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vignes

  • Le vignoble nazairien

    On l'ignore trop souvent, mais Saint-Nazaire fut un pays viticole. On ravitaillait les bateaux stationnant dans l'estuaire avec des tonneaux de vin produit surplace. La plupart des vignes se trouvant sur les falaises, on les descendait sur la plage de Bonne-Anse pour les embarquer sur des barques qui partaient vers les navire ancrés. La ville et vicomté de Saint-Nazaire étaient dispensée du droit de billot, c’est à dire de taxe sur l'alcool, droit qui fut confirmé par lettres royale de 1507 accordée par le roi Louis XII, comme duc de Bretagne, (Retranscription des lettres : http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2012/07/09/saint-nazaire-pays-de-vignobles-dispense-du-droit-de-billot.html). Ce privilège permis le développement de la vigne dans le but de produire du vin, mais surtout de l'eau de vie que l'ont produisait majoritairement à partir de la distillation des raisins, ce qui permet de comprendre pourquoi le général Marceau réclama au maire de Saint-Nazaire, Jean-Pierre Dufrexou, des tonneaux d'eau de vie, que celui-ci se montra incapable de lui fournir.

    A la veille de la Révolution, les vignes étaient majoritairement constituées en grandes parcelles, car elles transmettaient suivant le principe du partage noble, permettant à certaines familles roturières nazairiennes de porter un temps le qualificatif d'écuyer, ou de marier leurs filles à des hobereaux. On comprend alors pourquoi, certaines zones de la corniche nazairienne se sont vues urbanisées avec des villas au cœur de vastes parcs, alors que certaines sont sur des parcelles étriquées. Ces parcs sont en réalité l'emplacement de vignes arrachées, ou de fermes dotées d'une vigne, (Villa Nelly, Château des Charmilles à Porcé, Manoir de Port Gavy, Château de Saint-Marc, Géorama, etc.). Ces vignes disparues ont eu une incidence sur la toponymie de certaines voies, rue de la Vigne Rosée à Villès-Martin, de la Vigne du Clos à Saint-Marc, attention cependant, le mot clos n'a pas le sens viticole qu'il a en bourgogne, en Bretagne clos désigne une étendue de terre appartenant au même propriétaire ou à la même famille, entourée de tous côtés de chemins de circulation, de fossés de drainages et de haies. 

     

    En 1852 le vignoble nazairien couvrait un peu plus de 250 ha. A la reconduction le vignoble nazairien était de 200 ha. Cette baisse de surface s'explique par le fait qu'une partie de la commune avait été cédée pour constituer la nouvelle commune de Pornichet en 1900. Ce vignoble aurait pue être plus étendu encore. En effet, en novembre 1815, le maire de Saint-Nazaire, Julien-Maurice Tahier de Kervaret, demanda au Préfet qu’on établisse des concessions des dunes afin de les stabiliser par la plantation de vignes, argumentant qu’outre la protection que cela apporterait aux champs voisins, on pouvait espérer au bout de cinq années un très bon vin qui rapporterait en impôts fonciers. Le préfet ne daigna pas répondre et les dunes furent fixées à l'aide de pins et de sapins.

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    Cartes en date de l'année 1852 situant en rouge des zones viticoles de Saint Nazaire. Archives départementales de Loire-Atlantique

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    En août 1923, dans le but de protéger ce vignoble, il fut fondé à Saint-Nazaire " la Ligue nazairienne du Muscadet ".

     

    Initialement le cépage nazairien, et de l’ensemble de la Presqu'ile, était du " Congor ", c'est à dire du pineau d'Aunis, nommé aussi chenin noir, cépage encore cultivé dans l'ensemble de la vallée de la Loire, aux fruits de couleur noire, ayant un arôme de framboise avec des notes de poivre, qui donnait à Saint-Nazaire un vin clair, aromatique et fort alcoolisé. Le Congor fut remplacé par le « Melon de Bourgogne » après les gelées de l'hiver 1709 qui avait été particulièrement rude et avait détruit une grande partie des vignobles du pays nantais. La crise du phylloxéra à la fin du 19ème siècle fera remplacer ce cépage par deux autre venus du continent américain : le Noah, et l'Othello.

     

    La vigne nazairienne dont l'histoire nous est la mieux connue est " la vigne du Prieuré", don de Friold de Donges en 1079 au Prieuré Saint-Jean-Baptiste de Saint-Nazaire. Saisie à la Révolution, elle avait été acquise par le marquis de Sesmaisons et fut attachée à la métairie de La Vecquerie, puis au château des Charmilles à la suite de l'acquisition par Alcide Bord de cette métairie. Cette vigne existait encore en partie en 1953. Son emplacement est devenu un dépôt pour les espaces verts de la ville, qui y entreposent terres pour les plantations et bois coupé. La partie disparue dès le 19ème se trouve à l'emplacement de l'école Ferdinand Buisson.

     

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    Plan du domaine du château des Chamilles en 1953 avec mention de la vigne. Collection O. M. de S. L.

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    A proximité de La Vigne du Prieuré, était celle de Gavy, 3ha situés à l'emplacement des bâtiments de l'université, qui donnaient encore en 1929 cent barriques de vin rosé dont la qualité était louée par ceux qui l'avaient goûté et la municipalité envisagea de le servir aux vieillards de son hospice. La Vigne du Clos, au niveau du Chemin du Phare de Porcé, et celle de La Rougeole, située à l'emplacement du 21 chemin de Porcé ; la demeure qui se trouve à cet emplacement était un " vendangeoir ", c'est à dire un manoir viticole avec habitation à l'étage noble, pressoir et cellier à l'entresol.

    A Saint-Marc plusieurs rues comportent encore le mot " clos " qui propage le souvenir de parcelles viticoles entourées de murs, qui appartenaient à plusieurs familles nobles avant la Révolution. L'emplacement même du château de Saint-Marc, avant la construction de la demeure au 19e sicèle, était un vignoble.

     

    En 1898  l’invasion de phylloxera entraine la nécessité d’arrachage. En juin 1899 l’Etat et le Conseil général proposent une aide réserve au petits propriétaires cultivant moins de 50 ares de vignes pour l’arrachage et la replantations. En septembre 1899, il est montré à la voire horticole de Saint-Nazaire des ceps américains. Ces cépage entrent en concurrence avec les greffes réalisées à partir des cépages français, ils sont réputés résister la phylloxera, mais surtout ils sont beaucoup moins chers, et déjà sur le port avec leurs racines. Othello, rouge au fruit acidulé, remplace la totalité du congor, et le Noah blanc remplacent 70% de la folle blanche. Le résulta est désastreux sur la qualité du vin.

    L’interdiction de la vinification des cépage noah en 1934 et othello en 1935 fit que les viticulteurs nazairiens ne purent plus écouler leur production.

     

    Après la guerre, on limita l'exploitation à ce qui constitue le " vignoble nantais ". Des particuliers continuèrent à vendanger pour leur consommation personnelle quelques pieds, qui finirent par disparaître au milieu des années 1980, mais il existe encore dans des jardins de La Bouletterie et de La Villès-Martin des ceps anciens.

     

    Le vignoble nazairien s'étendait aussi sur le commune de Pornichet, territoire détaché de Saint-Nazaire en 1900. L'un des exploitants, [Jacques]-Louis Gérard, nazairien habitant au 3 quai Henri-Chevreau (qui disparu sous la Base sous marine), propriétaire de la coulée de Cavaro à Sainte-Marguerite, au lieu dit la Vigne des Pins, à côté du Camps de la Torpille, déposa comme marque l'étiquette du vin de son exploitation, sous la marque Vin de la Côte d'Amour - Coulée de Cavaro ; durant l'occupation le domaine périclita et les arrêts qui réglementèrent la commercialisation des vins et l'exploitation des vigne en Loire-Atlantique entre 1944 et 1956 finirent par anéantirai le domaine. Son fils (né de son union en 1922 avec Suzanne Actus), Louis Paul Gérard (Pornichet 23 septembre 1925 - 4 juin 2006 Guérande), demeura à Sainte-Marguerite comme grossiste en spiritueux, il vendit son entreprise le 28 mars 1977 à la SOCIETE ENTREPOTS VINICOLES TRIGNACAIS. La maison, le chai et les bâtiments d'exploitations subsistent.

     

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  • Saint-Nazaire, pays de vignobles, dispensé du droit de billot

    1507, Saint-Nazaire, pays de vignobles, dispensé par Louis XII du droit de billot

     

    Au début de l'année 1507, maître Antoine Force, fermier des impôts (1), ordonnés pour les réparations des murailles de Guérande, eu l'idée de faire taxer les vins entrants et sortants de la paroisse de Saint-Nazaire pour financer cette campagne de travaux, cette taxe sur le vin se nommait " droit de billot ". Il faut savoir que Saint-Nazaire était doté d'un grand vignoble, qui s'étendait au-dessus des falaises depuis Kerlédé jusqu'aux salines de Pornichet. Ces vignes étaient constituées d'un cépage nommé " Congor (2) ", s'était en réalité du pineau d'Aunis, nommé aussi chenin noir, cépage encore cultivé dans l'ensemble de la vallée de la Loire, aux fruits de couleur noire, ayant un arôme de framboise avec des notes de poivre, qui donnait à Saint-Nazaire un vin clair, aromatiques et, dit-on, fort alcoolisé. A la Révolution, ces vignes furent peu à peu replantées de cépages Gros-plant-du-pays-nantais, dont la qualité à Saint-Nazaire n'était pas des meilleurs aux dires d'Henri Moret, dans son " Histoire de Saint-Nazaire ". En 1929 la propriété acquise à Gavy par la municipalité en vue d'abriter l'hospice des vieillards, comportait encore 3 ha de vignes, qui produisaient 100 barriques de vin (3). Les vignerons étaient nombreux au territoire de Saint-Nazaire, depuis la pointe de la Villes-Martin, où étaient les vignes de la Falaise, jusqu'à la seigneurie de Cleuz (4), tout n'est que vignes, la Tour du Commerce domine les Vignes de la Rongeole, du Chapitre (5), et Vignes du Clos, là où sont aujourd'hui les quartiers de Bonne-Anse et de Porcé, à Saint-Marc se sont celles du Crepelet, de la Sétrait, de Gonon, des Noës, du Clos Hemery (6) et du Clos Delefeuvre, de La Corance, de la Colline du château, Béac et Verdun, à l’intérieur des terres sont celles de Roilet , d’Armangeau et de Cleuz... Le vin était exporté hors de la paroisse par voix de terre, mais aussi par mer, les taxer, ainsi que les marchands et les cabaretiers de la paroisse, était l'assurance d'une levée d'impôt importante en faveur de Guérande. Rassemblés derrière Jehan Halgan et Julien Hervé, les producteurs, vignerons, marchands de vin, et cabaretiers de la paroisse de Saint-Nazaire firent valoir leur privilège de ne pas avoir à contribuer aux fortifications de Guérande. On fit appel à Louis XII, second mari de la duchesse Anne, qui durant un séjour à Nantes en 1507, coupa court à toutes ces difficultés en renvoyant en dernier ressort les plaignants devant le sénéchal de Guérande. Il délivra les lettres suivantes (7) :

     

    Loys, Par la grâce de Dieu, Roy de France et duc de Bretaigne, à noz noz séneschal, alloué et lieutenant de Guérande, salut. 

    De la part de noz subgectz les paroissiens manans et habitans de la paroisse de Sainct-Nazaire. nous a esté en suppliant exposé que, combien que le vingt-huitième jour de novembre de l'an que dit fut mil-quatre-cens cinquante-quatre, leur ait esté octroie et concédé par feu prince de bonne mémoire le duc Pierre, ainsi que appert par son mandement de date prédite, exemption, liberté et franchise de toutes contributions et subcides de réparations de villes et chasteaulx ; 

    Quelles exemptions et franchises nostre très chère et très-amée compaigne la royne a depuis par ses mandemens confirmé, ainsi que appert par iceulx. 

    En vertu de quelles franchises il sont démolirez francs et exemps du devoir de billot ordonné pour les dites réparations, et en ont esté et sont en possession sans débat, fors puis peu de temps ença, que Maistre Anthoine Force, se disant fermier dudit billot mist en procez ung nomme Jehan Halgan et autres plusieurs de ladite paroisse en la demande dudit devoir de billot ; 

    Qu'ils esplectèrent tant ci tellement par ladite court de Guérande, que lut dit et déclaré par lesdits proiluietz tant cliques les que lettres contre ledit Force audit nom qu'ils dévoient demourer francs exemps et, quitte dudit devoir.

    Quelle sentence passa en œuvre de juge. 

    Est-il que néanmoins ce que dessus, Bertrant Charays et Jehan Sorel se disans soubzfermiers de Jehan Pineau, fermier général du ditdevoir de billot, dudit, terrouer de Guérande où est située ladite paroisse, ont mis en action ung nomé Julien Hervè en la demande dudit devoir de billot, supposant qu'il avoit vin par détail en ladite paroisse ; 

    Quel en empeschant respondre à ses faicts excepta de la sentence donnée contre ledit Sorel, fermier susdit ; 

    Quelle exception ne fut receue du lieutenant nostre dite court de Guérande; 

    De quoy ledit Hervé appella quelle appellation alla devant l'alloué dudit lieu.

    Et au terme assigné à estre procédé a la décision dudit appel devant ledit alloué se trouva un nomé Julien Paulmier procureur du corps politique, qui voulut et demanda estre a la conduicte de ladicte matière pour ledit Hervé disant qu'elle touchoit l'intérest dicelle paroisse pour tant que le privilége a esté octroie à tous vendans vin de ladite paroisse, que contrarièrent lesdits, soubz fermiers. 

    Dont fut ivservé faire raison entre parties. 

    Ce néanmoins s'efforcèrent contraindre icelluy Hervé à suyvre le procès. 

    Et ce voiant. le procureur desdits paroissiens bailla plégement contre iceulx soubx fermiers de non conduire le procès contre ledit Hervé Juliens de leur plédoyé. Auquel plégemetit 

    raisonnèrent leurs dits privilèges, au débat desquelles raisons fut figuré jugement en advis qu'il démolira eu garde de court, qui y est encores à présent. 

    Par le moien duquel procès se peult trouver grant longueur au domaine desdits paroissiens.

    Nous supplians qu'il nous plaise sur ce leur pourveoir de remède convenable, très humblement le nous requérant.

    Pouquoy, Nous, lesdites choses considérées, voullant ausdits supplians en ce subvenir, aider, et iceulx en leurs droitz, libertez et franchises estre préservez et gardez, vous mandons et commandons et a chacun de vous, en commettant, si mestier est icelles matières congnoistre, sentencier et déterminer par briefz jours et termes compettans. sans avoir esgard à assignation de piedz, généraulx, juduces, prévileiges de menées, ceix remuz de juridiction, retroict de barre, ni autres termes ordinaires quelzconques,et au parsus, parties appellées et ouyes, selon ce qui vous apparostra, faire et donner sur le contenu cy dessus telles provisions que voyrez de raison appartenir. 

    Car ce nous plaist.

    Donné à Nantes, ce XXIIe jour de mars l'an de grâce mil-cinq-cent-sept et de notre régne le dixième. Par le Roy et Duc, et à rellafion de son conseil.

    De LANVAUX.

     

    Les Nazairiens eurent une fois de plus gain de cause face aux Gérandais, et on ne leur demanda plus de contribuer aux fortifications durant un siècle. (voyez les articles " Les nazairiens et les murailles de Guerande ".)

     

     

    (1) Agent du fisc qui collectait les impôts pour le compte de la Couronne, cette fonction était une charge qui se vendait fort cher, et qui rapportait beaucoup à son possesseur, celui-ci était rétribué en pourcentage sur les impôts levés auprès des contribuables.

    (2) Congor est aussi le nom d'un lieu-dit au territoire de Guérande.

    (3) Article du 06/12/1929 paru dans Le Courrier de Saint-Nazaire.

    (4) Aujourd'hui Cleux, territoire de la commune de Pornichet fondée le 9 avril 1900.

    (5) Ce sont les vignes données au prieuré dès l'an 1079, à sa fondation par le vicomte de Donges.

    (6) Du nom de Jacques Hémery, mort avant 1645, époux de Jacquemine du Boisbaudry.

    (7) Relevé et retranscrit par René de Kerviler, op. cit.