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vin

  • Transmettre et protéger, un petit geste pour le Vignoble nazairien

    Aujourd’hui, un petit poste sourire, un poste sur le petit patrimoine et son sauvetage par action citoyenne qui pourrait paraitre anodine si on ne la regarde pas de près.

     

    Il y a quelques jours, dans une parcelle de la Corniche nazairienne qui était autrefois au centre du Vignoble nazairien, vignoble dont nous avons plusieurs fois parlé sur ce blog, et dont la génération née entre 1945 et 1960 a encore le souvenir, ont été déplantés des ceps qui ne pouvaient pas rester sur le lieu, pour être transplantés sur une autre parcelle qui fut autrefois elle aussi une vigne, à Avalix, plutôt que de tout arracher. Ce ne sont que quelques ceps, et combien d’entre nous en ont arraché dans leur jardin de lotissement pour faire place à une pelouse ou un massif de fleurs ? Trop hélas, car au prétexte d’évolution, nous passons souvent à côté des éléments qui continue à l’enrichissement de notre quotidien et de notre héritage immatériel.

     

    Ces ceps déplacés sont de types noah, (raisins blancs), othellos, (raisins rouges), et de sémillon, (raisins blancs). Les deux premiers sont ceux qui ont été replantés sur le vignoble nazairien après l'invasion du Phylloxéra sur l’Estuaire dans les années 1890.  Le troisième est plus rare dans notre zone parce qu’il s’agit de celui qui servait pour la conception du vin de messe des églises de la Presqu’île. Il y avait autrefois une importante vigne de ce cépage à Saint-Nazaire, La Vigne du Prieuré, située à Porcé, sur les deux parcelles qui sont aujourd’hui séparées par le chemin de Porcé, à l’emplacement de l’école Ferdinand Buisson, et de l’ancien accès au château des Charmilles, terrain en friche dont le devenir est incertains, et dont les élus n’ont toujours pas compris qu’il s’agit ici du seul terrain dont nous connaissons parfaitement l’histoire depuis le don qu’en fit le vicomte Friold de Donges en 1079 au Prieuré Saint-Jean-Baptiste de Saint-Nazaire, et dont nous savons par les fouilles accomplies par Alphonse Pinguet en 1857-1858 qu’il y avait là une exploitation gallo-romaine.

    Il a été aussi réalisé des bouturages en prévision de l’avenir et de futures plantations dans le cadre d’un partage de plantes locales, (de jeunes chênes-liège, espèce non originaire de Bretagne mais qui se plait et se reproduit à Saint-Nazaire, ont aussi été transplantés dans le cadre d’un projet de peuplement, ainsi que diverses autres espèces d’arbres et de buissons contribuant à la biodiversité des jardins et taillis).

     

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    Quelques-uns des ceps transplantés

     

    Pourquoi ce poste sur ce qui pourrait paraitre anodin ? Parce qu’il faut mettre en lumière les bonnes volontés et les belles actions, le sens inné du devoir, mais aussi parce qu’il faut rappeler que le patrimoine ne se limite pas à quelques bâtiments classés, à un paquet de vieux papiers ou à quelques tableaux et collections oubliés sous les moisissures, (même s'ils sont très importants et qu'il y a urgence d’actions de sauvetage). Le patrimoine, surtout dans une ville comme Saint-Nazaire qui ne possède pas de monument important en dehors de son port, et où la politique patrimoniale, parce qu’elle suit la volonté d’élus qui désirent des résultats qui se voient de loin, ne comprend toujours pas l’humain dans ses projets, préfèrent l’inerte vidé de sa substance dans une conception muséale dépassée, alors qu’on ne peut pas faire du patrimoine sans de l’humain et de l’histoire. Ne désespérons pas, l’humanité finit toujours par évoluer, et les décideurs qui stagnent ne restent jamais longtemps en place en notre époque mouvementée ; mais surtout la stagnation et le fourvoiement sont heureusement toujours compensés par l’action de passionnés, en l’occurrence, ici, par des Nazairiens qui aiment leur ville et qui savent agir par bon sens, devenant malgré eux des résistants face au duo ignorance-bêtise. C’est la Société-civile qui a toujours fait avancer les consciences en France, et cela est visible depuis Napoléon III. mais surtout n'oublions pas un élément très important : les institutions n'ont pas vocation à tout sauver ou mettre en lumière, la politique obligeant à des choix au détriment du petit, même quand celle-ci veut bien faire. C'est à vous Nazairiens d'agir et de vous faire entendre !

    Le patrimoine est une conception bien encombrante, car elle est synonyme d’identité, ce qui le rend malgré lui politique, mais surtout c’est une chose qu’on regarde comme trop souvent intouchable et à mettre sous vitrine. Or, une ville ne peut être figée dans le temps, nous ne pouvons vivre dans un musée. Cependant, si nous admettons que le patrimoine est de fait l’identité des habitants d’une ville, il faut aussi admettre que cette identité est multiple par la nature de l’Etre humain et multiple dans ses incarnations.

    Depuis dix années qu’existe ce blog, nous avons œuvré à répondre aux interrogations des Nazairiens, et à mettre en lumière son histoire, ses personnalités marquantes, et ses patrimoines, de donner une image positive et historiquement juste avant même que les municipalités successives se penchent enfin sur le sujet. Soulignons ici que ce récent intéressement municipal s’est fait grâce à la lucidité et le professionnalisme de fonctionnaires qui aiment Saint-Nazaire et qui ont la volonté de bien faire et de transmettre aux générations futures, qui corrigent par la minutie de leurs travaux les légendes et inexactitudes, en dépit des conflits que cela génère malgré eux avec des institutions, municipales ou associatives, qui publient des absurdités qui aux yeux de tous, sauf des rédacteurs des plaquettes ou livres qui n’ont aucun recule ou logique. Heureusement ces publications ne trouvent généralement que peu de preneurs, mais l’on regrettera qu’elles se fassent avec l’argent du contribuable nazairiens, et surtout qu’elles finissent par croupir sur des étagères de médiathèque ou de centre de documentations, où on les prendra benoitement un jour pour des ouvrages de référence, au prétexte qu’on y a associé un logo officiel, rendant le Nazairien ironique, c’est-à-dire lucide, comme le démontra Rémy de Gourmont.

     

  • Le vignoble nazairien

    On l'ignore trop souvent, mais Saint-Nazaire fut un pays viticole. On ravitaillait les bateaux stationnant dans l'estuaire avec des tonneaux de vin produit surplace. La plupart des vignes se trouvant sur les falaises, on les descendait sur la plage de Bonne-Anse pour les embarquer sur des barques qui partaient vers les navire ancrés. La ville et vicomté de Saint-Nazaire étaient dispensée du droit de billot, c’est à dire de taxe sur l'alcool, droit qui fut confirmé par lettres royale de 1507 accordée par le roi Louis XII, comme duc de Bretagne, (Retranscription des lettres : http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2012/07/09/saint-nazaire-pays-de-vignobles-dispense-du-droit-de-billot.html). Ce privilège permis le développement de la vigne dans le but de produire du vin, mais surtout de l'eau de vie que l'ont produisait majoritairement à partir de la distillation des raisins, ce qui permet de comprendre pourquoi le général Marceau réclama au maire de Saint-Nazaire, Jean-Pierre Dufrexou, des tonneaux d'eau de vie, que celui-ci se montra incapable de lui fournir.

    A la veille de la Révolution, les vignes étaient majoritairement constituées en grandes parcelles, car elles transmettaient suivant le principe du partage noble, permettant à certaines familles roturières nazairiennes de porter un temps le qualificatif d'écuyer, ou de marier leurs filles à des hobereaux. On comprend alors pourquoi, certaines zones de la corniche nazairienne se sont vues urbanisées avec des villas au cœur de vastes parcs, alors que certaines sont sur des parcelles étriquées. Ces parcs sont en réalité l'emplacement de vignes arrachées, ou de fermes dotées d'une vigne, (Villa Nelly, Château des Charmilles à Porcé, Manoir de Port Gavy, Château de Saint-Marc, Géorama, etc.). Ces vignes disparues ont eu une incidence sur la toponymie de certaines voies, rue de la Vigne Rosée à Villès-Martin, de la Vigne du Clos à Saint-Marc, attention cependant, le mot clos n'a pas le sens viticole qu'il a en bourgogne, en Bretagne clos désigne une étendue de terre appartenant au même propriétaire ou à la même famille, entourée de tous côtés de chemins de circulation, de fossés de drainages et de haies. 

     

    En 1852 le vignoble nazairien couvrait un peu plus de 250 ha. A la reconduction le vignoble nazairien était de 200 ha. Cette baisse de surface s'explique par le fait qu'une partie de la commune avait été cédée pour constituer la nouvelle commune de Pornichet en 1900. Ce vignoble aurait pue être plus étendu encore. En effet, en novembre 1815, le maire de Saint-Nazaire, Julien-Maurice Tahier de Kervaret, demanda au Préfet qu’on établisse des concessions des dunes afin de les stabiliser par la plantation de vignes, argumentant qu’outre la protection que cela apporterait aux champs voisins, on pouvait espérer au bout de cinq années un très bon vin qui rapporterait en impôts fonciers. Le préfet ne daigna pas répondre et les dunes furent fixées à l'aide de pins et de sapins.

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    Cartes en date de l'année 1852 situant en rouge des zones viticoles de Saint Nazaire. Archives départementales de Loire-Atlantique

    Cliquer pour agrandir.

     

    En août 1923, dans le but de protéger ce vignoble, il fut fondé à Saint-Nazaire " la Ligue nazairienne du Muscadet ".

     

    Initialement le cépage nazairien, et de l’ensemble de la Presqu'ile, était du " Congor ", c'est à dire du pineau d'Aunis, nommé aussi chenin noir, cépage encore cultivé dans l'ensemble de la vallée de la Loire, aux fruits de couleur noire, ayant un arôme de framboise avec des notes de poivre, qui donnait à Saint-Nazaire un vin clair, aromatique et fort alcoolisé. Le Congor fut remplacé par le « Melon de Bourgogne » après les gelées de l'hiver 1709 qui avait été particulièrement rude et avait détruit une grande partie des vignobles du pays nantais. La crise du phylloxéra à la fin du 19ème siècle fera remplacer ce cépage par deux autre venus du continent américain : le Noah, et l'Othello.

     

    La vigne nazairienne dont l'histoire nous est la mieux connue est " la vigne du Prieuré", don de Friold de Donges en 1079 au Prieuré Saint-Jean-Baptiste de Saint-Nazaire. Saisie à la Révolution, elle avait été acquise par le marquis de Sesmaisons et fut attachée à la métairie de La Vecquerie, puis au château des Charmilles à la suite de l'acquisition par Alcide Bord de cette métairie. Cette vigne existait encore en partie en 1953. Son emplacement est devenu un dépôt pour les espaces verts de la ville, qui y entreposent terres pour les plantations et bois coupé. La partie disparue dès le 19ème se trouve à l'emplacement de l'école Ferdinand Buisson.

     

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    Plan du domaine du château des Chamilles en 1953 avec mention de la vigne. Collection O. M. de S. L.

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    A proximité de La Vigne du Prieuré, était celle de Gavy, 3ha situés à l'emplacement des bâtiments de l'université, qui donnaient encore en 1929 cent barriques de vin rosé dont la qualité était louée par ceux qui l'avaient goûté et la municipalité envisagea de le servir aux vieillards de son hospice. La Vigne du Clos, au niveau du Chemin du Phare de Porcé, et celle de La Rougeole, située à l'emplacement du 21 chemin de Porcé ; la demeure qui se trouve à cet emplacement était un " vendangeoir ", c'est à dire un manoir viticole avec habitation à l'étage noble, pressoir et cellier à l'entresol.

    A Saint-Marc plusieurs rues comportent encore le mot " clos " qui propage le souvenir de parcelles viticoles entourées de murs, qui appartenaient à plusieurs familles nobles avant la Révolution. L'emplacement même du château de Saint-Marc, avant la construction de la demeure au 19e sicèle, était un vignoble.

     

    En 1898  l’invasion de phylloxera entraine la nécessité d’arrachage. En juin 1899 l’Etat et le Conseil général proposent une aide réserve au petits propriétaires cultivant moins de 50 ares de vignes pour l’arrachage et la replantations. En septembre 1899, il est montré à la voire horticole de Saint-Nazaire des ceps américains. Ces cépage entrent en concurrence avec les greffes réalisées à partir des cépages français, ils sont réputés résister la phylloxera, mais surtout ils sont beaucoup moins chers, et déjà sur le port avec leurs racines. Othello, rouge au fruit acidulé, remplace la totalité du congor, et le Noah blanc remplacent 70% de la folle blanche. Le résulta est désastreux sur la qualité du vin.

    L’interdiction de la vinification des cépage noah en 1934 et othello en 1935 fit que les viticulteurs nazairiens ne purent plus écouler leur production.

     

    Après la guerre, on limita l'exploitation à ce qui constitue le " vignoble nantais ". Des particuliers continuèrent à vendanger pour leur consommation personnelle quelques pieds, qui finirent par disparaître au milieu des années 1980, mais il existe encore dans des jardins de La Bouletterie et de La Villès-Martin des ceps anciens.

     

    Le vignoble nazairien s'étendait aussi sur le commune de Pornichet, territoire détaché de Saint-Nazaire en 1900. L'un des exploitants, [Jacques]-Louis Gérard, nazairien habitant au 3 quai Henri-Chevreau (qui disparu sous la Base sous marine), propriétaire de la coulée de Cavaro à Sainte-Marguerite, au lieu dit la Vigne des Pins, à côté du Camps de la Torpille, déposa comme marque l'étiquette du vin de son exploitation, sous la marque Vin de la Côte d'Amour - Coulée de Cavaro ; durant l'occupation le domaine périclita et les arrêts qui réglementèrent la commercialisation des vins et l'exploitation des vigne en Loire-Atlantique entre 1944 et 1956 finirent par anéantirai le domaine. Son fils (né de son union en 1922 avec Suzanne Actus), Louis Paul Gérard (Pornichet 23 septembre 1925 - 4 juin 2006 Guérande), demeura à Sainte-Marguerite comme grossiste en spiritueux, il vendit son entreprise le 28 mars 1977 à la SOCIETE ENTREPOTS VINICOLES TRIGNACAIS. La maison, le chai et les bâtiments d'exploitations subsistent.

     

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  • 1714, les vins entrés par mer sont soumis au droit de billot

    Comme nous l'avons expliqué dans les articles précédents, les Nazairiens étaient dispensés du droit de Billot, mais, le 20 mai 1710, le Roi avait promulgué un impôt sur le débarquement dans les ports des marchandises venues par mer, mais laissant exemptes celles venues par rivière. Saint-Nazaire étant un port maritime et fluvial, il fallut réglementer la situation, aussi, Pierre Sauvé, directeur des droits d'entrée sur les vins dans l'évêché de Nantes, intenta une action auprès de l'intendant de Bretagne, le chevalier Antoine-François Ferrand, seigneur de Villemilan, qui rendit l'arrêt suivant (1) : 

     

    Antoine-François Ferrand, chevalier, conseiller du roy en ses conseils, maître des requestes ordinaire de son Hôtel, commissaire départy par Sa Majesté pour l'exécution de ses ordres en Bretagne : 

    Veu le procès verbal de comparant dressé par le sr Moriceau du Pontreau, conseiller au présidial et notre subdélégué à Nantes, le 24 janvier 1714, contenant que le sieur Pierre Sauvé, directeur des droits d'entrées sur les vins dans l'Evesché de Nantes, ayant eu avis que plusieurs habitans de la ville de Saint-Nazaire et autres lieux situés le long de la coste, logeoient des vins dans leurs celliers et magazins sans en faire déclaration, ny payer les droits conformément au bail des Etats et la déclaration du Roy, il auroit fait assigner par devant te dit sr Moriceau du Pontreau, par exploitz des 9 et 10 janvier 1714, affin de se procurer le payement des sommes qui luy sont dues, savoir Jullien Guinot de la somme de 30 livres, pour les droits de six barriques de vin, Marie Chantreau 140 livres pour 28 barriques, etc., etc..., ausquelles assignations les cy-dessus dénommés ayant comparu, ils auroient dit que la demande du dit sieur Sauvé est mal fondée, puisque depuis la déclaration du roy du 20 may 1710 ils n'ont point été inquiettés pour les dits droits, avec d'autant plus de raison qu'ils ne sont point compris dans la dite déclaration du roy qui fait mention à l'article 3 des villes et lieux dans lesquels les dits droits d'entrée doivent être levés, sans que St-Nazaire, qu'on a toujours regardé comme non sujette aux dits droits, y soit nommé ; que d'ailleurs St-Nazaire est à l'entrée de la rivière de Loire, et tous les vins qui y sont entrés sont venus de Couëron, Migron et autres lieux situés sur la dite rivière de Loire, lesquels n'en ayant point sortis, ils ne sont aucunement sujets aux dits droits, conformément à ladite déclaration et au bail des Etats, qui portent qu'ils ne seront levés que sur les vins et autres boissons qui entreront par mer au premier port et endroits où ils sont déchargés, ce que le fermier a si bien reconnu qu'il ne demande les droits que sur les vins qu'il prétend être entrés à Saint-Nazaire par mer; et auraient conclu à ce que dit le fermier fut déboutté de sa demande.

    Les répliques du fermier contenant qu'il ne s'agit que de sçavoir si St-Nasaire est un port de mer ou non : que jamais personne n'a douté que St-Nazaire ne fût un port de mer, ayant toujours été regardé comme tel ; qu'il est vray que le sr Corvoisier, premier directeur des droits, n'a voit pas formé d'action aux dits défendeurs pour les faire contraindre au payement des dits droits pour les vins par eux logés tant pour les reventes que leur consommation des le commencement du bail ; mais qu'ils n'en peuvent tirer de conséquence, St-Nazaire étant un port de mer recommandable par son commerce, et ne peuvent se dispenser de payer les droits d'entrée pour les boissons quy y sont déchargées ; que la Demoiselle du Pin l'a si bien reconnu qu'elle a payé au receveur desdits droits à St-Nazaire une somme de 50 livres pour les droits d'entrée pour les barriques de vin du cru de l'évecher de Nantes qu'elle auroit fait entrer par mer audit port de Saint-Nazaire, et que quand il seroit vray que les vins dont il s'agit seroient du cru de Couëron, du Migron et autres lieux de l'éveché de Nantes, cela seroit indifférant parceque dès le moment que les vins sant entrés dans un port de mer, le droit est acquis, conformément au bail, art. 2, et à la déclaration du roy, art. 3 dont les dispositions détruisent la prétention des deffandeurs, puisqu'elles portent que les droits d'entrée des vins seront payés au premier port où ils seront déchargés à leur arrivée ; et auroit conclu à ce que les deffandeurs fussent condamnés & payer les droits des vins qu'ils ont fait loger dans leurs magasins et celliers. 

    Veu aussy le bail des Etats du 19 janvier 1710 et la déclaration du roy du 20 mai de la dite année ; 

    tout considéré : Sous, commissaire susdit, ordonnons que lesdits Jullien Guinon, Marie Chantreau, Jullien Guérin, le sieur recteur de Saint-Nazaire, Aubin, Hamon, Le Tiec, prêtre, le sieur de La Carloterie, etc., et autres dudit lieu de Saint-Nazaire payeront au dit fermier les droits d'entrée pour les vins qu'ils peuvent avoir fait venir et qu'ils feront venir par mer dont ils seront tenus de faire déclaration au bureau dudit fermier et à l'égard des vins qu'ils ont fait venir et qu'ils feront venir audit lieu par la rivière de Loire, les avons déchargés desdits droits d'entrée.

    Fait à Renues le 13 avril 1714. 

    Signé : Ferrand ; 

    (et plus bas) par Monseigneur, Robin.

     

    Signalons qu'il était d'usage à Saint-Nazaire de faire débarquer des bateaux les marchandises par barques sur la plage de Bonne Anse.

     

    (1) Relevé et retranscrit par René de Kerviler, op. cit.