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Un comte polonais à Saint-Marc ?

Du coté de Saint-Marc, les anciens propagent encore la légende d’un comte polonais qui aurait vécu dans une villa de la corniche où il recevait avant la Première-Guerre-mondiale la « bonne société ».


La noblesse polonaise n’est pas titrée, sauf quelques rares familles qui le furent par les souverains des nations occupantes de la Pologne, ou étrangers, nous fument donc surpris d’entendre ce vague souvenir. Après enquête, (reconstituer l’histoire de Saint-Nazaire en est une perpétuelle), nous avons trouvé les origines de cette légende locale. Il y a d'une par la confusion avec le comte russo-lituanien Tyszkiewicz-Logoisky, qui fut propriétaire de la villa Minne au Petit-Gavy, et celui d'un noble polonais établi à Saint-Marc.

Il y a à Saint Marc, route de l'Océan, une villa du nom de « Villa Polonaise », elle fut la propriété d’Eugène Wieczffinski, appelé par les Nazairiens « monsieur Eugène ». Il était né à Bayonne le 18 juin 1843, il était le fils d’Ignace-Théophile Wieczffinski, né le 30 juillet 1807 à Komarówka, un village la partie annexée par les Russes de la Pologne, membre de la noblesse polonaise, dont la famille fut ruinée à la suite de sa participation aux insurrections menées contre les Russes entre novembre 1830 et septembre 1831. Ayant émigré en France, Ignace s’établit à Bayonne où il épousa en 1840 Jeanne Serres, (1820- Bayonne 17 novembre 1846), dont il eut deux fils : Auguste, et Auguste-Eugène, dit Eugène. Veuf, Ignace parti vivre avec ses fils à La Rochelle, où il décéda le 25 juin 1872. Eugène devint marin, et s’établit à Saint-Nazaire, à Méan, il épousa le 28 juin 1869 Marie-Emilie Bernier, (23 octobre 1850 - juin 1931), native de Montoire, domiciliée à Méan (1), fille de Victor Bernier, maître au cabotage, déclaré disparu depuis plus de dix ans par le tribunal de Saint-Nazaire, et de Marie-Emilie Michel. Parmi les témoins figure son frère, il semble qu’ils se soient fâchés avec leur père, car l’acte mentionne qu’ils ne savent pas où il est domicilié. Eugène semble avoir bénéficié de l'influence de l’oncle de son épouse, Jean Michel, car de simple marin à son mariage, il était capitaine au long cours de la Marine marchande à la naissance de son premier enfant. Le couple eut deux filles :  

1° Marie-Madeleine, (Saint-Nazaire 1 mai 1872 - Saint-Nazaire 7 février 1888) ;

2° Emilienne-Marie, (Saint-Nazaire 16 juin 1874 - Saint-Nazaire 4 mars 1888).

Le couple fut chargé de l'éducation d'un garçon et d'une fille, et adopta cette dernière en 1910, Louise, qui hérita de la villa.

Avec le temps Eugène se constitua une fortune confortable,

Ayant abandonné la marine vers 1901, pour le poste de directeur-caissier de la caisse d’épargne de Saint-Nazaire, (probablement grâce aux relations politiques de son frère). Il se fit bâtir une villa à Saint-Marc, la « Villa Polonaise ». Il s’impliqua dans la vie de la cité, devant conseiller municipal, secrétaire du Conseil municipal le 22 janvier 1889, membre de la Chambre de Commerce de Saint-Nazaire  jusqu'au 17 décembre 1920. Il fonda en 1885 « La Lire de la Loire », une société musicale regroupant vingt-cinq musiciens, qui fit construire sa propre salle des fêtes à Penhoët dès 1893, de 21m sur 10m, (2).

 

Le frère d’Eugène, Auguste, (Saint-Esprit 26 juin 1841 – Paris 20 août 1900), fut un homme brillant et doué, polytechnicien, fit aussi l’Ecole des Ponts et Chaussées, dont il sortit ingénieur, il réussit à devenir inspecteur général du chemin de fer autrichien en ­1867, et collabora avec Gustave Eiffel, qui  lui confia la direction d’un chantier de construction de la gare de Budapest. Il changea son nom en « de Serres » et partagea sa vie entre l’Autriche-Hongrie et Paris, il fut un proche collaborateur de Gambetta, qui lui remit la Légion d’Honneur  le 18 novembre 1870, « pour brillants services contre l’ennemi », ce qui surprit, attendu qu’on ne lui avait pas connu d’activités particulières durant la guerre de 1870… Auguste épousa à Paris le 8 novembre 1885 Fanny-Marceline-Caroline Remaurie, dite Caroline Montigny-Remaury, (Pamier 22 janvier 1843 – Paris 19 juin 1913), célèbre pianiste, élèves de Liszt, muse de Fauré,  Pierné, et Saint-Saëns, belle sœur d’Antoine Thomas, veuve du publiciste Léon Montigny dont elle avait des enfants.

 

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La Villa Polonaise

 

Eugène reçu en sa villa de Saint-Marc intelligentsia locale en raison de sa société musicale et des personnalités de la société artistique parisienne grâce à sa belle-sœur qui faisait des séjours prolongés à Saint-Marc-en-Nazaire. Son frère et lui aiment faire état de leurs origines nobles et avaient quelques prétentions qui impressionnaient ou faisaient rire. La Lire de la Loire fut dissoute le 9 février 1920. Le 29 octobre suivant, la municipalité qui s'était portée acquéreur de la salle des fêtes de la société la transforma en halles pour les marchés. Eugène Wieczffinski décéda à Saint-Nazaire le 19 septembre 1923.

 

saint marc,saint nazaire,wieczffinski,de serresLa famille Wieczffinski portait pour armoiries : Parti de gueules et d’azur, à un lame de faucille d’argent mouvante du parti, versée vers la pointe de l’écu, au demi fer à cheval du même sur l’azur, mouvant lui aussi du parti, de telle sorte qu’il forme avec la lame de faucille un arc, à la croix de Lorraine d’or, privée de sa travée senestre inférieure, brochant sur le parti, et posée sur la composition formée par la lame et le fer.

 

(1)   Méan fut annexé à Saint-Nazaire le 13 mars 1865.

(2)   Le chef d’orchestre était M.F. Delvigne ; le secrétaire était Emmanuel Moyon, dessinateur aux Chantiers de la Loire, qui avait la particularité de se promener l’été sous une ombrelle blanche et verte… 

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