A la fin du 19ème siècle, les habitants et résidents de La Ville-ès-Martin, firent édifier une croix à la croisée des chemins à laquelle on arrivait en venant de la ville. A l’époque, La Ville-ès-Martin n’était accessible que parce qui est actuellement la rue Marcel Sembat. Cette croix était en fonte, placée sur un piédestal en maçonnerie.
Un soir de 1926, des ivrognes voulurent escalader le monument et brisèrent la croix. Les habitants s’en émurent, voulurent la remplacer, mais n'arrivèrent pas à se mettre d'accord. La veuve du docteur Sallebert[1], née Amélie-Jeanne-Marie Daguzan, (Nantes 23 août 1868 -1964 Nantes)[2] ; et messieurs Laurent, droguiste ; Félix-Pierre-Émile Keruel, (Le Havre11 janvier 1882 - 7 janvier 1975 Nantes ; inhumé au cimetière de La Briandais), président de la Chambre de Commerce de Saint-Nazaire ; et Henri-Joseph-Alfred Gustin-Stoll, (Saint-Nazaire le 6 octobre 1860 - 11 février 1935 Nantes ; enterré au cimetière de La Briandais), négocient, consul de Belgique à Saint-Nazaire, cousin de madame Sallebert, sollicitèrent le chanoine Donatien Joalland, curé principal de Saint-Nazaire, afin qu’ils les aida à remplacer cette croix et a mettre tout le monde d'accord. Le chanoine se souvint qu’il avait dans le grenier de la salle de catéchisme une croix en fer forgé, qui sommait autrefois le clocher de de l’ancienne église paroissiale, démolie en 1896[3]. En effet, à la destruction de cet édifice, tous les objets de fer qui en furent tirés furent achetés par monsieur Verdier, commerçant en ferraille, rue du Prieuré. La croix du clocher se trouva comprise dans le lot. Il conduisit le tout dans son magasin. Une vingtaine d’années plus tard, il vendit ces ferrailles et y trouva la croix. Ne voulant pas la livrée à la destruction, il vint trouver le curé de la nouvelle église, le chanoine Donatien Joalland, pour me demander s’il lui serait agréable de la reprendre. Verdier avait fait sa première communion en l'ancienne église à l’ombre de cette croix, et il lui répugnait de la vendre comme un objet profane. Le Chanoine accepta son offre et Verdier s’empressa de me la faire apporter. Mais le pied de la croix était tordu et déformé, les bras n’étaient plus droits, deux volutes qui en ornaient les angles étaient détachées. Le Chanoine fit réparer le tout par monsieur Fonteneau père, serrurier près de la nouvelle-église. Il accepta ce travail avec grande joie, il ne voulut pas être rétribué. Le Chanoine manquant de place au presbytère, Fonteneau consentit à la garder au moins trois ou quatre ans dans son atelier. Mais après sa mort, ses enfants envoyèrent la croix au Chanoine, qui la fit monter dans le grenier de la salle de catéchisme, tout en projetant de la faire érigée un jour devant le presbytère. Cette croix fut commandée au serrurier du Pouliguen, Jean Lamarre, qui fut payé 45 livres, après que le dimanche 16 janvier 1739 durant la messe, au moment de l’élévation, la foudre était tombée sur le clocher et avait fait fondre sa précédente[4]. Cette croix était dite du Bon Accueil, en référence à la main girouette en cuivre doré du même nom, qui était placée sous elle. Il est supposé que la la main girouette, dite du Bon accueil, fut elle aussi récupérée dans les mêmes conditions.
On transforma le piédestal situé à la croisée des actuelles rue des Pinçons et Marcel Sembat, et on y planta cette croix du 18ème siècle, où elle se trouve toujours. Le nouveau monument fut béni le 27 août 1928 par la chanoine Joalland, accompagné des abbés Pied et Raison, en présence d’une importante foule. l'ensemble de ses faits est relaté dans un article du Courrier de Saint-Nazaire du 1er septembre 1928.
[1] Veuve de Louis Sallebert, chevalier de la Légion d'Honneur, (Saint-Nazaire 12 mai 1862 - 19 décembre 1899 Nantes), ancien médecin principal des Colonies.
[2] Elle était la fille du chef comptable de la Compagnie Transatlantique à Saint-Nazaire.
[3] http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2019/02/05/la-vieille-eglise-6126779.html
[4] L’orage arracha la majeure partie de ardoises de l’église, et y eu plusieurs blessés qui décédèrent des brûlures.