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cassé-barthe

  • Le château de Heinlex, quatrième partie

    Du préfet Cassé-Barthe à Henri Allanet

     

    La famille Cassé-Barthe

     

    Jules Passerand, résidant à Herbignac, vendit le château et son parc pour la somme de 270.000 fr, le 4 novembre 1925, au préfet honoraire Henri Cassé-Barthe.

    Henri-Jean-François Cassé-Barthe, né à La Bastide-de-Sérou le 17 décembre 1872, admissible à l'Ecole militaire de Lyon en août 1894, il fut commis de Résidence du Protectorat de L'Annam (Tonkin) le 9 décembre 1894. Il fut successivement, délégué du Gouvernement à Van Yen de 1899 à 1901, délégué chef de circonscription de Ducthang en mars 1901, détaché en qualité de chef de section des affaires indigènes au secrétariat Général du Gouvernement général d'Indochine en octobre 1902,, administrateur de 5e classe des services de l'Indochine en septembre 1903, chef du secrétariat particulier du gouverneur général de l'Indochine en décembre 1904, commissaire délégué de l'Annam à l'Exposition coloniale de Marseille de 1906 ; administrateur vice-président de France de 2e classe en Indochine en décembre 1906 ; pour des raisons de santé, il quitta la Carrière coloniale pour devenir sous-préfet de Barcelonnette en avril 1907, puis sous-préfet de 3e classe d'Espalion en mai 1907 ; secrétaire général de l'Allier  en juin 1909 ; sous-préfet de Grasse en mai 1913 ; sous-préfet de 1er classe à Morlaix en mars 1914 ; sous-chef du cabinet du ministre de la Guerre en novembre 1917 sous le ministère Clemenceau ; préfet de l'Aveyron 25 juin 1918 au 16 février 1921, date à laquelle il devient préfet d'Eure-et-Loir jusqu'à sa nomination comme préfet des Côtes-du-Nord le 28 août 1924, poste qu'il occupera jusqu'au 5 février 1926 date à laquelle il fut mis à la disposition du ministre des Affaires étrangères comme délègue français à la commission interalliée chargée du règlement des dommages de guerre en Turquie, mission lui a valu une lettre de félicitations du président de la commune interalliée il officia surtout dans les affaires concernant les établissements religieux français d'Orient. Il fut mis à la retraite sur sa demande et nommé préfet honoraire en 1929, mais dirigea dès lors comme chargé de mission, les services du ministre de la Marine marchande. Chevalier de la Légion d'honneur en 1919, officier en 1926, il fut élevé à la dignité de commandeur le 24 décembre 1930.

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    Ouest-Eclaire du 1er janvier 1932

     

    Monsieur Cassé-Barthe et son épouse, (Marie, née à Brive en 1876), vivait en 1925 au château de Varés à Recoules-Prévinquieres en Avérons, une immense demeure féodale qui fait passer le manoir de Heinlex pour une villa de bord de mer, ce qu'il était peut-être en fait pour monsieur Cassé-Barthe et sa famille, qui l'acheta avec une partie des meubles laissé par le propriétaire précédent, et qu'il obligera à racheter en sus des terres et des bâtiments quand la municipalité voulut acquérir Heinlex en 1933. Il avait établi son bureau dans la bibliothéque, situé à l'étage, d'où il pouvait admirer les pelouses et au loin l'éparpillement des maisons de Saint-Nazaire. J. Montaron, correspondant nazairien de l'Ouest-Eclaire, rendit visite à Henri Cassé-Barthe le 31 décembre 1931 ; il s'extasia devant la beauté de la propriété, et fut surpris de trouver le Préfet en sabot et combinaison de mécanicien bleue un sécateur à la main taillant ses fruitiers, (cf. Ouest-Eclaire édition de Nantes du 1er janvier 1932, page 4).

     

    La Ville de Saint-Nazaire

     

    François Blanco avait fait voter la création d'une école de plein air en 1926, la légende veut que l'administration municipale visita dix-huit propriétés dans tout le département avant de porter son choix sur Heinlex que monsieur Cassé-Barthe cherchait à vendre. Il y eu une première négociation qui échoua pour des raisons financières. Le 24 juillet 1933, le Conseil municipale vota l'acquisition du manoir avec son parc avec un étang, d'un surface de 18 ha, de sa ferme avec un potager d'1 ha, de 3 ha labourable et 5 ha de pâture, le tout d'un seul tenant, et clos de murs, l'ensemble pour un montant de 650000 fr, dont 371000 fr était pris en charge par l'Etat à titre d'acquisition et de dépense pour l'aménagement d'un préventorium. Pour l’opposition, la commune achetait le propriété 350.00 fr au-dessus de sa valeur réelle, et estima que monsieur Cassé-Barthe faisait sur le dos des contribuables une plus-value de 380.000 fr. L’opposition, menée par monsieur André, chercha à faire annuler la promesse de vente...

    L'affaire traîna, monsieur Cassé-Barthe obligea la municipalité à acheter en sus le mobilier provenant des propriétaires précédents. La municipalité céda et fit estimer le mobilier par monsieur Aulnette, le commissaire-priseur propriétaire de la salle des ventes du même nom à Saint-Nazaire, de faire l'estimation qui fut présentée à la séance du conseil municipal du 4 décembre 1933 :

    Au rez-de-chaussée :

    Salon de velours de Gênes (9 pièces) ; tapis Smyrne de 5 m 50 x 4 m 50 ; lustre salon cristaux : 4250 fr

    Buffet de salle à manger ; table ; six chaises cuir : 1500 fr

    Lustre cage d'escalier :150 fr

    Au deuxième étage :

    Un lit complet laqué ivoire, largeur 1,25 ; un lit complet laqué gris, largeur 1,25 : 800 fr

    Trois lit de fer complet, largeur 80 ; un lit de fer sans literie, largeur 80 : 300 fr

    Une table à réservoir d'eau : 150 fr ;

    Une table bureau, drap gris : 150 fr ;

    Un secrétaire : 250 fr ;

    Un canapé, deux fauteuils Empire en drap vert ; deux fauteuils et deux chaises (à recouvrir) : 400 fr

    Matériel jardin, bancs, tables, fauteuils, chaises : 400 fr

    TOTAL : 8400 fr.

     

     

    Le Conseil accepta encore une fois...  mais la vente fut finalement conclue à la fin du mois de décembre 1933. Ce caprice du vendeur provoqua des railleries, et on dit que le maire faisait des dépenses somptuaires en achetant un château !



    Le 6 février 1934, le Conseil vota le projet d'installation de l'école de plein air, qui ouvrit le 5 octobre 1935 avec seulement 10 élèves. Cette école de plein air avait pour but d'améliorer l’état physique d’enfants chétifs durant des stages de 3 à 4 mois puis, après inspection médicale, devaient rejoindre leurs anciens établissements. L’établissement n'était pas gratuit : la pension coûtait 8 francs par jour, somme dont les caisses d’assurances sociales payaient la moitié. 

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    Ouest-Eclair du 4 août 1933

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    L’excédent des produits de la ferme du château, à laquelle les enfants participaient à des travaux de culture, et qui alimentait l’internat, étaient vendu. En 1937 ils avaient rapporté plus de 5.000 fr.

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    Au moment de l'Occupation, le domaine fut investi par les Allemands qui en firent un centre de repos pour leurs sous-mariniers. Ils édifièrent des baraquements dans le parc.

    A la libération les Américains investirent les lieux, la 25e D.I. Y établit son camp. Heinlex ne fut rendu à la municipalité le 18 septembre 1947 à 16h, avec tout le matériel que les Américains avaient apporté et celui que les Allemands avaient laissé !



    L'Hôtel Dieu et la Maternité ayant été totalement rasés, l'ancienne hospice de Gavy avait été transformé en hôpital provisoire, le conseil vota l'établissement à Heinlex du nouvel hôpital qui les premiers temps pris place dans les baraquements de l'armée allemande. C'est grâce à Henri Allanet, que ce projet fut possible, l'ensemble de son œuvre et sa vie ont été racontées en 2006 dans le livre de son fils Pierre-Henri Allanet, « Henri Allanet, un citoyen du XXe siècle », aux Editions Pleine Page.