Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Liste des sous-préfets de Saint-Nazaire entre 1939 et 1945

    Au commencement de la guerre, le sous-préfet de Saint-Nazaire était alors Pierre Barthère, ancien sous-préfet de Thonon, nommé en mars 1933 en remplacement de monsieur Désiré Jouany qui avait quitté ses fonctions pour devenir le chef de cabinet de monsieur Guy La Chambre, sous-secrétaire d'Etat à la Guerre. En vertu de la loi antisémite du 17 juillet 1940, il fut démis de ses fonctions par arrêt du 8 janvier 1941, sans reclassement, au profit de Michel Douay.



    Le 8 janvier 1941 est nommé sous-préfet Michel Douay, alors sous-préfet de Douai depuis le 31 octobre 1940, précédemment directeur de cabinet du Préfet du Pas-de-Calais, ancien sous-préfet de Montargis. Il n'arrive à Saint-Nazaire que le 5 mars 1941 dans la plus totale indifférence. Pétainiste convaincu et collaborateur zélé, il avait pour mission de chasser les derniers élus socialistes encore présents au conseil municipal. Il imposa à Pierre Toscer le 22 juin 1941 la fonction de maire de Saint-Nazaire. (Voyez l'article sur Pierre Toscer.) Le 21 décembre 1941 il fut promu Secrétaire général de la Préfecture de Police de Paris, où il prit ses fonctions le 26 janvier 1942. Il est entre autres coupable d'une circulaire sur les mesures à prendre à l'encontre des juifs ne portant pas l'étoile jaune. A la Libération il échappa par on ne sait quel miracle à l'incarcération, et fut mis en retraite anticipée en 1946.



    21 décembre 1941, nomination de Bernard Le Cornu, précédemment sous-préfet de Châteaubriant, entra en fonction après le 12 janvier 1941. Suite à l'opération Chariot durant laquelle un commando britannique rendit inutilisable la forme écluse Joubert, le 27 mars 1942, il eut à protéger la population nazairienne des représailles de l'occupant. Il minimisa ainsi auprès de la kommandantur l'aide donnée par les habitants de la Vieille-Ville et du port aux marins britanniques. Par arrêt du 28 juillet 1943 il fut promu préfet de Corrèze. Bernard Le Cornu aida activement la résistance. A la Libération il fut incarcéré pendant cinq mois à Fresnes. Reconnu résistant, il fut libéré, réintégré dans ses fonctions de préfet, et décoré de la médaille de la Résistance avec rosette. Il a laissé un ouvrage témoignage de ses années de guerre, " Un Préfet sous l'Occupation allemande ", publié en 1984 aux Editions France-Empire.



    Le 28 juillet 1943, le gouvernement de Vichy nomma Antoine Benedetti sous-préfet de Saint-Nazaire. Issu d'une famille corse qui a donné plusieurs haut-fonctionnaires à la France, il était apparenté à un degré que nous n'avons pu déterminer dans l'état actuelle de nos recherches à Vincent Benedetti, comte Benedetti et de l'Empire, porteur de la dépêche d’Ems en 1870. Ce lien familial intriguait beaucoup l'occupant et lui fournissait une sorte d'aura. Antoine Benedetti fut chargé d'évacuer la ville de Saint-Nazaire en septembre 1944. Il installa les services de la sous-préfecture à Pontchateau, tout en conservant un bureau à la villa Les Paludières à La Baule, (lui-même logeait à la villa Les Roses), et maintenir le fonctionnement de l'administration. Il avait obtenu que l'occupant verse les salaires des fonctionnaires administratifs et de sécurité en les incitant à puiser sur les 193millions de francs que les nazis avaient confisqués à la Banque de France de Saint-Nazaire. Le Festungskommandant versa en tout 43millions. Il œuvra à temporiser les pénuries qui touchaient les Empochés, notamment quand la farine vint à manquer en juin 1944, mais aussi en autorisant l'émission par la Chambre de Commerce de Saint-Nazaire de deux timbres le 30 mars 1945. En raison de ses fonctions, le Sous-préfet bénéficiait d'une voiture, d'essence, et de laissez-passer pour se rendre à Nantes, ce qui lui permit de communiquer avec la Résistance. A la Libération, il intervint pour obtenir une reddition des Allemands restés retranchés dans la poche de Saint-Nazaire afin de préserver les civils d'une attaque armée. Le gouvernement provisoire le confirma dans ses fonctions.

     

  • Des pièces chinoises dans le cimetière

    En 1896, la destruction de la vieille église entraîna le curage du terrain de son cimetière qu'on appelait «  le petit cimetière ». Huit convois par chariot transportèrent les ossements jusqu'au Cimetière de Toutes-Aides1. Dans les gravats il fut trouvé des pièces asiatiques. Quelques-unes furent ramassées par les ouvriers.

     

    A la fin des années 1950, Fernand Guériff, alors en pleine rédaction de son « Historique de Saint-Nazaire », rencontra monsieur Georges Cavaro, dont le père lui avait légué des pièces ramassées en 1896. Les idéogrammes furent alors traduits à sa demande par monsieur Bayle, présenté par F. Guériff comme un expert. Un article parut à ce sujet dans L’Éclair du 7 décembre 1960, dans le cadre de la promotion du livre « Historique de Saint-Nazaire » dont le premier tome venait de paraître. La découverte de ses pièces n'est pas mentionnée dans le Tome I, ni dans le Tome II, en dehors de l'article nommé, il n'existe à notre connaissance que pour seconde mention de cette découverte que celle faite à nouveau par Fernand Guériff en 1987 dans l'ouvrage «  le Vieux Saint-Nazaire », qui précise qu'on trouva aussi des « demi-tournois Louis XIII ». Guèriff se trompait dans la désignation de ces monnaies du règne de Louis XIII, il s'agit de Double Tournois, pièce de cuivre d'un diamètre de 18mm. Concernant les pièces asiatiques, Guériff se trompe encore quand il écrivait qu'il s'agissait de « sapèques chinoises de la fin du 18e siècle, frappées par l'Empereur Ming Mang ». Si ces pièces en laiton2 sont bien des monnaies frappées pour l'empereur Ming Mang,(25 mai 1791 - le 20 janvier 1841), il faut en réalité savoir que l'Empereur en question était souverain du Viêtnam, état fondé en 1802 par son père, et qu'elles ne sont pas des sapèques. Ming Mang régna du 14 février 1820 jusqu'à sa mort. Les pièces décrites par Guerriff en février 1960 sont toutes du même modèle. La mesure de 25mm de diamètre, la mention d'une frappe sur les deux faces, du nom de Ming Mang et de celui de Hanoï, nous font identifier ces pièces comme étant des monnaies frappées en 1837 d'une valeur de 60 đồng.

     

    Guériff a prétendu que le petit-cimetière fut désaffecté au profit de celui ouvert dans l'ancien jardin de la Porterie, c'est-à-dire l'actuel cimetière de la Briandais rue de la Paix. Ce n'est pas exact, on incita les familles nazairiennes à enterrer leurs morts à l'extérieur de l'enceinte de la ville, mais nombre y possédait encore une concession. Les inhumations s'y maintinrent jusqu'à la désaffection progressive de l'église décidée en 1867. A l'époque les lieux d’inhumations dépendaient du Conseil de fabrique. Le corps avec lequel furent enterrées ces pièces le fut donc après 1837 et avant 1867. Guerrif se demanda si on avait enterré un marin qui les aurait rapportées de voyage ou avec un voyageur asiatique. Aucun registre ne mentionne d'asiatique mort ou inhumé à Saint-Nazaire. Il faut tenir compte aussi que le Vietnam était un pays fermé aux européens, la France tenta plusieurs fois de rentrer en contact commercial, mais cela lui fut toujours refusé. En 1838, la frégate L'Artémise qui accomplissait depuis 1837 un voyage autour du monde, mouilla sur les côtes du Vietnam. Il n'y eut officiellement pas de contact sinon quelques échanges de marchandises auprès des commerçants du port de Đà Nẵng. On sait que le navire, rentré en France en 1840, avait à son bord des marins embarqués au Croisic. Or un nom n'est pas inconnu à Saint-Nazaire, celui de Jean-Joseph Rio. Il n'est, semble-t-il, pas mort à Saint-Nazaire, mais y avait de la famille, peut-être l'explication se trouve telle dans la mémoire de la famille Rio. Mais pourquoi avoir enterré des pièces dans le cimetière ? Cette coutume remonte à l'antiquité, on plaçait des pièces dans la bière pour que le mort puisse payer son voyage dans la charrette de l'Ankou.

    minhmang1469rsite.jpg

     

     

    1 Cimetière ouvert le 1er juin 1893.

     

    2 Guériff ne mentionne pas la matière dans ses textes.

  • La Motte-Allemand, quatrième partie

    Evariste-François-Régis-Charles-Marie (dit Evariste-Charles) de Rouaud, hérita de son oncle par alliance Le Chauff de Kerguénec du domaine de La Motte-Allemand.

     

    motte-allemand,calvaire,chapelle,saint-nazaire


    La Motte-Allemand sur le cadastre de 1829.

    On distingue les restes du château, la chapelle, et l'étang seigneurial en vert.

     

    Par acte de vente passé chez maître Lambert, notaire à Nantes, 10 rue Crébillon, le 20 septembre 1843, il vendit le domaine, comprenant le manoir, la chapelle, des dépendances agricoles, et un terrain couvrant une superficie de 47 hectares, 22 ares 63 centiares, à Jean Guilbaud, cultivateur, pour la somme de 30.000 Francs. Pour financer son achat, Jean Guillebaud emprunta 12.000 Francs auprès du vice-amiral Halgan.

     

    motte-chapelle.jpg

    Le manoir et la chapelle par Charles Beilvaire, dessin publié dans Le Courrier de Saint-Nazaire du  16 octobre 1931

     

    Au moment de la vente, la chapelle était alors encore lieu de culte. Elle fut désaffectée à l'érection de l'église de Immaculée en 1857. Cependant, durant quelques années encore, durant les Rogations qui partaient de la vieille église de Saint-Nazaire via la chapelle de Toutes Aides, les paroissiens se rendaient encore à la chapelle de la Motte-Allemand. Les statues furent envoyées au prestataire de l'Immaculée, il semble qu'elles aient disparu durant la Seconde-Guerre-mondiale.

     

    Jean Guilbaud eut pour seul enfant une fille, Marie-Françoise Guilbaud (°1831), qui épousa Julien Creton, (°1822), laboureur, dont la famille vivait depuis des temps anciens à Ust. Le couple eut cinq enfants, trois fils et deux filles, dont Marie-Augustine (dite Marie) Creton, née le 24 novembre 1858 à Saint-Nazaire.

     

    En 1897 les enfants Creton firent détruire les murs de la chapelle alors totalement ruinée, ne laissant subsister que la sacristie encore visible en octobre 1931, il restait encore une porte murée et une croix sur le pignon. Marie Creton fit élever un calvaire le long de la route à l'emplacement de la chapelle.

     

    Le calvaire, constitué d'une croix de granite, fut brisé par les ouvriers de l'entreprise nantaise Force et Lumière le 8 septembre 1931 alors qu'ils étaient en train de poser des poteaux dans le but d'électrifier le secteur. L'accident donna l'occasion à Jacqueline Bruno, journaliste spécialisée du patrimoine et de l'histoire de Saint-Nazaire pour le journal Le courrier de Saint-Nazaire de rendre visite à Marie Creton, alors âgée de 73ans. Voici la retranscription du témoignage de Marie Creton, paru le 9 octobre 1931 :

    « En 1897, mes frères, ma sœur et moi fûmes dans l'obligation de faire démolir les murs croulants de notre vieille chapelle. Un carrier de la Rivière, Jean Rio1, déblaya neuf toises de pierres qui furent répartie entre nous tous. C'est alors que je songeai à élever sur ce terrain béni un calvaire commémoratif, composé uniquement du plus beau granite tiré du pieux édifice. Mes frères et sœur accédèrent de grand cœur à mon désir et m'autorisèrent à vendre le surplus de pierres pour couvrir les frais que m'occasionnait cette erection. Monsieur Louis Pitois, marbrier, rue de la Paix à Saint-Nazaire, fut chargé de tailler le granit d'y creuser l'inscription que vous voyez là dans le socle : En souvenir de la Chapelle de la Motte et de la Mission de 1898. Érigé par Marie Creton. Et de fournir le Christ bronzé. L'un de mes frères, maçon, se chargea du montage et de tous les scellements nécessaires. Je fis planter les cyprès que vous admirez, une bordure de fusains à peu près disparue aujourd'hui et tracer de chaque côté de la croix, symbole de Foi, deux parterres, d'un en forme d'ancre, emblème de l’espérance, l'autre en forme de cœur, emblème de la charité. Avec quel soin et quel amour, ma sœur et moi-même, avons-nous durant de longues années entretenu, abondamment fleuri, ces deux humbles tertres, hélas, ma sœur n'est plus, et la vieillesse a brisé mes forces. Aussi, voyez, l'herbe a tout effacé... « Après une minute de silence que j'ai pieusement respecté, elle murmure d'une voix lointaine, en cassant de son bâton l'herbe si épaisse et si douce ''  ma mère a prié là. '' Et elle ajoute avec un sourie où tremble encore une larme : bien des vides se sont creusés autour de moi ; mais je garde de chers, de précieux souvenirs. '' Puis sans transition, dans la crainte, peut-être, de s'attendrir une seconde fois : '' Venez chez moi, dit-elle gaiement, nous allons feuilleter l'histoire de La Motte. '' Et bientôt, tandis que e compulse les papiers, si aimablement mis à ma disposition, on n'entend plus, dans la chambre basse, chichement éclairée par une étroite fenêtre, que le tic-tac monotone du réveil et, à de fréquents intervalles, le grondement assourdi d'un lourd convoi qui passe sur la voie ferrée, toute proche, de Saint-Nazaire au Croisic. »

     

    Le calvaire fut restauré. Il existe toujours, il se trouve dans le jardin du 40 route de La Motte-Allemand. Mais ce qui restait du manoir fut détruit depuis pour laisser place à des maisons contemporaines.

    mottecalvaire.jpg

    Le manoir et le calvaire, dessin de Paul Bellaudeau, publié le 16 octobre 1931 dans Le Courrier de Saint-Nazaire.

     

     

    1 Pour une raison inconnue, Fernand Guérif a publié dans son histoire de Saint-Nazaire que ce monsieur Rio aurait été propriétaire des lieux. Il n'en est rien.