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  • Le Plessis / Le Plessis-Giffard

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    La seigneurie du Plessis, ou du Plessis-Giffard, était l’une des seigneuries secondaires de la paroisse de Saint-Nazaire, inféodée au vicomte de Saint-Nazaire, dotée de moyenne et basse justice. Le seigneur du Plessis devait en redevance annuelle au vicomte deux moutons et quatre truellées de froment.

    Cette seigneurie se composait du village du Plessis, composé de sept maisons rassemblées autour de ce qui est aujourd’hui la rue (impasse) Nicolas Copernic, et d’un manoir seigneurial était situé à flanc de coteau à l’emplacement du 25 Rue Charles Delescluze, face au hameau. Il était constitué d’un logis rectangulaire à un étage doté d’une tour carrée à l’Est, semblable au logis du château de La Saudraie à La Baule-Escoublac tant pour son architecture que pour sa disposition.  Situé dans un parc clos de murs d’une surface de 3 ha, il comportait à l’ouest une allée bordée d’arbres qui précédait une grille s’ouvrant sur la cour d’honneur. Les dépendances se situaient au sud.

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    Le manoir du Plessis-Giffard en 1924, dessin d'Alexandre Auffray.

     

    Quand Henri Moret le décrivit pour son ouvrage « Histoire de Saint-Nazaire », publié en 1925, le bâtiment avait perdu sa tour dont il ne restait que les fondations, et était fortement dégradé ; sa toiture d’ardoise avait été remplacée par du chaume. On ignore la date de sa destruction, mais elle a probablement eu lieu avant les bombardements. Cette demeure devait dater de la fin du 16ème siècle comme le laisse supposer la description faite par Henri Moret qui précise l’exitance au-dessus d’un écu sculpté identifiable comme celui de la famille Giffard du Plessis : d’argent, à la bande de sable chargée de trois mâcles d’argent. Elle avait subi plusieurs campagnes de transformation et de mutilation pour en faire une ferme après la Révolution. Le dessin réalisé par Alexandre Auffray nous laisse cependant penser que le bâtiment n’était cependant pas dépourvu de charme, et qu’une restauration aurait pu en faire une résidence charmante et élégante.

    Les villages de La Bernerie, (au niveau du 45 et 48 rue Charles Longuet), de La Berthauderie, (au croisement des rue François Villon et Robespierre), et de La Belle-Hautière, faisaient partie de cette seigneurie.  Il faut aussi ajouter un fief situé sur la côte, le Clos du Plessis, constitué de vignes, à l emplacement de la Villa Nelly. 

    L’histoire des seigneurs du Plessis-Giffard est mal connue en raison de la destruction des archives seigneuriales à la Révolution. On a cependant identifié comme seigneurs :

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    Guillaume Giffart, chevalier, seigneur du Plessis-Giffart, vivant en 1469.

    On trouve ensuite un François Giffart qui pourrait être son fils

    Puis, Olivier Giffart vivant en 1561, peut-être fils du précédent.

    La famille Giffard resta propriétaire de la seigneurie du Plessis jusque vers 1636, date après laquelle elle passa par achat à Jan de Rochereul.

     

    plessis-giffard, saint-nazaire-, rochereuil, de-la--haye-de-silz, Le-Pouceau-de-Rollinveau, I° Jan de Rochereui[1], seigneur de Cleuz-Coyau, notaire royal et procureur de la sénéchaussée de Guérande, sénéchal de Saint-Nazaire, obtint d'échanger sa redevance seigneuriale du Plessis contre des baulles de marais salants, (AD44 E536) ; époux de Janne Robert, d'où :

    1° Françoise, baptisée à Guérande le 9 novembre 1615 ;

    2° Jan, baptisé à Guérande le 20 juillet 1617 ;

    3° Thomas, baptisé à Guérande le 16 novembre 1621 ;

    4° Aubin Rochereul, baptisé à Guérande le 1er octobre 1623 ;

    5° Georges, qui suit ;

    6° François, baptisé à Guérande le 13 juillet 1627.

    II° Georges Rochereul de Cleuz, né à Guérande le 8 juin 1627, baptisé le 13, enterré le 27 avril 1688 à Guérande, seigneur du Plessis-Giffard, de Cleuz-Coyau, et de Cleuz-le-Propre par achat à Julien Proust ; il était conseiller du Roi, et procureur au siège royal de Guérande, ces charges lui permirent d'assumer le titre d'écuyer, mais ne lui procura cependant pas la noblesse, ni à ses héritiers, ainsi il fut débouté de noblesse en 1669 lors du recensement de Guérande ; époux de Catherine Huré, d'où :

    1° René, baptisé à Guérande le 7 septembre 1655

    2° Jeanne, dame de Cleux, baptisée à Guérande le 6 février 1659, mariée le 5 février 1687 à Guérande avec René Begaud, sieur de Kervoyer ;

    3° Catherine, baptisée à Guérande le 27 juin 1660, inhumée le 3 juillet 1667 ;

    4° Georges, né à Guérande le 24 avril 1661, baptisé le 31 mai, inhumé le 4 juin ;

    5° Marie, baptisée à Guérande le 22 août 1662, inhumée le 24 août ;

    6° Georges, seigneur de Promarzin et de Cleuz-Coyau, né le 12 novembre 1664, décédé le 18 août 1738, inhumé le 19 août en l'église Saint-Jean de Guérande, conseiller du Roi, procureur au siège royal de Guérande, marié le 21 mai 1697 à Nantes avec Françoise Moriceau, fille de François Moriceau, sieur de La Halquinière, et de Catherine Loquet, d'où postérité branche de Promarzin ;

    7° Jean, seigneur du Plessis-Giffard, né le 20 juin 1666, ondoyé à la naissance, baptisé à Saint-Nazaire le 15 août 1668, inhumé à Guérande le 20 novembre 1684 ;

    8° Charles, baptisé à Guérande le 11 mai 1672, inhumé le 10 juin ;

    9° Rodolphe-Philippe, dit Raoul-Philippe, seigneur de de Cleuz-Coyau, baptisé à Guérande le 9 juin 1676, inhumé à Guérande en l'église Saint-Jean e 29 janvier 1722, capitaine d'une compagnie bourgeoise, époux de Genevieve Fouquer, d’où postérité ;

    10° Angélique, qui suit ;

    11° Marthe, baptisée à Guérande le 24 juin 1677, mariée le 18 février 1710 avec Michel Roger, conseiller du Roi, rapporteur du point d'honneur en la Sénéchaussée de Guérande ;

    12° Marie, baptisée à Guérande le 11 août 1679.

    plessis-giffard, saint-nazaire-, rochereuil, de-la--haye-de-silz, Le-Pouceau-de-Rollinveau, III° Angélique de Rochereul, dame du Plessis-Giffard et de La Cour de Béac, et de Cleuz-le-Propre, décédée en son manoir du Plessis-Giffard, inhumée dans le choeur de l'église de Saint-Nazaire le 4 juin 1754, épouse de Julien Le Pourceau de Rollivaud, écuyer, seigneur de Rollivaud[2], d’où :

    1° Renée-Jeanne, baptisée à Saint-Nazaire le 19 mars 1716, décédée le 25 juin 1716 à la Ville-Allain ;

    2° Julien-François-René, baptisé le 17 juillet 1717 ;

    3° Rosalie-Marguerite, baptisée le 23 août 1718 ;

    4° Jean, baptisé le 4 octobre 1719 ;

    5° Jeanne, qui suit ;

    6° Marie, baptisée le 29 mai 1724.

    IV° Jeanne, dame de Cleuz-le-Propre, (vendu Jean-Baptiste-Elie Camus de  Pontcarré, co-vicomte de Saint-Nazaire), du Plessis-Giffard, et de la Cour de Béac (vendus à Jean-Sébastien de La Haye de Silz) et d'un fief nommé fief du Pourceau, (vendu vers 1780 à François Le Chauff de Kerguennec, maire de Guérande en 1789-1790, ce fief constitue par la suite la métairie de Cleuz dont hérite des Le Chauf Joseph-Aimé comte de Bruc d'Esdrieux qui en est propriétaire en 1850), baptisée le 21 octobre 1722, épouse de Pierre Geoffroy d'Entrechaux, chevalier, colonel d'infanterie, gouverneur de Port-Louis[3].

     

     

    plessis-giffard, saint-nazaire-, rochereuil, de-la--haye-de-silz, Le-Pouceau-de-Rollinveau, Jean-Sébastien de La Haye de Silz, chevalier, issu d'une famille d'ancienne extraction maintenue noble durant la réformation de 1668 qui portait : De gueules à trois coquilles d'argent ; il était seigneur de La Ville-aux-Fèves, seigneurie mitoyenne de celle du Plessis-Giffard. Il s’établit pour ses séjours nazairiens au manoir du Plessis, délaissant celui délabré de La Ville-aux-Fèves à son sénéchal.

     

    I° Jean-Sébastien de La Haye de Silz, chevalier, comte de Larre, seigneur de Silz, de Coscat, de Lauvergnac, de Trescalan, de Clis, Kermoisan, de la Ville-au-Fèvre, de Beaubois, du Plessis-Giffard, et de la Cour de Béac par achat à la famille Le Pourceau, de Saint-Denac en Beac8, chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, baptisé le 29 août 1727 à Saint-Nazaire, décédé le 14 juin 1791 à Arzal (56) ; marié : 1° le 5 janvier 1750 à Missillac avec Marie Elie ou Eslye, fille mineure de feu de Jean-Joseph Elie, sieur de Bréal, et d'Anne Payen, décédée au château de Silz la 19 décembre 1774 ; à l’occasion des fiançailles, le 30 décembre 1749 à Missillac, la fiancée est décrétée de majorité par jugement de Penestin ; 2° le 15 mai 1775 à Missilac, avec Jeanne Antoinette Cramezel de Kerhué, (18 septembre 1732 – 19 mai 1789), fille de René de Cramezel, écuyer, seigneur de Kerhué, et de Madeleine Elie, mariage possible après dispense d’affinité au deuxième degré. Ce remariage ne plait pas au fils aîné, Sébastien, car la nouvelle épouse serait autoritaire et dépensière. Jean-Sébastien va devoir vendre des propriétés, notamment celle de Lauvergnac en Assérac, qui est l’héritage du fils aîné ; d'où du premier lit :

    1° Jean-Marie, baptisé le 18 décembre 1750, décédé le 12 mars 1751 ;

    2° Jean-Marie, baptisé le 29 mars 1752, décédé la même année ;

    3° Sébastien-Antoine-Honoré-Marie, né le 14 mars 1756, baptisé le 7 mars 1757, tué à Grandchamps le 28 mai 1795, comte de Silz, dit " Monsieur de Lauvergnac ". Il sert un temps dans un régiment de Dragons, puis devient commandant de la garde nationale de Guérande, il est porté déserteur et, sur dénonciation de son père, capturé à Guérande, chez Me Hardouin, le 8 novembre 1781, par la police du Roi, en vertu d’une lettre de cachet. Il est emprisonné en maison de force à Angers. Il est amnistié le 18 décembre 1785, (les origines de cette situation seraient liées au remariage de son père dont la nouvelle épouse a obligé la vente de Lauvergnac), à partir de 1792 il intègre l’état-major de la conspiration de La Rouërie. Il y est présent en tant que commissaire royal pour le Morbihan. Après l’éclatement de la conspiration, il erre dans le Morbihan et travaille comme simple journalier, reste longtemps chez son frère à Vieille-Roche, et au village du Bot en Sulniac, avant de reprendre la tête des " brigands ". Son signalement est donné à cette époque par l’administration qui le recherche : " Taille 5 pieds, 3,4 pouces, taille fluette, bien étagée, droit. Le visage gravé de petite vérole, le teint bourgeonné comme un ivrogne, physionomie ronde et intéressante. Il mâche beaucoup de tabac, surtout en poudre. " En mars 1793, la colère des paysans explose contre la décision de la Convention d’une levée de 300 000 hommes, et c’est le début de l’insurrection Sébastien prend alors la responsabilité de l’armée royaliste du Morbihan et participe avec ses deux frères Auguste et Jacques au soulèvement de l’ouest de cette région, et organise de nombreuses attaques (Prises de Guérande et du Croisic, coulage d’une frégate, maîtrise de tout le pays de Basse Vilaine). En 1795, des conférences de paix s’ouvrent au printemps. Sébastien y est présent, et sous l’influence des autres chefs chouans, il signe alors, le 20 avril 1795, à regret, les documents de reconnaissance de la République, mais quatre jours plus tard, il signe un autre document, parfaitement hostile celui-ci, appelant de nouveau à la rébellion. C’est au cours de la bataille de Grand Champ, qu'il est atteint d’un coup fatal. Après une courte fuite à cheval, il met pied à terre. Selon la tradition, les "bleus" (les républicains) firent inspecter et reconnaître le cadavre, qui fût enterré près du lieu où on le découvrit, là où le chemin qui conduit à Kervehein arrive sur la route de Loperhet. Sa sépulture a été depuis recherchée, mais plus aucun signe n’en indique l’emplacement ;

    4° Marie-Françoise, née le 18 juin 1757, arrêtée le 21 avril 1793, mais rapidement libérée. Pour éviter la confiscation du château de Silz, elle décide de le vendre à un dénommé Paul-Marie des Néttumières, le 8 prairial An 5, pour 27 000 francs. Epouse de René d’Osmond ;

    5° Auguste-Marie, Chevalier de Silz, chevalier de l’Ordre Royal et Militaire de Saint Louis, né au château de Silz en 1760 et baptisé le 19 novembre. Son père demande pour lui une inscription à l’Institution des Gardes de la Marine de Brest. Les plus strictes conditions y sont exigées. Auguste reçoit sa lettre de nomination comme élève-officier de Marine. Il est incorporé le 7 septembre 1778. Sa carrière a pu être reconstituée grâce aux archives de la Marine. Il a des embarquements successifs sur : Le Sphinx (14/01/1781), L’Alexandre (16/04 au 12/06/1781), La Néréide (12/06 au 12/09/1781), Le Dauphin Royal (16/11/1782), Le Glorieux (01/04/1782 à 12/04/1782), Le Triton (08/09/1782 à 19/05/1783), Le Réfléchi (02/01 au 30/04/1784 et 28/07 au 22/11/1784), La Résolution (13/12/1785 à 11/05/1786), Le Rhône (06/04 au 19/08/1789), L’Auguste (26/06 au 30/12/1790), Le DuguayTrouin (01/01 au 29/06/1791). Enseigne de vaisseau à bord du Glorieux, il participe à la campagne d’Amérique sur le Glorieux. Il est au combat naval des Saintes et de la Dominique, le 12 avril 1782. A la suite de cette bataille, le Glorieux est pris par les Anglais et son équipage est fait prisonnier. Auguste et les autres officiers prisonniers séjournent pendant un mois à la Cité espagnole. Le 19 mai, tous les prisonniers montent à bord du bateau anglais Sandwich, qui appareille le 25 pour l’Angleterre. Ils arrivent à Portsmouth le 2 août. Ils sont enfin libérés et rejoignent la France le 12 août 1782 où un jugement de Conseil de Guerre de L’Orient (Lorient) est porté, et cite les officiers et l‘équipage du Glorieux, en louant leur conduite lors de la journée du 12 avril 1782. Promu lieutenant de vaisseau le 1er mai 1786. En 1791 il est détenu quelque temps au château de Brest pour avoir manifesté des idées royalistes. Le 10 janvier 1792, il épouse en l’église d’Arzal Jeanne Marie Olive Kermasson de Kerval, fille de Cassien Alexis Kermasson de Kerval, seigneur de Kerizel et de Heinlex-Pommeraye, et de Jeanne de Rochereul de Promarzin, promu Lieutenant de vaisseau de 2ème classe, au cours de l’été 1792, il quitte la Marine pour rejoindre son frère et le mouvement chouan, comme son frère Sébastien, il se cache et travaille comme journalier dans les paroisses environnantes. Recherché, son signalement est donné par l’administration : "Taille 5 pieds, 1 pouce (environ 1m68), gros, trapu, bien constitué, jambe forte un peu arquée ; le visage gros, rond, un peu soufflé. Il a une bonne carnation, les yeux un peu enfoncés et petits, la bouche petite, les lèvres épaisses un peu relevées surtout la supérieure. Il porte un chapeau à cuve élevée", un autre signalement de police, contradictoire, mais pas de la même année, le décrit comme suit : " 30 à 40 ans, 5 pieds, cheveux châtains, sourcils idem, yeux bleus, nez court, bouche moyenne, menton long, visage basané, maigre, effilé, vêtu d’une chemise blanche, pantalon de toile, chapeau de paysan", mais bien que se sachant recherché, Auguste accepte le risque de paraître à la demande de ses concitoyens d’Arzal pour faire office, dans certaines circonstances, d’officier public, ce qui laisse supposer une confiance réciproque, et la notoriété et le respect que lui porte la population. En 1793, il participe avec son frère au soulèvement de l’Ouest. C’est lui qui est à la tête des brigands à Rochefort-en-Terre, dénoncés avec son frère comme antirévolutionnaires, la nuit du 21 avril 1793, en vertu d’un mandat, une trentaine de soldats vont à minuit heurter aux portes des inculpés au château de Silz et à Vieille-Roche, les somment d’ouvrir au nom de la Loi. Jeanne Marie Olive, enceinte de 8 mois 1/2, son père Cassien Kermasson, qui est rongé d’infirmité, ainsi que d’autres membres de la famille et des enfants en bas âge, sont arrêtés, dirigés sur Vannes et internés au Petit Couvent. Leur internement est de courte durée, puisque Jeanne Marie Olive accouche quelques jours plus tard, le 3 mai 1793, d’une petite fille, Marie-Cassienne-Augustine, à Vieille-Roche, mais elle sera a nouveau arrêté et internée avec sa fille pendant plus de deux ans. En 1794, il est nommé chef de division de l’armée royale et catholique du Morbihan, il commande la division de Muzillac, de Redon et de la Roche-Bernard. En 1796, il accepte la pacification du 16 juin et dissout ses troupes, il est un des chefs dont l’influence est la plus efficace en faveur du désarment et sa femme contribue avec ardeur à cette tâche. Il écrit au général Hoche en ces termes : "[...] aussitôt que je fus informé le 3 juin dernier que les chefs comme les autres seraient amnistiés pourvu qu’ils ne fussent pas émigrés, je m’empressais de faire toutes les démarches auprès de ceux que nous nommons les membres de notre conseil et auprès des autres chefs pour les déterminer à profiter de la grâce qui nous est si généreusement offerte. Je me tais, Général, sur l’influence que j’ai eu pour la mise à bas des armes, mais j’ose me flatter que ce fût ma jeune épouse qui, par ses démarches dans les campagnes pour y répandre notre amnistie et les bienfaits du gouvernement, ébranla fortement le tout. Au besoin, j’en appellerai au Général Quantin, car il lui donna un passeport et mon amnistie". Néanmoins, l’administration du Morbihan, ayant retrouvé le nom de ce Silz sur la liste officielle des émigrés (alors qu’il ne l’avait jamais été), avait requis sa déportation et obligé le général Quantin à le faire arrêter. Le 14 vendémiaire (5 oct 1796), les bandes du général Quantin arrêtent à Arzal le Chevalier de Silz, cela malgré les supplications des membres de la famille présents. Il est dirigé à Vannes, jugé et condamné au bagne. Il est déporté au bagne de l’Ile de Ré, avant-poste de la Guyane. De sa captivité, il se procure divers certificats, notamment du district de la Roche-Sauveur (nom républicain de La Roche-Bernard) et du commandement militaire de l’arrondissement de Vannes, prouvant que depuis le mois de mars 1793, il n’avait jamais quitté le pays. Il envoie à Hoche une requête des plus respectueuses afin que, lui ayant déjà reconnu les droits accordés aux chefs des chouans non émigrés de rester de France, "il ne souffrit pas de son exportation dans une terre étrangère et perfide, dont il avait toujours et très sincèrement détesté les habitants et leurs manœuvres". L’adjudant général Mermet signala au général en chef que l’emprisonnement de De Silz faisait du bruit, et que si les arrestations de ce genre se multipliaient, il pouvait en résulter de nouveaux troubles dans le Morbihan. Hoche transmit au Directoire cet avis et la requête d’Auguste, ainsi que toutes les pièces sur ce "pacifié", en émettant l’opinion qu’"il serait injuste, peut-être même dangereux, de traiter comme émigré des hommes qui ne l’étaient pas et le prouvaient d’une manière certaine". Cependant, Auguste reste interné 3 ans à l’Ile de Ré. C’est en juillet 1799 qu’il est libéré et assigné sous surveillance à Guérande. Il rentre à Arzal, retrouve sa famille, et part aussitôt avec sa femme et sa fille s’installer à Guérande pour un séjour surveillé. C’est là que le 23 février 1800 naît son 2ème enfant, Clara-Marie. Jeanne Marie Olive meurt à Vieille-Roche le 19 juin 1807 à 34 ans. Avec les effets du Concordat, la paix et le calme revenus, Auguste reprend du service dans la Marine. Il est nommé au grade de Capitaine de Frégate en 1814, puis admis à la retraite le 22 octobre 1817. Il se retire à Vieille-Roche dans la maison héritée de sa femme, appelée de nos jours la caserne des Douaniers. Il meurt à Vieille-Roche le 5 janvier 1822 à l’âge de 61 ans, d'où :

    A°Marie-Cassienne-Augustine, (3 mai 1793 – 15 mars 1831), marié le 10 août 1810 à Hyacinthe-Louis-Victor Piars Deshays ;

    B° Clara-Marie, (23 février 1800 – 5 août 1837), mariée à Guérande le 11 juin 1817 à Henri Le Masne, (1786-1837), négociant.

    6° Anne-Marie, née le 24 janvier 1762, décédée en 1789 ;

    7° Armande-Désiré-Marie, née le 12 octobre 1763, décédée en 1765 ;

    8° Anne-Louise, née le 16 octobre 1764 ;

    9° Jean-Marie, née le 6 février 1771, baptisée le 3 novembre 1772, décédé le 2 mai 1799, marié le 7 février 1792 à Jeanne-Louise-Antoinette Philippe ;

    10° Cassien-Jean-Marie, né le 3 mars 1767 ;

    11° Louis-Marie, né le 29 juillet 1768, marié le 17 août 1799 à Marie-Jeanne Lizeul ;

    12° Antoinette, arrêtée dans la nuit du 21 avril 1793, condamnée à mort et dirigée à Nantes pour y être noyée. Elle échappa à la mort en épousant républicainement un garde national du nom de Robin ;

    13° Eugénie-Armande, née le 6 février 1771, baptisée le 3 novembre 1772, mariée le 13 août 1792 à René-Benjamin Thomas de La Borde, (1745-1804), président de District, inculpé sous la Terreur, d'où Prudent-Marie Thomas de Laborde, (Saint-Nazaire 11 janvier 1793 - Lorient 25 mai 1876), juge au tribunal civil de Vannes ;

    14° Jacques-Marie, né en 1773, guillotiné place du Bouffay à Nantes le 17 mars 1794 ; admis à l’institution des gardes de la marine à Brest, en 1792, il rejoint ses frères en Bretagne dans le mouvement chouan, et participe activement à la contre-révolution. Il se distingue au côté de Michel-François Thomas de Caradeuc, notamment lors de la prise du Croisic en mars 1793. C’est en ce lieu, le 18 mars 1793, qu’il prête serment de fidélité à Louis XVII. Arrêté le 15 pluviôse An II (janvier 94), il est alors dirigé vers Guérande, passe devant un jury militaire et un tribunal civil, de là, il est envoyé à Nantes où il passe devant un tribunal révolutionnaire le 7 février 1794 : " Le tribunal, d'après les dépositions des témoins, aveux et reconnaissances de Jacques-Marie Lahaye Desilz, Déclare que le dit Lahaye se joignit aux brigands dès le commencement de l'insurrection ; qu'il a eu différents grades parmi les brigands ; que lors de la prise de la ville du Croisic, il y entra accompagné de Guérif de Lanouan, leur chef ; — qu'il y prêta entre les mains de Lanouan serment de fidélité à Louis 17 ; que lorsque Caradeuc se présenta pour sommer la ville de Guérande, le même Lahaye y entra ; que le 18 mars, il entra, avec un détachement, chez le citoyen Boujus, aubergiste au Croisic, le menaça et lui enleva un sabre pour en armer un de ses camarades ", il fut alors condamné à mort avec cinq autres habitants du Croisic : " Le mois de mars 1794 apporte aux jacobins du pays la satisfaction d’apprendre le supplice de Jacques de la Haye de Silz, marin, ci-devant noble, natif d’Arzal domicilié à Penestin, guillotiné à Nantes, place du Bouffay, le 17 mars 1794 pour: s’être joint aux brigands dès le commencement de l’insurrection; avoir livré Le Croisic et Guérande avec d’autres chouans; avoir prêté serment de fidélité à Louis XVII. "

     

    En 1841 le manoir appartenait à monsieur Amelot, un Parisien qui spéculait ; en 1924 il appartenait à monsieur Agasse, entrepreneur de travaux publics.

     

     

    [1] Famille bourgeoise déboutée de noblesse à Guérande en 1669. Armoiries : D'azur au rocher d'argent, accompagné de huit yeux en orles.

    [2] Issu d’une famille anoblie en 1436, maintenue noble d'extraction lors de la réformation de noblesse par arrêt du 3 juillet 1669, sur 5 générations, recensement de Guérande (Bibliothèque Municipale de Rennes, Ms. 504 et 505), portant pour armoiries : d'azur à trois dauphins couronnés d'argent, accompagnés d'une étoile du même en cœur, il était veuf de Janne Coquard de Kerougas, (1643-1711) dont il eut cinq enfants),

    [3] Issu d'une famille bourgeoise de Toulon, il fut anobli par le service. - Armoiries Geoffroy d'Entrechaux : Parti ; au 1° d'or à l'aigle de sable ; au 2° de sinople au lévrier rampant d'argent ; au chef général d'azur, chargé de trois étoiles d'or.

  • Le crime de La Vague

    La Vague est l’un de ces charmants chalets balnéaires qui émaillaient la corniche nazairienne et dont il reste, hélas, peu d’exemples. Sa construction fut entreprise entre 1899 et 1905, par le couple Henri Tahier, (Saint-Nazaire le 5 octobre 1845 – Saint-Nazaire 19 février 1924) et Angèle-Désirée Henry, (Saint-Nazaire le 6 mars 1850 – Saint-Nazaire 9 juin 1916), pour leur servir de lieu de villégiature avec leurs cinq enfants, Henri, Gabrielle, Hélène, Madeleine, et Andrée. Les Tahier avait acquis le terrain en décembre 1898 auprès du négociant nantais Honoré-Anatole Martineau.

     

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    La Vague, façade sur estuaire, L'Ouest-Éclair 30 septembre 1932.

     

    Henri et Désirée Tahier formaient un couple de bourgeois respectables, unis d’un amour véritable, qui les avaient fait défrayer la chronique en 1870. Désirée était la sœur de l’épouse du frère aîné d’Henri, amoureux, ils avaient consommé, et Désirée était tombée enceinte d’une petite Angèle, née trois mois avant le mariage de ses parents. L’aventure avait alors fait chasser Désirée par son père, et Henri, clerc de notaire, avait perdu son emploi. Il était devenu grâce à son aîné caissier à la Compagnie Générale Transatlantique, mais ne fit jamais l’effort de monter en grade, se contant d’un revenu relativement modeste au regard des besoins de sa nombreuse progéniture. Sa chance fut d’être issu d’une famille fortunée, (voyez sa généalogie ici : http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2020/11/01/tahier-et-tahier-de-kervaret-6273855.html), de laquelle il hérita des fermes et une somme suffisamment importante pour s’offrir le luxe d’une résidence secondaire à l’extérieur de la ville, dans une banlieue alors recherchée où les Nazairiens allaient se détendre le dimanche dans les guinguettes, les cafés-restaurants, et sur les plages, à 2 km du port. La demeure, malgré l'illusion de son aspect extérieur, était à l’époque petite, divisée en de nombreuses pièces peu pratiques par leur plan carré et leur disposition ; la cuisine elle-même tenait plus du couloir aménagé en kitchenette comme dans les logements d’étudiant du 21ème siècle. C’était une construction légère, conçue pour de courts séjours en belle saison. Les jours de tempête le vent passait par le sous-sol au travers du plancher du salon de la salle à manger, soulevant le tapis, ouvrant parfois les fenêtres ; les cheminées, alors présentes dans chaque pièce, étaient plus décoratives qu’efficaces. Le jardin, de 800m², clos de murs, sauf côté rue où était une palissade ajourée peinte en vert clair, avec un puits, domine cependant l’estuaire et était à l’époque doté d’une petite serre sous la terrasse côté océan[1].

     

    En 1915 le couple Tahier décida de quitter le centre-ville, où ils habitaient rue de Montoir, pour s’établir en leur chalet de La Villes-Martin. Depuis que le port était le lieu de débarquement des troupes australiennes et canadiennes, toutes les nuits il y avait des bagarres et des agressions, parfois à coup de révolver. Epuisés par cette insécurité, ils firent de La Vague leur résidence principale. Désirée y décéda en 1916. Henri y demeura seul avec sa fille Madeleine, jusqu’à sa mort en 1924. Les filles Tahier étaient de jolies femmes aux yeux noirs, les deux ainées s'étaient mariées avec des hommes qui avaient du bien et de bonnes situations, la plus jeune, « un peu masculine », menait une vie mystérieuse de modeste vendeuse à Paris, seule Madeleine était restée à Saint-Nazaire, à s’occuper de ses parents, car elle était bossue, chétive, et n’avait du fait de sa difformité jamais trouvée à se marier. Elle avait vieilli prématurément, ayant « le visage chiffonné »[2]. A la mort de son père, elle hérita de La Vague et de la fermette de La Bouletterie, une métairie de 6ha, comprenant corps de bâtiments composés d'une maison, écurie, cave, grande cour devant la maison, un jardin, des terres sous labour divisée en 39 lots éparpillés (nous étions avant le remembrement). Cette ferme exploitée par la famille Bonhommeau, constituait le revenu principal de Madeleine et la pouvait deux fois par semaine en lait. La Vague était alors en mauvais état, Madeline peinait à l’entretenir, elle faisait réaliser les travaux les plus urgents, mais le balcon en fer de la façade d’arrivée avait perdu plusieurs barreaux remplacés par du fil de fer. Tout était à l’économie, y compris sa mise, elle portait ainsi les chaussures de son père, faute de pouvoir s’en offrir une paire pour les jours ordinaires, avait l’air de Pauline carton dans « ces messieurs de la Santé », avec ses mitaines. Endettée au point d’avoir contracté une hypothèque qui lui coutait 1.200 fr le trimestre, (un ouvrier gagnait 1.000 fr par mois à l’époque), ne recevant aucune aide de sa famille ; son frère, qui se faisait nommer monsieur de Kervaret, était vaguement ingénieur à Paris où il faisait des dettes que l’héritage de 1924 avait à peine couvertes ; ses sœurs mariées prétextaient dépendre de la bonne volonté de leurs époux, la plus jeune disait ne pas avoir la possibilité de l’aidée. En fait, Madeleine était une femme isolée qui, en dehors de la fille de ses métayers qui lui apportait du lait deux fois la semaine, et de sa voisine mademoiselle Tremer, tenancière du Café des familles, (ancien café du Fort, aujourd’hui Villa Ker Villès), d’une amie d’enfance, madame Defaille, et d’une tante à la mode de Bretagne, madame Certain, qui vivait de l’autre côté de la ville aux trois-Ormeaux, (boulevard de la Renaissance), elle ne voyait personne.

    Madeleine se contraint à louer les deux chambres se trouvant au second étage, sous les combles, pour un loyer de 50 fr chacune, (l’un se composait d’une vaste pièce, la seconde plus petite avait en sus un grenier qui pouvait servir de rangement supplémentaire. Les locataires étaient invités à prendre pension au restaurant au Café des familles où chez monsieur Balle au Restaurant de la Côte. Elle trouva difficilement hors saison estivale à louer, jusqu’à ce qu’en 1931 arriva un couple.

     

    Thibaud et la Sorcière :

     

    En janvier 1931 débarquèrent deux individus à la drôle d’allure : Une femme prénommée Suzanne, veuve d’un employé de la Compagnie Parisienne du Gaz, nommé Carousse, qui disait avoir 40ans, alors qu’elle en avait 55, hystérique, tyrannique, attifée comme l’as de pique, que le voisinage surnommait « La Sorcière ». Elle n’était pas une inconnue pour Madeleine, cela faisait sept-ans qu’elle lui louait régulièrement une chambre en été. Un homme, de 38ans, Georges-Désiré Thibauld, désigné sous son seul nom de famille par les voisins, son compagnon depuis 1928, au teint noir, qui portait encore les codes vestimentaires des apaches, pourtant alors passé de mode : casquette, chemise avec gilet, pantalon large tenu par une ceinture de flanelle jaune de 20 cm de large et longue d'un mètre, enroulée autour de la taille. Dans l’intérieur bourgeois, quoique défraichi de Madeleine, ces deux énergumènes qui vivaient maritalement, même s’ils y avaient officiellement chacun leur chambre, se tapant dessus chaque soir en s’avinant avant de se réconcilier sous la couette, faisait tache. Parentés et amis de Madeleine lui disaient de se débarrasser d’eux, mais elle s’y refusait, motivée par le fait qu’elle avait besoin d’argent, et que personne ne voulait louer à l’année des pièces qui étaient loin du centre et inchauffables, dans une maison qui n'était au demeurant pas raccordée au réseau électrique. Madeleine, qui craignait l’intrusion dans son intimité ou les vols, nombreux dans les villas non habitées à l’année sur la Corniche, avait fait poser des cadenas à toutes les portes, et pensait que cela était suffisant pour la protéger des excès de ses locataires.

     

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    Georges Thibaut, Le Phare de La Loire du 30 janvier 1932.

     

    En dehors du nom de son époux et de son âge, on ne sait rien de Suzanne, elle est dite née à Candé dans les comptes rendus, mais nous n’avons pas trouvé d’acte de naissance pouvant correspondre à elle dans les actes. Le passé de Georges Thibaut nous est lui bien connu ; il est né le 2 juin 1894 à Nogeant-sur-Loir, huitième de douze enfants, d’un père journalier, dans une famille très pauvre, minée par l’alcoolisme. Son père et l'un de ses frères s'étaient noyés alors qu’ils avaient embarqué sur une barque, totalement saouls. Jeune, il avait été décrit comme « bon travailleur ». Durant l’appel de 1913, il avait intégré le 3ème régiment des Zouaves en Algérie. Durant la guerre il fut blessé deux fois, et cité à l’ordre du jour de son régiment. Les officiers le décrivirent comme très énergique et discipliné, mais il sortit de la guerre très éprouvé et fit deux séjours psychiatriques. Entré au chemin de fer en 1919, il resta dix ans à la gare de Clamart, puis fut muté à la gare de Montrouge, où il fut l’objet de nombreuses plaintes disciplinaire pour ébriété. Il avait en effet rencontré en 1928 Suzanne Garousse qui était une alcoolique notoire depuis la mort de son époux, et qui l’incita à boire. Avec ses antécédants familiaux et psychiatriques, Georges Thibaut sombra rapidement et commença à développer des délires schizophréniques ; il prétendait dans ces moments-là avoir été au bagne pour meurtre, ce qui devait certainement être une confusion avec ce qu’il avait vécu durant la guerre et ses séjours en physiatrie et une volonté de fantasmer une vie qui devait lui être triste, et contrebalancer un caractère effacé et faible. Il fut révoqué de son emploi pour être venus plusieurs fois gravement aviné. Suzanne le persuada de partir pour Saint-Nazaire afin d’y trouver un emploi de mécanicien aux Chantiers. Il fut employé par différentes entreprises, estimé comme actif, robuste bon travailleur, mais désigné comme alcoolique en dehors de ses heures de travail, ce qui à l’époque était commun. Le 14 janvier 1932, il quitta son dernier emploi et prit la décision de quitter Suzanne. Celle-ci fit sa valise avant lui. Elle partit le 18 janvier, en prétextant rentrer à Paris pour y devenir cuisinière, et avoir peur que Georges ne la tue durant un excès d’alcool, et qu’il avait une hache cachée sous le lit. Depuis plusieurs semaines elle disait pis que pendre de celui-ci, montant peu à peu le voisinage contre lui, ainsi que Madeleine à qui elle dit que son amant payerait sa part du loyer, soit 150 fr pour un trimestre non réglé. Madeleine eut un moment de panique. Elle devait verser 1.200 fr à son notaire, maître Labour, la première semaine de février pour le règlement de son hypothèque. Désemparée, elle décida de réclamer les loyers à Thibault qui répondit qu’il ne payerait pas pour Suzanne, d’autant qu’elle s’était sauvée en emportant ses économies, mais qu’il toucherait son salait le 20 et verserait alors ce qui correspondait au prix de sa chambre.

    Madeleine commença à l’assaillir tous les soirs à propos des loyers, et chaque soir Thibaut répondait qu’il ne payerait pas pour Suzanne.

     

    Le meurtre :

    Les évènements ici relatés ont été reconstitués durant l’enquête grâce aux aveux que fit Georges Thibaut aux gendarmes de Nantes et à l’interrogatoire durant le procès.

    Le 25 janvier, vers 17h, au bas de l’escalier, à droite quand on entre dans la maison, se tenait Madeleine très agitée. Elle réclama l’argent des loyers de Madeleine. Thibault lui avait réglé sa part, mais refusait encore de payer la dette de Suzanne. Madeleine partie en direction de son salon, proférant des menaces, il la suivit, tout aussi énervé, la sommant de se taire. Agacé par les cris de sa logeuse, il lui mit un coup de poing dans le nez. Madeleine bascula en arrière, emportant dans sa chute en chaise, et en ayant le réflexe de dire : « que fais-tu là Thibaud ? »

    Allongée sur le sol, le visage ensanglanté, Madeleine n’eut pas le temps de dire plus ; Thibaud se rua sur elle et l’étrangla de ses mains, puis il détacha sa ceinture de flanelle jaune et se mit à étrangler plus encore Madeleine avec. La pauvre femme expira rapidement.

    Thibaut dessaoula. Il réalisa son crime. Il transporta le corps de Madeleine dans le salon, lui posa la tête sous un coussin. Il se rendit dans la chambre de sa victime pour prendre une bouteille d’eau de Cologne et un mouchoir, puis revint lui nettoyer le visage. Après cela il alla chercher un chapelet qui lui mis entre les mains, et un drap avec lequel il la recouvrit.

    Il chercha à brûler le mouchoir et la ceinture de flanelle dans le fourneau de la cuisine, puis retourna de fond en comble les trois chambres qui constituaient l’appartement de madeleine au premier étage. Il lacéra les matelas, déchirant les draps au passage, à la recherche d’argent caché. Il ne trouva rien d’autre que le porte-monnaie de la victime, qui contenait 6fr, et ne vit pas sur la table de sa chambre son portefeuille qui contenant 600fr, et une coupelle contenant quelques petits bijoux en or. Durant plusieurs jours Thibaud continua de vivre comme si de rien n’était. Il nourrissait les poules de Madeleine, allait en alternance au Café des familles et au restaurant de la Côte prendre ses repas et régla ses ardoises. Le soir il achetait une bouteille de vin. Madeleine n’avait pas été vue depuis le 22 janvier par ses voisins, et la fille des métayers dit aux gendarmes n’avoir vu personne le dimanche 24 janvier, ce qui n’était pas habituel. Mademoiselle Tremer passait habituellement ses dimanches soir avec Madeleine, ne la voyant pas, elle interrogea Thibaut qui répondit que sa logeuse était partie voir sa tante aux Trois Ormeaux. Madeleine fut dans son acte de décès déclarée morte depuis le 26 janvier, mais plusieurs choses laissent à penser que le meurtre avait été perpétré entre les 22 et 23 janviers. Le corps commençant à sentir, Thibaut ouvrit la fenêtre du salon, le vent la fit battre bruyamment, ce qui éveilla la curiosité de mademoiselle Tremer. Le jeudi suivant la laitière ne vit que Thibaut qui lui apporta un pot qui n’était pas celui habituellement utilisé par Madeleine pour mettre le lait.

    Thibaut partit le 29 janvier au matin en direction de la ville, et marcha toute la journée jusqu’à arriver à la gendarmerie de Nantes vers 19h45, où il se déclara se constituer prisonnier pour meurtre. On téléphona à la gendarmerie de Saint-Nazaire pour vérifier les dires de Thibaut. Monsieur Balle assista les gendarmes à l’aide d’un phare de sa voiture qu’il démonta pour qu’ils puissent visiter les lieux dans la nuit, faute d'électricité. Les gendarmes posèrent des scellés, et confièrent le gardiennage de la maison à monsieur Balle.

     

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    Monsieur Balle, L'Ouest-Éclair du 30 janvier 1932.

     

    On fit venir le juge Lelièvre le matin suivant. On découvrit près du corps une lettre de Thibaut demandant pardon à madeleine et à Suzanne ; puis le corps fut emporté à l’hôpital où le médecin légiste Cousin procéda aux observations. Thibaut fut conduit à Saint-Nazaire, répéta ce qu’il avait dit aux gendarmes de Nantes, et fut présenté au médecin aliéniste Terrien, venu de La Baule, qui le déclara responsable de ses actes et accusa Suzanne de l'avoir rendu totalement alcoolique.

     

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    Le juge Lelièvre, L'Ouest-Éclair du 30 janvier 1932.

     

    Madeleine fut déclarée morte le 26 janvier, son acte se trouve dans le registre de la mairie de Saint-Marc dont dépendait alors La Villès-Martin, on l’inhuma au cimetière de La Briandais, avec ses parents, mais le caveau semble avoir été depuis été détruit.

     

    Le Procès :

    Maitre Moreau Vagnier l'ainé fut chargé de la défense de Thibaut devant les Assises à Rennes. Suzanne dit au Président du Tribunal qu’il était violent quand il buvait, mais qu’il ne l’avait battu d’une fois. Elle affirma qu’il vivait à ses crochets, ce qui ne fut pas prouvé. Madame Defaille répéta ce que Suzanne disait à chacun dans le quartier à propos de Thibaut, et l’avoir conseillé de partir car « il finirait par la tuer ». Monsieur Balle témoigna que Thibaut était un être faible et dépendant de l’alcool, et que malgré ses airs méchants et agressifs, qu’il « se serait tu devant un enfant de 10 ans s'il lui avait demandé de se taire ».

    Thibaut affirma ne pas savoir la situation financière de Madeleine, et ne pas avoir de fait compris son insistance agressive à lui réclamer le loyer de Suzanne. Il la croyait radine, et non ruinée. Il nia avoir retourner les chambres de l’appartement de Madeleine, et prétendit que le désordre y existait depuis toujours, même s’il avoua avoir fouillé, ce qui provoqua un émoi dans la salle. Il n’expliqua pas son geste, « j’ai perdu la tête », répétait-il. Il affirma qu’il avait fait exprès d’avoir provoqué son renvoi des chemins de fer. Le Président lui rétorqua : « C'est un raisonnement absurde, car vous pouviez démissionner ! ». On le questionna sur la provenance de l’argent qu’il avait employé pour le réglemente de ses notes de restaurant et l’achat de bouteilles de vin. Il dit avoir touché le 20 janvier 128fr de son précédent travail, et fanfaronna en affirmant qu’il avait ensuite erré dans les rues sans se donner la peine de chercher un nouvel emploi. Il reconnut avoir pris les 6fr contenus dans le portemonnaie après avoir tué Madeleine. Le 29 septembre 1932, le jugement fut rendu : comme le meurtre n’avait pas pour but le vol, Thibaut évita la guillotine au profit de vingt années de travaux forcés au bagne de Saint-Laurent-du-Maroni en Guyane.

     

    Après le meurtre :

    La famille Tahier et maître labour n’attendirent pas le jugement des assises pour procéder à la liquidation des biens de Madeleine. Un jugement rendu par le tribunal de Saint-Nazaire le 30 juillet 1932 ordonna la vente de ses biens, il est vrai qu’il fallait aussi régler l’hypothèque contractée par Madeleine. Le 11 octobre 1932 à 14h, fut misent en adjudication chez maître Labour, l’ensemble des biens de Madeleine. On ne trouva pas preneur pour La Vague et son mobilier que la famille ne désira pas récupérer. Personne ne voulait vivre dans une maison où un meurtre avait été perpétré. Des voisins l’affirmèrent hantée après avoir vu des ombres et des lumières derrière les volets. En fait des curieux s’amusèrent à visiter les lieux la nuit et à emporter des souvenirs. On trouva des locataires qui la fuyaient quand ils apprenaient le meurtre. Le frère de Madeleine arriva à sortir de la succession en faisant racheter sa part par ses sœurs. Occupée pendant la guerre, la maison sortie intacte des bombardements. A nouveau louée, elle finit par être acquise le 28 mai 1947 par la famille Volant qui la revendit deux ans plus tard à la famille qui la possède actuellement, et qui n’en découvrit l’histoire qu’après leur emménagement, par une indiscrétion de l’épicier de la rue Ferdinand Buisson. Amoureusement entretenue, la villa a été agrandie après 1949.

     

    Georges Thibaut décéda au bagne le 6 mars 1948[3].

     

     

     

    [1] Eléments depuis disparus durant les agrandissements réalisés dans les années 1950.

    [2] Cf. L'Ouest-Éclair du 31 janvier 1932.

    [3] La condamnation au bagne fut abolie en 1938, mais les condamnés qui s’y trouvaient furent obligés d’y continuer leur peine. Le dernier bagnard fut libéré en 1953.

  • Tahier et Tahier de Kervaret

    Tahier, voici un nom qui était pour les Nazairiens synonyme d’ancienne bourgeoisie et d’honorabilité. Celle-ci s’étant éteinte en même temps que la ville fut détruite et sa population majoritairement dispersée, elle n’est plus qu’un vague souvenir que parfois ravive la lecture de la liste des anciens maires, où la mention d’un conseiller d’Etat.

    Pourtant, être Tahier s’était être de bon lignage à Saint-Nazaire, être revêtu d’honorabilité, et les membres de cette famille affichaient une certaine fierté, si ce n’est une certaine forme d’arrogance ; les enfants des filles Tahier faisaient en sorte d’associer le patronyme à celui de leur père.

     

    Les origines :

     

    Les Tahier sont originaires de Ploubalay, aujourd’hui une commune de Beaussais-sur-Mer, une paroisse dépendante du diocèse de Saint-Malo, entre Dinard et Dinan. Elle est connue dans les registres paroissiaux depuis Jehan Tahier marié vers 1580 avec Charlotte Agan, née le 15 décembre 1546 à Ploubalay. Leur petit-fils, Bertrand Tahier, marié le 25 juin 1630 avec Gilette Margot, entra en possession du fief de de La Villesgouté, (La Ville-es-Goutte), en Ploubalay. Ses suivants firent carrière dans la magistrature et le droit, et pratiquèrent le partage noble, ce qui leur permis de porter dans les actes le titre d’écuyer, mais aucun ne fit confirmer cette noblesse acquise par comportement noble que permettait la Coutume de Bretagne. On ne lui connait pas non plus d’écu d’armes, élément pourtant indispensable à la noblesse, car « il n’est nulle noblesse sans armoiries ». L’un de ses petits-fils, Julien-Maurice Tahier, né à Ploubalay le 14 janvier 1717, hérita du fief de Villesgouté, et fut contrôleur aux Devoirs à La Roche-Bernard. Il épousa à Guérande, le 2 août 1746, Aimable-Jeanne-Jérômine de Kervéno, (Donges 22 septembre 1719 – Guérande 13 février 1786), dame de Kervaret en Guérande, qui était issue d’une famille de très ancienne noblesse qui portait : d'azur, à dix étoiles d'argent, 4, 3, 2 et 1. Le couple eut au moins douze enfants, dont seuls deux fils atteignirent l’âge adulte.

     

    Généalogie en Presqu’Ile guérandaise :

     

    I° Julien-Maurice Tahier, sieur de La Villesgouté, né en 1717 à Ploubalay, décédé en avant la naissance de son second fils, écuyer, contrôleur aux douanes, capitaine des canonniers, contrôleur aux devoirs à La Roche-Bernard ; marié à Guérande le 2 août 1746 à Aimable-Jeanne-Jérômine de Kerveno (Donges 22 septembre 1719 – Guérande 13 février 1786), d'où 12 enfants, dont :

    1° Jacques-René-Claude, qui suit ;

    2° Julien Maurice qui suit branche Tahier de Kervaret.

     

    II° Jacques-René-Claude Tahier, (Guingamp 19 septembre 1748 – Guérande 13 juillet 1816), désigné dans les actes comme rentier et propriétaire, marié civilement à Guérande le 16 septembre 1798, (30 fructidor an VII), avec sa domestique avec qui il vivait maritalement depuis plusieurs années, Françoise Viaud, (Saint-Molf 1er décembre 1764 – Guérande 6 février 1806). Ce mariage civil avec reconnaissance d’une enfant, dérangea longtemps la famille, certes la Révolution avait changé la société, et un « ci-devant [1]» pouvait épouser une femme de condition très inférieure à la sienne, mais le fait que ce mariage civil fut contracté si tard, fit raconter par les Tahier, que le couple avait en réalité contracté un mariage religieux avant le mariage civil, devant un prêtre réfractaire, donc illégale en période révolutionnaire, dont on n’a jamais pu apporter la preuve ; la seule union connue du ce couple est de fait le mariage civile. Il y aurait eu cinq enfants né de ce couple, mais on n’en connait au moins deux :

    A° Françoise née à Guérande le 9 janvier 1796, reconnue par son père lors du mariage civil de ses parents ;

    B° Jacques-François qui suit.

    tahier

    Jacques-François Tahier © Fonds et collections de la famille Fraisse.

     

    III° Jacques-François Tahier, (Guérande 8 novembre 1799 – Saint-Nazaire 24 mars 1875), capitaine au long cours, syndic des gens de mer à Saint-Nazaire, maitre de port, chevalier de la Légion d'Honneur, médaillé de Sainte-Hélène, époux d'Eléonore-Aglaë Blanchard, sœur fille de l’officier de Santé du port, et sœur d’un éphémère maire en 1830[2]. D’où :

    1° Aglaë, (1836-1919), le docteur Hippolyte Durant, (Nantes 9 juillet 1827 – Saint-Nazaire 1892), diplômé docteur en médecine à Paris le 9 octobre 1860, médecin de la Santé, il se spécialisa dans la lutte contre le choléras, et obtint la médaille du Choléras en Meuse en 1854 ; en 1861, il fit le premier diagnostic de l''épidémie de fièvre jaune qui frappa Saint-Nazaire, un patient agité par la fièvre le frappa à l’œil par accident, il dut subir une énucléation, l'Empereur lui décerna une médaille d'honneur le 15 janvier 1862 ; il fut commissaire municipal à la mairie en 1870 et resta conseiller jusqu'en 1888 ; la Croix Rouge lui décerna sa Croix de bronze en 1871 en récompense de son dévouement ; il assura durant la seconde épidémie de fièvre jaune de 1881, le service durant 21 jours au lazaret de Mindin -  une rue porte aujourd'hui son nom, d’où  postérité sous le nom de Durant-Tahier, (voir http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2012/07/31/notes-sur-la-famille-durand.html ) ;

    2° François-Alexandre, né à Saint-Nazaire le 12 février 1838, capitaine au long-court, marié le 22 juin 1869 à Saint-Nazaire avec Marie Henriette Henry, fille de Jean-Louis Henry, pilote, (1817-1875), et de Jeanne Marie Audrain, (1817-1867), ; d’où :

    A° Blanche-Marie, (Saint-Nazaire 8 avril 1870 – 1962, inhumée au cimetière de La Briandais), épouse Giraud ;

    3° Louise-Aimée, né à Saint-Nazaire le 30 mai 1839 ;

    4° Henri, qui suit.

    IV° Henri Tahier, (Saint-Nazaire le 5 octobre 1845 – Saint-Nazaire 19 février 1924), d’abord clerc de notaire, il tomba amoureux de sa belle-soeur Angèle-Désirée Henry, (Saint-Nazaire le 6 mars 1850 – Saint-Nazaire 9 juin 1916). Il désira l’épouser, mais elle était mineure ; ils consommèrent leur amour et Désirée se trouva enceinte. Chassée par son père, elle trouva refuge chez la veuve Couronnée, rue de Nantes, où elle accoucha d’une fillette le 9 janvier 1871. Le couple se maria finalement trois mois après que la jeune mère accéda à l’âge adulte, le 26 juin 1871, soit le temps de publication des bans. Cette histoire obligea Henri à quitter l’étude qui l’employait. Heureusement son frère le fit entrer comme caissier à la Compagnie Générale Transatlantique. D’où :

    1° Angèle-Henriette Henry, puis Tahier, légitimée au mariage de ses parents, (Saint-Nazaire 9 janvier 1871 – Saint-Nazaire 6 avril 1877) ;

    2° Henri Tahier, dit de Kervaret, (Saint-Nazaire 26 octobre 1873 – Paris ?), ingénieur, marié le 14 avril 1926 à Paris, avec Jeanne Herviau, dont on ne sait pas grand-chose, mais qui semble avoir eu un style de vie dispendieux et qui s’endetta beaucoup, au point de connaitre une faillite en octobre 1924 ;

    3° Gabrielle-Marie-Alexandrine Tahier, (Saint-Nazaire, 2 septembre 1875 – Château-Thiébeau 2 février 1949), mariée le 25 septembre 1906 à Saint-Nazaire avec Eugène-Joseph-Antoine-Marie Nozières, (Chantenay-sur-Loire (commune de Nantes) en 1879 ou 1880, décédé avant le 28 mai 1947), négociant, puis industriel, demeurants à Paris 45 rue des Ternes ;

    4° Hélène Tahier, - Clichy La Garenne 26 janvier 1962), mariée le 15 janvier 1906 à Saint-Nazaire, avec Théodore-Auguste-Joseph Artaud, (°Vertou 8 avril 1879 - décédé avant le 28 mai 1947)), dessinateur, puis dessinateur-géomètre, demeurants à Villemomble 25 avenue des Roses ;

    5° Madeleine, (Saint-Nazaire le 19 septembre 1881 – Saint-Nazaire 26 janvier 1932) assassinée par son locataire en sa villa La Vague à Villès-Martin ;

    6° Andrée-Emilie Tahier, née à Saint-Nazaire le 30 mai 1886, employée de commerce, demeurant à Paris, 25 rue Henri-Monnier.

     

     

    Branche Tahier de Kervaret :

     

    II° Julien-Maurice Tahier de Kervaret, sieur de Kervaret, (La Roche-Bernard le 20 septembre 1749 – Saint-Nazaire 6 décembre 1832) ; fut nommé lieutenant de Frégate en 1778, puis de de Vaisseau 1786, et à nouveau en 1792, et le 18 Floréal an II ; parti à Philadelphie conduire un ambassadeur et toute sa suite, en l'an V (1796) comme commandant de la corvette Mercury, il fut à son retour nommé capitaine de la station navale de Mindin ; nommé capitaine de Frégate en 1814,il fut mis en retraite le 1er novembre 1817. Il avait été nommé maire de Saint- Nazaire le 13 septembre 1815, et resta en place jusqu'en 1823, date à laquelle il démissionna en raison de son âge et de ses infirmités ; chevalier de Saint-Louis 1821 ; propriétaire du domaine du Parc à l'Eau (situé à l'emplacement des anciens frigos, une rue située plus loin porte le nom de ce domaine en souvenir) ; marié à Saint-Nazaire le 18 juillet 1799 à Françoise Thomas, d'où :

    1° Aimable-Geneviève, (1801 - Nantes 11 novembre 1860), religieuse dans l'Ordre de Saint-Louis de Gonzague en la communauté de La Providence à Nantes, inhumée au cimetière de La Briandais où sa tombe existe encore à droit dans l'allée principale ;

    2° Claire-Eulalie, (1802-1866) ;

    3° Aimée-Gertrude, née à Saint-Nazaire le 23 octobre 1806, hérita du domaine du Parc à l'Eau,  mariée sous le nom de Tahier du Kreset à Saint-Nazaire le 10 mai 1830 avec Pierre-François-René de Brégeot, né à Herbigniac le 14 juin 1801, licencié en droit, juge auditeur à vannes le 10 mars 1825, substitut à Savenay en 1829, juge de paix à Guérande en 1849, conseiller général de la Loire-Inférieure de 1850 à 1853, juge de paix à Briec en 1867, d'où postérité, (voyez : http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2012/07/26/notes-sur-la-famille-de-bregeot.html ).

     

     

    [1] Expression qui désignait durant la période révolutionnaire les gens ayant bénéficier de privilèges nobiliaires ou de charge.

    [2] Claude Alexandre Blanchard, officier de Santé, officier de santé, membre de loge maçonnique nantaise Mars et les Arts, maire de Saint Nazaire du 29 juillet 1830 au 21 décembre 1830.