) ;

    2° Vincente, (Le Croisic 22 juin 1714 - ??) ;

    du second lit :

    3° Marie Jeanne , née au Croisic le 25 août 1715, mariée le e 15 mai 1742 au Croisic avec Mathieu Cavaro ;

    4° Françoise, (le Croisic 13 juillet 1716 – 8 août 1716 Escoublac) ;

    5° Augustin, (Le Croisic 18 aout 1717 – 14 décembre 1724) ;

    6° Marie-Anne, (Le Croisic 21 septembre 1718 – 26 février 1721 Le Croisic) ;

    7° Julienne, (Le Croisic 25 novembre 1719 - 29 juillet 1720 Escoublac) ;

    8° Jeanne , (Le Croisic 25 février 1721 - 22 juin 1751 Le Croisic), épouse de François Le Ray ;

    9° Joseph-François, né au Croisic le 31 juillet 1724 ;

    10° Marie-Françoise, (Le Croisic 1er octobre 1725 – 23 mai 1736 Le Croisic) ;

    11° Marguerite-Luce, (Le Croisic 13 décembre 1726 - 29 février 1780 Le Croisic) ;

    12° Julienne, (Le Croisic 31 octobre 1728 - 6 mai 1793 Le Croisic), mariée le 14 novembre 1763 au Croisic avec Yves Durand ;

    13° Augustin, né au Croisic le 7 avril 1730.

     

     

    4092337702.jpgWalsh : D'argent au chevron de gueules, accompagné de trois fers de dard de sable.

     

  • la Villa Nelly

    La Villa Nelly est un lieu qui se rattache affectivement à nombre de familles nazairiennes. Plusieurs d'entre nous y ont déjà loué une salle (pourtant vilaines) dans l'un des batîments annexes, pour s'y réunir à l'occasion d'un mariage ou d'un baptême. Aujourd'hui propriété de l'évêché de Nantes qui songe régulièrement à s'en séparer à chaque problème de trésorerie, le domaine, situé entre le feu fixe de Porcé et la Tour du Commerce, est connu des Nazairiens, mais personne n'en sait l'histoire, l'évêché ne m'ayant jamais répondu, c'est tout à fait par hasard que j'ai trouvé son histoire, grâce à d'anciens annuaires mondains, et la généalogie de la famille Juchault qui fut le commentaire de la villa, simple maison de week-end ,qu'habite aujourd'hui le gardien du lieu.

     

    Villa Nelly.jpg

     

     

    Je porte ici à la connaissance du lecteur, la copie d'une photographie prise en 1865 de la villa, (Fonds et Collections Odoevsky Maslov). C'est à ma connaissance la seule représentation ancienne qui existe.

     

     

    La Villa Nelly fut construite à l’emplacement de la vigne du Clos du Plessis, un ancien fief attaché à la seigneurie du Plessis-Giffard, à la demande d'Amédée Juchault, baron des Jamonières, dans les années 1850-1855, période à laquelle le quartier dit de Porcé fut peu à peu transformé en lieu estival. La propriété est restée dans sa descendance jusqu'au légue fait à l'évêché de Nantes. Le nom de la villa était celui de sa fille aînée, à qui il destinait la propriété. Outre la villa, il y a avait une fermette qui assurait une exploitation de 6 ha de terrains.

     

     

    Famille Juchault des Jamonières

     

    Sans titre-2.jpgd'azur, à la fasce d'or, accompagnée de trois coquilles d'argent.

     

    Famille anoblie par une charge à la Chambre des Comptes de Nantes en 1583, maintenue lors de la réformation de noblesse par arrêt du 7 novembre 1669. (Bibliothèque Municipale de Rennes, Ms. 504 et 505) 

     

     

     

    I° Amédée Juchault, baron des Jamonières, (né à Nantes, le 2 pluviôse an XI / 21 janv. 1803 -  décédé  le 29 octobre 1881 ; époux d'Augustine-Aimée de La Borde, (12 juin 1811 -  31 décembre 1878), d'où :

    1° Augustine-Nelly, (1834-1862), mariée par contrat du 12 mai 1857 avec Alfred Bascher de Souché, capitaine adjudant-major au 3e dragons, dont Maurice Bascher de Souché, mort jeune.

    2° A.-Arthur, (6 juin 1835 - 9 mars 1836) ;

    3° Arthur-Antonin Juchault, baron des Jamonières, né à Nantes, le 22 octobre 1837,  marié le 6 septembre 1870, Anna Siffait, née à Clisson, le 17 avril 1846, fille d'Albert Oswald Siffait, (héritier et commanditaire des Folies Siffait à Clisson), et de Rosalie-Marie-Anne Lorette de la Refoulais, d'où postérité ;

    4° Louise, mariée en 1870 avec Jules Pellu du Champ-Renou.

     

    Famille Pellu du Champ-Renou

     

    D'azur à deux étoiles d'or en chef et un croissant du même en pointe.Sans titre-1.jpg

     

     Famille de la bourgeoisie nantaise. 

     

     

     

     

     I° Jules Pellu du Champ-Renou , (ou Champrenou), marié en 1870 à Louise Juchault des Jamonières, fille d'Amédée Juchault, baron  des Jamonières, et d'Augustine-Aimée de La Borde, d'où :

    1° Yvonne, épouse d'André Bénier ;

    2° Charlotte, née en 1873, épouse de Frédéric-Marie-Charles de La Laurencie, lieutenant de vaisseau. 

     

    Famille Bénier 

     

    I° André Bénier époux d'Yvonne du Champ-Renou, héritière de la villa Nelly, d'où : 

    1° Edith, (Nantes 10 octobre 1899 -  23 novembre 1987 Parpeçay (36)), marié le 28 novembre 1931 à Singapour à  Alain-Gaétan-Marie-Lunaire d'Augustin de Bourguisson, (Saint Lunaire (35) le 15 juin 1906  - Parpeçay (36) le 2 février 1995), d'où postérité.

     

    Madame Yvonne Bénier loua la Villa Nelly en 1937 à l’Union Familiale de Trignac, qui y fit un centre aéré pour la jeunesse catholique. Après guerre l'évêché de Nantes en devient propriétaire. Il la possède encore en 2012.

     

    villa nelly,saint-nazaire,porcé

    1954

     

     

    Note ajoutée le 01/09/2014 : Je vous invite à lire de beaux souvenirs d'enfance de Michel C. Mahé à la villa Nelly sur son blog : http://michelcmahe.com/category/la-villa-nelly/ 

  • Bonnie Prince Charlie ou The Young Pretender

    Tous les Nazairiens ont un jour entendu parler d’un prince qui serait parti de Saint-Nazaire dans le but de reconquérir son trône en Angleterre. Nous allons ici vous en raconter l’histoire exacte :

     

    422_001.jpg

    Le prince Charles-Edward - Louis - Philippe - Casimir Stuart est né le 31 décembre 1720 à Rome. Son père le prince James Francis Edward Stuart de Galles, (dit le vieux chevalier), et son grand-père le roi James II, éphémère souverain d'Angleterre, d'Irlande, et d'Ecosse, qui avait eu la mauvaise idée de se convertir au catholicisme, alors que son trône était anglican… Le père Charles-Edward n’ayant pas voulu abjurer le catholicisme, celui-ci fut exilé aussi, et le trône transmis à sa sœur Mary, de confession anglicane, épouse du prince William d’Orange, stadtholder de Holland, qui régnèrent sous les noms de Mary II et William III.

     

    Représentation idéalisée du jeune comte de Chambord dans la tenue du prince Charles Stuart, dessin photographié par Constant Peigné, Nantes, 19e siècle, coll. L.O.M.

     

     

    Charles-Edward avait espéré intégrer en 1743 l’armée de Louis XV. La duchesse de Châteauroux, qui s'intéressait à la cause jacobite, avait interféré en sa faveur auprès du roi de France, qui l'autorisa à venir à Paris s'entendre avec ses partisans, et lui promit son concours pour une expédition en Angleterre. Le jeune prince, dont les déplacements hors des états du Pape pouvaient à tout moment déclencher une guerre avec l’Angleterre, s’enfuit de Rome le 9 janvier 1744, sous prétexte d'une partie de chasse. Aidé par des complices qui financèrent son expédition et le logèrent. Ayant pris le pseudonyme de chevalier de Douglas, il s’embarqua à Gênes sur une felouque espagnole à destination d’Antibes, il atteignit Paris le 20 janvier, et prit immédiatement la route de Dunkerque, où la flotte française appareillait dans le but d’affronter l'amiral John Norris, une tentative de combat eut lieu devant Dunqueness, lorsqu'une tempête dispersa les belligérants. Toujours sous le nom de chevalier de Douglas, il rejoignit le maréchal de Saxe à Gravelines le 15 mars. Le maréchal avait charge de l’occuper en lui faisant préparer une expédition qui fut annulée… Le prince espéra rencontrer le roi, mais se trouva en résidence à une lieue de Paris, ignoré de tous, et du Roi qui avait refusé de le recevoir, vexé qu’un jeune homme impétueux ait voulu lui forcer la main… Charles-Edward s’en plaignit à son père, bien impuissant devant la situation. Séjournant tantôt chez le duc de Fitz-James, puis chez le duc de Bouillon au château de Navarre près d'Évreux, Charles-Edward s’endetta à hauteur de 60.000 francs auprès du banquier Waters de Paris pour financer ses projets d’expédition. Ce fut finalement Antoine Walsh, armateur à Nantes, qui lui prêtât son concours avec l’aide des exilés jacobites en l'Estuaire. Antoine Walsh affréta L’Elisabeth, vieux navire de 67 canons, commandé par le marquis d'O, et la Du Teille, (orthographiée dans les sources anglaise sous la forme " La Doutelle"), petite frégate de 20 canons, commandée par Antoine Walsh lui-même.

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    Le prince par le peintre William Mosman.

     

    C’est ainsi qu’à la fin de juin 1745 le prince Charles-Edward arriva à Saint-Nazaire, grâce à l’entremise d’Antoine Walsh, et de sa cousine Renée Walsh, épouse de Charles Viollet du Breil, seigneur de Cordemais, procureur fiscal, et fille de feu André Walsh, en son temps sénéchal de La Motte-Allemand. Forte des relations de sa cousine et de son époux dans le pays, Antoine Walsh persuada René Galliot de Cran, sénéchal de Saint-Nazaire, d’héberger le prince en sa demeure de la Grand-rue du bourg de Saint-Nazaire.

     

    On ne sait pas exactement la date d’arrivée du prince, mais après avoir séjourné longuement à Nantes où il changeait perpétuellement de lieu de résidence dans l'espoir de ne pas y être reconnu, sa présence est attestée à Saint-Nazaire de façon certaine chez René Galliot, sieur de Cran, sénéchal de Saint-Nazaire et de Marcein, une semaine avant son embarquement pour la Grande-Bretagne. Durant son séjour, il reçut les hommages de la noblesse locale, et les dames de la paroisse, ravie d’une présence royale, et de la beauté de l’homme de 25ans, confectionnèrent pour lui une courtepointe, en soie bleue, brodée en son centre des armes de Bretagne et d'Ecosse, qu'il laissa à son hôte[1]. Le temps nécessaire pour la réalisation de cette courtepointe laisse à songer qu'il était déjà sur le territoire de la paroisse depuis plus d'une semaine, ce que semble confirmer la tradition locale, qui le dit avoir été logé par les La Haye du Sable, au manoir du Sable. 

     

    Son départ de Saint-Nazaire se fit le 2 juillet 1745, à 19h, comme nous l'apprend la lettre qu'il adressa à son père :

     

    " St. Nazaire, at the Mouth of the Loire, "July 2, 1745.

    Sir,

    The contrary winds that have been blowing hitherto, have deferred my embarking, which will be this afternoon at seven, for to go to the rendezvous of the man-of-war, of sixty-seven guns, and seven hundred men aboard; as also a company of sixty volunteers, all gentlemen, whom I shall probably get to land with me, I mean to stay; which, though few, will make a show, they having a pretty uniform. The number of arms are just as I mentioned in my last of the 12th, that goes with this, except the augmentation I was in hopes of is of a hundred or two less than I expected, which is of no odds. I keep this open, and do not send it till I am fairly set out from Belleisle—id est the rendezvous—so that I may add a note to it, if being sea-sick does not hinder; if it does, Sir Thomas will supply in mentioning what more may occur. It is a mortification to me to want so many of your packets, which are lying at Paris, because of the daily expectation of parting. We have nothing to do now but to hope in the Almighty favouring us and recompensing our troubles; which, as you may see by the nature of the thing, were but small. I hope in God my next will bring comfortable news. In the mean time, I remain, laying myself at your Majesty's feet, most humbly asking your blessing,

     

    Your most dutiful Son, Charles P. "

     

    Le 2 juillet 1745, à 19h, donc, Charles-Edward s'embarque à Saint-Nazaire sur un bateau de pêche pour rejoindre la Du Teille, une frégate armée de dix-huit canons, financés par ses soutiens nantais, que lui loua l'armateur Walsh, et dont F.-C. Meuret, dans ses " Annales de Nantes ", publiées en 1830, nous dit qu'il la louait lui-même à la couronne de France. La Du Teille mouilla sous à Belle-Isle . Là-bas le Prince attendit L’Elisabeth, navire armé de soixante-six canons, lui aussi loué par Walsh, qui le tenait comme la Du Teille, de la Couronne de France. L'Elisabeth était commandée par le corsaire dunkerquois Pierre Dehaut, accompagné de son frère Charles, deuxième lieutenant, et de Pierre-Jean Bart, neveu du corsaire Jean Bart. (Pierre mourut, parait-il, avec son frère, dès les premiers engagements avec le HMS Lion du capitaine Percy Brett, coupé en deux par un boulet anglais le 9 juillet 1745.)

     

    De Belle-Ile il adressa le 12 juillet une lettre à monsieur Edgar, le secrétaire de son père, commencée à Saint-Nazaire :

     

    " St. Nazaire, July 2, 1745.

    This being the last note I shall write this side of the seas, I would not fail to give you adieu in it, making my compliments to Lord Dunbar, and to as many of my friends as you shall think convenient and proper. I enclose herewith letters for the king and duke. I hope in God we shall soon meet, which I am resolved shall not be but at home.

    In the mean time, I remain, &c.

    Charles P.

     P.S. —Belle Isle, de la Rode, the 12th July. — After having waited a week here, not without a little anxiety, we have at last got the escort I expected, which is just now arrived; id est, a ship of sixty-eight guns, and seven hundred men aboard. I am, thank God, in perfect good health, but have been a little sea-sick, and expect to be more so ; but it does not keep me much a-bed, for I find the more I struggle against it the better. "

     

     

    La Du Teille et L’Elisabeth appareillèrent le 12 (certains historiens disent le 14). Après une canonnade acharnée contre le Lion, un navire anglais de 58 canons, L’Elisabeth dut rentrer à Brest. Le prince continua sa route abord de la Du Teille et parvient à jeter l'ancre entre les îles de South-Uist et d’Eriska. Il finit par atteindre les côtes écossaises à Borodale, où les Highland clans lui apportèrent leur soutien. A la tête d’une armée au nombre variant de 3.000 à 6.000 hommes, il prit Édimbourg et Carliste, mais ses victoires prirent fin à la bataille de Culloden le 16 avril 1746. Contraint de fuir et de se cacher à travers l’Ecosse, le jeune prétendant regagna la France en septembre. Il y résida jusqu’au traité d’Aix-La-Chapelle, où, la France ayant besoin de l’Angleterre, il fut convenu que l’encombrant Stuart fut expulsé du royaume. Charles-Edward fit une dépression, et devint alcoolique, il ne se remit jamais de l’échec de son rêve de devenir roi. Cependant en 1759, le duc de Choiseul, alors ministre des affaires étrangères, le fit venir à Paris afin de lui présenter son plan de l’invasion de l’Angleterre, et la promesse de lui donner un trône s’il appuyait l’action de la France. Le prince fit mauvaise impression au ministre, il fut perçu comme un rêveur, inconscient des réalités. La bataille des Cardinaux mit fin au projet d’invasion[2]. Son père décéda en 1766, il avait été reconnu par le Papa comme roi, mais le Saint-Siège ne voulut pas en faire de même avec lui. Charles-Edward, qui avait une maitresse et une fille illégitime, décida de se marier en 1772 la princesse Louise de Stolberg-Gedern, le couple s’établit alors à Florence, sous le titre de comte et comtesse d’Albany (en référence au duché écossais d’Albany, attribuée au prince héritier d’Ecosse). Il n’arriva jamais à s’entendre avec son épouse qui avait pour amant le comte Vittorio Alfieri, célèbre poète, le couple se sépara en 1780, après qu’il eut tenté d’obliger par la force son épouse au devoir conjugal, on sait d‘ailleurs que dans des crises d‘ébriété il avait battu plusieurs fois sa maîtresse. Il retourna alors à Rome où il décéda d’une rupture d’anévrisme le 31 janvier 1788, non sans avoir auparavant légitimé sa fille Charlotte, née en 1753 de sa liaison avec Clementina Walkinshaw. Fort mauvais père, il l’avait fait enfermer presque toute son existence dans un couvent, la cachant et lui refusant le droit de se marier, ce qui ne n’empêcha pas Charlotte de devenir la maîtresse de Ferdinand de Rohan, archevêque de Bordeaux à qui elle donna trois enfants, confiés à sa mère et cachés à leur tour[3] ! Charles-Edward attribua à sa fille le titre de duchesse d’Albany, et obtient d’elle qu’elle resta avec lui, à le soigner jusqu’à sa mort, ce qu’elle fit durant les vingt-deux derniers mois de l’existence du prétendant.

     

     

     

    [1] La légende veut que la courtepointe fût encore en possession de la famille Galliot de Cran en 1850. Cependant, les deux derniers représentants de cette famille décédèrent en 1858 et 1860, sans postérité. L’auteur de cet article a exécuté des recherches au sujet de cette courtepointe à la demande d’une association perpétuant le souvenir de Bonnie Prince Charlie, elle semble avoir été perdue.

    [2] Du nom du plateau rocheux qui se trouve sur le lieu de la bataille. Il faut ici signaler que René Galliot de Cran, qui avait logé le prince, fit le, 20 novembre 1756, fonction de commissaire aux classes alors que se déroule au large la bataille des cardinaux. Avec ses hommes il se sauve à bord d'une embarcation quelques marins français du navire « Le Juste », il rédigea un rapport sur ces faits le 4 décembre suivant, au rapporteur Millain, document aujourd'hui conservé aux archives de la Marine.

    [3] A ce sujet, consultez les travaux de l’historien George Sherburn qui retraça le devenir des enfants de Charlotte.

  • La Villès-Martin

    Devenue au 19e siècle un lieu de détente pour la population de Saint-Nazaire, La Villès-Martin était durant l’Ancien Régime un hameau dépendant de la seigneurie d'Heinlex-Pommerais, et le siège d’une métairie noble, avec son manoir situé entre la rue Marcel Sembat et la rue des Mouettes, et un petit vignoble, nommé « Vignes de La Falaise », entre la pointe et la rue des Mouettes (à la fin du 19ème siècle, cette vigne appartenait à Gustave Bord, le propriétaire du château des Charmilles à Porcé). Il existait aussi à emplacement du fort une chapelle qui se trouvait désaffectée au début 18e siècle, elle fut transformée en corps de garde, puis remplacée par un fort, dont le commandant en 1745 était Raoul-Philippe Becquey du Renéguy, capitaine des gardes-côtes du général de Saint-Nazaire, puis aide-major de la Capitainerie des gardes-côtes de Saint-André-des-Eaux (1).

     

    La métairie noble de La Villès-Martin, était une grosse ferme constituée en bien noble, située au village du même nom, bénéficiant de fait du mode de succession propre à la noblesse de Bretagne. Il fut cependant essentiellement la propriété de familles roturières. Plusieurs historiens ont prétendu que le lieu tirerait son nom de la famille Martin de la Chambre, plus tard Martin des Bouexières (2). Personnellement nous n’y croyons pas faute de preuves, et surtout parce que le prénom et le nom Martin étant très communs, n’importe qui de ce prénom ou de ce nom pourrait être à l’origine de la nomination du lieu.

    martin.jpg

    Cadastre de 1829, Archives départementales

    Dans l’état actuel de ses recherches, l’auteur retrace la dévolution de la métairie comme suit :

     

    Famille Boullet

    Famille de la bourgeoisie de Saint-Nazaire qui laissa entre autres son nom au lieu-dit La Bouletterie, 

     

    I° Mathieu Boullet, sieur de La Bonneraye, notaire royal à Saint-Nazaire, procureur syndique de la communauté en 1670, cité comme l'un des plus anciens fabriqueurs en 1690, père de :

    II° Mathieu Boullet, sieur de Villemartin, greffier de la vicomté de Saint-Nazaire en 1709, père de :

    1° François, sieur de Maude, capitaine de vaisseau, receveur du droit à Saint-Nazaire ;

    2° Jean, sieur de La Perrière, bourgeois de Saint-Nazaire en 1709.

     

    Les fiefs de Maude et de Villemartin furent vendus respectivement à la famille Canuel et à la famille Rouaud

     

    Famille Rouaud de La Villemartin

    4092337702.jpgD'azur au croissant d'argent, accompagné de trois croisettes pattées du même.

     

    Famille bourgeoise anoblie en 1814. Éteinte au 19e siècle.

     

    I° Mathieu-André Rouaud, baptisé à Saint-Nazaire 22 août 1710 ; inhumé le 13 février 1752 Saint-Nazaire "dans le haut de l'église", sieur de la Ville-ès-Martin (par acquisition de la famille Boullet) ; marié le 18 avril 1741 à Saint-Nazaire avec Catherine Canuel, baptisée le 13 août 1713 à Saint-Nazaire, inhumée à Guérande le 21 octobre 1787, fille de feu Etienne Canuel, et de Catherine Gicquel, d'où entre autres :

    II° Mathieu (de) Rouaud, sieur de La Villemartin, (Saint-Nazaire 26 janvier 1743 – Guérande 5 juillet 1803), avocat au Parlement, conseiller du Roi et procureur au Siège royale de Guérande et sénéchaussée de Guérande, établi à Guérande en 1768, dont il était syndic et maire de Guérande de 1770 à 1771, député du Tiers-état pour la ville de Guérande aux Etats généraux de 1789 ; marié le 8 mai 1770 à Montoire avec Bonne Gallet, demoiselle de La Richardière, fille mineure de feu Claude Gallet, sieur de L'Aubinay, capitaine de navire de la rivière de Nantes et de Perrine-Rosalie Rothoux, dame de La Paquelais à Saint-Malo-de-Guersac, sur décret de justice de la vicomté de Donges, (voir généalogie dans article Rouaud de Villemartin).

     

    (1) Raoul-Philippe Becquey du Renéguy, (baptisé à Herbigniac 28 novembre 1706 - décédé à Saint-André-des-Eaux le 20 août 1757), capitaine des garde-côtes du général de Saint-Nazaire, puis aide-major de la Capitainerie des garde-côtes de Saint-André-des-Eaux, membre d’une ancienne famille de la bourgeoisie de cette dernière commune.

    (2) La famille Martin était une branche restée bourgeoise, collatérale de la noble famille Martin de Beaulieu, elle prit le nom de La Bouëxière, petite seigneurie de la vicomté de Saint-Nazaire, suite à une alliance avec l’héritière de celle-ci.

  • La Ville-aux-Fèves

    Seigneurie de La Ville-aux-Fèves (1)

     

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    La Ville-aux-Fèves était une seigneurie dotée d'une moyenne-justice, dépendante de la paroisse de Saint-Nazaire. Elle avait été constituée pour un écuyer du nom de Moulans vers 1479. On perd ensuite la dévolution de ce fief, jusqu'à la l'année 1634 où il est propriété de Louis-François Bonfils. L'emplacement du manoir correspond à l’intersection des rues Auguste Baptiste Lechat, de Toutes Aides, Jules Guesde, et de l'avenue des Sports. Sur le cadastre, le logis seigneurial correspond au bâtiment nord, l'aile qui fait est perpendiculaire à la barre du logis était la chapelle dédiée à Saint-Jacques le mineur. Cette demeure fut à l'origine une maladrerie (Aveux de 1709. A.D.44, E 578), destinée à abriter les lépreux, dont la date de fondation nous est inconnue, et qui comprenaient 27 hommées de terre (2), ce qui veut dire qu'il y avait la possibilité d'y loger 27 malades. Devenue résidence du seigneur de La Ville-aux-Fèves, la chapelle fut désacralisée vers 1659, et remplacée par la chapelle de Toutes-Aides construite par le chapelain de la Ville-aux-Fèves, Jan Mothais de La Girauderie, qui était aussi vicaire et régent de Saint-Nazaire. la famille de La Haye de Silz n'habitait pas le manoir, lui préférant celui voisin et plus majestueux du Plessis à moins d'un kilomètre. Le domaine fut démantelé en plusieurs métairies à la Révolution. En 1857 le manoir appartient à monsieur Delange et était encore dans sa descendance en 1903.

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    Le manoir en 1903, Archives départementales de Loire-Atlantique, Fi Saint-Nazaire 9/14.

     

    Le manoir devient ensuite la propriété du sénateur Augustin Maillard, (1828-1926), qui el laissa peu à peu tomber à l'état de ruines. Seul le corps principal du logis subsistait au moment de sa destruction finale vers 1938 au profit de l'urbanisation du quartier. Un fermier y logeait encore. Le manoir était couvert d'un long toit d'ardoises entre deux pignons, dont les sommets formaient cordons en saillie. Il avait conservé une cheminée monumentale aux jambages finement sculptés. 

    La coutume de la seigneurie faisait que tout homme qui passait sa nuit de noce sur son territoire, se devait de courir la quintaine, qui consistait à une joute navale sur les bords de Loire, autour d'un poteau planté dans le fleuve, surmonté de l'écu du seigneur, les concoureurs debout sur une barque conduite par rameur, devait brisé sa lance sur le poteau, celui qui n'y arrivait pas, ou qui tombait à l'eau, devait payer une amende de 60 sols au seigneur. Quant aux femmes qui allaient se marier, elles devaient donner le baiser féodal au seigneur, ou à son sénéchal, qui le recevait, assis dans un fauteuil, sur la place du cimetière (3). 

     

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    Cadastre de 1829.

     

     

     

    La famille Bonfils

    bonfils.jpgDe gueules à trois besants d'or.

     

     

    Famille noble d'ancienne extraction originaire d'Anjou, maintenue noble lors de la réformation de noblesse par arrêt du 15 décembre 1668, (Bibliothèque Municipale de Rennes, Ms. 504 et 505).

     

     

    I° Louis-François Bonfils, écuyer, seigneur de La Ville-au-Fèvre, rendit aveu en 1634 (A.D.44, E 578), époux de Françoise Loysel, d'où :

    II° René Bonfils, écuyer, seigneur de La Ville-au-Fèvre et de Porterays, époux de Marguerite de Champeaux, d'où :

    1° Catherine, baptisée le 4 mars 1654 à Saint-Nazaire ;

    2° Marie baptisée le 14 juillet 1655 à Saint-Nazaire ;

    3° Julien, qui suit ;

    4° Jeanne, inhumée le 13 mars 1696 à Saint-Nazaire

    5° Marguerite, qui rendit aveu pour la seigneurie en même temps que son frère Julien en 1709.

    III° Julien Bonfils, chevalier, seigneur de La Ville-au-Fèvre, pour laquelle il rendit aveu en 1709, inhumé à Saint-Nazaire le 8 janvier 1723 ; marié le 29 juillet 1697 à Nantes avec Elisabeth-Marthe Clappier, (Nantes 16 novembre 1673 - inhumée le 16 février 1706 à Nantes), fille de Hugue Clapier et de Renée Bouffard, d'où : 

    1° Anne, dame de La Ville-au-Fèvre, mariée en la chapelle de Toute-Aide le 22 novembre 1723 avec Sébastien-Marie de La Haye de Silz, écuyer, seigneur de Silz, de Lauvergnac, de Coroller, (voyez article de La Haye de Silz) ;

    2° Renée, né le 5 août 1702 à Nantes, baptisée le 20 août 1702, inhumée le 1er février 1755, sans postérité ;

    3° Marguerite, dame de Kerduran, baptisée le 29 mai 1713 à Saint-Nazaire, mariée le 18 août 1733 à Saint-Nazaire avec Philippe-Louis Pillays, écuyer, seigneur de La Pilletière.

     

     

    Famille de La Haye de Silz


    saint-nazaire,toutes-aides,la ville aux fèves,la haye de silz,chouan
    De gueules à trois coquilles d'argent.
     

     

    Famille d'ancienne extraction maintenue noble durant la réformation de 1668. (Cette famille n'avait aucun lien avec les de La Haye du Sable.)

     

     

     

     

     

    I° Sébastien-Marie de La Haye de Silz, écuyer, seigneur de Silz, de Lauvergnac, de Coroller, (Guérande, 13 février 1687 - Guérande le 4 avril 1743), marié en la chapelle de Toute-Aide de Saint-Nazaire le 22 novembre 1723 avec Anne Bonfils, dame de La Ville-au-Fèvre, fille de Julien Bonfils, chevalier, seigneur de La Ville-au-Fèvre, et d'Elisabeth-Marthe Clappier, d'où : 

    1° Jean-Sébastien, qui suit ;

    2° Julien, (1729-1737) ;

    3° René, né le 5 décembre 1732.

    II° Jean-Sébastien de La Haye de Silz, comte de Larre, seigneur de Silz, de Coscat, de Lauvergnac, de Trescalan, de Clis, Kermoisan, de la Ville-au-Fèvre, de Beaubois, du Plessis-Giffard, et de la Cour de Béac par achat à la famille Le Pourceau, de Saint-Denac en Beac8, chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, baptisé le 29 aout 1727 à Saint-Nazaire, décédé le 14 juin 1791 à Arzal (56) ; marié : 1° le 5 janvier 1750 à Missillac avec Marie Elie ou Eslye, fille mineur de feu de Jean-Joseph Elie, sieur de Bréal, et d'Anne Payen, décédée au château de Silz la 19 décembre 1774 ; a l’occasion des fiançailles, le 30 décembre 1749 à Missillac, la fiancée est décrétée de majorité par jugement de Penestin ; 2° le 15 mai 1775 à Missilac, avec Jeanne Antoinette Cramezel de Kerhué, (18 septembre 1732 – 19 mai 1789), fille de René de Cramezel, écuyer, seigneur de Kerhué, et de Madeleine Elie, mariage possible après dispense d’affinité au deuxième degré. Ce remariage ne plait pas au fils aîné, Sébastien, car la nouvelle épouse serait autoritaire et dépensière. Jean-Sébastien va devoir vendre des propriétés, notamment celle de Lauvergnac en Assérac, qui est l’héritage du fils aîné ; d'où du premier lit :

    1° Jean-Marie, baptisé le 18 décembre 1750, décédé le 12 mars 1751 ;

    2° Jean-Marie, baptisé le 29 mars 1752, décédé la même année ;

    3° Sébastien-Antoine-Honoré-Marie, né le 14 mars 1756, baptisé le 7 mars 1757, tué à Grandchamps le 28 mai 1795, comte de Silz, dit " Monsieur de Lauvergnac ". Il sert un temps dans un régiment de Dragons, puis devient commandant de la garde nationale de Guérande, il est porté déserteur et, sur dénonciation de son père, capturé à Guérande, chez Me Hardouin, le 8 novembre 1781, par la police du Roi, en vertu d’une lettre de cachet. Il est emprisonné en maison de force à Angers. Il est amnistié le 18 décembre 1785, (les origines de cette situation seraient liées au remariage de son père dont la nouvelle épouse a obligé la vente de Lauvergnac), à partir de 1792 il intégre l’état-major de la conspiration de La Rouërie. Il y est présent en tant que commissaire royal pour le Morbihan. Après l’éclatement de la conspiration, il erre dans le Morbihan et travaille comme simple journalier, reste longtemps chez son frère à Vieille-Roche, et au village du Bot en Sulniac, avant de reprendre la tête des " brigands ". Son signalement est donné à cette époque par l’administration qui le recherche : " Taille 5 pieds, 3,4 pouces, taille fluette, bien étagée, droit. Le visage gravé de petite vérole, le teint bourgeonné comme un ivrogne, physionomie ronde et intéressante. Il mâche beaucoup de tabac, surtout en poudre. " En mars 1793, la colère des paysans explose contre la décision de la Convention d’une levée de 300 000 hommes, et c’est le début de l’insurrection. Sébastien prend alors la responsabilité de l’armée royaliste du Morbihan et participe avec ses deux frères Auguste et Jacques au soulèvement de l’ouest de cette région, et organise de nombreuses attaques (Prises de Guérande et du Croisic, coulage d’une frégate, maîtrise de tout le pays de Basse Vilaine). En 1795, des conférences de paix s’ouvrent au printemps. Sébastien y est présent, et sous l’influence des autres chefs chouans, il signe alors, le 20 avril 1795, à regret, les documents de reconnaissance de la République, mais quatre jours plus tard, il signe un autre document, parfaitement hostile celui-ci, appelant de nouveau à la rébellion. C’est au cours de la bataille de GrandChamp, qu'il est atteint d’un coup fatal. Après une courte fuite à cheval, il met pied à terre. Selon la tradition, les "bleus" (les républicains) firent inspecter et reconnaître le cadavre, qui fût enterré près du lieu où on le découvrit, là où le chemin qui conduit à Kervehein arrive sur la route de Loperhet. Sa sépulture a été depuis recherchée, mais plus aucun signe n’en indique l’emplacement ;
    4° Marie-Françoise, née le 18 juin 1757, arrêtée le 21 avril 1793, mais rapidement libérée. Pour éviter la confiscation du château de Silz, elle décide de le vendre à un dénommé Paul-Marie des Néttumières, le 8 prairial An 5, pour 27 000 francs. Epouse de René d’Osmond ;

    5° Auguste-Marie, Chevalier de Silz, chevalier de l’Ordre Royal et Militaire de Saint Louis, né au château de Silz en 1760 et baptisé le 19 novembre. Son père demande pour lui une inscription à l’Institution des Gardes de la Marine de Brest. Les plus strictes conditions y sont exigées. Auguste reçoit sa lettre de nomination comme élève-officier de Marine. Il est incorporé le 7 septembre 1778. Sa carrière a pu être reconstituée grâce aux archives de la Marine. Il a des embarquements successifs sur : Le Sphinx (14/01/1781), L’Alexandre (16/04 au 12/06/1781), La Néréide (12/06 au 12/09/1781), Le Dauphin Royal (16/11/1782), Le Glorieux (01/04/1782 à 12/04/1782), Le Triton (08/09/1782 à 19/05/1783), Le Réfléchi (02/01 au 30/04/1784 et 28/07 au 22/11/1784), La Résolution (13/12/1785 à 11/05/1786), Le Rhône (06/04 au 19/08/1789), L’Auguste (26/06 au 30/12/1790), Le DuguayTrouin (01/01 au 29/06/1791). Enseigne de vaisseau à bord du Glorieux, il participe à la campagne d’Amérique sur le Glorieux. Il est au combat naval des Saintes et de la Dominique, le 12 avril 1782. A la suite de cette bataille, le Glorieux est pris par les Anglais et son équipage est fait prisonnier. Auguste et les autres officiers prisonniers séjournent pendant un mois à la Cité espagnole. Le 19 mai, tous les prisonniers montent à bord du bateau anglais Sandwich, qui appareille le 25 pour l’Angleterre. Ils arrivent à Portsmouth le 2 août. Ils sont enfin libérés et rejoignent la France le 12 août 1782 où un jugement de Conseil de Guerre de L’Orient (Lorient) est porté, et cite les officiers et l‘équipage du Glorieux, en louant leur conduite lors de la journée du 12 avril 1782. Promu lieutenant de vaisseau le 1er mai 1786. En 1791 il est détenu quelque temps au château de Brest pour avoir manifesté des idées royalistes. Le 10 janvier 1792, il épouse en l’église d’Arzal Jeanne Marie Olive Kermasson de Kerval, fille de Cassien Alexis Kermasson de Kerval, seigneur de Kerizel et de Heinlex-Pommeraye, et de Jeanne de Rochereul de Promarzin, promu Lieutenant de vaisseau de 2ème classe, au cours de l’été 1792, il quitte la Marine pour rejoindre son frère et le mouvement chouan, comme son frère Sébastien, il se cache et travaille comme journalier dans les paroisses environnantes. Recherché, son signalement est donné par l’administration : "Taille 5 pieds, 1 pouce (environ 1m68), gros, trapu, bien constitué, jambe forte un peu arquée ; le visage gros, rond, un peu soufflé. Il a une bonne carnation, les yeux un peu enfoncés et petits, la bouche petite, les lèvres épaisses un peu relevées surtout la supérieure. Il porte un chapeau à cuve élevée", un autre signalement de police, contradictoire, mais pas de la même année, le décrit comme suit : " 30 à 40 ans, 5 pieds, cheveux châtains, sourcils idem, yeux bleus, nez court, bouche moyenne, menton long, visage basané, maigre, effilé, vêtu d’une chemise blanche, pantalon de toile, chapeau de paysan", mais bien que se sachant recherché, Auguste accepte le risque de paraître à la demande de ses concitoyens d’Arzal pour faire office, dans certaines circonstances, d’officier public, ce qui laisse supposer une confiance réciproque, et la notoriété et le respect que lui porte la population. En 1793, il participe avec son frère au soulèvement de l’Ouest. C’est lui qui est à la tête des brigands à Rochefort-en-terre, dénoncés avec son frère comme antirévolutionnaires, la nuit du 21 avril 1793, en vertu d’un mandat, une trentaine de soldats vont à minuit heurter aux portes des inculpés au château de Silz et à Vieille-Roche, les somment d’ouvrir au nom de la Loi. Jeanne Marie Olive, enceinte de 8 mois 1/2, son père Cassien Kermasson, qui est rongé d’infirmité, ainsi que d’autres membres de la famille et des enfants en bas âge, sont arrêtés, dirigés sur Vannes et internés au Petit Couvent. Leur internement est de courte durée, puisque Jeanne Marie Olive accouche quelques jours plus tard, le 3 mai 1793, d’une petite fille, Marie-Cassienne-Augustine, à Vieille-Roche, mais elle sera a nouveau arrêté et internée avec sa fille pendant plus de deux ans. En 1794, il est nommé chef de division de l’armée royale et catholique du Morbihan, il commande la division de Muzillac, de Redon et de la Roche-Bernard. En 1796, il accepte la pacification du 16 juin et dissout ses troupes, il est un des chefs dont l’influence est la plus efficace en faveur du désarmement et sa femme contribue avec ardeur à cette tâche. Il écrit au général Hoche en ces termes : "[...] aussitôt que je fus informé le 3 juin dernier que les chefs comme les autres seraient amnistiés pourvu qu’ils ne fussent pas émigrés, je m’empressais de faire toutes les démarches auprès de ceux que nous nommons les membres de notre conseil et auprès des autres chefs pour les déterminer à profiter de la grâce qui nous est si généreusement offerte. Je me tais, Général, sur l’influence que j’ai eu pour la mise à bas des armes, mais j’ose me flatter que ce fût ma jeune épouse qui, par ses démarches dans les campagnes pour y répandre notre amnistie et les bienfaits du gouvernement, ébranla fortement le tout. Au besoin, j’en appellerai au Général Quantin, car il lui donna un passeport et mon amnistie". Néanmoins, l’administration du Morbihan, ayant retrouvé le nom de ce Silz sur la liste officielle des émigrés (alors qu’il ne l’avait jamais été), avait requis sa déportation et obligé le général Quantin à le faire arrêter. Le 14 vendémiaire (5 oct 1796), les bandes du général Quantin arrêtent à Arzal le Chevalier de Silz, cela malgré les supplications des membres de la famille présents. Il est dirigé à Vannes, jugé et condamné au bagne. Il est déporté au bagne de l’Ile de Ré, avant-poste de la Guyane. De sa captivité, il se procure divers certificats, notamment du district de la Roche-Sauveur (nom républicain de La Roche-Bernard) et du commandement militaire de l’arrondissement de Vannes, prouvant que depuis le mois de Mars 1793, il n’avait jamais quitté le pays. Il envoie à Hoche une requête des plus respectueuses afin que, lui ayant déjà reconnu les droits accordés aux chefs des chouans non émigrés de rester de France, "il ne souffrit pas de son exportation dans une terre étrangère et perfide, dont il avait toujours et très sincèrement détesté les habitants et leurs manœuvres". L’adjudant général Mermet signala au général en chef que l’emprisonnement de De Silz faisait du bruit, et que si les arrestations de ce genre se multipliaient, il pouvait en résulter de nouveaux troubles dans le Morbihan. Hoche transmit au Directoire cet avis et la requête d’Auguste, ainsi que toutes les pièces sur ce "pacifié", en émettant l’opinion qu’"il serait injuste, peut-être même dangereux, de traiter comme émigré des hommes qui ne l’étaient pas et le prouvaient d’une manière certaine". Cependant, Auguste reste interné 3 ans à l’Ile de Ré. C’est en juillet 1799 qu’il est libéré et assigné sous surveillance à Guérande. Il rentre à Arzal, retrouve sa famille, et part aussitôt avec sa femme et sa fille s’installer à Guérande pour un séjour surveillé. C’est là que le 23 février 1800 naît son 2ème enfant, Clara-Marie. Jeanne Marie Olive meurt à Vieille-Roche le 19 juin 1807 à 34 ans. Avec les effets du Concordat, la paix et le calme revenus, Auguste reprend du service dans la Marine. Il est nommé au grade de Capitaine de Frégate en 1814, puis admis à la retraite le 22 octobre 1817. Il se retire à Vieille-Roche dans la maison héritée de sa femme, appelée de nos jours la caserne des Douaniers. Il meurt à Vieille-Roche le 5 janvier 1822 à l’âge de 61 ans, d'où :

    A°Marie-Cassienne-Augustine, (3 mai 1793 – 15 mars 1831), marié le 10 août 1810 à Hyacinthe-Louis-Victor Piars Deshays ;

    B° Clara-Marie, (23 février 1800 – 5 aout 1837), mariée à Guérande le 11 juin 1817 à Henri Le Masne, (1786-1837), négociant.

    6° Anne-Marie, née le 24 janvier 1762, décédée en 1789 ;

    7° Armande-Désiré-Marie, née le 12 octobre 1763, décédée en 1765 ;

    8° Anne-Louise, née le 16 octobre 1764 ;

    9° Jean-Marie, née le 6 février 1771, baptisée le 3 novembre 1772, décédé le 2 mai 1799, marié le 7 février 1792 à Jeanne-Louise-Antoinette Philippe ;

    10° Cassien-Jean-Marie, né le 3 mars 1767 ;

    11° Louis-Marie, né le 29 juillet 1768, marié le 17 aout 1799 à Marie-Jeanne Lizeul ;

    12° Antoinette, arrêtée dans la nuit du 21 avril 1793, condamnée à mort et dirigée à Nantes pour y être noyée. Elle échappa à la mort en épousant républicainement un garde national du nom de Robin ;

    13° Eugénie-Armande, née le 6 février 1771, baptisée le 3 novembre 1772, mariée le 13 août 1792 à René-Benjamin Thomas de La Borde, (1745-1804), président de District, inculpé sous la Terreur, d'où Prudent-Marie Thomas de Laborde, (Saint-Nazaire 11 janvier 1793 - Lorient 25 mai 1876), juge au tribunal civil de Vannes ;

    14° Jacques-Marie, né en 1773, guillotiné place du Bouffay à Nantes le 17 mars 1794 ; admis à l’institution des gardes de la marine à Brest, en 1792, il rejoint ses frères en Bretagne dans le mouvement chouan, et participe activement à la contre-révolution. Il se distingue au côté de Michel-François Thomas de Caradeuc, notamment lors de la prise du Croisic en mars 1793. C’est en ce lieu, le 18 mars 1793, qu’il prête serment de fidélité à Louis XVII. Arrêté le 15 pluviôse An II (janvier 94), il est alors dirigé vers Guérande, passe devant un jury militaire et un tribunal civil, de là, il est envoyé à Nantes où il passe devant un tribunal révolutionnaire le 7 février 1794 : " Le tribunal, d'après les dépositions des témoins, aveux et reconnaissances de Jacques-Marie Lahaye Desilz, Déclare que le dit Lahaye se joignit aux brigands dès le commencement de l'insurrection ; qu'il a eu différents grades parmi les brigands ; que lors de la prise de la ville du Croisic, il y entra accompagné de Guérif de Lanouan, leur chef ; — qu'il y prêta entre les mains de Lanouan serment de fidélité à Louis 17 ; que lorsque Caradeuc se présenta pour sommer la ville de Guérande, le même Lahaye y entra ; que le 18 mars, il entra, avec un détachement, chez le citoyen Boujus, aubergiste au Croisic, le menaça et lui enleva un sabre pour en armer un de ses camarades ", il fut alors condamné à mort avec cinq autres habitants du Croisic : " Le mois de mars 1794 apporte aux jacobins du pays la satisfaction d’apprendre le supplice de Jacques de la Haye de Silz, marin, ci-devant noble, natif d’Arzal domicilié à Penestin, guillotiné à Nantes, place du Bouffay, le 17 mars 1794 pour: s’être joint aux brigands dès le commencement de l’insurrection; avoir livré Le Croisic et Guérande avec d’autres chouans; avoir prêté serment de fidélité à Louis XVII. "

     

    Le dernier descendant dont la filiation n’est pas connue, est Pierre-Marie-Louis Charles de La Haye de Silz, né en 1827, décédé à Vannes en 1903, receveur principal des contributions indirectes.

     

    Notes :

    (1) Il existait une métairie du même nom au territoire actuelle de Pornichet, propriété de la famille Le Texier, famille de la bourgeoisie guérandaise, établie ensuite à Questember (56), qui posséda aussi le fief de Preambert. Le Texier : D'argent au sautoir engrêlé de gueules, cantonné de quatre quintefeuilles de sinople ; au chef du même ; chargé de trois molettes d'argent.

    (2) Hommée : mesure prenant pour unité la surface qu'un homme pouvait labourer en une journée.

    (3) Un légende dit qu'une femme très laide ne voulut pas embrasser le sénéchal, René-Jean Cavaro de Kergore, et se rendit chez Sébastien de Silz, qui était jeune et réputé beau. 

  • La Motte Allemand, deuxième partie

    la motte allemand,chateau,saint-nazaire,pontcallecFamille Le Vallois

    D'azur à deux pigeons affrontés d'argent, colletés de sable, enchaînés d'or par le cou, les chaines en bande et barre mouvantes des cantons du chef.

     Famille noble originaire de Rennes.

     I° Antoine Le Vallois, écuyer, époux de Françoise de Guémadeuc, dame de La Motte-Allemand, fille de François de Guémadeuc, chevalier, seigneur de Beaulieu et de Séréac, et de Jeanne Gastinel, dame de la Motte-Allemand, d'où :

    II° Jean Le Vallois, écuyer, seigneur de Sérac et La Motte-allemand en 1562, père de 

    III° Pierre Le Vallois, seigneur de Sérac et de La Motte-Allemand, qu'il vendit en 1615 à Pierre de La Bouexière.

     

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    Famille de La Bouexière

    D'or à trois bandes de gueules.

     

    Famille d'extraction chevaleresque, aux réformations de noblesse en 1426 et en 1669, à Saint-Nazaire sur 10 générations.

     

     

     

    I° Pierre de La Bouexière, écuyer, seigneur de La Motte-Allemand par achat en 1615 à Pierre Le Vallois ; marié : 1° Madeleine Barrin du Boisgeffray ; 2° à Jeanne de Saint-Aubin ; d'où du second lit :

    1° Philippe, seigneur de La Motte-Allemand, maintenu noble le 24 mai 1669, décédé à Saint-Nazaire le 8 décembre 1678 ;

    2° Pierre, seigneur de Brantonnet, maintenu noble le 24 mai 1669, un temps seigneur de Heinlex-Pommeraye en 1647 ;

    3° Jeanne, dame de La Motte Allemand, (Guérande 20 février 1606 – Guérande 3 décembre 1688), épouse de Jean Le Long, écuyer, seigneur du Dreneuc, à qui elle apporta 

    4° Perronelle, épouse de Jean Le Tresle.

     

    Famille Le Long du Dreneuc  

    D'or au quintefeuille de sable. 

    Famille guérandaise d'ancienne extraction maintenue lors de la réformation de noblesse par arrêt du 30 mars 1669 (Bibliothèque Municipale de Rennes, Ms. 504 et 505) .

     

    I° Jean Le Long, écuyer, seigneur du Dreneuc, époux de Jeanne de La Bouexière, dame de la Motte-Allemand, (Guérande 20 février 1606 – Guérande 3 décembre 1688), fille de Pierre de La Bouexière, écuyer, seigneur de La Motte-Allemand, et de Jeanne de Saint-Aubin, d'où :

    1° Renée, mariée le 2 mars 1783 à Louis-René de Saint-Gilles, écuyer, seigneur du Gage ;

    2° Jean-Baptiste, (5 août 1646 – 30 juillet 1708), seigneur du Dreneuc, époux de Gabrielle Michiel ;

    3° Philippe ;

    4° Olive, dame de La Motte-Allemand, épouse de Louis de La Haye, écuyer, seigneur de la maison noble du Sable. 

     

    Famille de La Haye du Sable

    la motte allemand,chateau,saint-nazaire,pontcallecDe gueule à trois bandes d'argent. 

     

    La filiation de cette famille noble nous est en grande partie connue grâce au registre manuscrit des Preuves de noblesse pour les Pages de la Grande Ecurie, tenu par Charles d'Hozier en septembre 1694, (B.N., fr. 32101, f° 107), elle sera exposée dans son intégralité dans un article sur la maison noble du Sable, pour des soucis de compréhensions, les degrés indiqués sont ceux de la généalogie complète.

     

    VII° Louis de La Haye du Sable, écuyer, seigneur de la maison noble du Sable pour laquelle il rendit aveu au Roi le 10 janvier 1678, seigneur de La Motte-Allemand par héritage maternel de son épouse, maintenu noble d'extraction lors de la réformation de noblesse par arrêt du 29 janvier 1671 ; marié le 9 avril 1647 à Saint-Nazaire avec Olive Le Long du Dreneuc, dame de La Motte-Allemand par héritage de sa famille maternelle, (Saint-Nazaire 20 août 1638- Saint-Nazaire 3 novembre 1688), fille de Jean Le Long, écuyer, seigneur du Dreneuc, et de Jeanne de La Bouexière, d'où :

    1° Monique, née le 6 juillet 1675 à Saint-Nazaire, mariée le 2 mai 1707 à Guérande avec Louis-Gille du Matz, écuyer, seigneur de Gléré ;

    2° René, qui suit ;

    3° Pélagie, (Saint-Nazaire 10 mars 1680 – Saint-Nazaire 2 juin 1688) ;

    4° Olive, mariée le 7 mai 1715 à Guérande avec Pierre-François Le Flo de Tremelo, écuyer, seigneur de Kerleau, maintenue noble par ordonnance du 25 septembre 1703, (Bibliothèque Municipale de Rennes, Ms. 504 et 505). 

    VIII° René de La Haye du Sable, écuyer, seigneur de la maison noble du Sable et de La Motte-Allemand, né à Saint-Nazaire le 24 juillet 1676, baptisé le 29 juillet suivant, présenta ses preuves de noblesse pour les Pages de la Grande Écurie en septembre 1694, (B.N., fr. 32101, f° 107), Maintenue noble par ordonnance du 6 mai 1701, (Bibliothèque Municipale de Rennes, Ms. 504 et 505), établi au château de La Motte-Allemand, il participa à la conspiration de Pontcallec et fut interné un temps à Nantes ; marié à Guérande le 7 février 1702 à Marie-Madeleine Le Mintier, d'où :

    1° Jean-Marie, né le 15 février 1706 ;

    2° Marie-Olive, (6 juillet 1707 - 7 octobre 1707) ;

    3° René, qui suit.

    IX° René de La Haye du Sable, chevalier de La Motte-Allemand, époux de Marie Lefeuvre, d'où :

    1° Louis-Marie, seigneur de La Motte-Allemand et de la maison noble du Sable, mort avant 1768 ;

    2° Jean-Baptiste-René, décédé à Saint-Nazaire le 11 avril 1780, après son frère seigneur de la maison noble du Sable, (qu'il vendit entre 1774 et 1776 à Guillaume Charault de Merionnec, chevalier), seigneur de La Motte-Allemand, (qu'il vendit le 29 octobre 1770 à François Le Chauff).

     

     

    la motte allemand,chateau,saint-nazaire,pontcallecFamille Le Chauff de Kerguénec

    D'argent au pigeon d'azur, surmonté de deux croissants adossés de gueules. 

     

    Famille noble d'ancienne extraction maintenue en 1668 originaire de Vannes, apparenté à la famille de La Haye de Silz, seigneur de La Ville-au-Fève, et du Plessis-Giffard.

     

    I° François Le Chauff, écuyer, seigneur de Kerguénec, du Bois-Guimard, de La Motte-Allemand, (par achat à René de La Haye du Sable), de La Noë de Kerpoisson, des Bouexières (par achat à Catherine Boullet veuve de Jean Moyon) et du Pourceau (fief situé à Cleuz), baptisée le 21 octobre 1722 à Guérande, fils de François Charles Le Chauff, chevalier, seigneur de La Bernardière, et de Anne Cady ; maire de Guérande en 1789-1790, emprisonné en 1792, voit ses biens mis sous séquestre, libéré avant mars 1795 et récupère ses biens, il habitait le manoir de La Grillère, rue Bizienne, à Guérande ; fit aveux pour sa seigneurie de La Motte-Allemand le 30 juin 1788, passa transaction avec Jean-Baptiste-Elie Camus de Pontcarré, seigneur, co-vicomte de Saint-Nazaire, pour la propriété de la lande de Cuneix, en Saint-Nazaire ; marié à Nantes le  12 janvier 1761, en l’église conventuelle des dames de Sainte Élisabeth, à Catherine-Brigitte-Marguerite Maré (parfois nommée faussement Marrec), connue aussi sous ne nom de Maré d'Azincourt(1), suite à l’acquisition par son père de ce fief, née le 13 novembre 1740 à L’Arcahaye, (Saint-Domingue, aujourd'hui Haiti), baptisée le 09 mars 1741, fille de Jérôme Maré, planteur sucrier, capitaine de la milice du Roi à Saint-Domingue, et de Léogane-Jeanne-Julienne  Gené ;  elle hérita d'un tiers de la plantation de son père en 1760, la plantation Maré était évaluée en 1785 à 813.320 livres, et comportait 186 esclaves, à  la suite à l'indépendance d'Haïti le 1er janvier 1804 la plantation fut confisquée, elle était veuve en 1805 ; d'où :

    1° Victoire-Brigitte-Marie-Anne-Charlotte Le Chauff, née vers 1763, décédée à Guérande le 17 octobre 1788, mariée à Saint-Nazaire, par contrat du 13 septembre 1783, puis religieusement à Guérande le  22 septembre avec René-Louis de Trévelec, chevalier ;

    2° Charlotte-Félicité, née  en 1766 ;

    3° Brigitte-Mathilde, née  en 1771 ;

    4° François-Marie-Hyacinthe Le Chauff de Kerguénec, chevalier, baptisé à Guérande le 2 novembre 1772 , voyagea à Saint-Domingue en 1792 alors que l’île est en pleine insurrection, il est porté sur la liste des émigrés durant l'emprisonnement de son père, membre de l'Armée de Condé, il fut indemnisé avec sa sœur Victoire sur décision du 4 février 1828 pour les biens perdus du fait de l'indépendance d'Haïti ; monarchiste légitimiste il participa à la révolte Vendéenne de mai-juin 1832, ce qui lui valut la condamnation par contumace aux travaux forcés à perpétuité par la Cour d'Assises de Blois le 20 mai 1833 ; suite à sa disparition, on prononça du fait la loi sa mort civile au bout de cinq ans, et ses enfants touchèrent leur héritage ; réapparu en 1840, désireux de bénéficier de l'amnistie du 8 mai 1837 et voulu récupérer ses biens ; ses enfants contre attaquèrent, argumentant sa mort civile sans lien avec l'amnistie, le Tribunal de Nantes les confirma comme bénéficiaires le 27 août 1840, ce qui fut confirmé en Appel par la Cour de Renne le 30 janvier 1831, la succession fut confirmée en pourvoi 1er février 1842 ; époux de Henriette Binet de Sasson, (décédée en 1819), d'où postérité ;

    5°  Catherine, née le 24 août 1778 à Guérande,  mariée en 1800 Joseph-Louis de Bruc, d'où entre autres enfants Joseph-Aimé de Bruc, qui possédait en 1850 la métairie de Cleuz qu'il avait hérité de sa mère.

    6° François-Marie, sieur de Kerguénec, décédé vers 1831, maire de Saint-Molf, marié le 15 mai 1811  à Nantes avec Thérèse-Françoise Bernard de Grand-Maison, née en 1785, d'où :

    A° Thérèse, qui épousa son cousin Henri Le Chauff de La Blanchardière, (1816-1876), d'où postérité sous le patronymique Le Chauff de Kerguénec.

    7° un autre fils né vers 1782, marié à une Rouaud de La Villemartin, celle-ci hérita de son époux et laissa sa succession en 1840 à son neveu Évariste de Rouaud ;

    8° & 9° inconnus

     
    (1) La famille Maré d'Azincourt portait : d'azur au chevron d'or  accompagné de trois merlettes de même.
  • Le manoir de Beauregard à Saint-Nazaire, deuxième partie

     Famille de Guériff de Lanouan

     


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    D'argent à trois feuilles de houx de sinople.

     

    Famille noble d'ancienne extraction, maintenue noble lors de la réformation de noblesse par arrêt du 14 juin 1670, sur preuve de huit générations, (Bibliothèque Municipale de Rennes, Ms. 504 et 505).

     

     

     

    I° Honoré-Jacques de Guerriff de Lanouan, chevalier, seigneur de Lanouan et de L'Isle, né et ondoyé à Carentoir (56) le 21 février 1699, baptisé le 2 mars 1699, promis par contrat du 26 février 1724 à Guérande puis marié le 24 avril 1724 à Renée Hémery, dame de Beauregard, née le 15 septembre 1700, fille de Gilles, Hémery écuyer, sieur de Préhambert et seigneur de la maison noble de Beauregard, et de Charlotte du Hill, d'où :

     

    II° François-René-Marie de Guériff de Lanouan, chevalier, seigneur de la maison noble de Beauregard, (Saint-Nazaire 7 septembre 1741 – La Pommeraye 24 novembre 1793), présenta ses preuves de noblesse pour les Pages de la Grande Ecurie du 11 décembre 1756, (B.N., fr. 32108, f° 173), adhère en 1792 à "L'Association bretonne" du marquis de La Rouërie qui le nomme responsable pour le district de Guérande, en même temps que Thomas Caradeuc pour La Roche-Bernard et Gaudin de La Bérillais pour Saint-Etienne de Montluc. Le Département de Loire-Inférieure est au courant de ses agissements dès le mois d'août 1792 et sait que le noyau du complot est à Guérande, mais ne peut intervenir faute de moyens (il n'ont en effet que 40 militaires à Guérande). François-René constitue une armée avec l'aide d'enrôleurs et recrute des soldats déserteurs pour fabriquent de la poudre et des balles et prend le commandement des Insurgés arrivés à Saint-Nazaire. Le samedi 16 mars 1793, il met son argenterie et sa vaisselle fine dans une caisse qu’il enterre dans le bois de Beauregard. Mais espionné par un habitant de La Cavarderie, (village depuis nommé Immaculée), l’emplacement de la caisse est dénoncé aux Républicains de Savenay qui envoient des hommes la déterrer le lendemain. A la tête de 4000 hommes, il campe devant Guérande avec ses hommes le 17 mars, attaque la ville le 18, avec l'aide de Thomas de Caradeuc, de Couesbouc, Jego, Lenormand dit Lucifer commandant des paludiers de Saillé, de Rochefort, Thomazeau le chef de la Garde Nationale de Batz et du Pouliguen rallié à Lanouan. et se rend maître le 19 mars, il investit Le Croisic le lendemain. Le 30 mars il évacue Guérande avec ses hommes, car les troupes républicaines de Beysser arrivent de Rennes, et part se réfugier avec 200 hommes, avant de partir, il rétablit dans leurs fonctions les élus républicains , et remet une somme de 3315 livres de la caisse municipale, il gagne les îles de Brière avec 200 hommes, il est signalé de différents côtés, en particulier par Clemenceau le maire de Montoire, et par le Général des Dorides, le 4 juillet. Grâce à des émissaires, il apprend que les Vendéens vont attaquer Nantes. Il compte sur leur victoire pour reprendre le combat, mais ils sont repoussés le 30 juin. Sa présence est signalée en Brière jusqu'en octobre. Le 5 de ce mois, un mandat d'amener est lancé contre lui par le tribunal révolutionnaire de Guérande. Il se décide alors à passer la Loire à Montjean et à se rendre dans les Mauges pour se joindre aux Vendéens. Il s'arrête à La Pommeraye où il meurt brutalement de maladie. Marié en 1774 à Marie-Marguerite de L'Estoubillon, (1759-1789), fille de Maurice de L'Estoubillon, et de Marie-François du Pas, (voyez article l'Estoubillon), d'où quatre enfants dont : 

    1° Marie-Joséphine, décédée à Nantes le 11 mai 1879 ; mariée le 28 avril 1823 à Nantes avec François Mosnier de Thouaré.

     

    Les héritiers de François-René de Guériff vendirent  Beauregard à Jean-Baptiste Gallerand, juge de paix, maire du Croisic.

     

    Famille Gallerand

    Famille de la bourgeoisie du Croissic.

     

    I° Jean-Baptiste Gallerand, (le Croisic, 2 aout 1768 – 21 septembre 1832), fils d'un horloger, négocient, juge de paix, maire du Croisic de 1806 à 1820, acheta le manoir de Beauregard ; marié le 28 juillet 1799 au Croisic avec de Julie Bertho, (Le Croisic 8 mars 1775 – Le Croisic 19 septembre 1832), fille de Joseph Bertho, capitaine de navire, et de Renée Raoul, d'où :

    1° Marie-Eulalie, née le 18 octobre 1799 à Guérande, mariée au Croisic le 29 mai 1825 avec Emile Vaillant ;

    2° Gérôme-René-Lucien, (Guérande 13 février 1801 – Guérande 13 aout 1813) ;

    3° Désirée-Armandine née au Croisic le 27 octobre 1803 avec Emile-Pierre Culine-Leroux, employé des Contributions indirectes ;

    4° Virgine-Josèphe, (le Croisic 24 septembre 1806 – Le Croisic 30 novembre 1871) ;

    5° Marie-Joséphine, (Le Croisic 31 janvier 1815 – Le Croisic 31 octobre 1815) ;

    6° Stéphanie, née au Croisic le 22 avril 1819, mariée à Saint-Malo en 1837,  mariée à Saint-Malo en 1837 avec Hippolyte-Léon Culine-Leroux, (frère d'Emile-Pierre Culine-Leroux).

     

    Famille Culine-Leroux, puis Culine de Roux

     

    Famille de la bourgeoisie originaire du Périgord, établie à Saint-Malo à la fin du 18e siècle. Contrairement à ce que Léon fit croire aux Nazairiens, sa famille n'était pas noble, et n'avaient aucun lien avec la famille noble périgourdine de Roux.

     

    I° Hippolyte-Léon Culine-Leroux, puis Culine de Roux, (Saint-Malo 25 novembre 1795 - , négocient à Saint-Nazaire, employé des contributions directes, conseiller municipal (conservateur) de la section de l'Immaculée en 1878, marié à Saint-Malo en 1837 avec Stéphanie Gallerand, née au Croisic le 22 avril 1819, héritière du manoir de Beauregard, fille de feu Jean-Baptiste Gallerand, juge de paix, maire du Croisic, et de Julie Bertho, d'où :

    1° Léon-Emile, (Saint-Malo 2 juillet 1839 - 10 mars 1915 - Saint-Nazaire), conseiller municipal de l'Immaculé durant 31 ans ;

    2° Stéphanie, (Dol-de-Bretagne16 mai 1841 -  26 novembre 1925 au Manoir de Beauregard), sans alliance ;

    3° Blanche-Stéphanie, (Dinard 30 avril 1853 – Dinard 18 juillet 1853 au Manoir de Beauregard), sans alliance ;

    4° Blanche-Marie, (Dinard 30 mars 1857 - 9 août 1934 au Manoir de Beauregard), sans alliance

     

    Les héritiers vendirent le manoir de Beauregard à la famille Laurent après la mort de Blanche en 1935.

     

    La famille Laurent, qui possédait une quincaillerie à Saint-Nazaire, s'en porta acquéreurs, et fit restaurer la maison par un architecte parisien, Max Alers, architecte spécialisé dans la construction dans le style 17e, et à qui l'on doit par exemple la réalisation de l'immeuble du 21 place Dauphine à Paris, imitation parfaite des ses voisins datant du règne Louis XIV.

     

    (Ajout du 10 mai 2015 : Depuis une vingtaine d'années, il appartient à monsieur Dominique Moris qui a ouvert sa résidence à la presse : http://www.lechodelapresquile.fr/2015/04/10/chateau-de-beauregard-par-ici-la-visite/ )

     

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    Beauregard dans les années 1950, coll. Archives municipales de Saint-Nazaire

     

  • Le manoir de Beauregard à Saint-Nazaire, première partie

    Maison noble de Beauregard

     

    La maison noble de Beauregard existe encore en 2012, elle consiste en un corps de logis rectangulaire, avec rez-de-chaussée sur cave, et un étage sous toits à forte pente, au centre se trouve un pavillon à trois étages, avec à l'Est un corps de ferme bordant la cour d'honneur, qu'elle sépare d'une cour de servitude. L'ensemble a été restauré aux 19e  et au 20e siècle. 

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    Beauregard au début du 20e siècle, dessin de Paul Bellaudeau, archives municipales de Saint-Nazaire

     

    J'insiste sur le fait que Beauregard est une maison noble, c'est donc un bâtiment dont la dévolution se faisait en "partage noble", celons les règles définies par "La Coutume de Bretagne", ce n'était pas le siège d'une seigneurie, c'était un arrière-fief, aucune justice n'y était rattachée, mais elle bénéficiait  de certains privilèges particuliers aux " biens nobles ".

     

     

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    Cadastre de 1829

     

     

     

    Liste des propriétaires :

     

    Famille du Coudray de La Mouidaye

     

    Armes : D'or à la bande de gueules, chargée de trois coquilles d'argent, et accostée de deux cotices d'azur.

    Famille noble d'ancienne extraction, maintenue lors de la réformation de noblesse par arrêt et ordonnance des 17 novembre 1668, (6 générations), 16 janvier 1699 et 11 décembre 1701, (Bibliothèque Municipale de Rennes, Ms. 504 et 505).

     

    I° Briand du Couldray, écuyer, sieur de Condé, seigneur de La Mouidais en Montoire, et de la maison noble de Beauregard, décédée en 1626 ; époux de Françoise Delalande, d'où :

    1° Denis, seigneur de La Mouidais, et de la maison noble de Beauregard ;

    2° Guy, qui suit.

     

    II° Guy du Couldray, écuyer, seigneur de La Mouidais, et de la maison noble de Beauregard, marié en 1667 à Marguerite de Besné, d'où :

     

    III° Isaac du Couldray, écuyer, seigneur de La Mouidais, et de la maison noble de Beauregard, vendit celle-ci à Pierre Hémery, époux de Jeanne de France, d'où :

    1° Françoise, (11 octobre 1668 – 5 février 1673) ;

    2° Jacques, (1er octobre 1670 – 28 janvier 1673) ;

    3° Olivier, (25 septembre 1672 – 20 février 1673) ;

    4° Françoise, (28 mai 1674 – 28 novembre 1674). 

     

     

    La famille Hémery

     

    Armes : D'argent à trois chouettes de sable, becquées et membrées de gueules, accompagnées d'un annelet du même en abîme.

    (NB : le nom de Hémery revient plusieurs fois dans l'histoire de Saint-Nazaire, certaines branches avaient accédé à la noblesse, d'autres sont restées roturières.)

     

    I° Pierre Hémery, écuyer, sieur de Préambert, de La Rivière et seigneur de la maison noble de Beauregard par achat à Isaac du Couldray ; marié en 1615 à Saint-Nazaire à Guillemette Le Guennec, fille de Prégent Le Guennec, écuyer, seigneur de Kron, Bogat, Trévran et La Chaussée, et de Julienne de Bogat, dame de Bogat et de Trévran ; d'où :

    1° Jeanne, baptisée le 30 avril 1617 à Saint-Nazaire, dame de Préambert, mariée le 27 janvier 1660 à Guérande avec Pierre Le Texier, procureur et notaire royal à Guérande, sénéchal de La Ville-aux-Fèvres ;

    2° Gilles, qui suit ;

    3° Suzanne, dame de La Rivière, (Saint-Nazaire 18 novembre 1619 - 27 avril 1673 Saint-Nazaire ;

    Françoise, dame de Beauregard, épouse de François Jegat ;

    5° Anne, dame de Lisle.

    II° Gilles Hémery, écuyer, sieur de Préhambert, (Guérande 5 avril 1618 - 10 novembre 1686 Saint-Nazaire) , époux de Claude Pasquette, d'où :

    1° Françoise, baptisée à Saint-Nazaire le 29 janvier 1653 ;

    2° François, qui suit.

    III° François Hémery, écuyer, seigneur de la maison noble de Beauregard, (par héritage de sa tante Françoise Hémery-Jegat), sieur de Préhambert, (né en 1654 - inhumé le 11 mars 1731 à Guérande), marié 1e avec Lia Yviquelle ; 2e à Guérande le 3 septembre 1697 avec Charlotte du Hill, d'où :

    1° Charlotte, (Saint-Nazaire, 29 juin 1699 – 24 septembre 1699 Saint-Nazaire) ;

    Renée, dame de Beauregard, (Saint-Nazaire 15 septembre 1700 – 19 février 1757 Saint-Nazaire), mariée le 24 avril 1724 à Honoré-Jacques de Guériff, chevalier, seigneur de Lanouan, (voir seconde partie Beauregard) ;

    3° Rose, née le 5 janvier 1702 à Saint-Nazaire ;

    4° fils mort né, inhumé le 5 octobre 1702 à Saint-Nazaire ;

    5° un fils mort le jour de sa naissance le 29 août 1704 à Saint-Nazaire.

  • Le château de Heinlex, quatrième partie

    Du préfet Cassé-Barthe à Henri Allanet

     

    La famille Cassé-Barthe

     

    Jules Passerand, résidant à Herbignac, vendit le château et son parc pour la somme de 270.000 fr, le 4 novembre 1925, au préfet honoraire Henri Cassé-Barthe.

    Henri-Jean-François Cassé-Barthe, né à La Bastide-de-Sérou le 17 décembre 1872, admissible à l'Ecole militaire de Lyon en août 1894, il fut commis de Résidence du Protectorat de L'Annam (Tonkin) le 9 décembre 1894. Il fut successivement, délégué du Gouvernement à Van Yen de 1899 à 1901, délégué chef de circonscription de Ducthang en mars 1901, détaché en qualité de chef de section des affaires indigènes au secrétariat Général du Gouvernement général d'Indochine en octobre 1902,, administrateur de 5e classe des services de l'Indochine en septembre 1903, chef du secrétariat particulier du gouverneur général de l'Indochine en décembre 1904, commissaire délégué de l'Annam à l'Exposition coloniale de Marseille de 1906 ; administrateur vice-président de France de 2e classe en Indochine en décembre 1906 ; pour des raisons de santé, il quitta la Carrière coloniale pour devenir sous-préfet de Barcelonnette en avril 1907, puis sous-préfet de 3e classe d'Espalion en mai 1907 ; secrétaire général de l'Allier  en juin 1909 ; sous-préfet de Grasse en mai 1913 ; sous-préfet de 1er classe à Morlaix en mars 1914 ; sous-chef du cabinet du ministre de la Guerre en novembre 1917 sous le ministère Clemenceau ; préfet de l'Aveyron 25 juin 1918 au 16 février 1921, date à laquelle il devient préfet d'Eure-et-Loir jusqu'à sa nomination comme préfet des Côtes-du-Nord le 28 août 1924, poste qu'il occupera jusqu'au 5 février 1926 date à laquelle il fut mis à la disposition du ministre des Affaires étrangères comme délègue français à la commission interalliée chargée du règlement des dommages de guerre en Turquie, mission lui a valu une lettre de félicitations du président de la commune interalliée il officia surtout dans les affaires concernant les établissements religieux français d'Orient. Il fut mis à la retraite sur sa demande et nommé préfet honoraire en 1929, mais dirigea dès lors comme chargé de mission, les services du ministre de la Marine marchande. Chevalier de la Légion d'honneur en 1919, officier en 1926, il fut élevé à la dignité de commandeur le 24 décembre 1930.

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    Ouest-Eclaire du 1er janvier 1932

     

    Monsieur Cassé-Barthe et son épouse, (Marie, née à Brive en 1876), vivait en 1925 au château de Varés à Recoules-Prévinquieres en Avérons, une immense demeure féodale qui fait passer le manoir de Heinlex pour une villa de bord de mer, ce qu'il était peut-être en fait pour monsieur Cassé-Barthe et sa famille, qui l'acheta avec une partie des meubles laissé par le propriétaire précédent, et qu'il obligera à racheter en sus des terres et des bâtiments quand la municipalité voulut acquérir Heinlex en 1933. Il avait établi son bureau dans la bibliothéque, situé à l'étage, d'où il pouvait admirer les pelouses et au loin l'éparpillement des maisons de Saint-Nazaire. J. Montaron, correspondant nazairien de l'Ouest-Eclaire, rendit visite à Henri Cassé-Barthe le 31 décembre 1931 ; il s'extasia devant la beauté de la propriété, et fut surpris de trouver le Préfet en sabot et combinaison de mécanicien bleue un sécateur à la main taillant ses fruitiers, (cf. Ouest-Eclaire édition de Nantes du 1er janvier 1932, page 4).

     

    La Ville de Saint-Nazaire

     

    François Blanco avait fait voter la création d'une école de plein air en 1926, la légende veut que l'administration municipale visita dix-huit propriétés dans tout le département avant de porter son choix sur Heinlex que monsieur Cassé-Barthe cherchait à vendre. Il y eu une première négociation qui échoua pour des raisons financières. Le 24 juillet 1933, le Conseil municipale vota l'acquisition du manoir avec son parc avec un étang, d'un surface de 18 ha, de sa ferme avec un potager d'1 ha, de 3 ha labourable et 5 ha de pâture, le tout d'un seul tenant, et clos de murs, l'ensemble pour un montant de 650000 fr, dont 371000 fr était pris en charge par l'Etat à titre d'acquisition et de dépense pour l'aménagement d'un préventorium. Pour l’opposition, la commune achetait le propriété 350.00 fr au-dessus de sa valeur réelle, et estima que monsieur Cassé-Barthe faisait sur le dos des contribuables une plus-value de 380.000 fr. L’opposition, menée par monsieur André, chercha à faire annuler la promesse de vente...

    L'affaire traîna, monsieur Cassé-Barthe obligea la municipalité à acheter en sus le mobilier provenant des propriétaires précédents. La municipalité céda et fit estimer le mobilier par monsieur Aulnette, le commissaire-priseur propriétaire de la salle des ventes du même nom à Saint-Nazaire, de faire l'estimation qui fut présentée à la séance du conseil municipal du 4 décembre 1933 :

    Au rez-de-chaussée :

    Salon de velours de Gênes (9 pièces) ; tapis Smyrne de 5 m 50 x 4 m 50 ; lustre salon cristaux : 4250 fr

    Buffet de salle à manger ; table ; six chaises cuir : 1500 fr

    Lustre cage d'escalier :150 fr

    Au deuxième étage :

    Un lit complet laqué ivoire, largeur 1,25 ; un lit complet laqué gris, largeur 1,25 : 800 fr

    Trois lit de fer complet, largeur 80 ; un lit de fer sans literie, largeur 80 : 300 fr

    Une table à réservoir d'eau : 150 fr ;

    Une table bureau, drap gris : 150 fr ;

    Un secrétaire : 250 fr ;

    Un canapé, deux fauteuils Empire en drap vert ; deux fauteuils et deux chaises (à recouvrir) : 400 fr

    Matériel jardin, bancs, tables, fauteuils, chaises : 400 fr

    TOTAL : 8400 fr.

     

     

    Le Conseil accepta encore une fois...  mais la vente fut finalement conclue à la fin du mois de décembre 1933. Ce caprice du vendeur provoqua des railleries, et on dit que le maire faisait des dépenses somptuaires en achetant un château !



    Le 6 février 1934, le Conseil vota le projet d'installation de l'école de plein air, qui ouvrit le 5 octobre 1935 avec seulement 10 élèves. Cette école de plein air avait pour but d'améliorer l’état physique d’enfants chétifs durant des stages de 3 à 4 mois puis, après inspection médicale, devaient rejoindre leurs anciens établissements. L’établissement n'était pas gratuit : la pension coûtait 8 francs par jour, somme dont les caisses d’assurances sociales payaient la moitié. 

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    Ouest-Eclair du 4 août 1933

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    L’excédent des produits de la ferme du château, à laquelle les enfants participaient à des travaux de culture, et qui alimentait l’internat, étaient vendu. En 1937 ils avaient rapporté plus de 5.000 fr.

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    Au moment de l'Occupation, le domaine fut investi par les Allemands qui en firent un centre de repos pour leurs sous-mariniers. Ils édifièrent des baraquements dans le parc.

    A la libération les Américains investirent les lieux, la 25e D.I. Y établit son camp. Heinlex ne fut rendu à la municipalité le 18 septembre 1947 à 16h, avec tout le matériel que les Américains avaient apporté et celui que les Allemands avaient laissé !



    L'Hôtel Dieu et la Maternité ayant été totalement rasés, l'ancienne hospice de Gavy avait été transformé en hôpital provisoire, le conseil vota l'établissement à Heinlex du nouvel hôpital qui les premiers temps pris place dans les baraquements de l'armée allemande. C'est grâce à Henri Allanet, que ce projet fut possible, l'ensemble de son œuvre et sa vie ont été racontées en 2006 dans le livre de son fils Pierre-Henri Allanet, « Henri Allanet, un citoyen du XXe siècle », aux Editions Pleine Page.

  • Le château de Heinlex, troisième partie

    De Cézard à Duval...

     

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    Photo Galahad L.

    Armes : Parti de gueules et d'azur à trois roses d'or brochant (2 et 1) ; au chef de … chargé d'un voilier de … navigant dans une mer agitée de …

     Cimier : Un dauphin nageant dans une mer. Devise : Post nubila Phœbus (Après la pluie le beau temps).(d'après les armoiries sculptées sur la façade sud du manoir.)

    En 1857 le domaine est acheté par Alphonse-Léopold-Nicolas-Louis Cézard, (Nicolas dans sa famille, Alphonse seulement pour ses affaires, cette double  nomination explique que les noms des navires qu'il possédait au port de Saint-Nazaire), armateur et banquier, qui fit raser le manoir féodal et le remplaça par l'actuelle demeure en briques et pierres, avec toit mansardé sous ardoises, ne conservant de celui-ci que le linteau de la grande cheminée sculpté d'un écu et deux médaillons ovales, qui ont été bûchés à la Révolution. Aujourd'hui déposé le long de la façade sud, il servit alors de dossier de banc, mais ce banc a aujourd'hui sa base prise dans le trottoir qui cercle le bâtiment. Alphonse était né à Batavia aux Indes-Néerlandaises, son père, natif de Nancy y avait fait fortune comme armateur et planteur de sucre, devenu milliardaire, il était revenu avec toute sa famille en France afin d'y marier convenablement ses enfants, dépensant pour les doter toute sa fortune, et en faisant des spéculations industrielles. Alphonse Cézard contribua à la fonte de la fortune de son père en spéculant dans l'industrie et le commerce au moment de l'ouverture du port de Saint-Nazaire, il fut impliqué dans quelques scandales locaux, et perdit d'importantes sommes que sont père recouvrit, il débuta comme armateur, avec deux navires, le Alphonse Cézard et le Nicolas Cézard, puis il voulut faire de la politique en se présentant pour les législatives de Saint-Nazaire contre le candidat seul et officiel (nous étions sous le Second Empire...) Anselme François Fleury, le 17 mai 1863, il ensuite fut directeur pour la France de la Saint-Nazaire Compagny, une société fondée par lui à Londres en juillet 1864, pour l'établissement d'un nouveau quartier sur les terrains de l'ancien manoir du Sable, et fonda le 15 janvier 1865 la Société des Crédits généraux de Saint-Nazaire, qui était une filiale de son entreprise de transports maritimes la Société du Commerce de France, lesquelles furent mises en faillite en juillet 1866... C'est à cette date qu'il vendit le Heinleix à Henri Duval. Alphonse fut défendu dans sa faillite par l'avocat nantais Edouard-Auguste Bonamy, contre ses associés Pilon, Perthuy et Derrien qu'il accusa de manœuvres frauduleuses dans le but de le ruiner ! Il se retira au château de La Touchelais à Savenay, (site de l'hippodrome), où il décéda, après avoir fondé dans cette ville une fromagerie.

    I° Alphonse-Léopold-Nicolas-Louis Cézard, né le 20 février 1831 à Batavia, (aujourd’hui Jakarta capitale de l'Indonésie), décédé à Savenay le 17 février 1892 au château de La Touchelais ; Armateur et banquier, il acheta les terres et le manoir de Heinlex-Rohan dont il fit reconstruire les bâtiments, et perdit une grande partie de la fortune de son père dans des spéculations à Saint-Nazaire ; marié à Orléans le 22 avril 1854 à Marie-Gabriel Louët de Terrouenne, d'où :

    1° Adrienne-Marie-Hélène, née à Saint-Denis-du-Val le 10 avril 1855, décédé à Fleury-les-Aubrais (45) en 1943 ;

    2° Antoine-Nicolas-Emmanuel, né à Saint-Denis-du-Val le 15 juin 1856, décédé à Orléans le 7 janvier 1918), époux de Berthe Chartie ;

    3° Ferdinand-Nicolas-Jacques, né à Saint-Denis-du-Val le 24 septembre 1857, décédé en 1942 à Triel-sur-Seine (78), marié à Nantes le 30 janvier 1887 avec Lucie-Marie Demange, d'où postérité ;

    4° Marie-Nicolas-Pierre, né à Saint-Denis-du-Val le 19 mai 1862, décédé à Vannes le 19 juillet 1914, époux d'Alice de Miniac ;

    5° Henry-Nicolas-Louis, né à Saint-Denis-du-Val le 21 septembre 1864, décédé le 1er mars 1935, ingénieur des mines, marié à Rochefort-en-Terre (56) avec Noémie Rigaud, (1864-1921), d'où postérité ;

    6° Jeanne-Marie-Marguerite, née à Orléans le 15 janvier 1868, mariée à Orléans le 18 décembre 1890 avec Alphonse-Frédéric-Ernest de Lapanouse.

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    le chateau au temps d'Alphonse Cézard, coll. archives municipales

     

    Famille Duval

     

    Henri Duval acheta Heinleix à Alphonse Cézard en 1866 alors en faillite. Originaire de Blois, son père s'était établi à Nantes en 1848 où il était directeur d'assurances. Henri Duval avait des fonctions importantes à Saint-Nazaire, il était directeur du Gaz, et président de la chambre de commerce (le troisième depuis la fondation de celle-ci). On baptisa en son honneur le vapeur Henri-Duval.  

     

    I° Charles-Marie-Henry Duval, né à Blois le 27 juin 1834, décédé en 1905, entrepreneur nantais des usines à gaz des villes de Niort et de Saint-Nazaire, il devient directeur du Gaz de Saint-Nazaire, suite à la création de l'usine à gaz de Saint-Nazaire, suivant un traité passé le 15 mai 1861 entre le maire et lui, pour l'éclairage de la ville, (cette usine employa 6 personnes à ses débuts, elle située à l'emplacement du supermarché de l'avenue de la République), elle échappa aux bombardements et servit de repaire au milieu des ruines pour retracer la rue Jean d'Ust, actuelle avenue de la République, elle fut définitivement fermée et démantelée en 1961), président de la chambre de commerce de Saint-Nazaire, chevalier de la Légion d'Honneur, il appuya auprès du Préfet la demande d'établissement de la garnison de gendarmes à Saint-Nazaire en 1886, faisant jouer ses relations avec le Général Boulanger, dont il avait été le condisciple ; époux de Justine-Elisabeth-Julie-Jeanne Fournier,  (1849-1878), d'où :

    1° Pierre-Henry-Raymond, né à Saint-Nazaire le 6 février 1868, il fut éditeur imprimeur à Saint-Nazaire ;

    2° Jules-Marie-Emile, qui suit.

     

    II° Jules-Marie-Emile Duval, (Saint-Nazaire, 3 mars 1872 – Saint-Martin-Vésubie, 18 juillet 1935), compositeur de musique, homme de lettres, et industriel, marié le 5 février 1903 à Paris VIII, avec Marie-Elisabethe Lemonnier, (1873-1959), dont il eut une fille, hérita de son père le château et le domaine d'Heinlex en 1905. Il le vendit en plusieurs lots en 1920 à monsieur Nassiet.

     

     

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    Coll. O. M. de S. L.

    Vers 1910, (on voit le long de la plus petite façade, sous les fleurs, l'ancien linteau de cheminée du manoir féodal, réemployé comme dossier de banc)

     

     

    Monsieur Nassiet, négocient à Saint-Nazaire, acquit le 17 juin 1920 la Château d'Heinlex-Rohan, comprenant le parc boisé de hautes futaies, jardin potager, parcelles sous labour, etc. etc. et étang, le tout d'un seul tenant d'une superficie de 18 ha, pour la somme de 150.000 fr ; puis il acquit, toujours d'Emile Duval, 7 ha de terres sous nature prairie et labour, dénommées Les Touches et Virées aux Bœufs, attenants au 18 ha antérieurement acquis, pour la somme de 38.540,70 fr. Il revendit l'ensemble en 1922.

     

    Maurice Gerbois, fit l’acquisition des 35 ha et du château le 22 novembre 1922, pour la somme de 225.000 fr.

    Le château, sa ferme et les 20 ha de terres furent proposés à la vente par petite annonce publiée dans le journal « Le Gaulois », le mercredi 4 juin 1924.

     

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    Jules Passerand, résidant à Herbignac, fit l'acquisition du château et des 18 ha de parc et des 7 ha de terres cultivables, le 18 juin 1924, pour la somme de 220.000 fr. il revendit l'ensemble en deux lots : Les 7 ah de terres à Heugène Fleury, cultivateur à La Croix d'Heinlex pour la somme de 40.000 fr le 18 mai 1925 ; le château et son parc le 4 novembre 1925 au préfet honoraire Cassé-Barthe, pour la somme de 270.000 fr. (Suite dans la quatrième partie.)

     

     

  • Le château de Heinlex, première partie

    Heinlex, Heinlex-Rohan, Grand-Heinleix, Heinlex-Pommeraye ?

     

    La seigneurie d'Heinlex fut constituée 1330, à partir d'une part de la vicomté de Donges en faveur de Bonabes de Rochefort, fils cadet de Thibaut de Rochefort, lui-même ceignit sa seigneurie en deux domaines distincts se partageant l'autorité seigneuriale, le premier, prit siège au manoir originel et se trouva par la suite désigné sous le nom de Heinlex-Rohan, le second, fut constitué autour d'un nouveau manoir situé de l'autre côté de la voie qui coupait en deux la seigneurie initiale, à cinq cents mètres de distance et pris le nom de Heinlex-Pommeraye. Et se trouva elle-même scindée en deux domaines, la seigneurie proprement dite, et le manoir dit connu sous le nom de Grand-Heinlex...

     

    Si en 2011 il reste des traces concrètes du manoir de Heinlex-Rohan, (murs du parc, étang), quoique fortement transformé par Alphonse Cézard et l'établissement des bâtiments de l'hôpital réalisé grâce à l'acharnement de Henri Allanet au sortir de la guerre, il ne reste rien du manoir de Heinlex-Pommeraye, déclaré comme masure sur prairie de 3ha en 1829, avec une marre dallée à proximité, (ancien vivier ou bassin d'agrément ?), la « masure » fut par la suite rasée pour faire place à la ferme Morantin, qui disparut à son tour pour faire place à l'IUT.

     

    Il est difficile de reconstituer l'histoire de Heinlex, car les titres féodaux furent incendiés au pied de l'Arbre de la Liberté le 20 décembre 1793 par Julien Fourage, ancien procureur de la seigneurie. Si l'histoire de Heinlex-Rohan avant la Révolution a été reconstituée grâce aux aveux et dénombrements de la vicomté de Saint-Nazaire, et aux généalogies des familles qui s'y sont succédées, celle de Heinlex-Pommeraye est encore nébuleuse à certaines périodes. Il existe aussi des sources « perturbatrices », en raison de l'existence d'une seigneurie de Heinlex au territoire de Blain, d'autres près de Vitré et de Carentoir.

     

     

    Seigneurie de Heinlex, dite plus tard de Heinlex-Rohan : des Rochefort-Donges aux Rohan-Poulduc

     

    Famille de Rochefort de Donges

     

     

    saint-nazaire,heinlex,rohan-poulduc,rochefort-dongesArmes : Vairé d'or et d'azur.

     

    I° Guillaume de Rochefort, vicomte de Donges, fils de Thibaut de Rochefort, seigneur de Châteauneuf-en-Saint-Malo, et d'Emma de Donges, vicomtesse héritière, né vers 1230, époux de Marquise de Chateaubriand, dame de Saint-Mars, fille de Geoffroy de Chateaubriand, chevalier, et de Sibylle de La Guerche, dame du Lion d'Angers, d'où :

     

    II° Thibaut de Rochefort, vicomte de Donges, (vers 1260 - † après 1327),époux d'Anne de Neuville, dame de Grez, fille d'Emery de Neuville, seigneur de Grez, et d'Ysabeau d'Iré, dame de La Cornuaille, d'où :

    1° Alix, dite aussi Aliette, dame d'Assérac, épouse d'Olivier II de Rohan ;

    2° Thibaud II, vicomte de Donges ;

    3° Guillaume, seigneur de Rochefort-en-Terre et de Châteauneuf-en-Saint-Malo ;

    4° Bonabes, qui suit ;

    5° Marguerite, épouse d'Yvon XI de La Jaille.

     

    III° Bonabes de Rochefort, seigneur de Heinlex, né vers 1295, époux de Marie d'Ancenis, fille de Geoffroy-Guillaume d'Ancenis, seigneur d'Esnade, et d'Isabeau de Brienne, dame d'Aire, veuve de Renaud de Montrelais, seigneur de Chateau-Thébaud, (d'où deux filles héritières de Château-Thébaud) ; d'où :

    1° Guy, qui suit ;

    2° Bonabes, évêques de Nantes, le 17 juillet 1392, décédé en 1398 ;

    3° Jean, dit Jean de Heinlex ou de Henlée, lieutenant de Jean d'Ust durant la défense de Saint-Nazaire, au profit de qui fut détaché une métairie qui prise par la suite le nom de Heinlex-Pommeraye, fit montre de noblesse le 28 août 1421 parmi les quarante-six écuyers de l'hôtel et compagnie de monseigneur Richard de Bretagne, chevalier banneret (voyez chapitre Heinlex-Pommeraye).

     

    IV° Guy de Rochefort, seigneur de Heinlex, époux de Jeanne Chesnel, puis de Bonne de Saint-Gilles,, d'où du second lit :

    1° Guillaume qui suit ;

    2° Bonnabe, dit de Henlée, fit montre de noblesse le 28 aout 1421 parmi les quarante-six écuyers de l'hôtel et compagnie de monseigneur Richard de Bretagne, chevalier banneret.

     

    V° Guillaume de Rochefort, seigneur de Heinlex, né vers 1380, mort vers 1447, époux de Jeanne de Bruc, d'où :

     

    IV° Gillette de Rochefort, née vers 1430, décédée le 21 août 1510, inhumée à l’abbaye de Blanche-Couronne, dame de Henleix à Saint-Nazaire, mariée le 19 octobre 1498 avec Jean 1er de Rohan, chevalier, seigneur du Gué de l'Isle, écuyer et chambellan des ducs Pierre II et Arthur III de Bretagne, rendit aveu en 1478 à Catherine de Rohan, dame d'Albret et vicomtesse de Tartas, capitaine de Concarneau, né vers 1425, décédé en 1493, d'où postérité, (voyez généalogie de Rohan degré IV qui suit) ; elle testa le 21 aout 1510 au manoir de Heinlex, en présence de Jehan Jégo, sous-curé de l'église de Saint-Nazaire, de Guillaume Le Feuvre, prêtre et notaire en la cour de l'Officialité de Guérande, et de Pierre Mayet, notaire et pasteur de Saint-Nazaire.

     

    Famille de Rohan-Poulduc, (Extrait de la généalogie de cette famille à partir de la possession de Heinlex)

     

     


    saint-nazaire,chateau,heinlex,rohan-poulduc,rochefort-dongesArmes : De gueules à neuf macles d'or, 3, 3 et 3.

     

     

    IV°Jean 1er de Rohan, chevalier, chevalier, seigneur du Gué de l'Isle, écuyer et chambellan des ducs Pierre II et Arthur III de Bretagne, rendit aveu en 1478 à Catherine de Rohan, chevalier, dame d'Albret et vicomtesse de Tartas, capitaine de Concarneau, né vers 1425, décédé en 1493, marié en 1453 à Gillette de Rochefort, dame de Procop, née vers 1430, décédée le 21 août 1510, inhumée à l’abbaye de Blanche-Couronne, dame de Henleix à Saint-Nazaire, fille de Guillaume de Rochefort, seigneur du manoir d’Henleix, et de Bonne de Saint-Gilles, d’où :

    1° François, seigneur du Pornic et du Gué de l'Isle, marié 1° à Jacquette de Peillac, dame de Peillac ; 2° Adelise de Juch ; d'où :

    A° Jean, seigneur de Gue-de-l'Isle, mort avant juin 1504 ;
    B° Cyprienne, dame de Gue-de-l'Isle, morte en 1554, épouse de François de La Feillee, vicomte de Plehedel, mort en 1538 ;
    C° Vincente, dame de Peillac, épouse de Maurice de Plusquellac, seigneur de Bruillac.

    2° Jean, qui suit ;

     

    V° Jean II de Rohan, chevalier, seigneur de Trégalet et de Heinlex suite aux volontés testataires de sa mère rédigées le 21 août 1510 ; décédé en 1517 ; lieutenant d'une compagnie de 50 hommes d'armes sous le commandement du Maréchal de Rieux, capitaine de la ville de Dinan, (il dissipa la plupart de ses biens et sa descendance eut bien du mal à tenir son rang), épousa en première noce le 19 octobre 1498 Guillemette de Malor, dame de Desmellen et de Marzein, décédée en 1507, fille de Jacques de Malor, seigneur de Marzein, et d’Anne Auger ; en seconde noce Françoise Laurens, fille d’Olivier Laurens, seigneur de Launay, et de Jeanne Thomelin, veuve d’Yves Loret, seigneur du Poulduc, d’où :

    du premier lit :

    1° Gilette, dame de Desmellen et de Marcein, épousa le 6 janvier 1511, mariage organisé en 1506 par Anne de Bretagne qui éleva la seigneurie de Marcein au rang de baronnie, Marc-Pierre de Carné, chevalier, seigneur de Marcein du chef de sa première femme, devenu baron de Marcein par lettres de la duchesse Anne, gouverneur de Brest, né vers 1494, décédé le 15 juin 1553 à Brest, seigneur de la Boire, la Salle, la Larnière, la Touche-Carné, Prassay, le Castiller et Quéhélec, le tout en Sérent, recensé lors de la réformation de 1536, capitaine général de l'arrière-ban de Vannes en 1535, gouverneur de Guérande le 25 août 1536, gouverneur de Brest, député de Etats de Bretagne vers le Roi de France en 1538, grand Panetier de la reine Claude de France, chambellan du Roi de France François Ier, chanson du Grand Dauphin François, futur Roi de France, grand veneur de Bretagne et Grand maître des Eaux, Bois et Forêts de Bretagne, par lettres du 30 octobre 1548, données par Henri II, roi de France, après le décès de Louis du Perreau, d’où postérité (voyez généalogie de Carné barons de Marcein, vicomte de Saint-Nazaire) ;

    du second lit :

    2° Tristant, qui suit ;

    3° Ponceau, marié en 1514 à Madeleine Boissot ;

    4° Jeanne, mariée le 15 août 1526 à Pierre Ermar, seigneur de Coëtdolo

    5° Sulpice.

     

    VI° Tristant de Rohan, chevalier, seigneur de Heinlex et de Poulduc, décédé en 1561, resta sans bien par la dissipation de ses père et mère ; marié en 1523 à Adelice ou Alix de Bréhant, d’où :

    1° Jean ;

    2° Yves ;

    3° Louis, qui suit ;

    4° Isabeau ;

    5° Françoise ;

    6° Catherine ;

    7° Jeanne.

     

    VII° Louis de Rohan, chevalier, seigneur du Poulduc, et de Heinlex mort en 1584, marié en 1577 à Michelle de L'Hospital, fille de Michelle de l'Hopital, seigneurs de La Rouardais, et de Jeanne Cadio, d'où :

    1° Jérôme, qui suit ;

    2° Samsonne, épouse de Francois Josset, seigneur de Kerfredoux.

     

    VIII° Jérôme de Rohan, chevalier, seigneur du Poulduc et de Heinlexmarié en 1610 à Julienne Le Metayer, fille de Grégoire Le Métayer, sieur de Kerbalot, d'où :

    1° Isaac, qui suit ;

    2° Anne, mariée en 1638 à Jean de Coetlagat, seigneur de Clegrio.

     

    IX° Isaac de Rohan, chevalier, comte du Poulduc et seigneur de Heinlex, inhumé le 8 janvier 1678 en l'église des Jacobins de Guérande ; sans fortune, il était un gentilhomme en sabots qui vivait à Guérande, ses cousins Rohan-Chabot et Rohan-Soubise lui intentèrent un procès en bâtardise au prétexte qu'il était d'une branche protestante, il eut alors un soulèvement général dans toute la Bretagne en sa faveur ; marié en 1638 à Aliénor de Kerpoisson, dame de Kercabus à Guérande, baptisée à Saint-André des Eaux le 18 novembre 1609, inhumée à Guérande le 13 juin 1633, fille de Jean de Kerpoisson, et de Jeanne de Kercabus, dame de Kercabus à Guérande, native de Saint-Lyphare, (elle était veuve de René Rouault, mort en 1639, dont elle avait un fils, René Rouault, seigneur de Trégniel Lanvaux), d'où :

    1° Jean-Baptiste, qui suit ;

    2° Jean, chevalier du Pouduc, seigneur de Heinlex, mort en 1726, marié 1er avec Louise de Guygenou ; 2e à Guérande, avec dispense de parenté au 3e degré, le 26 juillet 1683 en l'église Notre-Dame, avec Marie Le Tresle (ou Trello), dame de Chateauloup ; d'où du premier lit :

    2a° Jean-Baptiste, baptisé à Guérande le 3 décembre 1679, inhumé à Saint-André-des-Eaux le 21 décembre 1679 ;

    2b° Jean-Emmanuel, né à Guérande le 31 mars 1681, baptisé à Guérande le 15 avril 1681, inhumé à Saint-André-des-Eaux le 2 août 1684.

    3° Anne, mariée : 1er à Guérande le 8 janvier 1660 en la chapelle de La Madeleine, avec René de Kerpoisson, écuyer, seigneur de Trevenegal ; 2e le 22 mai 1666 à Guérande, en l'église Saint-jean, avec François de Brouhel (ou Broël ou Brouel), seigneur de La Négrie (ou Lanegry), tout deux morts en 1681, leurs enfants furent mis en tutelle à Saint-Nazaire chez leur oncle Jean de Rohan.

     

    X° Jean-Baptiste de Rohan, chevalier, comte du Poulduc, seigneur de Kercabu et de Brevellec, mort en 1711 ; marié le 7 aout 1690 à Saint-André des Eaux avec Pelagie Martin, dame de Chateaulon, fille de René Martin, sieur de Chateaulon, et de Marie Le Tresle ; d'où :

    du premier lit :

    1° Jean-Baptiste, qui suit ;

    2° Marie, née à Guérande le 3 août 1693, baptisée le 6 août ;

    3° Jean-Louis, né le 30 décembre 1695 à Guérande, baptisé le 1er janvier 1696, seigneur de Heinlex, à la mort de son oncle Jean, il reçut chez lui les membres de la conspiration de Pontcallec qui se réunissaient au manoir sous déguisements de paludiers, il s'enfuit comme son frère en Espagne, mais bénéficia de lettres de Grace du Roi en 1734, revenu à Saint-Nazaire, il fit aveu en 1735 pour sa seigneurie de Heinlex, il al vendit en 1749 à Zacharie-Gabriel Buard, notaire royal à Guérande 

    4° Sévère, (fille), baptisée le 7 mars 1697 à Guérande ;

    5° Prudentiane ou Prudence, née en 1695, décédée le 13 mai 1733 à Guérande, inhumée le lendemain en l'église Notre Dame ;

    6° Marie-Marquise, née à Guérande le 18 juin 1700, baptisée le lendemain ;

    7° Jean-Joseph, mort en nourrice à Escoublac chez Guillaume Le Querré, inhumé en l'église d'Escoublac :

    et avant son premier mariage :

    8° Julien Adelis, fils de la servante de son grand-père, Marie Adelis qui le 28 janvier 1679 à Saint-Nazaire jura sur l'Evangile au prêtre en présence du Sénéchal de la vicomté de Saint Nazaire et du procureur fiscal que l'enfant qu'elle avait mis au monde dix jours avant avait pour père le fils aîné du comte du Pouldu-Rohan, l'enfant fut élevé à Henleix.

     

    XI° Jean-Baptiste de Rohan, chevalier, comte du Poulduc, seigneur de Kercabu, né et baptisé à Guérande le 17 décembre 1691, ondoyer en la maison de son père, baptisé le 18 décembre, décédé en 1755 ; à 28ans il participa à la conspiration des gentilshommes bretons dite de Poncallec, le 15 août 1719 à la tête d'une troupe de paysans il mit en fuite des soldats venus collecter l'impôt, il fuit en Espagne en 1720 à bord d'une corvette espagnole encrée en face de la presqu'île de Rhuys, et est condamné par contumace par la chambre royale établie à Nantes, comme on le savait très épris d'une demoiselle de Kercabuz de Soursac on arrêté la demoiselle à Guérande, interrogée par monsieur d'Evry, celle-ci lui répondit qu'elle et Jean-Baptiste étaient très épris, mais que « quand on en est là, vous devez savoir, monsieur, l'on ne songe guère aux affaires publiques, d'autres pensées vous occupent. » Il entra au service de Philippe V dont il devint exempt des garde et brigadier de ses armées, et épousa une riche et noble espagnole d'origine flamande en 1723, Marie Louise de Velthoven, fille de Guillaume de Velthoven, grand d'Espagne, colonel de dragons brigadier des armées de Sa Majesté Catholique, d'où quatre :

    1° Emmanuel-Bonaventure-Jean-Baptiste-François-de-Paul-Antoine-Cyriaque, né à Madrid en 1724, bénéficia de lettres de naturalisation françaises en février 1734 ;

    2° François-Marie-des-Neiges-Emmanuel, comte de Rohan-Poulduc, né à Madrid en 1725, fit ses études au collège des Jésuite de La Flèche, fut attaché très jeune au service de Don Philippe de Bourbon qu'il accompagna en Italie en 1742 quand celui-ci fut investi du duché de Parme, et en devint le grand veneur et le premier-gentilhomme, (il devint ensuite roi de Naples), devenu chevalier de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, de Rodes et de Malte, il finit grand-maître de cet ordre en 1775, et mourut à La Valette en 1797 ; il eut plusieurs bâtards de Giovanna Crespi, tous reconnus par l'époux de paille de celle-ci Lorenzo Fontani ;

    3° Jean-Leonard-Gabriel-Raimond, abbé de Monlieu ;

    4° Marie-Pélagie-Louise-Gabrielle, bénéficia de lettres de naturalisation française en février 1734, mariée à Guérande, par contrat du 15 avril 1737, et religieusement le 30 avril 1737, avec François de Bossan, comte de Groesquer, seigneur du Bossan, de Kergallan et de Moulinbleau, son acte de mariage indique le prédicat de Très Haute et Puissante Demoiselle alors que son mari a le prédicat de Puissant Seigneur.

     

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    Portrait de François-Marie-des-Neiges-Emmanuel  de Rohan-Poulduc conservé au Musée de la Légion d'Honneur.

     

    Louise-Germaine du Coudray

     

    Les Rohan vendirent entre 1730 et 1748 Henlex à Louise-Charlotte du Coudray, dame de Chevigné, épouse d'Alexandre Guillermo de Tréveneuc, seigneur de Tréveneuc et de Darun. Celle-ci revendit la seigneurie en 1749 à Zacharie-Gabriel Buard, notaire royal à Guérande.

  • Le Château des Charmilles, dit Chateau de Porcé, à Saint-Nazaire, quatrième partie

    Quatrième époque, 1948 à aujourd'hui : La ville de Saint-Nazaire.

     

    L'ensemble du domaine, qui s'étend pour l'essentiel entre la plage et la route de Pornichet, avait pour avantage d'être limitrophe de la propriété Port-Gavy, achetée à la famille Lebesque en 1929 pour l'installation d'un hospice de vieillards, et qui fut ensuite le siège de l'école d'infirmières. Le Conseil municipal délibéra le 13 octobre 1949 sur la création de la fondation demandée par la testatrice. On repoussa la suggestion de création d'un sanatorium " en raison du climat marin de notre pays " (sic). Il fut adopté la création d'un orphelinat agricole et artisanal, en raison de la présence de la ferme, et des sœurs de La Sagesse qui desservaient l'hospice de Gavy. On argumenta aussi qu'il n'existait pas d'orphelinat laïc sur la commune. La réalisation de cet orphelinat n'eut finalement pas lieu pas plus que la création de la Fondation, ce qui était illégale attendu qu'il n'y a pas eut d'arrêt modifiant les conditions du legs. Ouest-Matin du 6 septembre 1954 annonça que le collège technique de La Baule s'installa au " château Raffegeau ". Pour ce faire on transforma la disposition intérieure du bâtiment et supprima les balcons de bois et la véranda sur la façade sud. L'étage accueillit les dortoirs et l'infirmerie, le réfectoire au rez-de-chaussée, qui devait aussi accueillir les internes du collège, mais trop exigu il était déjà projeté de faire deux services, (le journal précise que la cuisine fut aussi installée à ce niveau, mais dans l'annexe sur l'état actuel de la demeure nous verrons qu'elle est en fait au sous-sol, c'est la cuisine originelle qui était au rez-de-chaussée). Deux baraquements furent construits dans le parc pour loger le personnel, trois autres déplacés depuis La Baule pour servir de dortoir et de salle d'étude, il n'est pas précisé le devenir des anciennes écuries et dépendances, mais il semble qu'elles furent détruites plutôt qu'aménagées, le bâtiment construit par les Allemands en face de la façade est du château fut aménagé et crépi, enfin le surveillant-général fut logé dans la villa en bord de plage dont les murs qui avaient soufferts d'impacts furent couverts d'un épais crépi eux aussi.

     

    Voici le plan du 1er étage avec les transformations pour en faire l'internat :

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    1 palier intermédiaire

    2 niveau du 1er étage

    3 escalier vers le grenier 

    4 escalier vers le rez-de-chaussée 

    5 tour (WC)

    6 chapelle transformée en bibliothèque (niveau surélevé par rapport à celui du reste 1er étage)

     

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    1955, archives municipales

     

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    1955, archives municipales

     

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    1955, archives municipales

     

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    1955, archives municipales

     

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    Juillet 1957, coll. L.O.M

     

    Le Lieu ne se prêta jamais à l'enseignement, il aurait fallu bâtir des immeubles supplémentaires. Le 5 janvier 1967, la section locale de l'association des Paralysés de France reçut l'usage du château pour l'installation d'une école pour enfants handicapés physique. Malgré l'aménagement de rampes en dur, et la largeur des portes, le lieu n'était pas non plus adapté à cet usage. Le premier étage restait inutilisable par les enfants. Ouest-France du 5 janvier 1974 relata le besoin imminent de cette école de quitter les lieux pour des locaux adaptés, ce qui fut fait à Méan rue Ernest Rénan le 3 novembre 1978. On laissa la place à des ateliers théâtre et danse, des cours d’accordéons donnés par le centre de Culture Populaire, expulsés en 1982.

     

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    1984, coll. S.P.

    En 1983 la mairie espéra transformer le château en lieu de découverte sur le sujet de la mer, puis en Eco-Musée,  ou de l'affecter au profit des enfants du centre de Bonne Anse. On tarda et monsieur Batteux nouveau maire fit murer le bâtiment. Laissé à l'abandon, toitures et et planchers du grenier et du premier étage s’effondrèrent. En janvier 2012 l'état des ruines est véritablement critique, l'intérieur a été saccagé, mettant en péril le reste de la structure, une intervention de conservation devient indispensable, mais le maire de Saint-Nazaire, monsieur Batteux, a fait savoir par voie de presse qu'il désire que le tout s'effondre tout seul... ce qui se fera bientôt, car les Nazairiens ne se mobilisent pas pour leur patrimoine par manque d'information !



    La ferme fut rasée pour faire place au collège, les écuries le furent pour la salle de sport, la maison dite « Pornichette » près du portail d'honneur fut transformée en école avant d'être rasée à son tour pour être remplacée par des bâtiments plus fonctionnels.

     

    (Sources : Archives de Saint-Nazaire, et enquête de voisinage)

     

     

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    2010

  • Le Château des Charmilles, dit Chateau de Porcé, à Saint-Nazaire, troisième partie

    Troisième époque, guerre et après-guerre, 1940-1948 :

     

    Au moment de l'invasion allemande, le personnel et les malades de la clinique des Pages, toujours propriété de madame Raffegeau, trouvèrent refuge au château. Mais l'invasion allemande se fit sur toute la Bretagne, et les forces d'occupations obligèrent ces gens à retourner à la Clinique des Pages, et de faire place à des officiers. Madame Raffegeau était alors à Saint-Germain-sur-Moine.

    Les forces d’occupations firent construire à proximité du portail d’honneur le long de la rue de La Vecquerie, la Flakturm Nz 351, un blockhaus-tour qui servait de poste de commandement pour la défense contre l'aviation. Composé de trois étages, sur une base de 16 m 30 x 24 m 45, cette tour contenait l’appareillage pour la réception et l’exportation des renseignements, et une binoculaire d’observation. Des annexes pour loger des bureaux et du matériel furent construites en parpaings dans le parc. Le château et ses dépendances devinrent un lieu d’habitation pour les soldats et leurs officiers. L'ensemble fut doté de groupes électrogènes alimentés au bois. Pour cela, les troupes d'occupations coupèrent à blanc les bosquets et bois environnants, mais comme le bois vert fumait beaucoup, ils se rabattirent sur les portails des maisons voisines désertées. Il est à noter cependant que le château et ses dépendances furent préservées par les troupes d'occupation, et qu'à leur départ les bâtiments étaient en bon état, et le mobilier toujours présent. Ce sont les autorités municipales à la libération qui firent vider le château de son contenu, expédié au château d'Heinlex.

     

    A la libération de la poche de Saint-Nazaire le 11 mai 1945, les Nazairiens évacués par l'occupant découvrent une ville qui n'existe plus. Il fallut trouver à se loger, et les baraquements apportés par l'armée étasunienne, qui perdureront pour certains jusqu'en 1976, ne furent pas suffisamment nombreux. Le domaine fut alors réquisitionné par la municipalité et vidé de ses meubles comme nous l'avons écrit plus haut. Un seul meuble resta en place, le dressoir de la salle à manger. Il fut, à la demande du couple Leulier, déplacé par l'époux de l'ancienne dame de compagnie de madame Raffegeau, (et plus tard offert à eux), qui ce couple résidait sur le domaine avec accord de l'exécuteur testamentaire, et furent bientôt rejoints par des membres de familles autrefois au service du docteur et de son épouse. Des appartements furent constitués dans le château pour six familles, (Dugast, Hascouët, Legrand, Estasse, etc.), des artisans logent leurs ateliers dans les dépendances, (famille Trompête qui avait renommé le pavillon " La Boite à Musique").

     

    La municipalité de Saint-Nazaire, informée du lègue et de l'affaire qui lui était liée, accepta celui-ci sur délibération du conseil tenue le 14 avril 1944 à Pornichet, et s'associa à la famille Raffegeau. Ils obtinrent par jugement du tribunal civil de Cholet la confirmation de la validité du testament de 1932 le 19 juillet 1946, décision confirmée par la Cour d'appel d'Angers le 14 avril 1948, déclarant nul le testament du 24 avril 1942 et seul valable celui du 2 novembre 1932, avec ordre d'exécution, sous réserve des accords convenus entre madame Leulier et Emile Sandemont. La famille Raffegeau tenta cependant de contester l'étendu du lègue fait à la commune de Saint-Nazaire, prétextant qu'il ne concernait que les propriétés sises en bordure de plage. La commune accepta la réduction d'un million sur le lègue fait en numéraire et rentra enfin en possession de 22 ha constitués du Château des Chamilles et ses dépendances, la villa les Mouettes, la maison Pornichette, la ferme de La Vequerie, ensemble estimé d'après le journal Populaire du 6 septembre 1950 à 17 millions de Francs. Le mobilier qui avait été remisé au château d'Heinlex fut alors mis en vente ; c'est ainsi qu'un secrétaire se retrouva chez un couple du chemin des dame (depuis revendu, on ignore ce qu'il est advenu), la table ronde de la salle à manger et six chaise, sigillées d'un B et d'un V, chez un couple qui les possèdent encore, etc.

     

    (Sources : Archives de Saint-Nazaire, enquête de voisinage et souvenirs précieux des petits enfants des anciens métayers de madame Raffegeau, ainsi que du fils de l'ancienne dame de compagnie de madame Raffegeau.)

     

    Voici des vues du domaine du château de Port-Cé  prisent en 1952. Ces photographies sont la propriété des archives municipales, elles sont référencées avec des numéros devant se rapporter à un plan perdu ; il s'avère que l'auteur est en possession d'un exemplaire de ce plan qui avait été remis aux héritiers Raffegeau.

     

    Le château 

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    façade sud

     

     

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    Est

     

     

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    Nord

     

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    angle Sud-Ouest, avec un bâ

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    vue arrière du garage des Allemands

     

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    le garage coté est

     

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    les écuries

     

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    menuiserie

     

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    les communs 

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    les communs

     

     

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    maison de la plage dite " villa Les Mouettes "

     

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    la conciergerie

     

     

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    maison du gardien

     

     

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    maison dite " Pornichette " devenue école, puis rasée pour faire place à l'école F. Buisson

     

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    "Pornichette"

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    écuries de " Pornichette"

     

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    " Pornichette "

     

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    batiment allemand servant de sanitaires, avec le château d'eau de La Vecquerie

     

     

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     un garage construit par les Allemands à côté de " Pornichette "

     

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    Ferme de La Vecquerie

     

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    Grange de la ferme

     

     

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    Plan de situation, cliquer pour agrandir

  • Le Château des Charmilles, dit Chateau de Porcé, à Saint-Nazaire, seconde partie

    Seconde époque, le Château de Port-Cé, 1908-1943 :

    Le docteur Raffegeau et son épouse.

    Monsieur et madame Raffegeau achètent le château des Charmilles en 1908, au marquis de Montaigu. Le docteur Raffegeau connaissait déjà Saint-Nazaire et la presqu'île guérandaise, il était en effet employé durant la saison des bains de mer par madame Boju de la Monnelière, propriétaire de l'Hôtel Regina à Batz. Elle lui fit acquérir une maison sur place au moment de son mariage, le manoir de Landévénec à Batz sur Mer, une villa de 8 pièces dans le goût médiéval dotée d'un vaste jardin, face à l'océan. A la suite de la mise en vente de l'hôtel en 1908, le docteur décida d'acquérir les Charmilles alors en vente, et vendit sa maison de Batz.

    Les Raffegeau firent repeindre en blanc les boiseries extérieures de la maison principale, auparavant en rouge de Balz, ils installèrent le chauffage central et créèrent de salles de bains ; au temps des Bord l'eau provenait des citernes du parc, un château d'eau fut construit par la municipalité au bord de la route de La Vecquerie, la propriété fut alors pourvue de toutes les commodités modernes et hygiénistes. Sur une carte postale de la maison publiée en 1908, on distingue à une fenêtre de l'étage le docteur Raffegeau, et son épouse à celle de la véranda. Les Raffegeau employaient environ six personnes en permanence, ce qui était peu pour une maison de cette taille à l'époque. Le mobilier était pour l'essentiel celui des Bord acquis avec la maison, un mobilier commandé par Gustave Bord après son mariage, en noyer, dans un style pseudo Louis XIII et Henri II. L'acquisition par les Raffegeau avait un but commercial, comme nous l'expliquerons plus loin.

     

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    Le château avec aux fenêtres le docteur Raffegeau, son épouse, et une partie de don personnel,

    vers 1910. Coll. L.O.M.

     

    Donatien-Vincent-Marie Raffegeau, (Saint-Germain-sur-Moine 30 avril 1855 - 16 mai 1931 Saint-Germain-sur-Moine). Sa famille vivait depuis toujours à Saint-Germains-sur-Moine, une bourgade du Maine et Loire qui compte 2700 habitants 2011, on y trouve un Georges Raffegeau né en 1564, c'est de lui dont est issu le docteur, s'étaient des artisans sabotier de père en fils depuis des générations. Son père, prénommé lui aussi Donatien, (1815-1881), n'échappa pas à cette activité et posséda une petite manufacture ; sa mère, Louise Poilâne (1815-1903) était elle aussi d'une famille depuis toujours implantée à Saint-Germain-sur-Moine. Le petit Donatien s'avéra un très bon élève, et d'une intelligence supérieure, on l'expédia au petit séminaire de Beaupréau. Jugé inapte au service militaire par le conseil de révision, il entreprit des études de médecine à la Faculté d'Angers, il rencontra le professeur Charcot et en devint le disciple, faisant deux ans d'internat à Charenton. Il se spécialisant en psychiatrie, une science médicale alors toute nouvelle, il soutient le 23 février 1884 une thèse intitulée "Du rôle des anomalies congénitales des organes génitaux dans le développement de la folie chez l'homme" (58 pages, Imprimerie A. Davy, 1884), et fut reçu docteur en médecine le 1er mai suivant. et devient chef de service à l'asile du Vinet (Yvelines) où il exerça durant trente ans, parallèlement il participa à l'étude de la transmission de la " folie " et en 1886 affirma que la " dégénérescence est la suite de l'hérédité ". Il achète en 1890 au Vésinet une propriété de 2ha, la " Villa des Doges ", où il fonde pour une clientèle fortunée une clinique psychiatrique baptisée Villa des Pages1) (établissement encore existant) où, associé au docteur Mignon, il soignait à base d'hydrothérapique, d'électrothérapie, de bains hydroélectriques sulfureux ou térébenthinisés, l'anémie, l'obésité, la morphinomanie, la dipsomanie et particulièrement la neurasthénie, mais aussi l'épilepsie. Sa clinique avait des procédés si avant-gardistes , qu'à l'exposition internationale de Bruxelles en 1897 il reçut une médaille d'argent. 

    Le docteur Raffegeau fut une sommité dans son activité, et en août 1900 à l'occasion d'un Congrès international de l'hypnotisme expérimental et thérapeutique, sa clinique fut l'objet d'une visite officielle d'officiels de la République et de médecins français et étrangers. Il y eut pour patients le ministre Louis Barthou (assassiné au coté du roi Alexandre Ier de Serbie à Marseille en 1934), Édouard Herriot, (maire de Lyon, député, puis sénateur), l'écrivain Paul Bourget, mais aussi Marguerite Steinheil, la célèbre " connaissance " du président Félix Faure, qui après son acquittement dans le procès qui lui fut intenté au sujet de l'assassinat de son époux et de sa mère se réfugia chez lui, à la villa Chantemerle, où il résidait au Vésinet, le 16 novembre 1909. Ce séjour causa bien des soucis à Vincent Raffegeau, plus quarante voitures de journalistes investirent le parc de sa clinique et il dut demander aux forces de l'ordre d'intervenir afin de les faire sortir de son établissement et d'arrêter de faire le siège de sa maison !

     

    Le docteur Raffegeau passa dix années à agrandir sa clinique, achetant des parcelles supplémentaires, multipliant les pavillons, il argumentait à ce sujet " Le service en est certes plus difficile et réclame un plus nombreux personnel, mais les avantages qu'on en retire sont une large compensation. ". L'acquisition de Port-Cé s'était faite dans le but compléter sa clinique en proposant à ses clients un séjour au bord de l'océan, dans un espace calme et retiré : madame Raffegeau y faisait office d'hôtesse, assistée par des infirmières et des employés de maison(2). Les convalescents participaient à des activités de relaxation, gymnastique, et natation, le docteur avait fait construire des cabines de bain sur la plage, à l'emplacement du renfoncement dans la roche à l'Ouest, l'épicerie Grenapin fournissait alors l'alimentation, mais aussi les journaux, et des ouvrages et du matériel de couture, de crochet et de tricot. La maison du bord de plage, dite " Les Mouettes ", abritait à elle seule une dizaine de lits, elle fit l'objet d'un cambriolage, constaté le 17 janvier 1921, par Morel, le jardinier : on avait emporté les garnitures des lits (3).

    Le 24 septembre 1932, une volante tempête frappa la côte, les rafales de vent déracinèrent plusieurs grands chênes dans le parc, l'un d'entre eux tomba sur l'une des annexes où logeaient au premier étage une employée, la jeune femme ne fut pas blessée, mais eut une très grande frayeur (4).

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    vers 1910. Coll. L.O.M.

     

    Donatien Raffegeau fut conseiller municipal du Vésinet avant 1900, il ne fit pas de carrière politique, mais s'intéressa toujours à la vie dans les communes où il résidait. Sa commune de naissance le sollicita pour en devenir maire aux élections de mai 1908, il entra au conseil municipal le 10 mai, et fut élu maire le 17 mai avec 10 voix contre une à Jean Pasquier, qui deviendra premier adjoint et qui gérera la commune, le docteur Raffegeau ne faisant que trois ou quatre passages par an à la mairie, car résident au Vésinet, il sera cependant réélu à quatre reprises et décédera en fonction dans son village natal où il  laissa un souvenir impérissable par son humanisme et sa charité, ainsi que par l'application d'une politique hygiéniste ; il y fonda un bureau de bienfaisance et la Société de tir à la préparation militaire. En 1910, il fonda un établissement de bain douche gratuit pour les enfants du Vésinet, fut bienfaiteur de la la Société Coopérative des Habitations à bon marché du Vésinet, etc. Aujourd'hui la rue principale de cette commune porte son nom. Il offrit de son vivant une statue de Jean d'Arc érigée près de l'église le 31 juillet 1914, et le 29 octobre 1930, il fit avec sa femme un don de 200000 frs à la commune pour installer une sœur infirmière pour des soins à domicile, l'instauration d'un foyer pour personnes âgées sous la direction de religieuses et le paiement des journées d'hospice aux vieillards indigents. Cet établissement créé sous le nom de fondation Raffegeau, ouvrit en 1932, il devint établissement public le 23 juin 1947, puis maison de retraite sous le nom de " Résidence des Sources ", existe toujours et conserve dans son hall les portraits du docteur et de son épouse, reproduits en annexe III. Au Vésinet, en dehors de différents dons charitables, il offrit en 1927 à la ville la statue du cerf qui orne le rond-point Royal, Il reçut la Légion d'Honneur pour son dévouement auprès des blessés de la Grande guerre, par décret du 9 septembre 1923. En effet, durant le conflit, il fut médecin-chef bénévole de l’Hôpital auxiliaire N° 30 au Vésinet, à ses frais des réfugiés, et soigna gratuitement une partie des pauvres du Vésinet. Son dossier conservé à la Chancellerie précise qu'il était en 1923 membre titulaire de la société médico-psychologique, de l’association de l’association pour l’avancement des sciences et vice-président de la Société de psychothérapie.

    Il avait épousé à Paris 6, le 21 mai 1885, Cécile-Louise Carpentier, (Paris 9e 25 octobre 1864 - 9 octobre 1943 à Saint-Germain-sur-Moine), fille d'un marchand de couleurs parisien. Le docteur et madame Raffegeau n'eurent pas d'enfant, le docteur et son épouse avaient convenu en 1930 de se léguer au dernier vivant l'ensemble de leurs biens, mais hors contrat ils avaient convenu qu'à la mort du dernier d'entre eux, les biens venant de leurs familles respectives iraient à leurs plus proches parents, et que les biens acquis durant leur vie maritale seraient légués à des œuvres de charité. De ce fait, par testament olographe du 2 novembre 1932, madame Raffegeau précisa ses legs et institua son neveu par alliance, Pierre-Charles Raffegeau, exécuteur testamentaire. ce testament fut confié à son confesseur, le Père Amiot, avec le devoir pour lui de l'envoyer à maître Vachet, notaire à Cholet, à son décès.

     

    A la suite de l'invasion allemande, Cécile Raffegeau se réfugia dans la maison natale de son époux. Elle y abrita d'autres réfugiés dont Emile Saudemont, (Santes 26 juin 1898 - 14 août 1950 - Saint-Germain-sur-Moine), un comptable venu du département du Nord, séparé de son épouse Jeanne Louise Adrienne Renelde Juste. Emile Saudemont prit l'ascendance sur madame Raffegeau et profita tant de sa générosité que de son grand âge, aidé pour cela par l'infirmière de madame Raffegeau, qui s'arrangea pour que sa fidèle servante, Marie-Rose Danilo, soit congédiée, (on ignore ce que sont devenus les Morel, la famille de jardiniers qui assurait le gardiennage des Chamilles). Emile Saudemont l'isola et obtint peu à peu la gestion de son patrimoine, prenant le titre de " gérant de culture " et de sa fortune estimée en 1944 à quarante millions de Francs, (soit 733 242 590,22 d'euros de 2012 d'après l'INSE), allant jusqu'à vendre à son profit des immeubles, et enfin obtint le 27 avril 1942 un testament l'instituant légataire universel et révoquant les testaments précédents. Madame Raffegeau mourut le 19 octobre 1943 à Saint-Germain-sur-Moine. Son décès fut déclaré par Emile Saudemont. Le dernier testament fut contesté par madame Leulier, née Renée Marie Hardy, (Paris 6e 9 août 1886 - 29 juin 1977  Le Vésinet), fille de la sœur de Cécile Raffegeau. Celle-ci décida avec Emile Saudemont un arrangement lui laissant la propriété d'une ferme et le quitus de la gestion, ce qui évita un procès. Elle se retrouva héritière universelle de sa tante, étant sa seule parente directe du fait de la donation au dernier vivant entre les époux Raffegeau en 1930. Cependant, informé du décès, le père Amiot envoya le 28 janvier 1944, au successeur de maitre Vachet, maitre Gruau, notaire à Cholet, le testament de 1932. officiellement déposé le 18 février 1944 au rang des minutes de maître Gruau, le testament de 1932 mentionne en son article VI le legs par madame Raffegeau de " tous mes immeubles de Port-Cé, sauf les " cabines " (légué à une de ses amies, décédée avant elle) et une somme de cinq millions de francs à la commune de Saint-Nazaire, sous conditions expresses : 1° d'y créer un sana-prévention ou orphelinat agricole et artisanal pour enfants malheureux, indigents de la commune et région, sous le nom de " Fondation du Docteur Donatien Raffegeau " ; 2° et d'en conférer la gérance à une œuvre religieuse. En cas de refus, ce legs irait au docteur Leulier, mon neveu, s'il se conforme à ces conditions. " La commune de Saint-Germain-sur-Moine reçut elle aussi une somme de cinq millions, avec la maison familiale dans le bourg et la ferme de l'Eventar, sises sur cette commune, (rappelons que monsieur et madame Raffegeau avaient fait un don à cette commune pour la création d'un hospice dès 1930). Les autres légataires étaient : Pierre-Charles Raffegeau, (Paris 13 27 décembre 1892 - 23 janvier 1969 Paris 4), chef de service à la Banque de France, chevalier de la Légion d'Honneur pour bravoure militaire, (deux blessures et quatre citations), célibataire, demeurant à Paris 70 rue de Saint-Louis en l'Ile, nommé exécuteur testamentaire, (il fut ensuite président de la société de la Tour Eiffel et officier de la Légion d'Honneur le 31 octobre 1961) ; le docteur Paul-Louis-Gustave-Marie Raffegeau, (Paris 133 février 1895 - 15 novembre 1962 Maintenon), demeurant à Maintenon, (une rue y fut baptisée en son honneur), époux de Germaine-Julie-Françoise Minier, (Paris 11 25 avril 1890 - 22 mai 1974 Paris 5) ; Marie-Louise-Cécile-Joséphine Raffegeau, (Paris 13e 20 janvier 1896 - 6 avril 1983 Paris 6), épouse de Maurice-Louis-Auguste Lamy, (Morez 27 mars 1891 - 4 février 1959 Morez), demeurant à Paris 13 rue Bréa ; et Geneviève Raffegeau, (Paris 13 25 janvier 1905 - 23 novembre 1978 Paris 4), célibataire, pharmacienne, (inventeur d'un thé laxatif), demeurant à Paris, 3 rue de l'Amiral Mouchet, (tous frères et sœurs, enfants du frère de Donatien : Pierre-Antoine-Vincent-Marie Raffegeau, et de son épouse Marie-Victoire-Charlotte Meurdra) ; et madame Leulier, veuve du docteur Leulier, neveu de madame Raffageau-Carpentier. Les parents du docteur, cohéritiers du fait du testament de 1932, entamèrent un démarche auprès des tribunaux, faisant valoir celui-ci, argumentant la volonté de respecter la mémoire de son époux par madame Raffegeau, l'accord entre madame Leulier et monsieur Saudemont fut remis en question, le tribunal statua que Cécile Raffegeau était physiquement et mentalement diminuée au moment de la rédaction du testament de 1942 et le cassa définitivement, mais les héritiers avaient omis que les municipalités Saint-Germain-sur-Moine et de Saint-Nazaire étaient elles aussi cohéritières, le procès dura jusqu'en 1948, l'ensemble des biens de monsieur et madame Raffageau devaient rester sous scellés, mais ils furent en réalité occupés comme nous l'expliquerons dans le chapitre suivant.

     

     

    Le docteur et madame Raffegeau reposent au cimetière de Saint-Germain-sur-Moine, ils ont laissé le souvenir de gens doux et aimants, extrêmement généreux. A Saint-Nazaire quelques personnes se souviennent encore que madame Raffegeau passait ses journées sur la terrasse abritée de sa maison, elle avait une vue dégagée sur la plage et sur le chemin qui y conduit, n'hésitant pas à inviter les passants à avenir lui faire la conversation.

    La municipalité de Saint-Nazaire et la famille Raffegeau obtinrent par jugement du tribunal civil de Cholet la confirmation de la validité du testament de 1932 le 19 juillet 1946, décision confirmée par la cour d'appel d'Angers le 14 avril 1948, déclarant nul le testament du 24 avril 1942 et seul valable celui du 2 novembre 1932, avec ordre d'exécution, sous réserve des accords convenus entre madame Leulier et monsieur Saudemont. La famille Raffegeau tenta cependant de contester l'étendu du lègue fait à la commune de Saint-Nazaire, prétextant qu'il ne concernait que les propriétés sises en bordure de plage. La commune accepta la réduction d'un million sur le lègue fait en numéraire et rentra enfin en possession de 22 ha constitués du Château des Chamilles et ses dépendances, la villa les Mouettes, la maison Pornichette, la ferme de La Vequerie, ensemble estimé d'après le journal Populaire du 6 septembre 1950 à 17 millions de Francs. Le mobilier qui avait été remisé au château d'Heinlex fut alors mis en vente ; c'est ainsi qu'un secrétaire se retrouva chez un couple du chemin des Dames, (depuis revendu, on ignore ce qu'il est advenu), la table ronde de la salle à manger et six chaises, sigillées d'un B et d'un V, chez un couple qui les possèdent encore, etc. 

     

    (Sources : Archives de Saint-Nazaire et du Vésinet, " La transmission de la folie, 1850-1914 ", de Jean-Christophe Coffin, Ed. L'Harmattan, 2003 ; Les élections municipales en Maine-et-Loire : coups de gueule et coups de poing ; Anne de Bergh, Archives et culture, 2008 ; La Curieuse Histoire du Vésinet, Georges Poisson, Société d'Histoire du Vésinet, Editeur, 1998 ; et article de Paul René Vallier publié en 2006 dans le bulletin municipal de Saint-Germain-sur-Moine ; témoignages oraux des enfants et petits-enfants des anciens employés du château.)

     

    1 Nommé ainsi en raison de deux statues lanterne en fonte figurant des pages en costume renaissance, se faisant face de chaque côté du parvis.

    2 Une partie de ce personnel, résident à demeure toute l'année, était déjà en poste du temps des Bord, l'autre partie était constituée de gens qui accompagnait madame Raffegeau dans tous ses déplacements et séjours. 

    cf. Ouest-Eclair du 18/01/1921

    4 cf. Ouest-Eclair du 25/09/1932, qui se trompe en disant qu'il s'agit de la fille du docteur.

  • Le Château des Charmilles, dit Chateau de Porcé, à Saint-Nazaire, première partie

     

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    Un château et son nom

     

     

    « Porcé, nid de verdure au bord de l'Océan,

    Où, doucement, le flot vient mourir sur la grève

    Reçois les compliments de ton obscur amant,

    Car, souvent, en ta crique il vient vivre son rêve...

    Emeraude enchassée dans un cercle d'argent ! »

    Guy Folklore, novembre 1927

     

    Château de Port-Cé en aout 2009, photo L.O.M..

     

    Port-Cé ou Porcé, les cartes ne sont pas d'accord sur l'orthographe du lieu, en fait le nom original est Port Ségurand, ou encore Port Ségouran, du latin Portus-Séguranus, c'est à dire " port protégé ". Sous le règne de Louis XIV, les Romains étaient à la mode, et l'on chercha le lieu où s'abrita avec sa flotte Jules César durant les combats navals qui l'opposèrent aux Vénètes et aux Namnètes, entre l'estuaire de la Loire et celui de la Vilaine(1), on associa alors le nom de Port-Ségurand, orthographié parfois en Port-Sé au nom de Portus-Caesaris, en faisant alors Port-Cézaré, Port-César, puis Port-Cé, enfin Porcé(2), on y installa un corps de garde pour surveiller la côte, et le lieu fut alors cartographié Port-Cé… Bien que Port Ségurant soit le nom utilisé dans tous les actes seigneuriaux, le nom de Porcé apparaît pour la première fois sur la carte Cassini en 1783, rendant définitif son usage. On trouve encore les orthographes suivantes jusqu'au début du 20e siècle : Porsay, et Porçay.

     

     

    On y a retrouvé au 19e siècle des subductions de pierres et de briques qui furent attribuées aux Romains, mais faute de fouilles réelles la datation reste incertaine. 

    Port-Cé n'a jamais été une seigneurie, il n'a jamais comporté de manoir ou de château avant l'arrivée de la famille Bord. Avant la Révolution, c'était un fief, (comprenez un terrain qui se transmettait en partage noble), appartenant aux seigneurs du Bois-Jolland, inféodé à la vicomté de Saint-Nazaire, où l'on piégeait dans des nasses les poissons venuent frayer dans le ruisseau. L'aveu rendu le 13 septembre 1734 par Jacques Le Pennec, chevalier, seigneur du Bois-Jolland, du manoir de Lesnerac, de Trévécar et d'Escoublac, vicomte du Brontay, etc, commandant de la capitainerie des Gardes côtes de Saint-Nazaire, auprès de Perrine-Françoise de Carné, vicomtesse de Saint-Nazaire précise : « six erraux d'écluse à mettre borgne pour prendre poisson avec leurs issues, décharges et appartenances situées au rang des écluses de Ségurand, près le port dudit lieu, joignant d'autres côtés erraux appartenant au seigneur de Heinlex-Pommeraie, d'autre côté au erraux appartenant à Jacques Bernard, fils Mathurin, qu'il tienne prochement dudit seigneur de Bois Joalland » (A.D.44, E 572).

    Les propriétaires du lieu furent donc les familles Le Pennec, puis de Sesmaison.

    L'aveu du 13 septembre 1734 mentionne dans le dénombrement des biens de la famille Le Pennec seigneur de Bois-Joallan, dans ses articles 36 et 37 parmi les terres sises à Gavid (Le Grand Gavy) " l'escluse de Ségurand ". Puis à l'article 52 il est écrit : " Six erraux de terres autres erreaux appartenant au seigneur de Heinleix-Pommeraie, d'autre côté erreaux appartenant à Jacques Bernard, fils de Mathurin, qu'ils tiennent dudit seigneur de Boisjollan ".

    L'emplacement de l'école Ferdinand Buisson et du terrain dépôt des espaces verts de la ville (anciennes serres) était une vigne : " la vigne du Prieuré" ; elle appartenant en effet au Prieuré Saint-Jean-Baptiste de Saint-Nazaire suite à un don de Friold de Donges en 1079. Saisies à la Révolution, elles ont été acquises par les Sesmaisons. Rappelons que toutes les falaises de Saint-Nazaire étaient couvertes de vignes et que le vignoble nazairien couvrait 250 ha au 19ème siècle, 200 ha au 20ème siècle après que Pornichet soit devenue une commune. La vigne du Prieuré se trouvait réduite après la construction du château des Charmilles à la surface seule du dépôt municipale, elle subsistait encore en 1953 quand la municipalité entra en possession du domaine.

    Seuls bâtiments existant avant la construction du lotissement de Porcé : la métairie de La Vecquerie, propriété de la famille Goy, entre 1804 et 1854, qui devint, à force de rachat de parcelle par Alcide Bord, la ferme du Château de Charmilles. Mathieu Goy, (1792 - 1860), ancien capitaine au long cours, avait hérité de la Vecquerie de son Antoine Goy, qui lui-même l'avait acquise en 1804 suite à la liquidation de la succession de Claude-Louis-Gabriel-Donatien marquis de Sesmaisons. Mathieu Goy conserva pour son usage la maison qui fait l'angle de la rue de La Vecquerie et de la route de Saint Marc, qui était à la fois son logement et son commerce d'épicerie et de restauration, ainsi que trois parcelles de vignes. Il fut promu maire de Saint-Nazaire du 21 décembre 1830 au 22 octobre 1834, sous décision préfectorale. Mathieu Goy avait hérité La Vecquerie de son père, Antoine Goy, qui l'avait acquise en 1804 à la suite de la liquidation de la succession de Claude-Louis-Gabriel-Donatien marquis de Sesmaisons.

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    la plage de Porcé vers 1908, Coll. de l'auteur

    (on voit au fond les vignes de la famille Le Besque qui possédait le domaine voisin de Port-Gavy)

     

    Henri Moret nous apprend que l'on tenta de créer une sorte de station balnéaire à l'image de ce qui se faisait à La Baule, Saint-Marc, et Sainte-Marguerite, le commanditaire était Alcide Bord. Ces maisons sont toutes construites à partir de 1857-58 sur les dessins de l'architecte Alphonse Pinguet, (1832-1888)(3), comme le témoigne une pierre gravée sur l'une de ces villas qui ont toutes le même style, en grès enduit, briques et tuiles mécaniques, garnitures et balcons bois découpés, toutes baptisées de noms floraux : Les Acacias, sur la falaise, dont el premier propriétaire fut monsieur Blanchard, propriétaire d’une menuiserie rue de Nantes à Saint-Nazaire, dominant la plage près de l'ancien corps de garde transformé en chapelle par l'abbé Créton propriétaire suivant(4)

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    La plage, avec les Acacias, et l'ancien corps de garde devenu chapelle du chanoine
    Coll. de l'auteur
     

    Les Camélias, sur le chemin de La Plage ; Les Glycines qui se trouve à côté de l'école et est invisible depuis la rue, propriété de Constantin-Félix-Camille Nouvellon, (1837-1912), capitaine au long cours ; le chalet Le Chêne Vert, en bordure de plage, construit quant à lui sur un remblai de sable à l'emplacement de l'étrier marécageux dit " écluses de Séguran" et qui fut à l'industriel filateur Auguste Chérot, dont les façades ont depuis été très dénaturées [ajout 2018] ce chalet a été détruit au profit d'une demeure contemporaine plus vaste [fin ajout 2018] ; et enfin, le Château des Charmilles, connu à partir de son achat par monsieur et madame Raffegeau sous le nom de " château de Porcé ". Ce type de lotissements sera encouragé par la propagation des découvertes de Pasteur qui recommandera pour la santé les séjours balnéaires et les bains de mer pris par l'impératrice Eugénie et la reine Victoria.

    Commentaires sur la Guerre des Gaules : Ouvrage d'histoire en sept livres constitués de notes rédigées au fur et à mesure de la guerre par Jules César, et rassemblées vers 52-51 av. J.-C.

    2 cf. Fernand Guériff.

    3 François-Alphonse Pinguet, (Saint-Benoit-du-Sault 16 décembre 1832 - Saint-Nazaire 7 janvier 1888), fut d’abord professeur de langues à Montmartre, puis architecte à Nantes en 1857, collaborateur de l'ingénieur Paul Leferme, architecte-voyer de la ville de Saint-Nazaire en avril 1866, il a construit de nombreuses demeures et immeubles en ville, essentiellement autour de la place Marceau, ainsi que les Halles (aujourd’hui à Penhoët), en 1877, l'école (de garçons) de Saillé en 1882. Il était membre de la Société française pour la conservation des monuments historiques et en s'appuyant sur les observations du sol nazairien qu'il avait pu faire durant ses chantiers (cf. l'archéologue Léon Maitre au Congrès archéologique de France, séances générales tenues à Nantes en 1886). Il fut capitaine des pompiers de Saint-Nazaire, et vénérable de L'Etoile des Deux-Monde, loge du Grand Orient à Saint-Nazaire, (cette loge disparue en 1874/75). Il avait épousé le 20 octobre 1856 à Nantes, Marie-Constance-Emma Jaudeau, (Nantes 13 décembre 1822 – Nantes 12 septembre 1897). Dont il eut Anthime, décédé le 31 décembre 1866 ; et François-Joseph, né à Nantes le 2 janvier 1863. Il est inhumé au cimetière de La Briandais avec sa mère, son épouse, et son fils Anthime. 

    4 Alfred-Pierre Créton, né à Saint-Nazaire en 1842, prêtre en 1867, professeur aux petits séminaires de Nantes et de Guérande dont il fut le directeur, puis vicaire à Saint-Similien de Nantes en 1882, aumônier de l'Hôtel Dieu en 1883, curé de Montoir en 1883, curé doyen de la basique de Saint-Nicolas de Nantes en 1891. Il fut pressenti pour devenir évêque de Vannes en mars 1898, mais se fut Amédée-Jean-Baptiste Latieule qui fut nommé à sa place. Quand il possédait la villa des Accacias, le chemin côtier n'existait pas devant la maison. Il avait aussi fait aménager un portail en bois au bord de la falaise avec un escalier muni d'une rampe en fer qui descendait jusqu'aux rochers sur lesquels se trouvait en bout d'un quai en maçonnerie terminé en un belvédère arrondi doté d'une barre d'appuie demi-sphérique en fer. Il n'en reste que des vestiges, dont les premières marches de l'escalier qui s'arrête de nos jours dans le vide.

     

     

    Propriétaires successifs du Château des Charmilles, dit de Port-Cé

    On trouvera dans ces notes les généalogies et biographies des propriétaires privés. (Les prénoms soulignés sont les prénoms usuels).

     

    Première époque, le château des Charmilles, 1858-1907 :

    La famille Bord. D'Alcide à Gustave...

     

    I° Silvain-Alcide Bord, (le premier prénom est parfois orthographié avec un " y ", mais il est à l'état civil avec un " i " ), né le 21 février 1827 à La Châtre dans l'Indre, décédé au Pellerin le 13 octobre 1888, entrepreneur de travaux publics. Il était le fils d'Etienne Bord, né le 5 septembre 1798 à Lachatre, et décédé en cette même commune le 27 avril 1857, menuisier comme ses ancêtres, et de Jeanne-Eulalie Vaury, née à Aigurande le 1er juin 1807, (elle était encore vivante et domiciliée à La Châtre à la mort de son fils). Ainsi, contrairement à ce qui a été longtemps dit et publié, les Bord sont du Berry, et non du Limousin. Sa mère était la fille d'un marchand aubergiste, et l'une de ses sœurs, Jeanne-Adélaïde, avait épousé un entrepreneur limousin, Silvain Bujardet, qui fut son parrain, et l'incita à faire des études. 

    devenu conducteur des Pont-et-Chaussées en 1851, ingénieur civil en 1859, son parrain influa pour qu'il vienne travailler avec lui à Limoges, et c'est dans cette ville qu'il se maria , et que sont nés ses deux fils. Il s'installa à Saint-Nazaire avec eux vers 1852-1853, afin de participer à la création du port de Saint-Nazaire, où il collabora d’abord avec l’ingénieur Paul Leferme, il y fonda sa propre entreprise de travaux publics maritimes, et se fait promoteur en créant le lotissement de Porcé. A la naissance de sa fille en 1864 il réside à Boulogne-sur-Mer, rue d'Alger, et est déclaré entrepreneur du bassin à flot de cette ville, (chantier commencé en 1858 et achevé en 1868). Au de l'année 1865 il partit un temps Egypte où il participa à la construction du canal de Suez. Il y rencontra le Comte de Chambord, fit sur plan la copie d'une chapelle ptolémaïque qui servit de modèle à la chamelle funéraire de la famille au cimetière de La Briandais, et ramena des palmiers doum, qu'ils replanta dans le parc du château des Charmilles, et qui s'y sont reproduits, (plusieurs voisins en reçurent en cadeaux en cours des décennies suivantes par Alcide et son fils Gustave, c'est pour cela qu'il y en a dans les jardin de la Villa Victor, du manoir de Ker Aimée (dit château de Bonne Ance), mais aussi au château de la Bretèche, et à la Villa Caroline, les propriété de Pierre de Montaigu). A l'achèvement du bassin de Boulogne-sur-Mer,  Alcide parti en Italie, où il fut chargé de l'édification des ponts des nouvelles voies créées entre San Remo et Monaco. Il prit ensuite la direction des chantiers routiers autour de Marseille. Il retourna à Saint-Nazaire, et sous la direction de Kerviler, il réalisa de 1875 à 1882, les travaux de construction du bassin de Penhoët dont il fit l'adjudication. Le Courrier de Saint-Nazaire du 20 octobre 1888 rapportera : " Vous l’avez vu passer cent fois dans les rues, marchant d’un pas un peu lourd, remuant la tête de gauche à droite, tout absorbé par une idée quelconque. De temps à autre la main lissait les favoris d’un geste machinal. Puis, monsieur Bord s’arrêtait, il prenait dans sa poche un calepin, toujours en mauvais état bien qu’il en changeât souvent, il y écrivait quelques chiffres et continuait sa ronde, répondant rarement aux saluts des passants qu’il ne voyait pas. " Il avait en effet forci, et ses favoris paraissaient imposantes, car il était devenu chauve...  Il participa aux fouilles ce qui lui permit de se constituer une collection archéologique, composée d'objets usuels et d'armes en bronze, mais aussi de poteries et de bois de cerf. Il réalisa de 1882 à 1884 les travaux ceux du site des chantiers de la Loire. En 1883, dans ses bureaux de Saint-Nazaire, Alcide, dressa avec son équipe et messieurs Kervilès et Gribe (futur surintendant du chemin de fer de Panama), le projet du Canal des Deux-Mers.  Il finança aussi la construction de l'église Saint-Gohard ("une grange atroce" a écrit à son sujet F. Gueriff), construite entre le 23 décembre 1873 et le 14 juin 1874.

    Alcide reprit, le 14 novembre 1885, le chantier du canal de la Basse-Loire avaient été commencés en 1882 par Alphonse Couvreux qui ne sut pas les achever. La reprise du chantier obligea Alcide à avancer la somme de 500.000 fr, en attendant la liquidation judiciaire de son prédécesseur. Cette avance lui posa des problèmes car les représentants de l'Etat firent traîner le dossier, et c'est sur la menace de licencient de 1.000 ouvriers que les fonds prévus lui furent enfin allouer. On lui fit promesse de lui attribuer la médaille de Légion d'Honneur, mais ne fut jamais décoré. Notons qu'Alcide possédait entre autres six dragues pour la réalisation de ses travaux, fonctionnant jour et nuit, dont les noms étaient : La Châtre, L'Indre, L'Alcide, L'Avesne, La Boulogne, et La Penhoët, ainsi que plusieurs barges, dont une nommée  Suez.

    C'est durant la construction du canal qu'Alcide décéda dans une maison du Pellerin. Son corps fut inhumé à Saint-Nazaire, et c'est René de Kerviler, dont il était l'ami, qui prononça le discours sur sa tombe. La Revue historique de L’Ouest publia : " [...] Travailleur infatigable et d’une sollicitude sans bornes pour les malheureux et les ouvriers qu’il employait, personne ne saurait dire le bien qu’il a su faire pour les pauvres, pour sa famille et ses nombreux amis. "

     

    A Saint-Nazaire Alcide était domicilié rue de La Paix, au premier étage d'un immeuble lui appartenant, et qu'il laissa à son fils à son mariage, au profit d'une résidence au 20 rue Mercœur à Nantes. Alcide vivait dans cet appartement avec sa femme, ses trois enfants, sa belle-sœur Charlotte-Louise Sazerat, et sa belle-mère, et avec à demeure : un maître d'hôtel, un valet (pour monsieur), une femme de chambre (pour madame), une cuisinière, et un cocher. Onze logements étaient loués à des familles, donc les revenus s'évaluaient comme partout à Saint-Nazaire en fonction de l'étage où elles logeaient. Plus on montait d'un étage, plus pauvres étaient les locataires et petits les logements. Seuls les deux premiers étages bénéficient de l'eau courante, en raison de nature du château d'eau situé rue Victor Hugo. Au-delà du second, niveau il fallait se rendre dans la cour pour s'alimenter.

    Le siège de son entreprise se trouvait rue du Croisic, avait boulevard Leferme un dépôt de machines, un atelier, un magasin à chaux, une forge, une charpenterie, et un magasin central, auquel s'ajoutait à Penhouët un autre dépôt de machines. Il avait pour associé Arsène Nouteau, (ami d'Aristide Briand dont il fut le témoin durant un duel, qui fut conseiller général et dont une rue de S.-N. porte le nom). Ces locaux disparurent quand on prolongea la rue de Nantes, (cf. article de Gustave Bord à propos de son père dans le Courrier de Saint-Nazaire du 31 mars 1928).

    A Saint-Nazaire, sa position de notable, sa fortune grandissante, le bruit constant de la ville en construction, mais surtout les épidémies régulières de choléra et de fièvres qui firent plusieurs morts, incitent Alcide à se faire bâtir une demeure à l'extérieur de la ville, suffisamment éloignée pour en fuir les désagréments, mais suffisamment proche pour revenir rapidement gérer ses affaires en ville. Son choix se porte alors sur Porcé où dont fait l'acquisition en 1854 de la métairie de La Vecquerie qui comprenait tout le vallon, et par la suite de l'ancienne vigne du prieuré acquise à la Révolution par la famille de Sesmaisons.

    Alcide possédait des terres depuis la Pointe de la Villès-Martin jusqu'à Chémoulin, y compris sur la Butte du Château à Saint-Marc, mais ces pièces de terre étaient très morcelées. L'ensemble du lotissement de Porcé, qui aurait dû devenir une station balnéaire, est à l'image de ce qui se fait encore en 21e siècle, nous entendons par ces termes que les matériaux sont industriels, que rien n'est personnalisés, aucun artisan d'art n'est intervenu, l'architecte ne s'est pas permis des fantaisies particulières. C'étaient des maisons de vacances aux fenêtres toutes orientées vers l'océan. Le château est en réalité une vaste villa second empire dans le style " chalet " alors très en vogue. Les pièces étaient nombreuses, spacieuses, mais pas démesurées, dotées de grandes cheminées de marbre, dont le bord des foyers était garni de carreaux de Delft, figurant des cavaliers. Tout était conçu pour profiter de l'air marin, de la lumière tout en étant abrité du soleil.

     

    A l'origine la maison ne comporte que le corps central, avec sa tour, l'ajout d'une aile à Est, pour recevoir dans un vaste espace de réception, se fait ultérieurement. Cette aile a été construite en deux campagnes. A l'origine elle est un simple pavillon ajouté, sur un niveau plus bas de deux marches, dont la profondeur ne va pas jusqu'au mur de façade du pavillon central, le mur nord était occupé par une grande cheminée. Gustave, le fils d'Alcide, transforma cette partie en la prolongeant en aile en retour avec la suppression de la cheminée, et l'ajout d'une salle de billard au plafond plus haut que le salon, auquel elle était reliée par une arcade rectangulaire. Une fenêtre à meneaux dans le goût Louis XIII, comme son mobilier, l'éclairait par l'Est. L'ajout de ce billard permit à l'étage la création de la chapelle. Toujours au temps d'Alcide l’aile Ouest, contiguë à la tour, n'existait pas. Il y avait seulement un escalier hors d'oeuvre menant les domestiques depuis le premier étage jusqu'à la cuisine qui était dans une sorte d’appentis en colombages et briques. L'aile en retour à pans coupés est un ajour de Gustave. Par ailleurs, il y avait deux petites fenêtres supplémentaires sur la façade Sud, autour de la fenêtre centrale au premier étage, qui furent supprimées lors de l'ajout de la véranda sur le balcon. Ajoutons que les volets, les lambrequins de toit, et les garde-corps des balcons étaient ajourés en moucheture d'hermine, motif héraldique symbole de la nation bretonne.

     

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    Les Charmilles durant l'hiver 1888-89, détaille d'une photographie réalisée à la demande de Gustave Bord (coll. personnelle.) - 1 cuisine dans appentis en colombages et briques et escalier de service ; 2 conduits de cheminée détruits pour la construction du billard et de la chapelle ; 3 salle à manger ; 4 hall ; 5 petit salon ; 6 grand salon dit " salle des gardes " qui servait de bibliothèque et contenait 20.000 livres.

     

    C'est sous l'impulsion de Gustave que Les Charmilles se mutèrent en château. La maison était alors faite pour recevoir, avec au rez-de-chaussée un hall d'où part un escalier central en bois ouvragé à double évolution, qui se réunissaient à un inter-palier ou se trouvaient à gauche les wc, puis delà repartaient quelques marches vers un second palier menant aux couloirs des chambres ; au rez-de-chaussée donc, vers l'Est un petit salon s'ouvrant sur une loggia, qui fut par la suite garnis de fenêtre à vitraux géométriques et transformée en salon d'hiver, et un second salon très vaste, nommée « salle des gardes » qui faisait office bibliothèque et billard, contenant 20.0000 livres, dotée d'un parquet alors que le reste de la maison était carrelée, avec une porte-fenêtre ouvrant sur le parc au sud, le plafond était garni de poutres de bois entre lesquelles se trouvaient des lattes posées en chevrons, le premier tiers de la pièce était coupé par une poutre de fonte appuyée sur deux colonnes de fonte, le second tiers était très de sorte de former une alcôve. Vers l'ouest une salle à manger intime, une loggia, qui fut elle aussi vitrée avec des visseries métalliques par le docteur Raffegeau, faisant office de salon d'hiver, une cuisine et son office, à l'étage une dizaine de chambres, une véranda, et luxe extrême en cette période de catholicisme exacerbé, une chapelle, à l'imitation des familles nobles, située à l'angle Nord-Est. On y accédait par quelques marches qui conduisaient à une fusse tribune, on en redescendait pour accéder à la chapelle proprement dite, de forme octogonale avec une voûte en ogive en stuc. Les six chambres des domestiques étaient sous les combles du corps central, l'aile Est était surmontée d'un vaste grenier, l'aile ouest avait une toiture plate. Il y avait des caves en sous-sol n'occupaient que la moité de la largeur, l'accès se faisait depuis la cuisine et depuis le hall, ainsi que par un escalier extérieur sous le pallier de la cuisine à l'Ouest. Comme nous l'avons écrit les matériaux de constructions étaient simples, carreaux de ciments, lambris bas en sapin tinté, dont les moulures n'étaient que des baguettes cloutées formant des rectangles et des losanges, surmonté d'une frise de 10cm ou 15cm de hauteur, constituée de fuseaux de bois tourné, entre deux moulures, derrière lesquels était "collé du cuir rouge" d'après le souvenir d'une ancienne résidente, mais qui devaient être probablement de la moleskine. Le haut des murs étaient tapissés de lincrusta. L'escalier était en chêne, comme les portes du hall et des pièces de réception, traité dans le style breton. Les volets étaient en bois, ou métalliques, balustres et festons en bois blanc découpés mécaniquement, poutres et colonnes de soutènement en fonte, tout est produit de l'industrie, mais la forme générale du bâtiment, avec sa tourelle, ses nombreuses dépendances, et surtout le lieu de son édification, font que cette demeure a un charme unique, qui malgré sa ruine nous laisse encore rêveurs. Depuis le perron sud, le parc descend en pente douce vers la mer aboutissant à une maison de plage dotée d'un garage à bateau. Le domaine était constitué de 22ha de terres qui s'étendait de la route de Vecquerie à la Plage et du chemin de la Plage jusqu'au sous-bois qui constitue l'actuel parc de Porcé. La propriété comportait plusieurs portails, le principal se trouve encore en 2012 sur la rue de La Vecquerie, entre le blockhaus-tour, (Flakturm Nz 351), et l'école Ferdinand Buisson, il porte à son sommet les initiales B et V, pour "Bord" et "des Vallières", ce portail d'honneur est en fait sur une parcelle séparée du parc du château, (ancienne vigne du Prieuré) ; le chemin de Porcé passe en effet à cet endroit, Alcide Bord chercha à annexer cette partie du chemin communal, mais ce chemin existaient depuis bien avant la Révolution, après de nombreuses querelles il dut abandonné son projet. Depuis le portail d'honneur on accédait dont à un second portail ouvrant sur le sommet du parc, un autre portail en fer forgé, plus modeste se trouve le long du chemin de la plage, enfin un simple portail de bois fait face à la plage, l'ensemble de la propriété était clôturé de grillages et de haie, sauf au nord le long du chemin de Porcé où il était bordé d'un mur de pierres. En dehors du château proprement dit il y avait donc de nombreuses dépendances : des écuries construites à l'ouest à peu près à l'emplacement du gymnase, un atelier en haut du chemin de la plage, une maison de gardien près de l'école Ferdinand Buisson, une autre belle maison plus tard baptisée Pornichette à l'emplacement de l'école, et bien sûr la ferme de La Vecquerie à l'emplacement du collège composée d'une maison d'habitation, d'une grange et d'un corps de bâtiment pour les animaux. Notons qu'il y avait aussi une petite vigne située le long du chemin de Porcé à l'intérieur du parc du château, vigne qui fut arrachée en 1954 par la Ville... Le parc était agrémenté de vases en fonte, de quelques statues, d'un colombier en bois, (simple nichoir au sommé d'un poteau carré planté dans un rond en maçonnerie entre l'aile Ouest et le chemin de La Plage), on peut encore voir deux citernes enterrées qui ont perdu leur pompe. Il était planté d'arbres tétards survivants de l'ancien morcellement agricole, qui ont depuis disparus, d'arbres exotiques alors à la mode, dont il reste encore quelques spécimens : cèdres de l'atlas, et plusieurs espèces de palmiers qui ont mal survécu à l'étouffement provoqué par la prolifération des frênes. À propos de ces palmiers, Léon Maître, (1840-1926), historien qui dirigea les archives départementales de Loire-Inférieure à Nantes, ami de Gustave Bord, qui séjourna plusieurs fois au château, parle des " charmes de ce coin de serre qu'on nomme l'anse de Porcé ", dans son ouvrage " Guérande et la contrée guérandaise ". Il y avait aussi autrefois des massifs de camélias, arbuste alors commun à tous les jardins de Porcé, mais qui avaient aux Charmilles la particularité d'être planté dans des caisses, car Alcide détestait les fleurs. Toutes les plantes à fleurs étaient ainsi en pot et en caisse, disposée le lundi sur les pelouses, puis retirées et déplacée dans la serre de 20 m de longs derrière les écuries, le vendredi-matin, avant l'arrivée d'Alcide qui passait la semaine sur ses chantiers. Pierre Loti en a acheté le 14 mars 1879 les caisse de camélias pour les offrir à Sarah Bernhardt ; seul un camélia était planté en pleine terre, à côté du pavillon de plage, et s'y trouve toujours.

     

    Alcide Bord était employé des Ponts et Chaussées quand il épousa à Limoges la fille de sa voisine de la rue Manigne où il résidait alors, (son oncle, Silvain Bujardet, époux de Jeanne-Adélaïde Vaury, y était entrepreneur, et fut son témoin de mariage). Le 24 février 1851, il épousa donc Marie-Joséphine Sazerat, née le 3 juin 1831 au hameau du Plantadis, à Nexon (Haute-Vienne), décédée à Nantes le 4 avril 1890, fille de Jacques, dit Louis, Sazerat, (Limoges 5 avril 1805 (15 germinal an XIII) - Nexon 9 mars 1837), propriétaire (le domaine du Plantadis à Nexon et en partie un immeuble à Limoges rue Manigne), et de Charlotte, dite Caroline, Cacatte, née à Limoges le 15 août 1808, décédée le 31 octobre 1891 au château des Charmilles, fille de Jean-Baptiste Cacatte, fabricant de porcelaine, et de Suzane Sazerat. (Les Sazerat sont d'une très anciennes famille d’apothicaires et de porcelainiers ayant des ascendances nobles ; Sazerat est aussi le nom d'un des hameaux de Nexon). Elle était par ailleurs la nièce à la mode de Bretagne du côté Cacatte, d'Etienne Tarneaud, ancien commissaire de police de Limoges, qui avait pourvu à son éducation quand elle perdit son père, la logeant avec sa mère en son hôtel particulier ; ce monsieur, fils d'un aubergiste, qui décéda à l'age de 86 ans en 1858, était chevalier de Saint-Louis et avait combattu dans l'armée des Princes. Fervent royaliste, il avait influencé la pensée politique de ses nièces, et ses souvenirs écrits, furent une base pour les recherches de son petit-neveu Gustave Bord. Etienne Tarneaud fut témoin de mariage de Marie-Joséphine.

    Un acte de consentement au mariage passé devant notaire maître Vacher à la Châtre par Etienne Bord et Jeanne Vaury le 30 janvier 1851, Alcide avait justifié de la sa libération du recrutement, et le contrat de mariage fut signé le 3 février 1851 à Limoges, chez maître Dupeytren. De cette union naquirent :

    1° Jean-Baptiste-Gustave Bord, qui suit ;

    2° Jean-Marie-Louis Bord, né à Limoges le 21 mai 1859, déclaré le lendemain, mort à Saint-Nazaire au domicile de ses parents rue de La Paix le 22 septembre 1879 ;

    3° Louise-Eulalie-Jeanne Bord, née à Boulogne-sur-Mer le 5 février 1864 ; mariée civilement le 15 novembre 1884, Paris 9e, religieusement le 17 novembre, en l'église Notre Dame de Lorette à Paris, par l'abbé Auguste Touchet, avec Octave-Marie Fidière des Prinveaux, né à Versailles le 3 mai 1855, décédé à Pau le 2 mai 1904, issu d'une vieille famille de notaires de Morlais, passées à nantes à la Révolution, il était fils d'Ernest-Louis Fidière des Prinveaux, juge d'instruction au tribunal civil de Versailles, et de Marie Lefebvre des Vallières, cousin germain de sa belle-sœur Dolorès Lefebvre-Desvallières. L'importante dote de sa femme lui permit l'acquisition du château de La Borde à Eugènie-les-Bains, d'une meute de chasse don Le Gaulois venta la qualité le 27 mai 1886, et de devenir membre de plusieurs cercles ; Union artistique, Société de tir aux pigeon Les Acacias, etc. Ce mariage figure dans une notice de l'Annuaire de la noblesse de France et d'Europe de 1886. Il avait fait des études de droit, et s'était adonné un temps  la peinture. Au moment de son mariage, Octave était attaché de 4e classe à la conservation du musée du Luxembourg, critique d'art, et fit la monographie du sculpteur Henry-Michel Chapu. Il contribua à l'enrichissement de la collection municipale qui devaient constituer un jour le Musée de Saint-Nazaire en sollicitant un don de la part de la veuve de celui-ci ; ainsi le 7 mai 1893 la ville de Saint-Nazaire entra en possession du plâtre original de " Jeanne d'Arc à Domrémy " de Chapu, dont le marbre était au Musée du Luxembourg, (elle est aujourd'hui au Musée d'Orsay). Cette intervention pour l’enrichissement des collections nazairiennes lui valut d'être nommé par le Conseil municipal membre de la commission du Musée, mais cette commission n'aboutit pas à la création d'un musée, et il fallut attendre 1902 pour que la ville se dota d'un premier musée. Il quitta ses fonctions d'attaché à la direction des Beaux-Arts en 1895, pour se faire uniquement critique d'art, et reçu les Palme Académiques en janvier 1896. En 1899 il fut employé à la banque Internationale, puis devint en 1901 directeur de la Revue illustrée, mais malade, il dut abandonner cet emploi en mars 1904 ; parmi les témoins du mariage citons : Ernest Legouvé, dramaturge, académicien, (il est aussi le grand-père maternel de l'épouse du peintre George Desvallières), Louis de Ronchaud, directeur des Musées Nationaux, et Charles d'Héricault dont nous allons reparler. Le couple eut deux enfants, Bertrand, dont on ne sait rien, probablement mort jeune, et Anne-Marie, personnalité très mondaine, amie de tout le gratin parisien, infirmière à la Croix Rouge dès 1911, membre de la 5ème équipe à Réthel en août 1914, infirmière-major à l'hôpital du Panthéon, décorée par Poincaré en février 1916 de la médaille d'or des épidémies, après guerre elle fut membre du comité de La Croix Rouge à Paris. Anne-Marie épousa en 1914 André Bourdet, conseiller général du Loiret, qui laissa un fils, François Bourdet, qui n'eut pas d'enfant. Jeanne Bord consacra son veuvage à l’éducation de sa fille et aux bonnes œuvres, elle devient ainsi membre du conseil de la société philanthropique L'Adelphie. Elle décéda le 22 janvier 1960 en son domicile du 122 rue de Grenelle à Paris 7. Le peintre George Desvallières, cousin de son époux, avait réalisé son portrait, perdu depuis, dont il reste une esquisse.

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    signature d'Alcide Bord

     

    Au cours de l'hiver 1878-79, Marie-Joséphine Bord se rendit chez le sculpteur nazairien Alfred Caravanniez dans son atelier de la rue du Dolmen, qui était en réalité une serre (une autre version de l'histoire dit qu'elle envoya en fait Gustave mais il semble bien que c'est elle qui fit la visite). Caravanniez n'avait pas les moyens de payer de quoi se chauffer ni de rémunérer un modèle. Il posait nu devant un miroir pour l'une de ses œuvres quand madame Bord débarqua ! Elle lui versa une pension à titre de mécénat, incita son époux à faire pression sur le conseil municipal pour qu'une bourse d'études lui soit versée, et avec l'aide de son fils Gustave l'introduit dans le milieu royaliste, ce qui lui procura des commandes.

     

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    Le château au temps de Gustave Bord, vers 1905. Coll. de l'auteur.

     
    II° Jean-Baptiste-Gustave Bord, né le 26 janvier 1852 à Limoges, décédé le 21 avril 1934 à Saint-Malo. Sans profession au moment de son mariage et à la naissance de ses deux fils, il était un érudit, passionné de mathématique, de musique qui devient historien spécialisé sur la période révolutionnaire. Dès l’adolescence il commença à collectionner les vestiges archéologiques, les livres rares, les manuscrits et autographes, les œuvres d'art. Son contrat de mariage, dont nous reparlerons plus bas, donne une idée de sa précocité et de ses centres d’intérêt. Royaliste légitimiste, il fut un intime et représentant du comte de Chambord, et intime de la demi-sœur de ce prince, Louise-Charlotte-Marie de Bourbon (1809-1891), par son mariage baronne de Charette, qui fut par son intermédiaire mécène de Caravanniez. Le comte de Chambord l'autorisa à porter le chef de France dans ses armoiries qui se blasonnent : d'argent à deux plumes d'écrivain au naturel, passées en sautoir ; au chef d'azur chargé de trois lys d'or. Devise : FERIR POUR GUARIR, ce qui signifie en vieux français : Frapper pour défendre.

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    Ex-Libris de Gustave Bord, collection L.O.M.

    La tradition familiale raconte que les pins noirs d'Autriche qui poussent dans la parc viendraient du parc du comte.

    Gustave Bord fut l'un des cinq membres du Parti monarchiste autorisés à assister aux obsèques du comte de Chambord en 1883, et rédigea l'Acte d’adhésion au comte de Paris, (retouché et présenté par le baron de Lareinty). Il fonda un comité royaliste cantonal à Saint-Nazaire, et devient conseiller municipal de Saint-Nazaire de 1885 à 1889. De catholique fervent il devint fanatique, totalement antirépublicain, persuadé de la culpabilité des loges maçonniques dans la Révolution de 1789, qu'il accusa d'être " une secte religieuse matérialiste ", et il participa à répandre aussi une stupide et infamante légende qui prétendait que le comte de Chambord aurait été tué à l'aide de poudre de diamant par les francs-maçons ! 

     

    La reprise du chantier de la Basse-Loire : 

    Au décès d'Alcide Bord, le chantier du canal de la Basse-Loire n'était toujours pas achevé. En novembre 1888 Gustave proposa au Préfet de poursuivre les travaux, mais il négligea totalement le chantier qui accumule alors les retards, les malfaçons, et les malversations. Un incident fit éclater le scandale : trois ouvriers furent surpris à bord de la drague La Châtre en train de jeter à l'eau de l'huile d'éclairage dans le but de faire croire à une consommation plus grande et à des heures supplémentaires de nuit. L'ingénieur Charron qui depuis plus de vingt-ans était chargé par les Ponts et Chaussées d'inspecter les chantiers, réclama le renvoi des coupables. Gustave s'y opposa car il manquait de personnel qualifié. L'affaire remonta jusqu'au préfet qui exigea la mise à la porte. Ce fut le début d'une surveillance permanente motivée par le désir de se débarrasser de Gustave. Paul Joly, l'ingénieur en chef chargé du service de la navigation de la Loire depuis 1854, dans une lettre du 11 décembre 1890 adressée au préfet, il écrit : " Il ne faut pas chercher dans ces récriminations, qu’un nouveau prétexte pour se débarrasser d’une entreprise devenue très onéreuse entre ses mains, et qu’il ne nous paraît pas en état de mener à sa bonne fin ". Le Préfet mit Gustave en demeure de terminer les travaux pour la fin de l’année 1891, ce qui lui était impossible. Le Ministre somma le Préfet d'en finir. Ce dernier décida le 12 juin 1891 de retirer à Paul Joly la direction qui fut remise aux ingénieurs Charron, Babin, et au conducteur Bechtold. Il fit aussi appliquer la mise en régie de l’entreprise Bord. Il y eut des accusations de fraude sur le cubage des pierres extraites des carrières, des contestations sur le volume des vases réellement draguées, et surtout le reproche d'un dépassement du budget annuel alloué et du retard important sur la date de mise en service prévue. Le 15 juin 1891, les Ponts et Chaussées prirent possession du chantier et du matériel présent. La gendarmerie dut intervenir car les ouvriers, inquiétés de leur devenir, se révoltèrent. Gustave Bord demanda une indemnisation de 24.000.000 fr à l'Etat, qui lui versa 17.925.829,20 fr. Gustave entra en conflit avec l'Etat au sujet du montant du rachat du matériel. Ses experts évaluaient celui-ci à une valeur de 2.480.796 fr, les Ponts et Chaussées donnèrent une estimation de 1.337.976,45 fr. Le Préfet rendit deux rapports, les 18 juin et 17 juillet 1894, dans lesquels il attaqua Gustave avec messieurs Dinet et Monmerqué. Gustave demanda révision d'expertise auprès du Conseil de la préfecture le 27 octobre 1894. Finalement le Conseil d’Etat débouta Gustave le 26 décembre 1897. Les ingénieurs et hommes d'état d'alors étant presque tous des francs-maçons avérés, Gustave vit là une connivence de la part d'un groupe que ses opinions rejetaient.

    De leur côté les ouvriers virent leurs salaires fortement diminués car l'on jugea qu'Alcide, puis Gustave, les payaient trop. Le canal fut mis en service le 1er septembre 1892,  (Cf. Jean-Luc Ricordeau, " Des hommes et un canal ", Société des historiens du Pays de Retz, juillet 2010). La société de travaux publics Bord fut liquidée.

     

    Train de vie et écriture :

     

    L'affaire du canal n'empêcha pas Gustave de continuer à vivre sur un grand pied, en dépensant sans compter et en gérant très mal ses avoirs. Il commença à prendre les usages du Gratin en prenant dès 1885 un logement à Paris, et en faisant paraître dans Le Gaulois ses allées et venues entre Les Charmilles et la capitale. Il partait ainsi fin juin pour son château, suivant l'usage de l'aristocratie qui quittait Paris pour la campagne après le grand-prix de Lonchamp, et ne rentrait à Paris qu'à la fin mars ou au début d'avril.

    Son beau-frère Octave le parraina avec Maurice Bucquet, (1860-1921), célèbre chasseur mondain et tireur sportif, qui participa aux Jeux olympiques de 1900, pour le faire recevoir comme membre du cercle de l'Union artistique. Il devint rapidement membre de la Société des artistes français, qui organisait le Salon d'Automne, cercle où il fut très actif, et auprès duquel il dépensa beaucoup en mondanités.

    Il devint membre de l'Union des yachts français, suite à son acquisition en juillet 1895 d'une goélette vapeur à hélice et coque d'acier, " Olivia ", qu'il rebaptisa " Lola ", (lettres sémaphoriques : MRVD - Port de Saint-Nazaire- construite en 1883 à Glasgow par A. & J. Inglis - tonnage 105 - longueur totale 35 m - bau : 4,35 m - creux : 2,90 m -tirage d'eau 1,5 m ; 100 chevaux), et fit enregistrer comme guidon les armes de sa mère : d'azur à la cotice de gueules, accompagnée de deux lions d'or.

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     Guidon de navigation de Gustave Bord

     

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    La Lola en 1898, le capitaine en était alors Fardel, qui avait succédé en avril au capitaine Tual, (coll. particulière)
     
     
     
    La famille Bord fit de nombreuses croisières à bord de ce yacht, accompagné par le couple Des Prinveaux-Bord et les cousins Des Vallières, notamment sur les côtes espagnoles et portugaises. Gustave Bord fut le premier Nazairien à posséder une voiture.

    Il commença à participer des 1879 à La Revue de Bretagne et de Vendée, avec une série d'articles intitulés " Les préliminaires de la guerre de Vendée ", puis il fonda à la fin de l'année 1882, avec l'orléaniste Charles d'Héricault de La Revue de la Révolution, dont le premier numéro paru en janvier 1883, qu'il dirigea jusqu'en 1890, où il signa des articles sous le pseudonyme de " vicomte B. d'Agours "(cf. sa fiche à la BNF). Il écrivit aussi des articles dans Le Correspondant, L'Éclair, collabora à L'Intermédiaire des chercheurs et des curieux dont le créateur était son ami, et à partir de 1912 dans la Revue internationale des sociétés secrètes, ou encore La revue bleue. En parallèle il fut l'auteur entre autres de : 

     

    • Saint-Nazaire sous la Révolution, 1789-1790 ; Saint-Nazaire, Frédéric Girard imprimeur, 1881 ;
    • Le patriote Bournonville, 1791-1792 ; Saint-Nazaire, Frédéric Girard imprimeur, 1881 ;
    • Inauguration du bassin de Penhouet, 8 mai 1881 : Saint-Nazaire, F. Girard imprimeur, 1881, (à la demande Kervilers) ;
    • La Prise de la Bastille, conséquences de cet événement dans les provinces jusqu'aux journées des 5 et 6 octobre 1789, Paris, Honoré Champion, 1882 ;
    • Le combat du 13 prairial an II et La légende du vengeur, Nantes Imprimerie Vincent Forest et Emile Grimaud, 1883.
    • Un épisode de l'histoire de Saint-Nazaire : les pilotes de Saint-Nazaire en 1791 ; Saint-Nazaire, Girard imprimeur, 1883 ;
    • La vérité sur la condamnation de Louis XVI : liste des membres de la Convention et de leurs suppléants, Paris, A. Sauton, éditeur. 1885 ;
    • Napoléon et ses derniers historiens, Paris, A. Sauton, 1887.
    • Histoire du blé en France : Le pacte de famine, histoire-légende, Paris, A. Sauton, 1887 ;
    • La France moderne et l'ancien régime, Vannes, E. Lafolye, 1888 ;
    • Catalogue d'une collection importante sur la Révolution Française & L'Empire : histoire, mémoires, pamphlets, journaux, bibliographie, beaux-arts, etc., provenant de la bibliothèque de Gustave Bord, Paris, Vve. A Foulard, 1904 ;
    • La fin de deux légendes : l'affaire Léonard, le baron de Batz, Paris, H. Daragon 1909 ;
    • La conspiration révolutionnaire de 1789, les complices, les victimes, Paris, Bibliothèque d'histoire moderne, 1909 :
    • Rosinat Stoltz, Paris, H. Daragon, 1909 ;
    • La franc-maçonnerie en France des origines à 1815Tome 1er. Les ouvriers de l'idée révolutionnaire (1688-1771) ; Nouvelles Librairie nationale, Paris, 1909, (qui se voulait être une liste brûlot des loges maçonniques, mais qui est devenu malgré lui un outil de recherche pour les francs-maçons, et que l'historien académicien  Frédéric Masson éreinta dans une critique parue le 7 novembre 1909 dans Le Gaulois en commentant que " les listes authentiques des maçons s'arrêtaient en 1789 ") ;
    • Les inondations du bassin de la Seine, 1658-1910, Paris, chez l'Auteur, 1910 ;
    • Le Dauphin, Paris, E. Paul, 1911 ;
    • Étude sur la question Louis XVII – Autour du Temple (1792-1795), en trois tomes, Paris, Émile-Paul, 1912 ;
    • Autour du Temple (1792-1795), (4 tomes), Paris : Emile-Paul, 1912 ;
    • Législation des grains ;
    • Changements apportés aux noms de villes pendant la Révolution ;
    • Histoire de l'épiscopat français ;
    • Une émeute à Saint Nazaire en 1791 ;
    • Lendemain de Révolution ;
    • L'histoire de la Révolution et la méthode de M. Aulard, Paris, Émile-Paul, 1914
    • Grandes et petites légendes, Saint-Nazaire, Imprimerie du Courrier de Saint-Nazaire, 1930.
    • La maison du "dix-huit brumaire ", Paris, Editions Neptune, 1930, en collaboration avec L. Bigard.

    sous le pseudonyme de Vicomte B. d'Agours :

    • Documents inédits pour servir à l'histoire des soulèvements de Mars 1793 dans le département de La Vendée, Frédéric Girard imprimeur à Saint-Nazaire, 1883 ;

    et fit éditer et annota :

    • Mes trois mois de prison dans la Vendée : mémoires d'un capitaine des volontaires de Sillé-le-Guillaume envoyé en Vendée en 1793, Nantes, Vincent Forest et Emile Grimaud, 1882 ;
    • Documents pour servir à l'histoire de la Révolution Française, en collaboration avec Charles d'Héricault, Paris, A. Saudron, 1885 ;
    • Notes sur les tribunaux criminels sous le directoire, d'après des documents inédits recueillis et annotés, Nantes, imprimerie Bourgeois, 1882 ;
    • Papiers du comte Molé, Paris, A. Sauton, 1887.

    La majorité de ses publications le furent à compte d'auteur, et sa revue ne lui rapporta jamais d'argent. Gustave dépensa sans compter durant des années pour ses publications et pour l'achat de manuscrits et d'objets pour ses nombreuses collections. Si ces publications furent traitée avec exactitude, elles sont cependant dans un style laborieux. Déjà de son vivant les critiques s'en plaignaient, comme la Revue bleue, qui en 1909 à propos de Rosinat Stoltz dit : " Gustave bord écrit avec une pittoresque audace, dont son style incorrect est çà et là comme relevé ". Cependant la revue lui procura l'image d'un historien spécialisé des la période Révolutionnaire, et fit de lui une référence en la matière, quoiqu'on lui reprocha régulièrement son attitude à orienter tout à la faveur des royalistes, et de travestir ainsi souvent les faits par des commentaires trop partisans.

    Sa correspondance d'entre 1882 à 1932, tombée dans des mains étrangères, a été vendue en salle des ventes à Paris en 2005, elle comprenait des échanges avec les historiens Léon de La Sicotière, Henri Wallon, le marquis de Lescure, Alphonse Aulard, les écrivains et critiques littéraires Hippolyte Babou et Edmond Biré, Gustave Desnoiresterres, Georges Montorgueil fondateur de L'intermédiaire des chercheurs et des curieux, Henri Lavedan, l'avocat Claudio Jannet auteur antimaçonnique, imprimeur-éditeur parisien, mais aussi le recteur de l'Institut Catholique de Paris monseigneur Maurice Le Sage d'Hauteroche d'Hulst, l'abbé Ernest Jouin, vicaire à Saint-Augustin et curé de Saint-Médard à Paris, réputé pour ses jougs contre les francs-maçons par journaux interposés, théoricien du complot, et antisémite notoire..

     

    Gustave était l'ami de l'historien et sociologue Augustin Cochin, qui étudia et analysa la période révolutionnaire ainsi que la franc-maçonnerie, sans pour autant y voir dans cette dernière, comme Gustave, un groupe désireux de nuire à la monarchie. Cochin lui présenta l'historien et écrivain Jean de Pange. D'après De Pange, Gustave était " entouré de mystères ", et avait une personnalité "gaie et affable ".

    Devenu une référence quand il était question de la période révolutionnaire et du destin de Louis XVII, on fit appelle à lui dans le journal le Gaulois, entre 1905 et 1911, pour s'exprimer sur des publication de G. Lenotre, ou encore sur le cas Naundorff, dont l'un des descendants avait intenté  un retentissant procès en diffamation  contre les gérants du journal La Patrie, parce qu'ils avaient mis en cause la véracité des prétentions de ce faux-dauphin. procès dont il fut appelé à être l'un des témoins de la défense ; (l'affaire remonta jusqu'au Sénat qui renvoya les Naundorff dans leurs prétentions).

    Le Gaulois, avait fait dès 1887 l'éloge de sa revue par la plume du poète et académicien royaliste Emile Augier, le citait encore en référence en 1927, en reprenant régulièrement ses interventions dans l'Intermédiaire du chercheur et du curieux.

    En février 1906, il fut l'une des personnes invitées à assister aux recherches (infructueuses) des cercueils de Corneille et Dugay-Trouin en l'église Saint-Roch.

    En novembre 1906, c'est lui qui fut chargé d’accueillir, avec Diaghilev, les grands-ducs Vladimir, Alexis et Cyrille, l'infante Eulalie, à la grande soirée des ballets russes organisée par la Société des artistes français, en présence des ambassadeurs de Russie, d’Italie, l'ambassadeur de France en Russie Bompart, du ministre de Belgique et de la comtesse Greffulhe.

    Par ailleurs passionné de théâtre, Gustave était lié au bibliophile Auguste Rondel (1858-1934), qui acquit deux manuscrits reliés aujourd'hui à la BNF, concernant deux actrices du 18e siècle, Mademoiselle Montansier, et Julie Talma.

    Il fut parmi les membres cités dans l'assistance aux obsèques de Victorien Sardou le 11 novembre 1908.

    Gustave Bord avait aussi une oreille musicale presque absolue ; il était capable de dire à la sortie d'un concert qui dans l'orchestre avait joué une fausse note. Sa collection de partitions originales et d'instruments anciens était fabuleuse.

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    signature de Gustave Bord

     

    Mariage, descendance et fin de vie :

     

    Gustave Bord épousa à Saint-Nazaire le 26 juillet 1880 Jeanne-Dolorès Lefebvre-Desvallières, dite des Vallières, et surnommée Lola, née le 13 août 1860 à Ville d'Avray, (anciennement en Yvelines, aujourd'hui en Haut de Seine), décédée en février 1918 à Rabat (Maroc), fille d'Anatole-Marie Lefebvre-Desvallières, (Paris 22 octobre 1837 - 19 août 1925 Vannes), alors receveur particulier des finances à Saint Nazaire (il devint en 1896 régent de la Banque de France Vème Siège), et de Luisa-Prospera-Francesca de Barberia, dite Louise et surnommée "Tita", (La Havane 1842 - 7 mai 1917 Vannes) (elle était fille de Sévérino de Barberia, consul d'Espagne, et de Dolorès  Salaméro). Dolorès eut pour témoins son oncle paternel Ernest-Louis-Prosper Lefebvre-Desvallières, et pour second témoin son cousin germain par filiation paternelle Octave-Marie Fidière des Prinveaux. Un contrat de mariage, négocié par les mères, fut signé chez les parents de la promise, rue du Croisic, devant maître Georges Le Besque, notaire à Saint-Nazaire. Les Bord donnèrent à leur fils 30.000 fr le jour de son mariage, et la promesse du versement sur une période de huit ans de la sommes de 100.000 fr placée à 5% d’intérêt, en biens propre Gustave apportait 100.000 fr en argent comptant, une bibliothèque dont les volumes concernaient les sciences, belles-lettres, littérature et histoires et comprenait des manuscrits et autographes, estimée avec les meubles à 40.000 fr, une collection d'armes, statues, bronzes (dont des bols antiques provenant des fouilles de Penhoët), tableaux, estimés à 5.000 fr, le mobilier d'une chambre à coucher en noyer ciré estimés à 3.000 fr, pour 4.000 fr de vêtements, linge de maison et argenterie, un cheval de selle estimé 2.000 fr, avec son équipement à 1.000 fr. Dolorès apporta un trousseau d'une valeur de 16.000 fr, (habits, vêtements, linges et effets à son usage personnel 3.000 fr ; bijoux, châles, dentelles : 10.000 fr ; piano à queue 3.000 fr), 10.000 fr le jour du mariage, et une rente annuelle de 2.500 fr payable par trimestres avec réserve de versement du capitale d'une valeur de 50.000 fr. Les sommes, (à l’exception des 3.000 fr de la mariée et de son trousseau), devaient revenir aux familles en cas de décès sans enfants. La communauté était réduite aux acquêts, en cas de séparation, Dolorès avait la possibilité de récupérer sa dote et de garder tout ce qu'elle aurait hérité ou reçu durant l'union, ce point la sauvera de la ruine en 1907 quand elle se sépara de Gustave. (En comparaison un ouvrier travaillant 15 heures par jour, 6 jours par semaine, pouvait espérer un mieux un salaire annuel de 1.450 fr, et une ouvrière 700 fr).

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    Signatures du contrat de mariage du 24 juillet 1880. On distingue : Dolorès des Vallières, Gustave Bord, Luisa des Vallières, Louis Sazerat (tante maternelle de Gustave), Alcide Bord et Josephine Bord, Caroline Sazera (grand-mère maternelle qui précède son nom de " veuve"), Anatole des Vallières, Jeanne des Vallières (sœur de Dolorès), Jeanne Bord (sœur de Gustave), une signature illisible et celle du notaire.

     

    Le mariage religieux fut célébré en l'église Saint-Nazaire le 26 juillet 1880 par le parisien abbé Auguste Touchet, Gustave fit publier en 1885 son allocution, avec celle que le même avait faite au mariage de sa sœur Jeanne, en 1884. Ils se domicilièrent à Saint-Nazaire rue de La Paix dans la maison des Bord, (Alcide ayant fait l'acquisition pour lui et son épouse du 38 rue de Grande-Bretagne près du Remblai), où naquirent :

    1. Henri-Louis-Georges Bord, né le 30 avril 1881 à Saint-Nazaire, bachelier, vivant avec sa mère à partir de 1907 jusqu'en 1910, il demanda par publication au Journal officiel du 20 octobre 1908 à prendre le nom de " Bord de Pierrefitte " ce qui lui sera refusé. C'est cependant sous ce nom qu'il prit part à la cérémonie de mariage de sa cousine Magdeleine Blondel le 27 novembre 1909 comme le témoigne un article du Gaulois paru le lendemain. Il prit un logement en 1910 Paris, 1 square Alboni, et débuta une vie mondaine qui lui fit côtoyer le gratin parisien. On le trouve ainsi cité comme participant au fameux bal donné par le comte et la comtesse de Bonvouloir en leur château de Magny-en-Bessin en août 1912. Il vivait chez sa mère à Rabat à la déclaration de guerre. Dispensé du service militaire en 1903, 1904 et 1905, pour "un fibrome douloureux à la fesse gauche ", à la mobilisation générale, il rejoignit, e 4 août 1914, la Compagnie Territoriale de la Région de Rabat et fut ensuite affecté à la Subdivision de Fez le 1er avril 1916 et fut décorer de la médaille Coloniale du Maroc, et reçu le titre d'entreposeur de tabacs (Décision 2701 du 22 avril 1917 du Général Commandant la Subdivision de Fez, le général Just Cherrier). Il y fréquenta le maréchal Lyautey et son épouse, Ines, avec qui Dolorès s'était liée. Au décès de Dolorès il continua des résider au Maroc jusqu'à sa complète démobilisation en mars 1919, il regagna alors son adresse parisienne. Il hérita de sa mère le manoir du Bon-Don. En mai 1923 il séjourna à l'hôtel des Anglais à Menton sous l'identité de " Henri-Georges Bord de Pierrefitte ", et rencontra le prince Louis II de Monaco qui cherchait un nouveau chambellan. Le maréchal Lyautey, répondant le 23 décembre 1923 à une demande de renseignement du Prince à son sujet, en avait brossé un portrait flatteur : " […] Il est charmant, très droit, consciencieux, d’une probité absolue - il a un goût remarquable au point de vue arts, intellect, organisation -et je l’ai largement utilisé dans les ordonnances, une personne mieux que lui ne peut mieux. Il a des façons charmantes, qualité élevée d’une mère honorable avec qui ma femme fut liée et qui a été enlevée brusquement il y a quelques années. Il a été pour elle le meilleur des fils […]  ", et expliqua son départ du Maroc " en raison du climat qui ne convenait pas à sa santé " (renseignements fournis par le Palais de Monaco). Par Ordonnance souveraine du 4 janvier 1924, le prince Louis II de Monaco fit Georges Bord de Pierrefitte chambellan. Cette fonction lui permit de rencontrer plusieurs personnalités du monde politique et des cours européenne, notamment le roi de Suède, Gustaf V. Durant ce laps de temps, et ce malgré ses obligations officielles, sa vie mondaine s'intensifia en France. Il fit de nombreux séjours au château de Marchais, résidence de plaisance du Prince en France. La famille princière avait de l'estime pour Georges. Le comptes rendus dans le journal officiel de la Principauté révèlent que le Prince Louis II, la princesse Charlotte et le prince Pierre, lui faisaient prendre part à leurs repas officiels ce qui est peu commun pour une cour, surtout devant des souverains étrangers dont les étiquettes étaient plus rigides. En août 1925 il se rendit à Vannes avec son frère pour assister aux funérailles de son grand-père maternel. Le 26 novembre 1926, Georges proposa sa démission au Prince en raison d'accusations portées à son encontre par un valet du château de Marchais qui lui reprocha d'avoir eu envers lui un "comportement déplacé ". Le Prince, ne voulant croire à la véracité des accusations, refusa au début la démission, puis, après quelques semaines, lui demanda finalement de la représenter. Lui gardant sa haute considération, le Prince lui accorda un congé avec solde pendant un an afin de ne pas le mettre " dans une situation financière trop difficile ". Il est indiqué dans les archives du Palais de Monaco, Georges tomba malade et affichait un état de faiblesse important quand éclata l'affaire. Il prit congé le 22 décembre 1926. Le prince demanda une enquête complémentaire, il semble, à la lecture de la correspondance du Souverain, qu'il était désireux de conserver son chambellan dont il était satisfait. Hélas, les accusations portées par le valet furent confirmées par le Régisseur du château de Marchais qui révéla d'autres incidents avec des fermiers, des ouvriers, deux cantonniers âgés de 52 et 56 ans, ainsi que par des témoignages parvenus du Maroc obtenus par Marc Mallet, directeur de la Sûreté publique de Monaco, suivant une lettre du 3 janvier 1927 adressée à monsieur Teuly, directeur de la Sûreté générale au Maroc. Teuly expliqua que Georges fut nommé entreposeur de la Régie des tabacs à Fez sur intervention du maréchal Lyautey, " après un stage assez court, emploi dans lequel il se montra assez nul. Très mondain, il s'occupait davantage de réunions élégantes qu’il organisait avec succès et grâce aux relations très suivies qu’il entretenait avec le Général Commandant la région. En raison de son incapacité et de ses négligences,il fut conduit à démissionner et reçut en compensation une gratification qu’on évaluait à 25.000 fr. Il disparut aussi tôt. " (réponse du 14 janvier 1927 ; Archives du Palais de Monaco). Par ailleurs, Teuly confirma l'homosexualité de Georges et renseigna que Georges fréquentait intimement Maurice Tranchan de Lunel, architecte de renom, homosexuel et opiomane notoire, qui au Maroc occupait les fonctions d'Inspecteur général des Beaux-Arts. Si l'homosexualité avérée de son chambellan, ne choqua pas le Prince, l'attitude que Georges avait envers les hommes pour qui il ressentait du désir était faite de telle manière qu'il n'était pas possible de le rétablir. Sa démission fut rapidement entérinée. Dès le début de l'année 1927, Georges, retourné dans son appartement parisien, fut plus rare dans les chroniques mondaines et ne figura plus dans les annuaires mondains en 1929. A partir de sa démission, il ne fréquenta plus que des goûtés-bridge, des après-midi musicaux, des conférences organisées par la Fédération des Artistes français, à quelques soirées offertes par des aristocrates parisiens dont l'homosexualité n'était pas un mystère. Sa subsistance semble avoir été assurée par l'année de salaire accordée par le prince Louis II et la vente du manoir du Bon-Don à la famille Lessoile, (passé par alliance dans la famille Mahé). Georges disparut des chroniques mondaines vers 1933. Il fut le seul membre de la famille assistant aux obsèques de Gustave le 23 avril 1934 à Saint-Malo, et à l'inhumation le 24 avril à Saint-Nazaire ; reclus en son logement du 16 Square Alboni à Paris 16, sa fin de vie reste mystérieuse, il décéda le 2 février 1941 à la clinique Oudino à Paris (07), son frère Jacques étant par la suite évasif à son propos. Il a été inhumé dans la chapelle des Bord à Saint-Nazaire, mais aucune gravure ne l'indique.
    2. Henri-Sylvain-Jacques Bord, né à Saint-Nazaire le 6 août 1882, vivant avec sa mère à partir de 1907, il figure dans les annuaire mondains de cette époque sous le nom de Bord de Pierrefitte, mais c'est sous le nom de Bord, que vivant, depuis 1913, 14 rue de Tocqueville à Paris, (à quelque pas de l'appartement de la femme de lettre nazairienne Marc Hélys), et déclaré comme " homme de lettres " de profession, qu'il se maria à Versailles le 5 mars 1915 avec Lucrèce Protopopesco, née le 29 octobre 1884 à Roman, județ de Neamț, circonscription de Moldavie, en Roumanie, déclarée dans l'acte comme vivant 71 avenue de Wagram à Paris, sans profession, fille de de Vasili Protopopesco, militaire, et de Lucrèce Protopopesco, tous deux décédés ; le jour de leur union, Jacques déclara reconnaître comme sienne la fille que son épouse avait eu, Irène Protopopesco, née le 27 mars 1902 à Roman en Roumanie ; ce mariage, contracté sans contrat, fut annulé par jugement du tribunal civil de la Seine le 22 avril 1922. Durant la Première guerre mondiale, il est nommé brigadier, (25 octobre 1914), est affecté à l'équipe des bombardiers du 3ème Corps d'Armée le 5 mars 1915, passa au 59ème Régiment d'Artillerie le 2 juin 1915, puis 83ème d'Artillerie le 14 jan 1916, passa le brevet de pilote d'avion lourd (n°5336) le 19 mars 1917 (confirmé par le Comité Départemental de la Seine le 6 décembre 1937. Rayé du personnel navigant de l'Aéronautique le 13 mai 1927), il fut nommé sergent le 2 septembre 1917. Retourné à Paris, il prit domicile avec son épouse Lucrèce au 6 rue Théodule Ribot, ans le 17ème. Puis il partit au Maroc, à Meknès, où il fut sous-directeur de l'Entrepôt des Tabacs, sans son épouse restée à Paris. au Maroc, il prit à l'imitation de son frère la nom de Bord de Pierrefitte. C'est du Maroc qu'il signa, sous le seul nom de Bord, l'acte authentique autorisant Irène, sa fille légitimée, alors mineure, d'épouser le 6 octobre 1926, à Paris 17ème, Charles-Emiles-Paul Gauthier, (Asnières-sur-Seine le 28 décembre 1895 - Luynes 1er janvier 1980), croix de guerre, directeur des affrètements maritimes de la maison Daher. Ce mariage annulé par jugement du tribunal de la Seine le 23 mai 1933 et l'on ignore ce qu'il est advenu d'Irène. A son retour en France en octobre 1923, Jacques, séparé définitivement de Lucrèce, s'établit 9 rue Fanny Pecot à Nantes, il fut alors employé comme inspecteur par la société la Société foncière du Nord, et l'était encore quand il tua par accidentellement en août 1929 Juliette Loisel, une enfant de trois ans qui échappa à sa mère et traversa devant son automobile à proximité du village de Bel-Air en Miniac-Morvan (35). En août 1925 il assista aux funérailles de son grand-père maternel, c'est la dernière fois qu'il participa à une réunion familiale. C'est sur présentation d'un acte de réputation au nom de Bord de Pierrefitte qu'il justifia de son identité quand il reconnut le 7 septembre 1926 comme son fils Philippe-Jacques-Gabriel Garnier, né à Paris 8e le 28 août 1926, qu'il eut Gabrielle-Anne Garnier ; Philippe-Jacques-Gabriel Bord de Pierrefitte, décorateur, se maria le 20 octobre 1949 à Marseille avec Régine-Mathilde-Alphonsine Guillermain, née le 21 novembre 1923 à Marseille, décédée le 18 novembre 2013 à Marseille (d'où postérité) ; Philippe décéda le 10 décembre 1955 à Paris 12e sous le nom Bort de Pierrefitte. Jacques partit vivre au Maroc avec son fils et sa concubine durant quatre années et était déclaré en 1937 domicilié à Paris 36 rue de l'Abbé Groult (15e). C'est toujours sur présentation de son acte de réputation que Jacques se remaria sous le nom Bord de Pierrefitte à Marseille le 28 septembre 1940, suivant un contrat de mariage du 14 septembre chez maître Cachia, notaire à Marseille, avec Gabrielle-Anne Garnier, née le 8 décembre 1899 à Salon-de-Provence, décédée à Marseille le 20 décembre 1982, fille de Raymond Garnier et de Jeanne Joséphine Magdeleine Lugeyre, mère de son fils, légitimé de fait par ce mariage ; Jacques était alors agent général de L'Illustration et résidait 448 rue Paradis. Il décéda sous le patronymique Bord de Pierrefitte le 22 janvier 1971, en son domicile du 153 boulevard Chave à Marseille. Il n'eut pas au contraire de son frère de vie mondaine. On ignore s'il eut d'autres enfants ni quelles furent ses publications littéraires. A la fin de sa vie une tumeur lui avait perdre l’œil droit et portait donc, comme son père un œil de verre.

    A la naissance de ses fils, Gustave se déclara sans profession.

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     Dolorès Bord en 1917 à Rabat, détail d'un portrait par Jean de Gaigneron, (coll. privée).

     

    En 1885 Gustave Bord avait pris location d'un appartement au 55 avenue des Champs Élysées à Paris, à l’angle de la rue de La Boétie, et à partir de 1897 il fit publier dans l'Annuaire des châteaux, qu'il résidait au château des Charmilles à Saint-Nazaire, en plus de son adresse parisienne, qui, en 1899, changea pour le 60 rue de Londres, face au pont de l'Europe, au 32 rue La Boétie en 1903, puis en 1906, le couple et leurs fils résidaient au 145 rue de La Pompe dans le quartier de l'Etoile. Il n'était pas propriétaire de ses logements parisiens, l'immeuble de la rue de La Pompe appartenait à la Compagnie d'assurance sur la Vie. Son adresse nazairienne figurait dans les carnets mondains comme sa résidence d'été chaque année dès les 29 juin ; il retournait à Paris en septembre.

     

    Le château des Charmilles était meublé avec goût, même si les meubles acquis par le couple Gustave-Dolorès étaient de facture industrielle dans le style " néo-Louis-XIII " alors en vogue, en noyer, très coûteux à l'achat, sans une valeur marchande particulière de nos jours. (Ce mobilier fut vendu avec la maison au Raffeageau, le dressoir de la salle à manger ainsi que la table ronde et ses chaises sont toujours à Saint-Nazaire chez des propriétaires différents. Les chaises portent sur le cuir de leur dossier les lettres BV enlacées, pour Bord-Vallières). Gustave était lui un collectionneur, instruments de musique, objets d'art et de curiosités de la fin du 18e siècle s'entassent dans les pièces du château, et surtout il possédait une importante bibliothèque de 20.000 volumes et une collection réputée de manuscrits révolutionnaires, ce qui lui permit de devenir membre de la Société des Bibliophiles Bretons. Son appartement parisien comportait une vaste bibliothèque où il recevait. Ajoutons qu'en 1903, George Desvallières, fit le portrait de Dolorès sous le titre de " Portrait de madame Dolorès G. Bord ". Dans ce portrait en pied, sa cousine figurait dans une toilette très élégante avec une cape d'hermine. Dolorès en fit don à sa sœur Jeanne-Marie des Vallières, (Ville d'Avray 26 septembre 1863 - Paris 29 octobre 1924), épouse d'Albert-Louis Blondel. Transmis ensuite à des nièces par alliance, la toile est malheureusement amputée dans les années 1980 afin d'entrer dans un appartement moderne, passant des dimensions 110 x 80 cm, 43 x 31 in., à​ 75 x 61 cm, 30 x 24 in.​, (cf. Ambroselli de Bayser, Catherine, avec la collaboration de Thomas Lequeu et Priscilla Hornus, George Desvallières, Catalogue raisonné de l'œuvre complète, Paris : Somogy éditions d'art, décembre 2015. T II, p. 171, CR 828).

     

    Gustave Bord et son épouse laissèrent à Saint-Nazaire l'image des personnes généreuses. Gustave fit de nombreux dons pour financer l'entretien de l'église Saint-Gohard que son père avait contribué à construire. En 1897, à la création de la salle 6 de l'Hôpital, dite salle Sainte-Anne, il donna les 5.000 fr que nécessitaient l'achat du mobilier, avec condition qu'on n'y retira jamais du mur le crucifix qu'il offrit.

     

    En juillet 1905 Gustave perdit l'œil droit suite à l'apparition d'une tumeur (son fils Jacques connut le même sort). Cette maladie ne l'empêcha pas de poursuivit plus ardemment ses activités littéraires, politiques, et antimaçonniques. Gustave perdit peu à peu le bon sens et la raison, il devint totalement fanatique, persuadé d'un complot perpétuel de la franc-maçonnerie contre le Roi, l'Eglise et la France sa fille aînée. La loi de 1905 qui sépare l'Eglise et l'Etat, la réforme des congrégations qui entraîna l'exil de millier de religieux, et surtout les inventaires des églises qui furent l'objet d'affrontements entre gendarmes et paroissiens, finissent de le conforter dans sa paranoïa, il associa dans son esprit la République et franc-maçon, au point d'affirmer que si l'on supprimait le principe d'égalité les loges-maçonniques disparaîtraient, le tout soutenu par de longues théorisations alambiquées nourries des écrits d'Augustin Barruel. C'est aussi en 1905 qu'il se retrouve en faillite en raison de ses dépenses somptuaires et de désintéressement à se constituer des revenus, et ce malgré une tentative de relancer l'activité de son entreprise en se rendant adjudicataire des travaux de réalisation des deux jetées de la nouvelle entrée du port, au côté de Nouteau, projet pour lequel il avait gagé ses biens auprès de son agent de change parisien, H. Lestiboudois, pour une somme très inférieure à leurs valeurs réelles. Gustave se montra incapable de diriger le chantier ; un effondrement due à des malfaçons lui fit perdre son investissement. Ne pouvant poursuivre les travaux ni rembourser son emprunt, le 18 avril 1907 H. Lestiboudois devint propriétaire de tous ses biens gagés, qu'il revendit immédiatement ; ainsi, le 29 avril 1907 le Lola fut vendu à Southampton, vendu aussi le bois de La Ville Allain, et la vigne du même nom, plusieurs bois, terres et vignes, dont celles de La Falaise qui constituaient la pointe de la Ville-ès-Martin, et surtout le château des Charmilles avec son mobilier fut acquis par Pierre-Augustin marquis de Montaigu, député, ami de Gustave, qui le revendit presqu'aussitôt au docteur Raffegeau, médecin spécialisé dans le traitement de la dépression et des troubles psychiatriques, qui depuis de nombreuses années habitait une partie de la l'année à Balz, (voir seconde partie). Le contenu de sa bibliothèque fut acheté par la marquise de Mac Mahon d'Éguilly, née Henriette de Pérusse des Cars, (La Roche-de-Bran 28 octobre 1833 - Paris 31 décembre 1911), puis elle passa en 1925 aux mains du collectionneur et historien Henri Parguez et enfin à l'Université de Princeton, (USA - New Jersey). Identifiée comme Collection Gustave Bord, elle comporte des livres, de la correspondance, des documents juridiques, des cahiers et des notes sur l'histoire de la France, sur une période allant de 1626 à 1877. Si le ce fond est surtout constitué de documents ayant attrait à la Révolution française, il comprend un grand nombre de volumes de poésies du 19e siècle, des livres concernant les Pont-et-Chaussées ayant appartenu à Alcide, et les papiers de historiques de la famille Bord quand elle résidait à La Châtre. 

    Gustave, qui passait pour l'un des hommes les plus riches du canton de puis la mort d'Alcide en 1888, et pour " le millionnaire de la famille " pour les cousins de son épouse, se trouva fort démuni. Après une violante dispute, il fut contraint de quitter le logement familial sous pression de ses fils et de sa femme avec qui il eut une altercation physique. Il prit un logement au 90 avenue Niel, et Dolores obtint la séparation afin de sauver ce qui reste de sa fortune personnelle, comme le lui permettait le contrat de mariage signé en 1880. Elle prit dans le monde le nom de Bord de Pierrefitte, que reprirent ses fils, au grand étonnement des Nazairiens et Parisiens qui la recroisèrent plus tard. Elle se domicilia avec ses enfants en 1909 au manoir du Bon-Don à Vannes (en réalité Bondon), un pavillon agrémenté d'une tourelle et d'un corps de ferme dans un vaste parc entouré de hauts murs, qui fut le siège d’un couvent de carmes fondé par le duc Jean V, et conserve la location du 145 rue de la Pompe à Paris.

     

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    Médaille commémorative de la Fête de la fédération du 14 juillet 1790 incorporée dans une horloge de bureau, seule pièce de la collection de Gustave Bord à avoir été conservée.

     

     

     

    A partir de 1908, Gustave n’apparut plus dans les annuaires mondains. Il fut fortement éprouvé par sa faillite, il troua réconfort et subsides auprès de sa tante Louise Sazerat qui vivait à Saint-Nazaire, comme en témoigne la dédicace de son livre " La Franc-maçonnerie en France " paru cette année-là.

     

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    Dans l'acte de mariage de son fils Jacques le 5 mars 1915, Gustave est déclaré domicilié 19 boulevard Berthier à Paris, Dolorès domiciliée à Rabat au Maroc. En effet, Dolorès était partie en 1913 avec Georges créer une affaire commerciale non déterminée dans ce pays, dont on sait par le rapport Teuly déjà cité, qu'elle " ne tarda pas à sombrer ". Teuly, qui décrit Dolorès comme " une femme très intelligente ", la désigne comme " veuve ", et renseigne qu'elle fut nommée par l'intermédiaire de Lyautey, et plus exactement de l'épouse de celui-ci avec qui Dolorès s'était liée, inspectrice des écoles indigènes.

    Par la suite, la guerre et la dévaluation du Franc ayant fini de lui faire perdre à Gustave ses derniers revenus, et malgré l'héritage que lui a laissé sa tante Louise-Charlotte Salzerat, il fut contraint de s'établit à Saint-Malo où on lui avait offert le poste de professeur d'histoire à un collège libre, occupant un modeste appartement 2 rue Sainte-Marguerite, dans la ville close, ce fut sont dernier domicile. L’Académie française lui attribua le prix Xavier-Marmier, d’une subvention de 850 frs, en 1931, afin de l’aider à continuer ses travaux historiques ; il fut aussi aidé épisodiquement par Georges Montorgueil, et il contribua ponctuellement au journal Le Salut : Gazette de Bretagne. On ne reparla de lui à Saint-Nazaire qu'à la suite de la publication dans la presse d'une lettre qu'il avait adressée le 6 avril 1926 au Courrier de Saint-Nazaire. En mars précédent le Conseil d'administration de l'hôpital avait fait retirer les crucifix qui se trouvaient dans les salles. Gustave Bord fit rappeler qu'il avait payé un crucifix ainsi que tout l'aménagement de la salle 6 et que l'hôpital s'était alors engagé à respecter la présence du Christ en croix qui s'y trouvait. Dans le cas contraire, l'hôpital se devait de verser 5.000 frs à partager entre les Petites sœurs des pauvres, la paroisse Saint-Gohard, la maison de la Providence à Saint-Marc, et les sœurs de Saint-Vincent-de-Paul à Saint-Malo. Le Conseil fit remettre le crucifix qui resta en place dans la salle 6 qui y resta jusqu'à la destruction de l'hôpital durant les bombardements. Une nouvelle publication en 1930, financée par Le Courrier de Saint-Nazaire et publiée par lui par son imprimerie, " Grandes et petites légendes "passa localement inaperçue, car presque non-concernant la Bretagne, et absolument pas Saint-Nazaire. La quatrième page de couverture de ce livre comporte la mention de onze publications majeures de Gustave, mais à l’exception de quatre, elles sont indiquées comme étant épuisées, y compris son livre sur la Franc-Maçonnerie. Gustave ne touchait presque plus de droits d'auteur. A Saint-Malo il était un vieux monsieur discret qui passait son temps aux archives de la ville et rédigeait des mémoires. Il avait parfois la visite d'érudits locaux, et les dernières années un ancien élève venait quelques heures par semaine pour ses courriers et lui faire la lecture, car il était devenu presque aveugle de l’œil qui lui restait. Il décéda dans une grande misère.

     

    Alcide Bord avait fait bâtir en 1879, pour lui et les siens, une chapelle funéraire au cimetière de La Briandais. C'est plus grosse concession de la ville. Elle mesure au sol 6m x 4m40 (26m²40) et culmine à 5m au point le plus haut (croix sur le toit). Toujours existante en 2012, elle fait face au portail d'entrée au bout de l'allée principale. Elle est construite dans le même granite que les quais de Penhoët, et avec la même méthode de jonction à l'aide de pitons de bronze. Les archives municipales sont muettes à propos des corps inhumés, est les gravures à l'intérieur sont presque illisibles et incomplètes, mais on sait la présence dans le caveau les cendres d'Alcide et de son épouse Marie-Joséphine, née Salzerat, et de leur fils Louis, ainsi que des restes de membres de la famille Salzerat, rapportés de Limoges : Jacques dit Louis-Jacques Salzerat, père de madame Bord, déjà cité, et son épouse Charlotte-Caroline Cacatte, déjà citée ; deux frères de madame Bord : Antoine-Aimé Sazerat son fils, né à Limoges le 5 mars 1829 (déclaré le lendemain), décédé à Nexon le 26 mai 1829 et Pierre-Gustave Sazerat, né à Limoges le 5 février 1828, décédé à Limoges le 11 mai 1842, ainsi que leur sœur Charlotte-Louise Sazerat, née à Limoges le 6 août 1837 (déclarée le lendemain), décédée à Saint-Nazaire le 19 septembre 1919 (51 rue Villès-Martin). Enfin, quoiqu’aucune gravure ne le cite, Gustave Bord repose lui aussi dans cette chapelle. Après une messe d'obsèques le 23 avril 1934 à Saint-Malo, son corps fut transporté de Saint-Malo pour être inhumé le 24 avril 1934 à Saint-Nazaire en présence de son fils Georges qui avait fait le déplacement seul depuis Paris. D'anciens employés, des gens qui avaient bénéficié de ses largesses, quelques royalistes nazairiens, la famille Nouteau, des religieuses de l'hôpital, la veuve de Raymond Gasnier ancien maire, le peintre Charles Beilvaire, et A. Bernard, directeur du Courrier de Saint-Nazaire, journal de droite-catholique, virent lui rendre hommage. Jean de Pange lui consacra un article hommage, sous le titre " Gustave Bord et la franc-maçonnerie ", totalement antimaçonnique, en première page du journal La Croix du mercredi 20 juin 1934, et y affirma que le manuscrit du second tome que Gustave consacrait contre les Francs-Maçons, avait disparu à l'imprimerie où il avait été envoyé.

     

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    La chapelle funéraire de la famille Bord, (photo Galahad L.)

     

    Bord de Pierrefitte ?

    Comme nous l'avons expliqué, les Bord sont issus d'une famille du Berry enrichie par les politiques de grands travaux et de modernisation de la France au 19e siècle. Mais d'où vient cette particule et ce nom de terre que Dolorès, femme séparée de Gustave Bord, et ses fils portèrent dans le monde, puis à l'état civil ?

    Pour comprendre, il faut savoir avant tout qu'il exista en Limousin une famille chevaleresque du nom de Bort, avec une particule et un T et non un D à la fin de son patronyme, qui posséda la seigneurie de Bort-les-Orgues en Corrèze. Cette très ancienne famille noble s'illustra durant la quatrième croisade, fonda le monastère de Bort, donna des chevaliers à l'Ordre du Temple qui seront appelés à témoigner lors du fameux procès intenté à l'Ordre par Philippe le Bel. Très riches et très puissants, ils héritèrent par mariage de la seigneurie de Pierrefitte, où dès 1471, Charles de Bort, gentilhomme de la Chambre de Charles VIII, époux d'Antoinette de Saint Avit, ordonna la construction en cet emplacement du château de Pierrefitte située maintenant sur la commune de Sarroux en Corrèze, où durant trois siècles, dix générations de Bort se succéderont dans une admirable résidence médiévale toujours existante. Cette famille s'éteignit avec deux frères, Léonard-Antoine de Bort de Pierrefitte, (1758-1822), qui n'eut de Béatrice de Laforet-Bulhon, un fils, Jean mort jeune, et une fille, Sophie Antoinette, épouse de Guillaume de Lagrange, (qui ne laissa elle-même que deux enfants morts jeunes), et Octavien de Bort de Pierrefitte, né en 1767, chevalier de Malte, fait prisonnier par les troupes de Bonaparte en 1798 au siège de La Valette, et qui sous la Restauration fut maire de la ville de Bort de 1816 à 1830. Resté célibataire, il décéda très âgé le 14 novembre 1859. Le nom de Bort de Pierrefitte s'éteignit, mais il subsistait une branche, celle de Tessonnière, issue de Charles de Bort, seigneur de Pierrefitte, et de Louise de Murat, nommée de Bort à l'état-civil, ayant des droits sur le nom de Pierrefitte (cette famille est toujours existante).

     

    A sa séparation d'avec Gustave en 1907, Dolorès et ses fils prirent le nom de Bord de Pierrefitte et les armoiries de cette famille, d'or au sautoir de gueules, (blasonnement de l'enregistrement du 27 février 1699 à l'Armorial général, cependant la famille de Bort de Pierrefitte portait en réalité le sautoir denché). L'homophonie patronymique et le lieu de naissance de Gustave furent suffisants pour asseoir leurs prétentions.

    C'est Georges qui, nous l'avons écrit plus haut, fit la demande de changement de nom publiée au Journal officiel du 20 octobre 1908. La demande ne fit pas l'objet d'un décret, elle fut donc refusée faute de preuves de filiation recevables, et parce qu'elle consistait en une usurpation. Jacques, nous l'avons écrit plus haut, présentait pour papier d'identité un acte de réputation, (acte dressé devant notaire en présence de deux témoins certifiant), il reconnut son fils sous le nom Bord de Pierrefitte, faisant passer le nom officiellement, mais c'est toujours sur présentation de son acte de réputation qu'il se remaria en 1940. Son acte de décès et celui de son épouse furent dressés au nom de Bord de Pierrefitte. Il ne semble pas avoir obtenu de rectification d'état civil.

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    demande de changement de nom émise par Georges Bord, Journal officiel du 20 octobre 1908

     

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    Gravure aux armes des Bort de Pierrefitte sur le briquet de Jacques Bord.

     

    Notes :

    La famille Lefebvre des Vallières porte depuis le 18e siècle : d'azur au chevron d’or accompagné de deux épis de blé tigés et feuillés d'or en chef, couchés dans le sens du chevron, et d’une fève de haricot d'argent en pointe.

    La famille de Barberia, (Navarre) : écartelé ; au 1, d’or à un arbre de sinople devant et derrière le fût duquel passent deux loups de sable ; au 2, de gueules à deux faces d’or, accompagnées en pointe d’un chaudron de sable ; au 3, d’argent à la croix alésée de sinople, cantonnée de quatre cœurs de gueules (alias chaque travée appointée d’un cœur de gueules) ; au 4, d’or à un arbre de sinople contre le fût duquel rampe un loup de sable.

    La famille Salamero, (Navarre) : de sinople au bélier d’argent ; à la bordure d'or, chargée de huit cœurs de gueules, transpercés chacun en face par une fléchet de sable.

     

    Sévérino de Barberia, sujet espagnol, fut de 1856 à 1858 consul d’Espagne à Gibraltar  (acceptation de l’exéquatur par la reine Victoria le 30 août 1856) ; de juillet 1858 à 1861 consul de Parme à Marseille (l’Espagne se chargeait alors de la représentation diplomatique de Parme) ; de 1861 à 1864 consul d’Espagne à Alexandrie (le 12 février 1863, durant les tentions entre musulmans et chrétiens, ayant assisté en uniforme à la proclamation de l’avènement d’Ismaïl Pachas à la citadelle d’Alexandrie, il fit cracher dessus alors qu’il regagnait sa voiture) ; et en 1864 consul d’Espagne à Bordeaux (exéquatur au journal début juin).

     

    (Sources : Archives de Saint-Nazaire, Paris, et Marseilles ; BNF ; René Kerviler, Répertoire général de bio-bibliographie bretonne, 1899 ; Histoire de Saint-Nazaire par Fernand Guerrif ; Annuaire des Châteaux, 1898 à 1935 ; L'intermédiaire des chercheurs et des curieux, 1938 ; La franc-Maçonnerie, Christian Jacq, Paris, Robert-Laffont éditeur, 1975 ; Ésotérisme, occultisme, franc-maçonnerie et christianisme aux XIXe et XXe siècles. Explorations bio-bibliographiques, Marie-France James, Paris, Nouvelles Éditions latines, 1981 ; Archives du Courrier de Saint-Nazaire ; Journal officiel ; Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin ; Archives du Palais de Monaco ;  sources orales et écrites de la famille Bord et de ses parentés de la famille et de celles de ses anciens employés. - Remerciements particuliers à monsieur G.M. qui nous a fourni de nombreux détails et documents, ainsi qu'à madame Catherine Ambroselli de Bayser.)