Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Alphonse Pinguet

    Les halles de Méan sont l’un des rares exemples de l’architecture municipale de la ville datant du 19ème siècle. Si les Nazairiens connaissent le site, Alphonse Pinguet, l’architecte qui les réalisa, demeure encore inconnu de la population. Voici quelques éléments biographiques :

     

    pinguet,alphonse,saint-nazaire,porcé,bord,gustave,alcide,halls,mean,penhoet,architecte

    Les Halles en 1865 (L'Illustration 15 avril 1865).

     

    pinguet,alphonse,saint-nazaire,porcé,bord,gustave,alcide,halls,mean,penhoet,architecte

    Les halles de Méan-Penhoët © Ville de Saint-Nazaire

     

    François-Alphonse Pinguet, dit Alphonse Pinguet, est né à Saint-Benoit-du-Sault 16 décembre 1832, de Jean Pinguet, né en 1805, perruquier, et d’Adélaïde Saller.

    Il fut d’abord professeur de langues à Montmartre, mais ayant rencontré une nantaise, Marie-Constance-Emma Jaudeau, née le 13 décembre 1822, rentière, veuve de Louis-Emile de La Guérandière, il l’épousa à Nantes le 20 octobre 1856, et s’établit en cette ville comme architecte en 1857, et y fit venir sa mère alors veuve. De son union naquirent : Anthime, décédés le 31 décembre 1866, enterré au cimetière de La Briandais ; et François-Joseph, né à Nantes le 2 janvier 1863.

    Il commença à répondre à quelques commandes à Saint-Nazaire et fut rapidement remarqué par l’ingénieur en chef des Ponts-et-Chaussées, Paul Leferme. Il retrouva à Saint-Nazaire l’ingénieur entrepreneur Alcide Bord[1], natif comme lui du Berry. Alcide, qui participait aux travaux du port, et avait acquis pour spéculation la métairie de La Vacquerie et le vallon de Porcé, lui commanda la réalisation de plusieurs villas sur ce site. Ainsi, furent construis en 1858 les villas Les Glycines, Les Camélias, Les Acacias, toujours subsistantes à Porcé, et le château des Charmilles avec ses dépendances, dont il reste les ruines du château et la maison de plage, dite depuis villa les mouettes, dont la restauration va être entreprise par la municipalité. Il est intéressant ici de noter que ces demeures furent réalisées avec des matériaux préfabriques, (carreaux de ciments, briques, etc.), avec l’incorporation pour poutres de fer et de colonnes de fonte, avec des extensions ou dépendances sans fondations, mais simplement posées sur des bordures de granites, sur lesquelles reposent une structure en bois, entre les poutres desquelles sont assemblées des briques. C’est le cas pour les deux ailes encadrant la maison de plage du Château des Charmilles, mais aussi sur des annexes disparues : la menuiserie, les écuries, et le pavillon du gardien. Ce genre de méthodes de construction rapides et peu onéreuses ont été réfléchies par Viollet-le-Duc.

     

    pinguet,alphonse,saint-nazaire,porcé,bord,gustave,alcide,halls,mean,penhoet,architecte

    Le pavillon de plage du château des Charmilles à Porcé en 1905

     

    Alphonse Pinguet devint architecte-voyer de la ville en avril 1866, ce qui le rendit auteur des dessins des égouts de la ville, et l’incita à quitter Nantes pour venir s’établir rue de L’Hôtel de Ville avec sa famille. Il fut chargé de l’édification de nombreuses demeures et immeubles en ville, essentiellement autour de la place Marceau, dont certains pour le comte de l’ancien ministre de la Guerre, Alphonse Henri d'Hautpoul, qui spécula lui aussi à Saint-Nazaire. ces chantiers lui permirent de réaliser les premières fouilles et observations archéologiques nazairiennes. La ville lui fit la commande en 1875 de plans pour la transformation de l’ancienne minoterie en un théâtre de 700 place. Les plans furent exposés à la librairie Blanchet, où les Nazairiens se percèrent, la ville voulait créer une société par actions afin de mener à bien le projet, mais se montra incapable de le faire. Le théâtre ne vit pas le jour. En 1877, la municipalité lui fit la commande des Halles en 1877. Le bâtiment en fonte, est construit suivant la même méthode que les annexe précédemment mentionnées, la fonte remplaçant le bois, ce qui permet le transport sur un autre site de cette structure, en 1936, depuis le centre-ville jusqu’à son empalment actuel à Méan-Penhoët.

    Entre autres commandes notables, citons : la chapelle funéraire de la famille Bord ainsi que celle de la famille Delzieu, et quelques autres au cimetière de la Briandais, l'école (de garçons) de Saillé en 1882, toujours existante, et qui a conservé son aspect originel[2].

     

    pinguet,alphonse,saint-nazaire,porcé,bord,gustave,alcide,halls,mean,penhoet,architecte

    Plaque sur la chapelle Delzieux

     

     

    On lui confia le commandement des sapeurs pompiers de Saint-Nazaire, et il s'illustra particulièrement durant dans la nuit du 3 au 4 avril 1868 durant l’incendie dans le Port du paquebot La Floride, et avait organisé en 1870 un service d’ambulance à Saint-Nazaire. En 1875 il fut le sous directeur de section locale des Hospitaliers Sauveteurs Breton. Il reçut le vénéralat de la Loge l'Etoile des Deux-Monde vers 1872.

    Il fit parti de la commission chargée de trouver un local pour les cholériques en novembre 1884, et en 1887, il fut chargé de l’édification des immeubles entre la vieille-ville et le bassin.

    Alphonse Pinguet était membre de la Société française pour la conservation des monuments historiques et réfuta quelques-unes des affirmations de Léon Maître en question d'archéologie (lui-même en conflit avec René de Kerviler) en s'appuyant sur les observations du sol nazairien qu'il avait pu faire durant ses chantier[3].

    Sa mort, soudaine, fut relatée dans Le Phare de la Loire du 9 janvier 1888 : « On nous écrit de Saint-Nazaire, le 7 janvier : Ce matin à onze heures, dans la rue de Pornichet, monsieur Alphonse Pinguet, architecte-voyer de la ville, était à faire tracer une tranchée avec son fils et le nouvel entrepreneur des travaux d’égouts, lorsqu’il s’affaissa sans prononcer une parole, On s’empressa autour de lui, mais en vain, et monsieur le docteur Griffon du Bellay[4], appelé en toute hâte, ne put que constater le décès. Monsieur Pinguet, âgé de 55 ans, souffrait depuis quelque temps d’une maladie de cœur. Monsieur Pinguet était un homme instruit et laborieux. Il sera généralement regretté. »

    Il fut enterré au cimetière de La Briandais, en présence du sous-préfet Planacassagne ; du secrétaire de sous-préfecture s Bousseau ; de René de Kerviler ; du docteur Griffon du Bellay ; du conservateur des hypothèques Trévédy ; de Henri Duval, président de la chambre de commerce ; de presque tout le corps municipal ; d’un détachement des sapeurs-pompiers ; de messieurs Simon et Breton, officiers du génie ; de l’inspecteur primaire Labeyrie, etc. Le maire de Saint-Nazaire, Fernand Gasnier, fit le discours au cimetière. Sa sépulture a été dessinée par lui.

     

    Durant la séance du Conseil municipal du 22 janvier 1888, on établit l’annonce pour la recherche d’un successeur à Alphonse Pinguet, avec un traitement de 5.000fr l’an. Le 26 octobre suivant, le Conseil vota un secours de 600 fr à sa veuve.

     

    Sa mère décéda le 30 décembre 1892 ; sa veuve mourut à Nantes le 12 septembre 1897 ; elles furent toutes deux inhumées avec lui au cimetière de la Briandais.

     

    pinguet,alphonse,saint-nazaire,porcé,bord,gustave,alcide,halls,mean,penhoet,architecte

     

     

     

    [1] A propos d’Alcide Bord et de Porcé : http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2012/06/13/le-chateau-de-porce-a-saint-nazaire-premiere-partie.html

    [2] Relevé par la Région Pays de la Loire https://www.patrimoine.paysdelaloire.fr/linventaire/detail-notices/IA44003808/

    [3] Cf. Congrès archéologique de France : séances générales tenues à Nantes en 1886)

    [4] Biographie du docteur Marie-Théophile Griffon du Bellay : http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2019/04/06/un-explorateur-a-saint-nazaire-6141851.html

  • Le général Marquet

    Parmi les familles qui marquèrent en leur temps Saint-Nazaire, il convint de citer la famille Marquet, dont est issu le général Georges Marquet.

    general Marquet

    Georges Marquet, recevant la réédition des armes de soldats druzes au Djebel el-Druze en 1925.

     

    Les vieux Nazairiens ont encore le souvenir de la villa des Morées[1], vaste demeure en U aux allures de manoir Louis XIII dans un parc avec dépendances autrefois à la Villès-Martin, face à l'Estuaire, à l'angle de la rue des Cormorans et du boulevard Albert Ier, où elle occupait l'emplacement des trois villa qui se trouve aujourd'hui là, plus exactement au niveau du n°85, nommée Océane, (celle sise au 86 a été baptisée Villa des Morées en son souvenir). De la Villa des Morées, aucune image ne nous est parvenue, mais son souvenir éthéré, surtout de son décors intérieur aux murs couverts de boiseries, meublé en Louis XIV et Louis XV, de consoles en bois dorés à dessus de marbre, avec, dans sa salle à manger dans le style Renaissance, garnie de faïences anciennes, avec un grand aquarium sur un empiétement de ce style, qui était la curiosité du lieu, et une importante collections de meubles, tapis, armes et objets syriens et algériens .

    Cette histoire débute sous les hospices d’un homme dont on a aussi oublié la mémoire, et cela à tort, Octave Fidière des Prinvaux, (Versailles le 3 mai 1855 - Pau le 2 mai 1904), le beau-frère de Gustave Bord[2], critique d’art, qui incita plusieurs des ses amis collectionneurs et artistes à venir séjourner à Saint-Nazaire, et à s’y établir. Nous avions, dans notre article consacré à la villa Minne, déjà eut l’occasion de reparler de cet homme de grande culture[3]. Octave Fidière des Prinvaux était entre autres ami de Henri-Georges-Léopold Marquet, (Sens 5 décembre 1843 - Saint-Nazaire 9 février 1931), sculpteur des monuments historiques, officier d'académie, à qui il fit découvrir notre ville. Fils du suisse de la cathédrale de Sens, Henri Marquet avait débuté sa carrière à l’âge de 18 ans sous les ordres d’Eugène Viollet-le-Duc, qui l’avait remarqué sur le chantier de restauration de Notre-Dame de Paris ; il avait ensuite œuvré à la cathédrale de Sens, l’église Saint-Martin d’Aillant-sur-Tholon, en 1867, mais aussi sur les chantiers de création d’églises de style romane, comme la basilique Notre-Dame d'Afrique en 1872, et quelques autres en Algérie jusqu’en 1896, où de style gothique telle que l’église Saint-Antoine-de-Padoue du Chesnay en 1897. Outre la pierre, il sculptait le bois, et réalisa des meubles et des décors intérieurs d’églises et de châteaux.

    Marié avec Marie Amélie Joséphine Lotz, (Chaintreaux 1848 – Saint-Nazaire 29 décembre 1930), il eut pour enfants[4] :

    1. Henri-Georges-Justin-Nicolas, (Sens 8 août 1868 - Paris 7ème arrondissement, 19 mars 1932), dont nous allons parler plus particulièrement ;
    2. Emile-Jules-Ernest-Antoine, dit Antonio, né à Sens 25 janvier 1870, maître d'armes, sculpteur ; marié le 7 octobre 1893, à Sens, avec Blanche-Pauline-Hyacinthe Renard ; remarié le 13 janvier 1923, à Paris 18ème, avec Madeleine Antoinette Noël ; d’où, du second lit :

    a. Agnès.

    1. Blanche-Marguerite, (1878 – 1964), épouse de Pierre Joudrin, (1867-1947), pharmacien à Saint-Nazaire, rue de l’Océan, juge au tribunal de commerce en avril 1926, tout deux inhumé au cimetière de La Briandais dans le caveau Marquet.

     

    général,marquet,saint-nazaire,sculpteur

    Portrait de Pierre Joudrin par Alexis de Broca, (74x60), © Ville de Saint-Nazaire.

     

    Georges Marquet, sortit sergent de l’Ecole spéciale militaire en 1890, sous-lieutenant aux Tirailleurs algériens le 1er octobre 1891, lieutenant le 1er octobre 1893. Il intégra la Justice militaire au 1er conseil de guerre d'Oran en 1894, comme substitut du rapporteur, puis substitut du commissaire du Gouvernement du 9 janvier 1895 au 31 mars 1995. Il épousa le 25 mai 1895, à Oran, Séraphine-Emilie Commandeur, (Oran 1er avril 1868 - Oran 10 janvier 1958), riche propriétaire de domaines agricoles. Lieutenant officier instructeur à l’Ecole supérieur de guerre le 22 octobre 1895, puis au 130ème régiment d'infanterie à l’Ecole de guerre le 23 octobre 1895, au 102ème le 20 août 1896, le 130ème le 30 septembre 1898. Il eut une fille : Napoléonne-Marcelle, née en 1900. Il retourna en Algérie au 2ème régiment de tirailleurs algériens le 20 nombre 1900, y fut aussi substitut du capitaine rapporteur près du 2ème conseil de guerre de la division d'Oran du 8 mars 1901 au 5 mai 1902. Il fit un stage au groupe de batteries montées de la division d'Oran du 6 mai au 15 juillet 1902 avec grade de lieutenant de première classe, puis au régiment des tirailleurs algériens, au 2ème chasseur d'Afrique du 16 août au 27 septembre 1902, il quitta l'Algérie et devint capitaine au 15ème régiment d'infanterie le 30 décembre 1902, puis au 10ème le 18 1904. Affecté à l'état-major du 19 corps pour y accomplir le stage de deux ans prescrit par la Loi du 20 mars 1880, il entra comme stagiaire au service géographique de l’Armée le 24 novembre 1905, il accomplit une période d'instruction au bataillon d'artillerie de la 1ère division de cavalerie du 15 mai au 15 août 1906. Il fit affecté à l’état-major de la 30ème division à Avignon le 29 septembre 1909. Il fut fait chevalier de la Légion d'Honneur le 12 juin 1910, et fut appelé à l’état-major du Ministère de la guerre avec le général Goirand, il fut envoyé au Maroc comme chef de bataillon, il rentra en France en 1914 à la déclaration de guerre, commandant de régiment, puis de bataillon il reçut une blessure à Tracy-Leval, ce qui lui valut la Croix de guerre. Après rétablissement, il fut envoyé au Maroc pour commander la colonne de Casbahbella, comme adjoint de la subdivision de Zadla, avec le grade de lieutenant-colonel d'infanterie et fut promu au grade d'officier de la Légion d'Honneur. Il y fonda deux postes,puis demanda à retourner sur le front, et y commanda, à partir du 18 décembre 1917, le 171e régiment d’infanterie, avec lequel il se distingua pour avoir, durant 7 jours, conservé ses positions sous le bombardement et les attaques ininterrompus, faisant échouer l’attaque du 4 avril 1918 d’une division allemande, qui subit des pertes plus sanglantes, (citation à l’ordre des armées du 6 juin 1918). Le régiment reçut fourragère aux couleurs de la croix de guerre, et eut deux citations Avec le le capitaine Lhuillier, Georges Marquet reçut les pénitentiaires allemands à La Capelle. Il commanda un temps un régiment mixte de tirailleurs et de zouaves en Pologne, et combattit avec Weygand lors de l’attaque russe contre la Pologne, puis fut nommé à la mission interalliée en Posnanie. Retourné en France avec le grade de colonel, en poste à Rennes[5], il fut chargé en mai 1920 de mener à la caserne gendarmerie du Teilleul, une enquête à propos du meurtre par empoisonnement perpétré par le gendarme Le Borgne sur sa femme[6]. Il fut à l’origine d’un service des fiches de gendarmeries. Il divorça de son épouse, par jugement du tribunal de première instance d'Avignon le 27 janvier 1921. Sa fille, décéda peut après, et fut inhumée au cimetière de La Briandais.

    Apprécier pour ses capacités de commandement objet de la confiance et de l’affection de ses hommes, il fut nommé en cette même année 1921 au commandement de la 65 R. I. de Nantes. Envoyé en Syrie en 1923.

     

    general Marquet

    Au Djebel el-Druze en 1925.

     

    Les Druzes s'étant révoltés, sous la conduite du Sultan al-Atrach, (1891-1982), contre les troupes mandataires, révolte qui perdura jusqu'en 1927, aujourd'hui nommée en Syrie " Révolution nationale ", il combattit dans le Djebel el-Druze, et défendit la citadelle de Damas du 18 au 20 octobre 1925 durant les émeutes qui eurent lieu dans la ville ; puis, le 5 décembre 1925, il  prit d’assaut Hasbaya[7], cité libanaise qui avait été prise par les Druzes le 27 novembre précédent, et libéra le Sud-Est du territoire libanais.

    general Marquet

    Entrée dans Hasbaya, 5 décembre 1925.

     

    general Marquet, Hasbaya

    Ville et citadelle de Hasbaya avant la prise par les Druzes.

     

    Ces actes lui valurent d'être nommé commandant des troupes du Grand Liban, la médaille d’honneur de 1ere classe du Mérite libanais par arrête du 23 décembre 1925, « Prenant son commandement où de fort contingents de rebelles mettaient en péril sa sécurité de l’Etat, a galvanisé ses troupes par son énergie, sa confiance et sa bravoure. Les a personnellement conduites à l’assaut de la position fortifiée de Hasbaya qu’il a enlevée après un rude combat. A complétement disloqué les bandes ennemies et libéré le territoire libanais. A bien mérité du Grand Liban », et le 25 décembre il reçut sa quatrième citation à l’Ordre de l’Armée, avec croix de guerre des Théâtres d'opérations extérieurs.

    Il fut promu général de brigade en 1926.

     

    général,marquet,saint-nazaire,sculpteur

    Signature du général Marquet.

     

    Il prit le commandement du groupe de subdivision n°2 de la 11ème région le 25 février 1927, attaché à l’amiral Préfet maritime à Lorient. A l’occasion des fêtes pour l’inauguration du monument du débarquement des troupes étasuniennes à Saint-Nazaire, en juillet 1926, la ville organisa une exposition d’art ancien et moderne au collège de jeune filles, rue de La Villes-Martin ; Henri Marquet prêta une crédence à deux corps de style Louis XIII, qu’il avait sculpté, et des fauteuil Louis XIV et une bergère Louis XV, alors que Georges prêtât une commode Louis XIV et deux fauteuils Louis XV, ainsi que des objets syriens.

    Le 26 mars 1927 il assistât avec sa sœur aux festivités organisée pour les noces de diamant de leurs parents, dont une messe prononcer le matin en l’église Saint-Nazaire. Il dirigea les manœuvres de l’instruction à Lorient, les 22, 23, et 24 avril 1927. Le 9 février 1928 il reçut la cravate de commandeur de la Légion d’Honneur. Cadre de réserve le 8 août 1929 il quitta le commandement du groupe de subdivision n°2 de la 11e région et partagea sa vie entre la villa des Morées et Paris.

    Il fut président d’honneur de la société d’escrime de Saint-Nazaire en 1929 et membre de la société d’archéologie d’Ille et Vilaine, et se distinguait dans les rues de Saint-Nazaire, par les chaleureuse poignées de mains qu’il adressait aux anciens combattants qu’il croisait, s’enquérant de leur santé et de leur famille. Il épousa à Paris le 29 avril 1930, dans le 18ème arrondissement, Adèle-Anna-Victorine de Murat, (Paris 18ème 16 avril 1871 - Paris 1948), fille de l’architecte Antoine-Victor de Murat, (1840-1895), épouse divorcée le 31 décembre 1929 de Paul-Alphonse Delange, dont elle avait une fille, Madeleine.

    Les décès de ses parents le laissèrent particulièrement affecté.

    Le général Marquet décéda à Paris 7ème le 19 mars 1932. Son corps fut transporté par train à Saint-Nazaire, le cercueil recouvert du drapeau français.

     

    general Marquet

    L’Ouest-Eclair du 25 mars 1932.

     

    De la gare, un char funèbre le conduit en l’église Saint-Nazaire, suivit d’une foule nombreuse, regroupant toute la liste des notables nazairiens de l’époque. Les cordons du poële furent tenus par le docteur Diet, Cambiaggio, directeur de la Compagnie Générale Transatlantique, le docteur Tholon, et le lieutenant-colonel de Saint-Julien, du 65ème régiment d’infanterie, représentant le général comandant du 11ème corps d’armée à Nantes. Le cortège fut précédé par une délégation de la caserne de gendarmerie de Saint-Nazaire, du peloton mobile de la Garde républicaine, et des délégations des Anciens combattants.

    Après la messe de funérailles, son corps fut déposé à La Briandais, sans discours.

     

    général,marquet,saint-nazaire,sculpteur

    Tombeau de la famille Marquet, dont les sculptures furent réalisées par Henri Marquet

    general Marquet

     

    Incapable de s’entendre avec son beau-frère et sa belle-sœur pour la conservation de la Villa des Morées, son épouse fit procéder à la vente du mobilier aux enchères le mardi 7 juin 1932, durant laquelle on se pressa, puis de la mise en vente de la maison qui trouva acquéreur en juin 1933[8].

     

     

     

    [1] Du nom des rochers faisant face à la pointe de La Villès-Martin, où se trouve depuis une balise homonyme construite en 1756.

    [2] http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2012/06/13/le-chateau-de-porce-a-saint-nazaire-premiere-partie.html

    [3] http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2020/09/02/la-villa-minne-6260718.html

    [4] Henri-Georges avait eu de sa cousine germaine, Eléonore Leotet, lingère, Henri-Paul (Sens 27 janvier 1867 – 26 octobre 1959), légitimé sous le nom de Gauchet en 1869, par l’époux de se mère, Charles Gaucher, ouvrier boulanger.

    [5] Il y habitait 12 rue Brizeux.

    [6] Le Borgne avait commis ce crime pour épouser sa maitresse, la jeune fille d’un collègue, il fut condamné à mort.

    [7] Ville du Liban, chef-lieu du caza du même nom, dominée par une citadelle, à 58 km au sud-est de Beyrouth. les Français l'avaient délivrée une première fois des Druzes en mai-juin 1860.

    [8] Le décor était composé de mobilier Louis XV, renaissance, provençale, Louis XIV, de meuble en bois dorés, de tapis d’orients, gravures, cadres, lustres, panneaux de bois sculpté, d’un aquarium avec support renaissance dans la salle à manger, collection d’assiettes anciennes, lits à baldaquin, meuble dessus de marbre, boukhara tapis, tapis syriens, meubles syriens et algériens, armes arabes, coussins d’orient, le notaire Labour fut en charge de liquidation de la succession. La vente de la maison fut assurée par l’agent immobilier J. Lemesle, qui s’en fit sa publicité durant plusieurs semaines.

  • Paul Emile Conard

    Dans l’allée principale du Cimetière de La Briandais, il est difficile d’ignorer un haut et beau caveau de marbres, gravé d’un patronyme qui interpelle, c’est celui de Paul-Emile Conard, de son épouse, et Jacqueline, l’une de leurs filles. Mais qui se souvient de cet homme qui fut pourtant très important à Saint-Nazaire ?

    paul-Eùmile Connard, chantiers de Penouet

     

    Paul-Emile Conard, est né à Conflans Sainte Honorine, le 21 septembre 1887. Il était le fils de Paul-Ernest Conard, peintre en bâtiment, né en 1861 et de Louise-Emilie Huet, née en 1868. Rien ne prédestinait ce garçon né dans une famille pauvre, au patronyme offrant flancs aux quolibets, mais élève doué, il sortie de sa misère en se faisant engagé volontaire pour quatre ans le 7 octobre 1907, à la mairie du 9ème arrondissement de paris, au 32ème régiment d’artillerie, Brigadier le 11 avril 1908, maréchal des logis le 28 septembre 1908, il fut alors admis à suivre les cours à l’Ecole Polytechnique à compté du 12 octobre 1908, promu ingénieur de 3ème classe au Génie maritime par décret du 3 octobre 1909 pour premier rang le 1er octobre 1909 et entré à l’école d’application du Génie maritime, ingénieur de 2ème classe le  1er octobre 1910 à Brest, il y épousa, le 30 mai 1914, avec Anne-Marie Denis, (née à Brest le 17 mars 1891), fille d’un médecin de marine. Ingénieur de 1ère classe le 1er octobre 1914, ingénieur principale le 25 novembre 1919, en congé sans solde et hors cadre du 31 décembre 1920 au 31 décembre 1923, rayé du cadre actif, affecté spécial aux Chantier de Penhoët sur décision ministérielle du 26 octobre 1929, sous-directeur des Chantiers de Penhoët administré par le Bureau maritime de Lorient et ingénieur en chef des coques.

    Il s’établit au 70 rue de Villès-Martin, (avenue Général de Gaulle), avec son épouse et leurs trois premiers enfants :

    1. Robert, (Brest 28 novembre 1915 – Paris 17 janvier 1993), qui épousa le 29 mars 1939, à Megève, Marguerite-Marie-Lucie Peltier, (née le 7 juillet 1913 à Chatenois les Forges), infirmière, puis assistante sociale ;
    2. Suzanne, (née à Brest en 1918), qui fut secrétaire de direction ;
    3. Jacqueline (née à Brest le 31 décembre 1920 – Saint-Nazaire 9 mars 1927, inhumée à La Briandais).

    C’est à cette adresse que naquit :

    1. Monique, (Saint-Nazaire mars 1928).

    Anne-Marie décéda à Saint-Nazaire le 20 mars 1933. Le 5 novembre suivant, alors qu’il stationnait devant le collège de jeune fille rue de Villès-Martin, il recula sans regarder et percuta monsieur Riva qui venait de la direction de Pornichet sur une moto, et tenait tenant sa droite. Grièvement blessé, monsieur Riva fut amputé d’une jambe. Le tribunal de Saint-Nazaire, après plaidoirie de maitre Russacq, condamna Paul-Emile Conard à 25fr d’amande avec sursis, maitre Licimaque, parti civil aux débats, obtint 12.000 fr pour la victime, de provision et de commission du docteur Cousin. Paul-Emile il fit appel pour le sursis d’amande, car cela l’empêcherait d’être impétrant à l’Ordre de La Légion d’Honneur, mais fut condamné par arrêt de la Cour d’Appel de Rennes, chambre correctionnelle, le 29 mars 1934 à 25 francs d’amande.

    paul-Eùmile Connard, chantiers de Penouet

    Le Courrier de Saint-Nazaire du 4 mai 1935

     

    Il présida la remise de prix des cours professionnels de Saint-Malo-de-Guersac le 26 septembre 1936.

     

    paul-Eùmile Connard, chantiers de Penouet

    Le Courrier de Saint-Nazaire le 24 décembre 1938

     

    Sur décision de décembre 1938, le 1er janvier 1939, il fut promu directeur des Chantiers de Penhoët, en remplacement de monsieur Coqueret, (nommé administrateur- inspecteur-général membre du commuté de direction) ; l’ingénieur en chef section machine Caldagues le remplaça comme sous-directeur, mais garde sa fonction aux machines, c’est l’ingénieur Haurie qui le remplaça comme ingénieur en chef de la section coque. A l’occasion du 1er mai 1939, Paul-Emile Conard s’opposa à ce que les ouvriers chôment à l’occasion de la Fête du travail, avançant que cela engendrait une rupture de contrat pour le travailleur, suivant une convention signée le 11 décembre 1938. Il s’en suivit un bras de fer avec la CGT, avec manifestation et chants que son patronyme inspira… Il organisa, au prétexte de crise économique, le licenciement de 120 ouvriers le 10 juin 1939.

    paul-Eùmile Connard, chantiers de Penouet

    Durant la guerre, il participa aux différents événements municipaux tel que l’inauguration du stade de Goumelon le 7 novembre 1941 avec PierreToscer, maire malgré lui de Saint-Nazaire[1], et le sous-préfet pétainiste Michel Douay[2].

    Membre de droit du bureau de la Chambre de Commerce, il signa l’adhésion à la Chartre du travail exigée par le gouvernement de Vichy le 23 février 1942, à la sous-préfecture, avec les autres chefs d’entreprise de la métallurgie. Il fut démis avec les autres membres le 20 novembre 1942, mais fut imposé au nouveau bureau par le sous-préfet Douay en janvier 1943.

    Évacue à La Baule, à la suite des bombardements, il s’y fit discret à la Libération, et y décéda le 30 mai 1949.

     

     

    [1] Voir notre article : http://saint-nazaire.hautetfort.com/pierre-toscer/

    [2] Voir notre article : http://saint-nazaire.hautetfort.com/sous-prefet/

     

  • Acquisition de La Tour du Commerce par la mairie de Saint-Nazaire

     On le murmurait depuis quelques temps, on ne pouvait pas assurer que cela se ferait, les élections avaient mis en péril le projet, cela n’était pas au programme des candidats, mais c’est officiel ce matin : la Mairie de Saint-Nazaire fait l’acquisition de La Tour du Commerce et de son logis.

    tour du comemrce, saint-nazaire

     Initialement construites au 18ème siècle, par l'ingénieur de Marine Michel Alexandre Magin, sur financement des commerçants de la ville, d’où son nom, les bâtiments actuels datant du 19ème, la Tour est la troisième en réalité ; en effet, la première fut édifiée à partir de 1756 et achevée 12ans après sur financement des commerçants maritimes de Nantes, Paimboeuf et Saint-Nazaire, d'où son nom ; la seconde en 1829 ; et l'actuel date de 1856.

    tour du commerce, saint-nazaire

    La Tour du Commerce dans sa première version, ici nommée incorrectement tour d'Aiguillon, sur la Carte géométrique de l'Entrée de la Rivière de Loire par l'ingénieur de la Marine et de l'Académie de Marine, Michel Alexandre Magin, en 1757.

    tour du comemrce,saint-nazaire

    Seconde tour sur le cadastre de 1829

     

    Ce feu fixe, « tour de paradis », fut éteint en novembre 1898 avec son remplacement par celui de la Tour de Kerlédé et des feux de Porcé. La Tour fut conservée pour servir d'amer. Ouverte à tous les vents, elle devint un lieu d'excursion pour les nazairiens et les touristes qui montaient les 176 marches pour voir d'en haut l'ensemble de l'estuaire, le marais de Brière et la Presqu'ile. En novembre 1930 on y voyait encore les noms de soldats étasuniens qui avaient marqué leur passage sur les murs, (cf. Le Courrier de Saint-Nazaire du 22 novembre 1930).

     Le logis, surélevé d’un étalage vers 1880, vit durant 150ans défilé des générations de gardiens, en charge de La Tour du commerce, puis de Kerlédé et des feux de Forcé, et de leurs familles. C’est dans ce logis que naquit, le 10 janvier 1877, Pitre Grenapin, résistant et maire de Saint-Nazaire.

     En mai 1938 la tour devint un radio phare, par déplacement du poste émetteur initialement situé au Ford de Villès-Martin, l'accès fut alors interdit au public et le haut modifier.

     Les Phares et Balises, avaient vendu l’ensemble à un particulier en 2006. L’entretient de la Tour entraîna des frais que celui-ci n’arriva pas à couvrir totalement, et en novembre 2019 le site fut proposé à la vente, dans une annonce qui ne précisait pas qu’en plus du logis, la tour était comprise dans l’état. Deux acheteurs contactèrent la mairie pour savoir ce que l’acquisition aurait comme impacte sur leur vie. Ils furent surpris d’apprendre qu’ils ne pourraient pas raser la tour (oui l’un d’entre eux y songeait), et qu’un arrêt de péril était envisagée, la tour menaçant de s’effondrer si des travaux n’étaient pas entrepris, (en cas d’effondrement, une dizaine de maisons seraient impactée, ainsi que le centre de Bonne Anse et la route de la Côte d’Amour). C’est monsieur David Samzun, maire de Saint-Nazaire, qui a proposé l’acquisition par la ville. La restauration va s’inscrire dans le projet de restauration et de mise en valeur des villa Ker Louis (centre de Bonne Anse), et le pavillon de plage du château des Charmilles, (villa bordant la plage de Porcé). Ajoutons que la Tour a conservé son « mobilier technique », ce qui est important pour la compréhension de son fonctionnement et une future muséographie.

     

     Agréable surprise et soulagement pour les Nazairiens, inquiets depuis plusieurs mois de ce qu’allait devenir ces bâtiments chers à leur cœur, qui démontre que la labellisation de la Saint-Nazaire, comme Ville et Pays d’Arts et d’histoire, n’est pas « un label en l’air » (sic !), et que monsieur David Samzun, accompagné de l’équipe de l’administration municipale en charge des patrimoines, a aujourd’hui conscience des enjeux future en matière de patrimoine historique et culturel, de leur pérennisation et de leur transmission. Une évolution et des travaux sur l’ensemble de la ville qui auront une véritable visibilité d’ici deux ans. Après des années d’inertie, de décisions calamiteuses de la part de plusieurs municipalités successives, ce tournant dans la politique municipale est une très bonne chose pour les Nazairiens. L'acquisition a été faite pour la somme de 590.000 euros, plus 10.000 euros de frais.

     

     

  • La villa Minne

     La villa Minne, avec deux N, et non un seul comme la plaque de la voirie le comporte, se situe chemin de la Villa Mine, au Petit-Gavy. Elle domine la plage plage de Virechat[1].

     

     Le nom de cette villa était le surnom de la maîtresse du comte Benedykt Henryk Tyszkiewicz-Logoisky.

     

    villa minne,saint-nazaire,tyszkiewicz

    Vue aérienne de la villa Minne © Denis Pillet, Patrimoine des Pays de la Loire.

     

     Cette demeure et sa dépendance principale ont été construites en moellons, avec toiture débordante en tuile mécanique, dans un vaste parc dont l’accès se fait par un portail de style japonisant dans le goût des années 1895-1900. Le commanditaire en fut Emile Joly, commerçant en tissus et habillements, dont la famille, qui fit fortune à Saint-Nazaire dans ce négoce, arriva en notre ville en 1855. 

    Quand on observe ses façades, on s'aperçoit qu'elle a été érigée en trois campagnes. En effet, il y eut une première maison, large de deux travées, dont le plan au sol de la partie centrale est très semblable à ceux de la villa Victor[3] à Porcé, construite en 1896. Il y a des similitudes comme la porte d’entrée étroite, la disposition des services ; le salon avec bowwindows vers l’Estuaire dans un pavillon qui se détache de l’ensemble ; la salle à manger avec porte fenêtre. La Villa Mine a cependant des volumes plus importants, et est en miroir par rapport au plan de la Villa Victor. La maison fut agrandie d’une travée, correspondante à un cinquième de de sa longueur actuelle, vers le Nord, et de deux cinquième vers le sud par l'adjonction d'un pavillon à grandes baies vitrées qui abrite une salle haute d'un étage avec un escalier majestueux, galerie, et une remarquable cheminée en grée émaillé brun-jaune, de style art-nouveau. Cette salle est désignée aujourd'hui comme « le grand hall ». A l’époque d’Emile Joly, elle comportait déjà des écuries et logements d’employés dont les dimensions ne nous sont pas connues, mais qui sont ont été probablement agrandis après 1909.

    La villa Minne, malgré sa composition de volumes assemblés, offre une homogénéité d’aspect extérieur, des volumes à taille humaine, tout en étant majestueux, décorés sans une faute de goût. Mais surtout cette demeure possède les qualités de l’idéale des celles de collectionneurs du début du 20ème siècle : elle se situe à proximité d’une ville, dans une campagne vallonée, au sommé d’un promontoire, regardant vers le large, telle une acropole de beauté.

     

    Emile Joly avait repris le magasin de son père, et vivait quelque peu au dessus de ses moyens. En 1900, il fit faillite, et alla travailler dans le magasin de son frère Constant. Il décida de louer sa maison du Petit-Gavy au comte Benedykt Henryk Tyszkiewicz-Logoisky.

     

    Le comte Benedykt Henryk Tyszkiewicz-Logoisky :

     Le comte Benedykt Henryk Tyszkiewicz-Logoisky, dit Benoit de Tyszkiewicz, appartenait à une famille Lituanienne, possédant des biens en Ukraine et en Pologne, dont la noblesse remonte au commencement du 15ème siècle. Le nom Tyszkiewicz signifie « fils de Tyszko » (forme lituanienne de Thimothé). Investie de grande charges en Lituanie et en Ukraine, alliée au dernier roi de Pologne, cette famille était la plus opulente de Lituanie.

     

    villa minne, saint-nazaire, Tyszkiewicz

    Armoiries des comtes Tyszkiewicz-Logoisky :

    d'azur à l'étoile d'or soutenue d'un croissant du même ; à la bordure aussi d'or.

     

     En 1839, Henryk Tyszkiewicz-Logoisky, (1792-1854), reçu de l’Empereur Nicolas Ier de Russie le titre héréditaire de comte, ce qui dans la noblesse russe s’étend à tous les descendants, et se transmet par tous les fils. Henryk en eut cinq ; l’avant dernier, Michal, décédé de tuberculose à Paris le 27 avril 1853, fut le père de Benedykt, né le 11 décembre 1852 au château de Niemież en Lituanie, issu de son union avec sa cousine Wanda Tyszkiewicz, (1833-1860), elle aussi décédée de tuberculose. Inhumés à Paris, leur tombeau est orné d’un haut relief de Henri Chapu, sculpteur dont Octave Fidière des Prinvaux, beau-frère de Gustave Bord, propriétaire du château des Charmilles à Porcé[2], réalisa le catalogue raisonné en 1894. Lié à Octave Fidière des Prinvaux qui était conservateur au musée du Luxembourg. C'est par son intermédiaire que Benedykt découvrit la corniche nazairienne.

     Orphelin, Benedykt fut confié à son grand-père maternelle, Benedykt Tyszkiewicz, mécène et collectionneur, propriétaire du château de Czerwony Dwór en Lituanie, maréchal du gouvernorat de Kaunas, qui lui donna le goût de la voile.

     

     Entré à sa majorité en possession de l’immense fortune de son père, Benedykt mena une vie internationale, mêlant voyages, sports nautiques, archéologie égyptienne, (ce qui le fit mécène du Louvre), photographie et bibliophilie, (plus de 10 mille livres). Il épousa en 1874 à Boston avec Claire Elisabeth Bancroft, (1857-1883), fille d’Edward Payson Bancroft, (1823-1865), et de Clara Elizabeth Peabody, (1826-1882), qui avait elle aussi été éduquée à Paris, et dont la famille maternelle était une lignée d'armateur. De leur union naquirent :

    1° Benedikt Jan (11 décembre 1875 à Paris - 18 février 1948 à Paris), marié à Róża Branicki d’où

    1a° Benedykt, (2 août 1905 – 6 février 1956), qui ne laissa pas de postérité de son mariage avec la princesse Eleonora Maria Aniela Alberta Renata Karolina Radziwiłł, qui se remaria avec Roger de Froidcourt ;

    2° Edwarda dit Edouard, (23 avril 1880 à Paris - 10 juillet 1951 à Cracovie), marié à Adela Dembowska, d’où :

    2a° Marija, Adelė Elžbieta

    2b° Edvardas Tiškevičius (né le 6 avril 1911 à Cracovie, époux de Sofia Zdienskasdont il eut trois filles ;

    3° Elżbieta Maria, (2 décembre 1882 à Funchal, ile de Madère - 2 décembre 1969  à Valduce, Belgique),  mariée 1er avec Stanisław Witold Plater Zyberk, (mort à Paris le 18  novembre 1926) ; 2ème Vladislav Jezersky ; d’où quatre enfants.

     

    villa minne,saint-nazaire,tyszkiewicz

     Benedykt et sa famille en 1882.

     

    villa minne,saint-nazaire,tyszkiewicz

    Portrait de Benedykt par Benque & Co. à Paris © Rijksmuseum Amsterdam.

     

     En 1876, âgé de 24 ans, Benedykt commanda aux chantiers Augustin Normand au Havre, une goélette, restée mythique, baptisée sous le nom de Żemajtej, (qui était celui de son domaine en Lituanie, hérité de sa mère), primée à l’exposition universelle de Paris en 1878, mais qui est passée à la postérité sous celui de Velox, nom que lui donna son second propriétaire le baron de Bellet, (ancien député des Alpes-Maritimes), qui l’acheta en 1879. Initialement, Benedykt prévoyait de faire un tour du monde sur son yacht, mais en raison du déclenchement de la guerre russo-ottomane en 1877, il n'a atteint que Gibraltar et Alger. Il resta intéressé cependant au yachting, et fut jusqu'en 1881 membres du comité des régates de Nice.

     

     L’autre passion de Benedykt était la photographie, il développa son intérêt durant son escale forcée en Algérie, pays qu’il parcouru en tous sens. Il exposa ses clichés à Philadelphie en 1878. Il se mit alors à voyager de part le monde, photographiant et exposant à son retour en Europe. En plus de ses prises de vues en extérieur, il s’exerça à la mise en scène en atelier. Devenu membre du Paris Photo-Club, son travail fut reconnu internationalement, et il reçut pour celui-ci la médaille d'or à la Grande exposition industrielle de Berlin en 1899. L’essentiel de sa production a été détruite pendant la Première-guerre-mondiale, mais le musée Nicéphore Niepce à Chalon-sur-Saône en conserve une grande part.

    villa minne,saint-nazaire,tyszkiewicz

    Autoportrait au fusil.

     

    villa minne,saint-nazaire,tyszkiewicz

    Portrait de son fils aîné.

     

    villa minne,saint-nazaire,tyszkiewicz

    Portrait de sa fille.

     

     De son grand-père maternel, il avait hérité une collection de tableaux comprenant des Canaletto, Bacciarelli, Czechowicz, Wańkowicz, Rustem, ainsi qu’un nombre important de tapisseries et de pièces d’orfèvrerie.

    Amateur chasses, bon tireur, possédant une meute, cela le liait d'autant plus à Octave des Prinvaux qui s'adonnait lui aussi à ces sports, avait une petite meute, et était dans le même club de tir aux pigeons à Paris.

     

    Veuf, dès 1883, Benedykt eut plusieurs liaisons. Vers 1895, il se passionna pour une femme mariée, Marie-Augustine de Beaumont d’Autichamp, (Paris 8 juillet 1847 - 8 février 1923 Lhoumois), épouse de Henri-Joseph-René Aymer marquis de La Chevallerie, (Poitiers 24 septembre 1841 - 18 octobre 1897 Lhoumois), avec lequel elle avait été unie le 14 décembre 1865.

    La comtesse était la fille du propriétaire du château de La Roche Faton à Lhoumois, Marie-Gabriel-Joseph de Beaumont comte d'Autichamp, (Écouflan 24 juin 1813 - 21 janvier 1902 Lhoumois), qui jugeait négativement que sa fille soit séparée d'un gendre qu'il appréciait. Père et mari laissèrent Augustine sans moyens de subsistance. Augustine, surnommée Minne, vécu des largesses de son amant. Celui-ci, loua d'abord la villa d’Emile Joly, dès 1900. Augustine ayant été déshéritée par son père au profit de ses enfants, Thérèse Aymer de La Chevalerie, (1er novembre 1866 – 1946), et Louis-Amblard-Charles-Gabriel Ayme marquis de La Chevalerie, (Lhoumois 15 novembre 1871 – 17 septembre 1931 Lhoumois), Benedykt acquit pour Augustine la maison qu’il louait pour elle, l’agrandit et la baptisa Villa Minne. Dans le pavillon, dit « grand hall », furent installées des vitrines le long de la galerie qui occupe deux-côtés de la salle, dans lesquelles fut placée une surprenante collection de souliers de célébrités, dont Marie-Antoinette et Napoléon… Il faut cependant préciser qu'Augustine s'entendait très bien avec ses enfants. Sa fille vient vivre à la Villa avant 1911.

     La déclaration de guerre en 1914 fit retourner dans leurs domaines tous les membres de l’aristocratie russe. Augustine suivit son amant, et vendit alors la villa à Marcelle Beraud. 

    Le coup d’état de décembre 1926 qui instaura la dictature en Lituanie, finit d’ébranler sa fortune, il vit ses châteaux confisqués. Retiré à Menton, il y décéda le 13 mai 1935. Il repose au cimetière de Cimiez à Nice.

    villa minne,saint-nazaire,tyszkiewicz

    Tombeau au cimetière de Cimiez.

     

     

    Madame Beraud revendit la Villa Minne en 1920/21 à l’ancien maire de Saint-Nazaire, l’industriel Louis Brichaux, dont la descendance conserve encore la propriété, (elle fut réquisitionnée pendant l'occupation par l'armée allemande).

     

    [1] Virechat est l’abréviation déformée de Virée-Richard.

    [2] http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2012/06/13/le-chateau-de-porce-a-saint-nazaire-premiere-partie.html

    [3] http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2018/06/21/la-villa-victor-a-porce-6061203.html