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saint-nazaire - Page 6

  • Sous l'étang un village ?

    Il est des légendes tenaces et communes à tous les lieux. Là où il y un château, il y a un souterrain qui traverse la campagne sur des kilomètres, là où sont des ruines il y a forcément eu un crime et un trésor est caché, et chaque fois qu'il y a une retenue d'eau, il y a un village englouti...

     

    Forcément notre bon Saint-Nazaire ne pouvait vivre sans l'une de ces légendes, (la ville d'Is n'est-elle pas bretonne ?), l'étang artificiel du Bois Joalland s'y prête. On est régulièrement venu me demander ce qu'il en était. Il revient souvent dans la bouche des Nazairiens l'histoire d'un '' village noyé par les allemands durant l'occupation ''. Avec un peu plus de détails certains vous affirmeront que '' les nazis auraient inondé un village nommé l'Epine Blanche ''. On reste cependant toujours au conditionnel en faisant ces affirmations, car au fond de soi on se demande comment cela peut être possible dans une retenue d'eau aussi peu profonde, parce que on est surpris par de telles mesures alors que les nazis brûlaient ou rasaient à coup de bulldozer les maisons pour faire répression. Inonder un village dans le bocage nazairien cela demanderait une mise en œuvre complexe et coûteuse. Toute légende à cependant son fond de vérité, et il y a bien eu un '' village '' submergé au Bois Joalland. Remettons cependant quelques éléments '' à échelle '' : le terme '' village '' est mal approprié, à Saint-Nazaire, que se soit dans les dénombrements seigneuriaux et dans les rapports des arpenteurs qui firent le cadastre de 1829, on nommait '' village '' le moindre hameau, qu'il y ait vingt maisons ou seulement trois.

     

    Voici le cadastre de 1829 à l'emplacement de l'étang du Bois Joalland :

    cadastre1.jpg

     

    Et maintenant voici la superposition avec une vue aérienne de l'étang, avec la zone inondée :

    carte 3.jpg

     

    On observe donc la présence d'une métairie nommée Les Bélaudais, et d'un village, Quelmer (Kermel), qui était le siège d'une ancienne métairie de la seigneurie du Bois Joalland.

     

    Sur le cadastre de 1829, on distingue donc une dizaine de bâtiments à usage agricole et d'habitations qui constituaient le village de Quelmer. Le plus long sur l'axe nord-sud, à droite, était la ferme médiévale, seul bâtiment partiellement en pierre, les autres  bâtiments étaient en torchis. En 1850 ces bâtiments abritaient 3 ménages, soit 14 personnes.

    bois-joalland,l'immaculée,soldats-américain,1917s

    Les Bélaudais (ou La Bellaudais), qui n'est pas sans rappeler le nom de La Bellotière, (aujourd'hui La Belle-Hautière). La racine en est la même, c'est le patronyme de la famille Belliote fort nombreuse à Saint-Nazaire, et qui laissa son nom à plusieurs lieux-dits où elle vivait et possédait des fermes.

    Une vue plus détaillée du secteur, et remontée d'après les feuilles des sections R2, E1, et D2, (la zone se trouve dans une zone de coupe entre ces sections), du cadastre de 1829, nous montre la présence de trois bâtiments et d'une croix à un carrefour :

    belaudais.jpg

     

    La métairie des Bélaudais existait encore quand les troupes étasuniennes arrivèrent à Saint-Nazaire le 26 juin 1917, mais que cela n'était tout au plus qu'une ferme partiellement en torchis et à toit de chaume.

     

    Les Etasuniens établirent leur Camp N°1 dans notre ville. Ils investirent des baraquements construits par des prisonniers allemands qui avaient été expédiés par Paris dans le but de remplacer les ouvriers bretons envoyés sur le front. Les Américains furent confrontés au problème redondant de l’alimentation en eau de Saint-Nazaire. L’afflux de soldats provoqua rapidement une pénurie. Le commandement décida la création d'un réservoir de 2.000.000m², sous la forme d'un lac artificiel, en inondant le vallon situé au cœur de l'ancienne seigneurie du Bois-Joalland. Ils chargèrent les soldats noirs et les prisonniers allemands de couper les arbres, de détruire les quelques maisons qui étaient présentes dans la zone à inonder, de construire une digue de barrage, et une route permettant de contourner l'étang. Cette route passa à l'emplacement du manoir du Bois-Joalland, et juste devant les maisons d'un hameau nommé La Cavarderie, qui se situait entre la route du château de Beauregard et la rue Charles Garnier, comme on peut le voir sur la superposition suivante :

    la cavar.jpg

     C'est ainsi que disparurent la ferme des Bélaudais, le village de Quelmer, et la ferme médiévale  dont le ruines étaient encore visibles durant l'hiver 1933-34 suite à un été de sécheresse qui avait presque vidé l'étang, que fut aussi détruit le manoir du Bois-Joalland, (dont il reste la ferme), et que furent constitués les étangs du Bois-Jolland, de Guindreff, et de La Belle-Hautière. L'ensemble de ses retenues d'eau furent achetées par la commune sur cote du Conseil municipal du 18 mars 1920, au moment du départ des troupes américaines.

     

    bois-joalland,l'immaculée,soldats-américain,1917s

     

    Les ruines de la ferme médiévale de Quelmer durant l'hiver 1933-34, suite à la sécheresse qui vida l'étang, photographie parue dans Le courrier de Saint-Nazaire du 28 janvier 1934.

     

    Mais L’Épine Blanche ? On la retrouve dans le second tome de l'histoire de Saint-Nazaire de Fernand Guériff, publié en 1963, il mentionne sa destruction par les américains, ainsi que celui d'un autre village qu'il nomme '' Pengat ''. Henri Moret, pourtant pas avare en détails, et qui était présent sur les lieux à l'époque de la construction, ne mentionne aucun hameau à cet endroit. En fait il y a deux choses qui se superposent dans la mémoire des personnes interrogées entre 1957 et 1963 par Guériff : la mémoire de la création de l'étang, et celle de la destruction du village de L’Immaculée durant la Seconde Guerre mondiale. L'Epine Blanche est le nom du coteau qui se trouve au sommet de la rue du château de Beauregard. Deux hypothèses sur l'origine du nom : la plus vraisemblable : la présence d'un important massif d'épines blanches. La seconde serait que le nom vient d'un cépage nommé en Ile-de-France épinette blanche, qui est en fait le pineau blanc, et remonte au temps où Saint-Nazaire était un pays de vignobles. Il semble en effet qu'il y avait à cet endroit des vignes, mais le cépage à Saint-Nazaire était le " Congor ", (pineau d'Aunis). [Modification du texte en date du 28 décembre 2016] Jusqu'à un courriel de monsieur P.L. en date du 27 novembre 2016, nous pension qu'il y avait confusion entre le nom du coteau et celui oublié du village de La Cavarderie, qui perdit son patronymique au profit de celui de L'Immaculée qui est en réalité celui de l'église et de la paroisse fondées sous le Second-Empire. Mais monsieur P.L. nous a fourni les preuves de l’existence d'un lieudit " L'Epine Blanche, à l’intersection de la route de Nantes au Croisic et de la route reliant la Villez-Thomas à Beauregard. " Ce lieu-dit, composé d’au moins deux maisons, était au nord du village de Quelmer, sur la section des Carrois. Son existence trop courte, située entre 1850 et 1918, fait qu'il n'a jamais été cartographié, et n'est mentionné que dans le décret d’expropriation définitif de novembre 1921.

    bois-joalland,l'immaculée,soldats-américain,1917s

    Cadastre de 1829, le X marque l'emplacement du hameau de L'Epine Blanche.

    [fin de la modification du texte en date du 28 décembre 2017]

    Et '' Pengat '' ? Hélas, si Guériff avait su, il ne l'aurait pas mentionné ! Ce '' Pengat '' qu'on pourrait croire breton, est la déformation de '' penga '' sans '' T '' finale, mot d'origine espagnole, qui en argot des soldats étasuniens de la Première-Guerre-mondiale désigne le sexe de l'homme, et par extension un lieu écarté où les hommes peuvent avoir entre eux un rapport sexuel, et à nouveau par extension où ils pouvaient avoir un rapport sexuel avec une femme... La création de l'étang et la présence d'un grand nombre de soldats alors que la majorité des hommes étaient au front avaient aiguisé les appétits, (il y eut entre juin 1917 et octobre 1920, 174 mariages entre Nazairiennes et soldats étasuniens). Il y avait autour de l'étang des bosquets, des prairies, des champs que plus personne ne cultivait faute de bras. Aussi, la zone était devenue un lieu de badinage, et de sexe à la hussarde. L'expression '' penga '' ayant une consonance bretonne, le mot fit long feu, sans que les Nazairiens n'en comprissent le sens. Les soldats stationnés à Saint-Nazaire, préféraient ainsi faire des rencontres sexuelles sur les rives de l'étang que de se rendre dans l'une des maisons closes du camp ou de la ville. Le souci fut qu'il y eut des débordements. Le secteur de l'étang était devenu un lieu de balade pour les curieux, plusieurs familles furent offusquées de ce qu'elles virent. Plus grave, la route reliant Saint-Nazaire à l'Immaculée, avait été détournée pour contourner l'étang, en logeant directement ses rives, et quelques jeunes femmes et jeunes hommes se trouvèrent harcelés par des soldats dont ils ne partageaient pas la langue. Les soldats demandaient '' Hey, wanna grab hold of my penga ? '', ('' Salut, tu veux t'occuper de ma b... ? ''), et les pauvres nazairiens pensaient qu'ils leur demandaient où étaient le lieu que les étasuniens nommaient Pengat. Plusieurs se risquèrent à faire les guides, et cela tourna mal. Au-delà du souci de langue, les intentions n'étaient pas toujours compréhensibles pour des jeunes-gens de 1917-1920 ignorant des choses de la chaire. Il y eut des agressions, des attouchements, des viols. Le haut-commandement étouffa les affaires, la presse locale finie par s'en faire l'écho au début de l'année 1920, à la suite d'une bagarre dans le bourg de l'Immaculée entre soldats alcoolisés et gens du voisinage. Les troupes étasuniens partirent en octobre 1920 et le calme revint.

     

  • Maisons et métairies nobles de Saint-Nazaire

    Nous avons déjà parlé de plusieurs fiefs, maisons et métairies nobles de Saint-Nazaire. L'histoire de certaines nous sont connues en détails, d'autres n'ont laissé que des mentions dans les actes notariés et paroissiaux. Voici quelques informations que nous avons pu glaner.



    Maison noble d'Armenjo :



    Hémery, famille noble: D'argent à trois chouettes de sable, becquées et membrées de gueules, accompagnée d'un annelet du même en abîme.

     

    I° Jan Hémery, seigneur de la maison noble d'Armanjo, (vivant en 1618), époux de Françoise Diron, dame d'Armanjo, d'où :

    1°Pétronille, baptisée le 26 mai 1599 ;

    2° Jacques, qui suit.

     

    II° Jacques Hémery, époux de Jacquotte de Boisbrassu, seigneur et dame de la maison noble d'Armanjo, d'où :

     

    1° Marguerite née entre le 14 et le 25 juillet 1638.

     

     

    Matz (du), Famille noble d'extraction chevaleresque maintenu à l'intendance en 1700 qui posséda les maisons nobles d'Armanjo, de Guindreff, et de Kerlédé (voyez ces articles) : D'argent frété de gueules ; au chef échiqueté d'or et d'azur.

     

     

    I° Denys-Guillaume du Matz de Keranvay, seigneur de La Drouillay, et de la maison noble d'Armanjo pour laquelle il servit l'aveu en 1709, époux de Perrine Paquet. Il la vendit à Jacques Hégo.

     

    Hégo, famille de laboureurs

     

    I° Jacques Hégo, mort avant 1747, seigneur de la maison noble d'Armanjot, père de :

    II° Elisabeth Hégo, dame de la maison noble d'Armanjot en 1747, décédée en 1748, épouse de Pierre Bonneau, capitaine de navires.

     

    En 1850 le domaine d'Armanjot était propriété de la famille Morel.



     

    Maison noble d'Avalix

     

     

    Chotard, famille de la bourgeoisie de la paroisse de Donges : D'or à la croix ancrée de sable.



    I° Pierre Chotard rendit aveu à Gabriel de Goulaine au nom des enfants mineur du sieur d'Avalix en 1638.

     

    La maison noble d'Avalix se nomme en fait manoir du Pez, elle est devenue bien des viconte de Saint-Nazaire en 1709. Fortement modifiée à la fin du 19e siècle, c'est aujourd'hui la maison située au 77 boulevard Jean de Neyman.

     

    Maison noble du Lin (ou Lain)

     

     

    I° Jean Le Baud, sieur du Lain, époux d'Anne de la Chenaye, aveux du 2 février 1647.

     

    Située au niveaux de la rue de L'Ile du Lin, le domaine était propriété de la famille de Kermasson en 1850, il comportait alors un manoir.

     

     

    Métairie de La Ville-ès-Molle : Terre franche constituée en faveur de 1484 en faveur de Pierre Mole. Par la suite le domaine devient hameau.

     

     

    Métairie de Grandpré



    I° Charles Bernard, (1650-1700), sieur de Grandpré, notaire royale à Saint-Nazaire, époux de Madeleine Belliotte, (1645-1735), d'où :

    II° Renée Bernard, (Saint-Nazaire 1684 - Saint-Nazaire 1735), sieur de Grandpré,, mariée le 23 janvier 1720 à Saint-Nazaire avec Ambroise Lorieux, sieur de La Mainguisserye, seigneur de Tréballe, (voyez le chapitre sur cette seigneurie)



    Fief d'Issignac, aujourd'hui Dissignac.



    I° David Belliote, décédé à Montoir-de-Bretagne le 13 décembre 1680, inhumé dans le cœur de l'église ; greffier de la vicomté de Donges.

     

     

    Fief de La Ville-Halluard, dit aussi de La Vieille-Ville.

     

    I° ?? Hemery, écuyer, sieur de La Vieille-Ville, époux de Claude Tavat, d'où :

     

    1° Françoise, baptisée le 9 juillet 1609 à Saint-Nazaire.



  • La Belle-Hautière

    La Bellotière, ou Blotière, orthographié depuis 1829 '' La Belle-Hautière '', était un village tenu en fief noble qui appartenait Jégo, famille guérandaise qui fut anoblie en 1460, mais qui est tombée en roture après la réformation de 1513.



    Jégo de La Fleuriays : D'argent à trois chevrons de gueules besantés d'or.

     

     

    I° François Jégo de La Fleuriays, sieur de La Bellotière, inhumé en la chapelle du Rosaire de l'église de Saint-Nazaire le 15 octobre 1704 ; avocat au parlement, sénéchal seul juge de la vicomté de Saint-Nazaire et de la baronnie de Marcein, par achat de la charge de Jean Coquard en 1672, puis de celle de Guillaumes des ailleurs en 1686, et greffe de la baronnie de Marcein par achat en 1690, époux de Jeanne Bertho, d'où :

    1° Jan-François, (Saint-Nazaire le 15 octobre 1671 - baptisé à Guérande le 22 octobre 1671 – 13 décembre 1674 Saint-Nazaire) ;

    2° Perrinne, baptisée à Saint-Nazaire le 16 février 1676, mariée à Saint-Nazaire le 5 septembre 1701 avec Jacques Thomas, sieur de Trémondu ;

    3° Francois, (Saint-Nazaire le 18 septembre 1677 – 15 octobre 1707 Saint-Nazaire) ;

    4° une fille, baptisée à Saint-Nzaire le 18 décembre 1679 :

    5° Jan, né à Saint-Nazaire le 25 janvier 1682

    6° René, (Saint-Nazaire 3 septembre 1684 - 16 décembre 1684) ;

    7° René, qui suit ;

    7° André, (Saint-Nazaire 28 octobre 1686 – 14 octobre 1705 Saint-Nazaire) ;

    8° Pierre, né et baptisé à Saint-Nazaire le 22 septembre 1691

    9° Janne, (Saint-Nazaire 2 décembre 1695 – 12 mai 1743 Saint-Nazaire), mariée à Saint-nazaire, après dispense du 3e degré de parenté, le 3 novembre 1710 avec Joseph Belliotte, né le 28 février 1714, sieur de La Ville-Allain,puis seigneur de Heinlex-Pommeraye, conseiller du Roi, commissaire vérificateur des fourrages au département de Guérande, avocat à la Cour, procureur du Roi à Guérande en 1742, procureur fiscale puis sénéchal de la vicomté de Donges.



    II° René Jégo, sieur de La Bellotière, époux de Jeanne Jégo, d'où :

    1° Jeanne, (Saint-Nazaire le 30 avril 1713 – 2 décembre 1713 Saint-Nazaire) ;



     

     

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    Cadastre de 1829

  • Frais de voyage du prince Jérôme Bonaparte, de Saint-Nazaire à Nantes.

     Le 7 août 1852, le prince Jérôme Bonaparte, (1784-1860), prince de Montfort, ex-roi de Westphalie, plus jeune-frère de Napoléon Ier, et oncle de Napoléon III, débarqua à Saint-Nazaire. La visite d'un si haut personnage du régime alors en place engendra des dépenses que le préfet de la Loire-Inférieure eut quelque mal à se faire rembourser :

     

     

     

    Lettre de M. de Mentque, préfet de la Loire-Inférieure, au ministère de l'Intérieur.

     

     

    Nantes, août 1852.

     

    MONSIEUR LE MINISTRE,

     

    A la date du 6 août, j'ai reçu de Votre Excellence une dépêche télégraphique ainsi conçue :

     

    '' Le Prince Jérôme arrive, selon toute probabilité, demain samedi, 7 courant, à Saint-Nazaire. Veuillez prendre immédiatement les dispositions nécessaires pour assurer convenablement le transport de Son Altesse et de sa suite de Saint-Nazaire à Nantes. Mon département se chargera des frais. ''

     

    Par une autre dépêche, Votre Excellence me recommandait de recevoir S.A. le Prince Jérôme avec tout l'éclat dû à son rang.

    Je pris mes dispositions ; un bateau à vapeur fut frété à prix débattu. Je fis marcher avec un restaurateur pour que le Prince et sa suite trouvassent à bord un dîner convenable.

    Désirant que la présence du Prince fût environnée d'un certain éclat, comme vous l'aviez ordonné, j'ai fait un arrangement avec un chef d'orchestre pour que vingt musiciens fussent placés sur le bateau; enfin, j'ai fait élever des arcs de triomphe sur plusieurs points.

    Le total de ces dépenses, faites uniquement pour le voyage du Prince, de Saint-Nazaire à Nantes, s'est élevé à la somme de 1,828 francs, que j'ai soldée aux différents fournisseurs.

     

    J'ose espérer, Monsieur le Ministre, que vous voudrez bien m'en faire tenir le montant.

     

    Ci-joint les quittances, sauf celles relatives aux arcs de triomphe, qui se répartissent sur un trop grand nombre d'individus.

     

    Je suis avec un profond respect, Monsieur le Ministre, de Votre Excellence le très-humble et très-obéissant serviteur.

     

    Le Préfet de la Loire-Inférieure,

    E. DE MENTQUE.

     

     

    P. S. Votre Excellence voudra bien remarquer qu'il ne s'agit ici que des dépenses du voyage du Prince, de Saint-Nazaire à Nantes, selon les prescriptions de la dépêche télégraphique. Quant à la réception qui a eu lieu à la préfecture, il ne peut question ici ; c'est un grand honneur, dont je resterai toujours profondément reconnaissant.

     

     

     

     

    État des dépenses du voyage de S. A. le Prince Jérôme, de Saint-Nazaire à Nantes.

    (En exécution de la dépêche télégraphique du Ministre de l'Intérieur, du 6 août 1832.).

    Location d'un bateau à vapeur

    500 fr

    Ornementation de ce bateau par le tapissier .

    125 fr.

    Orchestre sur le bateau

    0,58 fr.

    Au maître de poste de Guérande, pour chevaux conservés pour le Prince

    51 fr.

    Au sous-préfet de Paimboeuf, chargé d'une mission pour le Prince, déboursés en frais de poste

    87 fr.

    Plusieurs arcs de triomphe élevés sur les deux rives du fleuve.

    555 fr.

    Repas de vingt personnes, à bord du bateau à vapeur, pour le Prince et sa suite

    550 fr.

    Total

    1.828 fr.

     

     

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    Le prince Jérôme vers 1860

  • Saint-Nazaire en 1864

    Article du Journal illustré de la semaine du 29 mai au 5 juin 1864

     

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  • Le monument de 1870

    A la croisée des rues (Georges de) Villebois Mareuil, de Santander et du boulevard du président Wilson, se trouve une statue dont peu de Nazairiens savent à quoi elle correspond.

    En 1909 on s’aperçut que la ville de Saint-Nazaire était l'une des rares municipalités d'importance ne disposant pas d'un monument à la mémoire des soldats morts durant les combats de la guerre de 1870. Ce n'était pas rare attendu que cette guerre avait été perdue par la France, que l'on préférât ne pas en parler durant plusieurs décennies. Saint-Nazaire étant une ville bretonne qui brassait une population venant de toutes les provinces de Bretagne, le souvenir du camp Conlie et comment Gambetta traita les Bretons, faisaient que toute allusion était mal venue. Cependant en 1909 la politique française était de rendre hommage aux morts de 1870 et d’aller dans le sens des revendications populaires et nationalistes au sujet de l'Alsace et du nord de la Lorraine. Un comité d’érection, composé de monsieur Renaud, président des vétérans, du commandant Gaté, du capitaine des pompiers Sorel, et du commissaire central Parisot de Sainte-Marie, fit son choix parmi les statues mises à disposition par l’Etat au fond des Beaux-Arts. Ils choisirent un bronze fort beau du sculpteur René-Philéas Carillon[1], fondu par Joseph Malesset, une œuvre énergique et d’une grande maîtrise. Le Gouvernement confia la sculpture choisie à la Municipalité, sur acceptation du maire, Louis Brichaux, le 28 juillet 1909. Ce fut sur l’instant perçu par plusieurs comme une insulte aux Bretons, car elle figure un soldat de l'An II, l'un de ces soldats de la République qui massacra la résistance bretonne et royaliste. Qu'importe pour la municipalité, elle n'avait d'ailleurs pas les moyens de refuser, cela les aurait tous fait qualifier d'antifrançais, de non-patriotes, d’antirépublicain. Qu'importe aussi si la sculpture avait été refusée par toutes les villes à qui elle avait été proposée et que le plâtre original attendait depuis dix-sept ans dans les réserves qu’on veuille en fait un tirage. Saint-Nazaire aurait son monument à la mémoire des soldats morts en 1870.

    Il fallut trouver un emplacement. L'entrepreneur lyonnais, Aimé Duquaire, qui possédait et lotissait le front de mer de l'ancien domaine du manoir du Sable, offrit une parcelle face à l'océan et à sa résidence personnelle[2]. Très beau cadeau quand on sait qu'il y avait la place pour construire deux maisons. La donation fut finalisée le 27 mai 1910, et le nom du donateur devint celui du square nouvellement constitué, à ceux-ci prêt qu’aucun arrêt municipal ne le nomma ainsi officiellement. On ménagea les susceptibilités de tous en ne donnant aucun nom officiel.

    Le 10 juillet, le sous-secrétaire d’État à la Guerre, Albert Sarault, vint en grande pompe inaugurer le nouveau monument. Le 64e sortit de la caserne de La Briandais en grands uniformes. On avait convoqué toutes les sociétés de gymnastique pour compléter et animer le défilé, trois-cents enfants des écoles avaient été rassemblés et entonnèrent le Chant des vétérans, suivi de la Marseillaise, quand, à 11h15, le sous-secrétaire tira le voile qui couvrait le monument. Personne ne remarqua que celui-ci ne comportait pas les noms des Nazairiens morts durant ces combats. La liste aurait été bien courte, sinon inexistante, malgré le recrutement et la formation des bataillons supervisés à l’époque par le général Edmond-Frédéric Rose1[3]. Les Nazairiens enrôlés connurent le sort de l’Armée de Bretagne.

    La cérémonie fut suivie d'un banquet de quatre-cents couverts au Casino des Mille-Colonnes.

    Au milieu de sin jardinet entouré d'une grille, le monument fut rapidement ignoré. La majorité des cartes postales éditées après son érection ne mentionnent que le square, sans commenter sa présence. Henri Moret lui-même ne le mentionne pas dans son Histoire de Saint-Nazaire. On l'ignora encore quand il fut réalisé le monument aux morts de la Première-guerre-mondiale. Pour les Nazairiens, la statue était juste une statue que certains prenaient pour Surcouf ou un autre corsaire ! Durant l'occupation allemande, les Nazis voulurent la déboulonner pour l'envoyer à la fonte, on les en empêcha en leur racontant que c'était la statue du comte de Villebois Mareuil, Nantais qui avait participé à la guerre de 1870, mais aussi combattu les Anglais durant la seconde guerre des Boers, acte que les Allemands approuvaient. Ce mensonge sauva la statue. En 2010 la municipalité a fait remettre en état le square et déplacer la statue de quelques mètres, elle l'a aussi orienté en direction de l'océan, alors que jusque-là elle l’était en direction du port.

     

    [1] On sait peu de choses au sujet de René Philéas Carillon. Il était le fils du sculpteur Hector Philéas Carillon, son atelier était à Montmartre, était spécialisé dans les sujets militaire, et il reçut une mention honorable au salon de 1902.

    [2] La maison au fond derrière le monument était la résidence d'Aimé Duquaire, elle a été détruite à la fin des années 1960 pour faire place à l'immeuble « Palazzo San Marée ».  

     

    [3] Sa correspondance privée nous apprend qu’il y était d'ailleurs resté coincé par une sciatique durant le mois de septembre 1870.

     

     

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    La maison au fond derrière le monument était la résidence d'Aimé Duquaire, elle a été détruite à la fin des années 1960 pour faire place à l'immeuble « Palazzo San Marée ».  

     

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    Le monument à la Libération, (coll. L.O.M.)

     

     

  • La Providence à Saint-Marc

    Il nous a été demandé où se trouve la '' plage de la Providence '' à Saint-Marc ? La plage de la providence est en fait le nom que portait au début du 20e siècle la plage Saint-Eugène. Le nom de " Providence " vient du fait que les fillettes du sanatorium de la Providence, un établissement religieux de petite taille dirigé par les Filles de la Sagesse de Nantes, qui se trouvait au 14 de la rue Adrien Pichon, à l'emplacement de la résidence " Alizé ", à côté de l'église Saint-Marc. On y soignait uniquement des filles qui souffraient du manque de soleil et de petits maux de poitrine. Il est à souligner que c'est parce que cet établissement existait à Saint Marc jusqu'à la Seconde-Guerre-mondiale, que la veuve du Docteur Raffegeau avait dans son testament envisagé que le château de Porcé soit transformé en sanatorium, ce que la municipalité avait après guerre écarté en prétextant que le climat de Saint-Nazaire ne s'y prêtait pas !

    La communauté religieuse de La Providence perdura jusqu'à la Seconde-Guerre-mondiale. Le 25 février 1943, les chanoines Crespel, curé de Saint-Gohard, et Gouy, archiprêtre de Saint-Nazaire,  y trouvèrent refuge. Le 24 juin suivant, la communauté est forcée de partir car leur maison fut réquisitionnée par l'Occupant. Les sœurs partirent à Nantes ; les deux curés trouvèrent à se loger dans une petite maison voisine nommée " Le calme plat ". La communauté revient à la Libération.

     

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    les fillettes sur la plage en 1905

     

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    les fillettes sur la plage en 1916

     

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    le sanatorium et l'église en 1903

     

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    Le sanatorium en 1903

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    l'église et le sanatorium en 1925

     

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    1928

     

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    1930

     

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    dans les années 1960

     

  • Dolmen, acte 3 - scène2

    Monsieur Jean-Louis Garnier,  conseiller municipal de Saint-Nazaire, du groupe de l'opposition (UMP), nous précise au sujet de l'article  « Dolmen, acte 3 », du 16/12/2012, que la question au sujet du dolmen, durant le dernier Conseil municipal de l'année 2012, et la demande de rétablissement de « l'ordre Républicain », ont été posées par lui.

     

    Ajoutons enfin, que les propos de monsieur Joël Batteux, maire de Saint-Nazaire, n'avaient pas été repris dans leur intégralité par «  http://www.saintnazaire-infos.fr », en effet, monsieur le Maire, avait ajouté : « Je vous donne l'autorisation si vous voulez aller faire quelques trous au pied du dolmen. Je peux même vous donner une petite cuillère pour aller creuser ». 

     

    Il nous semble ici important de préciser que monsieur le Maire de Saint-Nazaire, n'a pas le pouvoir d'autoriser de fouiller, même avec une petite cuillère, la couche archéologique du site, à une personne ne possédant pas de diplômes archéologiques, et cela sans autorisation de l'Etat. (Cf. loi du 27 septembre 1941 : voyez sur le site du Ministère de la Culture : http://www.culture.gouv.fr/culture/infos-pratiques/fiches/fiche6.htm)

     

    Interrogé par l'Agence Bretagne Presse, monsieur Zack Moullec, élu de gauche écologiste, a relaté, que suite à la réponse de monsieur le maire : « Là j'ai réagi en lui disant qu'il répondait avec mépris et arrogance. Qu'il ne s'agissait pas de cailloux, mais d'histoire. Hors conseil, il m'a répété son histoire de petite cuillère. Je lui ai répondu que je ne l'avais pas attendu, que des trous au pied du dolmen, j'en avais probablement fait il y a 30 ans lorsque j'étais gamin puisque j'habitais juste à côté et que j'allais y jouer aux billes ! ». ( http://www.agencebretagnepresse.com/voir.php?code2=8u27jxdc18got9 )

     
  • Georges Bellec

     

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                              (c) Arnaud Dumontier

     

     

    Nous avons après ce jour, que monsieur Georges Bellec, chanteur, et artiste peintre, est décédé le 13 décembre 2012. Monsieur Georges Bellec était né en 1918 à Saint-Nazaire, il avait été membre d’un quatuor de chanteurs comiques, "Les Frères Jacques ", avec son frère, André (1914-2008), lui aussi né à Saint-Nazaire. La famille Bellec résidait alors rue Vivant Lacour.

     

    En juillet dernier, désireux d’interroger Georges Bellec sur ses souvenirs d’enfance à Saint-Nazaire, nous avions reçu une lettre de sa fille, Sophie Bellec, nous expliquant avec beaucoup de pudeur, et dans laquelle transparaissait beaucoup d’amour filial, que l’état de santé de son père ne permettait pas une interview.

     

    Nous présentons nos condoléances à madame Sophie Bellec.

  • Le Dolmen de Saint-Nazaire, Acte 2

    dolmen de Saint-Nazaire

    Le dolmen, vu par Thomas Dobrée, le 10 juillet 1836, (doc. DRAC-44)

     

    Suite au tollé provoqué par les travaux entrepris par la Municipalité au Square du Dolmen, sur un espace relevant des Monuments Historiques, la Mairie de Saint-Nazaire a exprimé, mercredi 12 décembre 2012, son point de vue auprès de Ouest-France. La rédaction nous a fait parvenir au  matin de ce 13 décembre l'article suivant :

     

    « La rénovation du square du Dolmen fait partie du projet global Delzieux, mené par l'aménageur Sonadev. La mairie précise que les services de l'État « ont eu connaissance de ce projet depuis 2006 ».

    Le dossier du permis de construire portant sur le programme immobilier de 95 logements, « dans lequel figurait le projet d'ensemble avec la place du Dolmen », a été transmis au Service départemental d'architecture et du patrimoine (SDAP). S'agissant d'un projet d'ampleur aux abords du monument classé, il y a eu 3 réunions avec le SDAP « dont une visite sur place, à leur demande », ainsi que des échanges de courriers et courriels pour valider les observations, qui ont été toutes prises en compte, dans le projet d'aménagement définitif qui est en cours de réalisation.

    Lors de ces échanges, « il n'a pas été évoqué l'obligation de consulter le Service régional d'archéologie, précise la mairie. Cette démarche n'a donc pas été entreprise par la Ville ».

    Le projet définitif consiste à mettre en valeur la place en limitant les interventions. Il a vocation de conserver l'esprit de l'aménagement existant : remplacement du muret en gardant les mêmes caractéristiques, en limitant les accès à la place, conservation des chênes vert existant, éclairage de mise en valeur des monuments pour remplacer l'existant, reprise de la rue Autel-des-Druides pour remettre en perspective cette place depuis la rue (élément demandé par le SDAP/ABF).

    Dernier point important, la mairie précise qu'elle prévoit « de prendre rendez-vous avec la Direction régionale des affaires culturelles rapidement ». »

     

     

    En dehors de la lenteur  de la municipalité pour répondre aussi maladroitement, et en rejetant une fois de plus ses responsabilités sur le dos d'un autre, plusieurs points nous ont fait bondir. 

     

    Cependant, avant de nous exprimer, nous avons demandé à la DRAC, qui n'avait pas connaissance de la réponse municipale, ce qui l'en était pour elle.

     

    La DRAC nous a confirmé que l'ensemble dit « Dolmen des trois pierres », est bien sur son site d'origine, et est protégé au titre des Monuments Historiques depuis 1889, et que cette protection a été confirmée en 1987.

     

    Questionnée au sujet des propos de la Municipale dans Ouest-France, la DRAC nous a dit  ne pas avoir trace d'un accord des Monuments Historiques pour permis de construire. Elle nous a confirmée que si permis il y a eu, (nous disons bien « si »), le permis n'est plus valable. En effet, la municipalité a entrepris ses démarches auprès de la SDAP, mais la SDAP n'existe plus depuis juin 2010 (1)... et un permis de construire à une durée en droit de 2ans. Enfin, la DRAC nous a confirmé que la SDAP n'aurait jamais accordé à la municipalité la démolition du muret du square, et surtout le passage d'une pelleteuse à moins de 20cm des pierres de l'ensemble néolithique, détruisant une couche archéologique de 80cm.

     

    Monsieur Alain Tournaire, architecte des bâtiments de France, attaché au secteur de Saint-Nazaire, au service territorial de l'architecture et du patrimoine de la Loire-Atlantique, nous a très aimablement expliqué, que l'étude, dont la mairie fait mention, remonte à la période d'octobre-décembre 2007. L'architecte en charge du dossier était alors monsieur Dominique Bernard, qui, après s'être entretenu avec la Municipalité, et la SONADEV, (représentée par monsieur Bertho), et avoir visité le site, rendit ses conclusions le 7 décembre 2007. Ces conclusions ne sont pas une autorisation de travaux, elles sont un ensemble de remarques et de directives, dans le cadre de la construction des immeubles du square Delzieux, relatant les volontés de modification du paysage urbain au sein du rayon de 500m autour du Dolmen, et qui relève de la protection des Monuments Historiques. La lettre relate aussi qu'une première réflexion avait eu lieu durant la construction de la Maison des associations. Dans sa lettre, monsieur Bernard indiquait :

     

    « Considérations portant sur la place du dolmen.

     

    J’estime que dans son état actuel, le caractère global, de la place du dolmen est tout à fait remarquable et qu’il participe bien de la mise en valeur du monument historique. L’ensemble formé par des arbres centenaires qui entourent le dolmen, sur une prairie cernée par un muret de pierre constituant un socle, forme à proprement parler un écrin au monument qui est d’autant plus indispensable à sa mise en valeur, que le paysage urbain périphérique ( rues, fronts bâtis) est totalement étranger à celui de ses origines. Il s’agit d’un espace « calme » dans son traitement, affirmé comme une parenthèse dans l’espace urbain, traité comme une réminiscence d’un paysage rural breton idéalisé mais sans doute assez proche de celui qui figurait aux abords du monument à ses origines ou en tout cas conforme à l’idée que l’on peut s’en faire.

     

    L’autre mérite de cet aménagement ancien est qu’il permet, en terme d’échelle, à ce monument d’échapper à la résidualité totale dans un contexte urbain qui lui a fait perdre son « échelle », c’est à dire son impact paysager en tant que signal ou repère. Ainsi, dans l’état actuel du square, c’est l’impact de l’ensemble de la scène paysagère à laquelle le monument se rattache qui compte finalement et non celui du seul monument historique.

     

    Le projet proposé remettrait totalement en cause ce parti d’aménagement, cette parenthèse paysagère, en ancrant les abords directs du monument dans une dimension très urbaine qui serait très préjudiciable à sa mise en valeur et à son expression dans le paysage urbain. Au calme de la campagne idéalisée succèderait ainsi l’évènement urbain.

     

    Cette mise en scène doit donc être respectée. Le projet pouvant proposer « à la marge »  des interventions qui devront être justifiées. Il importerait surtout de restaurer cet espace et d’améliorer ses abords actuellement encombrés de véhicules. L’idée de rendre absolument accessible de toute part le dolmen ne me paraît pas particulièrement judicieuse, ce monument méritant au contraire d’être perçu avec un certain recul à la manière d’un vestige archéologique insigne. La question de l’accessibilité de l’espace public doit être précisément appréhendée à l’échelle globale du projet et non par partie, cet espace méritant d’être moins accessible et sous certains aspects le square Delzieux, situé un peu plus loin méritant d’être au contraire amélioré dans son accessibilité pour affirmer sa composition et sa dimension publique. »

     

     

    Soulignons le passage « un paysage rural breton idéalisé ». A l'époque de la constitution du square, nous étions alors en pleine période néodruidique, la mise en scène, voulue au 19e siècle, fait elle aussi partie de l'Histoire, et donc se trouve protégée.

     

    La lettre adressée à la SONADEV par l'architecte des Monuments Historiques, est consultable ici : LT071207 à SONADEV - Square Delzieux.pdf

     (dont la Mairie a eu copie, cf. mention en fin de courrier)

    (1) elle a été remplacée par la STAP (services territoriaux de l'architecture et du patrimoine ).

  • Le Dolmen de Saint-Nazaire

    Alerté par monsieur Hubert Chémereau du CREDIB, nous avons eu la désagréable surprise de découvrir que le site du Dolmen trilithe de Saint-Nazaire, situé près du port, au bout de la rue du Bois-Savary, avait été l’objet de passages d'une pelleteuse !

     

    Heureusement, grâce à la vigilance du groupe archéologique de Saint-Nazaire, les autorités compétentes en matière de protection des sites archéologiques et des sites historiques, ont été saisies de l’affaire.

     

    Le Dolmen trilithe du Bois-Savary, dit aussi « des Trois pierres », ou encore « du Prieuré », est une construction datant du néolithique, composée de trois pierres : deux levées, un couchée. A cette construction s’ajoute un menhir,  c'est-à-dire une pierre levée, et quelques débris subsistants de l’ensemble original l’accompagnent. Le dolmen est en fait ce qui reste d’un tumulus semblable à celui situé au lieu dit Dissignac, mais avec des volumes bien plus importants, (avec une base enterrée de 47cm,  les piliers s’élèvent à 1m90 au dessus du sol, la structure a une hauteur de 3m60 au dessus du sol, soit un total de 4m07 avec ses fondations, la table mesure 3m40 par 1m95, et a une épaisseur de 40cm . Cette structure était donc l’entrée de la tombe d’un chef celte, profanée et en partie détruite à l’époque romaine.

     

    Le Dolmen était un élément important du paysage durant l’Ancien régime. Il était compris dans le fief de L’Ile du Bois Savary ». La Déclaration de 1649, indique que le prieur du prieuré de Saint-Jean-Baptiste de Saint-Nazaire, devait, à titre de droit féodal, la nuit de Noël, déposé sur la pierre couchée une pinte de vin et un pain d’une valeur d’un sou, à destination du Baron de Marsaint, ou de ses représentants, (A.D.44, E539 - B. Guérande 42 – B. 1012 – E579).

    En 1828, le « Lycée Armoricain », publia dans le premier chapitre de son 11e volume, qu’on avait découvert sur le lieu des urnes, des monnaies d'or, d'argent, et de cuivre.

    En 1876, Gabriel de Mortillet, s’intéressa au lieu, puis René de Kerviler en 1877, qui, en 1893, il publia à son sujet :

    « Dolmen du Prieuré, dans la nouvelle ville de Saint-Nazaire. C'est un immense trilithe, de deux mètres de hauteur (1) et de 3m40 de table, avec des débris de galerie couchés en arrière. On l'a conservé intact au milieu d'une petite place, au milieu d'un square ; et Saint-Nazaire est sans doute la seule ville de France qui possède un dolmen authentique dans ses murs. M. Carro en a donné deux lithographies assez exactes dans son Voyage chez les Celtes. (Paris, Durand, 1857, in-8o) » (« Armorique et Bretagne, recueil d'études sur l'archéologie, l'histoire et la biographie bretonne, publiés de 1873 à 1882 », Tom I, p. 164.)

     En 1889 le site fut classé au titre des Monuments Historiques, pour sa valeur historique et  archéologique. Le lieu fut alors entouré d’un square fleuri et arboré.

     

    Jusqu’en 1928, le menhir se trouvait couché sur le sol, c’est Marcel Baudoin, (1860-1941), docteur en archéologie, ethnographe, et co-fondateur de la Société Préhistorique de France, qui le fit relever sur son emplacement original après étude du site. Le docteur Baudoin observa des entailles « très patinées » dans le menhir, à 0 m 60 du sommet, « délimitant une sorte de tête ». Il estima que le dolmen était en fait une statue idole.

     

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    Photographie du site par le comte Henri de Lestrange (1853-1926), au début du 20e siècle. En dehors du menir relevé, on voit clairement que les éléments aujourd'hui en place, étaient déjà ainsi situés au moment du classement par l'Etat. (source : Ministère de la Culture (France) - Médiathèque de l'architecture et du patrimoine - diffusion RMN.)

     

    Notons ici que durant l'entre deux-guerre, il y avait un gardien sur le site, qui avait aussi  «pour mission d’initier les touristes aux us et coutumes des Druides.»

     

    Durant la Seconde Guerre mondiale, l’une des pierres qui dormaient à proximité de la structure fut déplacée par l’occupant, qui s’en servit pour l’une de leurs fortifications à la Villes-Martin, (cf. F. Gueriff).

     

    « Quod non fecerunt Barbari, fecerunt Barberini » (2)

    On pourrait adapter ce célèbre commentaire à la ville de Saint-Nazaire !

     

    Toute ville a besoin de se développer et de se moderniser, mais la municipalité n’est pas au-dessus de la Loi. Le Dolmen est protégé au titre des Monuments Historiques depuis 1889, sa protection est double, car c’est aussi un site archéologique. La Municipalité, propriétaire du lieu et de la structure, n’a pas le droit d’exécuter des travaux, ou d’autoriser à exécuter, des travaux pouvant porter atteinte au Dolmen, et à son environnement dans un rayon de 500m,  (articles L.621-1 , L.621-31 et L.621-32 du code du patrimoine).

    «  Un monument n’est en effet pas un objet isolé, posé là « par hasard » et indifférent à ce qui l’entoure : il s’inscrit dans une histoire, un contexte, et entretient des relations complexes avec son environnement. » précise le ministère.

     

    La SOCIETE NAZAIRIENNE DE DEVELOPPEMENT (SONADEV), est intervenue en ce mois de décembre à la demande de la CARENE et de la Municipalité sur le site, faisant passer un bulldozer à quelques mètres du Dolmen. Ces travaux sont illégaux. Avant d’intervenir sur le site, et dans un rayon de 500m autour du site, pour des travaux d’aménagement, ou de transformation, dans les perspectives de visibilité, une demande doit-être déposée auprès de la DRAC, et faire objet d’une autorisation après inspection de la part de l’architecte en chef des monuments historiques, qui donne sa réponse « en cohérence avec la réalité du territoire et ses enjeux » et de la nature du site. Aucune demande n’a été déposée.

    Interrogé par Ouest-France vendredi 7 décembre 2012, (3), le service Habitat et aménagement urbain de la Mairie a affirmé que « l’aménageur, la Sonadev, a pris en compte les remarques et précise que le site actuel où est érigé le dolmen n’est pas son lieu d’origine. »

    L’affirmation de la part du service municipale est à la fois, un mensonge, une ânerie, et même une insulte visant les compétences des archéologues, des historiens, et de l’architecte en chef de Monuments Historiques !

    1° Le Dolmen est à sa place d’origine, et a été classé Monument Historique en 1889 et protégé à titre archéologique, pour cette raison ;

    2° La Municipalité n’a pas pouvoir de juger de la valeur historique et archéologique d’un lieu protégé par l’Etat, elle n’a pas pouvoir d’agir sur le site sans autorisation.

    3° Rejeter la faute, l'air de rien, sur la SONADEV, est lamentable, la Municipalité commanditaire des travaux, et propriétaire du site, ne peut ignorer la loi, et doit assumer ses responsabilités en la matière.

     

     

    La DRAC n’a pas été consulté préalablement. La Municipalité a commis une faute, c’est même devenu un délit depuis le passage des pelleteuses. Maintenant elle prêche le faux pour ne pas reconnaitre son erreur.

     

     

    (1)   Kerviler cause ici de la hauteur sous l’arche.

    (2)   « Ce que n'ont pas fait les barbares, les Barberini l'ont fait ». Cette phrase est un commentaire au sujet de ce qu’Urbain VIII avait fait au Panthéon en arrachant les bronzes antiques de sa toiture.

    (3)  http://www.ouest-france.fr/actu/actuLocale_-Le-dolmen-du-square-est-il-une-piece-rapportee-_40829-2141556------44184-aud_actu.Htm 

  • Saint-Nazaire, les chantiers vu par François Kollar

    Photographies des chantiers de Saint-Nazaire, par François Kollar,  prises durant les années 1931 à 1935, (Crédit photo : Donation François Kollar, Ministère de la Culture, Médiathèque de l'architecture et du patrimoine)

     

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    1931, construction d'un paquebot ; descente le long du flanc de la coque

     

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    1931, rivetage des tôles d'un pont du " Normandie " aux chantiers et ateliers de Penhoët

     

     

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    1931, construction du " Normandie ", structures intérieures de la coque

     

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    1931, construction du " Normandie "

     

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    1932, sortie des ouvriers au chantier de Penhoët

     

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    1932, le " Normandie "

     

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    1932, le " Normandie "

     

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     29 octobre 1932, lancement du " Normandie "

     

     

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    29 octobre 1932, lancement du " Normandie "

     

     

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    29 octobre 1932, lancement du " Normandie "

     

     

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    29 octobre 1932, lancement du " Normandie "

     

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    1933, le " Normandie "

     

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    1933, Le " Normandie "

     

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    1933, le " Normandie "

     

     

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    1933, Le " Normandie "

     

     

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     1934, construction du " Ville d'Alger "

     

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    1934, le " Normandie "

     

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    1934, Le " Normandie "

     

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    1934, le " Normandie " 

     

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     1934, le " Normandie "

     

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    1935, le " Normandie ", réalisation des décors

     

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    1935, le " Normandie ", canots

     

     

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    1935, le " Normandie ", canots

     

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    1935, pont du " Normandie "

     

     

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    1935, le " Normandie ", essai des machines

     

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    Saint-Nazaire, 5 mai 1935, les acteurs Gaby Morlay et Victor Boucher se promenant à bord du " Normandie "

     

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    Saint-Nazaire, 5 mai 1935, les acteurs Gaby Morlay et Victor Boucher dans un salon du " Normandie "

     

  • L'ancienne Gare

    Après bien des années d’abandon, et plusieurs années de travaux successifs, le site de l’ancienne gare de Saint-Nazaire a été totalement réhabilité, et la municipalité a fait bâtir, à l’emplacement de l’aile rasée, un théâtre. 

     

    Cette gare fut achevée en 1866, elle avait été voulue par l’Etat en remplacement de la gare provisoire qui était en bois, et qui était provisoire depuis 1857 ! La gare provisoire se trouvait près de l’actuel rond-point de l’Europe, elle fut remplacée par la petite « Gare du Morbihan », d’où les trains partaient jusqu’à Vannes, (bâtiment subsistant en 2012 et abritant des bureaux du Service Maritime Navigation 44/49).

     

    L’implantation des voies de chemin de fer, et des gares, relevait de plans décidés par l’Etat, sur plans des Ponts et Chaussées, on ne consulta donc pas la municipalité, le Conseil municipal s’en plaignit durant la séance du 26 mai 1867, les Nazairiens espéraient des voies d’accès supplémentaires, mais le choix de l’implantation de la gare était logique, il devait permettre un accès plus rapide à la gare maritime.

     

    Les illustrations suivantes, dues à J. Leroy pour le compte des Ponts et Chaussées, montre le bâtiment en cours d'achèvement, (sources Gallica.bnf.fr)

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    La Gare des Voyageurs, dites aussi Gare de Paris-Orléans-Ouest, du nom de la Compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans (PO) qui en avait l'attribution (1), était une gare de dimension moyenne, mais disposant d'une architecture soignée, inspirée de celle de la gare du Nord à Paris. A l'origine on n'y entrait pas par le centre de sa façade, mais par les côtés. Ce qui explique pourquoi, le nombre des arches au centre de la façade sont en nombre pair de six, et non impaire, comme toute gare dont l'entrée est centrale. Ces arches étaient en premier lieu des fenêtres devant lesquelles était une sorte de jardinet protégé par une grille. L'architecte s'efforça cependant de rattraper l'aspect en incorporant au centre de la façade une horloge, dont le cadran était placé dans une lucarne, encadrée de deux statues copiées sur '' L'aube et le crépuscule " de Michel Ange, qui ornent le monument funéraire de Julien de Médicis, duc de Nemours, à Florence. 

     

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    Le pavillon Ouest abritait le buffet de la gare, l'Est la billetterie

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    On accédait trois voix sous la verrière, disposées deux et une, avec un quai ''central'', deux autres étaient accessibles à l'extérieur par une galerie en prolongement de la gare, surmontée d’un auvent en acier riveté :

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    L’intérieur de la gare fut alors modifié :

    ancienne gare,saint-nazaire,theatre

     

    La gare était contiguë à la gare de Tramway en provenance de La Roche-Bernard, à droite au premier plan de cette carte postale :

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    On remarque que les motrices des tramways n'étaient alors pas très différentes des locomotives des trains.

     

    En 1925 la compagnie P.O. a qui appartenait la gare, fut sollicité par la Chambre de Commerce pour modifier la façade afin de fluidifier les entrées et sorties de la nef. Les travaux de modification n'eurent lieu qu'à la suite de l'accident du 9 octobre 1927, durant lequel deux wagons passèrent au travers de la façade après que l'expresse de Paris dont les freins avaient lâché les ait percuté, on décida de constituer l'entrer par le centre de la façade, et on ajouta un perron à la place du jardinet et de ses grilles. Au début des années 1930, une marquise vient couvrir ce perron.

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    Accident du 9 octobre 1927, photographie de monsieur Rebins, photographe tenancier de l'atelier Express-Photo, parue dans le Courrier de Saint-Nazaire du 15 octobre 1927

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    A la suite des bombardements, la gare était réparable, l'arrière avait été endommagé, les vitres soufflées, une partie des toitures incendiées, mais elle servit encore, car c'est par elle qu'arriva le Général de Gaulle le 23 juillet 1945.

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    Arrière de la gare à la libération

     

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    Le général de Gaulle devant la gare, (coll. éco-musée de Saint-Nazaire)

     

    Cependant, dans le projet de reconstruction de la ville et du port sous les directives du gouvernement, a fait déplacer le centre-ville à son emplacement actuel, le port devait se développer, entrainant la disparition prévue de tout ce qui était entre le bassin et la rue Henri Gautier, le quartier de Penhoët, portant épargné par les bombardements, aurait lui-même du disparaître au profit d'un nouveau bassin et de cales.

     

    La gare fut utilisée jusqu'à la construction de la nouvelle, inaugurée le 9 octobre 1955. Propriété de la SNCF depuis 1937, celle-ci la vendit en octobre 1972 au Grand Port, qui décida sa destruction pour 1973, mais cela souleva tant de protestations que l'ont conserva ce qu'il en restait.. Elle fut finalement transformée en dépôt de bus, ce qui entraîna la destruction de la verrière, et d'une aile, l'horloge et les deux statues étaient destinées à la pioche, l'architecte nazairien Claude Dommée, (1902-1985), acheta l'ensemble pour sauvetage. Le poids de la l'œuvre, de presque 7 tonnes, le décida à la placée dans son jardin. Sa veuve en fit don à la ville avant son décès. En partie rachetée par la Ville, l'aile Est devient en 1988 une pépinière d'entreprises. L'acquisition du reste du site se fit vers 2006. Une rangée d'arcades de l'aile Ouest resta longtemps au milieu du parking de bus, elle s'éroda durant des décennies, tombant par portion. Il restait trois des arcades au moment de la construction du théâtre, elles devaient être incorporées au projet, mais elles s'effondrèrent dès le début des travaux.

     

    Avec son regard de 2012, le lecteur se demande pourquoi on a laissé détruire ce bâtiment ? Comme nous l'avons expliqué, le développement du port devait entraîner sa disparition complète, c'est donc un miracle qu'il en reste quelque chose, ensuite, après la guerre, ce bâtiment était perçu comme peu ancien, démodé, fortement endommagé, peu pratique aussi, car les trains devaient se rendre dans un cul-de-sac, et revenir en arrière pour se rendre en suite en direction du Croisic. On avait alors envie d'une ville moderne et lumineuse, nombre de propriétaires ont laissé raser leur maison pourtant encore debout, pour en avoir une neuve, et laisser la municipalité élargir les rues.  Il nous est facile de juger après coup, et nombres idéalisent l'ancien Saint-Nazaire, qui loin d'être un paradis, était un amalgame de bâtiments hétéroclites, avec des égouts insuffisants, et l'absence d'eau courante dans les immeubles où s'entassaient autour de cours sombres et non aérées, les ouvriers, ce que les jolies cartes postales mises en scène par les photographes, car s'étaient toujours des mises en scène, ne révèlent pas. La période de la reconstruction était une euphorie moderniste et hygiéniste accessible pour tous, et raser les restes de la ville, avec la volonté d'oublier un passé trop douloureux. On peut ainsi se perdre en de longues et sinueuses digressions sur les biens faits et les méfaits de la modernisation de la ville, mais à l'heure, où les Nazairiens ne sont pas capables de s'organiser pour défendre le peu de patrimoine historique qu'il leur reste, et ne trouve à protester qu'une fois que les bulldozers de la municipalité sont passés, que le lecteur nous pardonne cette '' révélation '', mais de l'extérieur, cela nous fait tous passer pour des idiots aux yeux des communes avoisinantes. L'état actuel de l'ancienne gare, ainsi transformée, est relativement bien réussi, même si la réduction des ouvertures des pavillons est ridicule et inesthétique, nous estimons que pour une fois, la municipalité a réalisé un projet satisfaisant pour l'instant, mais qui n'absout pas l'actuel maire des méfaits récurrents de sa politique au niveau patrimonial.  

     

    (1) Cette compagnie avait aussi des lignes en direction de l'Aquitaine, de l'Auvergne, de la Normandie, de l'Aunis, etc.

  • Saint-Nazaire, les transatlantiques, le Mexique, et l'impératrice Charlotte

    La loi du 16 juillet 1840 institua les lignes de paquebots postaux transatlantiques avec le continent américain, Saint-Nazaire reçut la ligne dite du Mexique, qui déversait, passant par l'Espagne, Saint-Pierre de La Martinique, Cubas, et enfin Veracruz. On pratiqua des essais, mais ils furent infructueux.

    Par la loi du 17 juin 1857, après que Saint-Nazaire eut bataillé contre Le Havre, Bordeaux, Lorient et Cherbourg, l'État concéda finalement la ligne postale par paquebots à vapeur à la compagnie Union Maritime, les lignes des Antilles et d'Aspinwall (ancien nom de Colón) au Panama. Le directeur de l'Union Maritime était Victor Marziou, qui était aussi directeur de ligne des Chemins de fer d'Orléans. L'Union Maritime fut remplacée en 1860 par la Compagnie Générale Maritime, dirigée par Émile Péreire, par le décret du 22 juillet 1861. La Compagnie Générale Maritime signa une convention postale avec l'État, dans laquelle elle s'engageait à desservir, sur 20 ans, des lignes transatlantiques en direction de l'Amérique du Nord, et l'Amérique Centrale. Ainsi naquirent les lignes Le Havre-New York, avec escale à Brest, et surtout les lignes Saint-Nazaire-Isthme de Panama, avec escale à Fort de France. La Compagnie Générale Maritime prit alors le nom de Compagnie Générale Transatlantique (CGT), et le lundi 14 avril 1862, la ligne de l'isthme de Panama fut inaugurée, avec le départ à 14h30, durant la marée de l'après-midi, du Louisiane, pavoisé aux couleurs des nations des deux mondes. Ce paquebot, à coque de fer, alliant voile et propulsion par roues à aube (1) mues par une machine de 600 chevaux-vapeur, allant à 11 nœuds, long de 86,44 mètres pour une largeur de 11,90 mètres, jaugeant 2045 grt, avec un port en lourd de 1800 tonnes, il avait été racheté en 1861, en Ecosse, aux chantiers J. & G. Thomson, alors qu'il était en construction sous le nom de Cortes pour un autre commendataire qui s'était désisté. Il avait été lancé le 17 décembre 1861. Deux coups de canon saluèrent son départ et ceux de ses 210 passagers qui atteignirent Fort de France treize jours après. Ce même mois d'avril 1862, le Gouvernement, engagé dans la guerre du Mexique depuis janvier, pria la Compagnie Générale Transatlantique d'ouvrir une ligne jusqu'à Veracruz, afin de pourvoir à l'effort de guerre. La Transat', acheta trois autres navires : La Floride, de même tonnage et puissance que le Louisiane, pouvant transporter 152 passagers, et deux plus petits, les Vera-Cruz et Tampico, de 1200 tonnes, allants à 10 nœuds, pouvant transporter 135 passagers. Les navires assuraient alors deux lignes : Aspinwall, passant par Fort de France, et la seconde Veracruz, par La Havane. En 1865 les services furent étendus depuis Saint-Nazaire à Saint Thomas aux Îles Vierges. L'ouverture de la Ligne transatlantique boosta le développement de la ville, et donna lieu à de nombreuses spéculations immobilières. Saint-Nazaire fut durant cette période le pont de l'armée française vers le Mexique, la ville louait pour 3000fr les Grande et Petite cités de Penhoët, anciens logements des travailleurs du port, d'une capacité de logement de 500 hommes. Mais la situation s'enlisa, et Napoléon III chercha par tous les moyens de se sortir du guêpier qui ne profitait qu'au maréchal Bazaine, être peu recommandable, qui auréolé de la campagne de Crimée, profitait de la situation du Mexique, (il fut ensuite le principal responsable de la défaite de Sedan), l'empereur Maximilien se retrouvait de son coté dans une panade inimaginable. Le 8 août 1868, après une escale à La Havanne, où les autorités espagnoles lui avaient donné les honneurs, et trois semaines de mer, l'impératrice Charlotte, femme de l'empereur Maximilien du Mexique, fille du roi Léopold Ier des Belges, arriva à Saint-Nazaire, à bord du paquebot Impératrice Eugénie, lancé en 1864 par les chantiers John Scott de Saint-Nazaire.

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    Le paquebot Impératrice Eugénie, 108m de long, 3200 tonnes, 2676 chevaux-vapeur, 10 nœuds par temps calme.

     

     

    Le gouvernement n'ayant donné aucun ordre aux autorités locales, rien n'avait été organisé, le préfet n'avait pas fait le déplacement, seuls attendaient Charlotte le général Juan Nepomuceno Almonte, représentant du Mexique en France, et son épouse, qui tendit d'un sourire gêné un bouquet de fleurs déjà fanées par la chaleur, l'arrivée n'ayant été annoncée qu'à la dernière minute à la municipalité, le maire, René Guilouzo, avait eu à peine le temps d'enfiler un frac, ignorant totalement les usages diplomatiques. Il était entouré d'une partie des élus, qui étaient arrivés comme ils étaient, certains portant des sabots ! René Guilouzo, fort embarrassé, présenta des excuses, et proposa une visite improvisée de la ville. charlotte du méxique,saint-nazaire,guillouzon,transatlantique,paquebot

     

    Charlotte du Mexique, par Franz Xaver Winterhalter.

     

    L'impératrice fut très irritée de cet accueil, et dit au maire son étonnement de ne voir aucun officiel du gouvernement, l'absence de tout détachement militaire, et qu'elle ne pouvait visiter la ville sans escorte. Elle demanda qu'on la conduise à la gare afin de gagner Paris, mais aucun train n'était disponible, aussi elle finit par accepter une collation proposée par le maire, qui réquisitionna dans l'urgence un fiacre de louage pour transporter la souveraine et sa dame d'honneur, sa suite impériale suivit à pied ! L'impératrice fut conduite très lentement jusqu'à l'hôtel Bely, ou monsieur Bely et son personnel s'activaient dans l'urgence pour la recevoir. L'impératrice reconnut que l'hôtel était confortable, et profita de son séjour forcé pour télégraphier à Napoléon II, qui lui fit répondre qu'il prenait les eaux à Vichy, d'où il disait être alité, et dans une pirouette grossière, finissait son télégramme par «  Si comme je le suppose, Votre Majesté va d'abord en Belgique, Elle me donnera le temps de me remettre. » Ce n'est que le lendemain après-midi que la souveraine eut un train qui la conduisit à Paris, avant de pouvoir en trouver un autre pour Bruxelles. Ce fut l'objet d'un nouvel incident : la délégation l'attendit à la Gare d'Orléans, alors que le train arriva à la Gare Montparnasse ! Profitant du banquet que Paris avait donné en l'honneur de Charlotte, le général Woll, aide de camp de l'empereur Maximilien, porta un toast de salut et de vœux de prospérité à Saint-Nazaire.

     

    (1) En 1867, en réparations au Havre, elles furent remplacées par une hélice à pales.

  • Les douches de Penhoët

    Les douches publiques de Penhoët se trouvent à l'angle des rues de Trignac et Victor Marre, à coté des halles. C'est suite à un projet hygiéniste, entrepris par la municipalité en 1912, que les travaux de construction débutèrent en 1914, hélas, la Première-Guerre-mondiale, l'absence de manœuvre et de capitaux, firent que le bâtiment ne fut achevé qu'en 1923. A une époque où Penhoët était le cœur ouvrier de Saint-Nazaire, et où l'eau courante n'était pas dans toutes les maisons, l'établissement municipal avait un rendement de 200 à 300 douches par semaine ! 

     

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    D'après une carte postale des années 60', les grilles et murets ont depuis disparu... 

     

    Le bâtiment fut reproduit comme symbole du quartier sur des enveloppes prétimbrées éditées par le bureau de poste Penhoët en 2005.

     

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    d'après une enveloppe "pret-à-poster" de 2005...

     

     

    Il reste peu de bâtiments de douches municipales sur le territoire français, celui de Penhoët a une architecture agréable, il est parfaitement intégré dans le paysage urbain du quartier, il est aussi le témoignage vivant de la société ouvrière du 20e siècle. 


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    les douches de Penhoët durant l'hiver 2009, photo Odoevsky Maslov.

     

     

     
  • Le château de Saint-Marc

    Le château de Saint-Marc-sur-mer, dit aussi château Lourmand, se nommait à l'origine château du Crépelet. Le nom de Crépelet est en fait le nom véritable du village de Saint-Marc, qui ne prit qu'à la fin du 19e siècle le nom du saint à qui la chapelle du bourg était dédiée. Il n'existait rien à l'emplacement du château si non quelques vignes, quand le terrain fut acquis par Henri-Joseph Lourmand, industriel nantais associé à Henri-Charles-René Serpette (1), et Édouard Lorois, dans la savonnerie " SERPETTE-LOURMAND-LOROIS ".

     

    Construite sur caves, avec un rez-de-jardin, un étage noble, et un second étage sous combles à lucarnes de façade en pierre et lucarnes de plomb, la demeure est constituée d'un corps rectangulaire simple en profondeur, encadré à l'Ouest de deux pavillons carrés accolés sous deux toitures carrées et très pointues, à l'Est d'un grand pavillon rectangulaire dominant la baie, surmonté d'un très haut comble qui se fini en terrasse belvédère muni d'un garde-corps en fer forgé. La longueur totale est de quatre travées, à laquelle a été ajouté un pavillon sans étage d'un travée, abritant la cuisine. La disposition des pièces est : au rez-de-jardin, une galerie entrée dans le corps central, déversant les pavillons de bout, et une vaste salle à manger qui occupe toute la longueur du corps, le pavillon Est abrite un  grand salon, les pavillons Ouest un petit salon coté océan, et une office côté parc, au centre de ces pavillons se situe l'escalier. Le premier étage comporte quatre très grandes chambres. Les murs sont enduits et appareillés aux angles, les ouvertures moulurées. L'ensemble est situé sur une falaise qui domine la plage et la baie de Saint-Marc, dans un parc clos de murs. 

     

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    La famille Lourmand :

     

     

    I° Henri-Joseph Lourmand, (Nantes 31 décembre 1818 - Niort 18 février 1885), marié le 18 octobre 1853 à Angers, avec Lucile-Marie Lechalas, (Angers 23 octobre 1832 – Nantes 27 janvier 1933), fille de Médéric Lechalas, et de Joséphine Tharreau, d'où : 

    1° Marie-Amélie (Nantes 26 juin 1854 – Nantes 9 mai 1932), mariée le 19 juin 1875, à Nantes, avec Gaston-Amédée Thubé, (voyez ci-après) ; 

    2° Marguerite-Marie (Nantes 29 novembre 1855 - Nantes 20 octobre 1938), mariée : 1er le 21 septembre 1875, à Nantes, avec Henri-Marie Couëtou, (27 mai 1849, docteur en – Dax 23 avril 1878), droit, avocat à la Cour d'appel de Paris, puis à Nantes, candidat légitimiste aux élections législatives de Saint-Nazaire en février 1876 ; 2e Victor-Amédée-Marie Sécheras, (Vannes 12 janvier 1837 - Nantes 2 novembre 1908), chef de bataillon ;

    3° Henri, (Nantes 15 mai 1860 - ??).

     

     C'est dans le salon de cette demeure que Lucile-Marie Lourmand, née Lechalas, fêta ses cent-ans, l'après-midi du 24 octobre 1932, en rpésence des Sécheras, Thubé et Couëtoux. Une messe fut célébrée dans cette pièce le matin -même par son petit-fils l'abbé Joseph Thubé. A la mort en janvier 1933 de la vénérable dame,  la propriété passa à son petit fils Gaston Thubé.

     

     

    La famille Thubé :

     

     

    I° Gaston-Amédée Thubé, (Nantes 25 février 1851 - Nantes 29 septembre 1936), substitut de Châteaubriant le 21 décembre 1874, substitut de Saint-Brieuc le 18 novembre 1876, procureur de Guingamp le 29 mars 1879, substitut du procureur général de Rennes le 30 juin 1880, marié le 19 juin 1875, à Nantes, avec Marie-Amélie (Nantes 26 juin 1854 – Nantes 9 mai 1932), d'où :

    1° Gaston-Marie, qui suit ;

    2° Henri (Saint-Brieuc 10 avril 1878 - Paris 1er mars 1943), marié le 8 mars 1913 avec Amélie Paigis, fille de Jean Paigis et d'Amélie Le Normand, d'où postérité ;

    3° Joseph-Jean, (Nantes 13 décembre 1881 - Nantes 8 août 1942), prêtre ;

    4° Jacques-Marie, (Chantenay sur Loire 20 juin 1883 – Nantes 14 mai 1969), yachtman, champion olympique en 1912 à Stockholm, avec ses frères Gaston et Amédée ; marié le 16 septembre 1920, à Azay le Rideau, avec Marguerite-Berthe Pavy, fille d'Hubert Pavy et de Marie-Thérèse Vexier, d'où postérité ;

    5° Amédée-Georges-Marie, (Chantenay sur Loire 8 février 1885 - Paris 26 janvier 1941),yachtman, il participa avec ses frères Gaston et Henri, aux Jeux olympiques de Stockolm en 1912, en tant qu'équipier d'avant, à bord du " Mac-Miche ", dans la série des 6 mètres, où il remporta la médaille d'or ; marié en 1918, Saint-Marc sur Mer, avec Marguerite-Nazli Denaut, fille d'Horace-Louis-Auguste Denaut, officier de la Légion d'Honneur, d'Emma Bojano, d'où postérité ;

    6° Marc, (Saint-Nazaire 4 juillet 1886 - Sézanne 11 mars 1918), mort pour la France ;

    7° Marie-Amélie, (Nantes 19 avril 1889 - Paris 26 août 1977), mariée le 1er le 11 janvier 1911 à Nantes, avec René Bolloré, (Ergué-Gabéric 28 janvier 1885 - Paris 16 janvier 1935), industriel, (papeteries OCB) ; (veuve elle se remaria). 

     

    II° Gaston-Marie Thubé, (Chateaubriant 16 juin 1876 - Paris 22 février 1974), docteur en droit, industriel, juge au Tribunal de commerce, consul de Belgique à Nantes, il participa en 1912, avec ses frères Jacques et Amédée, aux jeux olympiques de Stockholm en tant skipper à bord du " Mac-Miche ", dans la série des 6 mètres, et remportèrent la médaille d'or ; il gagna aussi de nombreuses régates, dont le championnat de France en 1913 à Arcachon, son bateau, le Saint-Jean, construit en 1939 par l'architecte naval Talma Bertrand, mouillait dans la baie de Saint-Marc(3) ; marié le 16 octobre 1900, à Nantes, avec Madeleine Goullin,(1879-1980), fille de Gustave Goullin, et de Célestine Flornoy, sans postérité, il légat le château à son petit-neveu l'industriel Didier Pineau-Valencienne.

     

     

    Durant la Seconde-guerre-mondiale, le château fut occupé par l'état-major de la Vème brigade de Flak de Marine, en charge de la défense antiaérienne de Saint-Nazaire. Celle-ci édifia à proximité un vaste complexe fortifié doté d'une tour, la Flakturm Nz 304,qui servait de centre opérationnel pour le PC. 

     

    A l'été 1951, Gaston Thubé prêtât à Jacques Tati le tennis du château pour une scène du film " Les vacances de Monsieur Hulot ", tourné à Saint-Marc (3) et sorti en 1953.

     

     

    Monsieur Pineau-Valencienne vendit finalement la demeure en 1983 à Charles Goignard, entrepreneur en bâtiments, qui en fait sa résidence principale et entreprit de grandes rénovations. A son décès, la propriété fut acquise par monsieur Christian Seyres, son actuel propriétaire (3). 

     

     

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    vers 1960

     

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    La gloriette du parc vers 1860

     

    (1) Fils de l'un des fondateurs de l'entreprise qui fit construire la villa " La Malouine " à Pornic.

    (2) Ce bateau navigue toujours et est classé monument historique depuis 2005.

    (3) Renseignements provenant du site du château de Saint-Marc-sur-mer, disponible à la location pour des événementiels, et gîte. ( http://www.chateau-saint-marc.com/ )

  • René de Kerviler

    René de Kerviler, (Vannes 13 novembre 1842 - Lorient 12 mai 1907), un homme incroyable, qui fit beaucoup pour l'archéologie, la Bretagne, et Saint-Nazaire, doté d'une intelligence supérieure, d'une érudition et d 'une mémoire incroyables à une époque où toutes les connaissances de l'humanité pouvaient encore tenir dans les volumes d'une encyclopédie, et qu'il y avait encore temps à découvrir. René de Kerviler était un savant, au sens premier du terme. 

    En fait un article ne suffirait pas à raconter René de Kerviler, et nous vous renvoyons vers l'essai biographie réaliser dans le cadre d'une généalogie complète de la famille Pocard du Cosquet de Kerviler, par Robert Busquet de Caumont, en 2008, pour approfondir vos connaissances. Nous vous proposons ici un résumé :

     

    Commençons par tordre le cou à une légende tenace : René de Kerviler n'était pas vicomte, et N'UTILISA JAMAIS ce titre !

     

    Pourquoi cette légende ? Il semble qu'un historien local, impressionné par la particule, se dit que cela signifiait noblesse, et que noblesse allait avec titre, cherchant celui-ci, il découvrir qu'une terre de Kerviler, était tenue en justice vicomtale, et se dit que cela voulait dire que le propriétaire en était forcément vicomte... Un amalgame de poncifs et de raccourcis qui démontre une méconnaissance du sujet, et qui, chose fortement regrettable, fait passer René de Kerviler pour un bourgeois en mal de noblesse. Au demeurant, le " Kerviler ", des Pocard du Cosquet de Kerviler, n'était pas un fief ou une seigneurie ! Soyons clair : La famille Pocard du Cosquer de Kerviler est une famille bretonne de la bourgeoisie fiefée d'Ancien Régime, qui n'a jamais eu de prétentions nobiliaires, pourtant, de mémoire d'homme, les Pocard avaient été considérés dans des temps anciens comme membres de cette petite noblesse si nombreuse en Bretagne (1), mais qui, par pauvreté, avaient dérogé définitivement en devenant laboureurs, puis notaires au 17e siècle, au demeurant, privés de tous documents pouvant attester de la qualité nobiliaire, ils s'étaient abstenus de demander à être inscrits comme nobles, durant la grande recherche de noblesse demandée par Louis XIV en 1668, « aussi nous contentons-nous de vivre désormais très bourgeoisement », avait répondu en 1768 Vience Pocard du Cosquer de Kerviler, ancêtre de René, au sénéchal de l’île d’Arz, qui réinterrogeait sur ses origines. Le livre de raison de Vincent Pocard, nous apprend aussi que la terre noble du Cosquet, simple fief, avait été acquise le 12 juin 1700, par son grand-père Jean Pocard, notaire seigneurial et rural de la juridiction de Largouët. Il assuma à partir de là le nom de sa nouvelle terre, et son fils fit de même, mais comme il y avait une famille dont le patronymique était du Cosquet, dont Vincent Pocard avait dû se défendre de toute parenté, et aussi parce qu'il était comme son père greffier dans une autre juridiction, afin de couper court aux confusions, Vincent Pocard du Cosquet, avait décidé en 1760 de prendre le nom de Kerviler, nom d'une source (fontaine) près du manoir de sa famille, où il allait jouer étant enfant, dans son livre de raison, il a laissé ces lignes : « Un jour que j’y étais allé cueillir du cresson, mon pied glissa et je tombais dans la fontaine d’où je ne pouvais plus me retirer parce que mes jambes étaient prises dans la vase qui était épaisse aux abords. On entendit heureusement mes cris : on vint me retirer de la fontaine et pour me rappeler ma mésaventure, on m’en donna par sobriquet le nom. J’y ai été tellement habitué autrefois que je l’ai gardé définitivement mais cela ne veut pas dire que je sois titulaire d’une seigneurie plus étendue que celle d’une simple fontaine ». La descendance de Vincent ne porta cependant que le nom de Pocard du Cosquet. A la Révolution, la famille devient Pocard-Kerviler, c'est une rectification par jugement du Tribunal d'Instance de Vannes qui rectifia le nom en de Pocard du Cosquer de Kerviler le 9 mai 1901, c'est pour cela que René de Kerviler signait ses ouvrages du seul nom de Kerviler, sans particule.

     

     

    Diplomé de l’Ecole Polytechnique, de l’Ecole des Ponts et Chaussées, il avait été aussi reçu à l’Ecole des Chartes, mais y renonça. Il était l'ainé des onze enfants de Joseph-Marie-Vincent Pocard-Kerviler, (1804-1879), polytechnicien et officier de marine qui fit campagnes aux Antilles, au Mexique, et Tunisie, que René adulait, et quio lui transmit l'amour de la Bretagne, et de Marie-Louise Couessurel de La Brousse. Il avait épousé à Lorient, le 26 avril 1870, Cécile Guieysse, fille de Pierre-Armand Guieysse, polytechnicien, ingénieur du génie maritime, directeur des constructions navales de Lorient, inventeur des batteries blindées flottantes, commandeur de la Légion d’Honneur, et de Jéronime Le Bastard de Kerguiffinec ; d'où :

    1° Georges, polytechnicien, inspecteur général des Ponts-et-Chaussées ;

    2° Marie épouse du docteur en médecine Paul Robin ;

    3° René, polytechnicien, officier de marine ;

    4° Cécile, épouse de Joseph Loiret, polytechnicien, inspecteur général des Mines ;

    5° Armand, ingénieur, directeur d’usine du groupe industriel international « Les Cirages Français ».

     

    En 1874, à 32 ans, René Pocard-Kerviler fut nommé ingénieur du port de Saint-Nazaire en remplacement de Paul Leferme. Les travaux avaient été arrêtés par la guerre de 1870 et la chute de l'Empire, Paul Leferme avait au demeurant laissé une situation fort mauvaise, trempée de toutes sortes de magouilles, plusieurs procès avaient été engagés contre les entreprises en charge des travaux, aussi, quand il arriva à Saint-Nazaire, René dut reprendre les dossiers, refaire l'ensemble des devis de plans de Leferme à achever, régler les litiges, réaliser un projet pour l'évolution du port, le faire approuver, et seulement après il put passer à l’exécution.

    Il vivait alors rue de Montoir, face au Grand Bassin, un immeuble qui faisait l'angle, et qui lui appartenait entièrement.

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    Rue de Montoir, l'immeuble Kerviler indiqué par un X.

    En dehors du port dont il réalisa les quais et le bassin de Penhouet, multipliant par trois la surface portuaire, mais aussi les cales, nous lui devons : le phare des Charpentiers, le chenal de la Barre des Charpentiers, la voie de chemin de fer de Chateaubriand, à quoi se rajoutent des bâtiments disparus : la Grande caserne des Douanes, l’hôtel de la Chambre de Commerce, de l’hôtel des Postes, de la Bourse du Commerce ; mais aussi une intervention à titre privé pour le financement de la construction de l'église paroissiale Saint-Nazaire, où son visage est sculpté sur le pilier de droit au fond du chœur.kervile.jpg

     

    Portrait sculpté de René de Kerviler en l'église

    Saint-Nazaire, photo Odoevsky Maslov.

     

    En 1885 il prit la présidence d'une Société Mixte de Tir et de Gymnastique, « la Nazairienne », fondée par Charles Beilvaire et François Fouché, qu'on avait écarté, car considérés trop jeune pour diriger leur création. Kerviler la présida durant vingt ans, il présida aussi la Société de Géographie Commerciale de Saint-Nazaire, la Commission de la Bibliothèque Municipale, la Société des Régates Internationales de l’Ouest qui donnait trois jours de régates par an et organisait des courses de chaloupes de pêche. Il devint aussi vice-président de la Société d’Instruction Populaire de Saint-Nazaire, etc. 

    Il fit de nombreuse recherche archéologiques, inventant un principe de datation, dit « chronomètre préhistorique de Saint-Nazaire », qui fut l'une des premières tentatives scientifiques de datation des strates, il fit en sorte que bien des éléments archéologiques, ou historiques, de la commune, soient conservés, même si hélas, les bombardements ont presque tout fait disparaître, mais si aujourd'hui nous pouvons encore voir des éléments de décor de l'ancienne église, dans l'actuelle église Saint-Nazaire, c'est grâce à lui, et si le contenu des chartes et manuscrits historiques de Saint-Nazaire nous sont connus, malgré leur anéantissement, c'est aussi grâce à lui. Il publia une multitude d'ouvrages historiques et biographiques, sur la Bretagne et les Bretons, soit plus de 213 ouvrages ou articles importants ! Le 8 mai 1881, Sadi Carnot vint inaugurer solennellement le nouveau bassin : Kerviler reçut le grade d’Ingénieur en Chef, le titre de Directeur du port de Saint Nazaire, et la Légion d’Honneur, il avait aussi reçu les Palmes académiques. En 1905, René de Kerviler fut affecté à Lorient.

     

     

    Les armes des Pocard du Cosquer de Kerviler sont : De gueules au chevron d'hermine ; au chef d'azur chargé d'une mer d'argent. Le chef est une brisure adoptée au milieu du 18e siècle par Michel Pocard du Cosquer en souvenir d'un voyage aux Antilles. 

     

    Comme il était cadet, René de Kerviler brisa lui aussi ses armes, ajoutant deux livres en allusion à ses publications, deux palmes pour ses palmes académiques, et un pont pour son métier d'ingénieur des Pont-et-Chaussées, ce qui donne : De gueules au chevron d'hermine, accompagné en chef de deux livres d'argent, en pointe de deux palmes croisées d'or ; au chef d'azur, chargé d'un viaduc d'argent, enjambant une mer du même.

     

     

    (1) Pol Potier de Courcy, dans son « Nobiliaire et Armorial de Bretagne » était persuadé d'une noblesse perdue : « les Srs du Cosquer et de Kerviler, par. de Granchamp, év. de Vannes, du nom de Pocard, paraissent issus de la famille Pocard, Srs de Kerouzanet, de Kergohen et de Tuomelin, par. de Saint-Mayeux, présents aux Montres de 1445 à 1562, par. de Corlay et Saint-Mayeux, év. de Cornouaille ».

     

  • La famille Goy

    Mathieu Goy, (12 avril 1792 - 1860), son père, Antoine Goy s’était établi à Saint-Nazaire au moment de la Révolution, où il acquis la métairie de La Vecquerie. Une légende voulait que les Goy soient originaires de Suisse, où l’on trouve effectivement une famille de ce nom au canton de Vaud, il n’en est rien, Antoine Goy était originaire de Saint-Romain dans le département de la Loire, (ancienne province du Forez), comme son épouse, Claudine Monmartin, ils eurent plusieurs enfants, dont Claude,  menuisier dans la Grand’Rue de Saint-Nazaire, un autre fils qui partit aux Amériques, et que Mathieu suivit. Un temps capitaine au long cours, il revient à Saint-Nazaire s’établir commerçant, le 15 décembre 1830 il fut nommé, par le préfet, maire de Saint-Nazaire, en remplacement de Charles Blanchard, qui était trop impliqué dans le régime des Bourbon fraichement renversé par la révolution de Juillet 1830, et qui, parce qu’il était président de la Commission sanitaire, faisait exécuter ses décision comme maire.  Charles Blanchard était de plus parents avec tous les notables en poste à la mairie et au port de Saint-Nazaire durant la Restauration, et la majorité de la bourgeoisie locale était pour les Bourbon et voyait d’un mauvais œil le duc d’Orléans devenu roi, ainsi que les gens qui pouvaient servir sa politique. Dans cette atmosphère de personnes pensant le pouvoir municipal comme un bien de famille, et  estimaient Louis-Philippe comme un usurpateur, les membres du Conseil protestèrent en adressant au préfet une lettre collective calomnieuse, affirmant  : « Monsieur Goy, habitant d’un autre monde depuis l’enfance, dès lors étranger à ce pays et à sa patrie pour laquelle il n’a jamais rien fait, ni comme homme public, ni comme homme privé, pas même satisfait aux lois sur le recrutement de terre et de mer… » (1)

     

    On reprochait surtout à Mathieu Goy de ne pas être parent de la bourgeoisie locale, (établie pour la plus grande partie depuis seulement une génération à Saint-Nazaire), et d’être ce pour quoi il avait été établi par le préfet : être un honnête commerçant qui n’avait été impliqué dans aucune affaire politique ! A son entrée en fonction le 21 décembre, les conseillers, sauf un, sortir tous de la salle en signe de protestation.

     

    Il démissionna le 6 octobre 1834, suite à un différant avec monsieur Aurin, l’ingénieur en charge de la construction du Vieux-Môle, dont le transport des pierres pour sa construction, depuis la carrière de Saint-Marc, dans des chars tirés par des bœufs, avait détruisait la chaussée (2).

     

    Mathieu Goy  était l'héritier de la métairie de La Vecquerie. Son père, Antoine Goy, l'avait acquise en 1804 suite à la liquidation de la succession de  Claude-Louis-Gabriel-Donatien marquis de Sesmaisons. Mathieu Goy vendit en 1854 la métairie de la Vecquerie à Alcide Bord, qui constitua ainsi le domaine de Porcé. Mathieu Goy conserva pour son usage la maison, qui fait l'angle de la rue de La Vecquerie et de la route de Saint Marc, qui était à la fois son logement et son commerce d'épicerie, dépôt de pharmacie, et guinguette.

     

    Il avait épousé Anne-Augustine Giraud des Vrillères, d’une vieille famille de juloded de Couëron, dont il eut :

    1° Ernest, mort  à 33ans en 1868, capitaine du transatlantique Nouveau Monde, membre de la Loge Mars et les Arts de Nantes, puis du Trait d'Union de Saint Nazaire ;

    2° Atys-Honoré, (1832 - Saint-Nazaire 3 juin 1883), courtier maritime, correspondant de la Société d'encouragement pour la navigation de plaisance maritime, reçu l'exequatur de consul du Honduras en juin 1870, conseiller municipal, (il provoqua la démission du maire Auguste Desanges le 18 mai 1884), chansonnier qui publia en 1869, chez l’éditeur nazairien Fronteau, « Hilarité. Les Chants de La Vécrie » un recueil de chanson à boire, il fut le grand ami de Gustave Nadaud, chansonnier célèbre en son temps. Fondateur en 1866 de l'antenne nazairienne de la Société de Sauvetage en mer, organisme doté d'un canot de sauvetage, il legat à son décès la somme de 3.000 fr à celle-ci. 

    3° Anne, épouse du capitaine au long cours  Louis François Eugène Lainé (Nantes 1826 - 2 juillet 1877 Saint-Nazaire, - inhumé à La Briandais) ;

    4° Francis, (1838-1892), capitaine au long cours, membre de la Loge Mars et les Arts de Nantes puis du Trait d'Union de Saint Nazaire dont il fut l'orateur (se veuve, « quoique catholique », remis 100 fr à la loge de Saint-Nazaire au décès de son époux) ; père d’une fille, madame Salle, née en 1877, qui fut la dernière représentante de sa famille.

     

    La famille possédait plusieurs maisons dans le vieux Saint-Nazaire.

     

     

    (1)   Cf. Henri Moret.

    (2)  Le Conseil dans ses délibérations 6 novembre 1836 et 8 février 1837 déplorait ne pas avoir l’argent pour réparer la route.

  • Méan, chantiers et patrimoine

    Méan fut au 19e siècle un haut lieu de la construction navale, c'est en ce bourg de Saint-Nazaire, encore préservé, sur les rives du Brivet, que naquit ce qui sera la fortune de Saint-Nazaire. Nombre de maisons sont encore présentes pour nous compter cette histoire, qu'elles soient demeures de marins, de capitaine au long cours, ou d'armateur.

     

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    Plan des chantiers de Méan dressé par Charles Beilvaire. On y construisait des chaloupes brièronnes jaugeant 20 tonneaux.

     

    Le chantier Loumeau :

     

    Le chantier Loumeau fut fondé vers 1810 par Emile Loumeau, fils d'un charpentier de la marine marchande. Il forma ses fils à la construction navale, mais aussi les fils de la sœur de sa femme, dont l'un deviendra son beau-fils, et reprendra le chantier à la mort de son cousin, le réunissant au sien.

    Le chantier naval Loumeau se situait sur la partie sud du quai de Méan, on y fabriquait des bricks, des goélettes, et des lougres. Le bois était cintré en étuve, une grande cheminée dominait la rive.

    Durant une courte période, il y eut un chantier " Lourmeau fils ", dont le seul navire connu est un brick baptisé " Prohète Elie ", qui s'échoua rapidement sur le banc des Morées.

     

    Extrait de la généalogie Loumeau :

     

    I° Emile-Marie-Joseph Loumeau, (Montoir-de-Bretagne 26 avril 1783 - Méan 29 janvier 1842), marin, puis constructeur de navires à Méan, marié le 9 mai 1815, à Montoir-de-Bretagne, avec Reine Labour, fille de Charles Labour, et de Marie Macé, d'où :

    1. Michel-Émile, (Méan 2 août 1816 - Méan 3 août 1853) charpentier de port, constructeur de navires à la suite de son père, il semble qu'il fut marié, ou du moins il vécut en concubinage, il n'eut cependant aucun héritier, à sa mort, le chantier Lourmeau fut acquis par son beau-frère et cousin germain Émile-Fidel Ollivaud ;

    2. Louise-Éléonore, (Méan 6 juillet 1818 - Méan 22 mai 1857) ;

    3. Louis-Marie, (Méan 15 août 1820 - Méan 18 octobre 1846), maître au cabotage ;

    4. Gustave, Méan 10 décembre 1822 - Méan 4 avril 1824) ;

    5. Marie-Anne, née à Méan le 20 janvier 1825, mariée le 18 juillet 1854, à Montoir-de-Bretagne, avec Émile-Fidel Ollivaud, son cousin germain ;

    6. Jean-Jules, Méan 28 octobre 1827 - en mer 7 mars 1851), marin ;

    7. Joseph-Marie, (Méan 5 février 1829, capitaine au long cours, époux d'Émilie-Julie-Honorine Loumeau, d'où une fille ;

    8. Gustave, né à Méan le 27 novembre 1830 ;

    9. Pierre-Marie, né à Méan le 3 septembre 1832 ; 10. Reine, née à Méan le 27 avril 1834.

     

    Le chantier Ollivaud :

     

    Le chantier Ollivaud fut fondé par Émile-Fidèle Ollivaud, neveu par alliance et beau-fils d'Emile Loumeau, il se situait à côté du chantier Loumeau, sur le quai de Méan, en remontant le Brivet, auquel il fut réuni à la mort de Michel-Émile Loumeau. Émile-Fidèle Ollivaud fut formé par son oncle, il compléta sa formation durant son service militaire accompli dans la marine. Ce chantier était le plus grand de Méan ; il disposait en aval du pont de trois cales de construction et une cale de carénage. Comme le chantier naval Loumeau, on y fabriquait des bricks, jaugeant 250 à 300 tonneaux, 28 à 30 m de long, sur 6,50 de large, des goélettes, et des lougres, jaugeant 90 à 120 tonneaux, 18 à 22 m de long sur 5,50 de large. Lancés dans le Brivet, les navires, du fait de la faible largeur du cours d'eau, rebondissaient mollement contre la rive opposée. Ils étaient ensuite remorqué jusqu'à Nantes pour recevoir l'armement et les mâtures. Concurrencé par la construction navale de fer, et les chantiers Scott, ce chantier ferma en 1888, son dernier lancement fut celui de la goélette " Guillaume Tell " en 1884.

     

     

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    Le chantier Ollivaud, (avec la maison au haut à droite), dessin de Charles Beilvaire.

     

    I° Jean-Julien Ollivaud, (village de Trembly à Montoire (1) 3 juillet 1784 - village de Certé à Montoire (2) 16 septembre 1861), laboureur, marié le 12 octobre 1812, à Montoire-de-Bretagne, avec Anne-Françoise Labour, ( village de Certé à Montoire 31 janvier 1788 -  village de Certé à Montoire 6 janvier 1867), fille de labeur à son mariage, fille de Charles Labour, et de Marie Macé, d'où : 

    1. Etienne, (Certé 16 novembre 1813 - Trembly 3 juin 1814) ;

    2. Désiré, (Trembly  5 décembre 1814 – Saint-Denis-de-La-Réunion 25 août 1863) maître au cabotage, marié le 3 octobre 1843, à Montoir-de-Bretagne, avec sa cousine germaine, Louise-Éléonore Loumeau, fille d'Emile-Marie-Joseph Loumeau, constructeur de navires, et de Reine Labour, d'où postérité ;

    3. Isidore, né le 16 mars 1817, marin ;

    4. Anne-Françoise, née le 10 septembre 1820, cultivatrice, mariée le 27 août 1851, à Montoir-de-Bretagne, avec Etienne Labour, son oncle maternel ;

    5. Émile-Fidel, qui suit ;

    6. Pierre, (Certé 25 mai 1827 -  Certé 23 juin 1890), charpentier de navire, il fonda un chantier au village de Rozé où il construisait des chalands et des chaloupes ; marié le 21 janvier 1852, à Montoir-de-Bretagne, avec Joséphine Lemay, née le 27 septembre 1828, fille de François Lemay, et de Marguerite Macé, d'où postérité.

    II° Émile-Fidel Ollivaud, né le 23 mars 1824 à Certé, constructeur naval, nommé, par le préfet, conseiller municipal de Saint-Nazaire le 17 avril 1871 au 6 juin 1871 ; marié le 18 juillet 1854,  à Montoir-de-Bretagne, avec Marie Anne Loumeau, sa cousine germaine, 

    1. Gustave, né à Méan le 30 juin 1855, décédé en mars 1936 ;

    2. Corine-Marie, née à Méan le 7 août 1856, épouse de Jean-Honoré-Mari-Arsène Leroux, notaire à Montoir-de-Bretagne ;

    3. Raoul, né à Méan le 7 mars 1858, époux d'Emilienne-Fanny-Marie Loumeau, d'où :

    3.A Emile-Michel-Marie, (Saint-Nazaire 12 août 1895 - 25 mars 1916 de ses blessures à l'Hôpital de La Fléche) capitaine au 411e régiment d'infanterie, chevalier de la Légion d'Honneur à titre posthume.

     

    Émile-Fidel Ollivaud fit construire une demeure rue de Trignac, à proximité de la rue baptisée en son honneur, pour abrité le siège sociale son entreprise et sa salle à tracée, dans laquelle Gustave Ollivaud s'établit quand son frère Raoul et lui arrêtèrent la construction navale pour se tourner vers el commerce du bois. Leur commerce se développa grâce à leur sens des affaires, mais aussi au fait de Raoul était à la Chambre de Commerce, et Gustave au Conseil municipal comme représentant de la section de Méan, ce qui leur permettait de connaitre à l'avance les offres et les chantiers, (cf. sa nécrologie très atypique dans Le Courrier de Saint-Nazaire du 7 mars 1936). Durant l'entre-deux-guerres Gustave participa régulièrement au journal le Courrier de Saint-Nazaire avec des billets d'humeurs où des souvenirs historiques signé " Un catholique méanais", ou " Un vieux méanais", mai aussi " Un Vieux " et " Un Vieux Bougon ".  En 1960, sa maison était en mauvais été et inhabité (3), elle a depuis disparu.

     

    Le chantier Mahé :

    Il s'étendait sur les deux rives du Brivet, en amont du pont ; sa cale principale était sur la rive gauche. En aval du pont, un ancien chasse-marée monté sur la rive servait de magasin. On y construisait des chaloupes brièronnes jaugeant 20 tonneaux. Il ferma en 1873.

     

    Le chantier Lamort :

    Situé à l’emplacement du feu du port, on y construisait de petits trois mats, des Lougres, des Slopp-pilotes. Il fut fermé en 1875.

     

     

    forge.jpg La flotte issue de Méan comprenait quatre-vingt-huit navires, jaugeant jusqu'à 600 tonneaux. Son port était doté d'une tourelle construite en 1843, mais qui ne fut doté d'un éclairage qu'en 1871. Il y avait aussi un maître de port qui dirigeait le mouvement des navirs, et une Recette des Douanes. Près de deux-cents ouvriers étaient employés en 1880. 

    Associée aux chantiers, existait la forge Dandeau, qui avec dix ouvriers, assurait la fabrication des outils, clous, ancres, et autres pièces métalliques nécessaires. Les bâtiments existent toujours, à l'angle des rues de Trignac et Négrin.

     

    La forge Dandeau en janvier 2009, photo Odoevsky Maslov.

     

    Elle appartenait à Jean Dandeau, né le 16 août 1837 à Lagrange, dans les Landes, celui-ci avait épousé sa cousine Joséphine-Marie Dandeau, le 2 mai 1865 à Montoir-de-Bretagne.

     L'industrie navale comprenait aussi un poulieur : Tostain ; et un cordier : Brisset. 

     

    On verra aussi au 278 de la rue de Trignac, la maison d'André-Théodore Ricordel,  (Méan 19 décembre 1819 -  Nantes 1871), fils d'un charpentier de navire à Méan, il fut maître au cabotage, puis capitaine et armateur. Il épousa en première noce, le 2 octobre 1842 à Montoir-de-Bretagne, Jeanne Françoise Moriceau, (Saint-Malo-de-Guersac 22 mars 1822 - Méan 6 mai 1844), fille d'un agriculteur, en seconde noce, en 1854, il épousa Anna Lanferman, (Le Havre 1835 – Méan 18 septembre 1855), fille de Jacob Lanferman orfèvre venu de Middelbourg, et de Anna (??), qui apporta à son époux une dote importante, elle décéda des suites de l'accouchement de sa fille Anne-Marie, née à Méan le 15 mars 1855. En 1862 il se maria une troisième fois avec Marie-Léonide Bichon, fille du directeur de la fonderie, dont il eut un fils mort né le 25 février 1862. Il avait ouvert un magasin de fournitures de marine devant l'ancienne église de Saint-Nazaire, au rez-de-chaussé de l'hôtel Blanconnier, il possédait trois navires, dont le « André-Théodor ». Il fit construire cette maison par un architecte parisien en 1855, pour sa seconde épouse, ce qui impressionna beaucoup le pays, surtout qu'il avait pour domestique un jeune noir ramené d'un voyage aux Antilles. Le capitaine Ricordel avait fait élevé un calvaire à proximité de sa maison, qui disparut durant le Seconde-Guerre-mondiale (4).

     

     

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    Méan en 1858, dessin de Charles Beilvaire d'après un autre plus ancien...

     

     

    (1) & (2) Ces villages sont aujourd'hui sur le territoire de Trignac, commune créée en 1914.

    (3) Cf. Fernand Guerrif, dans « Histoire de Saint-Nazaire », tome I, 1960.

    (4) D'après Fernand Guerrif, dans « Histoire de Saint-Nazaire », tome I, 1960.