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  • Jehan d'Ust, sauveur de Saint-Nazaire

    Octobre 1379, les Castillans attaquent Saint-Nazaire

     

    En 1379 (1), peu après le siège de Guérande par Olivier Clisson (2) que la garnison guérandaise mit en fuite et poursuivit jusque dans ses terres de Blain, la flotte castillane tenta une entrée dans l'estuaire de la Loire et attaqua Saint-Nazaire. L'histoire nous est rapportée par maître Guillaume de Saint-André (3), ambassadeur et secrétaire du duc Jean IV dans un long texte rimé (4). La flotte castillane croisait au large de la presqu'île, elle devait initialement porter aide au connétable de Clisson qui voulait se rendre maître de Guérande, mais le siège de Guérande fut très vite levé. Ayant abordé au Croisic, la flotte espérait toucher terre en prenant la ville de Saint-Nazaire, et contrôler l'entrée de la Loire. Or à cette époque Saint-Nazaire était une cité fortifiée, dotée d'une puissante artillerie, et siège d'une importante garnison commandée par le capitaine des garde-côtes de la paroisse, Jehan d'Ust. Le capitaine et ses hommes défendirent la cité dominée par un castel au sommet duquel flottait la bannière ducale. Devant la résistance de la garnison et des habitants, l'amiral envoya un écuyer auprès de Jehan d'Ust afin de négocier, et lui proposa d'envoyer un représentant auprès de l'amiral. Le capitaine envoya son lieutenant Jehan de Heinlex (5) négocier auprès de l'amiral. L'écuyer castillan avait charge d'observer la place, Jehan d'Ust le savait, mais comme il ne craignait rien, il renvoya très courtoisement l'otage au retour de Heinlex, qui n'avait rien conclu de son côté. L'écuyer castillan retourna faire son rapport, qui fit perdre l'envie à l'Amiral d'attaquer Saint-Nazaire, en effet les Castillans étaient affamés, et se trouvaient face aux Bretons retrancher dans leur ville pleine de vives. L'amiral castillan envoya deux galères (6) remonter la Loire jusqu'à Nantes, devant laquelle elles pavoisèrent avant de redescendre dans l'estuaire. Il chercha à poser pied à la pointe de Chemoulin où ils furent repoussés par Guillaume du Chastel et ses archers, il tenta un autre débarquement dans la presqu'île de Rhuys, mais Jehan de Malestroit et ses lanciers le mirent en fuite (7).

     

    Jehan d'Ust était le fils du chevalier Olivier d'Ust, seigneur de la châtellenie d'Ust, une seigneurie dépendant en partie de la paroisse de Saint-Nazaire, et pour l'essentiel de la paroisse de Saint-André-des-Eaux. En 1369 il suivit Bertrand du Guesclin en Castille, et prit part à la bataille de Montiel. Il fut nommé capitaine des gardes-côtes de Saint-Nazaire en 1371. En 1372, il se mit à la tête des paysans de Cornouailles, pour courir sus aux Anglais, que le duc avait mis en garnison dans la plupart des places du duché. Retourné à Saint-Nazaire, il défendit la ville en 1379. Seigneur de la châtellenie d'Ust, rendit aveu au duc pour celle-ci en 1380. Le duc Jean IV en fit son chambellan. Il décéda en 1421, laissant un fils prénommé comme lui. 

    Les armes de la famille d'Ust sont : D'argent frété de sable. Cimier : Une tête de chien colletée. Lambrequins d'argent et de sable.

     

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    Sceau de Jehan d'Ust en 1392, d'après Don Morice (l'azurage y est faux, car figuré de gueules)

     

     

    Le 9 mai 1881, durant les festivités de l’inauguration du bassin de Penhoët, une grande reconstitution historique de l’attaque castillane (improprement renommée espagnole) fut donnée en présence du président Sadi-Carnot (8).

     

    L'avenue de la République porta jusqu'en 1953 le nom de ce capitaine (9) qu'on avait voulu honorer au 19e siècle, et l'on vous indiquera aussi un quartier, limitrophe de la commune de Saint-André-des-Eaux, du nom d'Ust, où se trouvait son domaine (voyez notre article sur la seigneurie d'Ust). Il existe aussi une rue Clos d'Ust, c'est le nom d'un fief enclavé en Saint-Nazaire, qui dépendait de la seigneurie de Saint-André-des-Eaux, et qui en fut séparé lors de la vente de la seigneurie de Saint-André par Gabriel de Goulaine à René de Kerpoisson en 1634.

     

    «  Jehan d'Ust » fut aussi le pseudonyme de  l'avocat nazairien François-Marie-Edmond Clavier,  quand il signait durant l'année 1891, les articles de tête du journal royaliste locale « Le Courrier de Saint-Nazaire », dont il était le rédacteur en chef.

     

     

     

    (1) Henri Moret dans son Histoire de la ville de Saint-Nazaire date l'événement de juin 1380, mais il se trompe, c'est bien en l'an 1379, quelques jours après la levée du siège de Guérande.

    (2) Olivier V de Clisson, (1336-1407), comte de Porhoët, baron de Pontchâteau, d'abord ennemi des Valois ayant fait exécuter son père, il se retourne contre son suzerain le duc Jean IV, alors allié aux Anglais, pour se mettre au service des rois de France Charles V puis Charles VI, qui le fit connétable de France, avant de se réconcilier avec Jean IV et devenir tuteur du fils et successeur de celui-ci, Jean V. Sa cruauté au combat lui vaut d'être surnommé « le Boucher ». 

    (3) Dom Lobineau, Histoire de Bretagne, 1708, p. 747 à 749. Il nomme les Castillans " Espagnols " ce qui est une erreur historique, l'Espagne n'est fondée qu'en 1479.

    (4) Voyez les preuves de l'Histoire de Bretagne de Don Lobineau (734-740) ; et le supplément à la Chronique de Du Gueselin, par Cuvelier, aux Documents inédits sur l'Histoire de France (II, 324-345) ; Les deux textes ne diffèrent que par l'orthographe.

    (5) (Le texte le nomme Jehan de Henlée) Jehan de Heinlex, lieutenant de Jehan d'Ust, était le plus jeune fils de Bonabes de Rochefort, seigneur de Heinlex, époux de Marie d'Ancenis, dont nous avons parlé dans l'article sur la seigneurie de Heinlex. Jehan de Heinlex reçut une part de la seigneurie de Heinlex pour héritage, cette partie de la seigneurie pris par la suite le nom de Heinlex-Pommeraye. Il fit montre de noblesse le 28 août 1421 parmi les quarante-six écuyers de l'hôtel et compagnie de monseigneur Richard de Bretagne, chevalier banneret. 

    (6) C'est le seul nombre qui nous est rapporté sur les navires de la flotte espagnole, le chiffre de 19 galères rapporté par Moret est totalement arbitraire, Moret confond l'attaque de Saint-Nazaire avec le séjour à La Rochelle en 1480 de la flotte espagnole financée par Charles V. 

    (7) Les chiffres donnés par Saint-André pour dénombrer les soldats ne sont pas ici reproduit, car, si nul ne doute de la vaillance et du courage des Bretons, les proportions entre les combattants semblent exagérées, tant pour les historiens bretons et français, que pour les historiens espagnols.

    (8) Lisez le descriptif par Louis de Kerjean, dans la « Revue de Bretagne et de Vendée » de 1881.

     (9) et malgré les protestations des habitants et de certains élus municipaux, dont ceux du PCF...