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  • Narcisse Pelletier à Saint-Nazaire

    Si vous allez vous promener à Saint-Gilles-Croix-de-Vie vous rencontrerez une borne dans un square de la cité historique de Saint-Gilles-de-Vie, qui vous relatera la vie d’une enfant du pays connu sous le surnom de « Sauvage Blanc », et qui mentionne que celui est décédé à Saint-Nazaire.

     

    Qui est donc ce Narcisse Pelletier que l’on célèbre à Saint-Gilles, mais qui est un inconnu de la municipalité de Saint-Nazaire où portant il finit sa vie ?

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    Narcisse Pelletier photographié à Sydney en 1875, collection de la Royal Historical Society of Queensland

     

    La vie de Narcisse Pelletier, ou du moins un épisode de dix-sept années de sa vie, a été passablement relatée dans des ouvrages plus ou moins sérieux et correctement documentés. Nous nous bornerons sur ce blog d’en faire un résumé et de donner les éléments qui nous sont connus de ses dernières années à Saint-Nazaire.

     

    Alphonse-Narcisse-Pierre Pelletier est né le 1er janvier 1844, à 4 heures, à Saint-Gilles-sur-Vie, (devenue en 1967 commune de Saint-Gilles-Croix-de-Vie), premier enfant de Martin-Hélier Pelletier, bottier, originaire des Sables d’Olonne, d’une famille d’artisans amidonniers et serruriers, (et non de notables de robe comme il a été écrit ailleurs), et d’Alphonsine-Hyppolite Babin, couturière, issue d’une famille de marins de Saint-Gilles. Le couple eut ensuite d’autres enfants, dont trois fils qui atteignirent l’âge adulte : Helie Jean Felix, né en 1845 ; Alphonse Henri Victorien, né en 1854 ; et Benjamin Hippolyte Jean, né en 1859.

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    Acte de naissance de Narcisse Pelletier. Cliquer pour agrandir.

     

    À l’âge de 12 ans, sa scolarité étant terminée, il fut obligé de gagner sa vie, et débuta comme mousse à bord du sloop l’Eugénie, sur lequel il embarqua aux Sables d'Olonne le 12 mai 1856 pour un premier voyage de cinq mois, alors que, comme nombre de marins d’alors, il ne savait pas nager ! Débarqué à Luçon, il gagna Bordeaux où il fut embarqué, le 29 octobre 1856 à bord de La Reine de Mers, un navire en partance pour Trieste. A son bord il fut violenté et blessé au couteau par le second du navire, (on suppose une tentative de viol), ce qui le fit quitter le bord à Marseille le 29 juillet 1857. Il y embarqua le 9 août 1857 sur le Saint-Paul, navire venant de Bordeaux, commandé par le capitaine Emmanuel Pinard, à destination de Bombay. Pinard tenait du pirate et marchand négrier. De Bombay le navire gagna Hong Kong pour le compte d’une compagnie minière anglaise qui désirait transporter en Australie des ouvriers chinois. Durant l’embarquement de ses hommes nommés péjorativement dans la langue de Shakespeare « coolies », l’équipage n’eut pas l’autorisation de descendre à terre. Les Chinois, au nombre de 317, furent entassés comme des bêtes en fond de cale et rationnés au strict minimum par Pinard qui n’avait pas prévu de vivres en suffisance pour tout le monde. L’ambiance à bord en devint rapidement délétère, le manque de nourriture et d’eau entraîna des ravitaillements en saut de puce entre des côtes habitées de populations qui n’avaient pas grand-chose à vendre.  Le ,  jour de brouillard, au large de l’île Rossel, à l'est de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, Pinard confondit une montagne avec un grain avançant au loin. Le Saint-Paul heurta un récif et coula rapidement. On jeta dans les chaloupes quelques vivres déjà gâtés par l’eau de mer s’engouffrant dans la cale, et l’on gagna un îlot qui affleurait. De la côte de l’ile voisine, des indigènes se signalèrent, causant une panique plus grande chez les naufragés qui redoutaient leur réputation de cannibales. Il faut ici préciser que les peuples endémiques de cette partie du Pacifique pratiquaient l’anthropophagie rituelle à grande échelle. Cette anthropophagie, dont on signalait encore quelques cas malgré l’occidentalisation, s’accomplit exclusivement sur les sujets masculins par des sujets masculins, et consiste à dévorer les cadavres des guerriers tués afin de s’emparer de leur force, où sur des hommes suspectés d’être habités par l’esprit d’un démon, nommé « khakhua », responsable des accidents mortels que peuvent subir les gens de la tribu. Les femmes sont en effet exclues de la possession, et n’ont droit au régime anthropophage que dans le cas de consommation rituelle du cadavre d’un homme important de la tribu, acte rare, mais ayant la particularité de transmettre le kuru, forme humaine de la maladie de Creutzfeldt-Jakob. Cependant, les indigènes se montrèrent au départ amicaux, apportant un peu de nourritures aux naufragés, mais pour une raison inconnue, il y eut un affrontement au cours duquel il y eut deux morts parmi les Français, et durant lequel Narcisse fut blessé à la tête par un jet de pierre. Les marins français employèrent les armes et le peu de poudre qu’ils avaient pu sauver. Le capitaine Pinard décida de partir avec son équipage à bord de la chaloupe en direction des voies de navigation ou d’une côte plus accueillante. L’embarquement se fit de nuit, sans prévenir, et c’est parce qu’il fut réveillé par le bruit des autres marins se levant que Narcisse et un mousse plus jeune qu’il réveilla à son tour, purent fuir l’îlot. Pinard raconta par la suite au Ministère de la Marine   qui lui demanda des comptes, avoir convenus avec les Chinois son départ avec ses hommes pour chercher des secours, et leur avoir laissé des vivres. En réalité il ne leur laissa rien, car il n’y avait presque plus rien à manger et surtout à boire. Les Chinois furent contraints de se nourrir de coquillages et de récolter l’eau de pluie. Deux d’entre eux décédèrent de faim, et furent inhumés sous des coquilles. Au bout de quelques jours, les indigènes les forcèrent à se rendre sur l’île Rossel. Trois mois plus tard six d’entre eux réussirent à fuir et à se faire sauver par un navire écossais qui les vit se signaler sur la plage. Deux jours après ce sauvetage, Pinard arriva avec un navire pour récupérer ceux qui étaient pour lui une simple cargaison dont il aurait le payement pour le transport qu’une fois en Australie. Un seul d’entre eux était encore vivant et pu être sauvé à son tour.

    Mais quand Pinard revient avec ses hommes sur le lieu du naufrage du Saint-Paul, Narcisse Pelletier n’était pas avec eux. Ils l’avaient abandonné depuis longtemps sur une plage Australienne. En effet, voici ce qui s’était passé après la fuite de l’équipage à bord de la chaloupe :

    Les marins français firent un voyage de douze jours à la rame, en buvant leur urine faute d’eau potable, et en se partageant quelques boites de conserve. Arrivés au large de l'Australie, ils débarquèrent au Cap Direction et cherchèrent séparés en deux groupes, de l’eau potable. Ils furent confrontés à une tribu qui les attaqua à l’aide de flèches, blessant au passage Narcisse. Après quatre jours d’errance, ils se divisèrent en deux groupes dont l’un fut chargé d’exploration, il se perdit et ne fut retrouvé par l’autre que deux jours après. Deux hommes périrent alors d’épuisement.

    Ils finirent par trouver un creux que remplissait une maigre source. Rués sur ce point minuscule, les marins ne laissèrent pas Narcisse s’en approcher, et quand ils le laissèrent enfin, la mare de quelques centimètres de profondeur pour une circonférence de trois mettre était à sec. Ils argumentèrent, en désignant un fin filet d’eau qui suintait, que Narcisse n’avait qu’à rester pour remplir son quart, qu’il pouvait rester se reposer là, et qu’ils reviendraient d’ici quelques heures le retrouver après avoir exploré plus avant la côte à la recherche de fruits. Narcisse resta là, bu ce qu’il put au bout de quelques heures, et s’endormit. Les marins ne revinrent jamais. Il finit par pouvoir se désaltérer, et trouva des fruits dont il fit provision avant de partir vers la plage où la chaloupe avait accosté. Il ne trouva personne, ils étaient partis. Pinard prétendit qu’ils avaient cherché Narcisse, mais qu’ils n’avaient pas pu réaccoster sur la plage du fait d’un faible tirant d’eau à marée basse, et ne l’avaient pas vu.

    Notre Gillocrucien erra sur la côte en suivant des empreintes de pied laissées sur le sable. Épuisé et affamé, il ne dut son salut qu’à des aborigènes de la tribu des Uutaalnganus qui le découvrirent. L’un des hommes influant du clan (il n’y a pas de chef de tribu chez les aborigènes), prénommé Maadman, se comporta avec lui comme un père durant les dix-sept ans qui suivirent, lui enseignant langue, culture et usages. Narcisse, reprénommé « Amglo », se plia aux usages et rituels, participa à douze guerre tribales, et fut initié, à l’âge adulte, aux misères de la Foi aborigène, subissant scarifications rituelles sur la poitrine et l’épaule gauche, au perçage de la cloison à la base du nez pour y introduire un morceau d’un Ztigau, (fin cylindre d’os), et des lobes pour y passer des cylindres de bois. Marié, il eut trois enfants dont on ignore le destin (deux sont mentionnés comme présents durant sa capture par les Britanniques, Narcisse avoua le nombre de trois à un ami).

    Le 11 avril 1875, le navire anglais John Bell mouilla à proximité de la plage où la tribu séjournait. Une chaloupe fut mise à l’eau, avec à son bord uniquement des marins à la peau noire, car les Anglais pensaient que les aborigènes se montreraient amicaux avec des hommes à la couleur de peau proche de la leur. Les marins noirs prirent contact avec la tribu, et rapportèrent à leur capitaine avoir vu un homme blanc parmi eux couvert de cicatrices, aussi nu que les sauvages parmi lesquels il était. Il fut donné ordre d’aller le chercher, le capitaine du John Bell pensait que c’était un bagnard évadé. Narcisse fut enlevé par les marins noirs qu'il pensa être anthropophages. Ayant reçu des vêtements à bord de la chaloupe, puis monté à bord du John Bell, il se sentit rassuré à la vue d’Européens, mais il chercha à s'échapper plusieurs fois, et fut finalement entravé. Les Anglais finirent par déduire qu’il était français. Le bateau alla d'abord au port de Somerset (Queensland), à une vingtaine de kilomètres, puis à Sydney où se trouvait le consulat de France. Le consul, Gabriel-Eugène Simon, qui l’identifia grâce aux lettres qu’il avait reçues de la famille Pelletier, depuis dix-sept ans. Retrouvant ses rudiments de langue française et d’écriture, Narcisse rédigea laborieusement une lettre à destination de ses parents. C’est en réalité par la traduction d’un article du Times publié dans la presse française, que ses parents furent informés que leur fils était toujours vivant.

     

    Narcisse quitta le port de Sydney pour regagner la France. À l’escale de Nouméa le 7 août 1875, il y rencontra un soldat natif de Saint-Gilles comme lui qui lui donna des nouvelles de sa famille. Durant son voyage de retour, Narcisse commença à se présenter comme une victime des aborigènes, attendu qu’il n’était pas possible d’avouer, à une époque où les Occidentaux se croyaient supérieurs racialement, qu’il avait fait le choix de vivre comme un « sauvage ». Il appuya sa position de victime sur une blessure rituelle à la jambe qu’on lui avait faite.

     

     

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    Article illustré paru dans The Graphic le 31 mars 1875

     

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    Article stupide typique de l'époque paru dans le journal Scapin du 1er août 1875

     

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    Vision fantaisiste de la capture de Narcisse parue dans le Journal Illustré du 8 août 1875

     

    Le 2 janvier 1876, Narcisse y fut accueilli en héros à Saint-Gilles. Le souvenir de cette entrée triomphante est resté un souvenir encore vif dans la mémoire des familles gillocruciennes.

    On l’expédia un temps à Paris, où il fut l’objet d’observations de plusieurs professeurs et médecins réputés, dont Georges Félizet, (1844-1909), chirurgien à l’hôpital Beaujon, qui fit le détail de ses scarifications, et le docteur Arthur Chervin, (1850-1921), spécialiste du langage, (il fut deux ans plus tard nommé directeur de l'Institut des bègues à Paris). Arthur Chervin laissa à propos de Narcisse le témoignage suivant : « Je dois dire que cet individu m’a laissé une assez triste impression : il était très défiant, sournois et probablement menteur ; peu intelligent d’ailleurs, mais parlant le français parfaitement bien.[1] » Cette description est en contradiction avec les observations du docteur Augustin Ricard, médecin à bord du navire qui le ramena en France. Il le présente comme un homme intelligent et charismatique. Le fait est que Narcisse ne pouvait pas tout dire concernant sa vie chez les aborigènes, ce qui contraria profondément Chervin, qui soupçonnait qu’il s’était intégré parfaitement au groupe aborigène et n’avait pas été victime.

    Le docteur Constant Merland lui proposa de rédiger ses mémoires afin d’avoir de l'argent et de rétablir des vérités concernant son histoire et le naufrage du Saint-Paul. Il en résulte un témoignage, très complet, sur la tribu aborigène parmi laquelle il vivait, tant sur les mœurs, la langue, les arts, mais plus que vague quant à sa vie et à sa personnalité. Présenté le 1er mars 1876 devant la Société Académique de Nantes, et paru en août 1876, objet de plusieurs articles dans la presse, l'ouvrage trouva cependant peu d'acheteur. Il est consultable via le lien suivant : https://books.google.fr/books?id=XYNEsmZtS6kC&printsec=frontcover&dq=Constant+Merland&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiP-O_qo93kAhVM8uAKHWykBhMQ6AEINDAC#v=onepage&q&f=false

    Pour illustrer celui-ci, Narcisse fut photographié par Constant Peigné dans une mise en scène de sauvage ébouriffé.

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    Narcisse Pelletier, photographie de Constant Peigné, photographe nantais ayant depuis 1875 une succursale à Saint-Nazaire.

     

     

     

     

    Le dossier concernant le naufrage resta quant à lui ouvert… Le Ministère de la Marine accorda à Narcisse la fonction de gardien du phare d’Aiguillon en Saint-Nazaire.

    A son arrivée à Saint-Nazaire à la fin du mois d'août 1876, toute la ville le reconnut, car Constant Peigné, avait exposé, à des fins publicitaire, l'ouvrage du Docteur Merland et les photographies qu'il avait réalisées de Narcisse torse nu et en vêtements européens, dans la vitrine de son atelier rue de Nantes, à l'angle de la rue du Prieuré, l'artère principale et commerciale de la commune.

    Comme maitre de phare, Narcisse gagnait 520 fr l'an plus le logement, alors qu'un ouvrier gagnait alors sans le logement 1.800 fr. A l’époque il n’y avait pas de constructions autour du phare, les chalets construit, dans le vallon qui descend à la plage de Port Charlotte n’avait pas encore été édifiés par le marchand de vin Jean-Baptiste Lechat, pour ses enfants, (dont le maire de Saint-Nazaire Auguste-Baptiste Lechat-Boilève). L’habitation la plus proche était la maison du pilotage de la pointe de L'Eve remplacée ensuite par un fort. Autour tout n’était que pâturages bataillés par les vents, borné de quelques buissons bas. Aiguillon était qualifié de « phare de purgatoire », celui des Charpentiers en pleine mer « d’enfer », celui de Kerlédé, abrité à l’intérieur des terres, « de paradis ». Le Phare, aujourd'hui très petit, était alors un d'aval, fixe, haut de 36m, avec une portée de 4 I.

     

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    Le phare d'Aiguillon tel que Narcisse Pelletier le connut, avec sa hauteur initiale de 36 m.

     

    Narcisse vécu au phare d’Aiguillon dans un grand isolement, entretenant des relations tendues avec les pilotes du poste de garde de Léve, qui avaient eu le tort de le surnommer « le Sauvage », et avaient essuyé de sa part une terrible colère ponctuée d’un cri strident appris dans le bush. La mémoire nazairienne et un le témoignage de Charles Beilvaire paru dans Le Courrier de Saint-Nazaire du 20 mai 1933 relatent que ce cri provoquait des frissons à ceux qui l’entendaient. Les relations avec les habitants du Petit-Gavy, à l'exception du notaire William Le Besque, étaient, elles aussi tendues, les habitant qui parlaient encore presque exclusivement breton étaient très méfiants, quant à ceux de Saint-Marc, au nombre d'une centaine hors saison estivale, étaient peu amicaux eux aussi. Les estivants qui triplaient la population du village à la belle saison étaient quant à eux allaient en excursion du côté du phare dans l'espoir de l'entrevoir pour satisfaire leur curiosité en se procurant le frisson d'avoir croisé un cannibale...

    Par ailleurs sa santé était alors fragile. Outre la blessure à la jambe qui constitua un abcès dont il ne guérit jamais et lui provoquait de fortes fièvres, les scarifications qu'il avait sur la poitrine et le ventre ne cicatrisèrent que grâce aux soins que lui prodigua le docteur Alcide Benoist, et dont celui-ci fit mention dans un article, (non signé mais assurément de sa main), du Gaulois en date du 13 mai 1877, mentionnant qu'il avait une particulière « au ventre [c']est cicatrisée mais forme une sorte de poche "comme pour les kangourous" ».

    En 1877 Narcisse demanda à changer de poste, il était devenu un homme taciturne ; les regards que posaient sur lui les Nazairiens en raison d'une grande perforation à l'oreille droite, dont le lobe était devenu pendant, lui étaient lourds, tout autant que les rumeurs qui courraient à son sujet. On le disait cannibale, chasseur à l’arc ou à la lance, (il semble en effet avoir chassé le lapin sans fusil) ; on menaçait les enfants d'aller le chercher s’ils n’achevaient pas leur assiette de soupe. Pourtant il parlait facilement de ce qu'il avait vécu en Australie, mais refusait de répondre quand il lui était demandé s'il avait été marié dans le clan, et entrait dans des colères terribles quand on lui demandait s'il avait mangé de la chair humaine, (cf. Le Gaulois du 13 mai 1877). Narcisse avait aussi le tort d'avoir une hygiène très soignée, à une époque où les gens ne lavaient leur corps que par parties suivant les jours. Une description physique parue le 10 juillet 1878 parue dans Le Figaro le décrit comme « un homme portant des vêtements d'ouvrier en toile bleue, coiffé d'un chapeau de marin en paille en été, très propre, d'une taille un peu au-dessus de la moyenne, les yeux petits et vifs, la physionomie agréable, et [portant] une petite moustache châtaine. » ; Narcisse boitait de la jambe gauche. La blessure qu'il avait reçue en Australie pour avoir mangé un poisson non autorisé, refermée par les médecins européens, ne se guérit jamais et fit qu'il fut régulièrement malade. Le docteur Benoit, qui le soigna régulièrement pour celle-ci, devint peu à peu son ami. Il se lia aussi avec le médecin explorateur Hyppolite Griffon du Bellay, et avec Georges-William Lebesque qui possédait le manoir de Port-Gavy, (aujourd'hui connu comme « l'école des infirmières »).

    Cependant Narcisse n’était pas seul à Saint-Nazaire, son frère Alphonse y était menuisier, et par son intermédiaire il se fit des amis qui gardèrent de lui l’image d’un homme grande timidité, gentil, séduisant, mais traînant une tristesse infinie. Un détail est resté en mémoire dans ma famille : un jour sur la plage de Porcé, après avoir été reçu par la famille Bord, propriétaire du château des Charmilles, domaine qui bordait la plage, il y narra la conception de la création du monde par les aborigènes, qu'ils nomment « Rêve », en réalisant des dessins sur le sable dans un grand cercle. Il prit soin d'effacer le dessin à la fin de son récit et brisa le cercle d’un grand geste, en disant que « le Créateur doit retour à l'origine ».

    Narcisse recevait régulièrement dans son logis du phare d’Aiguillon la visite de linguistes et d’ethnologues qui l’interrogeaient sur les aborigènes. On sait qu'Edouard Garnier retranscrit quatre chansons aborigènes qu'avait retenu narcisse. Deux de ces chansons étaient pour danser, l'une était à chanter la nuit, la dernière était une « invocation de la lune ». L'anthropologue David Thompson a transcrit l'un des mots de la chanson : " Yunthu kalinan, kalinan, Yunthu kalinan, kalinan. Para kalinan, kalinan. Para kalinan, kalinan... ", ce qui se traduit par : « Racine de nénuphar porte-nous, porte-nous. Racine de nénuphar porte-nous, porte-nous. Homme blanc porte-nous, porte-nous. Homme blanc porte-nous, porte-nous. »

     

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    Narcisse Pelletier en tenue occidentale à Sydney en 1875, collection de la Royal Historical Society of Queensland.

     

    L'isolement au Phare d'Aiguillon lui pesa tant qu'il obtint de devenir au printemps 1878 garde des signaux des marées de l'entrée du port (actuelle vieille-entrée), avec un appointement annuel de 600fr, ce qui comporte l'indemnité de 100fr pourvu par l'administration pour son logement qui ne lui est plus fourni, salaire donc inférieur de 20fr à sa situation de gardien de phare, et correspond à la moitié du salaire annuel d'un ouvrier. Logé modestement près du port, il devient une curiosité pour les officiers de marines qui cherchaient son contact. Un jour de juillet 1878, le capitaine Richard, capitaine du steamer de première classe (grande vitesse) Jean-Baptiste-Say, navire au service des raffineries sucrières Emile Etienne de Nantes, venu de Bristol et Swansea, dans le port depuis le 15 juin, l'interpella sur le port et lui présenta deux « collaborateurs » du Figaro qui devaient prendre le repas de midi à bord de son vapeur. L'un des deux collaborateurs fit de cette brève rencontre sur le quai un article intitulé « Un sauvage parmi les Français », qu'il ne signa pas, paru dans le numéro du 10 juillet 1878. L'article comporte des erreurs à propos de la situation de Narcisse à Saint-Nazaire ; si le portrait physique qui y est fait est lui véridique, il comporte des commentaires ignobles même pour l'époque, notamment sur la nature du rire de Narcisse, que le journaliste décrit comme suit : « ce qui sort tout à fait de l’ordinaire, c’est la bouche de Pelletier, lorsqu’il rit. Certes, les lèvres n’ont rien de celle d’un nègre, cependant elles se relèvent et se contractent d’un rictus, singulier, caractéristique. Le rire de Pelletier n’est plus du tout celui de l’homme civilisé, c’est bien réellement celui d’un être qui a passé la moitié de sa vie au sein des peuplades australiennes. » Narcisse aurait répondu à ceux qui l'interrogeait sur sa sexualité parmi le clan aborigène, qu'il serait reparti « aussi innocent [qu'il était] venu », s'il n'avait fait l'expérience de la chaire avec une femme en couple deux mois avant d'être découvert par l'équipage du John Bell, avec un commentaire sur le fait que « les maris aborigènes sont très jaloux » et qu'il ne se serait pas vanté de cet exploit amoureux. Et le journaliste de conclure qu'à son avis la blessure qu'il avait à la jambe serait liée à cet adultère.

    La découverte de l'article fut pour Narcisse déplaisante. Outre le descriptif déplaisant de son rire, les erreurs et déformation de propos, ce sont les inventions à propos de sa vie en Australie, et l'assertion sur l'origine de sa blessure, qui le mirent très mal. Il en parla à ses amis, se dit déçu et fâché que des gens « qu'il pensait sérieux » aient pu publier de telles choses. Un journaliste de L'Avenir de l'arrondissement de Saint-Nazaire, qui signait Ferdinand, publia un démenti le 21 juillet, intitulé « Le Figarot et Narcisse Pelletier » dénonçant le manque de discrétion et les inventions, en remettant en avant la biographie publiée par le docteur Merland. Ferdinand ajouta que Narcisse avait répondu « avec sa franchise habituelle » aux questions plus ou moins indiscrètes que les deux hommes lui avaient posées, sans penser qu'ils auraient l'audace de publier ses réponses sur des sujets sexuels. Cela servit de leçon à Narcisse qui à partir de là ne donna plus d'interview.

     

    C'est, semble-t-il, par l'intermédiaire de son frère que Narcisse rencontra Louise-Désirée Mabileau, né à Saint-Nazaire le 28 novembre 1857, couturière, fille de l’ancien meunier[2] du moulin du Ménaudoux[3]. Elle vivait au village de La Tranchée. Il l'épousa civilement le 18 octobre 1880 à la mairie de Saint-Nazaire, et religieusement en l'église de l'Immaculée le 31 octobre.

     

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    Acte de mariage civil de Narcisse Pelletier, avec sa signature. Ses deux frères, Hélie, cordonnier aux Sables d’Olonne, et Alphonse, menuisier à Saint-Nazaire, furent ses témoins. Archives Départementale de Loire-Atlantique. Cliquer pour agrandir.

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    Acte de mariage religieux de Narcisse Pelletier. Archives diocésaines de Nantes. Cliquer pour agrandir.

     

    Peu de temps après son mariage, Narcisse fut promu chef des haleurs, qu'on nommait aussi garde-feux car ils devaient surveiller d'éventuels départ d'incendie, affecté à la manœuvre de la toutine, (sorte de filin servant à attraper et amener les amarres), et avant sa mort, employé aux bureaux du port, à un post non déterminé (la destruction des archives du Port fait ici une lacune). Le Courrier de Saint-Nazaire du 20 mai 1935 mentionne que les haleurs le redoutaient, le trouvant taciturne et irritable. Le regard noir et perçant de Narcisse accentuaient leur sentiment de crainte. Le couple emménagea dans un appartement avec jardin au rez-de-chaussée du 20 de la Grand Rue, un immeuble divisé en quatre logements, situé dans la Vieille-Ville, ce qui correspond très exactement à l'actuel n°7 de la place de La Rampe, occupé par le Café de L'Atlantique.

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    Registre du recensement de 1881

     

    En 1885 Narcisse acquit en son nom seul l'ensemble de la maison où se trouvait son appartement, avec la cour et le jardin attenants, aux héritiers de Jean-Claude Dubochet, (Saint-Nazaire 16 janvier 1757 - 8 septembre 1837 Saint-Nazaire), notaire, maire de Saint-Nazaire de 1834 à 1837.

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    Extrait de la Matrice des propriétaires nazairiens, A.D. 44, 3P191/8.

     

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    Situation du 20 Grand'Rue sur le plan de projet d'alignement de 1899

     

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    Façade de l'immeuble où vivait Narcisse Pelletier au 20 Grande Rue, Archives de Saint-Nazaire, Fonds Dommée, 5J/506

     

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    Plan de l'appartement de Narcisse Pelletier au rez-de-chaussée du 20 Grande Rue, Archives de Saint-Nazaire, Fonds Dommée, 5J/506

     

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    Vue de la Grand'Rue en 1900 ; La maison de Narcisse Pelletier est situer dans le cadre rouge 

     

    En 1886 les Pelletier avaient une famille de locataire, celle d’Ignace-Marie Pillier, 35ans, domestique, de son épouse Valentine-Marie Thomas, 27ans, lingère, et leur fils Henri Piller, âgé de 10 mois. 

    En 1891, c’est Rose Yver, veuve Mabileau, la mère de Louise-Désirée, qui est locataire, et était chargé de l'éducation d'une fillette, Berthe-Louise-Marie Terrien, (Savenay 11 mai 1889 - 9 janvier 1972 Savenay), qui vivait chez eux, et fut déclarée pensionnaire au recensement de 1891, mais ne se trouve pas dans celui de 1894. Fille de commerçants de Savenay, elle n'avait aucun lien de parenté avec le couple Pelletier.

     

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    Registre du recensement de 1881.

     

    Narcisse décéda le 28 septembre 1894 à Saint-Nazaire, au 20 de la Grand'Rue, de septicémie en raison de la blessure à la cuisse qu'il avait reçue en Australie, qu'on avait refermée, mais dont l'abcès en fut jamais guéri, et qui tout le reste de sa vie en France lui avait provoqué des fièvres et obligé à prendre des jours d'arrêts. Sa mort fut relatée dans les journaux. Il fut inhumé religieusement le 30 septembre au cimetière de La Briandais, section N17, sa tombe est dans un état d'abandon alarmant, la croix est renversée, la plaque à disparue, et il n'y a aucune signalétique mise en place par la municipalité qui est totalement ignorante de sa vie et de sa présence au cimetière.

     

     

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    Acte de décès de Narcisse Pelletier, Archives Départementales de Loire-Atlantique. Cliquer pour agrandir.

     

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    Acte religieux d’inhumation de Narcisse Pelletier, Archives diocésaines de Nantes. Cliquer pour agrandir.

     

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    Tombe de narcisse Pelletier et de son épouse au cimetière de La Briandais, état en 2019

     

     

    Louise-Désirée Mabileau demeura au 20 Grand'Rue avec toujours une famille comme locataire. Elle se remaria le 5 juin 1905 avec Joseph-Marie Tellier, (Boué le 19 avril 1853 - 27 mai 1912 Saint-Nazaire), un retraité des Douanes qui résidait rue des Grand Ormeaux en la maison Lehuédé, (boulevard de La Renaissance). Fils de Pierre-Marie Tellier, (Campbon 1825 - 14 février 1905 Saint-Nazaire), cultivateur, et de Jeanne Suet, (+ 13 mai 1885 Bouée), Joseph-Marie Tellier était veuf de Rose Chicaud (Lavau 1856 - 22 février 1904 Saint-Nazaire). Le nouvel époux vint vivre au 20 de la Grand'Rue.

    A nouveau veuve, Louise-Désirée vendit en 1930 la maison de la Grande Rue à Jean Orger, marin né à Noirmoutier en 1873, et son épouse Madeleine Damour, née à Noirmoutier en 1875. Elle s’établie à La Villès-Martin où elle décéda le 22 juillet 1930. Ses parents, son second époux et elle reposent dans la même tombe que Narcisse.

     

    [Ajout du 6 octobre 2021]

    Le monument funéraire Narcisse Pelletier a été été sauvé par l'Association Internationale de Amis de Narcisse Pelletier, via son antenne nazairienne au cours du mois de septembre 2021. Ce monument a été béni le 28 septembre 2021 en présence des maires de Saint Gilles Croix de Vie et de Saint-Nazaire, qui ont épandu sur la sépulture, avec les personnes présentes, du sable de la dune de La Garenne, où Narcisse jouait enfant.

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    [Fin ajout 6 octobre 2021]

     

    [1] Bulletins et Mémoires de la Société d'Anthropologie de Paris, année 1880.

    [2] Elle était fille de Marc-Séraphin Mabileau, (Saint-Père-en-Retz 7 octobre 1819 - Saint-Nazaire le 31 décembre 1879) et de sa seconde épouse Rose-Francoise Yver, (La Chapelle-Launay 4 octobre 1823 – Saint-Nazaire le 21 novembre 1902). Tous deux partagent la tombe de Narcisse.

    [3] Dépendant du village de La Tranchée, le moulin du Ménaudoux fut construit durant le règne de Louis-Philippe, en bordure du Grand-Marais, au niveau de la rue Claude Perrault, (la rue du Ménaudoux désigne le chemin qui y conduisait). Le nom de Ménaudoux est la déformation du nom breton « Maez an Aodou », qui signifie « domaine de la côte ». Avant la construction du moulin, il n’y avait rien si nom un espace agricole clos de murs. Contrairement à ce qui a été souvent écrit, le moulin et la maison du meunier existaient toujours avant l'occupation allemande.

  • Nom d’un lieu !

    Depuis plusieurs années je vois passer sur les réseaux sociaux la révolte de Nazairiens face au re-baptême de certains quartiers et aires avec des noms qui n’ont rien à voir avec le nom historique de ces lieudits. Sans devenir gardien de l'onomastique et du terroir, je comprends ces Nazairiens, et moi-même je reprends les gens quand ils nomment « La Havane », le quartier du Sable.

     

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    Carte IGN de la Rade de Saint-Nazaire,

    on y voit que la plage du Centre-ville est en réalité les plages des Petit et Grand Traict.

     

    Renommer un lieu n’est pas un phénomène nouveau à Saint-Nazaire, les humains changent le nom des lieux où ils vivent depuis toujours. Quand vous faite l’acquisition d’une maison et qu’elle affiche sur son fronton « Villa Marcelle », nom donné par le constructeur en 1930, vous aurez probablement envie de supprimer ce prénom démodé au profit de celui de votre petite dernière, où lui donner un cachet littéraire ou baroudeur exotique en la renommant Manderley ou Tombouctou, ou de la bretonniser en Ker Marcelle. Certes, cela ne concernera que votre maison, mais qui sait si dans cinquante ans le nouveau nom que vous lui aurez donné ne devienne un jour celui de la résidence ou du parking que l’on bâtira à l’emplacement de vos hortensias ? C’est ce qui est arrivé avec la propriété Kerfaouet à la Villès-Martin, ou celle Du Bout du Monde, villa ainsi baptisée parce que la route s’arrêtait soudainement là, devant la prairie de la ferme de La Noé de Kerlédé, et qu’à l’époque la zone se trouvait loin hors de la ville.

    Au demeurant, vous aurez beau donner un nom joli à votre propriété, si vous y avez installé votre entreprise, le nom de celle-ci finira par éclipser le nom de votre maison, car il n’y a pas que les propriétaires qui changent les noms des lieux, il y a aussi la population locale. Kerbrun est ainsi le nom d’une guignette qui existait entre 1860 et 1914, tout comme Le Petit Caporal celui d’un cabaret fondé en 1852, et de nos jour Leclerc pour L’Etoile du Matin.

     

    Remontons le temps : Qui sait encore ou se situent à Saint-Nazaire La Girauderie, La Cavarderie, Le Bois Guimard, La Menée-Mayet, La Tranchée et La Pasquelais ? Ces noms ont disparu des cartes pour certains depuis plusieurs siècles. La Girauderie est le « vrai » nom de Toutes Aides, c’est en ce lieu que le père Jan Mothais, sieur de La Girauderie, vicaire et régent de Saint-Nazaire[1], fit édifier en 1659 la chapelle Notre Dame de Toutes Aides, dont le nom fini par supplanter celui du fief.

    De la même façon, La Cavarderie est le nom véritable de l’Immaculée. La paroisse de l’Immaculée fondée durant le Second-Empire à peu à peu donné son nom au village et à ses abords.

    Le Bois Guimard a été remplacé par le quartier de Plaisance en 1923, il se trouve tout entier sous la rue Gabriel Fauré.

    La Menée-Mayet, était un village constitué autour de la place où se trouve les halls de Méan-Penhoët. Au demeurant, le nom de Méan-Penhouët, est une appellation de conciliation choisie par les habitants du quartier. Ce qui est le quartier de Penhoët, correspond au site du moulin de Penhoët, le village de Penhoët ayant disparu avec le creusement du bassin et la création des chantiers. Nombre de gens se considèrent méannais ou penhoëtois selon le côté des halls où ils habitent, dans certains cas, cette notion d'appartenance dépend si la famille qui est du lieu depuis des siècles, (dans ce cas ils se disent méannais), où implantée pour travailler aux chantiers de Penhoët, (et donc se considèrent penhoëtois). Mais la réalité en terme de section déterminée au moment de l'urbanisation au 19ème siècle est que Penhoët se trouve entre le bassin et la Voie Américaine.

     

    La Tranchée est un village disparu à la reconstruction sous le stade et la parking de la Cité scolaire. Ajoutons que durant la première-guerre-mondiale, à l'emplacement des HLM qui font face à ce parking, se trouvait un cimetière militaire, vidé de ses tombes en 1924, mais réouvert en 1940 pour y inhumer les corps des victime de l'attaque du RSM Lancastria, puis des bombardements. Ce cimetière fut à nouveau vidé de ses tombes et loti à la Reconstruction.

     

    Quant à La Pasquelais, c’est le nom de la seigneurie sur laquelle se trouvait le manoir de Kerlédé, qui finit par devenir celui de la seigneurie et celui du village à proximité et disparu dès le 16ème siècle.

    Le nom de Port-Charlotte n’apparait que vers 1721, auparavant c’est la plage des Rochelles, nom qui a été repoussé à l’intérieur des terres autour du calvaire. Dans son cas ce sont les ouvriers en charge de la construction du phare, lui-même nommé Aiguillon en l’honneur du duc d’Aiguillon qui ordonna la construction. La tradition dit que Port-Charlotte serait aussi un hommage au duc dont la mère se prénommait Charlotte, mais rien ne le confirme, et il est possible que le nom vienne du prénom d’une jolie femme vivant à proximité et que les ouvriers du chantier regardaient avec désire…

    Il y a aussi les noms donnés à des lieux qui n’en avaient pas spécifiquement mais qu’on identifiait grâce à une particularité du paysage, comme La Chataigneraie à Kerlédé, qui désigne initialement le bois de châtaigniers qui appartenait au seigneur local ; il y eu aussi Les Trois Ormeaux dont les vieux Nazairiens désignaient encore dans les années 1980/90 le croisement des boulevards de La Renaissance et Victor Hugo, parce que à la fin du 19ème siècle, et jusque dans les années 1930, il y avait à cet emplacement un croisement avec un bouquet de trois gros ormes qui surplombait un paysage fait de prairies.

     

    Les noms ne sont pas non plus fixes en matière d’orthographe et de phonétique. Les déformations onomastiques sont courantes : Virechat est la contraction de La Virée Richard ; La Belle-Hautière celui de La Belliotière, nom d’une métairie appartenant la famille Belliotte ; Porcé a lui subit plusieurs changements, passant du nom de Port-Séguran, à la contraction de « Port-Sé » dans le langage courant, puis Porcé sur la carte de Cassini, parce que les cartographes du Roi, avaient eu ordre de Louis XIV d’indiquer aussi les lieux de batailles anciens. Jules César ayant, dans ses mémoires, raconté qu’il avait trouvé refuge avec ses galères dans une baie située entre les estuaires de la Loire et de La Vilaine, le commis de Cassini en charge du relevé local en déduit que Porsé était la contraction de Portus Cesare ! Jusqu’en 1918, date à laquelle on décida en France de fixer définitivement l’orthographe des noms de lieux, par suite de la confusion constatée entre les relevés d’état-major et la réalité sur les lieux de batailles de la Grande-guerre[2], Port-Séguran se trouve orthographié Port-Cé, Porsay, Porcé suivant les relevés, et si Porcé est aujourd’hui l’orthographe d’usage, la Marine le désigne encore comme Port-Cé. Le nom de Porcé a par ailleurs débordé sur toute la zone alentour, alors qu’il ne désigne en réalité que la crique ; le Château des Charmilles en a pris le nom après 1908 quand le Docteur Raffegeau en fit l’acquisition, et aujourd’hui c’est le nom de toute la zone faisant bordure au chemin de Porcé, qui initialement n’était que celui du chemin y menant. Dans ce même secteur de Porcé il y a souvent une confusion entre Bonne-Anse, nom de la baie, et La Rougeole qui est celui de l’ilot rocheux qui y fait face ; ce nom de Rougeole était aussi celui donné à la vigne aujourd’hui disparue, dont il ne reste que le vendangeoir, adorable demeure située au 17 du chemin de Porcé. Le terrain de La Villa Nelly, nom donné en hommage à sa fille aînée par le commanditaire, était quant à lui un vignoble nommé Le clos du Plessis, car fief attaché à la seigneurie du Plessis-Giffard.

    Je l’ai écrit en préambule, entendre « quartier de La Havane » au lieu de quartier du Sable, me fait grincer des dents. Le quartier a été construit sur le domaine du manoir du Sable, un ancien fief noble, dont le manoir du 15ème siècle encore existant, quoique très dénaturé, est la plus ancienne maison de Saint-Nazaire. Quand la propriété fut lotie au 19ème siècle sous la forme d’une société privée, et jusqu’à une date récente, il était uniquement Le Sable. Mais dans la volonté de renommé tout en effaçant le passé, la municipalité Batteux a choisi de renommer le lieu d’après l’une de ses rues, pour faire plus exotique. « C’est plus vendeur », répète en boucle l’office du Tourisme qui veut associer dans l’imaginaire du touriste les façades belles-époques des maisons bien entretenues avec celles décrépies de la capitale de la dictature cubaine.  Le Grand-Traict et Le Petit Traict qui sont les noms de ce que la Mairie nomme « plage du Centre-ville », Le Grand-Traict a été associé en 2000 à la plage Des Gabourelles, parce que là aussi c’est plus vendeur… comme la plage de Saint-Marc a été renommée plage de Monsieur Hulot, hommage au film qu’on y tourna, même si peu de gens ont un jour vu ce film, certes mythique, mais réservé à des cinéphiles. D’ailleurs qui se souvient que dans l’espoir d’en faire une station balnéaire on avait renommé déjà la zone au 19ème siècle ? La plage de Monsieur Hulot était encore il y a peu la Plage du Gorille, en raison d’un rocher à qui l’on trouvait une ressemblance avec l’animal. L’érosion a eu la peau du gorille, comme elle a décapité le lion du Rocher du Lion aussi baptisé au 19ème, sous prétexte d’une forme rappelant la silhouette animale. Saint-Marc ne se nomme en réalité pas Saint-Marc, c’est Le Crépelé qui a pris pour être plus vendeur celui du saint patron de sa chapelle, et l’on restera surpris d’apprendre que l’un des rochers à proximité avait été nommé un temps pour des raisons inconnues « duc de Luxembourg ».

    Il y a aussi celui du Petit-Maroc employé depuis le milieu du 20ème siècle en remplacement de celui de Vieux-Saint-Nazaire, dont il a déjà et donné l'historique et expliqué l'origine, ( http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2018/07/22/le-petit-maroc-histoire-d-un-nom-6067779.html )

     

    Dans la série c’est plus vendeur, le nom Océanis, très 1990’, à la place du poétique Étoile du Matin ; Cité Beauregard, créé en 1972, devenue Village Beauregard, au lieudit Brantu, nom d’une métairie. Beauregard est uniquement le nom du manoir qui se trouve plus loin.

    Il y a aussi le phénomène « arrêt de bus » : Trélan, quartier situé entre la rade et le Parc paysagé, est peu à peu désigné uniquement « Montesquiou », du nom de l’arrêt de bus qui s’y trouve. Volonté de gommer l’identité bretonne, disent certain, méconnaissance des lieux par des employés municipaux qui ne sont pas nazairiens d’origine, ignorance des élus trop occupés à faire carrière qu’à connaitre le territoire qu’ils administrent, répliquent les autres. On sent surtout la paraisse de lire le cadastre et l’impossibilité très nazairienne de faire une remarque pertinente au sein de l’administrions municipale où la moindre parole peu tourner au mélodrame ou bien en pluie d’insultes.

    Le nom des artères principales finit donc tôt ou tard par changer celui du quartier, mais les noms des rues sont eux-mêmes éphémères, le décès d’un élu, ou un jumelage, suffisent à ce que votre adresse change sans que vous ayez déménagé. Les maires de Saint-Nazaire aiment en effet commémorer la mémoire de leur prédécesseur décédés, ou en voie de l’être, même quand ils furent de sinistre incompétents (René Guillouzo) ou pratiquant le détournement de fonds et le pot-de-vin (Fernand Gasnier), tout cela dans l’espoir qu’on ne les oublia pas aussi après être retourné dans le néant, mais le manque de création de nouvelles voies fait qu’on accole depuis les noms des anciens élus à des bâtiments municipaux, même si cela peut sembler incohérent, à l’exemple de la Médiathèque, attendu qu’Etienne Caux n’était pas un homme de lettre, ou pour la piscine dont on se demande devant les comptoirs si monsieur Batteux a été champion de natation, alors que le nazairien Henri Duvanel le fut et participa au sein de l’Équipe de France de water-polo masculin lors des Jeux olympiques d'été de 1920 ; et j’en vois, moqueurs, qui se pousse du coude en se demandant si celle dont tous disent qu’elle sera la prochaine mairesse osera donner le nom de l’un de ses prédécesseurs à un foyer pour femmes.

    Les Nazairiens pourraient espérer que l’on accorda le nom de célébrités locales des nouvelles voies, mais ce n’est plus dans la politique municipale depuis 40 ans, même si une place Fernand Guériff, au bord de l’étang du Bois Joalland en 2017, (place introuvable sur Googlemap car non bordée d’habitation). En fait depuis que la rue Jean d’Ust, (héroïque défenseur de la ville de Saint-Nazaire et de l’estuaire face à une intrusion de l’armada castillane, compagnon de guerre de Du Guesclin, et chambellan du duc Jean IV), est devenue l’Avenue de La République, les personnalités locales sont ignorées ou chassées. On a écarté le nom de l’ethnologue nazairienne Odette du Puigaudeau pour celui d’un établissement scolaire ; le pauvre Henri Gauthier, militant politique et syndicaliste local à qui la ville doit sa Bourse du travail, c’est vu confondre par les services municipaux sur sa plaque avec un homonyme ingénieur au 18ème siècle. Ce n’est pas la seule plaque fautée à Saint-Nazaire, il y a quelques perles dans les quartiers périphériques de l’agglomération, et l’on se souviendra que de 1995 à 2007 la plaque de l’avenue Léon Blum portait la mention « écrivain », activité dont on ne peut dire qu’elle fut la plus marquante de sa vie !  Que dire aussi du fait que l'on ait retiré sa particule au comte de Villebois-Mareuil, réduit à un George Villebois-Mareuil, si l'ont ne demande pas à la municipalité de nommer les gens par leurs titres nobiliaires, les décapités de  leur de est cavalier. Dans le même genre d'absurdités on peut aussi souligner le fait d'avoir inscrit sur la plaque " Place des Quatre z'Horloges ", grand morceau de bêtise crasse sortie du chapeau de la municipalité Batteux, et qui ne repose sur rien, les nazairiens n'ont jamais écrit ou prononcé le nom de la place ainsi, nous ne sommes pas des ignares et nous causons un français correcte, et vous en trouverez aucune mention ancienne de la place, dont le vrai nom est d'ailleurs Place Carno, après avoir été Place de Nantes. mais monsieur Batteux, qui n'a jamais su quoique ce soit de l'histoire locale, pas plus qu'il n'a un jour fait l'effort de s'intéresser aux habitants qu'il a gouverné comme un seigneur ses serfs et a réussi à faire croire à ses fidèle que la ville était née avec lui et qu'avant lui il n'y avait rien, si non un vague port, nous a pondu un matin sur le tracé de l'ancienne rue du Prieuré, une rue de la Petite Californie, appellation insultante due à un scribouillard du 19ème dans un guide de voyage en train, et qui n'a jamais été une désignation dans la presse de notre ville. On peut aussi se faire plus acide en soulignant que René Guy Cadou, poète qui a sa rue à Saint-Nazaire sous prétexte qu’il y vécu, n’a habité en réalité la ville qu’entre ses 7 et 9 ans, et qu’il a toujours témoigné d’une détestation frisant la haine de Saint-Nazaire. Ne cherchez donc pas René-Yves Creston, Alfred Caravanniez, ou encore Georges et André Bellec, ces deux frères personnalités du cabaret et de la chanson française, oubliés pour nouveau le théâtre, attendu qu’on a préféré, dans un moment d’émoi très politique et mal venu, à la suite d’un graffiti parisien condamnable qui n’avait hélas rien de nouveau, lui donner celui de madame Simone Veil, qui n’a jamais eu aucun lien avec les arts, et dont la fin de la carrière politique, ainsi que les dernières positions en matière de droits civiques laissent un goût amère à ceux qui pourtant l’avaient applaudi à l’Assemblée et lever les yeux aux ciel ceux qui l’ont eu pour voisine, (nul n’est dans la vie ce qu’il est devant les caméras). Oublié aussi Gabriel Brohan, Alice Carissan, et tant d'autres Nazairiens qui pourtant mériteraient qu'on leur fasse une rue.

     

    Parfois des changements de nom faits il a un siècle continuent d’interloquer, à l’exemple du Boulevard de l’Océan devenu Wilson et Albert 1er, dont il est difficilement imaginable après tout ce temps de mesurer la portée symbolique du choix et l’aura qu’avaient après la Première-guerre-mondiale ces deux chefs d’état totalement oubliés depuis par les Français. Il est possible qu’un jour on change les plaques au profit d’autres individus, tout comme rien ne nous laisse présager la pérennité de celles à la gloire du Général de Gaulle, qui pourraient disparaître un jour pour redevenir rue de Villès-Martin ou prendre le nom d’un autre individu, au prétexte que plus personne ne se souviendra de lui, et que, s’il restera toujours associé à la Résistance durant la Second-guerre-mondiale et au fait que la France ne fut pas mise dans le camps des états vaincu par les Alliés, la prochaine guerre le rendra bien insignifiant, où simplement le travail des historiens qui commencent à dénoncer que De Gaulle est aussi l’homme qui laissa s’instaurer la guerre en Algérie par son refus de faire des Français ceux que l’administration désignait comme «  indigènes », et aussi celui dont la démission de la fonction présidentielle fut ressentie comme un soulagement par un pays qui s’était révolté en mai 68 devant sa politique autocratique.

     

    On m’a écrit pour me demander mon avis sur la volonté d’habitant de la rue Robespierre d’en changer le nom. J’ai du mal à percevoir en quoi mon avis aurait de l’importance en la matière, mais cette interrogation a le mérite de me pousser à réfléchir quant au bien-fondé de donner à une rue le nom d’une personnalité. La Rue Robespierre est celle où se trouve le collège Jean Moulin. Il y a peu de commune qui ont une rue Robespierre, attendu que l’homme est coupable d’une dictature meurtrière, n’en déplaise à ceux qui le défendent aveuglément en répétant leur catéchisme politique. Les villes ayant une rue Robespierre la doivent à des élus communistes qu’il fallait flatter, ceux-ci ayant cru à tord que l'Incorruptible aurait été pour la redistribution des propriétés, ou l'abolition de la propriété, ce qui est totalement faux ; à Paris, qui n’est pourtant pas mesquine en matière d’attribution de nom au moindre lampadaire pour satisfaire tous les clivages politiques, il n’y a pas de rue Robespierre, le nom étant associé à trop de crimes. Mais si l’on doit rebaptiser un jour la rue Robespierre, outre l’interrogation sur le choix du nom de remplacement, on devra forcement s’interroger sur le bien-fondé du choix de nom d’autres rues, et par exemple la rue du Général Sarrail, l’un de ces militaires de la grande guerre tellement incapable qu’on l’avait limogé en 1915. Sarrail ne put continuer sa carrière que grâce à ses amitiés avec des membres du Parti Socialiste qui l’expédièrent auprès des Britanniques en Grèce où ses compétences font encore débat. Mis en retraite, Herriot après sa victoire aux élections de 1924 lui offrit le poste de haut-commissaire de la République française en Syrie et Au Liban ou il se mit à dos les communautés chrétiens et provoqua la révolte des Druzes qu’il massacra et fit pendre sans jugement. A son arrivé à Beyrouth il avait fait pendre aussi tous les prisonniers sans distinction dans la cour de la prison. Autant vous dire que si vous prononcé son nom en Grèce ou au Moyen-Orient, il est préférable que vous sachiez courir. Gag très nazairien on a donné son nom à une rue qui longe la voie ferrée, alors que les états-majors disaient « avec Sarrail ça déraille ! ». C'est d'autant plus domageable, que le général Marquet, héros du Grand Liban, qui avait sa résidence à Saint-Nazaire et qui y est inhumé, n'a pas de rue à son nom. Bref le héros des uns n’est pas celui des autres, et l’histoire finit toujours par révéler des dessous pas très nets, car nul n’est parfait, tout autant que l’opinion change suivant les périodes, surtout à notre époque qui se veut manichéenne et bien-pensante.

     

    Sachez enfin que si une mairie veut donner votre nom à une rue ou un bâtiment de votre vivant, vous pouvez refuser, ou lui demander de l’argent. Un maire avait ainsi contacté l’actrice Denise Grey en 1990 pour lui annoncer son intention de donner son nom à un foyer pour personnes âgées. L’actrice, presque centenaire, lui avait demander la somme de 50.000 fr. en échange. Le Maire trouva un autre nom pour sa maison de retraite municipale. Vous ne pourrez cependant pas vous opposer à ce qu’on nomme du nom de votre père ou de votre grand-père une rue, mais vous pourrez toujours déposer un recours si le nom est donné à celui de la station d’épuration ou à la déchetterie en argumentant que c’est déshonorant.

     

     

     

    [1] Régent signifie maître des petites écoles.

    [2] Cela concernant aussi l’orthographe des patronymes.

  • Le Petit Caporal

    Le nom de « Le Petit Caporal », que porte l’un des quartiers de Saint-Nazaire, provient d’un cabaret nommé « Au Petit Caporal », qui se situait à l’emplacement du jardin situé entre la rue Léon Bourgeois et l’avenue des Sports, plus exactement le jardin de la maison du 108 avenue des Sports. Cet établissement fut fondé en 1852 à la proclamation du Second Empire, par un ancien soldat de Napoléon 1er, au croisement de chemin communaux, faisant face au gué de l’Ecumière, ruisseau aujourd’hui sous la chaussée, qui se déverse sur la plage de Sautron[1]. Construite en briques, sous un toit de tuiles, ce fut très longtemps la seule maison à cet endroit. Au-dessus de la porte était suspendu une peinture sur panneau de bois figurant Bonaparte en uniforme, la main dans la veste. C’était un établissement misérable qui avait pour clients les paysans du secteur et les routiers qui faisaient la route entre Saint-Nazaire et Guérande. Il bénéficia par la suite de sa situation hors de la barrière d’octroi de la ville, ce qui le fit devenir une guinguette à la mode, avant que Kerbrun et Mon Idée s’ouvrent et deviennent plus attractifs par leur emplacement et leurs installations de balançoires et de jeux, et que la ville grandissante ne s’étende jusqu’à lui. Le commerce ferma avant la première-guerre-mondiale. Le bâtiment fut reconverti en habitation. Mise en location durant l’entre-deux-guerres, elle fut ravagée par un incendie où périt le résident, un homme âgé sourd et perclus. On remplaça rapidement les ruines par une maison neuve qui ne survécu pas aux bombardements. Le nom de l’établissement, comme celui de la guinguette Kerbrun, est devenu celui du lieu, et par extension celui du bar qui se trouve de l’autre côté du croisement.

     

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    Le cabaret Au Petit Caporal, dessin de Charles Belvair

    paru dans le Courrier de Saint-Nazaire le 2 octobre 1942.

     

    [1] Lire à son propos : http://saint-nazaire.hautetfort.com/archive/2019/03/06/et-le-crocodile-de-sautron-fit-s-echouer-les-navires-sur-le-6133822.html